Hiftoire de Lorr.t.2.p. l'Eglife de Ruth (apparemment Rup aux Nonains) le 6. des Calendes de Novembre 1208. Il y a beaucoup d'apparence que Renaut de Ligni, Emic & fes freres, & les Seigneurs de Ligni dont on a parlé ci-devant, tenoient Ligni en fief des Comtes de Champagne. Le Comte de Bar en mariant fa fille Marguerite avec Henri de Limbourg, s'étoit réfervé la Seigneurie directe de Ligni, ce qui excita dans la fuite de grandes difficultés, & même des guerres sérieufes entre la Maifon de Bar & celle de Champagne, les uns & les autres prétendans que les Seigneurs de Ligni étoient leurs vaffaux. Dès l'an 1240. Philippe de Toci, Comtef fe de Bar, veuve de Henri II. Comte de Bar CCCCLVI. décédé l'année précédente, donna à Henri de Luxembourg fon gendre, en confidération de fon mariage avec Marguerite de Bar fa fille, Ligni & fes dépendances, à condition que Henri de Luxembourg ne pourroit reprendre cette Seigneurie d'aucun autre que d'elle, ou la remettre en d'autres mains que dans les fiennes. Hist. de En 1242. ou 1243. avant Pâques le jour Lerr. t. 2. dans l'octave de la Chandeleur, Thiebaut fous l'an II. Comte de Bar, fucceffeur de Henri II. 1242. 0% étant en differend lui & fes freres d'une part, 1243. & Henri de Luxembourg fon frere (ou pluPreves. tôt fon beaufrere, époux de Margueritte de Bar) au fujet de la fucceffion de fon perc & de fa mere, s'accorderent en cette maniere, que fi la Chatellenie de Ligni étoit en furfi, & n'étoit pas remplie au jour qu'elle fut cédée à Henri, ils lui en font ceffion, & lui Henri lui abandonne toutes fes prétentions fur la fucceffion paternelle & maternelle. Il femble donc qu'on révoquoit en doute la ceffion faite de Ligni à Henri de Luxembourg lors de fon mariage, & encore celle qui en avoit été faite en 1240. par Philippe, Comteffe de Bar. Voyez ci devant. Du moins on doutoit de la validité de cette ceffion, & que les Comtes de Bar fuflent en droit d'en difpofer. lige de Thiebaut Comte de Bar. La chofe étoit donc conteftée entre les Comtes de Bar & de Champagne, & il paroit par la faite, que les Seigneurs de Ligni reprenoient des uns & des autres. Car en 1262. les mêmes Henri Comte Hift. de de Luxembourg, & Marguerite de Bar fa Lorraine femme, donnerent en heritage Ligni & fa t. 2. PreuChatellenie à Valeran leur fils, l'émancipant ves jours pan 1162. à cet effet, car il n'avoit alors que dix ans, s'en réservant l'ufufruit pour toute leur vie. En conséquence Valeran reprit Ligni de Thiebaut Cointe de Bar, à condition que s'il mouroit fans enfans, Ligni retourneroit au Comte de Bar, de qui ce Fief relevoit. En effet au mois de Septembre 1242. Henri de Luxembourg & Margueritte de Bar, fa femme, font leur reprise pour Ligni & fes dépendances du Roi de Navarre & Comte de Chamagne,en hommage-lige, jurable & rendable, à condition qu'après leur décès, leur héritier qui fera Comte de Luxembourg, reprendra Ligni & fes dépendances du même Comte de Champagne & Roi de Navarre, ou de fes hoirs. Ils doutoient donc de la validité de la premiere ceffion à lui faite par le Comte & la Comtefle de Bar; mais en même tems le Comte de Bar avoit invefti de la Seigneurie de Ligni un nommé Alexandre, qui en 1259. fe qualifie homme L'année fuivante Henri de Luxembourg, & Marguerite de Bar fon épouse, recurent du Comte de Champagne en Fief jurable & rendable, Ligni & fa Chatellenie, en payant comptant audit Compte de Champagne mille livres, & promettant cent livres de rente fur la même Seigneurie. Henri & Margueritte rendirent leurs hommages en 1265. L'année fuivante le Comte de Bar pour s'en venger, mit une armée fur pied, pric Ligni le 5. Juillet 1266. & y mit le feu. Le Comte de Luxembourg s'avança avec fes troupes jufqu'à Preni fur la Mofelle, entre Metz & le Pont-à Mousson, mais il fut battu & fait prifonnier avec quantité de nobleffe, par le Comte de Bar le 17. Septembre 1266. Le Roi faint Louis voulant mettre fin à Hift. de ces guerres, porta les deux Comtes de Cham- Lerr. pagne & de Bar à s'en rapporter à fon arbi- an, 1268. trage. Il décida en 1268. que l'inféodation Preuves que le Comte & la Comteffe de Luxem bourg avoient faite au Comte de Champagne, etoit nulie, de même que tout ce qui s'en étoit fuivi. Qu'il en étoit de même de l'hommage fait au Comte de Bar, par le Comte Valeran, s'il vouloit renoncer au fief de Ligni. Mais il ne jugea pas à propos d'accepter cotte derniere condition. Il rendit homagelige au Comte de Bar au mois de Juillet 1271. & encore en 1274. & déclara que s'il mouroit fans hoirs, & que la Seigneurie de Ligni vînt en la main du Comte de Luxembourg, ce Comte choifiroit un gentilhomme pour entrer en l'hommage du Comte de Bar pour la Seigneurie de Ligni. à Je lis dans un Arrêt du Parlement de Paris du 21. Juillet 1508. que la fidélité ou l'hominage de Ligni fut venduë en 1274. un Comte de Bar, pour la fomme de quatre mille frans. Ce fut apparemment le Comte de Champagne, qui pour terminer toutes difficultés, vendit au Comte de Bar fes prétentions à l'hommage de Ligni, car les Seis gneurs de Ligni ont toujours depuis r levé En 1362. Vinceflas, Duc de Silefie & Sei- Hift. de Lorr. t. 2. P. 517. Monftre bet. (fans doute Jeanne de Luxembourg, fille Le Roi Charles V. en 1367. érigea la Ville & Chatellenie de Ligni en Comté, en faveur de Gui de Luxembourg, Comte de S. Pol, qui fut tué en 1371. à la bataille de Bativille contre le Comte de Juliers. le feu. Il semble en Comté, en fa Toutes les Chroniques du pays parlent d'un combat qui fe donna à Ligni le 4. d'Avril 1368. dont voici l'occafion. Un gentilhomme du Barrois nommé Jean de May, 'ayant pris querelle avec ceux de Metz, leur declara la guerre, de concert, à ce qu'on croyoit, avec Robert Duc de Bar; ceux de Metz prirent à leur fervice un Seigneur nom mé Robert d'Hervilliers, qui fit le dégat fur les terres du Barrois. Après diverfes hoftilités, les deux chefs fe défierent à un combat fingulier, dont le jour fut fixé au 4. d'Avril, & le lieu fut défigné dans la Cour du Comte de Ligni. Jean de May ne fe trouva pas au rendez-vous; mais Robert de Bar parut près de Ligni, avec fes gens armés. Robert d'Hervilliers jugea qu'il y auroit combat, & donna ordre à ceux qui l'accompagnoient, de se mettre en embuscade derricre un ruiffeau, & de donner leurs che vaux aux Pagés, aufquelsil commanda de fe fauver. Les Barriliens s'imaginant que c'étoit Robert d'Hervilliers & fes gens qui fe retiroient, commencerent à les pourfuivre en defordre,& tomberent dans l'embufcade, où il y eut un fanglant combat. Le Comte de Salm y fut tué tout des premiers. Jean de May, auteur de la querelle, y fut auffi mis à mort. On arrêta prifonniers Robert Duc de Bar, & un très grand