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jufques-là Bouzey, & le Nom de Bouzey avec fes Armes à la Terre connue auparavant fous le Nom de Dombrot. Voyez, Dombrot. A la Clef de la Voûte de la Chapelle seigneuriale, eft attachée une grande pierre, fur laquelle les Armes de Chriftophe de Bouzey & Celles d'Yolande de Jainville fa Femme font fculpées: A chacun des quatre Angles font pareillement attachées quatre pierres moins grandes, fur lefquelles on a auffi fculpé les Armes & gravé les Noms des feize quartiers d'Henri de Bouzey leur Fils, qui font, Bouzey. Salvan. Mont-fleurs. Pauyette. Thuillieres.Niven-han.Serocourt. Serocourt. Jainville. Lignivile. Sandrecourt. Borbévelle. Serrage. Barizy. Barézey. Vaudoncourt. Tous les Corps qui étoient dans le Caveau de cette Chapelle,ont été transportez en 1751. dans le Caveau de la Chapelle de laMaison de Bouzey, en l'Eglife Primatiale de Nancy.

BOUZONVILLE.

BOUZONVILLE, en Allemand, Bouzendorf, eft un gros Bourg, fitué au paffage de laNiede, in Pago Nedenfi feu Nithachova,à fept lieuës de la Ville de Metz, à fix de Thionville, & à trois de Sâre-louis: il eft du Diocèfe de Metz, & a tître de Bailliage.

Il y a une Abbaye de Bénédictins, fondée en 1033. par le Comte Adalbert, tige de la Maifon de Lorraine, & par la Comteffe Judith fon Epoufe; les Princes de la Maifon de Lorraine fe confiderant comme Fondateurs de ce Monaftére, lui ont fait de grands biens, & le Pape Leon IX. qui étoit allié & proche parent des Fondateurs de la même Abbaye, Hiftoire de lui accorda de grands Priviléges, en dédia l'ELorraine, glife & y fit de riches Préfens: Gerard d'Alface 4.1.p. 1123. premier Duc héréditaire de Lorraine, étoit Fils d'un autre Gerard, Fils d'Adalbert Fon

124.

dateur de Bouzonville.

Thierri Fils du Duc Gerard d'Alface, & fon Succeffeur dans le Duché de Lorraine, avoit été élevé auprés d'Ad'alberon III. Evêque de Metz; ce Prélat pria Thierri fon éléve, qui étoit encore fort jeune, lors du décès du Duc fon Pere, de lui céder le Domaine de Bouzonville en échange de celui de Commercy, qui apartenoit à l'Eglife de Metz, ce que Thierri lui accorda, dit l'Hiftoire de la abid.p.IIIS • Fondation de l'Abbaye de Bouzonville.

Cependant nous ne voions pas que cette ceffion ait eu lieu; aparamment à cause de la mort d'Adalberon, décédé peu de tems après, en 1072. un an ou deux après la mort du Duc Gerard d'Alface pere de Thierri. Les Ducs de Lorraine ont toujours depuis poffedé la Souveraineté de Bouzouville, & fe font fait honneur de fe déclarer défenfeurs de l'Abbaye; & les Evêques de Metz depuis Adalberon, ent toujours exercé leur autorité, au moins

fur une partie de Commercy, & ont regardé cette Seigneurie com me rélevant de leur Croffe, au moins jufqu'en 1443.

.1.p.1123

Les Ducs de Lorraine fe font toujours ré- Hiftoire de Lorraine, fervé l'dAvoüerie de Bouzonville, maisleurs Sou-voués y ont fouvent commis de grands t excès qu'il a fallu réprimer; dès l'an 1123. Renier Abbé de Bouzonville en porta fes plaintes à Thierri d'Alface, Comte de Bitche, Fils du Duc Thierri & premier Protecteur de l'Abbaye,qui s'étant fait réprefenter les Chartres du Monaftere, & en particulier la Bulle du Pape Leon IX. qui régloit les droits des Advoüés,ordonna qu'ils fe contenteroient de ce qui étoit contenu dans ces anciennes Chartres, ce qui fut ainfi réglé en présence de plufieurs Seigneurs des environs, qui s'étoient rendus avec lui à Bouzonville.

