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Longuerue def cription de La France

Parete 2. 7. Tig.

xieme Tome de la nouvelle édition de l'hif
toire de Lorraine, pag. XLIII. XLIV. il eft
quelquefois nomme Ferri d'Einville, Bâtard
de Lorraine le Duc Charles II. le rappelle
dans l'un & l'autre de fes Teftamens, en
1424. & dans l'un & l'autre il lui donna le
Château de Bileftein. Nous connoiffons au
Val de faint Diey, Luffe-biliflein, qui dé-
pendoit apparemment du Chateau dont
nous parlons.

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HOFFALIZE.

Hoffalize, ou Hoffalaife, ou Homfalise, Homfalife, petite Ville des pays bas; d'autres n'en font qu'une fimple Seigneurie dans le Luxenbourg, entre Bastogne & Salm, à deux licues & demie de l'une & de l'autre. Le Seigneur de Hoffalize étoit un des quatre paires du Comté de la Roche. Hoffalize eft fituée dans le Duché de Luxembourg, entre la Ville de Luxembourg & celle de Liege, fur la riviere d'Ourth, qui l'environne prefque de toute part. On y voit un Château très ancien fur une langue de rocher.

Ce qui diftingue de plus la Ville d'Hoffa-
lize, eft qu'elle a donné le nom à une Mai-
fon ancienne & feconde en grands hommes.
Dès l'an 1176. l'Hiftoire parle d'un Henri
d'Hoffalize, Voué d'Arlon, & un autre
Thierri d'Hoffalize, figna en 1190. com-
me témoin, la paix conclue près Dinant,
entre Thiebaut Comte de Luxembourg, &
Philippe Comte de Namur.

Berthalet
Hiftoire de
On diftingue deux Maifons de Hoffalize,
Luxemb. l'une ancienne & l'autre moderne, l'ancien-
t. 4. pages ne avoit pour armes : d'argent, à la face d'a-
448.445 zur. La nouvelle porte, d'argent & d'azur de
dix pieces, au lion de gueule à la queue
fourchue, paflee en fautoir, armé, lampaf-
fé & couronné d'or, brochant fur le tout,
brifé au canton dextre, de gueule. Ces der-
nieres armes, font, à la brisûre près, celles
de Luxembourg.

On conjecture que les Cadets de Namur,
Comtes de la Roche, furent auparavant
Seigneurs de Hoffalize, & que c'eft de là,
que vient à Hoffalize la qualité de pairie du
Comté de la Roche, un nommé Gueric,
ou Henri de Hoffalize, fonda vers ce mê
me tems un Hôpital à Hoffalize, fous l'in-
vocation de fainte Catherine, où l'on voit
fon Epitaphe fans date; ce Gueric ou Hen-
ri eut une fille nommé Beatrix, qui époufa
Vinand Seigneur d'Hoffalize. Il eut pour fils
pour fuccefleur, Henri, qui prit alliance
avec une Dame, dont on ignore le nom,
& en eut un fils & une fille.

&

La fille fe maria à Henri, Seigneur de Mirevart, & le fils nommé Thierri, fonda le Monaftere du Val des Ecoliers, à Hoffali

ze. Ces Religieux y étoient déja établis dès
l'an 1236. mais leur emplacement ne fe trou-
vant pas allez vafte, Henri leur donna en
1242. une place plus commode, & aug-
menta les biens de leur premiere fondation.
La Comteffe Ermenfinde de Luxembourg,
la confirma & l'augmenta, & le Pape Inno-
cent IV. étant au Concile de Lion en 1244.
agréa le tout par une Bulle particuliere, où
il appelle ces bons Religieux, fes Freres de
fainte Catherine du Coin, & leur permet
de recevoir des Novices, & de choisir leur
Supérieur fuivant la régle de faint Auguftin.

Henri d'Hoffalize, Fondateur de ce Mo-
naftére, mourat en 1282. il eut un fils dé-
nommé dans la charte de fondation, mais
qui mourut fans enfans, & ainfi la ligne di-
recte de la Maison d'Hoffalize, fut éteinte.

