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1017.

1018

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da promptement le ban & arrière ban de Lorraine, & en un jour & une nuit, l'Armée fe trouva renforcée de fix mille Hommes. Thomas de la Rape, Bailli de Vaudémont, amména ceux du Comté de Vaudémont, qui étoient environ huit cens; les Troupes Bourguignones ayant vû ce renfort, jugèrent à propos de fe retirer dans leur Pays.

Chronique En 1475. pendant la guerre du Duc Charde Lorrai les de Bourgogne, contre le Duc René II. la Ville de Châtel, de même que les autres Hiftoire de du Pays, furent aifément prifes pour le Duc Lorraine de Bourgogne, qui mit par-tout des garni23. page fons. On a remarqué dans cette occafion l'ancienne Antipathie de ceux de Châtel-fur Mofelle, contre la Ville de Charmes ; car cette dernière Ville ayant été forcée, ceux de Châtel fe montrèrent plus acharnés à fa ruine, que les ennemis mêmes, ayant acheté plufieurs chariots de butin, & jufqu'aux Cloches de Charmes, qu'ils firent méner dans leur Ville; il ne paroit pas que Châtel foit rentré dans l'obéiflance du Duc René, jufqu'après la mort du Duc de Bourgogne en 1476.

$542.

En 1479. le quatre Octobre, les Seigneurs & Fieffez du Duché de Bourgogne, promettent pour procurer la liberté à Henri de Neu-chatel, Prifonnier du Duc René, que les Terres de Châtel-fur-Mofelle, Bainville & Chaligni, ne feront ouvertes à perfonne, que du confentement dudit Duc. Saladain V. ou Salantain d'Ifembourg, 1543. ayant époufé Elifabeth d'Hunftat, prétendoit à laSeigneurie de Châtel-fur-Mofelle, contre les Dames Antoinette, Marguerite, & Anne de Neu-chatel, Filles de Thiebaut de Neu chatel. Il fit pour foutenir fon droit, de vives & longues pourfuites, ayant même employé le Pape pour cela; mais il fut débouté par Sentence du Bailliage de

Saint-Mihiel.

En 1623. Mr. de Badeville, Bailli de Châtel-fur-Moselle, réfolut avec fon Epoufe de donner aux Religieux réformés de St. Van

ne

un établissement à Châtel. Il en écrivit au Chapitre général, qui lui répondit qu'on acceptoit volontiers fes offres; mais qu'il falloit auparavant demander l'agrément à Mr. l'Evêque de Toul. Je ne fçai fi ce Prélat y forma quelque oppofition; mais la chose n'a point eu d'exécution.

Cette Ville foutint plus d'un fiége sous le Duc Charles IV. Dès avant l'an 1636. les François s'étoient rendus Maîtres de la plûpart des petites Villes de Lorraine. Le Duc Charles IV. en reprit un bon nombre en 1637. & en particulier, Charmes & Châtelfur Mofelle. Duhalier forma le fiége de cette dernière Place en 1641. .

4

Le 28. Août 1641. l'Armée Françoile partit d'Epinal, & vint camper devant Châtel-fur- Mofelle. Duhalier étant retourné à Nancy, le Comte de Grancey fit battre la Place. Le 29. on y fit une brêche, & les Soldats de Grancey y donnèrent l'aflaut, malgré les cris des Habitans, qui demandoient quartier, craignant d'être abandonnés au pillage; la garnifon s'étant retirée au Château avec le Gouverneur Vateville, la Ville fe rendit fans faire beaucoup de résistance.

Duhalier étoit occupé à ce fiége, lorfqu'il reçut Ordre de la Cour de fe tranfporter à Paris, auffi-tôt après la reddition de Châtel, pour rendre compte à la Cour de fa conduite. On ne doutoit pas de fa fidélité ; mais fa Femme avoit découvert un fecrêt dont on fit porter la peine à son Mari. Il alla en Cour, & revint bientôt après, avec ordre de réduire à l'obeillance de Sa Majefté le refte des Places de Lorraine, qui s'étoient rendues au Duc.

Ce fut le Comte de Ligniville, qui en l'an 1650. les ramena à l'obéillance du Duc Charles IV. Il défit Roze-vorms près de Châtel, & incontinent après, il fit le fiége de cette Place. Beaufort en preffa fi vivement les attaques, que Vely, Gouverneur pour la France, après quatre jours de résistance, fut obligé de capituler.

