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Particuliers firent à Saint Maxe, qui font voir que dès lors c'étoit plus qu'une fimple Chapelle, & qu'apparemment on y mit des Chanoines pour la deffervir.

Quoiqu'on ne puiffe pas fixer au jufte l'année de la fondation & de la confecration de l'Eglife Collégiale de Saint Maxe de Bar, on peut néanmoins la déterminer à peu près ainfi. Saint Gérard fut fait Eveque de Toul en 964. le Duc Frideric commença à bâtir le Château de Bar en 964. quelques années après (peut être en 992.) St. Gérard confacra l'Oratoire de Saint Maxe. Frideric ne vivoit plus en ce tems-là, mais la Ducheffe Béatrix fon Epouse vivoit,Frideric mourut en 984. & St. Gérard en 994. on ne peut donc pas reculer cette Dédicace au delà de 984. ainfi elle peut s'être faite entre 992. & 993. Quant à la Perfonne de Saint Maxe, on forme fur fon fujet quelques difficultés qu'il eft bon d'éclaircir ici. On nous écrit de Chinon en Touraine, du 28. Août 1753. (a) que l'Eglife de St. Maxe ou de St. Méme, ou St. Maxime de Chinon, ayant été incendiée par les Huguenots, Meffieurs du Chapitre ont perdu la plupart de leurs Titres & Monumens anciens. Que toute fois leur Legende porte, que Saint Maxe étoit forti d'une Famille noble d'Acquitaine, qu'on prétend même que fon Père étoit Gouverneur de Loudun, fous l'Empereur Julien l'Apoftat; que Saint Maxe avoit pour Frères Cadets, Saint Maixant & Saint Jouïn, tous deux fucceffivement Eveques de Poitiers, & qu'il paffe pour certain, qu'il fut inftruit par Saint Hilaire Evêque de Poitiers, qui fut rélégué en Phrygie par les Arriens, qu'enfuite Saint Maxe vint trouver Saint Martin Evêque de Tours, qui l'ordonna Prêtre. De là il fe retira dans une Solitude près la Ville de Chinon, qui n'étoit alors qu'un très petit Bourg. La réputation de fa vertu lui attira bientôt des Difciples & des Imitateurs, en particulier Saint Louand. Après une vie très éxemplaire accompagnée de plufieurs Miracles, il mourut à Chinon le 20. d'Août, âgé de foixante & dix ans, & fut enterré par Saint Martin, dans la Chapelle dédiéc à la Vierge, au Monaftère qu'il avoit bâti à Chinon. L'Eglife fubfifte encore aujourd'hui fous le titre de Saint Méme, deffervie par une Collégiale célébre.

La Lettre ajoûte, qu'on prétend que le Corps de Saint Maxe fut transféré au tems des perfecutions, à l'Ifle-Barbe près Lyon, où il y avoit autrefois un Chapitre fous le nom de Saint Maxime, qui vient d'être uni il y a cinq ou fix ans à la Cathédrale de (a) Lettre de Mr. Perrault Chanoine de Chinon, au R. P. Dom Augustin Guillemin, Religieux de Senones.

Lyon. On fait à Chinon la fête de cette Translation le 29. Octobre. C'est ce que porte la Légende de Chinon. Meffieurs du Chapitre de Chinon, ayant redemandé à ceux de Bar quelques portions des Reliques de leur Saint Patron, ils en obtinrent quelques offemens du Chef, comme il paroît par le Procès-Verbal & le Certificat, en datte du 8. de Juin 1598. fignez, que l'on conserve dans la Chaffe du Saint, à Chinon.

Les Chanoines de Chinon confervent dans leur Eglife le Livre des Evangiles, què Saint Méme avoit avec lui, lors de fon nau frage dans la Saône, raporté par St. Grégoire de Tours. (b) Ils confervent auffi fon Etole & fa Chappe qui eft fort grande, faite à l'antique, fans Orfroy, ayant au lieu du Chaperon, une espéce de petit Capuce pointu. Elle eft abfoluinent fans coûture & faite d'une écorce fort fine, d'un fond violet brun, chargée d'une quantité prodigieufe de Léopards, couleur jaune foncé.

