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BACCARAT. Voyez DENEUVRE. BADONVILLER ET PIERRE-PERCÉE,

Ou LANGSTEIN.

BY

Epifcop. Tullenf. Il est dit, que Bertholde ac-
quit le Fief de Badonviller & l'Eglife, (
(&
Ecclefiam,) la Dîme & le Patronage.
Roland de Badonviller, frère d'un autre Sei-
En 1114. on connoit un Seigneur nommé

gneur nommé Othon, que l'on croit avoir
commencé le Château de Beau-regard, au-
deflus de Ravon-l'Etape; ce Renaud de Ba→
donviller vendit à l'Abbé de Moyenmoutier,
la partie du Fief qui lui appartenoit; en même
tems Bertrice, Abbé de Moyenmoutier, porta
fes plaintes à l'Empereur, de l'entreprise d'O-
thon, (b) qui vouloit bâtir un Château fur
les terres de fon Abbaye.

Badonviller eft fitué dans un endroit affez

peu avantageux, dans une espèce de gorge
où l'on voit un Etang & beaucoup d'eau.

ADONVILLER, petite Ville fituée entre la Meurthe & la Vezouze, fur la petite Rivière de Blette, qui fe jette dans la Vezouze à une lieuë & demie au deffous de Blamont. Badonviller eft à fept lieues de Lunéville, deux & demie de Ravon-l'Etape & de Blamont, & à cinq de Senones. C'étoit cidevant le Chef-lieu du Comté de Salm, elle a deux Faubourgs; le haut eft celui d'Allema- Dans les commencemens Badonviller étoit gne, où il y a un Couvent d'Annonciades; la fort peu de chofe, il n'eft devenu confidéraParoiffe dédiée à Saint Martin, eft du Diocèfe ble que depuis le XVIe. ficcle, que les Comtes de Toul, l'Abbé de Dommévre,comme Abbé de Salm, & François de Lorraine Comte de de Bonmoutier, & les Comtes & Princes de Vaudémont, & Fils du Duc Charles III. y Salm, prétendent à la nomination de la Cure. firent leur demeure. Le Prince François n'y Le nom Allemand de Badonviller eft Phaltz- a réfidé que depuis fon Mariage avec Chriveiller. Jene fai d'où lui vient cette dénomi- ftine de Salm, célébré en 1597. ce Prince & nation, qui n'a nulle analogie avec celles de le Comte de Salm y exercèrent les Droits de Badonviller qu'on lui donne depuis fi long- Souveraineté, & y firent frapper des Montems, mais je conjecture avec affez de vrai- noyes, dont nous avons encore quelques femblance que Badonviller tire fon nom de Piéces. Bodon-Leudin Evéque de Toul, Frère de Ste Salaberge, & qui a fiégé depuis 665. jusques Luthéranisme, introduifirent cette héréfie vers l'an 675. Il eft conftant que Bodon avoit de grands Biens aux environs de Badonviller, puifqu'il fonda dans fon propre fond, l'Abbaye d'Etival, qui n'est qu'à trois lieuës de Badonviller, & celle de Bonmoutier, en latin, Bodonis-Monafterium, pour des Religieuses, à deux lieues de Badonviller, où l'on croit qu'il établit pour première Abbeffe, fa Fille Tietberge; ce dernier Monaftère fut transféré dans la fuite plus loin, & prit le nom de Saint Sauveur, enfin fut en 1609. transporté à Domévre.

Bodon fonda encore le Monaftère d'offonviller, à demie lieuë de Badonviller. Il ne fubfifte plus aujourd'hui. Nous avons fait des Articles féparez de ces trois Abbayes, qui font toutes fort voifines de Badonviller, & fourniffent une preuve bien certaine des grands Biens que Bodon poflédoit en ces quartierslà, de fon infigne piété & de fa grande libéralité.

La première fois que je trouve exprefsément le nom de Badonviller, eft fous Bertolde Evêque de Toul, qui a gouverné cette Eglife depuis 995. jufques vers 1020. (a) Adeptus eft allodium Badonvillare dictum. Et dans l'Ouvrage intitulé, Cedulas fingulorum

Les Comtes de Salm ayant embrassé le

dans la partie de Badonviller qui leur appar-
tenoit, & y conftruifirent un Prêche pour
ceux de leur Communion. C'est aujourd'hui
la Chapelle de Saint Michel, confacrée en
1625. par l'Evêque de Tripoli, Suffragant
de Strasbourg, & qui fert à préfent à la
Congrégation des Hommes.

