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La Paroiffe de Dainville-aux-Forges, eft commune aux deux parties, & a pour Patron, faint Valere; l'Abbé de Morimont nomme à la Cure; les Décimateurs font Mr. l'Evêque de Toul, comme Abbé des-Vaux, pour un tiers ; l'Abbé de Muraut, pour un fixieme, & le Curé du lieu, qui eft un Religieux Prémontré des-Vaux, pour un tiers dans la dîme non novale. Mr. le Marquis de Marmier, y a une Forge & un Château. Il y a dans la partie du Barrois, quarante-quatre ou 45. Habitans. Le Pouillé de Toul differe un peu de ce “que nous avons dit fur les dîmes de-Dainville. La Chapelle de Nôtre Dame de Chécourt, conftruite fur le Ban de Dainville, dépend de cette Paroifle.

Y.

DARNE Y

Le Chapitre de Darney & le Prieuré de Relanges.
DARNEY, petite Ville fituée affez près la
fource de la Saône, au-deffus de Montureux;
eft du Diocfèe de Befançon, avec un ancien
Château, & titre de Bailliage, contenant tren-
te Villages ou Hameaux, Darney, Bonviller,
Belrupt, les Verreries & Granges, Martin-
velle, Regnicville, Ameuvelle, Oriville & la
côte de faint Antoine, font du Diocèle de
Befançon, le refte eft de celui de Toul.

Le nom de Darney, Darneium, comme il
́eft nommé dans les Pouillés, vient apparem
ment du mot Darnus, qui dans les Ecrivains
de la baffe Latinité, fignifie un Banquier, un
Changcur; ce qui dérive du Grec, Danos,
d'où vient Danistes ou Danista, un Banquier.
Il y a encore d'autres lieux nommés Darney:en
Lorraine & en France, comme Darney-aux-
Chênes, & Darnicule. (a)

En 1308. Thiebaut II. Duc de Lorraine,fonda à Darney une Collégiale de 13. Chanoines Séculiers fous l'invocation de S. Nicolas,aufquels il affigna des revenus confidérables,tant à Darney, qu'à Bleurville, à Belrup, àDombale, à Dommartin, à Valois, &c. C'étoit proprement la Chapelle caftrale de Darney. Le Duc fe réserve, & à fes Hoirs Ducs de Lorraine lacollation des Prébendes defdits Chanoines; mais il leur laiffè l'élection libre de leur Doyen. Il leur accorde le pouvoir d'acquetter dans fes Etats, des biens en fonds de terre, jusqu'à la valeur de deux cens livres de rente. Chaque Chanoine fera tenu de faire chaque année treize femaines de ftages: ils feront ferment de fidélité au Duc de Lorraine, dans fix mois après leurs installations. Le ti tre de Fondation, eft du mois de Novembre Hiftoiée de 1308. Il y a apparence que le Duc Thiebaut H. faifoit fa réfidence ordinaire à Darney. Le 3.2. page Duc Ferri IV. Frére de Thiébaut, donna Dar ney au Prince Maheu, fon Frére, en 1316,

Lorraine

358.

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en place de ce qui lui avenoit de fa mere Ifa-
belle de Rumigni.

Le Chapitre ayant perdu beaucoup de fes
biens, les Prébendes avoient été réduites à
cinq, par Declaration du Duc Leopold du 12.
Juin 1708. Mais le Prieuré de Relanges ayant
été uni à ce Chapitre par Benoit XIII. en 1725.
& Lettres-Patentes de Leopold de l'année fui-
vante, il fera dans la fuite composé du Prevôt,
& de neuf Chanoines.

Il y a à Darney, des Récolets, un Hôpital, des Sœurs de la Charité, & un Hôtel de Ville; il y avoit autrefois des Arbalêtriers.

Relanges eft du Diocèfe de Toul, & le Prieuré de l'ordre de Cluny. Il fut fondé vers l'an 1040. par Ricuin de Darney, du confentement du fa Femme, nommée Lancede, & confirmé par le Pape Leon IX. en 1049.