Ils ajoutent qu'il y a environ vingt-huit ans, qu'en démolisfant un ancien Autel dans l'Eglife de faint Méme ou Maxime de Chinon, on trouva dans les fondemens dudit Autel une boëtte pleine d'offemens, avec un morceau affez confidérable de la Chappe dut Saint dont nous avons parlé, qui étoit auffi brillante, que fi elle fortoit de la main de l'ouvrier, avec une infcription dont on ne pût lire que ces mots: Hic funt Reliquia Apoftolorum & Sanctorum. La circonftance de la Chappe de faint Maxe pourroit faire croire, que lui-même auroit placé les Reliques en cet endroit.

Jufqu'ici nous avons fuivi la Légende dé S. Méme ou Maxe ou Maxime de Chinon,avec les remarques de M. le Chanoine Perrault,

Ce qu'il avance de l'instruction de faint Maxe par faint Hilaire Evêque de Poitiers, & de la fepulture donnée à faint Maxe par faint Martin, tout cela eft infoutenable, toute la Chronologie y répargne. La translation des Reliques de St. Maxe à l'Ile-Barbe, n'eft pas plus certaine, non plus que ce que l'on avance de la Famille de faint Maxe. Nous mettons tout cela au rang des Histoires fabuleufes ou apocryphes.

Venons à préfent aux fources, d'où l'on peut tirer plus fûrement la verité de cette Hiftoire. Le premier Auteur qui ait parlé de faint Maxime, eft Grégoire de Tours, qui nous apprend (c) qu'il avoit en main une Vie de faint Maxime écrite en vers, & qui portoit que faint Maximin étoit Disciple de faint Martin; que le défir de vivre inconnu au monde, l'avoit porté à fe retirer au Mo(b) Gregor. Turon. lib. de gloria Confeffor. 6. 22. p. 912. (c) Hiff. de gloria Confefforum, cap. 22. K

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naftère de l'Ile-Barbe, que fon mérite écla-
tant l'y ayant
fait connoitre, il fut obligé de
retourner dans fon Païs; mais comme il paf-
foit la Saône, la Barque où il étoit, ayant été
fubmergée, il échapa heureusement du dan-
ger, ayant à fon coû le Livre des Evangiles,
&les Inftrumens de fon Miniftere journalier,
Minifterium quotidianum, c'eft-à-dire, le Ca-
fice & la Paténe, pour dire la Meffe.

Echappé de ce danger, il arriva heureufement à Chinon en Touraine, où il bâtit un Monaltère. Quelques-tems après, Giles, Préfet des Troupes Romaines, ayant affiégé cette Place, & ayant bouché un Puit dont les Affiégés tiroient l'eau pour leur befoin, faint Maxime touché de leur extrêmité, obtint du Ciel par fes Prières, une pluye fi abondante, que tout le Peuple eut dequoi appaifer fa foif, & à remplir tous leurs Vafes qu'il leur avoit dit d'apporter fur la Place publi. que, leur promettant de l'eau en abondance; la tempête fut accompagnée de tonnères, de foudres & d'éclairs fi terribles, que les Affiégeans effrayés furent contraints de lever le Siège. On croit que ceci arriva vers l'an 463. Saint Maxime mourut dans fon Monastère dans un âge avancé, & y fut enterré. Dieu fit éclater le mérite de fon Serviteur, par un grand nombre de guérisons miraculeufes, dont faint Grégoire de Tours raporte P.Theodor. deux des plus fignalées, d'un jeune Garçon Ruinart,in & d'une jeune Fille appartenans à fon Eglife Gregor. de Tours, dont il fut témoin, & y reçurent Turon. la fanté.

Note R.

Mâzures

de e

L'ancien Livre de la Vie de faint Maxime, ne se trouve plus, mais on en cite un autre qui fe conferve au Monaftère de Marmoutier, où l'on ne voit que peu de chofes, hors ce que nous venons de voir dans Grégoire de Tours.

écrite à Philon, qu'il nomme fon Frère vénérable, & Prêtre comme lui, par laquelle il le prie d'engager le vénérable Abbé Maxime qui gouverne le Monaftère de l'Isle-Barbe, à fortir de fon Abbaye & de le venir trouver, & de lui dire qu'il lui prépare une demeure & des Livres, parce qu'il avoit dessein de paffer le Carême avec lui. Il lui envoya en attendant, trois cens mefures de provifions, annona, apparemment de froment, deux cens mesures de vin, deux cens livres de fromage, & cent livres d'huile, pour la nourriture de fa Communauté.

