l'an 1050. un Prieuré de l'Ordre de St. Benoît au pied de la montagne & du Château d'Apremont, qu'ils foûmirent en 1060. à l'Abbaye de Gorze. Helvide, Epoufe de Gobert, Seigneur d'Apremont, ayant donné à ce Prieuré la Terre de Tronde, Richer Evê que de Verdun,Diocèfain d'Apremont,donna fon confentement ; & Heriman Evêque de Metz,commeSeigneur Régalien,y donna fon agrément: Heriman mourut en 1090. Ce Prieuré fut cédé en 1573. aux Peres Jefuites du Pont-à-Mouffon, qui le poffedent aujourd'hui.

Les Seigneurs d'Apremont avoient fondé dans leur Château en 1319. une Chapelle fous l'invocation de Saint Nicolas, avec un Doyen & onze Chanoines, qui furent enfuite réduits à cinq ou fix, & transferez en 1707. (a) par l'autorité du Duc Leopold & de M. de Bethune, Evêque de Verdun, dans la Paroiffe de St. Mihiel, de même que le Chapitre de Hatton-Chatel, où ils font aujourd'hui, fous la dénomination du Chapitre de Saint Leopold. Le Doyen eft Curé de la Paroifle de St. Mihiel.

Au lieu des Chanoines d'Apremont, le Duc Leopold a placé dans le Château une Communauté de Religieux Recollets, qui y ont bâti une belle Maifon, & où ils entretiennent une nombreuse Communauté.

La Chapelle, ou l'Eglife Collégiale du Château d'Apremont, étoit auffi la Paroifle du Bourg; mais depuis la tranflation du Chapitre de ce Lieu à St. Mihiel, ainfi qu'on l'a dit, & depuis l'établiffement des Peres Récollets dans le Château & dans l'Eglife des Chanoines d'Apremont, on a bâti dans le Bourg une Eglife Paroiffiale, dont la Cure eft à la nomination du Chapitre de Saint Mihiel, & on lui a confervé fon ancien titre de Saint Nicolas. Les Grottes de l'Eglife Collégiale d'Apremont, font remarquables pour leur ftructure.

Ceux qui ont ci-devant travaillé à la Généalogie de la Maison d'Apremont, en ont fait remonter l'origine à une Antiquité exceffive; ils ont prétendu que Sigefride, ou Sigebert, Fils de Valdefus, Comte de Verdun, & de Valdrade, Fille de Carloman, Duc de Baviere, fut gratifié de la Seigneurie d'Apremont par Charles Martel en 660. Que Sigefride fe trouva dans l'expédition de Pepin d'Heriftal contre les Frifons; qu'il époufa la Sœur de Herivis, Duc de Metz, Pere de Garin le Lorrain; ils veulent qu'au lieu de Afpremont, Afper-Mons, on derive le nom d'Aprimont, d'Apri-Mons, la Montagne du Sanglier. Mais il eft inutile de rapporter &

de réfuter de pareilles rêveries ; on peut confulter notre Histoire de Lorraine, où nous rapportons la vraie Généalogie de cette illuftre Maison.

Depuis longtems les Evêques de Metz font confidérez comme premiers Seigneurs d'Apremont; car Etienne de Bar, Evêque de Metz, vers l'an 1 140. réduisit à l'obéïssance les Rebelles de Deneuvre &d'Apremont,ayant bâti devant leurs Châteaux des Fortereffes pour les tenir en bride. Sous l'Epifcopat de Richard, Evêque de Verdun, vers l'an 1 170. Gobert, Seigneur d'Apremont, reconnoit tenir de l'Evêque de Metz le Territoire fur lequel eft bâti le Prieuré d'Apremont. Voycz Hiftoire de Verdun, p. 264.

Geoffroy II. du nom, Sire d'Apremont, ayant époufé Lorette de Sarbruche, Fille aînée de Simon de Sarbruche, Jean d'Apremont Evêque de Metz, en confidération de ce Mariage deLorette avec Geoffroy fon Neveu, lui donna le Comté de Sarbruche, qui relevoit de fa Croffe: Et en 1243. le même Geoffroy, ou Godefroy d'Apremont, Comte de Sarbruche, du chef de Lorette fa Femme, rendit fes hommages & fes devoirs de Vaffal à Jaques de Lorraine, Evêque de Metz. (b) Il y avoit dans ce tems-là un Gobert d'Apremont, qui accompagna Saint Louis dans la Terre Sainte: Il eft certain qu'en 1249. au mois de Janvier, un Geoffroy, ou Gobert d'Apremont, fit fon teftament étant en Egypte.