Benoit

Pouillé de

Ce Prieuré eft mis dans le Catalogue des Bullarium Monaftères de Cluny, par le Pape Gregoire Cluniac. p. VII. en 1076. Il n'eft donc pas vrai qu'il ait 12. été fondé au trezieme Siecle, par Thierri de Lorraine,Seigneur du Chatelet. Thierri peut y avoir fait quelques biens; mais il étoit fondé long-tems avant lui. Il devoit y avoir dans ce Prieuré, fix Religieux avec le Prieur, & l'on devoit y dire deux Meffes parjour, avec notes, & y faire l'aumône générale trois fois la femaine. Ce Prieuré eft aujourd'hui en commende, & eft d'un revenu confidérable.

Toul, t. I.

Page 339.

Les Avanturiers nommés Ecorcheurs dans Hiftoire de la Chronique du Pays, prirent la Fortereffe Lorraine, de-Darney, le huitième jour d'Octobre 1443

t. 2. page

*CCLIII.

Hiftoire de

Lorraine

4.2.p.832.

Et l'année fuivante 1444. le Roi Charles Preuves. VII. étant entré en Lorraine avec fon armée, fon avant-Garde vint devant le Château de Darney, tenu par le Bâtard de Vergi, qui rendit cette place qu'il tenoit du Roi René II. En 1444. le Bâtard de Thuilieres s'étoit emparé du Château de Darney, & l'avoit fait fortifier: De là il faifoit des courses en Lorraine, & où il pouvoit, prenant & pillant par-tout, fans s'informer fi l'on étoit ami ou ennemi.

Le Roi de Sicile, René II. pria le Roi Char-
les VII. de l'en faire fortir; & à fon refus, les
deux Rois fe rendirent devant Darney, en fi-
rent le fiége, & obligèrent le Bâtard à fe ren-
dre. Les Troupes Françoises vouloient qu'on
leur abbandonnât la place au pillage; mais le
Roi n'y voulut pas confentir, difant que Dar-
ney appartenant au Roi René fon Coufin, il
ne fouffriroit pas qu'on lui causât ni déplaifir
ni dommage. Ce Bâtard de Thuilieres, s'e-
toit apparemment jetté après le Bâtard de Ver-
gi, dans ce Château de Darney, depuis que
le Roi Charles l'eut pris à son entrée en Lor-
raine, au commencement de la Campagne
de cette même année.

(a) Darnus, fœnerator. Papias: Danus (Danos) fonus, I fanus dicitur.
Lucrum, Græcè, quod ruftice, Darnus, five formerator, vel. Du Cange Glossar. voce, Darani.

En

En 1477. Geoffroi de Baffompierre, fut fait Gouverneur de Darney, & le vingt May 1509. le même Geoffroi de Baffompierre fit recevoir fon Fils Christophe, en furvivance au Gouvernement de Darney. C'étoit donc alors une Fortereffe de conféquence.

Le Duc Charles de Bourgogne, étant enbid. t. 3° tré en Lorraine en 1476. s'avança vers Mi4.1476. recourt, Darney, Bulgnéville, le Neuf-châann. teau & Chatenoy qui toutes fe rendirent

page LIX.

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fans résistance.

Le douze Décembre 1527. René de Beauvau, Confeiller & Chambellant du Duc de Lorraine, fut fait Capitaine de Darney.

En 1589. La Chatellenie de Darney fut engagée au Sieur de Saint Balmont, pout cinquante mille frans.

En 1594. la même Chatellenie fut engagée à Mr. de Viange.

d'argent. Jean de Pillelipille, Fils naturel du Duc Charles II. & d'Alizon du May, eft le Chef de la Maison de Darnieulle; cette Scigneurie paffa à la Maison de Beaufort de Gelnoncourt par Conceffion du Duc Charles III.

en 1592.

Pour le nom de Darnieulle, il paroit que c'eft le diminutif de Darney, Darncium; voyez cy-devant Darney.

DASBOURG, ou DAESBOURG,

nommé communément DABO.

DAESBERG, OU DAESBOURG, ou DASBOURG, appellé vulgairement Dabo, eft un ancien Château ayant titre de Comté, & chef de plufieurs Villages qui en dépendent; il eft fitué dans la baffe Alface, Frontiere de Lorraine, dans les Montagnes de Vôge, ayant le Prieuré de faint Quirin au Couchant, la Ville de Saverne & l'Abbaye de Marmoutier à l'Orient, & les Villes de Phalzbourg & de Sar

Pendant les grandes guerres de Lorraine en 1636. le Duc Charles IV. envoya fes Troupes prendre leurs quartiers d'Hiver en Lor-bourg au Nord. S'il eft vrai comme on le tient raine; elles furprirent le Château de Moyen, celui de Darney & quelques autres places; mais comme fes Troupes commettoient de grands défordres dans le Pays, fans faire diftinction du François ou du Lorrain, la France envoya dans la Lorraine, le Duc de Longueville, qui les réprima, & reprit les places dont ils s'étoient emparés.