La fille du même Fondateur, appellée Ifabelle, époufa Gerard Comte de Granprey; de ce mariage fortit Thierri, Seigneur de Hoffalize, qui ne laillat d'Agnés de Berlaymont fon époufe, qu'une fille unique, nommée Marguerite, qui fut mariee à Gerard d'Argenteau, à qui elle donna la Seigneurie d'Hoffalize, avec quantité d'autres biens.

Gerard cut de fon mariage deux fils ; l'aîné nommé Jean, fut Seigneur d'Argenteau, & le Cadet nommé Renoud, ou Renard, Seigneur d'Hoffalize, épousa Jeanne d'Enghien, de qui il eut deux filles, l'aînée appellée Marguerite, époufa Richard de Merode, auquel elle porta la Terre d'Hoffa lize.

J'ai en main une Généalogie de la famille d'Hoffalize le Liégeois, qui felon la tradition de cette famille, defcend de ce Renaud d'Hoffalize, furnommé le Liégeois, parce qu'il étoit originairement du pays de Liege, ou des environs. Il vint s'habituer dans l'Evêché de Metz, du tems des guerres du Duc de Bourgogne, contre la Lorraine, & s'attacha au fervice de Rodolphe, Comte de Linange & de Richecourt, l'un des premiers & des plus anciens Comtés de l'Empire, allié à la Maison de Lorraine, dès long-tems auparavant.

Ce Gentilhomme nommé d'Hoffalize le Liégeois, reçut dudit Comte de Linanges, la Terre d'Orbefine, à titre de Fief mafculin, dépendant de fon Comté de Richecourt, & la Seigneurie de Marimont. Ce Fief eft fitué dans l'Evêché de Metz, à deux lieues de la Ville de Vic, & a été poffedé par les aînés mâles, de la famille dudit d'Hoffalize le Liégeois, lefquels à chaque mutation en ont fait leurs reprises des Comtes de Linanges & de Richecourt, comme George d'Hoffalize fit paroître en 1672. pardevant M. Ponce de la Riviere, Intendang

1

de la Généralité de Metz, du vingt-iept Janvier de ladite année, pour faire faire la recherche des ufurpateurs du titre de la Nobleffe.

Il la fit paroître par les lettres d'Inveftiture, depuis l'an 1456. que Renaud d'Hoffalize en fut invefti, jufqu'en 1664. que Louis Eberhard Comte de Linange & de Richecourt en inveftit le Sieur Jean Jacques de Hof falize Liegeois, Confeiller d'Etat & Maître des Requêtes ordinaire, en l'Hôtel de Mgr. le Duc de Lorraine, & elles ont été continuées à fes defcendans, fans interruption. Il faut voir les mémoires manufcrits de la Maifon d'Hoffalize le Liegeois, où l'on voit que George d'Hoffalize Sieur de Burthecourt, d'Ohéville, de Chambray, Coroy, Provencheres, &c. baptife le dix-fept Juin 1628. étoit fils de Cazard d'Hoffalize, & époufa en premiere nôces Agnès d'Anglure, & en deuxième nôces Anne Tietremont; du premier mariage naquirent deux fils, dont l'aîné fut tué au fiége de Nimégue, fon frere reçut un coup de moufquet au haut du bras droit ; un troifiéme, Coufin aux deux premiers, fut Lieutenant de Cavalerie au Régiment cy-devant de Salins, & depuis, de Bilchen dans les troupes de Cologne, il eut le bras caffe au fiége de Groningue.

Du deuxième lit, George d'Hoffalize, eut Claude d'Hoffalize, qui fut le dernier de cette branche ; il fut d'abord Officier au Régiment d'Infanterie de la Ferre. Après dix ans il quitta l'état militaire pour prendre celui de la robe; il fut d'abord Confeiller au Parlement de Metz. Et en.... Confeiller en la Cour Souveraine de Lorraine & Barrois. Il avoit époufe le onze Septembre 1695. Madeleine Cueillet, dont il a eu deux filles, l'une mariée à Dubois de Riocourt la deuxième à.. de Coiviller; elles font mortes toutes deux, & ont laifle plufieurs enfans.

