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Bertholet, *.4.p.304.

Idem,t. 5. P. 94.

tié des Seigneuries de Marville & d'Arancy. Après la mort de la Comtelle Marguerite, il confirma les mêmes donations en faveur de Valeran fon neveu, fils de fa fœcur, à condition toutefois que, tant ledit Valeran, que ledit Comte de Bar, reconnoitroient le Comte de Luxembourg, comme Seigneur premier & direct defdites Seigneuries. Dans la fuite Valeran de Fauquemont fut obligé de vendre tout le droit qu'il avoit à Marville & à Arancy, à Henri Comte de Luxembourg fon onele, pour la fomme de trente mille livres tournois. Ainfi cette moitié de ces Seigneuries fut acquife nuement au Comte de Luxembourg; le Comte de Bar demeura maître de l'autre moitié : de-là vient que le Domaine & les Revenus de ces deux lieux & de leurs dépendances fut nommé terre commune, partagée entre les deux Conites de Luxembourg & de Bar, lefquels par ci devant y avoient chacun leur Prevôt. C'eft ce qu'on m'écrit de Marville, tiré de l'hiftoire de Jean Bertholet, Abbé d'Epternach, dans fon hiftoire du Duché de Luxembourg. Le R. P. Bertholet dit que la Terre de Marville vint à la Maison de Luxembourg. Et Thiébaut, Comte de Bar & de Luxembourg, l'ayant acquife avec le Château & toutes fes dépendances, la laifla à Ermenfinde fa femme, par fon teftament. On remarque que Marville avoit autrefois de beaux privileges, & que quand un Comte ou Duc de Luxembourg prenoit poffeffion de fa province, Il faifoit ferment de les conferver, fans y donner atteinte.

Valeran de Limbourg ayant épousé Elizabeth de Bar, ou de Luxembourg, four uterine du Comte Henri de Luxembourg, Elizabeth lui apporta pour dot, les Terres de Marville & d'Arancy: mais son mari étant mort avant l'an 1250. le partage des biens de la Comtefle Ermenfinde, ou Ermenfon,du chef de laquelle venoit Marville, fait en 1253. qui ajugeoit à Ermenson Marville & Arancy, & toutes leurs dépendances; l'exécution de ce partage fut differé de fept ans; & dans cet intervalle fon frere Henri s'empara de ces deux Terres, & en traita les habitans avec tant de rigueur, qu'il les obligea de quitter le pays.

Henri devint plus traitable dans la fuite, rendit la paix à fes fujers, & les affranchit fuivant les loix de Beaumont, dont on a parlé ailleurs ; il paroit même que dès auparavant ils jouilloient déja, au moins en partie, de ces franchises. Après la mort d'Elizabeth de Luxembourg, four uterine du Comte Henri, & époufe de Valeran de Limbourg, les deux fils Valeran & Thiebaut lui fuccéderent: Valeran fut Seigneur de Mont

joie & de Marville. Il décéda fans avoir eu d'enfans: Thiebaut fon cadet lui fuccéda. Il étoit outre cela Seigneur de Fauquemont & de Montjoie, & en mourant il laiffa un fils du nom de Valeran, âgé de 16. ans, qui hérita des Seigneuries de fon pere & de fon oncle.

Ce jeune Seigneur fe voyant chargé des dettes contractées par Thiebaut Comte de Bar & de Luxembourg, réfolut de vendre les Terres de Marville & d'Arancy. Il les vendit en effet à son grand-oncle Henri II. Comte de Luxembourg, pour la fomme de trente mille livres tournois; ceci arriva en 1269. Valeran se réserva à lui & aux fiens le droit de rachat de ces mêmes Terres, en rendant la fomme fufdite, & pour plus grande fureté, les parties contractantes prierent Guillaume, Comte de Juliers, Adolphe, Comte de Mont, & Thierri, Seigneur d'Heimberg, d'être les garans de leurs promeffes réciproques.

t.

En 1231. Henri, Comte de Bar, donna Hift. do Marville avec Ligni à Henri de Luxembourg, Lorraine, en confidération du mariage dudit Henri . 2. pag. de Luxembourg, avez Marguerite, fille du- CCCCXLVI. dit Henri, Comte de Bar.

Depuis ce tems Marville a appartenu aux Comtes de Ligni, de la Maifon de Luxem bourg.

En 1270. Henri de Luxembourg céda la moitié de la Terre de Marville au Comta de Bar.

Et en 1477. René I. Duc de Lorraine; & de Bar, donna à Jean de Calabre, fils naturel de Jean, Duc de Lurraine, les Comtés, Prevôtés, Ville, Terre & Seigneu rie de Marville & Arancy, dépendantes du Duché de Bar.

En 1601. 1602. & 1603. fe fit le partage des terres ci-devant indivifes entre le Roi d'Efpagne & le Duc de Lorraine & de Bar, en particulier des Terres de Marville & Arancy, Conflans en Jarnisi, Sathenoy, &c. & il fut convenu que dans le partage qui s'en feroit, on affigneroit à chacune des Parties, les lieux qui leur feroient plus à portée, & qui fe trouveroient enclos dans les terres de Lorraine ou du Luxembourg ; ce qui fut exécuté: d'autres lieux demeurerent comme auparavant indivis entre lefdits Ducs de Luxembourg & de Lorraine.

