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En 1552. Henri Hautlaufen, s'excufe auprès du Cardinal de Lenoncourt, Evêque de Metz, de ne pouvoir faire fes reprifes du Fief de Lucelbourg, fans en donner avis au Comte Palatin.

Enfin en 1502. fous Robert de Lenon-
court, Evêque de Metz, Frideric de Lucel-
bourg & Nicolas de Lutzbourg, Sieur de Flé-
ville, firent leurs reprifes pour ledit Château,
auprès du même Robert de Lenoncourt,
comme Evêque de Metz.

Depuis ce tems, les Ducs de Lorraine eu-
rent le haut domaine fur Lutzbourg, & fur
les Villages en dépendans. Mais en 1661.
le traité de Vincennes, le Duc Charles
par
IV. céda au Roi Louis XIV. Phalsbourg &
les dépendances de Lutzbourg, pour for-
mer le chemin que le Roi s'étoit réfervé pour
le paffage de fes troupes en Alface; & par
le traité de 1718. il a été arrêté, que Lutz-
bourg demeureroit à perpétuité à la France,
moyennant un équivalent qu'on a douné à
la Lorraine.

LUCE Y.

LUCEY, Luciacus, petit Village à deux lieues de Toul vers le nord, eft remarquable pour être le premier fond donné à l'EHiftoire de glife de Toul. L'Evêque Euculanus ou EuduLorr. t. 1. lus eft loué dans l'hiftoire, pour avoir acquis pag. 169. quelques fonds à fa Cathédrale, & en particulier Luciacus. Or faint Euculan ou faint Eudulan, a fuccédé à faint Antimonde, qui vivoit au fixie.ne fiècle.

Lucey a pour Patron, faint Etienne; col lateur & décimateur, le Chapitre de la Cathédrale de Toul; le Doyen de la même Eglife a les deux tiers de la groffe & menuë dixme, déchargé de la portion congruë que le Curé prend.

Jean Robert, Doyen de Toul, obtint de Paul II. l'union de la Cure de Lucey, au Doyenné ; & la Bulle fut donnée en 1491. par le Pape Innocent VIII. Varic de Savigni, Doyen de la même Eglife, fit caffer l'union en faveur du Chapitre, par une Bulle de Jules II. de l'an 1511. Lucey eft du Préfidial de Toul, Parlement de Metz.

La Chapelle de Nôtre Dame de la confolation, fut fondée à Lucey, fur la fin du feizième Siècle, par le Sr. Etienne Hordal, Doyen de l'Eglife de Toul, & fut confacrée par Mr. de Buvet, Suffragan. Elle cft presbytérale & chargée de trois Mefles parfemaine.

LUDRES ET AFRIQUE. Hift.de LUDRES, ou Ludes, Village ou Bourg à Lorr. t. 1. deux lieues de Nancy, tirant vers la Mofelle, pag. 433. qui donne fon nom, ou le reçoit d'une Mai4. 10j1. fon célébre en Lorraine, venue de Bourgo

gne en ce pays, vers l'an 1359. elle fubtif-
toit en Bourgogne fous le nom de Frolois,
dès l'an 1200. Le Chateau de Ludres a fub-
fifté pendant que presque tous les autres de
la Province ont été démolis par ordre de
la France, en 1633. & 1670.

Le Patron de Ludres, eft faint Evre; col-
lateur le Seigneur du licu; le Prieur de Fla-
vigni a les deux tiers de la moitié de la groffe
& menue dixmes, le Seigneur de Ludres a
le tiers de cette moitié, & le Curé prend le
refte. Le buvrot du Curé confifte en quator-
ze ommées de vignes & trois fauchées de
prez. Bailliage & Cour Souveraine de Lor-
rainc.

En 1380. Charles II. fait Jean de Ludres, Sénéchal de Lorraine, & lui affigne pour gage cent livres de forts. Et en 1381. Jean de Ludres Chevalier, & Colignon de Ludres Ecuyer, fon frere, font un traité de paix, avec Geoffroi de Nancy, Chevalier. En 1467. le fix Mars, Didier de Ludres eft fait Confeiller du Duc Jean.