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Ce Monaftére porte le titre de la Ste. Croix, parce que le Comte Adalbert fon Fondateur, ayant raporté de fon voyage de Jerufalem une portion confidérable du Bois de la fainte Croix, la dépofa à Bouzonville & fonda un Monaftére où cette pieuse Relique à toujours été honorée par un grand concours depeuples. LesRéglemens qué le Comte Thieri deBitche avoit fait pour contenir lesAvoüés de Bouzonville dans de juftes bornes, furent fi mal obfervez, qu'environ foixante ans après, & en 1184. Bertrand Evêque de Metz, comme Prélat ordinaire, ayant apris que les Advoués de l'Abbaye forçoient les Sujets de Bouzonville, d'époufer les Efclaves defdits Advoüés, ce qui étoit contrele bon ordre & contre les Loix de l'Eglife, qui ne reconnoit point ces fortes de Mariages comme légitimes, par le défaut de liberté des Contractans, & de plus comme contraires aux interêts de cette Maifon, qui perdoit fes Sujets par ces alliances illégitimes & difparates, au lieu de les multiplier en s'alliant avec les Sujets du Duc de Lorraine, ou avec ceux de l'Abbaye de Mouzon & de celle de Rethel, ainsi qu'il avoit été réglé par la Bulle du Pape Leon IX. c'eft ce que dit Bertrand Evêque de Metz, en voulant corriger ces abus.

Les Ducs de Lorraine comme defcendans du Comte Adalbert Fondateur de Bouzonville, on toujours confervé fur elle une autorité particuliere; & dans les tems qu'on y a fait jouir du droit d'Election, ils ont confirmé & agréé les Elections, & ont même donné aux Abbés élus l'investiture par la Croffe.Dans la fuite ils y ont nommé des Abbés Commendataires & Séculiers ; &c' eft l'état où le trouve aujourd'hui Bouzonville.

Ce Monaftere ayant été totalement incendié le 19. May 1683. a été rétabli en l'état où nous le voions aujourd'hui, beaucoup mieux bâti qu'il n'avoit jamais été : l'Eglife eft encore la même qui futérigée par le Fonda

teur. Elle a beaucoup fouffert par le grand incendie dont nous avons parlé & aporté affez longtems les triftes marques de cet accident; mais elle eft bien rétablie & bien décorée aujourd'hui, & eft fort fréquentée par les Peuples des environs qui y viennent adorer la Ste. Croix qu'on y conferve.

Antoine Duc de Lorraine donna la Seigneurie de Bouzonville en 1543. à Valentin Comte d'Ifembourg, en échange de Chatel fur Mozelle; mais ces deux Seigneuries furent bientôt réunies au Domaine de Lorraine, celle de Bouzonville eft un trés ancienFond des Ducs de ce Pays, comme on l'a vû cy-devant. La réforme de la Congrégation de faint Vanne y a été reçue en 1612. le Bourg de Bouzonville n'a rien de fort remarquable. Le Pont qui eft fur la Niede auprés de l'Abbaye, eft fort fréquenté par le paffage des Troupes, qui viennent de Metz à Thionville ou à SârLouis & réciproquement: ce paffage a beaucoup contribué à l'agrandiflement de ce Bourg, & à y attirer beaucoup d'Habitans. La Prévôté de Vaudrevange transferée enfuite à Bérus, fut enfin fixée à Bouzonville en 1706. & on y joignit celle de Freischtrof.

Le Bailliage de Bouzonville eft fort étendu, & comprend environ cent quatre-vingt tant Bourgs que Villages & Hameaux ; dans ces derniers tems il a été beaucoup question de transferer l'Abbaye de Bouzonville en un autre endroit, & de faire du Monaftére & de T'Eglife qui fubfiftent aujourd'hui, une efpéce de Fort & de Magazin pour la commodité des Troupes qui y paflent & y séjournent fouvent; & pour la sûreté du paffage qui eft de grande conséquence, fur-tout en tems de

guerre.

L'Eglife Paroiffialle du Bourg eft à Vaudreching, Diocèse de Metz, à environ un quart d'heure de Bouzonville.

