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SGANARELLE.

Parcequ'il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu'on ne donne autre chose aux perroquets, et qu'ils apprennent à parler en mangeant

de cela ?

GÉRONTE.

Cela est vrai. Ah! le grand homme! Vîte, quantité de pain et de vin.

SGANARELLE.

Je reviendrai voir sur le soir en quel état elle sera.

SCENE VII.

GERONTE, SGANARELLE, JACQUELINE.

SGANARELLE.

(à Jacqueline.) (à Géronte:)

Doucement, vous. Monsieur, voilà une nourrice à laquelle il faut que je fasse quelques petits remedes.

JACQUELINE.

Qui? moi? Je me porte le mieux du monde.

SIGANARELLE,

Tant pis, nourrice; tant pis. Cette grande santé est à craindre, et il ne sera pas mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner quelque petit clystere dulcifiant.

GÉRONTE.

Mais, monsieur, voilà une mode que je ne comprends point. Pourquoi s'aller faire saigner quand on n'a point de maladie ?

SGANARELLE.

Il n'importe, la mode en est salutaire ; et, comme on boit pour la soif à venir, il faut aussi se faire saigner pour la maladie à venir.

JACQUELINE, en s'en allant.

Ma fi, je me moque de ça, et je ne veux point

faire de mon corps une boutique d'apothicaire.

SGANARELLE.

Vous êtes rétive aux remedes; mais nous saurons vous soumettre à la raison.

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GÉRONTE.

Vous donner de l'argent, monsieur.

SGANARELLE, tendant sa main

par

derriere, tandis que Géronte ouvre sa bourse.

Je n'en prendrai pas, monsieur.

ནས་་ཉ། བསྐ་ཁ

GÉRONTE.

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Ma foi, cela ne va pas mal; et pourvu que...

SCENE IX.

LÉANDRE, SGANARELLE.

LÉANDRE.

Monsieur, il y a long-temps que je vous attends; et je viens implorer votre assistance.

SGANARELLE, lui tútant le pouls.

Voilà un pouls qui est fort mauvais.

LEANDRE.

Je ne suis point malade, monsieur ; et ce n'est pas pour cela que je viens à vous.

SGANARELLÉ.

Si vous n'êtes pas malade, que diable ne le ditesvous donc?

LÉANDRE.

Non. Pour vous dire la chose en deux mots, je m'appelle Léandre, qui suis amoureux de Lucinde que vous venez de visiter; et comme, par la mauvaise humeur de son pere, toute sorte d'accès m'est fermée auprès d'elle, je me hasarde à vous prier de vouloir servir mon amour, et de me donner lieu d'exécuter un stratagême que j'ai trouvé pour lui pouvoir dire deux mots d'où dépendent absolument mon bonheur et ma vie.

SGANARELLE.

Pour qui me prenez-vous? Comment! oser von18 adresser à moi pour vous servir dans votre amour, et vouloir ravaler la dignité de médecin à des emplois de cette nature!

LÉANDRE.

Monsieur, ne faites point de bruit.

SGANARELLE, en le faisant reculer. J'en veux faire, moi. Vous êtes un impertinent. LEANDRE.

Hé! monsieur, doucement.

SGANARELLE.

Un malavisé.

LÉANDRE.

De grace!

SGANARELLE.

Je vous apprendrai que je ne suis point homme à cela, et que c'est une insolence extrême......

LEANDRE, tirant une bourse.

Monsieur...

SGANARELLE.

De vouloir m'employer... (recevant la bourse.) Je ne parle pas pour vous, car vous êtes honnête homme; et je serois ravi de vous rendre service: mais il y a de certains impertinents au monde qui viennent prendre les gens pour ce qu'ils ne sont

pas; et je vous avoue que cela me met en colere, LÉANDRE.

Je vous demande pardon, monsieur, de la liberté que...

SGANARELLE.

Vous vous moquez. De quoi est-il question?

LEANDRE.

Vous saurez donc, monsieur, que cette maladie que vous voulez guérir est une feinte maladie. Les médecins ont raisonné là-dessus comme il faut ; et ils n'ont pas manqué de dire que cela procédoit, qui du cerveau, qui des entrailles, qui de la rate, qui du foie: mais il est certain que l'amour en est la véritable cause, et que Lucinde n'a trouvé cette maladie que pour se délivrer d'un mariage dont elle étoit importunée. Mais, de crainte qu'on ne nous voie ensemble, retirons-nous d'ici; et je vous dirai en marchant ce que je souhaite de vous.

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Allons, monsieur: vous m'avez donné pour votre amour une tendresse qui n'est pas concevable; et j'y perdrai toute ma médecine, ou la malade crevera, ou bien elle sera à vous.

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FIN DU SECOND AGTE.

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