La Terre d'Apremont, au moins en partie, vint à la Maison d'Autel par le Mariage de Jean d'Autel, Fils de Huët, ou Huart d'Autel, avec Jeanne d'Apremont, Fille de Geoffroy d'Apremont. Ce Mariage fut célébré l'an 1387. & ledit Jean d'Autel fit fes Reprifes pour la Terre d'Apremont auprès de l'Evêque de Metz.

On dit que cet hommage fe fit en 1301. à Gerard de Relange, mort en cette année : Mais la chofe eft impoffible, fi le Mariage de Jean d'Autel avec Jeanne d'Apremont ne fe fit qu'en 1387. Il vaut mieux dire qu'il fit cet hommage en 1390. auprès de Raoul de Coucy, Evêque de Metz. Geoffroy d'Apremont en 1346. reconnut Ademare de Montil, Evêque de Metz, pour Seigneur dominant, & obtint fon confentement pour l'alienation de quelques Terres dépendantes de fa Baronie d'Apremont.

Ce fut le même Geoffroy, qui en 1354. obtint de l'Empereur Charles IV. les Lettres qui érigeoient Apremont en Fief masculin & Baronie Souveraine,fujette immédiatement à l'Empire. Mais M. l'Abbé de Longuerue

dit,

remont: Un Ruisseau qui la traverse, en fait deux parties; celle qui eft du côté de Remiremont, eft du Bailliage de Remiremont. Et celle qui regarde Épinal, eft du Bailliage d'Épinal.

AR C-Sur-MEURTH E. ARC-Sur-Meurthe, ainfi nommé parce qu'apparemment il y avoit autrefois un Pont, ou une Arcade fur la Rivière deMeurthe en cet endroit. Il eft nommé fimplement Arc, dans des Titres de l'Abbaye de Senones des années 1147. &1152. & Arcus en 1213. Il paroît qu'alors il y avoit une Vanne au même lieu dans la Rivière.

Arc-Sur-Meurthe eft fitué à diftance à peu près égale de Nancy & de Saint Nicolas; l'Eglife Paroiffiale eft dédiée à St. Anian, ou St. Agnan; Collateur, l'Abbé de Senones, ou celui de St. Leopold de Nancy, depuis la ceffion qui a été faite en 1701. de la Seigneurie d'Arc-Sur-Meurthe à l'Abbaye de St. Leopold. Décimateur, l'Abbé de St. Leopold de Nancy, qui prend fix Gerbes; la Primatiale de Nancy trois: Le Curé en prend quatre de treize; il a auffi un tiers dans la menuë Dime, l'Abbé un tiers & un fixième, la Primatiale un fixieme. Bailliage de Nancy, Cour Souveraine de Lorraine.

Le Prieuré, ou la Chapelle de Saint Flin, ou Saint Felix, dépendoit anciennement de l'Abbaye de Saint Felix, ou de Saint Clement de Metz; elle eft aujourd'hui à la Primatiale de Nancy, en fuite de certains échanges faits entre la Primatiale & l'Abbaye de Saint Clement de Metz. La partie de la Rivière qui coule au couchant d'Arc-Sur-Meurthe, appartenoit ci-devant aux Religieux de Senones, qui l'ont cédée aux Chartreux de Bocerville en échange d'un Etang nommé de la Rappe, fitué au deffus de l'Etang de Bademenil, appartenant par indivis à l'Abbé & aufdits Religieux de Senones.

Dépendoient ci-devant d'Arc-fur-Meurthe le Village & la Paroifle de Bocerville, fupprimée le 21. Août 1684. par Sentence de l'Officialité de Toul. Les Dames de Bouxières-aux-Dames avoient le Patronage de cette Paroiffe, en la place de laquelle on a bâti la Chartreufe de Bocerville, dont nous donnerons l'Histoire ci-après dans unArticle séparé.

ARCHES-Sur- MOZELLE,

Au Val de Metz.

ARCS, OU ARCHES, ( Villa de Arcubus ) fur la Mozelle, de l'Archiprêtré de Vaux, dont la Cure eft à la présentation de l'Abbefle de Sainte Gloffinde de Metz. Ce Lieu tire apparemment fon nom des Arcades, qui foûtenoient le grand Aqueduc qui conduifoit les

caux de Gorze par Arcs, à Jouy-aux Arches, qui eft à l'orient de la Mozelle, comme Arcs eft au couchant de la même Rivière. Il eft fouvent parlé d'Arcs dans notre Hiftoire, & ce Lieu, qui fe trouve au voifinage de la Ville de Metz, a souvent été expofe aux infultes & aux violences des Coureurs, qui faifoient le dégats dans le Val de Metz.