On dit que Ligniville fit accroire au Gouverneur, que la mine étoit prête à jouer, & que le Gouverneur, ayant envoyé pour reconnoître l'état de la chofe, on lui fit voir une caque de navette, fur laquelle on avoit répandu quelque peu de poudre ; ce qui l'obligea à rendre la Place.

L'année suivante 1651. le Marêchal de la Ferté alla mettre le fiége devant Châtel que le Comte de Ligniville avoit repris, avec plufieurs autres Places. Châtel étoit la Ville la plus forte & la mieux munie de toutes celles de fes quartiers là. Beaufort en étoit Gouverneur ; après fix femaines de fiége & quatre mille coups de canons tirez contre la Ville, elle fe trouvoit encore en état de résister affez long-tems.

Le Duc Charles IV. craignant la perte de tant de braves Gens qui s'étoient enfermés dans la Ville, envoya un Capitaine de fes Gardes, nommé Agecourt, pour traiter de la reddition de Châtel, avec la Ferté. Les conditions furent bientôt arrêtées, & la Ville fut rendue prématurément.

Le Duc Charles IV. preflè par le Roi Louis Ibid. page XIV. de lui envoyer fes Troupes, fut fi mal 640. fatisfait des manières que la France avoit pour lui & pour les Gens, qu'il fit fortifier en diligence Epinal, & Châtel. Ces deux Villes furent affiégées en 1670. par le Che

1670

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valier de Fourille. Le Comte de Tornielle, commandoit dans Epinal, & Beaufort dans Châtel; cette dernière Ville fut inveftie le vingt-huit Septembre.

Beaufort oublia dans cette occafion toute fon ancienne fermeté; il parla de capituler prefqu'auffi-tôt quil eut vû l'Ennemi; les articles de la Capitulation furent dreflès dès le trois de Septembre. Les Affigés promirent de fe rendre au Maréchal de Créqui, qui étoit devant Châtel, fi dans quatre jours à commencer au premier d'Octobre, il ne leur arrivoit du fecours capable de faire lever le fiege; les quatre jours écoulés, Beaufort remit la Place, & fe retira à Bitche. C'eft à peu près ce que nous favons de Châtel. Les Fortifications en ont été démolies au dernier Siecle. La Paroiffe eft confacrée à St. Laurent,

& l'Abbé de St. Leopold de Nancy, à caufe du Prieuré de Belval qu'il pofséde, en eft Curé primitif; autrefois l'Eglife de Moriville, Village fitué à une lieuë de Châtel, en étoit la Mere-Eglife..

Les Capucins furent reçus à Châtel en 1707. & furent logés dans l'ancien Château. Les Religieufes de la Congrégation, y ont aufli un etabliffement; il y a de plus, un Hôpital & un Hôtel de Ville.

J'ai parlé plus au long des derniers fiéges

de Châtel, dans le dernier Tome de l'Hiftoire de Lorraine, première Edition.

Le nouveau Bailliage de Châtel, s'étend entre les Bailliages de Lunéville, de Rofières & d'Epinal. Il fe gouverne felon la Coutume de Lorraine, excepté les Villages de Bademenil, Padoux & Saint-Genois, qui fuivent. celle d'Epinal. Autrefois Châtel avoit fes ufages particuliers, qui tenoient lieu de Coutumes, mais ils furent fupprimés de même que ceux de Vaudémont, par Edit du dix Mars

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Aubiey eft un Prieuré de la dépendance d'Hérival près Remiremont. Aubicy eft fitué fur la Mofelle, à une demie lieuë de Châtel; Il dépend de la Communauté de Nomexi. Nous avons parlé ailleurs du Prieuré de Belval, qui eft auffi au voisinage de Châtel. Les Verreries de Porcieux & de Magnienville, font de même au voisinage de Châtel für le Ban de Porcieux, & dans la Forêt de Terne fur le Ruiffeau de Viller, de la Communauté de Moriville, qui étoit cy-devant ła Mere-Eglife de Châtel; lefdites Verreries autorisées par Arrêt du 25. Janvier 1705. (*) Johannes de Bayon, c. xcvj.