Les Comtes de Salm introduifirent l'hére-
fie dans les Villages de leurs dépendances, &
même dans le Val de Senones. Le Prince
François de Lorraine ayant trouvé les chofes
en cet état, fit tous fes efforts
pour maintenir
la Religion Catholique dans fa portion de
Badonviller & dans les autres lieux de fa dé
pendance, & en bannit l'héréfie. Le Comte
Philippe de Salm étant à Rome en 1591. avec
le Cardinal de Lorraine, abjura le Luthéra-
nifme dont il faifoit profeflion, & étant de
retour en Lorraine, chaffa autant qu'il lui fur
poffible, les Hérétiques qui fe trouvèrent
dans fes Terres. Mais il ne pût entièrement
déraciner cette mauvaise femence.

Vie du

Il y avoit encore grand nombre d'Hérétiques en 1625. car le B. Pierre Fourrier, Curé de Mataincourt, y étant venu en cette année, B. Pierre y trouva les Eccléfiaftiques Catholiques, & les Pasteurs chassez ou pervertis, la Maison

(4) Hift. de Lorr. t. 1. p. 164. pr. & Hift. Epifc. Tullenf. I (b) Hift. Med. Monaft. p. 280. in Berthold.

Fourier, G

ix.

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y exercent la Justice au nom des deux Souve-
rains; on peut appeller de leurs Sentences à
deux Juges Supérieurs en commun, résidans
à Nancy, qui jugent Souverainement des
Affaires de commune Jurisdiction, tant au
nom du Duc de Lorraine, qu'en celui de M.
le Prince de Salm.

Curiale renversée, & les principaux Bour-
geois obftinez dans leurs erreurs. Ce Sage &
zélé Millionnaire y gagna beaucoup d'ames
à Dieu, en les tirant de leurs égaremens, &
confondant les Miniftres Prétendus-Réfor-
mez, qui voulurent entrer en difpute avec lui.
Le Prince François de Lorraine ayant
trouvé lors de fon Mariage avec Chriftine
Enfin le 21. Décembre 1751. intervint un
de Salm, en 1597. les chofes en cet état, ré- nouveau Partage de la Terre de Salm, entre
folut d'y faire établir par l'Autorité du Saint le Roi Très-Chrêtien, & Stanillas Roi de
Siége, un Vicaire Apoftolique, pour veiller Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, d'une
à la confervation de la Religion Catholique, part, & Son Altefle Séréniflime Monseigneur
arracher les reftes de l'héréfie, & en empêcher le Prince de Salm-Salm, d'autre part, par
les progrès ; il auroit pu s'addreffer au Sci- laquelle il eft dit, que ledit Seigneur Prince
gneur Evêque de Toul, comme Diocèfain. de Salm céde à leurs Majeftés Très-Chrê-
Mais comme une grande partie des Terres tienne & Polonoife, tout ce qui lui appar-
qui obéiflent aux Comtes de Salm, font dans tenoit à la droite de la Riviere de Plaine, ou
la dépendance de l'Abbaye de Senones, qui au nord de cette Riviére, & ce qui eft à la
eft foumife immédiatement au St. Siége, & gauche ou au midi de ladite Riviére, est
jouït des Droits quafi Epifcopaux dans fon cédé à la Maison de Salm; le milieu de ladite
Diftrict, le Prince demanda & obtint du Riviére étant la féparation de la Principauté
Pape Gregoire XV. un Vicaire Apostolique de Salm, d'avec la Lorraine & le Comté de
Salm.

en 1618.

Le premier qui fut établi en cette qualité,
fut un Abbé de Haute-Seille, qui en fit les
fonctions, & fit la vifite dans plufieurs Paroif
fes. On connoit encore pour Vicaire Apof-
tolique M. Perpignan Doyen de St. Gengoût
de la Ville de Toul, mort en 1672. En 1634.
Bernard Abbé de Haute-Seille fit la vifite des
Paroifles de fon Vicariat Apoftolique, avec
Dom Hipolyte Bobant, Prieur de Senones;
on a les Actes de cette Vifite. Le dernier qui
a porté le titre de Vicaire Apoftolique, eft M.
T'Abbé de Mahüet, Grand-Prevôt de Saint
Diez, mort le 11. Décembre 1740. mais je
ne crois pas qu'il en ait fait aucun exercice
public.