En 1483. le dix Octobre, Ferri de Lu-
dres, fils de Jean de Ludrcs, Chevalier, fait
un traité de paix avec la Ville de Metz, ils
fe rendent refpectivement leurs prifonniers,
leurs biens & leurs titres.

Allez près de Ludres, & fur la montagne
au midi, qui domine fur la Mofelle, on voit
des ruines d'un ancien camp Romain, qui
étoit placé en cet endroit, pour garder la
Mofelle & le chemin qui étoit fur ce fleuve
où l'on paffoit anciennement pour venir de
le grand
Toul à faint Nicolas, avant que
chemin par le bois de Hayes fût fréquenté,
que la Ville
comme il l'eft aujourd'hui, &
de Nancy fût devenuë Capitale du Barrois ;
ce qui me confirme dans la perfuafion où je
fuis, qu'Afrique étoit un camp Romain,
c'eft qu'encore aujourd'hui, il y a entre cette
montagne & le Village de Ludres,des champs
qu'on nomment au vieu-marché.

En 1532. M. de Château-roux, Bour-
geois de Troyes-en-Champagne, allant de
Toul à faint Nicolas, pafla la Mofelle en
quatre ou cinq endroits, & étant vis-à-vis
de murail-
Afrique, remarqua un grand pan
le, qui fermoit autrefois la Cité d'Afrique.

J'ai appris d'un homme très bien inftruit,
qu'il y a quelque tems, que certaines perfon-
nes fe préfenterent au Seigneur de Ludres,
demandant permiflion de creufer dans le
Château d'Afrique, promettant même de
l'argent pour en avoir la permiffion, l'ayant
obtenue, ils creuferent & rencontrerent un
fouterrain qui les conduifit à quelque dif-
tance. Mais défefpérant d'y trouver quelques
feulement fen-
chotes, ils fe retirerent, ayant
ti, difoient-ils, une forte odeur de cuir.

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Les Seigneurs de Ludres prennent dans leurs titres, la qualité de Comtes d'Afrique, & cette montagne leur appartient en partic. Je n'en trouve rien dans les anciens monumens de ce pays.

Les armes de la Maifon de Ludres, Maifon de nom & d'armes de l'ancienne Chevalerie, fes armes font bandés d'or & d'azur, de fix piéces à la bordure, engrelée de gucu

les.

Le Duc Leopold I. a érigé en faveur de la Maison de Ludres, la Terre & Seigneurie de Bayon, qui appartient à cette Maifon, en Marquifat, par patentes du fept Octobre

1720.

RICHARD-MENIL.

Richard-ménil, petit Village fur une éminence, entre Ludres & la Mofelle; l'Eglife a pour Patron faint George, collateur l'Abbé de faint Evre décimateur l'Abbé pour la moitié de la groffe dixme, le Curé pour l'autre moitié & toute la menuë. Cette Terre appartient à la Maifon de Ludres, quia fon Château à une lieuë de là, vers le nord; les Seigneurs de cette Maifon font ordinairement leur demeure dans une grande & belle Maifon, ayant forme de Chateau, fituée fur la Mofelle, au-deffous de Richard-ménil.

De ce lieu dépend la Chapelle caftrale, dédiée à faint Jacques & faint Christophe, à laquelle on a joint la Chapelle de fainte Catherine, qui eft dans la Paroifle de faint Evre de Nancy.

La Maifon de Richard-ménil portoit de fable au lion d'or, armé, lampaflè & couronné de gueule.

LUNÉ VILLE. LUNE VILLE tire fon nom de Dianne, ou de la lune qu'on y adoroit autrefois. Tout ce que nous venons de dire du bois de Futaye de Léomont, de fa fontaine facrée, du culte qu'on y 'rendoit à Dianne, confirme cette opinion, auffibien que le nom de Lunevilla, Ville de la lune, ou Lunaris-villa, qui fignifie la même chofe. On raconte que quand on fit fortifier Lunéville, apparemment en 1587. lors de l'approche de l'armée des Proteftans d'Allemagne, Monsieur Benoit le Baron d'Hauflonville, Colonel de l'InHiftoire de fanterie Lorraine, transféra l'Abbaye de Zoul, page faint Remi dans la Ville, de même que la 6.1137. Commanderie de faint George, qui étoit voifine & hors de la Ville. On raconte, difje, que dans les Terres qu'on transfera de cette Commanderie pour former les fortifications de Lunéville, on trouva une figure de pierre, qui représentoit un homme armé, portant une espèce d'enfeigne chargée d'u