LE CHATELET.

LE CHATELET eft un Château fitué à deux lieues de la Ville de Neu-château en. Lorrainé, & affez près de l'Abbaye de l'Etange, habitée par des Filles de l'Ordre de Citeaux, & du Bourg de Châtenoy, qui eft au midý du Châtelet. Ce Château doit fon" origine (a) à Thierri d'Enfer, ou Thierri du Diable, fecond Fils du Duc Ferri de Bitche, & de Ludomille de Pologne. Il est fitué fur une éminence, & affez près d'un Ruisseau fous - Brixei. Če Château paffoit autrefois qui fe décharge dans la Meufe, à Maxeipour une Fortereffe confidérable, & il a fouffert quelques fiéges de la part des Comtes de

Vaudemont.

La Maison du Châtelet, eft une des prin cipales Maisons de Lorraine, & y a toujours tenu un rang diftingué : nous en avons donné la Généalogie à part, dans un Volume in-folio, imprimé à Nancy chez Cuffon, en 1740. & nous y avons corrigé quelques fautes qui s'étoient gliflées dans notre première Edition de l'Hiftoire de Lorraine Tome II. page 128. Par exemple nous y avions dit que Thierri d'Enfer étoit Fondateur du Prieuré de Relanges, & étoit Pere de Sinon du Châtelet; il n'eft pas Fondateur de Relanges, & Simon du Châtelet étoit Chanoine de SaintDicy. Mais il eft très vraisemblable que Thieri d'Enfer eft Père de Ferri du Chatelet, qui a continué la Race de la Maifon du Châtelet, qui fubfifte encore aujourd'hui avec honneur en France & en Lorraine. Le Châtelet n'eft plus pofsédé aujourd'hui par la Maison du Châtelet, mais par celle de Baflompierre.

Le Châtelet eft de la Paroifle de Barville, Pouillé de dont l'Eglife eft dédiée fous l'invocation de Tol, f. 1 de St. Evre, à la préfentation de l'Abbeffe Page 437+ de l'Etange, elle y eft Décimatrice pour les deux tiers de la dime, contre le Curé pour avoient fondé dans leur Château, trois Chal'autre tiers les Seigneurs du Chatelet, pelles; premiérement celle de Nôtre-Dame, deuxièmement de Sté. Anne,& troifiémement de Ste. Catherine, lefquelles font réunies en une feule, qui eft Presbytérale, fon revenu eft de trois cens livres. Charges, cinq Melles

par

femaine: Patron, les Seigneurs du lieu. Les Armes de la Maifon du Châtelet, font d'or à la bande de Gueules, chargées de trois Fleurs-de-Lys d'argent.

CHATENOY, Bourg & Prieuré.
REMON VAUX, Prieuré.

Lifoù, ou Lucofas.

CHATENOY eft un Bourg de Lorraine avec Titre de Prevôté Royale, qui a Jurif

diction

dictionrfur trente-cinq Villages ou Hameaux, à préfent du Bailliage de Neuf-château. Châtenoy eft fitué entre Neuf-château & Mirecourt, à dix lieues de Nancy, & à treize de Lunéville.

Il y a beaucoup d'apparence que Châte noi, Caftinetum, tire fon nom des Châtaigniers qu'on y voyoit autrefois. Mais à préfent on ne voit plus de ces fortes d'arbres dans le Pays. Ce lieu eft du Diocèle de Toul, l'Eglife eft dédiée à St. Pierre, le Prieuré reconnoit le même Patron. La Paroiffe eft régulière, & unie au Prieuré.