Aujourd'hui l'Héréfie eft heureufement
bannie de toutes les Terres du Comté & de
la Principauté de Salm; on appelle Terres du
Comté, celles qui font de la Souveraineté
de la Maison de Lorraine; & Terres de Prin-
cipauté, celles qui dépendent de Meffeigneurs
les Princes de Salm; la plupart des Lieux de
ces deux Souverainetés, font à présent fous
la Jurifdiction de M. l'Evêque de Toul, qui
en a formé un Doyenné, dont le Chef-licu
eft Badonviller, & pour l'agrandir, on a dé-
membré quelques Villages qui étoient ci-
devant du District de l'Abbaye de Senones,
les joindre aux autres qui font du Dio-
pour
cèfe de Toul. Ces Villages font, Celles, Lon
vigny, Alarmont & Bafincourt. Pour les au-
tres Villages qui font au midi des Montagnes,
ils font demeurez fous la Jurifdiction fpiri-
tuelle de l'Abbaye de Senones.

Au moyen de ladite Ceffion, les Limites de la Principauté de Salm, au-delà & à la gauche de ladite Riviére de Plaine, demeu rent telles qu'elles étoient d'ancienneté, pour les Terres qui compofoient la partie de la Principauté & du Comté de Salm, au delà & à la gauche de ladite Rivière de Plaine, avant le même Partage.

Et dans les endroits où la Principauté de Salm n'étoit pas feparée par des Rivières ou Ruiffeaux des Terres de France, ou de Lorraine, on a mis des bornes & des limites Armoriées, qui établiffent la ligne de feparation de la Principauté, d'avec leidites Terres. De forte qu'aujourd'hui la Juftice, s'exerce nuëment & Souverainement par les Officiers de Son Alteffe Séréniffime Monseigneur le Prince de Salm, fur toutes les Terres auparavant divifées ou possédées par indivis par leurs Majeftés Très-Chrêtienne & Polonoife, & ledit Séréniffime Prince de Salm dans les limites ici fpécifiées.

Il y a à Badonviller un Couvent d'Annonciades de la vertueufe Jeanne de France, fondé par le Prince de Salm en 163 3.

Pierre-percée, ou Langstein.

Pierre

A quelque distance de Badonviller fe voit Langstein, ou Pierre-percée, Château ancien percée. & autrefois confidérable, appartenant aux Comtes de Salm, dont quelques-uns ont même pris le nom de Seigneur de Pierre-percée. Ce nom lui vient d'une Roche percée à coups de marteau, pour y creufer un Puits, ou une Citerne, qui eft à préfent presque entièrement remplie par les Pierres qu'on y jette

Ilya à Badonviller des Officiers de la part
de la Principauté de Salm, & d'autres de la
part du Comté, ou du Duc de Lorraine, qui journellement,

Étienne

Hift. de Etienne de Bar Evêque de Metz, qui a pagne & partie Barrois. Le Roi de Pologne, Lorr. t. 1. fiégé depuis l'an 1120. jusqu'en 1163. affié- comme Duc de Lorraine & Barrois, eft feul preuves. p. gea le Château de Pierre-percée, & le prit Seigneur de la partie qui eft Barrois, & qui 65. après un Siège d'un an & plus. Il bâtit autour eft de la Recette de Bourmont, Office & Ibidem, de ce Château trois Forts pour le réduire. Prevôté de Gondrecourt, Bailliage de Saint pag. 72. Jacques de Lorraine Evêque de Metz, acquit Thiébaut, Préfidial de Châlons, Parlement de Henri, Comte de Salm, le même Château de Paris. Il y a dans ce Lieu une Eglife dédiée de Pierre-percée avec fes dépendances, & ce à Saint Martin; le Chapitre de la Cathédrale Comte lui en fit hommage & reconnut que de Toul en eft Décimateur. La partie du Pierre-percée étoit rendable audit Prélat, en Barrois eft compofée de quinze ou feize

1258.

