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donna la direction du nouveau Monaftere à un Religieux nommé Jean, qui enfeignoit alors la Théologie à Tréves.

Dès que la Maison fut logeable on y fit entrer des Religieufes de S. Dominique, qui y font encore aujourd'hui. La Comteffe Ermenfinde, dont le plus grand plaifir étoit de contribuer à la gloire de Dieu, & à la propagation de fon culte, confirma tout ce que Thierri fon Echanfon avoit fait en faveur de Marien-thal, & y ajouta encore de nouveaux biens.

Peu de tems après, Theodoric & Albert, fils du Fondateur, du confentement de leurs femmes Adelaïde & Elifabeth, & avec l'agrément de leur mere Agnès, ajouterent quelques biens à ceux que le Fondateur avoit fait à Marien-thal, & l'odeur de la bonne vie des Religieufes de cette Communauté fe répendant au loin, Jeanne Comtefle de Flandres, conçut le deffein de fonder à l'Ifle, une Communauté de même inftitut. Elle en écrivit au Pape Grégoire X. qui envoya un bref datté du vingt-fix Acût 1275. au Provincial des Dominicains d'Allemagne, lui enjoignant d'envoyer une Religieufe de Marien-thal, propre à élever de jeunes Novices dans le même efprit qui animoit la Communauté de Marien-thal. On y envoya Guille mette d'Antoing, qui répondit parfaitement à l'efpérance qu'on avoit conçue de fon mérite & de fa fagefle. L'efprit de régularité & de retraite s'eft jufqu'aujourd'hui confervé dans ces deux Communautés. On peut voir au long la vie de Guillemette d'Antoing, fille du Comte de Vianden, dans l'hiftoire de Luxembourg, Tom. 5. pages 7. 8. 9.

10. &c.

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dans les anciens géographes. Son nom de Marfallum vient apparemment de ce qu'elle eft fituée dans un marais que forme la Seille en cet endroit, mais fi le briquetage de Marfal eft l'ouvrage des Romains, comme on n'en peut gueres douter, il faudra convenir que ce lieu eft très ancien, & que c'étoit un camp Romain fitué fur la route de Metz à Strasbourg.

Dans les monumens du moyen âge, MarHift.de fal eft nommé tantôt Bodatium, tantôt vicus Lorr. & 1. Marfallum. Le terme Bodatius, vient appa- pag. 165. remment de l'ancien allemad Boden & Budé, que les auteurs de la balle latinité ont rendu par Botta, ou Lacuna, (a) un marais, d'où vient apparemment le nom de bouë. La ville de Vic eft auffi nommée Bodefius-vicus, à caufe du terrain boueux où elle eft fituée fur la riviere de Seille, de même que Marfal.

Quant au nom de Marfallum, il fe trouve dans un titre de l'an 709. qui'eft une donation faite à l'Abbaye de S. Mihiel par le Comte Vulfonde fon fondateur: dans un autre titre de l'Abbaye de Munster en Alface, de l'an 844. le Roi Lothaire décharge cette Abbaye du peage qu'on exigeoit pour les fels qu'on tiroit de Marfallum (b). Dans un diplôme de l'Abbaye de S. Denis en France, de l'an 9. de Charlemagne, qui revient à l'an 777. de J. C. Marfal eft nommé Bodatium, feu Marsallum (c).

Le Martyr faint Livier eut la tête tranchée fur le revers d'une montagne, au pied de laquelle eft la Ville de Marfal, & fur laquelle on voit encore aujourd'hui deux Chapelles, l'une fous le nom de faint Jean-Baptifte, & l'autre fous celui de faint Livier. Ce Saint fouffrit le martyre après le milieu du fixiéme fiécle; on ne fait pas diftinctement l'année de fa mort. Il eft honoré à Marfal & à Metz le 25. de Novembre: mais les actes de fon martyre font fi défectueux, qu'on n'y peut faire aucun fond. D'ailleurs on ne dou te pas que Marfal n'ait fubfifté avant le fixieme fiecle, mais il y a apparence qu'alors il n'étoit pas fortifié, & n'étoit confidérable que par fes Salines.

