Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

du Religieux commis pour y dire la Mefle; mais Olry du Châtelet, devenu Seigneur de Deüilly, ayant embraffe les erreurs de Calvin, renverfa cette Chapelle & en employa les materiaux à réparer les bâtimens de fa Baffe-cours il bâtit en la place un Prêche pour l'exercice de fa Religion Calvinienne ; ceci arriva en 1560.

Evre, en acquittant les charges du Prieuré. Le même Valfrancour en 1477. demanla en Cour de Rome, que tous les biens du Prieuré de Déuilly fuffent unis à perpétuité à l'Abbaye de faint Evre, & que la moitié de ces biens fuffent attribuez à la Menfe Abbatiade, & l'autre moitié à l'Office de Pitancier du Monaftére. Cette grace fut encore accordée, à condition que le Prieuré ne feroit pas privé de fes Services ordinaires, que le foin des Ames ne feroit pas négligé, & qu'on en acquitteroit les Charges accoutumées. En consé quence de cette derniere union, on ne laiffa à Deuilly qu'un feul Religieux pour y dire la Mefle tous les jours.

Charles le Hardi, Duc de Bourgogne ayant commencé la guerre en Lorraine en 1475. fut tué devant Nancy en 1477. Pendant toute cette guerre la Lorraine fut exposée à une infinité de ravages, de la part des Troupes Bourguignones. Ces maux ne fe terminerent pas à la défaite & à la mort de ce Prince. Thiebaut de Neuf-Châtel, Marêchal de Bourgogne avoit obtenu du Roi, Louis XI. en 1465. la Seigneurie d'Epinal; les Bourgeois de cette Ville refusérent de le recevoir pour Seigneur, & le Roi Louis XI. donna Epinal au Duc de Lorraine Jean, furnommé Duc de Calabre. Antoine de Neuf-Châtel, Fils de Thiebaut, Maréchal de Bourgogne, étoit alors Evêque de Toul; la guerre s'alluma entre les Bourgeois d'Epinal, ceux de Châtel-fur-Mofelle, de Charmes, de la Forteresse de Chaligni & de Liverdun. Ces petites guerres peu confidébles en elles-mêmes, cauferent de terribles ravages dans le pays. Le Maréchal de Bourgogne s'étant répandu dans la Lorraine à la tête de fix mille hommes, y fit des dégats extraordinaires: on compta cinq cens Villages brûlés ou ravagés.

Ce fut pendant ces défordres, & pendant l'absence du Duc René I. qui étoit alle en Sicile, , que le Seigneur de Deüilly fit lui-même démolir fon Château, détruifit le Prieuré de Deuilly & s'empara de tout ce qu'il y trouva, jufqu'aux Calices, Cloches & ornemens ; ce qui fut caufe qu'Antoine de Neuf-Châtel, Fils de Thiebaut, & Evêquede Toul, transfera au Monaftére de faint Evre tout le Service qui fe faifoit auparavant au Prieuré de Deuilly. L'Acte eft du 4. Juin 1480. l'Evêque y dit que le Seigneur de Deuilly craignant que les ennemis ne fe ferviffent des édifices du Prieuré contigus à fon Château pour l'affiéger plus facile ment, les prévint & le ruina de fond en comble, ce qui n'empêcha pas que le Château ne fût pris,& que les ennemis ne s'emparaffent de tout ce qu'ils y trouvérent appartenant au Prieuré.

On rétablit dans la fuite un petit Oratoire Deuilly, avec une maison pour le logement

L'Abbé de faint Evre s'en plaignit à Olry du Châtelet lui-même, & envoya Dom Ri quechier, Prieur de fon Abbaye, pour traiter avec lui; mais il n'en put tirer d'autre indemnité, qu'une maison bourgeoife au Village de Seraucourt, qui n'eft pas loin de Deuilly. Ladite Tranfaction paflée à Gerbéviller le 25. Juin 1568. mais cette maifon ne convenant point à la réfidence d'un Religieux, tant parce qu'elle n'avoit point de Chapelle, & qu'elle étoit éloignée de l'Eglife Paroiffiale, que parce qu'il n'étoit pas du bon ordre qu'un Religieux demeurât continuellement au milieu des Séculiers, l'Abbé & les Religieux de St. Evre demanderent au Pape Gregoire XII I. de faire faire le fervice à Seraucourt par un Prêtre féculier, ce qui leur fut accordé par un Bref du 23. Février 1580.