Habitans.

BAINVILLE-AUX-MIROIRS, Village & Prieuré. BAINVILLE-Sur-Mofelle, autrement,

Archives En 1267. Ferri de Luce (apparemment de de Senones. Lucebourg,) Chanoine de Saint Diez, avec fes Frères & Sœurs, donnèrent à l'Abbaye de Senones, tout ce qu'ils avoient à Celles, & au Val de Celles, & en toute la Châtellenie Bainville-aux-Miroirs, en latin, Barbani-Villa, de Pierre-percée, Diocèse de Toul.

Agnès de Salm, Fondatrice de l'Abbaye de Haute-Seille en 1140. ne prend que le titre d'Agnès, Dame de Langstein. Aujourd'hui le Château de Langftein, ou Pierrepercée, eft ruiné. On n'y voit plus que quelques ruines du Château, mais il y a un Hameau aflez confidérable aux environs. Sa 、Châtellenie anciennement s'étendoit fur le Val de Celles & des environs.

Les Châteaux de Salm & de Pierre-percée relevoient ci-devant de l'Evêque de Metz: le 27. Juin 1460. Jehan Comte de Salm fit fes reprifes auprès de George de Bade,Evêque de Metz, pour les Places & Fortereffes de Salm & de Pierre-percée.

Pareilles reprises furent faites en 1474. par Jean Valgrave de Daun & de Kerberg, au nom de Jeanne, Comtefle de Salm fon Epoufe, des Fiefs, Châteaux & Fortereffes de Salm & de Langstein, auprès de George Evêque de Metz. Item cni 488. Jean,Comte Sauvage de Daun, &c. au nom de fon Epoufe, fait des reprifes pour les mêmes Terres, auprès de Henri Evêque de Metz. Item en 1495. Jean Comte de Salm, Fils dudit Jean Comte de Salm, reprend les mêmes Seigneuries du même Henri de Lorraine, Evêque de Metz. Item en 1499. Jeanne de Sarwerden, Comteffe de Salm, Dame de Fénétrange, fait pareilles reprises, tant en fon nom qu'au nom de fes Enfans, auprès du même Evêque Henri de Lorraine, Evêque de Metz.

Je ne vois pas fur quoi eft fondé cet hommage rendu aux Evêques de Metz, finon fur l'achat que Jacques de Lorraine, Evêque de Metz, fit du Château de Pierre-percée & de fes dépendances en 1258.

On peut voir ci-après les Articles des Abbayes d'offonville & de Bonmoutier, (Bodonis Monafterium. )

On connoit un petit Village du nom de Badonviller, Bodonis Villare. Annexe de Gerauvillier, Diocèfe de Toul, partie Cham

& fimplement Bainvilla, comme il eft nommé dans le titre original de la Donation du Prieuré de Bainville, faite en 957. à l'Abbaïe de Saint-Evre; ce Village eft du Diocèse de Toul, la Parroiffe eft Dédiée à St. Maurice; Patrons, les Religieux de St. Evre, à cause du Prieuré de Bainville, qui eft uni à leur MenfeConventuelle; les mêmes Religieux y joüiffent des deux tiers de la Dixme groffe & menue, contre le Curé pour l'autre tiers. Ils ont auffi droit aux offrandes & droits d'Autel pendant les huit mois de l'année qu'ils peuvent deffervir la Cure. Le Curé outre le tiers aux groffes & menuës Dîmes, jouit de la totalité des offrandes & droits d'Autel pendant toute l'année, qui lui font abbandonnez pour fa pension. Il joüit auffi de fon beuverot qui eft allez confidérable. Je ne fçai pourquoi on lui donne le nom de Bainville-aux-Miroirs.

