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l'Abbé Mahuet, & qui fut nommé Archc- la dîme des mines, & qu'il avoit fa mon-
vêque de Céfarée par le Pape Benoît XIII. noye diftinguée de celle du Duc.
qu 'étant à Rome, où il follicitoit de la part
du Duc Léopold, l'érection de cet Evéché,
une perfonne vint le trouver comme de la
part de l'Ambaffadeur de France, pour le
porter à fe défifter des, pourfuites qu'il fai-
foit pour cette affaire, & qu'on fauroit le
récompenser de ce défiftement. M. Som-
mier répondit que pour rien du monde il
ne voudroit trahir fon miniftere, & de fuite
alla raconter au St. Pere l'entretien qu'il
avoit eu avec cette perfonne ; alors Inno-
cent XIII. lui mettant la main fur la tête, lui
dit, oui, je ferai un Evêché à S. Diey, &jy
ferai un Evêque, voulant dire qu'il en fe-
roit le premier Evêque.

Innocent XIII. mourut en 1724. & n'exécuta ni l'un ni l'autre ; il eut pour fucceffeur Benoît XIII. qui fit M. Sommier Archevêque de Céfarée. Le même M. Sommier a raconté plus d'une fois que fous le Pontificat de Benoît XIII. tout étoit disposé à faire l'érection de l'Evêché en queftion, & que le Cardinal Coscia lui avoit dit, que fi M. le Duc de Lorraine vouloit envoyer à Rome fix mille Louis d'or, on lui remettroit les Bulles de l'érection dudit Evêché; mais que S. A. R. avoit répondu qu'il ne pouvoit accepter cette propofition, ayant parole pofitive de fon beau-frere le Duc d'Orleans, alors Régent du Royaume, qu'auli-tôt que le Roi feroit entré en majorité, il lui feroit accorder ce qu'il défiroit, ne voulant pas par mé nagement, faire la chose pendant fa Régence. Cependant le Duc d'Orléans mourut en 1725. avant que d'avoir pû exécuter fa promefle, & le Duc Léopold voyant M. Sommier Grand-Prevôt de S. Diey, & y exerçant les fonctions Epifcopales, fe rallentit fur fes pourfuites, & la chofe eft demeurée fans exécution jufqu'à préfent.

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Benoit,

Celle des Chanoines fe nommoit Monnoye de S. Diey, & celle du Duc, Monnoye de Mon- bist. de fieur; celle du Chapitre étoit plus forte que Lorr. pag. celle du Duc. Six livres monnoye de Lor- 931. raine, ne valoient que quatre livres & demie monnoye de S. Diey. On allure que les Ducs de Lorraine en fupprimerent les coins par un accord, lorfqu'ils firent travailler aux mines qui étoient alors dans les montagnes de Vôge, qui font à l'Orient du Val de S. Diey; mais ce ne fut pas avant l'an 1400. car jufqu'alors on y voit encore le droit de Monnoye en vigueur & en exercice.

Le Chapitre crée un Sonrier, ou Chef Jurisdic de Police, qui eft comme fon Procureur & tion tem dépofitaire de fon autorité, qu'il exerce dans porelle du certains cas, dans une Chambre de Juftice Chapitre de S. Diey. nommée la Pierre hardie, fur tous les Sujets tant de la Ville que du Fauxbourg, & de quelques autres Seigneuries; en premiere inftance, & par appel au Buffet du Chapitre, & de-là à la Cour Souveraine.

Mais cette jurifdiction eft aujourd'hui extrêmement limitée & affoiblie par les Officiers du Prince, qui font ordinairement foutenus contre ceux du Chapitre.