En 892. le Roi Arnoû accorda ce Village aux Chanoines de Saint Arnoû de Metz, car les Bénédictins n'y furent introduits par PEvêque Adalberon qu'en 941. Il leur accorde les dix Familles qui lui appartenoient en propre à Arcs, fitué dans la Comté de Metz, ou de Scarpone.

Gratien de Guerre, un des Officiers du Duc René II. fit en 1480. une course fur les Terres de Metz. Les Villages d'Arcs, Ancy, Scie & Chatel-fous-Saint-Germain, étoient alors engagez aux Seigneurs de Metz; Gratien les alla brûler. Un des Officiers de l'Arinée de ce Commandant, vint fecrétement à Metz, & promit aux Gouverneurs de cette Ville de leur livrer Gratien. Ils raffemblerent promptement quatre mille hommes, & fe mirent en campagne. Mais quand ils arriverent près de Damviller, comme ils faifoient rafraîchir leurs Troupes, ils furent fubitement attaquez & mis en déroute: On attribua ce mauvais fuccès au Traître, qui avoit engagé les Meffeins dans cette entreprife. Il fut arrêté & écartelé.

ARENTELE, ou SAINTE HELENE, ou ARGENTELE, ou ARGENTIERE.

Bolland.

tom.

pag. 833.

ARENTELE, nommée aujourd'hui Sainte Helene, Village du Diocèse de Toul, tire fon nom d'un Ruifleau nommé Arentele, qui pafle dans ce Village, & fe jette dans la 3.29. Junii. Mortagne, près Remberviller. Ce Ruiffeau s'appelloit autrefois Argentile; mais depuis long tems le Peuple du Pays le nomme Arentele. Saint Diey étant forti de Nevers, où il étoit Évêque, pour chercher Dieu dans quelque folitude où il fut inconnu, vint d'abord à Romont avec deux Difciples qui l'avoient fuivi, où il fit fon premier miracle, en agrandiflant une Poutre, que les Ouvriers ne pouvoient placer fur une nouvelle Maison, que le Seigneur dudit Lieu faifoit bâtir. Delà, Saint Déodat, ou Saint Diey, s'avança vers un lieu nommé aujourd'hui Ste. Helene anciennement Argentele, à caufe d'un Ruiffeau de ce nom qui y coule.

Saint Diey déja fatigué du voyage, réfolut de s'y arrêter, & commença même à y jetter les fondemens d'un Monastère. Mais les Habitans du Lieu craignant que le Serviteur de Dieu ne fe rendît à la longue Maî

tre du Terrein qu'ils poffedoient, l'obligegerent à quitter fon entreprise; & à fe retirer en Alface, d'où enfin il vint ay Val de Galikée, où il bâtit le fameux Monaftère de Jointure, aujourd'hui nommé Saint Diey.

Pour revenir à Arentele, ce Ruiffeau prend fa fource au deffus de Bruyères, paffe par Granville, Pierrepont, l'Étang, puis vient à Sainte Helene & à Saint Gorgon, & va tomber dans la Mortagne à Remberviller. Arentele, aujourd'hui, Sainte Helene, eft Annexe de Saint Gorgon; l'Églife de Sainte Helene a pour Patron Saint Georges; Décimatrice, l'Abbeffe d'Epinal pour les deux tiers des groffes & menues Dîmes, le Chapitre de St. Diey prend un quart dans lesdits deux tiers, le Curé prend l'autre tiers, avec quelque diminution que le Chapitre de Saint Diey y perçoit. La Haute Juftice appartient au Roi; Hift. de la Seigneurie eft à l'Abbeffe d'Epinal & au Lorr.t.1.p. Chapitre de Saint Dicy, & à la Sonrière de Remiremont ; il eft parlé d'Arentele dans un Titre de l'Abbaye d'Epinal de l'an 1003.

565.

Preuves.

Ibidem,

fr 367.

De Arentela octo Manfos.

Dans un Titre de l'Abbaye de Saint Pierre aux Nonnains de Metz, l'Empereur Othon en 960. confirma cette Abbaye in Comitatu Calmomenfi Villam Argentera dictam. Argentele eft dans le Chaumontois.