Mais lefdits Abbé & Religieux peu fatisfaits de la Tranfaction avec Olry du Châtelet, pafsée en leur nom par Dom Riquechier, Prieur de faint Evre, lequel avoit outrepassé les pouvoirs à cet égard, préfenterent en 1575. leur requête au Duc de Lorraine, portant qu'ayant donné leur Procuration à un Religieux nommé Dom Riquechier, pour traiter avec le Sieur Olry du Châtelet, & demander le rétabliffement du Prieuré, il avoit contre leur intention abandonné le fond & la propriété dudit Prieuré, moiennant une maison à Seraucourt, qui lui avoit été donnée en indemnité par ledit Sieur du Châtelet, ils prioient SON ALTESSE de les relever de ce que ledit Riquechier avoit pû faire à leur préjudice ; les Suplians n'obtinrent le Relief de SON ALTESSE qu'en 1614.

Vers le même tems, les Seigneurs de Morizécourt informérent les Abbé & Religieux de faint Evre, qu'ils étoient prêts d'interpeller les Héritiers d'Olry du Châtelet, mort en 1569. par-devant le Bailly de Baffigni au Siège de la Marche, pour les faire condamner à rebâtir le Prieuré, ne demandant que l'intervention des Abbés & Couvent de faint Evre, avec promeffe d'en faire la poursuite à leurs frais. Ces conditions furent aisément acceptees; & après la premiere Sentence obtenue à la Marche, il y eut appel de la part des Héritiers au Parlement de Paris; comme l'affaire ménaçoit d'une grande fuite de procès, on en vint à une feconde Tranfaction, par laquelle lefdits Héritiers s'engageoient à faire bâtir à leurs frais une Chapelle dans l'Eglife Paroiflia

autrement

ann.1041.

le de Seraucourt ou tout joignant, & de donner l'entrée & la fortie de ladite Chapelle libre aux Religieux ou à leurs Commis, de l'orner & meubler décemment pour y célébrer l'Office divin; il y a encore quelques autres articles, le tout homologué au Parlement de Paris, par Arrêt du 28. Novembre mille fix-cens quatorze.

Dans l'intervalle, Philippe Emmanuel de Ligniville fe fit pourvoir en Cour de Rome du Prieuré de Deüilly, comme vacant par la mort du dernier Titulaire, & s'en fit mettre en poffeffion; mais les Abbé & Religieux de faint Evre fait voir l'irrégularité & la nullité de fes Provifions, il y renonça volontairement en 1615.

ayant

Quelques années après les Religieux de faint Evre fongerent ferieusement à rebâtir le Prieuré de Deuilly; la question fut de favoir où on le rétabliroit, fi ce feroit à Seraucourt ou à Morizécourt. Le Seigneur de Morizécourt MalfeCourt, Hif- ménaçoit de l'empêcher, fi on vouloit le rebâtos. de Lor- tir à Seraucourt; le Sieur de Tornielle, hériraine t. 1. tier de Monfieur du Châtelet, ayant confenpreuves. ti en 1622. que ce fût à Morizécourt; la chofe pag. 418. s'exécuta en 1625. avec le confentement de toutes les Parties & du Pape Urbain VIII. Mais les guerres arrivées en Lorraine fous le Régne du Duc Charles IV. ont empêché qu'on ne mît une Communauté dans ce Monaftére jnfqu'en 1691. que le Chapitre Général y nomma un Prieur, un Sou-prieur & un Religieux; depuis ce tems, il y eut quelques conteftations pour favoir ce qui feroit donné à cette nouvelle Communauté par le Couvent de faint Evre, & enfin en 1713. le Monaftére de Morizécourt fut bâti pour la plus grande partie, & depuis ce tems augmenté & embelli; enforte qu'il y a à préfent une Communauté aflez nombreuse pour y faire l'Office avec décence.