L'établissement de l'Hôtel ou Confeil de Hôtel de Ville à S. Diey n'eft que de l'an 1628. Dès Ville de S. le tems du Grand Duc Charles III. en 1571. Diey 1628. certains Bourgeois de S. Diey avoient follicité ledit établiflement; ils furent déboutés par Arrêt du vingt Janvier 1603. Cependant par un autre Arrêt du feptième d'Août 1628. ladite Chambre du Confeil de Ville fut érigée & confirmée avec plufieurs modifications, il fut ordonné 10. Que les cinq Confeillers de l'Hôtel de Ville nommés par le Duc, demeureront en charge les trois premieres années, & que le Chapitre en nommera un à la pluralité des voix, outre les Dans notre Hiftoire il eft affez fouvent quatre déja nommés, le ferment duquel fede S. Diey. fait mention des Monnoyes de S. Diey. Les ra Montagnes qui font à l'Orient du Val de ce nom, font célébres par leurs mines d'argent. Dès le tems de S. Gerard Evêque de Toul, Hift. de qui a gouverné cette Eglife depuis l'an 963. Lorr. t. 2. jufqu'en 994. il y avoit déja de la Monnoye Planche 8. de S. Diey, & nous en avons fait graver

Monnoyes

vernoit entre 1115.

quelques pièces, où l'on voit d'un côté Gerardus & de l'autre fanctus Deodatus. Le Duc Si- Le Duc Simon I. dans un titre où il régle mongoles droits du Chapitre de S. Diey, & celui des Ducs de Lorraine, qui étoient Avoués 1125. & défenfeurs de cette Eglife, veut, que fi l'on tire de l'argent des mines qui font dans le terrain appartenant au Chapitre, cet argent appartienne aux Chanoines. Il paroît par d'autres monuments, que le Chapitre tiroit

pris par le Sonrier; la première séance demeurant au premier des cinq Commis nommés par le Prince, & la deuxieme au premier des cinq Confeillers nommés par le Chapitre, lefquels dix Confeillers auront feulement la connoiffance des faits de Police exprimés dans l'Acte de cette érection.

2o. Les Bourgeois de S. Diey éliront à la pluralité des voix huit d'entr'eux, de trois en trois ans, au jour du Mercredi Gras, savoir quatre en la part du Duc, & quatre en la part du Chapitre, pour à la présence des Sonrier & Cominis, & des Prevôts ou Lieutenans, prendre connoillance de ce qui concerne le bien & profit de la Communauté de S. Diey; fans toucher néanmoins à la jurifdiction qui demeurera comme du passé

aux

aux Officiers qu'il appartient, fous les réferves & modifications plus au long exprimées dans les Lettres d'érection.

Lefdits du Confeil ne pourront exercer aucun Acte de jurifdi&tion de haute, moyenne & baffe Justice, dans le Ban & Finage de S. Diey, hors la Ville & Fauxbourg, non pas même pour chofe communale.

Ledit Confeil fe tiendra en l'Hôtel de Ville, & les Vénérables auront la correction de leurs fujets y délinquants, & prendront les amendes & autres emolumens de haute, moyenne & baffe Justice, pour fautes & crimes par eux y commis.

Depuis l'an 1628. il eft encore arrivé grand nombre de changemens & de dérogations dans la manière de gouverner & d'adminiftrer la juftice dans la Ville de S. Diey, mais tout ce détail n'eft pas de mon fujet, ce Chapitre eft encore celui de toute la Province qui a mieux confervé fes droits & prérogatives.

Le Bailliage de S. Diey eft divisé en cinquante-cinq Communautés ; mais il y en a de fort étendues, ce qui fait en tout cent foixante Villages ou Hameaux. Il s'étend au de-là des Montagnes dans la Ville de SainteMarie, & dans le Val de Liévre. Il y a aussi Maitrife des Eaux & Forets, recette des Finances & des bois, & une brigade de Maréchauffée.

La Paroiffe dédiée en l'honneur de la Ste. Croix eft dans l'Eglife même Collégiale, & les Villages de Robache, Gratain, Marzelay, la Pêcherie & le Viller, en dépendent. La Paroifle de S. Martin eft pour le Fauxbourg & le Village de la Bolle.

Il y a encore la Chapelle de l'Hôpital, & la Chapelle particulière de S. Diey, où il y a un Prêtre réfident.

L'Hôtel de Ville eft composé d'Officiers du Roi & du Chapitre.