Les plus anciens monumens où il foit parlé de Châtenoy, font du tems du Duc Gerard d'Alface, premier. Duc héréditaire de la Lorraine Mofellane; le Prince y avoit un Château où il faifoit fa demeure ordinaire, avec Hadwide de Namur fon Epouse. Leur Fils le Duc Thierri, y a aufli demeuré, & dans les anciens monumens du Pays, & des Pays voifins, le Duc Gérard eft quelquefois dénom mé Gérard de Châtenoy. (a) Ce Bourg eft fitué au pied de la côte de Châtenoy, fur laquelle étoit le Château du Duc, & le Prieuré; l'un & l'autre ayant vue fur une campagne fort vafte & fort bien cultivée. Le Château eft entiérement renverfé, & à peine en reftet'il qu'elques ruines. Il y avoit une Chapelle Caftrale dont on ne voit plus aucuns vestiges. Longuerue Mr. l'Abbé de Longuerue prétend que defcription Duc Gérard d'Alface portoit ce nom, parce de la Fran- qu'il poffedoit plufieurs Terres en Alface, ce partie & entr'autres le Comté de Châtenoy, Caf2. 1. 2. p. 139. & P. tinia, ou Caftinienfe, autrement Caftinach, dans la haute Alface; & que c'étoit la principale Place de ce Duc. En quoi il a fuivi affez imprudemment quelques uns de nos anciens Hiftoriens.

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141.

Hift. de

Lorr. t. I. page. 470.

le

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,

l'Abbé de Molesme jufqu'en l'an 1115. que le Duc Thierri, Fils du Duc Gerard & d'Hadwide, écrivit au Pape Pafchal II. pour le prier de faire reftituer ce Prieuré à l'Abbaye de St. Evre, & de l'ôter à l'Abbaye de Molefme, qui s'en étoit emparé.

Le Pape fit comparoître les Parties en fa préfence à Benevent. L'Abbé de Molesme fe deporta, & l'Abbé de St. Evre donna à celui de Ibid. page Molefme les Terres d'Ixey & de Ville, proche 1186. Commercy,fituées fur la Meuse,apparemment pour être unies au Prieuré de Breuil, appartenant à la même Abbaye de Molefme. Depuis ce tems, le Prieuré de Châtenoy a toujours été uni à l'Abbaye de St. Evre de Toul,

La Ducheffe Hadwide de Namur, mourut à Chatenoy, & y fut enterrée. On y voyoit cydevant fon tombeau fous une arcade au cloître, & nous l'avons fait représenter en taille douce dans l'Hiftoire de Lorraine. Le Pere Benoît Picard, rapporte fon Epitaphe en ces termes.

Toi Viateur, fçais-tu qu'ici repofe?
Pofe ton pas, & lis cette Ecriture.
Ha! ce n'eft pas de baffe Créature.
Le Corps certes comme ce lieu fuppofe.
Ceft Hadwide de Lorraine Ducheffe,
Laquelle pleine de fageffe.

Conftruit ce Cloître l'an M. LXIX.
Et elle le fit tout de neuf.

Benoit > Hiftoire de

Lorraine,

page 167.

Les Princes Thierri, Fils de Hadwide, & Hiftoire de Simon fon petit-Fils, firent du bien au Prieu- Lorraine, ré de Chatenoy, auffi-bien que la Ducheffe t. 2. page Berthe, Mere de Simon I. & les Ducs Ma- 383. thieu I. & Simon II. que le Pape Alexandre III. en 1179. qualifie Fondateurs de ce Prieuré, parce qu'ils en étoient Infignes Bienfaiteurs, & qu'ils defcendoient des Fondateurs.

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Hiftoire de Lorraine t.2. p. 216.

217.

Les Ducs Thierri, & Mathieu I. ont ordinairement réfidé à Chatenoy. Le Duc Mathieu I. appelle le Château de Chatenoy, fon Palais. Il donna à l'Abbaye de St. Evre la Chapelle Caftrale de ce Château , qu étoit dédiée à St. Nicolas ; le Duc Thiébeau I. ayant été obligé de rendre le Château d'Amance, où il s'étoit enfermé, remit en 1228. fa Terre de Chatenoy, entre les mains d'Eudes, Comte de Bourgogne, à charge que ledit Eudes la remettroit entre les mains de la Comteffe de Champagne, fi le Duc Thiébeau manquoit à la parole qu'il avoit donnée Ibid. à cette Comtelle.

Le Duc Ferri III. donna fes Lettres d'Affranchiffemens, fuivant les Loix de Beaumont en Argone, à fes Sujets de Montfort, Chatenoy, Bruyeres & Frouait en 1263. & donna pour Garant de fes promeffes, Thiébeau Roi de Navare, & Comte de Champagne.