Enfin en 1639. le Château de Darney fut démou, de même que celui d'Alberftorf, il fallut acheter à ce prix la neutralité que le Roi Louis XIII. accorda pour les Villes de Remiremont, d'Epinal, d'Arches, de Bruyeres & de Dampierres.

çon,

Comme Darney eft du Diocèse de Befanle bon Duc Henri II. obtint en 1614. qu'on établiroit une Officialité à Darney, pour y vuider les conteftations de cette Contrée, qui alloient en première inftanceà laCour Ecclefiaftique de Befançon. Ferdinand de Longwi de Rie, Archevêque de Besançon, ne fe rendit pas difficile pour cet établiffement, & le Pape Paul V. le confirma.

DARNIE ULL E. DARNIEULLE, Village répondant à Dompaire, en latin Darnolium, Darnieülle ou Darneil, Village du Diocèfe de Toul ; Patron faint Maurice; Collateur, l'Abbé de Chaumoufay; Décimateur, le même, pour la moitié de la groffe dîme, & le Curé pour l'autre moitié, avec la totalité des menuës. Seigneur, le Baron de Darniculle Bailliage de Vôges, Doyenné de Jarcey. Darniculle eft fitué fur le ruiffeau d'Aniere, vis-à-vis Epinal.

La Maison de Darnieule, ancienne Chevalerie de Lorraine, portoit d'or à une contrebande de gueule, chargée de trois Alerions

communément, qu'il y ait eu autrefois fur le Dabo un Camp des Romains, il faut que la route qui paffè aujourd'hui à Sarbourg & à Phalzbourg, ait autrefois paffe auprès du Dabos car les Romains plaçoient leurs Camps fur les grandes routes, pour les garder contre les irruptions des ennemis, & pour la fûreté des Voyageurs.

Daesbourg, ou Dabo, eft fitué fur un Rocher efcarpé prefque de tous côtés: ony voit encore les ruines du Château qui fut détruit en 1676. par ordre de la France. Il y a auffi un petit Prieuré fous le nom du Pape Leon IX. qui étoit la Chapelle du Château, fitué auprès des Walfché. On croit que le Pape Leon IX. reçut le Baptême dans cette Chapelle, & qu'il nâquit au Château de Dabo; mais il nous paroit plus croyable qu'il nâquit au Château d'Egesheim, qui appartenoit à fon Pere, & que la Mere étoit Fille du Comte de Dabo.

Le Château de Dafbourg eft placé près les Scheffans fources du Sarnon, qui eft formé de deux Alfatia Ilruificaux, qui fe réuniffent au deffous & au Inftrata. Nord de ce Château. Le Bourg de Dabo eft pag. 529. tabul.XIII. fitué aupied & à l'Orient des ruines de la Fortereffe. à l'Occident font les veftiges des anciens tombeaux des Romains ou des Gaulois payens. On y remarque trois Obelifques, deux entiers & un caffe; l'un de 24. pieds de haut, taillé fans art & fans infcription, mais qu'on croit être d'anciens monumens des Romains; aux deux côtés de cet Obelifque, on remarque les Bafes de deux autres, qui font détruits; de plus, on y voit deux monumens remarquables, l'un taillé comme une espéce de Pyramide, avec une figure nuë, à demi corps dans une Niche, ayant à les côtés comme des efpéces d'arcs, ou de demies rouës;

Qq

l'autre Pyramide finit en quarré, ayant fur un de fes côtés cette infcription en lettres Romai

nes très bien formées.