La Situation du Château, du Bourg & du Prieuré de Deuilly n'étoit ni belle ni graticufe ni avantageuse, le Château étoit pofe fur une terre qui n'étoit pas vafte, prés d'un petit ruiffeau & d'un bois dans un lieu affez refferré,aujourd'hui comme on l'a dit, le Château, le Bourg & le Prieuré font entierement ruinez; il y reste seulement une Cenfe qui forme un Ban particulier, fur lequel Monfieur le Marquis de Bologne & Mr. ... font Seigneurs Hauts-Jufticiers, Moyens & Bas. Ils y ont un Juge-garde, & il dépend de ce Ban plufieurs Metairies, dont les Fermiers font Paroiffiens de Seraucourt, auquel ce Ban eft uni pour les impositions. Dans les reftes de l'ancien Château, il y a trois ou quatre Habitans. Il eft du Bailliage de la Marche; Recette de Bourmont, Présidial de Langres, Parlement de Paris.

[ocr errors]

Deuilly eft à une bonne demie lieue du Prieurè de Morizécourt, & à peu-près à distance égale de l'Abbaye de Flabemont.

J'ai tiré tous ces détails de l'Hiftoire manufcrite de la réforme de la Congregation de St. Vanne, par le R. P. D. Pierre Munier.

J'ai donné dans l'Hiftoire de Lorraine la Généalogie de la Maifon de Deuilly, fondue dans celles de Vaudémont, du Châtelet, & de Tornielle.

La Maison de Deüilly portoit burellé d'or & de fable de huit pieces.

DIET Z.

DIETZ, Comté d'Allemagne, fitué entre l'Archevêché de Tréves, les Seigneuries d'Ifthen & Virbaden & le bas Comté de Catzenelnbogen. La Ville de Dietz, nommée autrefois Dietthelle, eft fituée dans un pays fort agréable fur la rivière de Lohon on Lohana, Audiffres, dans laquelle tombe la rivière d'Aars, affez Geograph. près de là. On voit dans la Ville de Dietz deux tom. 35 efpéces de Roches, fur chacune defquelles eft bâti un Fort; dans le fond au milieu de ces Roches l'on voyoit autrefois une Collégiale bâtie & fondée par Gerard, Comte de Dietz, furnommé l'ancien, qui mourut en 1343. & fut enterré dans l'Eglife de cette Collégiale. près la Sacriftie.

De Hon

Le Comte Gérard & fa Femme Elizabeth remirent à Boëmond de Varnesberg ou deVanenberg, Archevêque de Tréves, cette Egli- them, t. 1. fe qu'ils avoient fondée avec tous fes biens, le pag. 823. priant de les prendre fous fa protection, afin que les Chanoines qui la défervoient, puffent paisiblement y faire leur Office & pofleder ce qui avoit avoit été deftiné pour leur entretien & nourriture.

On aflure que les Chanoines de Salz du Comté de Molfberg s'étoient retirez dans cette Collégiale de Dietz, pour y vivre plus tranquillement & en plus grande affurance; mais cesChanoines ayant embraffe les nouvelles erreurs de Luther, ont été chaffez du lieu, & dépouillez de leurs biens, qui font aujourd'hui pofsédez par les Princes de Naflau.

Adolphe, Comte de Naflau, acquit ce Comté de Dietz en époufant Gothe, Fille unique & Héritiere de Gerard, Comte de Dietz, dont il n'eut qu'ne Fille qui époufa Godefroi, Baron d'Eppftein, & les Comtes de Naffau partagérent enfuite ce-même Comté.