Pour la Terre de Marville, depuis la paix des Pyrenées en 1659. elle fut cédée en entier à la France.

Pendant que les Comtes de Luxembourg & de Bar étoient heritiers de Marville, ils y établirent une compagnie d'Arbalêtriers, aufquels ils accorderent de grands privileges.

L'Acte porte que Jean, Roi de Bohe.ne

& Comte de Luxembourg, & Henri, Comte de Bar, mûs par la fupplique des Mayeurs, Echevins, & quarante Jures de Marville, avoient confenti & accordé que la ville entretint vingt-cinq Arbalètriers, armés de toutes pièces, & garnis de toutes les chofes néceflaires à leurs fonctions; qu'ils déchargeoient ces Arbalêtriers des droits de Bourgcoific, hormis un denier petit Parifis, auquel un chacun d'eux feroit tenu à la faint Jean Baptifte, en reconnoiffance de leur dépendance; que de plus ils les exemtoient de toutes tailles, de toutes demandes, de toutes dettes de ville, de même que des gardes ordinaires, à condition que toutes & quantes fois que les Mayeurs & Echevins ordonneroient au maître des Arbalêtriers de faire armer fes gens, ceux-ci fe rendroient où il leur feroit commande, avec leurs montures, & qu'ils fortiroient toujours les premiers de la ville, & y rentreroient les derniers.

Les deux Princes reglent enfuite que quand ils avertiront le Mayeur, foit par eux-mêmes, foit par leurs fergens, qu'ils ont befoin du fecours des Aibalètriers, ils feront obligés de les fuivre en armes, par-tout où l'on voudra les conduire, fans qu'il leur foit permis de s'en excufer que durant la marche ils recevront douze petits Parilis chacun, ou les vivres néceflaires; que toutes les fois qu'ils iront à quelque expédition, ceux de Marville devront leur fournir une Charette, afin de mener leurs harnois & leurs appareils, lefquels ils auront foin de ne point confondre enfemble, fous peine d'une aman de de cinq fols, que celui des Comtes qui les employera à fon fervice, devra livrer à un chacun vingt-cinq arbalètes, lefquelles ils garderont, à moins qu'ils ne les ayent miles en ufage pour eux; que lor.qu'ils ne feront point en campagne, ils devront tous s'affembler devant le Maitre de quinze en quinze jours, & faire en fa préfence leurs exercices, à peine de douże fols d'amande contre les défaillans.

Ils ftatuent de plus qu'ils devront affifter en armes, foit à la mort, foit au mariage des Comtes de Luxembourg & de Bar, & que ceux qui y manqueront, payeront l'amande de douze fols parifis, fans aucune diminutions que celui qui ne fera pas fourni des montures & des appareils néceffaires à fon devoir, lorfque les deux Princes, les Mayeurs & Echevins les requereront de comparoître, fera oblige de payer cinq fols chaque jour, jufqu'à la fourniture complette, à moins que la maladie ou une raifon légitime ne l'en difpenfe; que les amandes levées feront partagées en trois parts: que la

par

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premiere appartiendra aux deux Comtes, la feconde aux Fermiers de Marville, & la troifiéme aux Arbaletriers, à condition que leur maître la répartira à ceux de la fociété qui en auront befoin, pour entretenir leurs harnois & leurs armures.

pu

Enfin ils déclarent que les Arbalêtriers devront être élus par les Mayeur & Echevins, & par quatre hommes d'entre les quarante Jurés; mais avec charge de ne choifir en confcience & par ferment, que ceux qu'ils croiront pouvoir être les plus utiles au bien blic; qu'après le décès d'un Arbaletrier, les mêmes lui fubftitueront fon fils, fi le défunt en a un capable & digne d'occuper ce pofte; auquel défaut ils en cliront un autre à fa place, mais afin de ne pas fe tromper dans leur choix, ils s'aflocicront quatre Arbalétriers, par le jugement defquels ils détermineront fon fucceffeur; que le maître en chef pourra nommer un Doyen, qui aura droit de donner les commandemens & de connoître des méfaits bien entendu que fon fimple rapport affirmé par ferment, fuffira pour faire croire & punir le délit; que nul des Arbalétriers ne pourra fe démettre de fom emploi fans un octroi des deux Princes & de ceux de Marville; mais qu'au cas d'incapacité, on pourra les congédier & en nommer d'autres,

J'ai crû devoir rapporter ce réglement en entier, parce qu'il y avoit de ces compagnies d'Arbaletriers, dans prefque toutes les bonnes Villes de la Lorraine & du Luxembourg, & que par tout on fuivoit à peu près les mêmes reglemens.