Ce ne fut qu'après cette année, & leule

Ce Monaftère demeura entre les mains de (4) Hiftoire de Lorraine, Tom. 1. prélim. Généalogie de la Maison de Lorraine

Ee

314.

page

qui depuis ce tems eft toujours demeurée
unic au Domaine du Duché de Lorraine.

menten 1300. que les Ducs de Lorraine com-
mencèrent à faire hommage aux Rois de Fran-
ce, pour les Terres & Seigneuries de Neuf-
château, Chatenoy, Monfort & Froüart, &
une partie de Gran. Le Duc Thiebeau II. en
fit le premier hommage au Roi Philippe Le
Bel en 1300. Nous ne voyons pas diftincte-
ment dans l'Hiftoire l'origine de ces homma
ges;
s; mais les Ducs de Lorraine continuèrent
à le rendre jufqu'au Régne de Louis XI. qui
le remit en 1465. au Duc René I.

Ibid pages
Dans la fuite ces trois ou quatre Seigneu-
437.438. ries étoient entrées, je ne fçai à propos de
quoi, en l'hommage du Roi de Navare Com-
te de Champagne. Le Duc Thiébeau II. fut
condamné en 1311. à aller à l'hommage du
Roi de Navare; mais Thiébeau étant décédé
dans l'entre-temps, Ferri IV. fon Fils, fe ren-
dit à Paris au mois de Juin 13 12. & fit hom-
mage au Comte de Champagne, pour Neuf-
château, Chatenoy, Monfort,(4) Froüart & la
partie de Gran qui relève de la Champagne,
en même tems il lui remit les places dont on
vient de parler, pour les tenir jusqu'à ce que
Ferri eût fatisfait pour les torts & dommages
que
le Duc Thiebeau fon Pere, avoit fait à
ceux de Neuf-château. Et le Comte de Cham-
pagne donna fes Lettres à Ferri, où il témoi-
gne que par cette faific, il ne prétend pas ac-
quérir un droit nouveau fur ces lieux là.

abid. page *532.

En 1323. le Duc Raoul affigna pour Douaire à Aliénor de Bar fon Epoufe, les Villes & Chatellenies de Chatenoy, Monfort, & ce qu'il avoit à Gran, fauf l'hom mage qu'il en devoit au Roi de France, à caufe de fon Comté de Champagne.

En 1348. les Officiers du Roi ayant entrepris de cottifer les Habitans de Neuf-château, Chatenoy, Frouart & Montfort, pour contribuer aux charges & befoins du Royaume, la Ducheffe Régente Marie de Blois, en porta es plaintes au Roi Philippe de Valois fon Oncle, qui s'étant fait informer de l'état des chofes, & ayant reconnu que jufqu'alors on n'avoit rien entrepris de semblable, fit défenfe à fes Gens de les inquiéter, & déclara ces Villes franches & exemptes de toutes impofitions de la part du Royaume.

Après la fameuse victoire remportée fur le Duc de Bourgogne en 1476. près Nancy, par le Duc René II. ce Prince pour reconnoître les bons fervices de Gérard d'Aviller, fon Confeillier & Ecuyer d'Ecurie, lui donna la Terre, de Chatenoy; mais en 1487. le 15. de Juillet, le même Gérard d'Aviller fut pourvu de la Terre de Commercy, pour la partie dite la Seigneurie de Sarbruche, & rendit au Duc la Seigneurie de Chatenoy, (4) Monfort, près de Mirecourt, entre Neuf-château & Mirecourt, mais plus près de Mirecourt.

En 1452. Louis d'Haraucourt Evêque de Hiftoire de Toul, ayant obtenu en Cour de Rome l'u- Lorraine nion du Prieuré de Chatenoy, à fa Manfe *. 2.p.963. Epifcopale, le vieux Roi René I. qui étoit à Angers,écrivit à fes Officiers de Lorraine d'empêcher l'exécution de cette union ; que ce Prieuré étant de la Fondation des Ducs de Lorraine fes Prédéceffeurs, il ne souffriroit pas qu'il fût uni à l'Evêché de Toul; que fon intention étoit qu'on en maintint en poffeffion Frére Thierri de Lignéville, qui en étoit pourvû; en même tems il en écrivit au Pape, & la chofe demeura fans exécution.