Le fiége de la Pierre-Hardie, eft tenu par un Gradué pour toutes les terres du Chapitre en première inftance, & reflortit au buffet du Chapitre.

DIEPPE.

DIEPPE Village du Diocèse de Verdun, Chef-lieu d'une Prevôté de cet Evêché. S. Pierre & S. Paul font les Patrons de l'Eglife Paroiffiale. La Cure eft à la nomination de l'Abbé de S. Paul de Verdun. Il a pour annexe, Hareignes, dont l'Eglife' eft du titre de S. Michel; elle fut donnée au treiziéme fiécle à Olri Abbé de S. Paul, par Albert de Hirgis, Evêque de Verdun. Dieppe eft du Bailliage de cette Ville, & Chef-lieu de quelques Villages ou Hameaux.

LA VILLE DE DIEUZE.

DIEUZE, en latin Decem-pagi, eft fituée dans le Pays des Mediomatriciens & fur la route de Metz, ou Divodurum à Strasbourg, nommée en latin Argentoratum : l'itineraire d'Antonin met Decem-pagi entre Saverne (Tabernas) & Metz, à la diftance de dix mille de l'une & de l'autre Ville. Les Tables de Peutinger mettent auffi Metz, Dieuze, Sarbrich, Pons-Saravi, Saverne & puis Strasbourg. L'Hiftoire de Metz dit que les Huns Hift. Me qui avoient à leur tête le Roi Attila, furtens. à nommé le Fleau de Dieu, 8. Ayant pris S. Au- Paulo Diactor Evêque de Metz, s'avancerent jufqu'à cono Dieuze, où ayant été frappés d'aveugle- Hiftoire de ment, ils mirent en liberté le faint Evêque Lorr.t. 1. & ceux qu'ils avoient pris avec lui, puis re- P. 55. 56. couvrerent l'ufage de la vue. Gregoire de Tours dit que l'Armée des Huns étoit de Greg. Turon. hift. I. cinq cens mille hommes, & s'étendoit de- 2.c.7. puis Dieuze jufqu'à Cambray, ravageant toutes les campagnes, & enlevant tous les beftiaux.

Preuves.

Dieuze étoit une Maifon des Rois de la De Honpremière race, c'étoit déja un pofte im- them t. 1. portant dès le tems des Empereurs Romains, hift. Trecomme nous le venons de voir par les té- vir. p. 78 moignages des anciens itinéraires. Le Roi Dagobert dans un Diplôme de l'an 633. donna à l'Abbaye de S. Maximin de Tréves, huit habitans ou Villages qui dépendoient de fa Cour Royale, nommée RegiaCurtis, de Dieuze. Hac loca ad Regiam-Curtem quæ dicitur Decima, pertinent. Le Roi Arnoû en 893. confirme la même Ville de Dieuze, Decima, à l'Abbaye de S. Maximin.

Le Duc Godefroi s'étant reconcilié avec l'Empereur Henri III. en 1048. par l'entremife de l'Archidiacre Hermenfroi (different de l'Evêque de Verdun de ce nom) les citoyens de Verdun vinrent auffi-tôt lui porter leurs plaintes contre Godefroi, & demanderent des indemnités pour les dommages qu'il avoit fait l'année précédente à leur

Ville.

page 197.

L'Empereur obligea Godefroi à donner Hift.non fatisfaction aux Citoyens, & Godefroi ven- velle de Verdun, dit à cet effet le Domaine de Dicuze & les Salines avec fes dépendances, à Hermenfioi, qui en paya le prix; l'Empereur autorifa par ibid. 198. fes Lettres patentes, cette acquilition en faveur de l'Eglife de la Madelaine de Verdun, dont Hermenfroi étoit le fondateur, ou du moins le reftaurateur.

Ceci elt fort différent de ce qu'avance le Benoit hift P. Benoît Picard, Capucin, qui dit que la de Lorr. Ville & les Salines de Dieuze ayant été données à l'Eglife de Verdun par l'Empereur Henri II. cette donation lui fut confirmée par

P. 176.

1

Ibid. 177.