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HOFFELIZ E, Village,

cy-devant BAINVILLE. HOFFELIZE, cy-devant Bainville, Village fur le Madon, à trois lieuës & demie de Darney, & à la même distance de Mirecourt; ce Bainville eft fort different de Bainville-aux-miroirs, dont nous avons parlé fous fon article. Celui dont nous parlons ici fut érigé en Comté le feize Juin 1726. par le Duc Leopold, en faveur de Marc-Cazard d'Hoffelize, & changea fon nom de Bainville, en celui d'Hoffelize. Adomp dépend de la Paroifle d'Hoffelize, dont l'Eglife a pour Patron faint Martin; Collateur le Chapitre de Remiremont.

Hoffelize eft du Bailliage de Darney, Diocèle de Toul.

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Alta Sr.

HORNBACH, très ancienne Abbaye de l'Ordre de faint Benoit, au Diocèle de Metz, à vingt lieuës à l'orient de cette Vil- Bened. facul. 3. le, fondée en 727. par faint Pirmin Evêque régionnaire, qui invité par Verinhere, Sei- Parte 2. gneur très puiflant dans le pays des deux 145.146.

Ponts, vint s'établir en un lieu nommé Guémonde, ou Confluent, autrement Hornebach, Horn en allemand fignifie corne, & bach, riviere, en latin Cornu rivuli, parcequ'il eft fitué fur le confluent de deux rivieres ou ruifleaux, favoir: Felfalbe & Sualbe, autrement nommés Frualba & Sualba, dans le pays de la Blife, ou Bleufe, in pago Blefenfi: c'eft ce que porte le diplome du Roi Charles, fous l'année vingt-huit de fon régne. Dono à die præfente ad Monafterium Gamundias vocatum, quod à noflris progenitoribus in pago blefenfi fuper fluviolos duos, videlicet Trualbam & Sualbam, novimus Constructum.

Hornbach eft fitué dans la Vôge, environ à deux lieuës des deux Ponts, vers le nord, & à trois lieues de Blifcaftel, à l'occident, & à cinq lieuës de la Forteresse de Bitche.

Nous connoiffons encore un autre lieu nommé Guémundes, aujourd'hui Sarguemines, fort different de Guemundes dont nous parlons.

Le Bourg de Hornbach eft fermé de murailles, avec des Tours de diftance en dif tance.

L'Abbaye d'Hornbach étoit une Abbaye libré, comme celle de faint Hubert en Ardennes, fous la protection du Duc de Lorraine; mais on n'a point de bonnes preuves qu'elle ait été fous la Souveraineté des Ducs des deux Ponts. Encore aujourd'hui on voit à Hornbach les armes de l'Abbaye, qui font trois rofes. Dans les lettres que le Duc des deux Ponts donne à fes Vaslaux, il ne prend d'autre qualité que celle de Protecteur & d'Avoué de l'Abbaye d'Hornbach.

Dans un titre de Pepin Duc d'Auftrafie, en faveur de l'Abbaye d'Epternach, fous l'an 706. le quinze May, il eft dit qu'il eft paffe à Guemundesiactum Guimundas publicè, &c. Si c'eft d'Hornbach, dont il y eft parlé, ce lieu étoit célébre dès l'an 706. Garebalde Evêque de Toul, étoit préfent à l'expédition de ce diplome.

On connoit encore aujourd'hui deux Hornbach près la Ville des deux Ponts; l'un fitué, comme on l'a dit, au confluent de

pag. 142.

deux ruiffeaux, dans un fond entourré de
Montagnes; l'autre connu fous le nom de
Vieu-Hornbach, Alt - Hornbach, à une demie
lieue du premier. On croit que c'est le lieu
où l'Abbaye fut premierement fondée; le
cloître y fubfifte encore, le dortoir fert de
magazin. On y voit la cuifine bien voûtée,
de même que tout le bas du Monaftere.

cèse de Metz, entre naturellement dans no-
tre fujet. Saint Pirmin y mourut & y fut en-
terré en 758. Quoique l'Eglife & le Monaf-
tére foient entre les mains du Duc des deux
Ponts, on y a confervé les Reliques de faint
Pirmin, jufqu'aux dernieres guerres de Reli-
gion, qu'on les transfera à Inspruch.