Mais par la tranfaction faite en 1557. entre les Landgraves de Heffe & les Comtes de Naflau, touchant le Comté de Catzenclnbogen,ceux-ci acquirent l'autre moitié du Comté de Dietz, qui avoit paffe de la Maison d'Eppftein en celle de Catzenelnbogen.

Mafenius

metropol. Trev. m.

1

DIEU-EN-SOUVIENNE, Prieuré.

DIEU-EN-SOUVIENNE, Prieuré de l'Ordre de
St. Augustin, ou de Ste. Genevieve, ou du Val
des Ecoliers eft bâti entre les Bois dans une
folitude, à une demie licue de Loupi-le-Châ-
teau, à trois lieuës de Bar, ce Prieuré eft en
commande & de la dépendance de la Paroifle
de Loupi. Le Roi en eft Collateur. Il y a dans
ce lieu l'Eglife du Prieuré, nommée l'Eglife de
Neuville, dédiée à St. Remi; le Prieur de Dieu
en-fouvienne partage les Dîmes de Loupi-le-
Château avecle Chapitre de St. Maxe de Bar,
le Curé du lieu & l'Abbaye de l'Ifle en Barrois,
J'ignore le nom du Fondateur de Dieu-en-
fouvienne & le tems de fa Fondation.
DIEU-LEWARD, on DIEU-LOUVARD.

DIEU-LEWARD, en latin Dei-cuftodia, eft
un Bourg fitué à une bonne lieuë de Pont-à-
Mouffon, au Midi fur la Mofelles il dépend
du temporel de l'Evêque de Verdun qui y a un
Château, & pour le fpirituel, il dépend de l'E-
vêque de Toul.

Dieu-leward eft Chef-lieu d'une Prévôté; il y a beaucoup d'apparence que ce lieu s'eft accrû des débris de la Ville de Scarpone, aujourd'hui Charpaigne, qui n'en est séparée que par la Mofelle. On peut voir dans Ammien Marcellin lib. xxvi. chap. II. l'affaire des Allemands qui furent battus près de Scarpone, l'an de J. C. 366. Voyez auffi cy-après Scarpone.

Le Château de Dieu-levard eft fitué fur une éminence qui domine fur le chemin de Nancy au Pont-à-Mouflon & à Metz; au pied du rocher fur lequel le Château eft bâti, se voyent des fources trés-abondantes, qu'on croit venir d'une petite riviére qui fe perd en terre, environ à deux lieues de là. Ce Château eft aujourd'hui en affez mauvais état & mal fortifié, mais fon affiéte le rend encore confiderable; autrefois il l'étoit beaucoup plus, puifque vers Gerbert. l'an 980. le Roi Lothaire voulant s'emparer Epift. 47. de la Lorraine, la Comteffe Matilde s'oppofa vigoureusement à fa refolution, & ordonna à fes gens qui défendoient les Fortereffes de Hatton-Châtel & de Scarpone, dont elle étoit Maitreffe du chef de Geoffroi fon Mari, Comte de Verdun; de lui réfifter, ce qu'ils firent de maniere, qu'elle arrêta Lothaire, & rendit fes efforts inutiles.

Je fuis perfuadé que la Fortereffe de Scarpo-
ne dont parle Gerbert, n'eft autre que le Châ-
teau de Dieu-leward,qui eft fitué fur le chemin
qui conduit à Metz, Capitale alors de la Lor-
raine, & fur le bord de la Mofelle; car Scar-
pone
& Dieu-leward ne formoient en ce tems
là qu'une Ville, comme ils ne forment encore
à-préfent qu'une Communauté. De plus,
Scarpone a toujours été fituée fur le bord

Oriental de la Mofelle, & on ne voit pas
qu'il y ait jamais eû de Château ni de Forte-
refle en ce lieu là.

s'en

Preuves.