Benoit hift. mf.de Merz.

Hift. de Lorr. t. 2.

P. 283.

droit au Duc, Dieuze & fes appartenances. Ferri s'engagea d'écrire à l'Evêque de Strasbourg fon allié dans cette guerre, de rendre à l'Evêque Laurent la Ville de Caftres & fes dépendances. Ferri déclare qu'il ne répétroit rien dans Caftres, & l'Evêque de Metz réciproquement qu'il ne demanderoit rien dans Dieuze, c'est-à-dire apparemment qu'il n'exigeroit plus l'hommage du Duc pour cette Ville qu'il lui reftituoit.

fon fucceffeur Conrade le Salique en l'an 1025. mais que Gothelon & Godefroi Comtes de Verdun, s'en étant attribués la propriété en 1042. L'Empereur Henri III. les obligea en 1047. d'en faire la reftitution, & le Pape Leon IX. confirma & autorifa cette reftitution par une Bulle dattée de l'an 1049. Selon cet Auteur, Dieuze & les Salines avoient été données à la Cathédrale de Verdun, elles devoient donc lui être reftituées, & Godefroi n'avoit pas droit de les vendre, pour indemnifer les Bourgeois de Verdun. Il les auroit indemnisé à leurs propres dé

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Le Chapitre de la Madelaine en 1065. accompagna le Duc Gerard d'Alface en la Seigneurie de Dieuze, & la partagea avec lui, & le Duc tranfigea enfuite avec le Chapitre pour la moitié de cette Ville qui lui demeura en propre, de manière que les Ducs de Lorraine d'Avoués qu'ils étoient de Dieuze & de fes Salines, en font devenus maitres & propriétaires pour la plus grande partie depuis l'an 1215.

Jacques de Lorraine Evêque de Metz, fils du Duc Ferri II. après la mort de fon pere arrivée en 1213. prétendit avoir fa légitime dans les biens patrimoniaux de fon pere & de fa mere. Mathieu II. fon frere Duc de Lorraine, lui accorda entr'autres chofes la jouillance de la Ville de Dieuze & de fa dépendance, à condition qu'après fa mort cette Ville retourneroit au Duc de Lorraine & à fes fucceffeurs, qui feroient tenus d'en faire hommage à l'Evêque de Metz. En effet après la mort de Mathieu II. arrivée en Longue- 1250. Le Duc Ferri III. fils de Mathieu en rue def- fit hommage à Jacques de Lorraine fon oncle, qui n'en étoit qu'ufufruitier, & en 1259. la France Ferri III. laifla à fondit oncle Jacques de Lorraine, la'joüiflance de Dieuze, aux conditions marquées ci-devant.

cription

partie 2. P. 154.

de

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& xx.

En 1296. le Chapitre de la Madelaine de Cartul. de Verdun vendit au Duc Ferri III. tout ce qu'il Bar, fol. avoit, pouvoit avoir & prétendre dans la xviij. xix. Ville & ban de Dieuze & Bifpanges, de la S. Jean-Baptifte prochaine en neuf ans, pour quarante livres de Tournois petits, que le Duc leur devoit payer chacun an, la veille de S. Jean-Baptifte, à Verdun, fans pouvoir pendant lefdites neuf années aliener, ni mettre hors de fes mains les chofes à lui cédées; mais les doit défendre à fes rifques & perils: Et après lefdites neuf années expirées, le tout doit revenir audit Chapitre de la Madelaine de Verdun. Fait au mois de Juillet 1296. Ainfi c'étoit plutôt un engagement, une amodiation, qu'une vente, & le Chapitre de la Madelaine joüifloit encore en ce tems là de certaines chofes en propriété à Dieuze & à Bifpanges.