Saint Pirmin y conftruifit une Eglife fous l'invocation de la fainte Vierge, de faint Pierre, & de tous les Saints, & y affembla une nombreuse Communauté, qui vivoit dans la pratique exacte de la Régle de faint Benoit. Il étoit fimple Evêque régionnaire, n'ayant point de fiége fixe; mais exerçant les fonctions épifcopales dans tons les lieux où il fe rencontroit ; s'étant enfin fixé à Hornbach, il exerça fes fonctions épifcopales, non à Hornbach,les femmes n'y ayant point d'accès,mais à Metlis, ou Metleshein, gros Bourg, qui en eft proche. obtinuit fedem Epifcopalem in caftello meltis appellato. Il paroit qu'alors les limites des Evêchés n'étoient pas encore bien fixés, & d'ailleurs Hornbach eft fitué fur les confins de l'Archevêché de Tréves, de l'Evêché de Metz, & celui de Spire, à vingtcinq lieues de Tréves, à autant de Spire, & à vingt de Metz; c'eft une Archiprêtré.

Un jour comme faint Pirmin donnoit la confirmation à une multitude de Perfonnes de l'un & de l'autre fexe, à Metlis, il arriva que le faint Chrême manqua dans les boëttes alors faint Pirmin dit à fon Diacre, tourez vîte au Monaftere, & en rapportez les boëttes pleines de faint Chrême, afin que nous continuions à conferer le Sacrement à ce peuple affemblé. Le Diacre ayant pris les burettes, les vit remplies de faint Chrême jufqu'au haut, & les rendit au faint Evêque. Cela fut regardé comme un miracle, & remplit de joye & d'admiration toute l'affemblée. J'ai rapporté ces particularités pour mon trer que Metlis où faint Pirmin exerçoit fes fonctions Epifcopales, n'étoit ni la Ville de Metz, ni celle de Meaux, qui font si éloignées d'Hornbach; mais Metlis ou Metleshem, qui en eft affez près, c'eft-à-dire, environ à une lieuë; d'ailleurs, les Siéges de Metz & de Meaux, étoient alors remplis par d'autres Evêques bien connus.

Quoique faint Pirmin eut fixé fa demeure ordinaire à Hornbach, il ne lailla pas de fonder, ou de réformer encore avant & après ce tems, d'autres Monafteres. Il fonda de nouveau Sehuvarfach, & Gegenbach, dans l'Ortnaw, & Pfefers, en Suifle, & il réforma Augie-la-riche, Schutteren, Wiffembourg & Maur-moutier en Alface, & quelques autres Monafteres. Nous nous bornerons ici à Hornbach, qui fe trouvant dans le Dio

Saint Pirmin a laifle un petit ouvrage en forme d'Homelie, dans laquelle il exhortè fes difciples à la Pénitence & à la Communion, après la Pénitence accomplie, & la réconciliation obtenuë.

Il eut pour Succefleur dans le gouverne- v. Phißt. ment de fon Abbaye d'Hornbach, faint Ja- de Toul, cob, Evêque de Toul, qui s'y retira appa- chron. 22. remment quelque tems avant la mort de St. & l'hift. Pirmin, arrivée en 758. on croit qu'il fouf Lorraine, crivit au Concile de Compiegne en 758. en .I.p. 538. ces termes : Jacob peccator fubfcripfi; & encore au Concile d'Attigni, en 765. où fon non fe trouve ainti: Jacob Epifcopus de Monafterio Gamundias.

On dit que Jacob fe trouva auffi à la Dédicace de l'Eglife de Gorze, en 761. enfin au retour d'un voyage qu'il fit à Rome en 767. mourut à faint Benigne de Dijon. Voyez l'Hiftoire de Toul, ch. XXII. pages 277. & fuivantes.

Il paroit que vers l'an 758. Amalart 'étoit Abbé d'Hornbach, apparemment après l'abdication de Jacob, Evêque de Toul. Il eft remarquable qu'anciennement l'Abbé d'Hornbach étoit décoré de la dignité d'Archidiacre de l'Eglife de Metz, comme il paroit par cette lettre de Conrade de Scharfenech, Evêque de Metz, de l'an 1220. Cum ab adolefcentia noftra Hornbacenfis Ecclefia noverimus dignitatem, inter cæteros honoris ejus titulos, abbatem non ambigimus infra Villam ipfam Archidiaconali poteflate gaudere fic enim à prifcis temporibus in ipfa eft Ecclefia obfervatum, ut cum ab Metenfi Epifcopo Abbatia donum recipitur, fimul & Archidiaconi infrà Villam, ut dictum est auctoritas conferatur.