BRAINVILLE

BRAINVILLE, Village du Diocèfe de Toul, Office, Recette, Sénéchauffée & Bailliage de Bourmont, Cour Souveraine de Lorraine. La Paroiffe a pour Patron St. Loup Evêque de Troye, M. de Lisle en eft feul Seigneur Haut- jufticier moyen & bas ; il eft en outre Seigneur du Fief fitué dans le même lieu nommé de la Maifon forte, qui en est le Château, où il y a une Chapelle Caftrale, du titre de St. Jofeph, dont ledit M. de Lisle eft Patron, comme ayant été fondée par fon Ayeul:fa Famille a été annoblie en 1572. La Cure eft à la nomination du Prieur du Bourg Ste. Marie, qui eft Décimateur avec le Curé. Il y a quarante cinq ou quarante fix Habitans dans ce lieu.

Il y a encore un Village du nom de Brainwille, du Diocèle de Verdun, Office de Con

flans en Jarnifi,Recette de Briey, à trois lieuës
d'Etain & Bailliage d'Etain: il est situé fur le
Rup de Longeau, Juridiction du Juge-garde
du Seignuer qui eft M. le Comte de Gourcy.
La Parroiffe a pour Patron S. Airy ou Ageric
Evêque de Verdun. Collateur, le Chapitre de
Gorze avec le Curé du lieu. Il y a 57. ou 58.
Habitans.

On connoit auffi Brahainville, France,
Diocèle de Toul, Bailliage de Chaumont.
Patron de la Paroifle,S. Evre. Collateur, l'Ab-
bé de St. Manfuy Décimateur, le Curé pour
un tiers & les Réligieux de Mureau pour les
deux autres tiers : la Seigneurie eft partagée
entre plufieurs Seigneurs.

Ilya encore Brainville, Diocèfe de Ver-
dun, Hameau répondant à Dieppe.
Brainville, Village de Hattonchatel.
BRAS.

BRAS, Village dans le Verdunois, à une
lieue au deffous de Verdun fur la Meuze, vis-
à-vis Charni. Il y a deux Villages de Bras, l'un
nommé la grande & l'autre la petite Bras,
comme il paroit par les Lettres d'affranchif-
fement, accordées à ces deux Lieux, qui font
nommez Villes dans les Lettres d'affranchiffe- Hiftoire de
ment à eux données par Guillaume d'Harau- Verdun,
court Evêque de Verdun,le 20. d'Août 149.3.
preuves. ?

preuves.

Bras étoit connu dès le ge. Siecle. Bernard pag. 47. pag. 1399 Evêque de Verdun mort en 879. donna aux Clercs de St. Vanne la Dîxme de Laine dans le canton de Bras. Sous Liebaut de Coufance Evêque de la même Ville, mort en 1403. le pag.359% & pag. 7 Duc de Bar quitta à ceux de Verdun le droit de Touneû ou de Tetonium, Péage qu'il tiroit fur les Chemins d'entre Dieue, Fleuri & Bras. Dans une ancienne Chartre de St. Vanne, on fait mention de la Centaine de Bras, & de la Dîxme de Moutons ou de Béliers qu'on y payoit à ce Monaftére. Centena n'eft dit que d'un gros lieu & d'une grande Communauté.

Dans les Lettres d'affranchiffement de l'an 1493.on leur accorde les franchises de la Loi de Beaumont,àl'exception de certains droits que l'Evêque fe réserve. Les Habitans de ces lieux font nommez Bourgeois & Bourgeoifes, on les oblige de fervir à la guerre quand ils y feront commandez: ils pourront prendre femmes dans tous les Lieux dépendans de l'Evêché ou de l'Abbaye de St. Paul, & pourront aller demeurer dans les mêmes Lieux; ne pourront fe réclamer d'aucun autre Seigneur que de l'Evêque de Verdun. On régle les Amendes que devront payer ceux qui outrageront de paroles ou qui fraperont un Bourgeois ou Bourgeoife; fi une femme dit Vilain laid (injure atroce) elle portera pendant quatre Dimanches à la Proceffion au tour de l'Eglife une pierre péfant un demi cent ou cinquante livres. Elle fera la même

Voyez

pénitence, & payera dix fols d'amende, fi elle
porte la main fur une autre, dont il y ait
témoins. Si le Seigneur Evêque va à Bras,
on le défrayera de foin & de litière pour
fes chevaux & ceux de fa fuite, moyennant
deux deniers par nuit. Il y a dans ces Loix
quantité d'autres réglemens, qui font voir
la diverfité des moeurs de ce tems-là, com-
parées à celles d'apréfent.

L'Evêque Gui de Roye, en 1377. acquit
da moitié de la Seigneurie de Bras.