Au fiécle fuivant & en 1347. Marie de Longue Blois, mere & tutrice du Duc Jean de Lor- ruë loco ciraine, fit encore au nom de fon fils mineur, tato fes reprifes auprès de l'Evêque de Metz pour la Ville & les Salines de Dieuze; mais depuis ce tems il ne paroit pas que les Ducs de Lorraine ayent reconnus tenir ni Dieuze, ni les Salines, ni de l'Evêque de Metz ni du Chapitre de la Madelaine. Ils en joüiffent à préfent en tout droit de fouveraineté & de propriété en vertu des traités de paix des Pyrennées de l'an 1659. de Vincennes de l'an 1661. & de Rifvich de l'an 1697.

Pendant la guerre des Payfans d'Allema- Hiftoire de gne, revoltés contre les Puillances en 1525. Lorr. t. 2. plus de quatre cens hommes de la Chatel- p. 1153. lenie de Dieuze allerent se joindre à eux, 1157. & quelque tems après le Duc Antoine & fes freres, François Comte de Vaudémont, & Claude de Guife,fe rendirent avec leurs troupes dans cette Ville, où étoit le rendez-vous général de l'Armée des Princes Lorrains, deftinée à difputer aux Payfans Luthériens révoltés le paflage des Montagnes, qui séparent l'Alface de la Lorraine. Cette entrevue fe fit le 12. Mai 1525.

Pendant les dernières guerres de Lorrai- Hiftoire de ne en 1641. le 25. d'Octobre, le Comte de Lerr. t. 3. Grancey étant parti de S. Nicolas avec 3000. P. 416. fantaflins & 700. chevaux, ferendit devant Dicuze. Les enfans perdus fe rendirent d'a

1

bord maîtres des jardins, où il y eût une grande efcarmouche; enfuite ils fe logerent fur le fofle. On dreflà une batterie à cent pas du tolle; elle fit bréche fur le midi du 16. On entreprit enfuite de combler les fof sés, & on commanda à quatre mille fantaffins de faire chacun une fafcine, ce qui fut exécuté promptement: mais le Commandant de Dieuze qui comptoit que le Duc Charles IV. viendroit à fon fecours, voyant qu'il lui manquoit, manda au Commandant de la Tour de Lindres, de lacher les Eclufes, ce qu'il fit, & les eaux s'accrurent tellement, qu'elles emporterent les fafcines & fe repandirent dans la campagne, en forte qu'on eût affez de peine fur la nuit du 26. au 27. de retirer le canon & de fe retirer.

Prefqu'en même tems on eut avis de l'approche du Duc Charles qui venoit au fecours de Dieuze, le Comte de Grancey marcha à fa rencontre: Le Duc s'arrêta auprès de Château-voël, & le Comte de Gran

cey

fe mit en bataille le matin du 27. mais le Duc fe pofta fi avantageulement, qu'il fut impoffible de l'attaquer.

Le 28. le Duc fe retira à Morhange. Grancey l'y fuivic. Le trente-un les Armées s'étant trouvées en préfence, il y eut quelques canonades, mais fans combat ; & enfin le Duc ayant fait pafler la Sâre à Vaudrevange, il y mit fon Infanterie en garnifon, & le refte de fon Armée à Sierk, Hombourg & S. Avold.

Ibid. $47. Quelques années après, c'est-à-dire en 1657. une troupe de Soldats fortis de la garnifon de Luxembourg, s'étant travestis en femmes fe gliffèrent dans la ville de Dieuze, fe faifirent de toutes les portes, & forcerent la Garnison de fe rendre. Gombervaux, Gouverneur de la Saline, fe défendit dans fa maison pendant trois heures, mais la crainte de voir fa maifon incendiée, l'obligea à capituler.

Avant la ceffion de la Lorraine, Dieuze étoit poffedée en toute fouveraineté par les Ducs de Lorraine, fans en faire hommage à perfonne. Aujourd'hui elle appartient nuëment au Roi.

Dieuze fe gouverne par la Coutume de Lorraine; mais Marfal, S. Medard & Haraucourt ont des Coutumes particulières. Il y a à Dieuze Maîtrife des Eaux & Forêts, Recette des Finances, Recette des Bois, Hôtel de Ville, une Brigade de Maréchaufsée, & de belles Salines. Deux ruifleaux, le Spin & le Verbach, embraflent la Ville & fe jettent ensemble dans la Seille, deux lieues au-deffous de Dieuze.