Si cette Lettre de Saint Eucher regarde notre St. Maxime, comme nous le croyons, on peut fixer fon âge & fa demeure à l'IleBarbe, vers l'an 450. puifque Saint Eucher vivoit à Lyon en 440. & que le Siège de Chinon par le Préfet Giles ou Gillon, arriva en 463. Je fai qu'il y a quelques difficultés fur cette Lettre de faint Eucher, touchant faint Maxime, (d) & que Mr. Baluze croit que l'Abbé Maxime dont il eft parlé dans cet Épitre, eft un autre Maxime, dont Leidrade Evêque de Lyon, parle dans une Lettie à l'Empereur Charlemagne.

Mr. Le Laboureur dont j'ai cité l'Ouvrage dans fes deux Tomes de fon Hiftoire de l'IleBarbe, ne dit pas un mot de la demeure de Saint Maxime en l'Ifle-Barbe, ni de la translation de fes Reliques en ce Monaftère. Mais il montre que fon culte y étoit en honneur, de même que celui des SS. Benoit, Parent de Charlemagne & de Saint Ambroise, tous trois Abbés de ce célébre Monastère, & inférés dans fon Calendrier.

D'autres Savans critiques font partagés fur la perfonne de faint Eucher de Lyon. Les uns, comme Pierre-François Chifflet dans fon Saint Paulin illuftré, partie 1. chap. 19. Le La- M. Le Laboureur ancien Prevôt de l'Ifle- M. l'Abbé Antelmi dans une Differtation boureur, Barbe, dans l'Hiftoire de cette Abbaye qu'il particulière, & M. de Tillemont, Hiftoire a compofée fous le titre de Mazures de l'Ile- Eccléfiaftique, Tome 15. foutiennent qu'il Barbe, imprimée à Paris, en deux Volumes n'y eut qu'un feul Eucher Evêque à Lyon ; in-quarto en 1681. raconte auffi l'Hiftoire en quoi ils conviennent avec tous les plus de faint Maxime, qu'il a tirée de la Légende anciens Catalogues des Archevêques de confervée à Chinon, ainsi que nous l'avons Lyon, & avec tous les Auteurs des Martyrapportée, d'après la Lettre de Mr. le Cha- rologes. noine Perrault; mais il avoue qu'il y a dans cette Légende quelques particularités apocryphes.

Barbe, t. 2.

pag.75.

Dans un autre endroit il dit, que faint Eucher Evêque de Lyon avoit une eftime fi particulière pour faint Maxime, qu'il le faifoit fouvent venir de fon Monastère de l'IleBarbe, à Lyon, pour les affaires de fon Diocèfe, lui donnant le foin d'en faire la vifite en fon absence.

D'autres Savans, comme Baronius fous l'an $29. M. de Sponde fon Abbreviateur, Severtius, dans fon Hiftoire des Archevêques de Lyon, les Bollandiftes en plus d'un endroit, & le P. Théophile Rainaud, dans un Ouvrage compofe exprès, & le R. P. Mabillon dans fes Notes fur la vie de fainte Confortie, Tom. 1. des Actes de Saint Benoit, & enfin M. de la Mare, dans l'Hiftoire de l'Eglife de Lyon.

Les Auteurs de la Gaule Chrêtienne après Il raporte une Lettre du même St. Eucher avoir mûrement pefé les raifons de ces deux (d) V. Gregor. Turen. opera & ftudio Domini Theoderici Ruinart, in addendis & emendandis, pag. 1406.

Gallia fentimens, se sont déterminés pour celui qui Christiana. admet deux Euchers Archevêques de Lyon. t.iv. p. 20. Le premier qui a gouverné cette Eglife de21.&feq. puis environ l'an 427. jufqu'à vers l'an 450. P. 430. & le fecond qui a vécu depuis l'an 520. ou

Seq.

Ibidem, 7.222.

environ, jufques vers l'an 530.

retur, &c. Ce Paffage prouve évidemment que Maxime, Ambroife & Licinius ont gouvernés comme Abbés, le Monastère de Ifle-Barbe, avant Charlemagne, fous les Evêques Eucher, Loup & Genefius. Ainfi il n'y a nulle néceffité de reconnoitre deux Quant à Saint Maxime qui fait le principal Maximes Abbés de l'Ifle-Barbe. Mais je ne fujet de cette Differtation, les mêmes Auteurs fait pas difficulté de reconnoitre deux Saints de la Gaule Chrêtienne, foutiennent, qu'il Euchers, qui ont gouvernés l'Eglife de Lyon ne fut Abbé de l'Ile-Barbe que fous l'Evêque en des tems différens. Les foufcriptions des Loup, fuccefleur du fecond faint Eucher, Conciles où s'eft trouvé le deuxième Saint & qui vivoit en 5 38. Leidrade dans fa Lettre Eucher, en font des preuves allez sensibles, à Charlemagne parle très avantageusement de l'Abbé Maxime, & dit que les Evêques de Lyon lui confioient le gouvernement de leur Diocèfe, en leurs abfences.