D. M.

Sa main gauche eft appuyée fur fa hanche; fa chevelure eft courte, & n'eft remarquable que par deux cornes, qui s'élèvent fur fon front. C'eft la feule chofe qui peut nous faire. connoître ce qu'elle repréfente. On a crû que ce pouvoit être le dieu Bachus, que l'on dépeint quelquefois avec des cornes, d'où lui vient le fur- nom de Bicornis, dans les Poëtes, 1. 1. paze & de Dieu aux cornes de taureau TAUPO- 245.246. C'eft-à-dire Diis Manibus, Marcus Emilia-KEROZ, Euripid Bacchid, Act. 1.

M. AIMILIANUS SITAE. SIDATI UXORIS. MATRIS.

MANSUITI.

nus fixta, fidati uxoris, Matris Manfueti. L'ortographe n'eft pas corecte dans cette infcription, on y met Manfuiti au lieu de Manfueti, & le Graveur de la pierre, pour abreger, a mis un trait dans la jambe du F pour en faire un X. Sidatieft mis pour Sedati, aux dieux Manes. Marcus Æmilianus a mis cette infcription pour honorer la mémoire de Sexta, Epoufe de Sidatus, & Mere de Manfuetus. On peut voir dans l'Alface illuftrée de Mr. Schefflin, une très belle topographie de Dafbourg &

des environs.

Manfuetus eft un nom de famille Romaine, qui fe trouve affez fouvent dans les infcrip

tions anciennes.

On voit aufli à Dabo un Tombeau compofé de deux grolles pierres mifes l'une fur l'autre, dont celle de deffous eft chargée en face de cinq efpéces de rofes, & fe termine en dos d'âne.

Deux autres Tombeaux, l'un ayant un bufte nud, dans une Niche, & l'autre deux buftes auffi nuds, dans une feule Niche. Un troifiéme Tombeau avec une colomne quarrée, fur laquelle eft la figure d'un Enfant einmailloté; enfin Mr. Schefflin a fait représenter une figure qu'il croit être le Dieu Sylvain; mais qui n'eft peut-être qu'un payfan, tenant d'une main fa ferpe, & de l'autre un bâton, dont le haut finit en pomme de pin.

Pas loin de là, on remarque les débris d'un ancien Temple quarré, ayant 70. pieds de long, & autant de large; fes murs étoient très folides, & bâtis de groffes pierres mifes l'une fur l'autre, fans mortier ni ciment. On doute qu'il ait été couvert, on y trouve des fragmens de Statues de Mercure, comme au Dounon, qui n'en eft éloigné que d'environ trois lieuës au midy.

Le Révérend Pere Dom Benoit Sinfard, Abbé de Munster en Alface, nous a deffiné une Statuë taillée en demi relief, d'une très mauvaise sculpture, en pierre de gray rouge, de la hauteur d'environ trois pieds; cette Statuë fe conferve dans le jardin de Mr. de laTour de Foiflac, Commandant d'un Bataillon de Mareuille, près la Ville de Phalsbourg.

On ne remarque dans cette Statue aucune marque de Sexe, elle tient dans fa main droite aine efpéce de livre, ou de tablette Antique.

Et Horace, l. 2. Carmin. Ode 16. Te vidit infons Cerberus aureo.

Cornu decorum.

Nous avons fur la montagne du Dounon, quatre ou cinq figures Gauloises, ou Alledes, avec de ces cheveux retrouflés en forme de cornes.

Mais la Statuë en queftion n'ayant aucunè autre marque de celles qui diftinguent Bachus, & les cornes qu'on lui voit, paroiffant plûtôt des cheveux relevés & treflès, en forme de cornes, il faut voir fi nous ne trouverons pas que les anciens Germains portoient ainfi des efpéces de cornes de cheveux retroufles & noüés en houppes. Ceux qui nous décrivent les mœurs & les coutumes des Germains, nous apprennent qu'ils noüoient leurs cheveux, & qu'ils les tournoient pour former des espéces de cornes, ou de houppes.

Crinibus in nodum tortis venere Sicambri,

V.I Antiq.

expliquée

133.

Martial.

Spectacul

Atque aliter tortis crinibus Ethiopes. Et Tacite parlant des mêmes peuples de 33. Germanie, dit que cette nation fe fait honneur de porter les cheveux rebrouffes & liés en neuds; infigne gentis obliquare crines. (Peutêtre, obligare crines) nodoque fubftringere. Seneque parlant des mêmes peuples, dit qu'ils fe rouffiffent les cheveux, & les lient en nouds. Crinis rufus & in nodum aftrictus apud Ger

manos.