ne lune, & à quelque diftance de cette Com-
manderie, la figure d'une femme, qui avoit
fur la tête un grand croiflant renverfé, qui lui
couvroit la tête, & dont les deux cornes ou
extrémités, venoient tomber fur les épaules.

Les anciens Payens adoroient la lune fuus Macrob.
les deux fexes, & avoient le Dieu Lunus, & Satar.13u
la Déctle Luna. Philachorus affirmat luna fa- c. 8.
crificium facere: viros cum vefte muliebri,
mulieres cum virili, quod eadem mai astima-
tur & fæmina. Spaftien dans la vie de Baf-
fiens ou de Caracalla, dit, que les Orientaux
tiennent, que ceux qui adoroient la lune fous
le nom de femme, font toute leur vie aflu-
jettis au pouvoir des femmes, & au contrai-
re, ceux qui l'adoroient fous le nom d'hom-
mes, font toujours les maîtres de leurs fem-
mes. Qui lunam fœmineo nomine & fexu pu-
taverit nuncupandam, is addictus mulieribus
femper inferviet at verò, qui marem Deum
effe crediderit, is dominabitur uxori.

La Ville de Lunéville eft du Diocèse de Toul, arrofee des rivieres de Meurthe, de Mortagne, de la Vezouze, du Sanon. Elle a été poffedée au moins depuis le dixième Siecle, par des Seigneurs qui portoient le titre de Comte. Nous avons donné la généalogie de ces Comtes, à la fuite des Comtes de Metz, dont ceux de Lunéville defcendoient. Voyez le premier Tome de l'Histoire de Lorraine. Un de ces Comtes nommé Folmar, fonda vers l'an 1030. l'Abbaye de St. Remi de Lunéville, pour des Religieux Bénédictins, qui ayant déplû à leurs Fondateurs, y mirent en leur place, vers l'an 1034. des Bénédictins qui n'y fubfifterent point non plus on leur fubftitua vers l'an 1140. des Chanoines réguliers de faint Augustin, qui y font encore aujourd'hui.

Theodoric Duc de Bar, qui commença à régner en 984. & mourut en 1028. avoit époufe Richilde, ou Sunechilde, que nous croyons avoir été fille du Comte Folmar, puifqu'il eft dit dans un titre de l'an 1287. que Thierri poffedoit Amance, jure hæreditario, venant de Folmar.

Ce Folmar, beau-pere du Duc Thierri, pourroit bien être le même que le Fondateur de Beaupré.

Le dernier des Comtes de Lunéville nommé Folmar, comme la plupart de fes Prédécefleurs, donna fa fille Clémence en mariage, à Folmar Comte de Caftres, ou de Blifcaftel, qui eut du chef de fa femme, la Seigneurie de Lunéville, ce qui fe prouve par une chartre du Monaftere de Beaupré, del'an 1173. donnée par le Comte Hugues, fils de Folmar, & le même Hugues Comte de Lunéville, par une autre chartre de l'an` 1189. No. 8. 9. reconnoit qu'il éto'r fils du

Comte

Hift. de

Lorraine, Pag. 459.

Prenues.

Comte de Caftres. Il paroit par quelque monument du douzième Siècle, que les Seigneurs de Rifte avoient part à la Seigneurie de Lunéville. En 1225. le Seigneur de Rifte étoit Seigneur de Lunéville; titre à Flavigni. Voyez la généalogie de la Maison de Rifte, fous les années 1229. 1308. 1315. 1317. 1338. 1344.