Du tems de Richard de Grand-prey, Evêque de Verdun qui fiégea depuis 1107. juf Hift.de qu'en 113.les Habitans de Dieu-leward ayant Lorraine pris un Bourgeois de Metz, le tinrent en pri- t. 1.p.224. fon pendant quelque tems. Les Meffins pour Dicu-leward, le prirent le & raferent; l'Evêvenger, vinrent affiéger le Château de que Richard le rétablit, & cita en fa prefence. Renaud, Fils de Thierri qui étoit Comte de ce Quartier-là, pour le punir de navoir pas fecouru fon Château; Renaud n'ayant pas comParu, l'Evêque assembla fes Vaflaux, & ota le Comté à Renaud, pour le donner à Guillaume, Comte de Luxembourg, qui lui parut plus puiflant & plus propre à le défendre.

Ce Comte Renaud, Fils de Thierri étoit apparemment Renaud, Fils de Thierri, Comte de Bar; Renaud demeuroit fans-doute au Château de Monçon & étoit trés à-portée de fecourir Dicu leward s'il l'avoit voulu.L'Hiftorien de Verdun ajoûte que l'Evêque Richard pour attacher le Comte Villaume à fes interêts, lui engagea les Terres de Stenay & de Moufay pour la fomme de deux cens li

vres.

Hiftoria

Vers l'an 1 1 22. Etienne, Evêque de Metz, après avoir fouffert long-tems les infultes de Metenf. t.6. ceux de Dieu-leward, affiégea ce Château, le pag. 662. prit & le réduifit en cendres, il prit de même Spicileg. la Tour de Thiécourt & le Château de Vati- tom. 6. mont qu'il ruina jufqu'aux fondemens.

Hift. Lxemb.apud part Benoit hif

L'Hiftoire de Luxembourg porte, que vers l'an 1115, les Meffins & ceux de Verdun étant entrez en guerres l'animofité fut telle de & d'autre. que tout ce qu'ils rencontroient toi. de Tonl étoit auflitôt arrêté, mis en prifon ou tué: Page 65. Ceux de Metz irrités de ces violentes entreprifes, levérent des troupes, affiégérent le Château de Dieu-levard, le prirent & le raferent.

Continuat.

1318.

En 1318. la divifion fe mit entre les Bourgeois de Verdun & leur Evêque, qui étoit Nangii. alors Henti d'Apremont, qui commença à Adan. fiéger en 1312. Ĉette discorde alla fi loin, que ceux des Bourgeois qui étoient demeurez attachés au parti du Prélat & qui fe trouvérent les plus forts, appuyez de leur Evêque & de Gobert, Seigneur d'Apremont, fon Frere,' chafferent les autres hors de la Ville.

Le Comte de Bar qui foutenoit les Bourgeois de Verdun, qui étoient oppofez à l'Evêque, alla affiéger le Château de Dieu-levart, & en renverfa les Murs.

De là il alla affiéger Sampigni, où l'Evêque
de Verdun & fon Frere s'étoient retirez pour,
le défendre; mais Gautier de Chatillon, Con-
nétable de France, obligea le Comte de fe re-
tirer & d'abandonnet l'entreprise.

En 1411. Jean de Sarbruche, Evêque de
Verdun.

paz. 31. Preuves.

Aubrin. 1483.

Hiftoire de Verdun engagea au Duc de Bar le Château & Verdun, Châtellenie de Dieu-leward avec tous les revenus, & ordonna à tous fes Sujets dépendans de cette Seigneurie de lui rendre fervice & obéillance, & de lui prêter ferment de fidélité comme à leur Seigneur. On ne marque pas la fomme pour laquelle cette Châtellenie étoit engagée. Groniq. En 1483. le 6. de Fevrier, le Duc René II. m.ff.de Jean fit abbattre les Châteaux de Dieu-leward & de Pierre-fort, & envoya Garnison au Pont-àMouffon, parce qu'on avoit répandu le bruit que Jean, Bâtard de Sicile ou de Calabre, Fils naturel du Roi René I. vouloit s'emparer de la Ville & Marquifat du Pont-àMouflon, qui lui avoit été donné par fon Pere le Roi René I. le 17. d'Octobre 1473. & qu'il avoit deflein d'y introduire les François. Nous ne favons qu'elles étoient les vues du Bâtard de Calabre & des François, mais à Metz on difoit que c'étoit à la Ville de Metz qu'en vouloient les François; l'on vit par la fuite que ces bruits étoient malfondez. Le Bâtard fut obligé vers l'an 1485. de renoncer à fes prétentions fur le Pont-àMouffon.