Annal.

Bened. t.

2. p. 189.

CCCCXIX

En 1211. Wolframe étoit Abbé de Vi- Hift. de rimbourg & d'Hornbach, de la Communau Lorraine, té de faint Pirmin & de celle de faint Fa- t. 2. page bien. Bertrant Evêque de Metz, confirme à Gaftrice Abbé de Bouzonville, & à fon Couvent, la Cure de Freishdorf, avec le droit de Patronage, la dixme, les fonds, les Prez, les bois, les eaux & les appartenances, avec celles de Burdelingue, & ce que l'Abbaye d'Hornbach avoit à Britendorf, contre Volframe Abbé de Virimbourg & d'Hornbach, du confente.non: du Couvent de faint Pirmin (d'Hornbach) & de faint Fabien (de Virimbourg. ) Donné à Metz, le huit des calendes d'Avril 12 11. Ce Couvent de faint Fabien eft apparemment le Clergé Dddd

Corps Diplomatiq. 1.2.p.191.

de faint Fabien d'Hornbach, dont l'Eglife eft aujourd'hui ruinée. Voyez cy-après.

Ce fameux Monaftere perfevera dans la parfaite obfervance de la vie religieute, fous la régle de faint Benoit, jufqu'au douzième Siecle, qu'il tomba dans un tel relâchement, qu'il fallut faire venir du Monaftere d'Hirfauge, un excellent Religieux, nommé Conrade, avec douze de fes Confreres, pour mettre la réforme & rétablir la difcipline à Hornbach ; c'eft ce que raconte Tritheme, dans fa chronique d'Hirlauge, parte 1. pag. 275. Ces bons Religieux y retablirent le bon 'ordre, & il continua comme auparavant à répandre la bonne odeur de Jelus-Chrift dans tout le voifinage.

Agnès de Lorraine, fille du Duc Thiebaut Ïï. mort en 1312. épousa Evrard, Duc des deux Ponts, & lui apporta le Comté de Bitche, en mariage, à charge de revertibilité; il y a même apparence que c'eft en vertu de ce traité de mariage, que les Ducs de Lorraine abandonnerent au Duc des deux Ponts, certains droits qu'ils avoient fur l'Abbaye d'Hornbach.

En 1385. Eberhard, Comte des deux Ponts, céda & transporta à Robert l'aîné, Electeur Palatin, la moitié du Château & Ville des deux Ponts, & d'Hornbach, & du Château & Ville de Berg-faburne, pour la 'fomme de vingt-cinq mille florins.

A l'égard du Comté de Bitche, on croit qu'il eft rentré fous la domination des Ducs de Lorraine, fous le Duc Charles III. pour caufe de felonnie de la part des Ducs des deux Ponts. Mais pour les autres droits à eux cédés, ils en font demeurés en pofief

Lon.

Le Monaftere d'Hrnbach changea entiérement de face au feizième Siècle, lorfque les Palatins du Rhin, Louis II. Rupert & Volfang, embrafferent la réforme de Luther, fuivant la confeffion d'Augsbourg. Alors Jean de Kindhaufem qui gouvernoit l'Abbaye, fe rangea auffi volontairement dans leur parti, avec douze de fes Religieux, qui compofoient fa Communauté. On m'écrit que ce fait eft faux, & que les Religieux perfifterent dans la Religion catholique; mais que les Chanoines d'Hornbach fe firent Lutheriens. Que les Religieux s'étant enfuis avec le tréfor de leur Eglife, le Duc les avoit fait poursuivre, & enlever leur trésor.

Jean Bonn de Vachenheim, ayant généreufement perfifté dans fa Religion, & dans l'observance de fa régle, l'Empereur Charles V. lui confia l'administration d'Hornbach, par fes lettres dattées de Bruxelles le quatorze Avril 1540.

Antoine Comte de Salm, fut le dernier

des Adminiftrateurs de cette Abbaye, & comme il s'y gouvernoit d'une maniere qui déplaifoit aux Seigneurs voifins, & qu'on le preffoit de changer de conduite, il se retira fecrettement.