ce

Le Prieuré de Bainville eft confacré à Hift. de l'honneur de St. Sauveur & des Sts. Maurice Lorr. Tile & fes Compagnons, qui font les plus anciens pag. 364* & principaux Patrons de l'Abbaïe de St. Evre. Preuves. Ce Prieuré fut fondé par un Serviteur de Dieu ann. nommé Arnulfe, qui par le confeil de faint 963. o Gauzelin Evêque de Toul, fit présent de 964. Prieuré & de tous les Biens dont il l'avoit doté en 963. à l'abbaïe de St. Evre, qui étoit alors gouvernée par un Abbé nommé Humbert. Le Serviteur de Dieu Arnulfe avoit intention qu'il y eût dans ce Monaftère une petite Communauté, pour y faire l'Office, & il y à apparence que fon intention fut éxécutée pendant quelques tems. Mais dans la suite on s'apperçut que ces petites Communautés né pouvoient que très difficilement fatisfaire aux devoirs de l'état Monaftique, & on aima mieux les voir reünies aux Chefs-Lieux, pour y vivre fous les yeux de l'Abbé en la compagnie de leurs frères. Arnufe menace ceux qui qui voudront s'emparer des Biens de ce Prieuré, des fupplices éternels, & les condamne à dix livres d'Or au fifc Royal, & à pareille fomme envers l'Abbaïc de faint Evre. La

H

contre le Duc René II. les Soldats Lorrains Hift. de prirent Bainville & en ruinerent la Tour & le Lorr. t i. Château, où les Bourguignons avoient mis pag. 883. Garnison. Cronig, de

Charte de fondation fut passée à Toul, au
Monastère de St. Evre, en préfence de l'Evê-
que Gauzelin, de l'Abbé Humbert, en l'an-
née 6. de l'Empereur Othon, Indiction 15.
l'an de Jefus-Christ 963.

au

Aujourd'huy la Souveraineté de Bainville appartient à S. A. R. de Lorraine, & la Seigneurie eft à lui & aux Religieux de St. Evre. Le Prieuré dépend comme autrefois de la Communauté de l'Abbaye de Saint Evre. La Maison de Bainville porte d'Azur femé de Croifettes pointillées au pied fichées d'Or, & la Croix pleine d'Argent brochant fur le tout. Il y a fur le Ban l'Hermitage de St. Antoinc. Patrons, les Héritiers de Jean Courthier.

Autrefois Le-Menil devant Bayon, étoit Annexe de Bayon. Aujourd'huy il eft érigé en Cure depuis 1 604. L'Eglife eft dédiée à St. Evre, Patron; le Seigneur du lieu eft Mr. de Mitry. Bailliage de Châtel, Cour Souveraine de Nancy.

BAIN.

Le Comte de Vaudémont Henri I. du
nom, & Marguerite fa Femme, s'etoient em-
parez de quelques Biens du Prieuré de Bain-
ville, & y avoient fait bâtir une Fortereffe.
L'Abbé de St. Evre nommé Gautier', s'en
plaignit, & le Comte & fa Mère voulant leur
faire juftice, donnerent leurs Lettres, par lef-
quelles ils reconnurent que la Haute-Juftice
de Bainville appartenoit au Prieuré, que les
Religieux de St. Evre ont droit d'y créer le
Maire & les Officiers de Juftice, qu'ils y peu-
vent tenir les Plaids-annaux trois fois l'année,
& Cours de bataille jufqu'à coup ferir, qu'ils y
ont Four & Moulins Bannaux, & toutes
Amandes, à l'exception des trois Corps, (ou
Sujets Serfs,) dont la Juftice appartient au
Comte de Vaudémont, c'est-à-dire, dans BAIN, petit Bourg du Diocèle de Toul,
les cas de Larrons, de Femme enforcie, & de dans les Montagnes de Vôge,fur le Baignerot,
Playe ouverte. Et le Prieur a les Amandes de à trois lieuës de Plombières, à quatre lieuës &
de faufe Mefure, de Chemin brisé, & de Bornes demie de Remiremont, à deux de St. Loup,à
arrachées. Deplus il y a le droit de Ban-Vin quatre d'Epinal, à fix de Mircourt, & à 14.
d'une charée de Vin, & le droit de Main-morte deNancy. Bain tire fon nom de Balneum,& est
fuivant l'usage du lieu, & les Corvées ordi- célébre par fes bains d'eaux chaudes; ce lieu
naires, les Dîmes & la Pêche par moitié avec eft très ancien, & fes eaux chaudes ont été
ledit Comte.
autrefois fréquentées ; mais le Bourg étant
devenu comme abbandonné pendant les
Guerres, & les Malades n'y trouvant plus les
fecours & les commodités convenables,on en
a négligé les Bains, qui ne fe font remis en
honneur & en réputation, que depuis l'an
1713. que le Duc Léopoldy a fait faire des
réparations confidérables, & depuis ce tems
on y a bâti des Maisons commodes & logea-
bles, de forte qu'aujourd'huy ces Bains font
beaucoup plus fréquentez qu'auparavant.
Bain eft dans un Valon très agréable environ-
né de bois; on y defcend en pente aifée, la
petite Rivière de Baignerot coule au pied des
bois, & fepare le Bourg du Village de Char-
mois qui eft à gauche.