Hiftoire de

[ocr errors]

99.

Nous avons déja remarqué que depuis trésLorraine, long-tems, les Seigneurie, Châtel & Pré3. p. 98. vôte de Dieu-leward appartenoient à l'Evêque de Verdun pour le temporel: Nicolas Pfaume, Evêque de Verdun, qui la possédoit en 1548. en fit hommage à l'Empereur Charles V. Mais en 1561. le même Evêque Pfaume infIbid.p.104. titua le Duc de Guife, Comte, Marchis, Gardien & Protecteur des biens de fon Evêché, & lui laiffa les Château, Terre & Prévôté de Dieu-leward, pour être tenus en Ficf par lui & fes Succefleurs Mâles, s'en réfervant à lui & à fes Succeffeurs Evêques, le Reffort & la Souveraineté l'Acte de cette Ceffion eft datté de Verdun le 2. Mars 1561. c'est-à-dire 1562. avant Pâques.

Ibid. 126.

Le Prince Erric de Lorraine, Evêque de Verdun en 1608. faifoit encore battre la Monoye au Château de Dieu-leward; le Roi Henri IV. lui envoya Joly, pour le prier de lui céder ce droit de frapper Monnoye, dans les Terres dépendantes de fon Evêché. Erric y confentit, mais en même tems il demanda au Roi les AbHiftoire de bayes de faint Paul de Verdun & de trois Fontaines en Champagne. Mr. Colbert en 1669. pag. 8. vifita le Château de Dieu-leward, & dit que ce licu paroiffoit avoir été autrefois un lieu de défenfe.

Verdun.

[blocks in formation]

cette Abbaye, & ce different fut terminé par l'Empereur Conrade le Salique.

En 1028. cc Prince confirme le Monaftére bâti au même lieu par Heimon, Evêque de Verdun, vers l'an 1020. proche le Château de Dieu-levard, fous l'invocation de faint Laurent, Martyr, au pays de Scarpone, & comme ce Monaftére étoit fondé dans un terrain appartenant à l'Abbé de St. Germain de Montfaucon, Heimon, Princier de l'Eglife de Verdun, obtint de l'Abbé de Mont-faucon paréchange ce Monaftére de Gellamont, qui eft du Diocèle de Toul, quoique du Domaine temporel de l'Evêque de Verdun.

L'Empereur Conrade confirme donc au Princier de Verdun la propriété de cet endroit, du confentement de Rembert, Evêque de Verdun, Succefleur de Heimon, Fondateur; & Heimon y ajouta quelques biens de fon fond.

Nous trouvons qu'en 1457. ce Chapitre de Dieu-leward fut uni à celui de la fainte Croix fur le Pont du Pont-à-Mouflon.

En 1563. l'Evêque de Verdun, Nicolas Pfaume obtint par le crédit de la Reine Régente, que le Duc de Lorraine moderât les fommes. qu'il exigeoit, pour réprimer les Hérétiques, qui s'étoient failis duChâteau de Dieu-leward, & avoient pillé & brûle l'Eglife Collégiale de faint Laurent.

Les Chanoines de Dieuleward avoient même déja abandonné leur Eglife; mais le 9. Octobre 1467. le Duc Jean leur permit d'y rentrer, à caufe de la méfintelligence qui étoit furvenue entr'eux & le Chapitre de fainte Croix du Pont-à-Mouffon, à l'occasion de la Bulle accordée à la follicitation du Duc Jean.