En 1224. Hue Seigneur de Lunéville, & Conrade fon frere, fur les differens qui étoient entr'eux au fujet de leur partage, pour les terminer, Hue donne à fon frere le Château de Pierrepont, avec toutes fes appartenances; il lui céde encore hors des murs de Lunéville, tout ce qui eft depuis le foffe derriere la Maison des Chevaliers d'Atteinville, & quantité d'autres chofes, par lefquelles il paroit que ces deux fréres polledoient Luneville & les Villages qui en dependent, les bois, la pêche, le four bannal, &c. & moyennant cette ceffion, Conrade renonce à tout ce qu'il peut prétendre à la fucceffion pater

nelle.

ils donnerent l'affaut, & attaquerent la Ville par efcalade; l'aflaut dura toute la nuit. Ils fe rendirent maîtres de la premiere porte de Chantcheû, mais ils ne purent s'y maintenir. Ils envoyerent demander des hommes & de l'artillerie au Duc René II. qui étoit alors à Strasbourg; il leur envoya fix cens hommes d'armes, deux gros canons & dix ferpentines, qui arriverent dans trois jours devant la place. Les affiégés offrirent de fe rendre la vie & bagues fauves, fi le Gouver neur de Nancy ne leur pouvoit envoyer du fecours; ils députerent à Nancy à Mr. de Dieuze, qui leur fit dire qu'ils n'avoient point de fecours à espérer ; ainfi ils fe rendirent & fe retirerent où ils pûrent.

Ruyr An
En 1243. le Duc Mathieu fit un échan-
tiquités de ge du Château de Spiflemberg, & de ce
Voges.
qu'il avoit à faint Dicy, à Moyenmoutier,
à Etival, & généralement de ce qui étoit à
lui entre Raon, la Bourgonze, Bruyeres &
Spiffemberg, contre ce que Huy, ou Hu-
gues, Comte de Lunéville, avoit au Châ-
teau de Lunéville, à Gerbéviller & à Val-
froicourt, & cela du confentement de fes
fils Huillon, Philippein & Ferri, par traité
palle le dimanche devant la divifion des Apô-
tres, qui eft le quinze de Juillet 1243.

Hiftoire de

pag.238.

L'armée des Proteftans d'Allemagne qui alloit au fecours des Huguenots de France, paflant à Lunéville au mois de Septembre 1587. le Baron d'Hauflonville, Colonel de l'infanterie Lorraine, fous le Duc Charles III. qui avoit fait quelques fortifications à la hâte à Lunéville, fit fi bonne contenance, que cette armée n'ofa l'attaquer.

Trois ans après, le Duc Matthieu rachetLorr. t. 2. ta les mêmes Terres qu'il avoit cédées à Hugues Comte de Lunéville, avec la Voüerie de l'Eglife de faint Dicy. Il les rachetta de Hue Comte de la petite Pierre, moyennant la fomme de trois mille trois cens livres de Meffins, payables en différens termes. Fait le lendemain de l'invention faint Etienne, 1246. Depuis ce tems, le Comté de Luneville eft demeuré uni au Duché de Lorraine; & en 1263. le Duc Ferri III. affranchit la Ville de Lunéville, & lui donna les franchifes de Beaumont-en-Argonne, de même qu'à Nancy, à Port ou faint Nicolas, & à Hift. de Gerbéviller. On peut voir dans l'Hiftoire de Lorr. 1. 2. Lorraine, ce que c'étoit que ces lois de Beau

2.314.

Ibid. t. 2.

P. 1036.

mont. Le Duc Ferri donna pour caution de
fes promeffes, Thiebaut, Roi de Navarre &
Comte de Champagne.

pag.

Après la retraite du Duc Charles IV. & Hift.de fa fortie de Lorraine, fon frere le Dac Ni- Lorr. t. 3. colas-François, Cardinal & Evêque de Toul, Pg. 57. fe retira à Lunéville, où il époufa la Prin- 258.259. ceffe Claude, fa Coufine germaine en 1634.