La Paroifle eft du Diocèse de Metz, elle fut unie au Chapitre de Dieu-leward en

1504. Il y a dans la Ville, des Minimes, des Sœurs-Grifes, des Capucins établis le 6. Janvier 1749. & deux Hôpitaux, l'un de S. Jacques fondé en 1718. & l'autre de faint Charles fondé en 1730.

La fource d'eau falée eft à feize dégrés, fupérieure à celle de Château-Salins & de Rofieres, & fi abondante que fes eaux fuperflues, fourniffent à la Saline de Moyenvic, & y vont par une conduite de cors, depuis l'an 1746.

De Dieuze à Fénétranges il y a une Chauffee nouvelle de quatre lieues de Longueur fur une ligne directe de Dieuze au Village de Mittershem.

Dieuze eft au-deffous de l'Etang de Lindre, le plus grand & le plus beau de la Province.

DIZIER (S.) Fauxbourg de Nancy,
Voyez BOUDONVILLE.

DOCELLE S.
La rivière de Vologne, ou la Perle.

DOCELLES, Village fur la Vologne, Bailliage de Bruyeres; Seigneur, le Roi ; Cour Souveraine de Nancy; la Paroifle a pour Patron faint Valbert Abbé de Luxeuil le Chapitre de Remiremont nomme à la Cure, il a les deux tiers de la dîme, contre le Curé pour l'autre tiers, qui jouit aussi de la totalité de la menuë dîme.

Dépend Cheniménil, où il y a une Chapelle fous l'invocation de faint Jean-Baptifte. Item Chamont-la-ruë, & plufieurs Gran

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La Vologne prend fa fource auprès du grand Valtin, dans le même Pré d'où fort auffi une des fources de la Meurthe, très près de l'Etang de Longuemer & de Retournemer, dont elle reçoit les eaux. Elle fe groffit enfuite de celles du Lac de Gerarmer, & à une lieu de Bruyeres, de celles du Neuné, où l'on commence à y voir des Perles.

Les Huitres dont on tire les Perles, font en fi grand nombre dans le ruifleau de Neuné, qu'il femble que le fond en foit pavé,

Ce ruiffeau a fa fource au Village de Martinpré près Bruyeres, & vient joindre la Vologne à une lieue de Bruyeres.

La Vologne pafle par Granges, Champ, Docelle, &c. & tombe dans la Mofelle entre Archette & Jarmenil. Cette rivière affez peu confidérable en elle-même, eft en grande réputation dans nos Hiftoriens Lorrains par les Moules ou Poiflons à écailles qui s'y trouvent en aflez grande quantité, & d'où l'on tire des Perles. Nous avons composé & fait imprimer il y a nombre d'années dans les Journaux de Trévoux, une Differtation fur la nature des Perles, où nous avons fait voir que l'on en trouvoit non feulement dans la Vologne, mais auffi dans d'autres rivières & ruifleaux de Lorraine; nous en avons trouvé nous-même, dans la riviè re de Meurthe entre S. Diey & Etival au Village de la Voivre. Ces Perles ne font pas d'une figure égale, ni d'une cau toujours auffi parfaite que celle de la mer elles ne

તે

fe trouvent pas dans les plus beaux, ni les plus gros de ces coquillages, c'est au contraire dans ceux qui ont moins d'apparence & moins de régularité dans leurs figures, & que je crois être les femelles. J'ai proposé plufieurs conjectures fur la nature des Perles; il m'a paru que ce pouvoit être ou les ceufs de ces coquillages, ou plutôt que c'étoit la matière dont fe forment les coquilles, à peu près de même que dans les Ecrevifies, les Pierres font la matière dont fe forme la coque de l'Ecrevifle, lorfqu'elle fe renouvelle. Le feu Duc Léopold I. ayant fait venir en Lorraine le R. P. Sébastien, Carme de la Place Maubert, célébre Mathématicien, il fut beaucoup question des Perles de la Vologne, on en pêcha un grand nombre, que l'on apporta à Lunéville pour en examiner la nature & l'origine. Il me fit l'honneur de me dire qu'il croyoit que c'etoit des efpéces de Bézoards, qui fe formoient dans le corps de ces poiffons, comme il s'en forme dans le corps & dans l'eftomach d'autres animaux. Je ne fache pas qu'il ait rien écrit fur cette matière.