Le Chapitre de St. Laurent de Dieu-leward fubfifta jufqu'à fa fupreffion & fon union à la Primatiale de Nancy en 1602. Les Bénédictins Anglois y font entrez en 1606, par la conceffion du Cardinal de Lorraine, Primat de Nancy; ils la possédent aujourd'hui. Ils avoient cy-devant une fort-bonne Bibliotéque, que nous y avons encore vû; elle y avoit apparament été donnée par Monfieur Giftort, Archevêque de Rheims, qui étoit Profès de ce Monaftére; elle fut malheureusement brûlée par accident, il y a environ 50. ans.

Ces Peres ont ordinairement dans leur Monaftére des jeunes Anglois, qu'ils élévent dans la Réligion & dans les Lettres ; & ils envoyent de tems en tems, des Miflionnaires en Angleterre. On peut voir leur Hiftoire, & la fuite de leurs Prieurs, au VII. Tome, du Gallia Chrif tiana, pag. 1068. & fuivantes.

La Paroifle de Dicu-leward eft dédiée à faint Sébastien. Les Chanoines de la Primatiale de Nancy en font Patrons & Collateurs; apparemment à caufe de la Collégiale de faint Laurent, unie à leur Eglise Primatiale. L'Evêque

Τε

deVerdun y eft Décimateur pour les deux tiers des groffes Dîmes, & les Chanoines de la Primatiale de Nancy pour l'autre tiers, ce tiers néanmoins eft chargé de vingt Paires de refaux pour le Curé qui, a aufli toute la menue Dîme, excepté la Dîme de Vin, fur laquelle le Curé a vingt Hottes de Vin annuellement. Il y a dans cette Eglife. 1°. La Chapelle de Notre Dame des-Grottes, qui eft très bien fondée; car comme l'Eglife eft bâtie fur le penchant de la Montagne, il y a des Grottes fouteraines affez remarquables.

20. Une autre Chapelle de Notre Dame, dont les Chanoines de la Primatiale font Pa

trons.

3o. La Chapelle de fainte Catherine. 4°. La Chapelle de faint Erasme.

50. La Chapelle de faint Jean, unic à préfent à la Confrerie de faint Sebastien, qui qui subsiste dans la même Eglise Paroiffiale.

LA VILLE DE SAINT-DIEZ.

LA Ville de Saint-Diez en Vôge, fituée fur Abbrégé la rivière de Meurthe, à quatre lieuës de fainte de la vie de Marie-aux-Mines vers le Levant, à peu-près à St. Diez pareille distance de Remberviller au Couchant, & à trois lieuës de Raon-l'Etape au Nord, doit fon origine à faint Deodat ou à St. Diez, Evêque de Nevers, qui vers l'an 631. quitta fon Evêché pour chercher Dieu dans la folitude. Il arriva d'abord à Rômont près Rem berviler, où Dieu manifefta le mérite de fon Serviteur par un miracle. St. Diez y laifla deux de fes Compagnons, qui y bâtirent le Prieuré de Rômont, relevant aujourd'hui de l'Abbaye de Beze en Bourgogne.

Hiftoire

Le Saint voulut enfuite bâtir une Abbaye à Arentelle, licu aujourd'hui nommé fainte Helene, fitué fur le ruifleau d'Arentelle près RôLorraine. mont, ce ruifleau fe jette dans la Mortagne t. p. 565. près Remberviller; il eft parlé du Village d'Arentelle dans un titre de l'Abbaye d'Epinal, de l'an 1003.

preuves.