A légard de la Fortereffe qu'il avoit bâtie à Bainville, il déclare ne la pouvoir aggrandir ni la continuer au delà du Jardin du Prieur, & qu'il ne peut s'accroître dans le lieu, fans l'agrément de l'Abbé de St. Evre, & au cas qu'il contrevienne à ces conventions, ils fe foumettent à la Justice de l'Evêque de Toul, qui pourra les excommunier, ou mettre leurs Terres en interdit.

L'an 1263. au mois de Janvier, le Duc Ferrilll. s'engagea à ne faire aucune Paix avec Henri Comte de Vaudémont, que les Abbés & Religieux de St. Evre de Toul, n'ayent reçu fatisfaction dudit Comte de Vaudémont, pour les dommages qu'il leur fait à Bainville aux-Miroirs, & à Alain & autres lieux, dont Ferri fe reconnoit le Défenfeur & l'Avoüé, & promet de faire la Guerre à fes frais, fans qu'il leur en coûte, & fans qu'il leur en répête la moindre chose. C'eft apparamment en confequence de ceci, que le Comte de Vaudémont fit à l'Abbé de St. Evre, les promefles que nous avons veuës ci-devant.

Hift. de En 1291. Jacques de Vaudémont fe qualiLorraine, fie Seigneur de Bainville. Il étoit Fils de Mar. 11. pag. guerite, Comteffe de Vaudémont, Epoufe de Henri I. Comte de Vaudémont. Voyez la Preuves. Généalogie de ces Comtes.

DXXXV.

Les eaux chaudes minérales de ce lieu font l'impides & infipides; elles ne font pas tout à fait fi chaudes, que celles de Plombières; elles participent de parties fpiritueufes, de beaucoup de fouffre bitumineux, de fel volatille, talqueux, dont il fe trouve quarante grains par pinte.

Le fel en eft plus modéré que celui des eaux
de Plombières, & il fermente foiblement
avec les acides.

Voici le jugement que portent des Eaux de
Bains, Meffieurs Bagard & Liabé, célébres
Médecins de Nancy.

En 1468. pendant la Guerre que le Duc Nous fouffignez Confeillers, premiers
Charles de Bourgogne faifoit en Lorraine, Médecins de feuë S. A. R. Madame, Du-

Lorr. pag.

XXXV.

Mais en 1750. les Seigneurs du Lieu firent bâtir un nouveau Bain, au bord de la Rivière de Baignerot, du côté du Moulin, à l'endroit appelle le Bain Cafquin, il eft plus grand, plus commode & plus découvert que l'ancien; on a travaillé à y ramaffer encore quelques Sources minérales découvertes depuis peu.

chelle Douairière de Lorraine & de Bar, Prin- pillées & fe perdent, faute d'être ramassées. ceffe Souveraine de Commercy, Certifions. qu'ayant fait faire ufage depuis près de trente ans, des Eaux de Plombières & de Bains, & après en avoir examiné les effets, nous avons remarqué que celles de Bains, dans certains cas, l'emportent fur celles de Plombières, comme pour les Maladies de Poitrine, les Gouttes vagues & Rhumatifmes goutteux, l'ayant expérimenté par moi-même dans trois differentes occafions. Dans toutes les autres Maladies pour lesquelles on fait ufage de ces Eaux, nous avons trouvé que celles de Bains égalent celles de Plombières en vertu & en qualité ; mais celles de Bains ont de plus une vertu laxative, que celles de Plombières n'ont point. Fait à Nancy ce onzième May mil fept cent quarante fept.

Mr. Vallet, Marchand à Nancy, à qui la Manufacture de Fer-blanc de Bains appartient, aflûre qu'il a l'expérience des Eaux de Bains depuis quatre ans, qu'il y a vu des effets au deffus de l'attente même de ceux qui les prenoient; qu'en plufieurs cas elles ont la préference fur celles de Plombières, & qu'en général elles font toujours du bien, & jamais

de mal.