nombre de gentilshommes, dont on peut voir les noms dans T'hiftoire de Lorraine. Le Duc de Bar & les autres prifonniers furent conduits à Metz, où ils demeurerent long-tems, & cette affaire cut de grandes fuites, par les petites guerres qu'elle occa-fionna dans le pays. En 1301. lorfque le Roi Philippe-le-Bel En 1420. Jean de Luxembourg refufant En 1430. la Demoiselle de Luxembourg En 1431. Robert de Sarbruche, Damoifeau de Commercy, prit par efcalade la Ville & le Château de Ligni, les pilla & y mit le feu. Il femble que ce fut du confentement, & peut-être par les ordres du Duc René, puifque nous liions dans un auteur du tems, qu'en 1432. la paix fut faite entre le Duc René & le Comte de S. Pol. En 1432. Jean, Seigneur d'Hauffonville, Sénéchal de Lorraine, Ferri de Parroye, Bailli de Nancy, Charles d'Haraucourt au nom du Duc de Bar, & Jean, Seigneur de Crequi, Jaques, Seigneur de Crevecoeur, Philippe, Seigneur de Tarnaut, &c. au nom de Jean de Luxembourg, Comte de Ligni, font abftinence de guerre, & terminent leurs différends. La Bourgeoifie de Ligni tenoit alors le parti du Duc de Bourgogne contre la Maifon d'Orleans. Charles II. Duc de Lorraine, qui étoit du parti des premiers, mit garnifon dans la Ville de Ligni, qui fe défendit contre les Barrifiens. Le Damoiseau de Commercy efcalada de nouveau la ville de Ligni en 1433. au mois de Septembre, & après l'avoir pillée, y mit le feu; mais le Château fe défendit fi vigoureufement, que le Damoileau fut obligé d'en lever le fiége, & de se retirer avec les cinq cens hommes qui compofoient fa petite armée. Je n'entre point ici dans le détail de la généalogie des Comtes de Ligni, nous l'avons donnée dans l'hiftoire de Lorraine, & on la peut voir auffi dans l'édition de Moreri de Basle en 1732. Benoit, Hiftoire de Toxl, p. 90. Le Roi Louis XI. s'étant emparé du Bar- M.Derde rois en 1475. obligea les habitans du Bar- lu mf. fut. rois, à relever leurs appels au Parlement Ligni. de Paris mais ce même Prince ayant rendu le Barrois au Duc René II. en 1476. les habitans du Barrois continuerent à porter comme auparavant leurs appellations aux grands jours de S. Mihiel, ou à la Chambre Impériale, qui avant la tranfaction de Nuremberg de l'an 1542. prenoit connoiffance des caufes du Barrois par appel, comme de celles du Duché de Lorraine'; ce qui fe prouve par les inatricules de l'Empire, & notamment par celles que l'Empereur Frideric III. fit reformer & drefler en 1471. Le même Roi Louis XI. ayant fait exécuter à mort en 1481. Louis de Luxembourg fon de vente fut inutile, & comme non avenu. fon beau-frere, qu'on accufoit de fomenter la guerre, confifqua fur lui le Comté de Ligni, & le donna au Seigneur de la Tremouille, qui en jouit quelque tems: après quoi il passa à Louis d'Orleans Duc de Longueville, ce qui occafionna de grands procès par l'oppofition formée par René Duc de Bar, & Marie de Luxembourg, Epoufe de François de Bourbon, Comte de Vendôme. Ces conteftations furent terminées par la reftitution que le Roi fit du Comté de Lignià Antoine de Luxembourg devenu l'aîné de fa Maison. Le Roi François premier regarda Ligni comme dépendant & faifant partie du Duché de Bar, qu'il prétendoit lui appartenit. Il y eut fur cela des explications entre ce Prince & le bon Duc Antoine qu'on peut voir dans l'hiftoire. François de Montmorenci, qui