De là le Saint fe rendit dans la forêt d'Haguenau en Alface;d'Haguenau il vint au monaftére de Novientum, aujourd'hui Eberfmunster, de là à Amerschwir, puis au Bon-Homme dans la montagne de Vôge, & enfin il fe fixa au Val de Galilée ou à Join-tures, où l'on voit aujourd'hui la Ville, l'Eglife & le Chapitre Infigne de Saint-Diez; ceci arriva vers l'an 659. ou 660. Ce lieu n'avoit point alors de nom paricuFondation lier, ou s'il en avoit, cétoit celui de Jointures, de l'abbaye Junctura, à caufe de l'union ou du confluent de la rivière de Meurthe, qui vient du Valtin $60. & des autres ruisseaux, & en particulier de celui (*) Dès le tems de Numérien en 664, le nom Ar-] chevêque, étoit connu & ufité, quoi qu'affez rarement. Il étoit en ufage en Orient dès le quatriéme Siecle, & il le fut Occident entre le cinquiéme & le fixiéme Siècle. On le

de St. Diez vers l'an

de Robache, qui viennent du côté de la Montagne voifine&fe réuniffent au deffous de l'emplacement du Monastére bâti par St. Diez mais depuis ce tems on a fait divers changements dans les lits & dans les cours de ces ruifleaux.

Ce faint Evêque trouva ce Vallon affez spacieux pour y fonder un Monaftere, & moyennant fon travail & celui de fes Difciples, il efpera d'y rencontrer de quoi faire subsister une Communauté nombreuse ; comme la Vallée étoit alors marécageufe & inculte, il choisit le coteau méridional du Vallon, comme plus propre à y bâtir une Abbaye; bientôt il se vit à la tête d'une Communauté considérable, mais pour ne pas être expôsé aux troubles des Officiers Royaux, il obtint du Roi d'Auftrafie, Childeric II. vers l'an 661. un privilége, qui lui abandonnoit en toute propriété un terrain d'environ dix-huit à vingt lieuës de circonférence autour & aux environs de fon Monaf tére. Cette donnation fut confirmée à la pourfuite de l'Abbé Marcinan, Succefleur de faint Diey, par les Rois Thierri IV. & Childeric III. comme il parroit par l'ancienne vie de faint Diey. Marcinanus fub Regibus Theodori co, atque Childerico juniore, à quo etiam Aquifgrani promeruit defcriptionem totius Abbatia Jue, roboratam Regia auctoritate. En même tems il demanda vers l'an 664. à Numerien, Archevêque (a) de Tréves, un Privilége pour l'exercice de la Jurifdiction Epifcopale, dans ce nouvel établissement qu'il venoit de faire. Tels furent les commencemens de l'Abbaye & de la Ville de faint Diey, & des Eglifes & Paroilles qui compofent le district & Territoire de cette fameufe Eglife; on peut affurer que tout cela ne fe fit qu'à la longue, & il feroit teméraire d'entreprendre d'en marquer précisément les époques.

.

Le Val de faint Dicy, comprend aujourd'hui dans l'enceinte de la Jurifdiction, vingt Paroifles confidérables, plufieurs autres Eglifes fuccurfalles, ou Annéxes, avec un nombreux Clergé. Ce Val forme un territoire separés de plus de cent foixante Villages & Hamaux, qui font renfermés dans environ vingtcinq lieues de contour, dans lequel le GrandPrevôt exerce une Jurifdiction ordinaire, & quafi Epifcopale, reconnue dans le Pays, de tems immémorial, & authorisée par plus de quarante Souverains Pontifs.

La Ville de faint Diey, Capitale de cette Ville Eglis Contrée, décorée d'un Bailliage, renferme e P deux Paroifles, en y comprenant celle du Fau- roie de St. Diey. bourg. La premiere & la plus ancienne, eft celle qui est au Faubourg; mais la plus conremarque dans la Lettre de Florien, à faint Niutrices de Tréves, cent ans avant Numérien ; dans le Teftament de faint Cezaire. Ce nom fut auffi donné à faint Augustin Apôtre d'Angleterre, & à faint Laurent fon Succefleur, l'an $96,

ر

« PrécédentContinuer »