Le Baffin du Bain dont nous parlons, eft au milieu du Bourg, & il a 26. pieds de longueur & 20. de largeur; il reçoit l'eau d'une des trois Sources qui eft la plus abondante, & qui eft un peu plus chaude, que celle du Bain de la Reine à Plombières. La Source la plus chaude eft à 55. dégrés de chaleur, la tempérée à 44.

A gauche de ce Baffin vers le milieu, & de niveau avec le dégré du milieu du même Baffin, eft une Pyramide de Pierre avec un Robinet, par lequel fe répand l'eau d'une deuxiéme Source qui n'eft que tiède.

La troifième Source eft dans un Jardin au delà du Ruiffeau: Elle fort de ce Jardin par une conduite de Bois, & n'eft, comme la précédente, que tiède, laiffant après qu'on en a bû, une légère acidité au goût.

Dans un Pré joignant le Ruiffeau, on voit quelques anciens veftiges d'un autre Bain, que les Habitans du lieu appellent Bain Caf quin. On prétend très mal-à-propos, que cette dénomination vient par corruption de Tarquin. (a) En ancien langage Latin des Sabins Cafcus fignifie vieil, ancien; ainfile Bain Cafquin, pourroit fignifier l'ancien Bain, on peut auffi le dériver de Cado, je tombe; d'où vient Cafcade, une chûte d'eau; le Bain Cafquin, pourra dire un Bain où les Eaux tombent; la chûte des Eaux de ces Bains.

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A gauche du Baignerot, dans le Village de Charmois, eft ce qu'on appelle la Source des Vaches, elle eft chaude & extrêmement laxative. En travaillant à fon rétablissement en 1750. on trouva fur la Roche, une Médaille de Néron, & une autre de Vefpafien, & quelques autres.

ni

Le lieu de Bain n'étant pas fréquenté comme Plombières, n'en a pas les commodités; pour le Logement, ni pour la fourniture des chofes néceffaires à la vie. Au reste, on ne doute pas que les Eaux de Bains ne foient à peu près de même nature que celles de Plomblières, & qu'elles ne puiffent fervir à la guérifon des mêmes Maladies, prifes avec les mêmes précautions, & dans les mêmes circonftances.

Peut-être ce Village deviendra-t-il ci-après meilleur & plus commode, à cause de l'établiffement qu'on y a fait d'une Manufacture de Fer-blanc, qui y attire des Marchands, auffi bien que des Ouvriers.

Cette Fabrique ayant passé en Lorraine en 1727. ou 28. le Duc Léopold I. permit au Sr. George Puton, & aux Frères Cofter & Villiers, par Lettres Patentes, de faire cet établiffement dans fes Etats. On y a travaillé depuis avec fuccès: L'ouvrage en eft auffi bon, que celui qui fe fabrique en Allemagne. Cette Manufacture appartient aujourd'hui à Mr. Vallet, Marchand à Nancy.

L'Eglife de Bains a un fort grand air d'antiquité. On m'a afluré qu'on voyoit à l'entrée de cette Eglife, des bas reliefs de Divinités Payennes, qu'on avoit depuis taillées pour en figurer des Saintes de nôtre Religion. Je ne les ai point vûës. Cette Eglife a pour Patron St. Colomban, premier Abbé & Fondateur de l'Abbaye de Luxeuil, qui n'en eft pas éloignée. Le Chapitre de Remiremont nomme a la Cure & perçoit les deux tiers de la Dîme, contre le Curé pour l'autre tiers. Seigneur, le même Chapitre de Remiremont, & le Sieur de Mailleroncourt. Prevôté d'Arches, Cour Souveraine de Nancy, Souveraineté de Lorraine.

Dépend le Charmois & les Voivres.

Il y avoit autrefois un Hôpital à Bains, dont le revenu eft appliqué à une Meffe qui fe dir tous les Samedis au même lieu, & à faire

Les Sources d'Eaux chaudes en font épar-
(^) V. Tull. 1. 1. Quæft. Tullenf. Jerom. Ep. 1. Varr. 1. 6. de linguâ Latinâ.

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