Et Juvenal, Satyr. XIII. v. 160.

Carula quis flupuit Germani lumina, flavam Cafariem,&Madido torquentem cornua cirro. Voilà les cornes des Allemans bien marquées; elles étoient compofées de leurs cheveux, dreflés en forme de houppe, & moüilles de quelques liqueurs, pour les entretenir encet état. Tertullien parle auffi des houppes, Virginib. ou des cornes des Allemans. Cirros Germania. Velandis. Sidonius Appollinaris parlant des cheveux des Gaullois, Carmin. V. v. 240. de Francif. Rutili quibus arce cerebri,

Ad frontem coma tracta jacet, nudataque.
cervix

Setarum per damna nitet.

Remarquez qu'il nomme feta les cheveux des Gaulois, pour exprimer leur roideur, & leur dureté, qu'ils augmentoient par artifice.

Sur la Montagne de Framont, on remarque trois ou quatre figures partie entieres,

Tertull. de

partie mutilées, ou les cornes font très
bien marquées. Voyez figures 11. 1II. IV. V.
La première & la feconde font des Mercu-
res ; la troifiéme est une tête détachée d'une
Statuë.

La quatrième eft apparemment la tombe
d'un Gaulois dont on ne voit que quelques
lettres du nom.

La cinquième eft une tête feule, où les cornes font bien marquées.

Cet ufage n'étoit pas particulier aux Germains. Les anciens Héros, dans Homere, fe Frifoient, & partageoient leurs cheveux fur le front, de forte qu'ils s'élevoient en pointe, & formoient des espèces de cornes. C'étoit une beauté parmi eux, & ceux qui les portoient ainfi, étoient nommés Keraffes, comme Ludov.Pa- qui diroit cornus; Diomedes reprochant à Patric. Rom. ris fon trop grand soin de se frifer, l'appelle, navigat. homme aux belles cornes. On dit qu'encore à L. 2. c. 7. prefent, les Arabes à l'âge de quarante ou cinquante ans, dreflant leurs cheveux, s'en font des efpéces de cornes, ce qui les fait paroître femblables à des jeunes chevreaux. Martial au lieu cité, dit le même des Ethiopiens. Les anciens peuples de l'Ile de Chipre, portoient auffi de ces efpéces de cornes, d'où vient qu'on les nommoient Keraftes, ou Cornus, & l'Ile de Chipre portoit le nom de Keraftia. Atque illos gemina quondam quibus afpera

cornu.

Frons erat, unde etiam nomen traxere Ce-
rasta.

A parler felon nos mœurs, felon notre manière de penser, feroit-ce un grand chatiment pour un pécheur endurci, que de lui abbatrè le haut, ou le bout de fes cheveux. Verticem capilli; mais c'étoit un oppropre pour ceux qui faifoient gloire de porter ces houppes audeffus de leur front. Les Turcs encore aujourd'hui portent un toupet de cheveux au-deffus de leur tête rafee.

Victor

l'Empereur Constantin n'avoit pas les che- Cdren &
veux frifes naturellement; mais il recouroit à Acrelius,
l'artifice pour les faire parroître tels, & avoit
toujours la tête environnée d'un précieux Dia-
déme. Eufébe dans la vie de cet Empereur,
dit que les Rois Barbares le régaloient de
chevelures roufles. On rendoit par artifice les
cheveux roux & roides, pour les élever en for-
me de cornes.

A l'égard du livre ou de la tablette
que cettè
Figure porte à fa main droite, cela est affez
commun dans les autres bas-reliefs de ce pays
cy, & marque ordinairement un homme em→
ployé dans les affaires du Prince, ou du Pu-
blic, ou fimplement un particulier qui portoit
à l'autre monde les comptes de fes affaires do-
meltiques negotiorum rationes, ou les cédu-
les de ce qui lui étoit dû, pour s'en faire
payer en l'autre vie. Voyez Valere Maxime,
& Pomponius Mela.

Quant aux Seigneurs de Dasbourg, ou
Dabo, nous en avons parlé dans la Généa-
logie des Comtes d'Egesheim. Herman Com-
tc, mort vers l'an 1028. étoit Comte de Haf
bourg, ou plûtôt de Dasbourg.