Hift. de Lorr. t. 1.

Pag. 339.

Prevet.

En 1235. dans un partage fait entre Lau- Archives rette, femme de Geoffroi d'Apremont, & de Lorr Mahaut & Jeanne, fœurs de ladite Laurette, il eft dit que Mahaut & Jeanne auront pour leurs parts le Vau de Coloigne, la Cour de Rumelvanges, Kultanges, Malftat & Marfal, qu'elles pourront faire une forterefle où elles voudront, excepté à Marsal, Malstac & Kultanges. Les raifons de ne pas fortifier Marsal ne fubfistoient plus apparemment en

(c) Felibien hift. de S. Denis, preuves, p. xxxviij. Patellas ad fal faciendum in vice Bodatio, feu Marfallo. Peut-être qu'ici vicus Bodarius lignite Vie, & Marjallum, Marial; & que feu cit mis pour vel, disjonctif.

1251.

Hiftoire de
Lorraine,

ECCCLXXXIII.

XXXIII.

1251. puifque Renaud, Comte de Caftres,
Sire de Bitche, reconnoit tenir ligement en
fief & hommage de Madame Catherine (a),
Ducheffe de Lorraine fa belle-four, & de
Ferri III. son neveu, tout ce qu'il a à Lenon-
court, Sauxures & Martal, & qu'il a la li-
berté de faire tout ce qu'il voudra à Marfal:
ce qu'on peut entendre ou de la liberté de
fortifier cette place, ou de la vendre. Il pa-
roit certain qu'il nela fortifia pas, & méme
que cette ville revint au Duc Ferri III. puif-
que ce Prince céda Marfal à Jacques de Lor-
raine fon oncle, Evêque de Metz, frere de
Renaud de Lorraine Comte de Caftres. Fer-
ri lui céda Marfal en 1259, & Jacques, Evê-
que
de Metz la fit fortifier, & la donna à
fon Eglife de Merz, par fon teftament de
l'an 1260. Depuis ce tems les Evêques de
Metz ont joui de la Seigneurie directe & uti-
le de la ville de Marfal.

Richerius hiftorien de l'Abbaye de Seno-
Hif. de
nes, parle au long d'une fille nommée Sy- Lorr. t. 2.
bille, qui demeuroit à Marsal ; on afluroit P.
qu'elle ne mangeoit point, & qu'elle étoit
nourrie par les Anges qui lui apportoient
une nourriture célefte. L'Evêque Jacques
de Lorraine s'y tranfporta en grande com-
pagnie, & découvrit enfin la fourberie de
Sybille.

Il eft remarquable que dans les lettres de ceffion de l'an 1259. il eft dit que le Duc tom. 2. p. Ferri III. donne à fon oncle Jacques, Evêque de Metz, 200. livrées de terre à Tournois, pour en difpofer à fa volonté, pour l'aflurance de laquelle fomme il lui aban donne tout ce qu'il a à Vic & à Marfal.

Hift. de Lorr. t. 1.

7. 1000.

La Collegiale de Marfal fut fondée en 1222. par Clemence, Abbeffe de Neu-munfter au Diocèse de Metz; cette Abbaye eft aujourd'hui supprimée depuis les hérélies des derniers tems: mais le Chapitre de Marfal fubfifte, & eft composé d'un Prevôt & de fept Chanoines. La dignité du Prevôt eft élective, en vertu du titre de la fondation. Les places des Chanoines devroient aufli être à la nomination du Chapitre, mais les Evêques de Metz font en pofleffion depuis longtems d'y nommer.