Reste à savoir si faint Maxime de Chinon, a été Abbé de l'Ile-Barbe. Saint Grégoire de Tours dit exprefsément; qu'il fe retira dans ce Monaftère. Mais il ne dit pas qu'il en ait été Abbé; il ajoute qu'il en fortit pour venir à Chinon, où il bâtit un Monastère, & où

il mourut.

Il eft vrai que par la Lettre d'Eucher à
Philon, il paroit qu'il y avoit eu à l'Ile-Barbe
un Abbé du nom de Maxime, fort eftimé
d'Eucher, & qui vouloit fe retirer de cette
Abbaye. Mais on veut que cet Eucher & ce
Maxime ayent
été deux perfonnes fort dif-
ferentes de celui dont il eft parlé dans la Let-
tre de Leidrade à Charlemagne. J'ai peine
à me rendre à ce fentiment. Il eft certain,
que les Chanoines de Chinon & ceux de
l'Isle-Barbe, étoient bien perfuadés que c'é-
toit le même Saint Maximin ou Saint Maxe,
honoré à l'Ile-Barbe, à Chinon & à Bar-le-
Duc, & on ne doit pas mépriser ces Tradi-
tions locales & anciennes.

Epiftola La Lettre de l'Evêque Leidrade à CharleLeidradi magne, que j'ai devant les yeux, parle à la ad Carol. vérité d'un Abbé de l'Ifle-Barbe, du nom de mag.t. 14. Maxime, ou Maximin, mais il ne dit pas qu'il Bibl. PP. ait vécu de fon tems; il marque même bien Lugdun. p. clairement que Maxime, Ambroife & Lici233. 234. nius avoient vécus auparavant, fous les Evê

car il eft mal aisé de faire vivre le premier Saint Eucher, qui a foufcrit au Concile d'Orange en 441. jufqu'au tems des Conciles d'Arles, tenus en 524. de Carpentras tenu en 527. d'Orange en 529. & de Vaison en 529. auxquels a foufcrit un St. Eucher, néceflairement different du premier.

Pour revenir à la Collégiale de St. Maxe de Bar, quelques années après fa Dédicace, dont nous avons parlé, c'est-à-dire, vers l'an 990. le Duc Thierri Fils de Frideric, pour expier la faute qu'il avoit commife en faisant arrêter la Ducheffe Béatrice fa Mère, afin de l'obliger à lui remettre le gouvernement de fes Etats, fonda au lieu d'un Oratoire, la Collégiale de Saint Maxe, & y mit quatre Chapelains, ce qu'il fit en exécution de la Sentence du Pape Jean XX. qui lui avoit impofe pour pénitence, de fonder quatre Prébendes dans fes Etats.

Mais dans la fuite ce Chapitre fut confidérablement augmenté, enforte qu'aujourd'hui, il eft compofé d'un Doyen & de neuf Chanoines, de quatre Vicaires, & de quatre Chapelains, d'un Maître de Mufique, & de quatre Enfans de Chœur. Le Doyen de St. Maxe eft premier Chanoine de la Collégiale de St. Pierre, dont on parlerà bientôt; & réciproquement, le Doyen de St. Pierre eft premier Chanoine de St. Maxe; ils possédent chacun une Prebende dans ces deux Eglifes.