Mais nos anciens Hiftoriens Lorrains relevent ce Pays par les fingularités qui s'y trouvent, comme les Mines d'or & d'argent dans les Montagnes de Vôge, les pierres d'Azur à Vaudrevanges, les Perles dans la Vologne, &c.

DOMBAS LE.

DOMBASLE, Domnus-Bafolus, Village à une demi-lieuë de S. Nicolas, fur la route de Lunéville. Le Patron de l'Eglife eft S.

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Basle (a). La Cure qui dépend originairement
du Prieuré de S. Don, eft unic de même que
le Prieuré à la Collégiale de S. George de
Nancy: mais le Prieuré de Varengéville étant
uni à l'Eglife Primatiale de la même Ville,
le Chapitre de la Primatiale, tire la Dixme
des terres enfemencées par les 13. Maifons
de Dombasle, qu'on nomme Maifons de S.
Gorgon, parce que S. Gorgon eft Patron de
l'Abbaye de Gorze & du Prieuré de Varen-
géville.

Loir. t. 1.

pag. 273.

Preuves.

Dès l'an 752. le Roi Pepin, à la priere de Hist. de Crodegang, Evêque de Metz, donna à l'Abbaye de Gorze, fix familles qu'il avoit à Dombasle, avec l'Eglise, la Dixme & la totalité de ce lieu in Pago Inienfi (ou plutôt Seginenfi ou Portenfi) & in Comitatu Scarponenfi, in Villa que Domno-bufilla vocatur, manfos fex & Ecclefiam cum decimatione, & omni integritate ejufdem villa.

Il paroît qu'alors Dombasle étoit affez peu de chofe; dans la fuite il s'eft beaucoup augmenté, & il a été poffedé par des Seigneurs particuliers qui font Fondateurs du Prieuré de S. Don où Dodon ou Donat, qui étoit ci-devant près la grande route de Dombasle à Lunéville.

On croit que S. Don, ou Dodon, ou Donat, Patron du Prieuré de ce nom, fut martyrisé par les Vandales fur la rivière de Meurthe, à peu près au lieu où étoit fitué ce Prieurés le tems de fon Martyre eft inconnu. Les Vandales fe répandirent dans les Gaules au cinquième fiecle. On conferve fes reliques dans une Chaffe de bois doré en l'Abbaye de faint Manfuy. Ce Prieuré & fa dépendance furent donnés à l'Abbaye de faint Manfuy, & enfuite unis à la Collégiale de faint George de Nancy. Le Prieuré eft aujourd'hui entiérement ruiné.

Quant aux Fondateurs de ce Prieuré, voici ce qu'on en lit dans une Charte de Ricuin Evêque de Toul. Il dit que Vidric de Dombasle, avec fon fils Theodoric & Ide matrone vénérable, avec fon fils Haimon ont donné à Theodemare, Abbé de faint Manfuy, l'Eglife de faint Don ou Dodon, qu'ils ont bâti dans leur propre alœuf. Que Pibon Evêque de Toul prédeccffeur de Ricuin, en avoit confacré l'Eglife, & avoit béni le Cimetière, & en avoit aggrandi le circuit qui auparavant étoit trop reflerré. Il ajoute que Haimon & Theoderic Baudus de Dombasle, prédéceffeurs de ceux dont on a parlé, y avoient ajouté quelques biens, mais il paroît que Vidric & Ide de Dombasle en étoient les principaux fondateurs & bienfaiteurs.

En 1147. Henri de Lorraine, Evêque de

fiécle, fous le régne de Childeric, on en fait la Fête le 26.
Novembre.
Toul,

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