La Cure de Marfal eft unie au Chapitre du même lieu, par lettres de Jean de Neuchâteau, Evêque d'Oftie, administrateur de I'Evêché de Toul, du dixiéme Mars 1396. en vertu d'une Bulle du Pape Benoît XIII. du 10. Septembre, étant à Avignon, la premiere année de fon Pontificat, avec permiffion aux Chanoines de la faire deflervir par un d'entr'eux. Mais depuis plus de deux cens ans la charge de Cure eft annexée à la dignité du Prevôt du Chapitre.

Il y

avoit dans la même ville un Couvent de Capucins, mais ils n'y ont plus qu'un hofpice, ayant transferé leur Couvent à Dieuze. Il y a auffi une maifon de Religieufes de la Congrégation.

Marfal a fa coutume particulière rédigée fous le Duc Charles III. & homologuée par Charles IV. le 13. Mars 1624.

Archive

Sc. n. I.

Après la mort de l'Evêque Jacques de
Lorraine, Laurent, Evêque de Metz, de Lorr.
homme d'un efprit guerrier, hardi & in- Layette
quiet, fut prefque toujours en guerre avec Moyenvic,
le Duc Ferri III. Il fut fait prifonnier en
Marfal,
1173. aux environs de Marfal. Le Duc Fer-
ri s'empara de cette ville, & se fit donner
par les Magiftrats une déclaration de ce
dont jouifloit l'Evêque de Metz dans cette
ville & dans les villages en dépendans.

L'année fuivante 1274. l'Evêque Laurent
ayant recommencé la guerre contre le Duc
Ferri III. on fit la paix par la médiation de
deux Cardinaux, & pour affurance de la
paix, & de la parole de l'Evêque, on don-
na au Duc des otages de Vic & de Marfal;
le Duc rendit ces otages en 1284 à l'Evê-
que Bouchard, fuccefieur de Laurent.

En parlant des monnoyes de Metz en un autre endroit, nous avons montré que les Evêques de cette Eglife avoient autrefois frappé de la monnoye à Marfal, on voit de ces monnoyes fous le nom d'Ademar de Montil, Evêque de Metz depuis 1327. jufques 1361.

1273.

Le Duc de Lorraine Jean I. du nom, fe Chronique rendit maître de Marfal en 1369. par le du Doyen moyen de trois gentilshommes & de quel- de S. Thie ques foldats déguifés en laboureurs, qui fe baut de faifirent d'une des portes à la pointe du jour, Metz. entrerent dans la ville & la pillerent.

Thierri Bayer de Boppart, Evêque de Metz, qui étoit à Vic, en fut bientôt averti, & pria fon beaufrere, Jean, Seigneur de la Pierre, d'aller au fecours de la place. Jean entra dans la ville avec fon monde, par une faufle porte, qui étoit inconnuë à ceux qui s'étoient emparés de Marfal, il les tailla en pieces, & en prit 70. prifonniers qu'il fit conduire au Château de Vic.

Le Duc Jean ayant appris la prise de Marfal, en témoigna une grande joye, mais elle fut courte, puifque la ville fut reprise le même jour : ce qui donna lieu au proverbe c'est la joye de Marfal, qui eft de courte durée.

Le Duc Charles II. admodia en 1426. les Salines de Marfal & de Moyenvic, auprès de Conrade Evêque de Metz, pour la fomme de trois mille florins & cent muids

(^) Catherine de Limbourg mere du Due Ferri III. épouse du Duc Mathieu II. frere de Renaut & père du Due Ferri III

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toute propriété, en récompenfant l'Evêque de Metz au profit de l'Evêché.

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M. Fouquet de la Route, homme de cœur & zélé catholique, fut trahi par quelquesuns des fiens, gagnés par les huguenots, qui fe faifirent de Marfal, & firent périr M. de la Route le 17. Avril 1589. Son Epiraphe fe voit dans l'Eglife Collegiale de Marfal. Hift. de Les Proteftans maîtres de cette place, - Lørr. t. 1. porterent fi loin leurs infolences, & commirent tant de défordres dans le pays, que le Duc Charles III. fut obligé d'affiéger cette ville. Il s'en rendit maître, & y fit de nouvelles fortifications.