Cette Eglife de St. Maxe eft Chapelle du Château, & Paroifle des Ducs, de leur Maiques de Lyon, Eucher, Loup & Genefius & fon, & Commenfaux, & de l'Hôtel de Ville. les autres, qui leurs avoient donné des mar- La Chaffe de St. Maxe eft couverte de lâmes ques de leur confiance, en leur accordant le d'argent, par la libéralité de M. Didier le pouvoir de lier & de délier, de même que lui Bégue, Doyen de cette Eglife, qui mourut Leidrade l'avoit confié à Benoit, qui gou- le 25. O&obre 1683. Il fit la Chaffe en vernoit alors ce Monaftère. Carolus Impe- 1669. On admire en particulier dans cette rator ibidem prafecit Dominum Benedictum Eglife, la Mort, qui fert de Mausolée au cœur Abbatem... . Cui etiam Abbati tradidimus du Prince d'Orange, tué au Siège de Saint poteftatem ligandi & folvendi, uti habuerunt Dizier en 1544. c'eft l'ouvrage de Richier, Prædeceffores fui, fcilicet Ambrofius, Maximi- célébre Sculpteur de St. Mihiel. nus, Licinius. Clariffimi viri, qui locum iftum tenuerunt, quos Eucherius, Lupus atque Genefius, caterique Epifcopi Lugdunenfes, ubi ipfi deerant, aut non poterant, Adeffe, mittebant cognitores utrùm Catholica fides rectè crede

On remarque dans la même Eglife de St. Maxe un Maître-Autel d'un deflein très recherché, tout incrusté de Marbre, avec des Colonnes de même autour du grand Cadre du milieu ; on admire un Chrift en Croix,

la Sainte Vierge & Saint Jean, avec les douze Apôtres, le tout en petit, d'un Albâtre admirable, & d'un Ouvrage exquis.

En 1555. Giles de Trêves Doyen de St. Maxe, fit bâtir une Chapelle où l'on trouve des morceaux de Sculpture, qui ne cédent en rien à ceux de la plus vénérable antiquité. On y voit entr'autres les quatre Evangéliftes, & les quatre Pères de l'Eglife Latine, qu'on ne fauroit affez eftimer; toutes ces Pièces font de la même Main & de la même Pierre, que le Squélette merveilleux dont on a parlé. Âu deflus de la Corniche qui régne aux deux côtez de la même Chapelle, on a placé les douze Apôtres, qui font d'une Terre cuites mais avec des attitudes & des traits fi finis & fi naturels, que les Images de cire ne pourroient pas être plus délicates.

Le Doyen de St. Maxe eft Curé de cette Parroiffe, où il y a eu des Princes, qui y ont reçu le Baptême. Les Chanoines de cette Eglife doivent être Nobles ou Docteurs.

Le Souverain eft Collateur de plein droit de tous les Canonicats; le Doyen eft électif & confirme par l'Ordinaire, comme ayant Curam animarum. Le Prince eft en poffeffion lors de l'élection, de recommander au Chapitre un ou deux Sujets. Le Duc Léopold Edit du 30. Septembre 1698. a affecté les trois quarts des Prébendes de St. Maxe & de la Primatiale de Nancy, à des Nobles de trois dégrez du côté Paternel, & l'autre quart à des Docteurs.

par

On montre à Chinon en Touraine le Tombeau de St. Maxe, mais on convient que les Reliques du Saint n'y font plus, & que l'on n'y en conferve que celles qui y ont été envoyées de St. Maxe de Bar, comme il confte par les Certificats réciproques de ces deux Eglifes; on lit que des Hérétiques ayant affiégé & prit Chinon, profanèrent le Tombeau de Saint Maxe, en tirèrent les Reliques & les jettèrent dans les flammes. Mais qu'un Gentilhomme Lorrain nommé Hezeb, fe trouva là, & en fauva la plus grande partie, qu'il tira du feu au péril de fa vie, & les apporta à Bar-le-Duc; c'eft ce qu'on lit dans Îes Actes de ces deux Eglifes.

Il y a une troifième Collégiale de Saint Maxe, à Boulogne fur Mer, dont les Chanoines il y a environ trente-cinq ou quarante ans, demandèrent à ceux de Bar, les Leçons & Offices de leur Patron, ce qui leur fut accordé avec plaifir par ceux de Bar.

Le Roi Louis XIV. pendant qu'il occupoit la Lorraine en 1697. à la réquifition de M. de Biffy Evêque de Toul, avoit uni les deux Collégiales de faint Maxe & de faint Pierre, pour faire de l'Eglife de faint Pierre, une Parroiffe à la Ville haute de Bar; mais l'avé

nement de S. A. R. Léopold I. à la Couronne de Lorraine, qui fuivit de près cette résolution, en empêcha l'exécution.