Volfang Duc des deux Ponts, résolut de changer l'etat de cette ancienne Abbaye, & à l'exemple de plufieurs autres Princes de l'Empire, il y établit en 1559. des Profeffeurs habiles pour enfeigner la jeunesse, & donna à ce nouveau Collège pour premier Recteur, le célébre Emmanuel Tremellius, fi connu par fon érudition, & fur-tout par la fcience des langues orientales. Mais on m'écrit que l'Abbaye d'Hornbach depuis plus de cinq à fix fiécles, avoit des écoles pour les Séculiers. Les Ducs de Lorraine y avoient fondé douze places pour des Gentilshommes, & y avoient donné des fonds pour leur entretien.

En 1570. Philippe Chriftophe, Archevêque de Tréves, & Evêque de Spire, ayant repris l'inftance d'entre Marquard, Evêque de Spire, d'une part, & la Maifon des deux Ponts, d'autre, par-devant le Confeil de l'Empereur; on produifit des lettres de l'Empereur Henri III. & de quelques Abbés d'Hornbach, qui prouvoient que l'Abbaye d'Hornbach avoit été mife fous la protection particuliere de l'Evêque de Spire, en forte que l'Empereur Ferdinand H. donna fon décrêt en 1628. en faveur de l'Abbaye d'Hornbach, & enfuite intervint en 1629. le fameux Décrêt Impérial, qui ordonna que tous les biens des Evêchés, des Monafteres, & les autres biens Eccléfiaftiques occupés dans l'Empire, depuis le traité de Paffau, fuffent reftitués à leurs légitimes Poffefleurs. Ainfi le Prince Jean Duc des deux Ponts fut obligé de rendre les biens de l'Abbaye d'Hornbach à l'Evêque de Spire, qui y rétablit les Bénédictins.

Ils y demeurerent jufqu'à cette terrible famine qui défola tout le pays & les contraignit de chercher ailleurs une demeure, & de quoi fubfifter; mais ils n'ont jamais entierement abandonné leur Monaftere, ils y font revenus de tems en tems, & on fait d'un des exécuteurs des ordres du Duc des deux Ponts, qu'il avoit jetté lui-même quatre Religieux dans un puits ; les autres dans ces tems de violence & de troubles, fe retiroient ordinairement en l'Abbaye de Metloc, comme l'a affuré le R. P. D. Christophe, ancien Procureur de Tholey.

Après leur fuite, Frideric Duc des deux Ponts y entra de nouveau & s'y eft maintenu jufqu'aujourd'hui, en vertu de la paix de Munster ou de Vestphalie, qui a maintenu les Proteftans dans la jouiflance des biens

d'Eglife qu'ils poffedoient alors. Balthafar Dans les guerres de Religion qui furent venator in fi funeftes à l'Allemagne, le Duché des DeuxmifcellisG. Ponts fut extraordinairement maltraité par C. Joannis. les troupes impériales. Un auteur contemporain, & témoin oculaire, dit, que les foldats qui étoient dans le Bourg d'Hornbach, le ravagerent avec le Monaftere; le Commandant logea fes chevaux dans la belle & ancienne Eglife de l'Abbaye, la Bibliothéque fut pillée, diffipée & conduite avec l'archive aux Deux-Ponts, où elle eft encore; le Bourg fut partie brûlé, partie runé & abandonné, de telle forte qu'en plein jour on y voyoit les bêtes fauvages, aller, venir & demeurer fans crainte; les cloches de ce lieu & des environs furent enlevées & envoyées à Tréves, pour y être vendues. Enfin ce cruel Commandant réduifit ce lieu en un tel état, que lui-même n'y pouvant plus fubfifter, il fut obligé de fe retirer dans la Ville des Deux-Ponts, pour y en faire autant, s'il pouvoit.

Les troupes Françoises ne traiterent pas mieux ce malheureux pays, lorfqu'en 1676. elles y vinrent en quartier d'hyver; elles exigerent d'exceffives contributions des habitans, puis ruinerent les portes, les tours, & renverferent une grande partie des murs, dont le Bourg d'Hornbach étoit fermé, après en avoir tiré des habitans tout l'argent qu'ils en purent extorquer.