P. 1454. 1457.

Jufqu'alors Marfal étoit demeuré en proprieté aux Evêques de Metz, en vertu de la ceffion qui leur en avoit été faite par Jacques de Lorraine, Evêque de cette ville, en 1260. mais depuis la conquête qu'en fit le Duc Charles III. ce Prince confiderant l'imdefeription portance de cette conquête, en fit l'acquide la Fran- fition auprès du Cardinal de Lorraine fon ec.p.174. fils, Evêque de Metz, le 14. Décembre 1593. ce qui fut autorisé par une Bulle du Pape Clement VIII. & par le confentement du Chapitre de Metz en 1575.

Longuerue

195.

1593

Par ledit traité d'échange qui eft de l'an le Cardinal de Lorraine, Evêque de Metz, céde au Duc Charles III. fon pere, la ville de Marfal & toutes les dépendances, & tout ce qui lui appartenoit à Juvelize, Haraucourt, faint Medard & Donnelay. Et le même Duc céde réciproquement auaudit Cardinal Evêque de Metz, ce qui lui appartenoit à faint Clément & au ban dudit lieu favoir, la ronce & chennevieres, à Remeréville, Velaine, Herbéviller, Buiffoncourt. On peut voir dans les preuves le Traité de 1593.

Hift.de Par le traité de paix de l'an 1544. entre Lorr. t. 3. le Roi Henri IV. & le Duc Charles III. fait p. CCCCL à S. Germain-en-Laye, il fut arrêté dans l'Article 3. que ledit Duc & fes fucceffeurs dans la Lorraine, jouiroient de Marfal en

Vers le même tems le Duc Charles III. donna fes Lettres pour le bon gouvernement de la ville de Marfal, pour regler les loix, charges, droits & privileges.

En 1620. le Duc Henri II. fit travailler aux fortifications de Marfal. Sur la fin de Décembre 1631. le Roi Louis XIII. fit in. veftir cette place par le Duc de la Force; au commencement de l'année fuivante, le Duc Charles IV. par le traité qu'il fit à Vic avec le Roi Louis XIII. le 10. Janvier 1632. promit de remettre Marfal entre les mains du Roi, qui de fa part s'engage de rendre la place audit Duc au bout de trois ans, lui laiffant cependant la jouillance des Domaines en dépendans; ce traité fut confirmé à Liverdun la même année, & à Charmes en 1633.

En 1641. par un autre traité paffe entre le Duc Charles IV. & le Cardinal de Richelieu, il eft porté Article 4. que Marfal fera rasé avant que d'être remis audit Duc, & ne pourra jamais être fortifié mais le Roi s'étant faifi de la Lorraine, Marsal ne fut point démoli.

:

Par le traité de Montmartre du 6. Février 1662. le Duc Charles IV. avoit cédé au Roi, fes Duchés de Lorraine & de Bar; cependant il ordonna à Baillivy, qui commandoit à Marfal en l'absence du Marquis d'Haraucourt qui en étoit Gouverneur, de défendre la place: le jeune Prince Charles V. neveu de Charles IV. vint en diligence de Vienne en Autriche, & se jetta dans Marfal pour la défendre au cas de fiége. Mais le Duc Charles IV. craignant les fuites de cette guerre, fit un nouveau traité avec le Roi à Metz le dernier Août 1663. par le quel il promettoit de remettre à Sa Majef té dans trois jours, la ville de Marfal en l'état où elle fe trouveroit, pour être par Sadite Majefté difposé de cette place ainfi que bon lui femblera; & au cas qu'il la faffe démolir, le Duc jouira, ainfi que du paffe, de la ville de Marfal, du Domaine & des Salines: & s'il la conferve en l'état où elle eft, il donnera au Duc un dédommagement fa fatisfaction.