Le Prieuré de Chatenoy dépend de l'Abbaye de St. Evre, & l'Abbé de cette Abbaye en eft Collateur ordinaire. Le titre prieural eft aujourd'hui poflédé en Commande; la Communauté des Bénédictins réformés y a fa manfe feparée de celle du Prieur; la Cure eft adminiftrée par un Religieux du même Monaftère. L'Eglife pricurale fert de Paroifle; la Maifon des Religieux a été bâtie fort proprement tout à neuf, il y a quelques années; mais ayant été incendiée en 1741, on la rétablit, & on commence à y entretenir une Communauté comme auparavant.

A quelque diftance de Chatenoy, & dans la dépendance de ce Prieuré, on connoît Lifou, ou Liffel, dont il eft parlé dans Frédegaire (b) qui le nomme Lutofao, ou Lucafao, (c) où le donna une grande bataille entre les Troupes de Theodoric Roi de France & de Bourgogne, & celles de Dagobert II. Roi d'Auftrafie. Il en eft auffi parlé dans Errixe, en fon Hiftoire des Evêques d'Auxeres. Le même Frédegaire parle encore d'une autre ba- Fredegar. taille donnée au même lieu en 596. entre les Chron.117. Troupes de Clotaire II. & celles de la Reine Brunehaut, ou de Theodebert Roi d'Austrafic. Il y a à Lifou-le-grand, des Récolets établis en 1708. & à Lifou-le-petit, le Prieuré de Remonvaux de l'Ordre du Val des Choux, fous le titre de St. George, fondé dans les Bois par les Seigneurs de la Fauche ; j'ai parlé ailleurs en particulier des deux Lifoux.

Le Château du Chatelet, fondé par Thierri du Diable, Chef de la Maifon du Chatelet, eft fort près de Chatenoy fur le chemin de Neuf-châteaus on voitauffi près de là, l'Abbaye de l'Etanche Ordre de Citeaux fondée par le Duc Mathieu I. pour fa Mere la Ducheffe Adelaide vers l'an 1148. Cette Princeffe avoit Hiftoire de pris l'habit de Citeaux dans l'Abbaye de Tart, Lorraine, aujourd'hui transferée à Befançon, établic tom. 2.p. d'abord à cinq lieuës de Dijon, près l'Abbaye 374. de Citeaux. On croit qu'Adelaïde envoya sa

(c) Lucofao, vient du bois de Hêtre ou de Foug, qui

s'y ufoit. (4) Fredegar, continuat. apud Duchêne. £. 1. page 768.

Voyez

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290.

Fille la Princeffe Berthe,pour fonder l'Etanche. La Maison de Chatenoy étoit de l'ancienChevalerie de Lorraine, & portoit de gueules à trois têtes de loup arrachées d'or, & mifes en front. George Chrétien de Chatenoy, fut déclaré & reconnu Gentilhomme par le Grand Duc Charles III. le fix Septembre 1593. Il descendoit d'un Chatenoy annobli par le Duc René II. qui portoit pour une tige de grofes feves. Nous avons plufieurs lettres manufcrites d'Alexandre de Chatenoy, Envoyé du Duc Charles III. pour lui rendre comte de ce qui fe paffoit aux pays bas. Il y en a depuis 1581. 82. 83.84.85... 1590. 1591. 1592. il portoit pour Armes une tige de groffes feves.

armes

SAONE.

CHATILLON SUR SAONE.

CHATILLON SUR SAÔNE, Village du Diocèle de Befançon fitué fur la riviére de Saône au-deffus de la jonction de cette rivière avec Efpenfe, Chef-lieu de la Prevôté & Office de Chatillon, recette de Bourmont, Bailliage de la Marche, Préfidial de Langres, Parlement de Paris; le Roi en eft feul Seigneur ; le Chapitre de Befançon nomme à la Cure, & le Curé eft feul Décimateur; il y a dans ce lieu 64. où 65. Habitans; il eft à deux lieuës de Bourbonnes, à trois de la Marche, fept de Bourmont. Au mois de May 1263. le Comte Thie beaut de Bar, affranchit fa Ville de Chatillon, à condition que chaque Habitant lui payera par an huit fols d'Estevenis, moitié à Pâques, moitié à la St. Remi; & aux autres conditions énoncées dans fes Lettres d'affranchillement.