avoit épousé Madelaine de Clermont, feule heritiere de la Maifon de Luxembourg, prétendant jouir de la donation qui lui avoit été faite de la Comté de Ligni, par contrat de mariage du 2. Mars 1661. mit tout en oeuvre pour obtenir du Duc Charles IV. comme Duc de Bar, duquel Ligni relevoit, la permiffion de vendre cette Terre, mais il ne put rien obtenir qu'une furféance de quatre mois pour fa preftation de l'hommage. Il ne laila pas de prendre la qualité de Comte de Ligni, mais le Duc Charles IV. le fit affigner à la requête du Procureur Général de Bar le 27. Octobre 1661. pour fe voir condamner à s'abstenir de la qualité de Comte de Ligni, parce qu'elle étoit contre la nature du Fief, qui devoit être réuni à la Couronne du Duché de Bar, les hoirs fucceffivement de Henri & de Marguerite premiers poffeffeurs du Comté de Ligni venant à man quer. M. de Luxembourg touché de cette procédure, réfolut de vendre le Comté de Ligni à M. le Prince de Condé : le contrat en fut paffé pour deux millions de livres. Mais le Duc Charles IV. refufa absolument fon confentement à cette vente, difant que le Comté de Ligni faifoit partie de fon Duché de Bar, qui étoit inalienable, ainfi le contrat Le mécontentement que M. de Luxembourg en reffentit, le porta à faire le procès tant aux Officiers, qui avoient eu le gouvernement & l'adminiftration des affaires du Comté de Ligni pendant la guerre, qu'au Procureur Fifcal dudit Comté. Les uns & les autres furent mis en prison : mais on fe pourvut au Confeil du Roi, qui ordonna que la connoiffance de leurs affaires feroit renvoyée par-devant les Officiers de la Juftice de Bar-le-Duc, de forte que M. de Luxembourg lui-même fatigué de ces procédures, préfenta au Duc Charles IV. fa Requête fur laquelle S. A. lui fit mainlevés de la commife du Comté de Ligni. L'Empereur Charles V. en 1544. continuant la guerre contre le Roi François premier, envoya dom Fernand de Gonzague, Viceroi de Sicile, pour affiéger Ligni en Barrois, où le Comte de Brionne qui en étoit Seigneur, s'étoit enfermé avec le Comte de Rouci fon frere, & quinze eens hommes de pied, & cinq cens chevaux. La Ville étoit peu fortifiée, mais on comptoit que le Château tiendroit quelque tems. L'artillerie la battit fortement, & y fit une bréche confidérable. Le Comte de Brionne craignant d'être forcé, prit le parti de capituler: mais pendant qu'on parlementoit, les Impériaux entrerent dans le Château par derriere, & la garnifon mit les armes bas. On leur accorda la vie, mais ils demeurerent prifonniers de guerre, & furent envoyés à l'Empereur qui étoit alors à Metz. Les Officiers furent menés en Flandres, où ils demeurerent jufqu'à la fin de la guerre, la Ville de Ligni fut pillée & faccagée. L'année fuivante 1545. le Roi Henri II. ordonna à Dorval, Gouvernenr de Ligni, de faire un Fort à Pileviteus, lieu fitué audeffus du Château dudit lieu, fur le chemin de Ligni à Toul; on difoit que c'étoit pour arrêter les courfes des Impériaux dans le Barrois; mais c'étoit plutôt pour faciliter le def fein que Sa Majefté avoit formé de s'emparer des trois Evêchés. Le Fort étoit fitué fur la hauteur, & fur le grand chemin qui defcend à Ligni. Il n'a pas fubfifté long-tems; depuis plufieurs annees on n'en voyoit plus que quelques ruines; & comme la defcente de ce côté là étoit fort rapide, on a depuis