3

Le Rois'étant faifi de la Lorraine en 1670. Marfal fuivit le fort des autres places du pays, & le Roi la fit démolir en 1681.

La paix de Risvik rétablit en 1677. le Duc Léopold dans fes Etats, fur le même pied que le Duc Charles IV. fon oncle les pofledoit en 1670. En 1699. le Roi fit relever les fortifications de Marfal; le Duc y conferva le Domaine, comme il avoit été réglé par le traité de Marfal de l'an 1663. & c'est

de bafe au briquetage, & fur lequel eft bâtie la ville de Marfal.

l'état où demeura Marfal jufqu'à la ceffion de' la Lorraine faite au Roi Louis XV. en 1736.

Sur la route de Marfal à Blanche-Eglife, on voit plufieurs veftiges d'une ancienne chauffée, qui s'alignoit précilement à Tarquinpole. Les chauffees Romaines paffoient affez près de Marfal, & c'étoit pour la fûreté de ces chemins, que les Romains firent fur la Seille, & au lieu où eft aujourd'hui bâtie la ville de Marfal, ce briquetis, oubriquetage fameux, que M. de la Sauvagere vient d'expliquer avec tant de foin & d'exactitude dans fon ouvrage intitulé ; Recherches fur la nature & l'étendue d'un ancien ouvrage des Romains, appellé communément le Briquetage de Marfal, imprimé à Paris en 1740.

Briquetage de Marfal & de Moyenvic. On remarque auprès de Marfal une antiquité bien extraordinaire, c'est le briquetage de cette ville, qui confifte en une quantite prodigieufe de terre cuite au feu, d'une figure très irréguliere, formée apparemment par la main du foldat, fans autre préparation, puis jettée dans le fourneau à briques, & enfin répandue avec profufion & confufion dans le marais que forme la Seille près Marfal, à la longueur de près de huit cens toifes de l'orient à l'occident. Toute la ville & les fortifications de Marfal, font bâties fur ce briquetage, & il s'étend encore à plus de deux cens toifes plus loin que la ville, vers l'orient, toujours dans le marais.

Les morceaux des briques qui compofent ce briquetage, font d'une terre cuite, prife aux environs des villes de Marfal & de Moyenvic, toutes deux fituées fur la Seille, à une affez petite diftance l'une de l'autre, ees briques n'ont point été moulées, les unes font en cylindre, d'autres en espéce de cones, ou de parallelipede, ou de figures informes. On en voit où l'empreinte de la main eft parfaitement marquée. Il y en a dont la terre eft a été tortillée & preflce autour d'un brin de bois. Les plus gros morceaux de ces briques ont environ dix ou onze pouces de pourtour, fur fept, huit, neuf, dix, onze pouces de longueur. Les autres font d'une moindre groffeur. Il y en a qui font extrémement petites, & qui mêlées confufément les unes parmi les autres, groffes, moyennes, petites & très petites, avec la cendre & les autres débris qui fe rencontrent dans les fournaux à chaux, & & jettées confusément dans le marais, fans mortier ni chaux, ni aucune matiere, forment un corps ou maflif de l'épaiffeur de trois, quatre, cinq & jufqu'à fept pieds, posé fur l'ancien marais, qui fert comme

Au defius de la fuperficie du briquetage, il s'eft formé par la fucceffion des tems, un autre marais de l'épaifleur de fept, huit, neuf, dix & jufqu'à onze pieds d'épaifleur; ce fecond marais ne s'étend pas dans l'intérieur de la ville, mais feulement au dehors: dedans la ville c'eft un terrain folide qui a beaucoup plus de profondeur que ce marécage extérieur, que nous venons de nommer fecond marais. En certains endroits de la ville, le briquetage fe trouve à fleur de terre, en d'autres endroits on ne le rencontre qu'à vingt ou vingt deux pieds de profondeur.