Sous le Duc René II, en 1476. plufieurs Seigneurs Lorrains, accompagnés de quelques troupes qu'ils avoient amallées, allerent alliéger Lunéville, qui étoit occupée par quatre cens honimes du Duc de Bourgogne. Ces Seigneurs n'avoient point d'artillerie;

Le Maréchal de la Force en étant informé, obligea le Duc Nicolas-François & la Princefle fon époufe, de retourner à Nancy, dans l'efpérance d'empêcher la confommation du mariage, mais il étoit trop tard le Prince & la Princeffe furent aménés à Nancy, d'où ils fortirent de la maniere que chacun sait.

En 1638. le Duc Charles IV. ordonna à les gens d'affiéger Lunéville, leur demandant feulement qu'ils puffent conferver cette place, jufqu'au tems où la faifon ne permit plus aux ennemis de tenir la campagne; qu'après cela il la mettroit en état de foutenir un Siege royal.

Dès que les troupes Lorraines parurent devant la Ville, les ennemis l'abandonnerent, & les Lorrains commencerent auffitôt à la fortifier. Le Roi fit alliéger cette place fur la fin de la même année par le Duc de Longueville, qui l'emporta après quinze jours de Siege, & les Officiers & Soldats furent faits Prifonniers de guerre. Le Roi Louis XIV. en fit rafer le Château cn 1678.

A la paix de Rifvick, concluë en 1697. la Lorraine ayant été rendue au Duc Leopold, ce Prince fit fa demeure la plus ordinaire à Lunéville, & en rétablit le Château dans un état beaucoup plus grand & plus magnifique qu'il n'avoit jamais été ; le Roi Stanislas de Pologne y a ajouté beaucoup

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d'embelliffemens, & y fait auffi fa demeure ordinaire.

L'ancien Château de Lunéville étoit fort petit en comparaison de celui d'aujourd'hui; Il ne comprenoit que les deux petites aîles qui font d'un côté entre la Chapelle & le grand bâtiment qui donne entrée, & qui a vuë fur les bofquets, & de l'autre côté, l'ancien Château n'avoit que la même étendue.

La Chapelle du Château de Lunéville fut fondée par le Duc Raoul en 1343. en l'hon neur de la fainte Vierge & de faint Antoine, dans laquelle on doit chanter chaque femaine trois Mefles, favoir: le Dimanche, le mercredi & le famedi; & le Chapelain doit aller aux jours de Fêtes à Einville. Le Duc lui achete une Maison, lui donne des revenus pour fa fubfistance, & veut qu'il vienne manger à fon Hôtel, dans les jours qu'il dit la Mefle.

Le Duc Leopold I. fit bâtir les deux grands corps de logis au deffous defquels font les écuries. Boffrand en a donné les deffeins, & les a fait graver dans fon Architecture.

Le Duc fit auíli bâtir la grande aile qui eft à gauche en entrant dans les jardins, où il fe logea, & où loge actuellement le Roi de Pologne.

Ce dernier Prince a fait plufieurs embelliffemens au Château & aux jardins de Lunéville, comme le kiofque, la chinoise, & depuis le deflèchement d'un marais joignant la riviere; il a fait de fort beaux jardins, qui ont chacun un pavillon dans une Ifle formée par la Vezouze, & fon canal. On voit dans ce même jardin, quantité de figures en pierres fort bien faites. On y voit une chofes finguliere, qui eft un amas de grand nombre de rochers raflemblés avec art, & accompagnés d'une multitude de figures très bien imitées, qui font mifes en mouvement par des eaux qui coulent par derriere ces rochers, diftribuées dans des canaux de plomb. Le Couvent des foeurs grifes étoit autrefois à l'endroit où l'on voit aujourd'hui un grand jet d'eau, entre la grande aîle en entrant, & le rocher dont on vient de parler. La Paroifle de Lunéville eft dédiée fous l'invocation de faint Jacques Apôtre; les Religieux de l'Abbaye de faint Remi, de la même Ville, en font collateurs. Ce fut Pierre de Brixei, Evêque de Toul, mort en 1192. qui donna cette Eglife à l'Abbaye de faint Remi. Clément VII. confirma cette union. Après la Bulle de féparation de mense, faite en 1627. le cinq du Pontificat du Pape Urbain VIII. Charles de Lorraine, Abbé commen dataire de l'Abbaye de faint Remi, laiffa le Patronage aux Religieux, qui y nomment un de leur Communauté pour la defservir.