L'Evêque Auftramne, qui a fiégé depuis Bertaire 798. jufques 802. contraignit Bracenfes NeHugues de gotiatores, à payer à fon Eglife certains Flavigny. droits qu'ils lui devoient. J'ai dit dans l'HifHift. de toire de Lorraine après Dom Luc d'AcheLorraine. ry, que c'étoient appareminent les BrafTome 1. p. feurs de Bierre de Verdun, qui devoient ces

631. Nottes.

&

droits ; j'étois fondé fur l'autorité de M. du Cange, qui montre par diverfes autorités que Brace fignifie une forte de grains dont on fait la Bierre. Pline parle de cette forte de grain, qui étoit en ufage dans les Gaules, que les Latins nommoient Sandalas on eft aflez peu d'accord fur la nature de ce Brace, des Gaulois. Etoit-ce de l'épautre, ou de l'orge, ou un mélange de froment & d'orge. Plin. l. 18 Le Pere Harduin dans fes nottes fur Pline, croit après Chorier, que c'étoit le Bled blanc du Dauphiné en quelques Provinces de France on l'appelle Brais ou Blanche; il eft certain qu'anciennement la Bierre étoit fort commune dans les Gaules, & tout le monde fait qu'on y employa ordinairement l'Orge ou le Froment, ou le Bled blanc du Dauphiné.

6.7.

Nous connoiffons dans ce Pays des lieux
& des cantons nommés Brasseite (a) ou Braf-
feux,
› apparemment parce qu'on y cultivoit
de ce grain, que Pline nomme Brace, dont
on faifoit la Bierre, & qui a fait donner le
nom de Braffeurs à ceux qui font cette boif-
fon, fi commune encore aujourd'hui dans
tous les Pays-Bas, dans l'Allemagne & dans
l'Angleterre.

Dans le dénombrement des biens de l'Ab-
baye de Pruym, & des charges de fes fujets,
il eft parlé de certain nombre de Muid, de
Brace, de brafiare, bracare, braxare, braffer,
cuire la Bierre, Branchaum, Branchia, Braffe-
ric, lieu où l'on fait la Bierre.

Richard de Vaffebourg, ancien Hiftorien de la Ville & de l'Eglife de Verdun, a cru que l'Evêque Auftramne avoit obtenu de Charlemagne la reftitution d'un Pont de Verdun, appellé le Pont des Brachiens, fitué fur un Canal de la Meuse dans la Ville baffe,

aux environs duquel il y auroit plufieurs Marchands, qui payeroient certains droits à l'Evêque.

M. Le Bœuf Chanoine d'Auxerre, qui a donné en 1745. l'Hiftoire de Verdun, compoféc long-tems auparavant par Monfieur Rouffel, Chanoine de la Madelaine de Verdun, n'approuve pas l'explication de Bracenfes Negotiatores, que nous avons rendu par des Braffeurs de Bierre de Verdun. Il veut que ces mots fignifient des Marchands qui vendoient des Brayes, Braccas, habits des anciens Gaulois, qui fignifient des efpèces de culottes ou des larges tabliers, qui couvroient les reins, & ce que la pudeur veut qui demeure caché ; & un mot des efpèces de Frippiers. Et pour les Brachiens, dont parle Vaffebourg, il prétend qu'ils tiroient leur nom de Brachiolum ou Brachium, un Bras de Riviére de Meufe, fur lequel le petit Pont en question étoit placé.

Mais il eft aisé de réfuter ces opinions de M. Le Boeuf; la feule preuve qu'il apporte de fon fentiment, c'eft qu'il n'y a pas d'apparence que dans un tel Pays comme Verdun, on ait fait trafique de Bierre. Il y a au contraire beaucoup d'apparence que dans un Pays comme Verdun, on faifoit ce trafique parce que ce Pays n'eft pas un Pays de Vignobles, & que depuis Verdun en tirant fur la Meuse, jufqu'en Hollande, on ne voit prefque plus de Vignes. De plus il nous apprend lui-même dans plus d'un endroit de fon Hiftoire, que les Chapitres & Monaftères de Verdun, tiroient leurs vins de deffus la Moselle, & non du Pays de Verdun. Enfin il auroit pu remarquer que dans toute la Lorraine, même dans la plus grande partie des Gaules, & en particulier dans le Verdunois, le Vin étoit autre-fois fort rare, & la Cervoise fort commune: ainfi il n'est pas extraordinaire de voir à Verdun des Marchands de Bierre, Negotiatores Bracenfes. L'explication que Vafsebourg donne du Pont des Brachiens, revient fort bien à notre explication; M. Le Bœuf a pu voir dans M. du Cange que bracium, bracia & bra cicum, fignifient une Brafferie, un lieu où l'on fait & où vend de la Bierre, & que braxare fignifie brafler la Bierre, la façonner. Et quoiqu'en François on dife un bras de Mer, & peut-être un bras de Riviére, je ne crois pas que l'on trouve Brachium ou Brachiolum, en ce fens, dans les Auteurs même de la baffe Latinité; ni même que les Faifeurs ou les Vendeurs de Brayes ayent été nommés Bracenfes. Ainfi je perfifte à