quelques années forme une nouvelle chauffée en pente douce & égale, qui aboutit à un pont conftruit à neuf fur l'Ornaie, & à la nouvelle porte qui commence la rue royale. Cette rue a été formée des débris du Château de Ligni qui étoit en cet endroit, & dont la démolition a été ordonnée par Arrêt du Confeil des Finances du Roi de Oooo Memoire ५ Pologne du 25. Juin 1746. On n'en a confervé que le Parc, qui fert à la promenade des Bourgeois, fuivant l'Arrêt du Confeil des finances du cinq Janvier 1748. La Collégiale eft auprès de la porte fur la chauffée royale. Le Duc Charles III. en 1579. ayant donné fes ordres pour procéder à la rédaction de la Coutume du Bailliage de Bar, les trois Etats furent affemblés, & Marguerite de Savoye, Douairiere de Ligni, & Guillemette de la Marck,épouse de Jean de Luxembourg, au nom, & comme ayant la garde-noble de Charles leur fils, premier vallal du Duche de Bar, comparurent par Procureurs, qui déclarerent qu'ils ne trouvoient rien dans lefdites coutumes qui ne fut raisonnable, fignalement pour la nature des Fiefs, l'ancienne forme & nature d'iceux, & trouvoient bon que le Comte de Ligni & fes fujets, fuffent régis fuivant la coutume du Bailliage de Bar, dont ils avoient eu communi cation. Le 28. de Juillet le Roi Louis XIII. prie le bon Duc Henri de Lorraine d'excufer le Duc de Luxembourg, s'il ne lui a pas encore rendu les foi & hommage pour Ligni, & le Duc de Luxembourg fait fes excufes au même Duc Henri pour la même chose. En 1620. le fire de Couvonges envoya à Ligni des troupes en garnifon de la part du Duc Henri. Le Duc Charles IV. s'étant déclaré pour de Beau le parti des Princes du Sang, en 1650. envan.p.107. voya en Lorraine le Comte de Ligniville, qui fit le fiége des Villes de Chatel-fur-Mofelle, & l'emporta fur Vely qui y commandoit pour la France, après quatre jours de fiége. Il attaqua enfuite les Villes d'Epinal, de Mirecourt, de Neuf-château, de Commerci, de Ligni, de Bar-le-Duc, & les Châteaux de Void, d'Haroué, de Tonnoy & de Savigni qui ne firent que peu de résistance. Le Marquis de la Ferté bientôt après vint affiéger le Château de Ligni, dans la vûe de féparer par la prise de cette fortereffe, la Ville de Bar des autres conquêtes que le Comte de Ligniville avoit faites en Lorraine. Mais la Ferté pouflant avec trop de vivacité le fiége de ce Château, s'expofa fi fort, qu'il reçut une dangereufe bleffure au travers de l'épaule, & qui l'obligea après la réduction de Ligni, de fe transporter à Nancy pour s'y faire traiter. Les années fuivantes la guerre continua, & le Prince de Condé étant entré en Lorraine, menaçoit Toul & le Pont-à-Mouffon, pendant que le Chevalier de Guife, & le Général Fauque affiégeoient Bar-le-Duc. Ils prirent la Ville: mais Fauque y perdit la vie. Le Chevalier de Guise qui commandoit les troupes du Duc Charles IV. fe présenta devant Ligni, qui fe rendit fans beaucoup de réfiftance. De-là il vint fe loger à S. Aubin, & le Prince de Condé à Chonville, dans le deffein d'affiéger le lendemain le Château de Void. On s'étonne aujourd'hui que des lieux fi peu confidérables ayent fouffert des fiéges: mais alors les armées n'étoient pas fi nombreuses, & les lieux dont nous parlons étoient en état de fe défendre. Le Vicomte de Turenne qui fuivoit en queue l'armée du Prince de Condé, & le Maréchal de la Ferté, reprirent