Toutes les parties qui compofent le briquetage, font tellement liées enfemble, par la vale qui s'eft introduite dans les joints & les intervalles des briques, qu'elles ne forment plus qu'une malle très difficile à percer, & prefque auffi folide qu'une bonne voûte. En creufant pour le bâtiment des Religieufes de Marfal, on a trouvé à vingtdeux pieds de profondeur, d'anciens fourneaux de figure ovale, faits de briques, dans lefquels on fondoit du cuivre. Ces fourneaux étoient bâtis fur le briquetage; & ce qui fait conjecturer que tout ceci eft l'ouvrage des Romains, c'eft qu'on y a auffi trouvé le fond d'un vafe d'argile avec le nom du Potier qui l'avoit fait, CASSIUS, F. Caffius fecit: on fait on fait que les ouvriers mettoient ainfi leurs noms fur leur potterie.

Le premier marais fur lequel & dans lequel on a jetté les briques ou terre cuite, qui compofent ce briquetage, eft compofé d'une boue ou vafe extrémement gluante, & qui n'a point de fond, ou plutôt dont on n'a pû encore trouver le fond, n'étant gueres poffible de creufer fi profondément.

La ville de Moyenvic fituée à diftance à peu près égale, entre Vic à l'orient, & Marfal au couchant, cft aufli bâtie à une extrêmité d'un briquetage qui s'étend du midi au nord, mais qui eft moins long que celui de Marfal. Moyenvie occupe la partie méridionale de ce briquetage, & l'Eglife de S. Pient eft fituée vers l'extrémité feptentrionale.

Enfin à l'extrémité du village de Burtecourt, fitué au-deflus de Vic & de Salone, à l'orient de ces deux lieux, on trouve auffi un petit briquetage de forme quarrée; mais le village ne le touche point, & il n'y a nul édifice qui foit bâti fur fa fuperficie. Il n'a qu'environ trente toifes en quarré.

Quand on envifage sérieusement cette entreprite du briquetage dont nous venons de parler, on ne peut s'empêcher d'admirer &

la grandeur de cet ouvrage, & l'étendue du pouvoir de ceux qui l'ont exécuté, & la magnificence réelle, quoique prefqu'entiérement enfevelie fous les eaux, d'une telle entreprise. Les Entrepreneurs choififfent un marais, au milieu de tant d'autres lieux où ils pouvoient commodément alleoir leur camp il faut remplir ce marais, le rendre habitable & folide fans en deilecher les eaux, il faut en quelque forte forcer la nature, & braver les difficultés qui paroiffent infurmontables. Il faut faire voir à tout le monde que rien n'eft impoffible aux Romains: car à quel autre peuple peut-on attribuer un deflein de cette nature? quelle autre puiffance étoit capable d'en former le projet & de l'exécuter? le Général de ces troupes, quel qu'il foit, n'ayant point d'ennemis en tète, vouloit occuper fes foldats: il leur ordonne de le camper au milieu des eaux, & de s'y former un terrain folide; il veut que jufqu'aux gardes avancées, à trois lieues de là, à Burtecourt, elles ayent un lieu d'aflurance pour le loger, Il place une partie de fon armce à Moyenvic, apparemment la Cavalerie, pour être dans un moment & aux premiers ordres, à portée de fe reunir à celles qui font à Marfal, afin de s'entrefecourir. Voilà ce qui s'appelle vifer au grand & au folide, & braver les plus grandes difficultés.

MARS-LA-TOUR, vulgairement MA-LA-TOUR, & PIEXIEUX,

fon Annéxe.

MARS-LA-TOUR, Martis turris, VilLonguerue lage fitué dans la Voivre, fur le chemin de defeription Verdun à Metz, cédé à la France en 1661. de la Fran- Ce licu eft détaché de la Prevôté de la Chaufce, partie 2. p. 102. fee, dont le Siége eft préfentement à Thiau

Hift. de

Lorr. t. 2.

p. CCLI

court.