(a) Braffeite, petit Village Annêxe de Mécrain, Dio- | l'an 847. fous Atton, Evêque de Verdun, Hiftoire de Lore
cèle de Verdun près la Ville de Saint-Mihiel; Braffeu, raine, Tom. I. p. 148. Preuv. ̧
Canton de prairie entre Vignot & Bencourt Braffaida. Après

croire

croire que Bracenfes Negociatores fignifient des Brafleurs, ou des Marchands de Bierre. Quant au Village de Bras, qui m'a donné occafion de traiter de cette matiére, il peut tirer fon nom de Braca, ou du grain dont on fait la Bierre, & les Marchands Brafleurs ou Bierriers, pouvoient bien donner leur nom, ou le tirer de ces Villages, qui étoient autrefois plus confidérables qu'ils ne le font à présent.

On ne doit pas fe figurer Verdun au 7. & 8*. fiécle, comme il eft aujourd'hui; grande Ville bien marchande, opulente, abondante en toutes fortes de biens; autrefois elle étoit petite & peu riche. Le Vin étoit fort rare en Lorraine, & la boisson ordinaire des plus honnêtes gens étoit la Bierre, comme on le voit dans un très grand nombre d'Hiftoires du Pays.

CHATEAU-BRE HAIN. CHATEAU-BREHAIN, Village à une lieue & demie de Morhange. Il eft partagé en deux Hameaux & répond auPont-à-Mouffon. Bailliage du Pont-à-Mouflon. Cour Souveraine de Nancy. Les Habitans du lieu font Parroiffiens de Martille, Annêxe de Châreau-Brehain. L'Abbé de S. Arnoû nomme à la Cure de Château-Brehain. Les Décimateurs font les Religieux de S. Arnoû de Merz, & le Curé du lieu. Il y a 2 3. ou 27. Habitans. Château-Brehain étoit la demeure ordiHift. de naire des Bayers, Maison illuftre dans ce Pays. Leur Château fut pillé & brûlé par les 829: Meffins en 1445. Une autre fois les Seigneurs: Rodach Bayer, Henri Bayer, Philibert du Châtelet, André de Parroye, & Oulry de Rotzenhauz étant venus à Ancerville, & en ayant brulé environ quinze Maisons, furent pourfuivis par les Meffins, qui les défirent près Château-Brehain en 1442.

Lorr. t. 2.

pag. &cxliv. ccxliv.

Brehain-la-Ville, cft un Village de Longwy, répondant à Viller - la - Montagne. Brehain- la Tour ou la - Cour, Hameau de Longwy, répondant à Viller-la-Montagne. Brehaincourt, Village de Neuf-Château, fitué fur le Mouson, au Val de Circourt.

La Maison des Bayers de Boppart, portoit écartelé au premier & quatre d'argent, au Lion de fable, armné, lampafsé & couronné d'or; au deux & trois de geules & un Dextrochére revêtu d'argent, tenant une d'or, environnée de trois Croix fleuronnées au pied fiché de même, une & deux, qui eft de Lozenich.

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faint Laurent. L'Abbefle de Remiremont nomme à la Cure. Décimateur, le Curé pour la totalité de la menue Dîme, car il n'y a point de groffes Dîmes, à cause de la fierilité du terrein, il n'y a que du Pâturage. De plus, le Curé a ce qu'on appelle dans cette Paroiffe, le Bled de Pâques, plufieurs Fauchées de Prez, & chaque Paroiffien lui doit annuellement deux jours de corvée. Il y a la grande & la petite Breffe, dépendante de la Prevôté d'Arches. Seigneur, le Duc de Lorraine. La petite Breffe eft cette partie du Village qui regarde l'Alface.