ARLON.

ARLON, Ville du Duché de Luxembourg, nommée en latin Arelaunum ou Orelaunum, fituée à l'occident & à cinq lieues de Luxembourg, & au nord à deux licues de Stavelo, au Diocèfe de Trêves.

Arlon est très-ancien ; l'Itinéraire d'Æthicus le place entre Ivoy, Epoiffius & Epternach Andetanacum, à mi-chemin de Metz à Trêves. Il est nommé fimplement Arlon dans le partage fait en 870. entre les deux Rois Louis & Charles. Arlon a Titre de Marquifat dans un Titre de l'an 1210. où Henri, Duc de Limbourg, fe qualifie Marquis d' Arlon. Cependant ordinairement on ne donne à Arlon que le Titre de Comté, & il n'eft pas qualifie autrement dans un Titre de l'an1052. Arlon eft bâti fur une montagne autrefois bien fortifiée ; aujourd'hui fes murs & fes fortifications sont rasées, & il n'y en refte plus aucun veftige.

Cette Ville étoit anciennement remplie de Statues & de Bas Reliefs antiques, dont la plupart ont été enlevez & tranfportez ailleurs; partie par le Comte de Mansfeld, pour en orner les beaux Jardins qu'il avoit aux Portes de Luxembourg; partie par les Peres de l'Abbaye de St. Hubert, & par les Peres Jefuites de Luxembourg. Heureufement le R. P. Vilteme dans fes Luxemburgica, en a

fait deffiner la meilleure partie, avec des explications favantes de fa façon. J'en ai fait tirer une Copie fur l'Exemplaire de M. l'Abbé de Saint Maximin, pour notre Biblioteque

de Senones.

Tout le monde fait que la Déeffe Diane, ou la Lune, étoit honorée d'un culte particulier dans les Ardennes ; la Statue Coloffale de cette Déeffe n'étoit pas loin d'Ivoy; le Saint Stilite Wlfilaïc la renverfa au péril de fa vie. Le Peuple d'Arlon eft perfuadé encore aujourd'hui, que la Lune avoit un Autel particulier dans leur Ville; ils dérivent le nom d'Arlon, d'Ara Luna, Autel de la Lune, & on montre dans l'Eglife des Peres Capucins d'Arlon, un Autel dédié à la Ste. Vierge, fous le nom de Notre-Dame d'Arlon, célébre par le concours des Fidéles, qui croyent que le culte de la Ste. Vierge y a fuccédé à celui de Diane, ou de la Lune. L'Autel en question eft quarre & haut d'environ un pied: On voit fur les faces des Bas Reliefs quatre profanes, mais qui n'ont nul rapport particulier à la Déefle Diane. Sur la premiére face, eft une Bafterne, ou Chariot à deux rouës, traîné par quatre chevaux, un homme affis, un cocher & un valet à pied, qui les précéde. La deuxième face représente un facrifice of fert aux Dieux Larres par fix voyageurs. La

troifiéme est un autre facrifice fait à la Déeffe Vefta. La quatrieme représente un trépied, une Prêtreffe, & un Prêtre qui agite la Prêtreffe; deux hommes chargez de préfens, avec un domestique.

Sur l'Autel érigé à l'honneur de la Sainte Vierge, on lit, des vers qui marquent le refpect des Peuples pour cette Vierge miraculeuse. Voici les deux premiers de ces vers:

Ara fuit Luna, qua nunc eft Ara Maria

Virginis intacta fymbola Luna refert, &C. La Ville d'Arlon, fur la fin de la décadence de l'Empire Romain, & vers l'an 408. fut fermée de murailles, & au lieu du nom de Vicus, qu'on lui donnoit auparavant, Oralunum Vicus, on lui donna le nom de Caf tellum, Château. On y mit une Garnison compofce de Soldats appellez Leti Lingones, de même qu'à celle du Château de Luxembourg; mais la Garnison d'Ivoy étoit compofée de Soldats nommez Leti Affi. Ces Leti étoient originaires des Pays Septentrionaux, aufquels on donna des terres à cultiver dans les Gaules.

Les Fortifications d'Arlon furent démolies en 1671. vers le même tems, que par les Ordres de la France, on démolit ce qui reftoit de Châteaux en Lorraine. On trouva alors dans la terre des pierres taillées de diverfes fortes, des fragmens d'Architraves, de

Piliers