Décimateur, l'Abbé pour les groffes & menuës dixmes de Lunéville, Huviller, Moncel, Viller, Mchon & autres lieux qui en dépendent, excepté Froidefontaine & Champé, où il ne prend que le tiers; l'Abbé de Beaupré a les deux autres tiers; l'Abbé de Lunéville a encore la totalité de la dixme de vin du Ban de Lunéville & de Huviller.

Mais la chofe ayant fouffert quelque difficulté, les Bénédictins s'établirent d'abord à Lcomont en 1735. enfuite ayant acheté de M. le Prince de Craon, la Maison & le jardin de Mefnil, ils s'y font établis depuis l'an 1737. avec l'agrément du Roi de Pologne, du vingt-fix Août de la même année,

Il y a de plus à Lunéville un Couvent de Capucins établis en 1633. Les Carmes s'y établirent en 1707.

Les Annéxes de la Paroiffe de Lunéville, font:

I。. Huviller; Patron l'Affomption de la Vierge. Seigneur, le Sieur de Gombervaux.

2. Chanteheux, Eglife Succursale; Patron faint Barthelemi. Le Roi Stanislas y a fait bâtir une très belle Maison.

3. Le Ménil où font établis les Bénédic tins, où il y a une Chapelle. 4. Mchon avec fa Chapelle. 5. Moncelle avec fa Chapelle. 6. L'Hermitage de faint Léopold.

7. Viller, où il y a une Chapelle fondée le quatre Octobre 1630. par Etienne Gremel. Les Minimes de Lunéville y difoient autrefois la Meffe les Fêtes & Dimanches.

La Ville commença la Maison de Charité en 1724. Le Duc François III. l'autorifa par lettres du vingt-trois Mars 1736. Le Roi de Pologne y fonda deux Securs de faint Lazare, par Contrat du onze Juillet 1746. augmentées d'une troifiéme en la même année. Il a confirmé de nouveau ces Fondations de la Charité, par lettres du premier Février 1752.

Le même Prince établit en arrivant à Lunéville, une Académie de quarante-huit Cadets Gentils-hommes, dont vingt-quatre Polonois & vingt-quatre Lorrains. Leur Hôtel cft vis-à-vis celui des Pages dans l'Isle, entre Lunéville & le Fauxbourg des Carmes.

Il fonda encore les Ecoles Chrétiennes à Lunéville, par Contrat du treize Mars 1750. ces Ecoles font tenues par trois freres, pour l'inftruction des pauvres enfans de la Ville & des Fauxbourgs.

Il y a au Fauxbourg de Viller proche Lunéville, une belle Fayancerie dans laquelle on employe beaucoup d'Ouvriers. On y travaille auffi en terre de pipes à fumer, avec beaucoup de fuccès.

Le nombre des Ouvriers, l'étenduë des

bâtimens, & la qualité des ouvrages font remarquables. Jacques Chanbutte la commença fur la fin du régne du Duc Leopold, & le quatorze Juin 1731. on lui accorda des franchifes & Priviléges. En 1748. on y fit les premieres expériences de la terre de pipes cette terre foutint les premieres & les plus fortes épreuves du feu, en prefence du Roi de Pologne, de M. de Voltaire & de Madame la Marquife du Chatelet. Le Roi lui accorda le Privilége par Arrêt; ces let tres patentes font des treize & vingt-neuf Décembre 1739. La réputation de cette manufacture fe foutient, & s'augmente de jour en jour.

Le Bailliage de Lunéville comprend en viron cent Villages ou Hamaux.

CHANT E-HE U.

Chante-heu, Château près le Village de même nom, bâti par le Roi Stanislas, visà-vis la façade de celui de Lunéville, du côté des bofquets. Il y a de l'un à l'autre une belle avenue d'une demie lieuë de long; de la terrafle du donjon, la vue fe porte du côté de la Vôge & de la Suifle, à une diftance prodigieufe. Louis XV. convaleffant au retour de Metz, y fit le deux Octobre 1744. la revue de fa Gendarmerie, & partit de là pour le fiége de Fribourg.

vuë

JOLIVET.