Ce qui diftingue la Bresse des autres Bourgs & Villages de Lorraine, font fes anciennes Coutumes, elles fe font confervées pendant long-tems fans écritures, dans la mémoire des hommes. Le Duc Charles III. en 1595. ordonna qu'on les mît par écrit, & les homologua le 26. Février 1603. Charles IV. les con· firma en 1662. Léopold en 1699. François III. en 1730. le Roi de Pologne le 23. May 1749. Il n'est loisible à perfonne plaidant par-devant ladite Juflice, de former ou chercher incident fimple & fuperflu, ains, faut plaider au principal, ou propofer autres faits pertinens, afin que Justice ne foit prolongée. Art. 32. des Formes anciennes de la Brefle.

La

Cette maniére de rendre la Justice dans ce lieu, s'y eft confervée jufqu'aujourd'hui. Je ne trouve pas l'origine ni la datte de ces Coutumes, mais elles font anciennes. On s'affemble fous un gros Arbre au milieu du Village; ou fi le tems ne le permet pas, dans une Grange, ou une Chambre défignée par le Maire. Le Maire eft à la tête de l'Aflemblée des huit Jurés affis auprès de lui. On plaide en fa présence fuccintement, chacun y defend fa caufe par lui-même, ou par un Avocat.

Le Plaid annuel s'y tient une fois l'année dans le mois de Mars, au jour indiqué par le Receveur ou Controlleur d'Arches, qui y préfide au nom du Roy feul Seigneur de la Brefle. On y examine tous les rapports faits contre les delinquants pendant le cours de l'année, & on les condamne à l'amende ordonnée. Le lieu de l'Affemblée se nomme Champtil. Tous les Habitans doivent s'y rendre fous peine de cinq fols d'amende, au profit de la Communauté. On procéde à l'élection du Maire, du Doyen & des huit Jurés, aufquels on donne une petite buche en figne de leur élection, & on leur fait prêter ferment fur les Saints Evangiles. Nous avons donné ces Coutumes tout au long dans le Supplément de la Jurisprudence de Lorraine.

On raconte que deux Avocats de Remiremont ayant cité quelques paffages latins dans leurs plaidoyers, comme pour infulcer

Y

74593.

aux Juges qni ne font pas lettrés, furent condamnés à l'amende par le Maire, pour avoir plaidé en une Langue étrangère & inconnues la cause remife à la huitaine. Les Avocats appellèrent de la Sentence; mais elle fut confirmée par les Juges Supérieurs, & les Avocats condamnés à l'amende.

Il y a apparence que tous les lieux nommés Brixia, ou Brexia, ou Breffia, viennent du Gaulois Bruffia, Bois, Broffailles, d'où viennent encore brouffer, rebrouffer; ou de Brix, Briffa, rupture, d'où vient le François Bréche.

En 1593. George de Savigny vendit au Duc de Lorraine la moitié de la Terre & Seigneurie de la Brefle en Vôge, pour la fomme de neuf mille Francs Barrois.

BREUIL, Prieuré. Voyez COMMERCY.

BRIEY.

BRIEY, eft un Bourg, ou petite Ville, avec titre de Bailliage en Lorraine, au Diocèfe de Metz, fitué dans l'étendue de l'ancien Duché de Bar, fur la rive gauche de la Mance, petite rivière qui fe perd dans l'Orne, il eft à quatre lieues de Metz, & à peu près à pareille distance de Longwy & de Thionville. On tient Briey pour une des plus vaftes Prevôtés de Lorraine, ayant dans fon étenduë quatre-vingt-dix Villages, & deux célébres Abbayes, Saint-Pierremont, Ordre des Chanoines Réguliers ; & Juftémont, Ordre de Prémontrés.

Dans Briey, il y a Hôtel de Ville, dont le Prevôt eft le Chef. Un Bureau de Recette, & un Siége de Maîtrise. Bailliage particulier. Cour Souveraine de Nancy. Le Roi en eft feul Seigneur. Elle eft fituée dans la gorge de deux Montagnes & s'élève fur le penchant d'un coteau affez efcarpé. Elle eft divifce en Ville haute & Ville baffe.