Partie 2.

page

La Martia

Vovez Ifaac Tetzez in Lycophoon. Nonnus
Dyonifiac. 1. 5. Ovidius Metamorphof.l. x. Jo-
hann. Meurfius, de Cypro, l. 1. cap. 2. pag. 6.
En voila affez pour montrer que les anciens
Germains portoient leurs cheveux ainfi noüés
& treflès en houppes. Ajoûtez Diodore de Si-
cile. 1. 5. page 212. Cafariem non modo naturâ
geftant rufam, fed arte quoque nativam coloris
proprietatem augere ftudent. Calcis enim lixi-
via frequenter capillos lavant, eofque à frente
ad verticem, atque indè ad cervicem, ut eo ma-
gis fint confpicui retorquent. Satyros igitur &
panas afpectu referunt, hac enim cultura ita
denfantur, ut ab equorum fetis nihil differant.
Il me paroit que non feulement les Arabes,
les anciens Grecs & les Germains, aimoient
à relever leurs cheveux en forme de cornes, En 1145. vivoit Lutgarde Comteffe de Mo-
comme on dépeint quelquefois Bachus & les ha & de Dasbourg, Fille d'Albert, Comte de
Satyres mais auffi que les Hébreux fe fai- Moha & de Dasbuorg, & d'Ermenfon de Lu-
foient une gloire de parroître ainfi ; l'Ecritu xembourg. Lutgarde époufa I°. Godefroy II.
re femble y faire allufion dans ces paffages: du nom Duc de la baffe Lorraine, & II°. Go-
Regum II. Exaltatum eft cornu meum. Pfalm. defroy Comte de Namur. Elle fut Mere d'Al-
LXXIV. nolite extollere in altum cornu veftrum. bert Comte de Moha & de Dasbourg, qui
Et cornua peccatorum confringant, & exalta- époufa Gertrude de Los, Fille de Louis Com-
buntur cornua jufti. Et exaltabitur cornu nofte de Los, de laquelle il eut Gertrude de Daf-
trum Jerem. XLVIII. 25. Abcissum est cornu
Moab. Pfalm. LXVII. 22. Confringet Dominus
verticem capilli,perambulantium in peccatis fuis.

En 1144. Hugues Comte d'Egesheim, & Voyez Lo
Ulric Comte de Dasbourg, affifterent Ulric, guerne,
Comte de Ferrette, qui fondoit en cette an-
née un Monaftère près Colmar. L'Héritière P 237.
de ces Comtes, nommée Jeanne de Daf- niere Dic
bourg, époufa Frideric, Comte de Linange- tionnaire
Dasbourg, Comte de Linange, dans le Pa- Geograph,
latinat; ils eurent un Fils nommé Geoffroy, &c.
qui dans le treizième fiècle, fut tige des Com-
tes de Linanges-Dasbourg, qui ont toujours
poffedé cette Seigneurie, comme Vallaux im-
médiats de l'Empire, jufqu'à l'an 1680. qu'el-
le fut réunie à l'Alface, par Arrêt du Confeil
Souverain de cette Province, rendu le neuf
Août, & qui fut exécuté.

bourg, qui époufa en 1204. Io. Thiebaut I.
Duc de Lorraine, mort fans lignée en 1220.
Et Ilo. Thiebaut Comte de Champagne, dont

elle fe fepara pour caufe de Parenté. III. Elle époufa Simon Fils d'Emicon, Comte de Linanges.

Gertrude mourut en 1225. âgée de trentecinq ans, fans avoir eu d'Enfans. Son Comté fut partagé entre les Comtes de Linanges & des Evêques de Metz.

L'Evêque de Liege s'empara de la Ville & du Château de Moha. Aujourd'hui Dabo eft poffedé par les Comtes de Linanges; furnommés de Dasbourg.

En 1312. Jean Comte de Dabo, & Louis Comte de Richécourt, étoient en guerre conHiftoire de tre le Duc Ferri IV. Verdun, p. Le Comté de Dasbourg, ou Dabo, fut pof173. 176. fedé par le Comte Godefroy, Epoux de la Alberic ad Comteffe Mathilde, qui furent Pere & Mere, ann. 1015. d'Adalberon, Frideric, Herman, Godefroy & Gozelon. On aflure que Herman fut Comte de Dasbourg; il résidoit, ordinairement à Verdun avec la Comteffe Mathilde fa Mere; ils vivoient tous au dixième siècle & vers l'an

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DAUN, ou THAUN,

DAUN eft une petite Ville de l'Electorat de Tréves, fituée fur la rivière de Lezere, à cinq lieuës de Mont-royal, à trois lieuës environ de Mauderscheit. Elle eft commandée par un Château bâti fur une Montagne, au pied de laquelle la Ville est bâtie.