La Mufique de faint Maxe n'eft fondée que fur les Chapelles qui font pofsédées pat des Chapelains Muficiens,qui y font nommez par le Chapitre, qui n'a d'ailleurs point d'autre fonds pour la mufique.

Le Chapitre de faint Maxe prétend être le premier Corps des Eccléfiaftiques de la Ville de Bar. Il marche fous deux Croix. C'eft chez le Doyen de faint Maxe que celui de faint Pierre & le Prieur de NôtreDame, qui en font les deux autres Chefs, doivent s'affembler pour régler l'ordre & l'heure des Proceffions folemnelles & géné rales,des Prières publiques, c'eft dans l'Eglise de Nôtre-Dame qu'on chante le Te Deum, auquel tous les Corps Eccléfiaftiques de la Ville doivent fe trouver avec leurs Croix, & que les Officiers de l'Hôtel-de-Ville, de la Prevôté & du Bailliage font aussi avertis de fe trouver à l'heure marquée.

Lorfque le Doyen de faint Maxe marche en cérémonie, il eft accompagné du Bâtonnier, qui porte de la main droite le Sceptre du Roi René I. & de la gauche une Verge garnie d'Argent, pour écarter la foule & faire place. Ce Bâtonnier marche toujours en petit Manteau, & derrière le Doyen.

La Ville de Bar reconnoit faint Maxe pour fon Patron particulier, & a recours à lui dans les néceffitez publiques de pluyes, ou de mauvais tems,ou de maladie épidémiques. Alors on porte fa Chaffe en Proceffion, & tous les Corps Eccléfiaftiques & Civiles font obligés de s'y trouver en cérémonie, le Bufte de faint Maxe contient une grande partie dès Reliques du Saint, & de plusieurs autres Reliques remarquables.

On compte jufqu'à vingt Princes ou Princelles inhumés dans cette Eglife, dont voici les plus confidérables. Le Comte de Bar Henri I. ou le Vieux, mort en 1191. Le Comte Thiébaut I. fon Fils; la Comtesse Eléonore Femme de Henri le Vieux ; le Comte Edouard I. Marie de Bourgogne fon Epouse; le Cœur du Roi René 1. celui de la Reine

Yolande d'Anjou, Epouse du Roi René II. le Cœur du Prince d'Orange, tué au Siège de St. Dizier, à côté de l'Empereur Charles V. le Comte Henri IV. & Yolande de Flandres fon Epoufe; le Duc Robert leur Fils, & Madame Marie de France sa Femme; Madame Marguerite de Garennes, Madame Marguerite de Longway; Madame Marie de Navarre.

Le Duc Léopold y époufa le 25. d'Octobre 1698. Madame Elifabeth-Charlotte d'Orléans. Dans cette même Eglife on voit les Chapelles

de Bar

Chapelles de Saint Chriftophe réunies au plufieurs Chapelles fondées par la dévotion
Chapitre en 1627. deux de Nôtre-Dame, de divers Particuliers, comme celle de l'An-
une de Saint Jean-Baptifte, une de St. Jean nonciation, de Saint Sébastien, de Saint Jean-
l'Evangeliste, de l'Annonciation, de l'Exal- Baptifte, de Saint André, de Saint Sauveur,
tation de la Ste. Croix, de Saint Etienne, de Nôtre-Dame de Pitié, de Ste. Marguerite,
de Saint Maxe. On y voit de plus les Reli- de Saint Maur, de Sainte Agathe, dont la
ques
de Saint Roüin ou Rodingue, premier plûpart font réunies au Chapitre de St. Pierre.
Abbé & Fondateur de l'Abbaye de Beaulieu Le Duc Robert en 1375. annêxa un Cano-
en Argonne. On dit que ce fut le Comte nicat de Saint Pierre à la Cure de Nôtre-
Henri III. qui enleva cette Relique de l'Ab- Dame de Bar.
baye de Beaulieu, lorfqu'il la faccagea en

1097.