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Le Comte de Bar Henri III. dans le traité de Bruges de l'an 1301. céda au Roi Philippe Le Bel, dont il étoit Prifonnier à Bruges, les Chatellenies, Châteaux & Prevôtés de Chatillon, Conflans & la Marche. On dit que ces Prevôtés furent données par Henri Comte de Bar, à fon Frére Archevêque de Tréves, qui les rendit dans la fuite à Edouart Comte de Bar,Fils de Henri, (dit M. Roffelange, Prieur de Neuviller, dans une notte fur l'Hifloire de Lorraine, du Pere Donat, Tiercelin ;) mais je ne connois pas cet Archevêque de Tréves Frére de Henri III. Comte de Bar. Mr. Chifflet foutient que le Comte de Bar, étant Feudataire de l'Empire, n'a pû donner de fon authorité ces trois Prevôtés au Roi de France.

Quoiqu'il en foit, du droit, il eft certain qu'elles furent cedées au Roi Philippe le Bel, & on affure que ce Prince les rendit au Comte Edouard, Fils du Comte Henri III. en confidération du mariage du Comte Edouard, avec Marie, Sœur de Jeanne, Epouse du Roi Philippe le Bel.

CHATILLON, Abbaye de Citeaux.

CHATILLON, Abbaye de l'Ordre de Ci- Hiftoire de teaux, fut commencé en 1142. par Alberon Verdun, de Chini, Evêque de Verdun. Les Abbés de pag. 249. Trois-Fontaines, & de la Chalade, à qui il 310. 311 demanda des Religieux pour ce nouvel éta- 312. 319 blificment, n'ayant pû luien envoyer,il s'adref- 329. CSc. faà Ranulfe Abbé d'Himmerode, ou du Cloître, dans le Diocèle de Tréves, qui vint luimême à Chatillon, qu'on nommoit alors le Châtelet. Mais n'ayant pas trouvé cette place convenable, l'Evêque Alberon lui offrit un autre lieu nommé Wiberftal, dans la Forêt de Mangiennes, dans un terrain qui appartenoit à un Seigneur du voifinage, qui le lui abbandonna. Ranulfe y bâtit le nouveau Monaftère, & lui laissa pour premier Abbé, Gelbert, Religieux de très-fainte vie. L'Eglife fut dédice en 1153. fous l'invocation de la Sainte Vierge, la veille de la Nativité.

Mais comme les Eaux de ce lieu n'étoient pas faines, Albert de Marcey, Succefleur de l'Evêque Alberon, leur donna Chatillon où ils demeurent aujourd'hui, & qui eft fitué près le Bourg de Mangienne, fur la riviére d'Oftain, à fix lieuës ou environ de Verdun vers le Nord; Albert de Marcey Evêque de Verdun, les combla de fes bienfaits, dont il fait le dénombrement dans une Chartre de l'an 1153.

Cunon Abbé de St. Vanne, & Thierri Abbé de St. Paul de Verdun, cédèrent aussi à ce nouveau Monaftère plufieurs droits qu'ils avoient dans cette Contrée; Richard de Granprey, qui fuccéda dans l'Evêché de Verdun à Albert de Marcey, leur donna les Fiefs qui lui appartenoient en ce lieu, & engagea les Seigneurs du Pays à faire la même chose.

On peut voir la fuite des Abbés de Chatillon dans l'Histoire de Verdun, pages xc. XCIII. & fuivantes. Dom Octave Arnolphini, de l'illuftre Maifon des Arnolphini de Luques, élû le 24. Février 1605. ayant été pourvu de l'Abbaye de Chatillon, employa tous fes foins à y introduire la réforme; il y réuffit, & le jour de Pâques 1614. ceux des Religieux qui voulurent fuivre fon exemple, firent vou d'observer la Régle à la lettre, renonçant à l'usage de la viande; & pour en perpétuer autant qu'il pouvoit l'observance il choifit un Coadjuteur animé de fon efprit, & mourut en 1641. après trente-fix ans de gouvernement.

Il eut pour Succeffeur, Jofeph Arnolphini, fon Neveu, qui marcha fur fes pas, & gouverna l'Abbaye depuis 1641. jufqu'à 1646. Ily maintint l'obfervance, qui s'y conferve encore aujourd'hui avec beaucoup d'édification.

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