Dans la partie basse, coule la rivière de Voigne, vulgairement Voigot, autrement le Rupt de Mance, qui va fe jetter dans la rivière d'Orne, près le Village d'Homécourt à une lieuë de Briey. Il y a dans ces deux parties environ 300. Habitans. Il n'y a qu'une Paroifle, dont le Patron eft St. Gengoû. Le Roi nomme à la Cure. Le Curé prend le titre de Doyen, & jouit en cette qualité de quelques revenus, feuls reftes d'une Collégiale aujourd'hui fupprimée, dédiée à faint Georges. Les Religieux de Saint-Pierremont font Décimateurs pour la Dîme ancienne, le Curé a les Novales.

les Ducs & Comtes de Bar, & enfuite par les Ducs de Lorraine. Il y a eu auffi des Šeigneurs particuliers, qui ont porté le titre de Comtes. On y voïoit autrefois un ancienChâteau qui fervoit de demeure aux Comtes de Bicy, & qui a été cédé par le Duc Léopold aux PP. Cordeliers de la Chapelle-aux-Bois, qui s'y font établis vers l'an 1712.

On y connoit aufli une Collégiale fondée en 1330. ou 1331. dans la Chapelle de fainte Catherine, par Edouard Comte de Bar, avec feize Seigneurs & Dames dénomés dans IA'cte de Fondation; ce Chapitre ne fubfifte plus, le Curé s'en dit toujours Prevôt ou Doyen, & porte l'Aumufle.

La Comteffe Mathilde, qui avoit de fort grands biens dans ce Pays-là, ayant fondé en 1096. l'Abbaye de St. Pierremont, pour des Chanoines Réguliers de St. Auguftin, qui commençoient alors à s'établir en Lorraine, Conftantin & Renaud de Briey, furent les Directeurs & les témoins de cette Hiftoire de Fondation; Conflantinus & Renaldus à præ- Lorraine, dicta Mathilde admoniti, hujus carte ordina- t. 1. p. 505. tores fuerunt : & comme Mathilde affec- Preuves. tionnoit Richer Evêque de Verdun, elle donna à Albert frere de ce Prélat, la Sei- Laurent gneurie de Brey, s'en réservant la Seigneu- de Liége. rie directe. Albertus accepit poteftatem Briacenfem fub fide Mathildis Comitiffe. Elle avoit Hiftoire de dit un peu plus haut, que cet Albert étoit de Familia de Briey, c'eft à dire qu'il appar- Preuves. tenoit à Mathilde, qu'il étoit fon Vassal, fon Sujet ; & dans le titre de confirmation de la même Fondation, dès l'an 1106. elle nomine Ibid. pag. Guarnerius de Brigeyi. Et dans le même titre 520. elle nomme Briey, Brigegyum Caftrum. Laurent de Liége le nomme Briacenfis poteftas, la Seigneurie de Bricy.

&

M. l'Abbé de Longue-ruë, (a) dit qu'Albert de Briey (frere de Richer Evêque de Verdun,) étant devenu propriétaire de cette Seigneurie, prit le titre de Comte; que Briey fut enfuite acquis par les Evêques de Metz, qui en jouirent pendant quelques tems, qu'enfin il fut donné en Fief & Hommagelige par Jean d'Apremont Evêque de Metz, à Henri Comte de Bar en 1225. pour fes hoirs mâles & femelles, en augmentation de Fief, parce que ledit Henri tenoit déja de l'Eglife de Metz, Thiaucourt en Barrois, & Fribourg en Lorraine ; & cette inféodation fut faite du confentement du Duc de Moravie dans le Tirol, Comte Palatin de Bourgogne, qui vrai-femblablement y avoit intérét.

Mais nous favons que Thiebault fils de Henri I. Comte de Bar, & frere de Henri II. Comte de Bar, prenoit le titre de Briey, dans fon Contrat de Mariage avec Ermenfon de Luxembourg en 1189. ce qui fait croire que

Il y avoit autrefois un Hôpital dit de Saint Antoine, qui dépendoit de celui de Bar; il n'y a aujourd'hui qu'un Religieux Antonifte, qui jouit des revenus de cet Hôpital. Briey a été pofsédée fucceffivement par (*) Longuç-ruë, Description de la France, partie 2. page 188,

Lorraine,

t. 1. p. 217

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