aisément la Ville de Ligni, & affiegerent le Château qui ne tint pas longtems. De-là ils s'avancerent, & camperent dans la prairie entre Commercy & Vignot; mais ils pafferent leur tems fans rien faire. J Il y avoit autrefois à Ligni une poudrerie célébre: la poudre en étoit en réputation en Lorraine & en France. Il y en avoit auffi à Nancy & à Bar. Le pays abondant en Salpêtre, donnoit lieu à cette fabrique des poudres. A préfent, & depuis la ceffion de la Lorraine faite en 1735. & la prife de poffeffion par le Roi Stanislas, ces poudreries ont été négligées,& enfin entiérement abandonnées. Voilà à peu près ce que l'on fait de la Ville de Ligni. Le Duc Léopold premier achetta la Ville, Château, Chatellenie, la Prevôté de Ligni & de Saulx en Barrois, le 6. Novembre 1719. auprès de Charles-François-Frederic de Montmorency, pour la fomme de deux millions fix cens mille livres au cours de France, & réunit ce Comté à fon Duché de Bar. Il en fit prendre poffef fion les 17. & 18. du même mois de Novembre. Le 9. Décembre fuivant, Paul-Sigifmond de Montmorency Luxembourg, Duc de Chatillon, frere de M. le Duc de Luxembour, vendeur du Comté de Ligni, prétendit retirer le Comté de Ligni en vertu du retrait lignager, & ayant obtenu un Arrêc du Parlement de Paris, portant permiflion d'affigner le Duc de Lorraine pardevant ledit Parlement : Son Alteffe Royale fe pourvût au Confeil du Roi, & obtint Arrêt le 7. Mai 1720. qui le déchargcoit de cette affignation, & renvoyoit les parties au Bailliage de Bar, pour y proceder en premiere inftance, fauf l'appel audit Parlement: mais la procédure ne fut pas fuivie, & moyennant certaines fomines qui furent délivrées, Son Alteffe Royale eft demeurée en paifible poffeffion du Comté de Ligni, jufqu'à la ceffion de la Lorraine & du Barrois au Roi en 1736. Edits & Le Duc Léopold ayant fait comme nous Ordonn. l'avons vû, l'acquisition de la Terre de Li- de Lorr. t. 2.p.447. gni, fupprima par Edit du 2. Février 1721. les Officiers des Prevôtés, Gruerie, Hôtel de Ville, Domaine des Villes & Villages & Prevôtés de Ligni & de Saulx, enfemble les Procureurs, Notaires, Huiffiers & Sergens, &c. & y établit une prevôté, dont toutes les appellations devoient être portées au Bailliage de Bar. De plus il y établit une Gruërie & un Hôtel de Ville, avec les Officiers de ces établissemens. LINANGE. LINANGE. Quoique le Comté & les Comtes de Linange n'ayent pas un rapport direct à la Lorraine, dont j'écris ici la notice, cependant les Comtes & les Seigneurs de ce nom, font fi fouvent dénommés dans notre hiftoire, ils ont eu taut de liaison avec la Maifon de Lorraine, & tant d'affaires avec les Villes & Seigneurs de ce pays, que j'ai crû devoir en dire un mot en cet endroit. Linange eft un petit pays d'Allemagne, avec titre de Comté. Les Allemans difent & écrivent Leninguen; il eft enclavé dans le bas Palatinat. Ce Comté est un ancien Fief de l'Evêque de Metz, & on trouve quelques reprises de ce Comté faites par les Comtes de Linange, auprès de l'Evêque de Metz. Hif de Meurifle en cite une en particulier de Jean Marzip. Comte de Linange, de l'an 1416. par cette raifon, ce Comté avoit été réuni à la France, par les Arrêts de réunion de 1680. & 1681. mais le traité de Risvik a rétabli ces Comtes dans leur ancien état, par l'article iv. du traité de Rifvick, qui