Daun eft le Chef-lieu de l'illuftre Maison de Daun, nommée en latin Duna, qui portoit d'or frittée de gueule. Cette Seigneurie relevoit des Comtes & Ducs de Luxembourg. En 1337. le onze Septembre, Giles de Daun, reprit en Fief-lige perpétuel le Bourg & la Ville baffe de Daun.

La Maison de Daun eft très ancienne, puifqu'en 1107. Adalberon de Daun, intervint comme témoin, au titre de Fondation de l'Abbaye de Speinkirsbach, & en 1247. Richard de Daun, hoinme très favant, fut élû Evêque de Vorms, & confirmé par le Légat du Pape. Il mourut dans fon Siége, en 1257. La charge de Marêchal héréditaire du Comté de Luxembourg, a été très longtems attachée à cette Maison. Hift. de Luxembourg, Zome 6. pages 181, 182.

DELME on DESMES. DELME ON DESMES, Village de l'Evêché de Metz, fitué entre Nomeny & Vivier, Mcurie, acheté auprès de Thierri de Thiecourt, par Hiftoire de Jacques de Lorraine, Evêque de Metz, quia Metz page fiégé depuis l'an 1235. jufqu'en 1260.

Raoul de Couci, Evêque de Metz, engagea à Charles II. Duc de Lorraine, fon Coufin, le douze May 1395. les Château & Ville de Nomeny, la Ville de Manoncourt, la Ville & tout le Ban de Delme, engagé à plufieurs particuliers de la Ville de Metz, moyennant la fomme de fept mille frans de bon or, au coin du Roi de France; defquels fept mille frans devoient en refter huit cens ès mains dudit Acquéreur, pour faire ledit retrait.

Le même Evêque Raoul de Coucy, le quatorze Janvier 1396. ou 1397. avant Pâques, racheta le tiers de ladite Seigneurie de Nomeny, & du Ban de Delme, au moyen de l'échange fait par ledit Evêque, de la moitié du Château & Ville fermée de Bacarat, contre le tiers de Nomeny & Delme, délaifle par ledit Duc Charles II. pour la fomme de feize cens frans de bon or & juste poid, pour rembourfer ce que l'Evêque devoit à la Veuve de Henri Bayer de Boppar. Pour lefquels feize cens frans de bon or, ledir Raoul de Couci, engagea les deux parts de fon Château & Ville de Nomeny, & les deux parts de fa VilledeDelme, & leurs appartenances, à condition que le rachat des deux parts reftant du premier engagement, ne fe pourroit faire qu'en payant & rendant tout ensemble & à une feule fois, la fomme de huit cens frans d'or, moitié de feize cens frans d'or, avec les fept mille frans.

Le huit Avril 1433. Conrade Bayer, Evêque de Metz, racheta auprès du Duc René I. & Ifabelle de Lorraine, fa Femme, le tiers de la Ville & Château de Nomeny, & le tiers de la Ville & Ban de Delme, & autres Seigneuries, moyennant la fomme de trois mille neuf cens frans payés comptant, par ledit Sr. Evêque. Le Duc René & Ifabelle fe réfervoient le dernier tiers defdites Seigneuries de Nomeny & de Delme, lequel dernier tiers fut payé par les Régens de la Lorraine, pendant l'emprifonnement du Roi & Duc René, à Conrade Evêque de Metz, & cet argent fut employé pour retirer Mirecourt des mains de Robinet dit Floquet, moyennant la fomme de deux mille vieux florins d'or, donnés audit Evêque, & fera loisible audit Duc René, de retirer ledit tiers des mains dudit Evêque, en lui rendant lefdits deux mille vieux florins. En 1467. le Duc Jean Fils du Roi René, donne Acte à l'Evêque de Merz, qu'encore les Habitans de Nomeny & du Ban de Delme

que

452.

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