par

Comme il n'y a dans la Ville de Bar qu'une feule Paroiffe fituée à l'extrêmité de la Ville Collégiale La Collégiale de Saint Pierre située en la baffe, MM. du Chapitre de Saint Pierre ont de S.Pierre Ville haute de Bar, fut fondée en 1315. (a) bien voulu permettre, qu'on fit dans leur Edouard I. Comte de Bar, avec le fecours Eglife les fonctions Curiales pour la Ville d'Anfelin de Joinville, de Pierre & d'Albert haute, moyennant cent vingt livres par an, de Noroy, Chevaliers, & de plufieurs autres, qui leur font payées par la Ville; le tout du tant Clercs que Laïques, pour des Chanoines confentement de M. Thyard de Bifly, Evêfeculiers au nombre de cinquante ou foixante, que de Toul, dans le cours de fa visite à qui dans la fuite devoient être réduits au Bar le 28. Août 1696. nombre de feize, dont le Chef devoit por- Il y a outre cela à Bar-le-Duc un assez ter le nom de Princier. De plus, il y avoit grand nombre de Monaftères; par exemple, un Doyen qui devoit être Curé des Chanoi- celui des Auguftins fondé par Robert Duc Angustini nes ; & enfin un Prevôt, à qui l'on affigna de Bar, & Marie de France fon Epoufe en à Bar. une double Prébende. Le Fondateur veut, 1366. 1372. 1385. dans un Lieu nommé que de ces feize Chanoines, il y en ait tou- auparavant le Prey de Dieu. Un Canal tiré jours quatre qui foient Prêtres, & qui faflent de l'Ornay paffe fous leur Eglife. une perpétuelle réfidence, & en outre, quatre Les Antoniftes de Bar furent fondés par Ro- Antonistes Prêtres mercénaires, ou à gage, payés par le bert Duc de Bar l'an 1385. ce Prince leur donChapitre. na en cette année fa Maifon-Dieu de Bar, avec tous fes Revenus & appartenances, fans aucune dépendance ou fujettion, finon au Pape & à l'Abbé de St. Antoine, à qui le Commandeur de Bar donnera chaque année 2. marcs d'argent en figne de fa dépendance; & à la mort il laiffe audit Abbé Général, fes Chevaux, fes Meubles & Habits.

4

Chacun de ces cinquante ou foixante Chanoines Fondateurs, confervoit pendant toute fa vie ce qu'il avoit apporté à la Maffe de la Fondation, & après fon décès, tout cela étoit réuni & confondu dans le fond des Revenus des Chanoines furvivans, jufqu'à ce qu'ils fuflent réduits au nombre de feize. Tous ces Chanoines Fondateurs devoient par année feize femaines, ou quatre mois de ftage à une heure du jour, & leurs Succef feurs vingt-une femaines, ou cinq mois & une femaine. Edouard III. Comte de Bar fe réserve à lui & à ses Héritiers la nomination à ces Canonicats.

En 1315. ce Prince amortit les Biens donnés pour fonder ce Chapitre, & ceux qu'ils acquéreroient pendant cent ans, réservant à Lui & à fes Succeffeurs, la Collation des Prébendes. Jean d'Arzilliéres Evêque de Toul, confirma cet Etabliffement par fes Lettres dattées d'Avignon le 7. de Juillet 1318. ces manières de Fondations faites en forme de Lotteries, furent affez communes en Lorraine.

célé

On entretiendra dans ladite Commanderie
de Bar, huit Prêtres Chanoines, pour y
brer l'Office-Divin, la nuit & le jour,&y éxer-
cer les hofpitalités & œuvres de mifericorde
qui y feront à faire, par des Perfonnes Séculié
res & Religieufes. Le Fondateur s'y réferve les
droits de Souveraineté & le droit de réformer
les défordres qui pourront s'y commettre,
toutes fois après 40. jours de Monition.
Quoique le titre de la Ceffion de cette Com-
manderie faite à l'Ordre de St. Antoine, foit
datté de l'an 1385. il eft certain que cette Mai-
fon-Dieu, fubfiftoit dès l'an 1382. & qu'elle
fut approuvée en cette année au Chapitre
Général de l'Ordre tenu le 29. Mai, & que
l'Abbé-Général de l'Ordre l'érigea en Com-
manderie au 5. Août de la même année.

Le Duc René II. en 1505. fonda dans là L'Hôpital & lá Commanderie de Saint même Eglife quatre Hauts-Vicaires ou Semi- Antoine de Bar demeurèrent unis l'un avec Prébendes qui ont moitié de la Prébende l'autre, ne faifant qu'une même Maison jus d'un Chanoine, & portent l'Aumufle. qu'en 1559. que l'on défunit l'Hôpital de la Dans l'Eglife de Saint Pierre se voyent Commanderie, par Lettres Patentes du (a) Hiftoire de Lorraine, Tome II. pag. 498. & Preuves pag. Diyш,

L

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