L'honneur vous apprend-il ces mignardes douceurs Par qui vous débauchez ainsi les jeunes cœurs? MYRTIL. Ah! quittez de ces mots l'outrageante bassesse, LICARSIS. Je veux lui parler, moi. Toutes ces amitiés.., MYRTIL. Je ne souffrirai point que vous la maltraitiez. Au milieu de mon sein vous chercher un supplice, MÉLICERTE. Non, non, SCENE V. LICARSIS, MYR TIL. MYRTIL. Hé bien! vous triomphez avec cette retraite, LICARSIS. Comment! à quel orgueil, frippon, vous vois-je aller! Est-ce de la façon que l'on me doit parler? MYRTIL. Oui, j'ai tort, il est vrai, mon transport n'est pas sage. Aux douleurs de son ame il me fait prendre part. J'en suis confus, et sens que cet amour m'engage. MYR TIL, se jetant aux genoux de Licarsis. Je n'y puis plus tenir, il m'arrache des larmes, MYRTI L. Que si dans votre cœur un reste d'amitié Vous peut de mon destin donner quelque pitié, Accordez Mélicerte à mon ardente envie, Et vous ferez bien plus que me donner la vie. Vous ferez pour moi que son oncle l'oblige A me donner sa main? LIGATSIS. Oui. Leve-toi, te dis-je. MYR TIL. O pere le meilleur qui jamais ait été ! LICARSIS. Ah! que pour ses enfants un pere a de foiblesse ! Peut-on rien refuser à leurs mots de tendresse ? Et ne se sent-on pas certains mouvements doux, Quand on vient à songer que cela sort de vous? MYRTIL. Me tiendrez-vous au moins la parole avancée ? Ne changerez-vous point, dites-moi, de pensée ? Non. LICARSIS. MYRTIL. Me permettez-vous de vous désobéir, Si de ces sentiments on vous fait revenir? Prouencez le mot. LICARSIS. Oui. Ah! nature, nature! Je m'en vais trouver Mopse, et lui faire ouverture De l'amour que sa niece et toi vous vous portez. MYRTIL. Ah! que ne dois-je point à vos rares bontés ' Quelle heureuse nouvelle à dire à Mélicerte! SCENE VI. ACANTE, TIRENE, MYR TIL. Ah! Myrtil, vous avez du ciel reçu des charmes Et leur naissant éclat, fatal à nos ardeurs, De ce que nous aimons nous enleve les cœurs. TIRENE. Peut-on savoir, Myrtil, vers qui de ces deux belles Vous tournerez ce choix dont courent les nouvelles, Et sur qui doit de nous tomber ce coup affreux Dont se voit foudroyé tout l'espoir de nos vœux? ACANTE. Ne faites point languir deux amants davantage, TIRENE. Il vaut mieux, quand on craint ces malheurs éclatants, En mourir tout d'un coup que traîner si long-temps. MYRTIL. Rendez, nobles bergers, le calme à votre flamme; La belle Mélicerte a captivé mon ame. Auprès de cet objet mon sort est assez doux, Et si vos vœux enfin n'ont que les miens à craindre, Vous n'aurez, l'un ni l'autre, aucun lieu de vous plaindre. ACANTE. Ah! Myrtil, se peut-il que deux tristes amants... TIRENE. Est-il vrai que le ciel, sensible à nos tourments... Oui: MYRTI L. : content de mes fers comme d'une victoire, Ah! ACANTE, à Tirene. que cette aventure est un charmant miracle! Et qu'à notre poursuite elle ôte un grand obstacle! TIRENE, à Acante. Elle peut renvoyer ces nymphes à nos vœux, SCENE VII. NICANDRE, MYRTIL, ACANTE, TIRENE. NICANDRE. Savez-vous en quel lieu Mélicerte est cachée? Comment? MYRTI L. NICANDRE. En diligence elle est par-tout cherchée. |