eft général, & par le xvi. où font expreffement nommés les Comtes de Linange. En 1681. le Comte de Linange rendit hommage au Roi Louis XIV. pour la Terre & Seigneurie de Stadek, ou de Landebourg, faifant partie du Comté de Valdeuz, relevant de l'Eglife de Verdun, le vingt-huit Avril 1681. Ce petit pays eft près de Frankendal, & les lieux principaux, font: Neuol, Hiningen, Turkeim, Granlade, & Lamsheim. Il y a trois ou quatre branches des Comtes de Linange. On peut voir dans le fecond Tome de Hiftoire de Lorraine, ancienne Edition, plufieurs particularités concernant cette Maifon, leurs guerres, leurs alliances, leurs grands emplois, les Terres qu'ils ont pofle dees. La Maifon de Linange portoit d'azure à trois aigles éployées d'argent, deux & un membres & ébéqués d'or. LINDRE, Villages & Etang. LINDRE, il y a deux Villages du nom de Lindre: Lindre la haute, Village à un quart de lieuë de l'Etang de Lindre, à une demie lieuë de Dieuze; du Diocèfe de Metz, répondant à Dieuze. Lindre la baffe, Village à un quart de lieuë de la haute Lindre, 3 l'endroit où la riviere de Seille fort de l'Etang de Lindre. Ces deux Villages n'ont rien qui les diftingue; mais l'Etang de Lindre, est célébre dans la Lorraine, comme étant le plus beau & le plus grand du pays. C'eft une espéce de lac, ayant la plus grande partie de fes fources dans fon propre fond, qui font augmentées par quelques ruifleaux qui y viennent d'ailleurs. Sa forme eft fort irréguliere; il peut avoir deux lieues de Lorraine de longueur; on ne peut fixer fon diamêtre, ayant plufieurs finuofités, & étant beaucoup plus long que large. On aflure qu'il faut fix heures pour en faire le tour. On en fait la pêche tous les deux ou trois ans, & on en tire de très beaux poissons, dont le produit monte aux environs de foixante ou quatre-ving mille livres, par pêche. J'ai parlé de ce lac plus au long, fous l'article de Tarquinpole. En 1311. Jean Comte de Salm, veut que le traité d'échange fait entre Ferri, Duc de Lorraine, & Evrard, Seigneur des DeuxPonts, au fujet de Guemunde, Lindres & Morsperg qui eft changé contre Bitche, cédé audit Evrard,tiendra. L'échange cy-deffus fur fait en 1302. Et en 1448. Frideric Comte des Deux-Ponts, fait fes reprifes du Duc de Lorraine, pour la moitié de Lembourg, pour la moitié de la faline de Lindre, pour › pour mille florins fur Guemunde. En 1493. le vingt fix Septembre, René II. fait échange avec Simon Vecker, Comté des Deux-Ponts, Sieur de Bitche, par lequel René emporte pour lui & fes Succeffeurs Ducs, la moitié du puit fallé, & de la faline de Lindres ; & cette faline eft très différente des falines de Dieuze, dont il eft parle dans le même titre. En 1541. le Duc Charles III. avance que Guemunde a été autrefois le Siége des Ducs, & par confequent qu'elle n'a jamais appartenu aux Comtes des Deux-Ponts. Et dans une confultation faite à Ingolftat, fur le fujet de Bitche, les Docteurs décident que Bitche eft un Fief-lige, ne reconnoiffant point d'autres Souverains que le Duc de Lorraine; on appelle Fief-lige: ut Vaffalis juret Bitche fidelitatem domino, contra omnes nullius alte- Fief-lige. rius fidelitate refervata, & il faut que dans l'inveftiture on déclare que le Fief eft lige, & que le Vallal fommet fes biens, même ceux qui ne font pas Fiefs à fon Seigneur. En 1641. les François fous le commane |