Jolivet, autre Maison royale à l'extrémité du Village de Huviller, au fommet du côteau qui termine la vuë du Château de Lunéville, à droite de la Vezouze. Le Roi de Pologne a fait embellir cette Maison.

Ce même Prince a fait démolir depuis quelques années l'Eglife paroiffiale de faint Jacques, & en a transferè l'Office dans l'Eglife abbatiale de faint Remi, qu'il a fait bâtir en partie, &y a fait grand nombre d'embelliflemens & de préfens.

Dans les Eglifes paroifliales & abbatiales de Lunéville, il n'y a aucune Chapelle, mais de fimples Oratoires, que Louis d'HarauCourt, Evêque de Toul, declara le vingttrois Octobre 1438. être à la difpofition pute & fimple de l'Abbé régulier de Lunéville. La Commanderie de faint George, dont nous avons parlé, & qui étoit hors de la Ville, ayant été démolie en 1587. au paffage des troupes proteftantes, fut unie à la Commanderie de faint Jean de Viel-aitre, fituée aux portes de Nancy.

Le Duc Charles II. & la Ducheffe Marguerite de Bertere, fon épouse, fonderent en 1406. un Hôpital en l'honneur de la fainte Vierge-Marie, & de faint Maur-des-Fof

fes & de tous les Saints, pour le reméde de l'ame du Duc Jean, pere de Charles, de fes Prédécefleurs & Succeffeurs, à Villers près Lunéville, en la place d'un ménage & maifon, qu'ils y avoient acquis & amortis, avec une Chapelle où l'on doit dire deux Meffes par femaine, fe réfervant le droit de Patronage de la Chapelle dudit Hôpital, auquel ils affignent des revenas convenables.

L'ancien Hôpital de Lunéville fe trouvant ruiné & fans bâtiment, le Duc Leopold I. a fait faire hors de la Ville un nouvel Hôpital général, par le fecours d'une lotterie tirée en 1709.

Mr. l'Evêque de Touly a transferé la Cha pelle de faint Nicolas de Mâxe ou Mâche, avec la Fondation de la Demoifelle Noirelle, par acte du treize May 1708. De plus, la Chapelle de faint Sébastien & de fainte Catherine de Tantimont, du faint Sacrement d'Ogéviller, & de faint Fiacre dudit Ogéviller, avec les Hôpitaux d'Ogéviller & d'Einvilleaux-Jards, avec leurs fervices. Toutes ces Chapelles & Hôpitaux furent transferés & incorporés au grand Hôpital de Lunéville, par acte du fix Avril 1709.

Entre Antlup & Crevi, près Lunéville, on remarque la place d'un ancien Château, aujourd'hui entierement ruiné; on affure qu'il y avoit au même lieu un Bourg, ou Village, nommé d'Anez, & on trouve cncore d'anciens titres qui rappellent ce lieu sous le nom de notre bonne ville d'Anez, & le Ban d'Anez; & les terres dudit Ban font chargées de payer aux Seigneurs du Ban de Laitre à Antlup, une certaine mefure de bled, appellée les Pougnets. La dixme des terres. des environs de cette place, se levant par les Fermiers des dixmes de Leomont, & ceux du Curé d'Antlup.

On voit à Lunéville une Maifon de Mintmes établis en 1600. une Maifon de Filles de fainte Elifabeth, fondée par le Duc René II. en 148 1. elles étoient placées au lieu où font aujourd'hui les bofquets, d'où on les a tranfferées au lieu où elles font à préfent.

Les Filles de la Congrépation de NôtreDame, furent reçues à Luneville le cinq Novembre 1629.

Les Bénédictins font établis au Ménil, proche Lunéville, depuis l'an 1737. Le Duc Léopold ayant témoigné plufieurs fois fouhaiter que l'on bâtit à Luneville une M ifon de Bénédictins réformés, par le moyen d'un démembrement de quelques fonds de la menfe abbatiale de Senones. Dom Augustin Calmet fit ce démembrement en 1734. & obtint des Bulles de Clément XII. confirmati ves de cet établiffement.

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