L'Abbaye d'Hornbach eft aujourd'hui presqu'entierement ruinée. Le chœur où les Religieux faifoient l'Office, eft renverse; la tour tomba il y a environ trente ans, faute de réparations, & écrafa par fa chute une grande partie de l'Eglife, & couvrit par fes ruines les monumens & les tombeaux des perfonnes illuftres qui y étoient enterrés. La nef, fubfifte & fert à l'exercice de la religion des réformés & de ceux qui fuivent la Confeffion helvetique, apparemment celle de Calvin & de Zuingle.

Il y a dans cette Ville des Luthériens, des Calviniftes & des Anabaptistes. La nef de l'Eglife de l'Abbaye eft partagée, une moitié fert de prêche aux Calviniftes, l'autre moitié fert de magafin. Le portail de l'Eglife eft accompagné de deux groffes tours. L'ancien Hornbach eft à une demi lieuë de la grande Abbaye & du Bourg d'Hornbach; le Cloitre y fubfifte encore en partie, les dortoirs fervent de greniers; la cuifine eft entiere, tout le bas eft voûté. Le Choeur eft renversé. Il y avoit à l'entrée du Choeur deux Clochers, comme en plufieurs autres Abbayes.

Il y a à Hornbach un Curé catholique, payé par le Roi, & neuf cens communians.

En 1618. il y avoit un Abbé qui ne mourut qu'en 1628. Par les Comptes de ce tems là, on voit qu'il y avoit encore en l'Abbaye quarante penfionnaires.

Il y a affez près de l'Abbaye une Eglife nouvelle, bâtie en 163 1. à la place de la halle, par Jean II. Duc des Deux-Ponts, lorsqu'en vertu de décret du la Chambre impériale, il fut obligé de reftituer l'Abbaye d'Hornbach aux Bénédictins, par le crédit de l'Evêque de Spire. Cette nouvelle Eglife eft commune aux Catholiques & aux Luthériens de la Confeffion d'Ausbourg.

Il y a encore une Eglife dédiée à S. Jean, aflez près du Bourg vers le midi, aujourd'hui prefque ruinée; la ncf de cette Eglife étoit autrefois deftinée à la fepulture des Bourgeois, elle appartient aux Catholiques, & le Curé y va dire la meffe.

L'autre Eglife dédiée à faint Fabien, étoit Collegiale, & eft entiérement ruinée depuis plus de cent ans.

En 1601. il y eut une tranfaction entre le Duc Charles III. de Lorraine, & Jean, Comte Palatin du Rhin, Duc de Baviere, au fujet des terres & feigneuries qui leur appartenoient à Bitche,à Deux-Ponts & à Hornbach, dans laquelle tranfaction les limites du partage font marquées. M. George Chrif tian, fils de Jean, a ramaffé le Cartulaire d'Hornbach, in fpicilegio documentorum novorum nondum edictorum, 11. n. I. On y voit les diplômes de Pepin, de Charlemagne, de Louis le débonnaire, de Lothaire, de l'Empereur Othon, & de l'Empereur Henri IV. Cet ouvrage eft encore manufcrit, & nous n'avons pu en avoir communication. HORREEN, Voyez STE. MARIE D'HORREEN,

Abbaye de Bénédictines à Tréves.
SAINTE HOUD,
Abbaye de filles, Ordre de Citeaux.

STE. HOUD, OU STE. HOÏLDE, Abbaye de filles, Ordre de Citeaux, Diocèle de Toul, à deux lieues de Bar-le-Duc, fur le ruiffeau d'Auxone, Office, Recette & Bailliage de Bar, Préfidial de Châlons-fur-Marne, Parlement de Paris. Le Roi eft feul Seigneur de tout le continent; il y a dans la baffe Cour trois ou quatre Fermiers.

Cette Abbaye fut fondée vers l'an 1225. par Henri II. du nom, Comte de Bar, & Philippe de Dreus, Dame de Torcy. Ils y dépoferent le bras de fainte Hoïlde, ou fainte Houd, que l'on y conferve encore aujouraujourd'hui. La premiere Abbelle de fainte Houd, eft Marguerite,dont la mémoire eft en bénédiction dans ce Monaftere. Elle mou

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