Il y avoit autrefois plufieurs Seigneurs propriétaires qui jouifloient du domaine utile de Ma-la-tour, mais qui reconnoilloient pour Seigneurs directs les Evêques de Metz, dont on voit les actes de reconnoiffance depuis l'an 1317. jufqu'en 1500. dans l'Arrêt de réunion donné à Metz le 13. Juin 1630.

En 1523. il y a une vente faite par Guillaume Défarmoifes, Ecuyer, Sieur de Neuville, & Ifabeau de Moulton, fa femme, à Gerard d'Aviller, Sieur de Ma-la-tour, Bailli de St. Mihiel, & Catherine d'Harancourt, fa femme, des droits, raisons & actions, à caufe de don & affignal de mariage, fur les Terres & Seigneuries de Ma-la-tour, Thionville, Bayonville, &c. moyennant fept cens frans. Archive de Lorraine.

On lit dans la chronique du Doyen de faint Thiebaut, que le famedi douze Septembre 1444. Artus de Richemont, Conne

table de France, le Sénéchal d'Anjou & Charles d'Anjou, frere du Roi René I. Duc de Bar & de Lorraine, accompagnés d'environ dix mille hommes d'arines de Marfla-tour, de Thionville, de Puxieul, de Villefur-Iron & de plufieurs autres Villes, s'en vinrent loger à Ancey, à Ars-fur-Mofelle & à Mardeney,& les prirent par accord, & fauverent leur vie environ trois jours après.

Les Ducs de Lorraine pretendoient à la Souveraineté de Marf-la-tour, & en joüiffoient comme étant les plus voifins & les plus forts. Il eft certain que pendant longtems les Seigneurs de ce lieu ont reconnu les Evêques de Metz; mais le Duc de Lorraine n'a pas laifle d'y exercer les droits de Souveraineté. La Coutume même de Nancy a été depuis long-tems reçuë à Marf-latour.

Du tems du Duc Charles III. en 1558. la Ducheffe Chriftine de Dannemarck demanda au Roi Henri III. que la garnisori françoife qui étoit à Marf-la-tour & à Buffy près Eftaing, en fuflent ôtées, & que l'on réprimât les entreprises des Juges royaux, fur les Sujets du Duc de Lorraine dans le Barrois, ce qui fut exécuté.

Mr. Louis de Fiquémont étant allé en France, offrit au Roi le Château de Marfla-tour, lui faifant entendre que c'étoit une dépendance de fa couronne: d'abord on écouta favorablement fa propofition; mais le Duc Charles IV. ayant envoyé en France le Marquis de Ville & Prudhomme, Maître V. Arrit aux requettes, ils firent voir que Marf-la-tour de réumon n'avoit aucune liaifon aux Terres de Fran- du treize ce; & ainfi la propofition de Fiquémont fut fuin 1680. rejettée. Il eft certain que M. Louis de Fi- 1.9a. quémont en 1650. loriqu'il fut queftion des reunions à l'Evêché de Metz, offrit de faire fes reprises à l'Evêque de Metz pour les trois quarts de la Seigneurie de Mari-la-tour, qui lui appartenoit, mais à condition qu'il ne fut rien innové aux ûs & Coutumes de Mars-latour, & que la Coutume de Nancy y fût fuivie comme auparavant.

Il fut ordonné qu'il feroit dans trois mois fes reprifes en préfence de l'Evêque de Metz; mais on ne parla point des limitations qu'il avoit propofees. On fait que ces Arrêts de réunion furent caffes à la paix de Riswick, & tous ces différens ont été vuidés le par neuvième article du traité de Vincennes, par lequel le Duc Charles IV. renonce en faveur du Roi à tous droits de fouveraineté, de propriété & autres, fur le lieu de Ma-latour & fes dépendances, tant fuivant les anciens droits & prétentions, qu'en tant que befoin feroit, en vertu de la renonciation & ceflion dudit Duc.

Il

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