Eh 1601. fur certaines difficultés furvenuës entre le Duc Charles III. Albert & Ifabelle-Claire-Eugenie, Infante d'Espagne, Gouverneurs des Pays-bas, au fujet de Marville & d'Arrancy, dont lefdits Princes prétendoient être Seigneurs à l'exclusion l'un de l'autre, ils nommerent de part & d'autre des Commillaires, qui après avoir exactemen: pris connoillance du terrain & du droit des parties, ne purent toutefois s'accorder; mais en 1603. s'étant de nouveau aflemblés, ils convinrent du confentement des Princes interrelles, de laifler au Duc de Lorraine la Ville d'Arrancy & fes dépendances, & aufdits Gouverneurs des Pays-bas pour le Roi d'Espagne, la Ville & Chatellenie de Marville & fes dépendances, lefquelles font demeurées unies au Duché de Luxembourg, jufqu'à la paix des Pyrenées, ainti qu'on l'a dit cy-devant.

II Y avoit à Marville un Prieuré dépendant de l'Abbaye de Rebais, fondée par S. Ouen, au Diocèfe de Meaux, à fix lieuës de cette Ville dans la Brie, on dit que le S.

1

Fondateur donna à Rebais les Terres de Failly & de Marville, qui etoient de fon Patri

moine.

Thicbaut Comte de Bar donna à ce Prieuré en 1198. le terrain qu'une charuë peut labourer par saison, & fur les remontrances que le Prieur lui fit que fans bois il ne pourroit cultiver les terres, le Comte lui donna fon ufage dans le bois de Failly,

Hift. de Le titre prieural fubfifte encore, & l'AbLuxemb. bé de Rebais nomme le Pricur qui eft Pá-) t.4.p.412 tron de la Cure, & tire les deux tiers de la 413. dixme, contre le Curé pour l'autre tiers. L'Eglife paroiffiale eft grande, belle & bien bâtie; pour l'Eglife du Prieuré de faint Pierre, elle eft tombée ; on ne la connoit que fous le nom de fainte Catherine.

Il paroit qu'il y avoit deux Chapelles l'une fur l'autre ; le Roi s'étant mis en poffeffion de la plus grande partie du revenu de ce Prieuré, en a transferé le Service dans l'Eglife des Religieufes Bénédictines, en donnant trois cens livres à l'Aumonier qui y doit dire trois Mcffes par femaine.

Ce Monaftere de Bénédictines y fut établi en 1630. par la Révérende mere Benoit d'Antin, qui avec quatre autres Religieufes forties du Monaftere des Bénédictines de S. Nicolas en Lorraine, vinrent s'établirent à Marville, où par leur travail & induftrie, elle fe font bâtie une Eglife & une Maison, qui n'eft pas encore achevée; de ce Monaftere de Marville, fortirent en 1636. quatre Religieufes, qui ont bâti à Besançon le Monaftere de fainte Gertrude. Marville en a encore envoyé une troifiéme colonie à Namur. On croit dans le pays que l'idole du dieu Mars, qui a donné fon nom à Marville, étoit adoré fur une colomne fituée fur une hau

teur,

où l'on voit aujourd'hui une Eglife dédiée à faint Hilaire, au milieu d'un Cimetiere où l'on enterre les morts de Marville, à un quart de lieuë de la Ville.

MARVOISIN. MARVOISIN, en latin Amarus vicinus, Amer-voifin, Village à trois licuës de Commercy, répondant à Mandres ; Annexe de Xivray, Diocèle de Metz, Office de Mandres-aux-quatre-Tours, Recette de St. Mihiel, le Roi en eft Seigneur, haut, moyen & bas Jufticier pour moitié. M. de Bourgogne pour un tiers, M. de faint Bauflan pour un fixieme; Jurifdiction des Juges de Xivray, Bailliage du Pont-à-Mouflon, Cour Souveraine de Nancy. Les decimateurs font les Religieux de Rengéval, pour un quart dans la groffe dixme, & moitié dans la menuë; les Jefuites du Pont-à-Mouflon pour un quart dans la groffe dixie; M. le Comte de Mont

richier pour un quart; le Curé de Xivrai, pour un quart & moitié dans la menuë. Il y a quinze à vingt habitans. Nous avons parlé de Xivray dans fon article.

Mift.de

Xivray cft du Diocèfe de Metz, de même que Marvoifin. Il eft parlé d'Amarus-vi- Lorr. 1. 1. cinus, dans la Bulle du Pape Pascal II. de P. 523. l'an 1106. pour l'Abbaye de saint Mihiel.

SAINT MATTHIAS,

Abbaye près la ville de Tréves.

L'Abbaye de faint Matthias fituée à une demie lieue de la Ville de Tréves, vers le feptentrion, eft bâtic au lieu où faint Eucaire, Apôtre du pays, avoit bâti un Oratoire fous l'invocation de faint Jean l'Evangéliste, devant la porte de Tréves, que l'on appelloit moyenne. Cette Eglife porta pendant longtems le titre de faint Eucaire, premier Apotre de ce pays là, qui y choisit sa fepulture. La plupart des anciens Archevêques de Tréves en ufcrent de même. Dès le cinquième Hiftoire de fiecle on y voyoit une Communauté de Re- Lorr. i. il ligieux, ou de Clercs, qui y faifoient l'Offi- pag. 695. ce devant le corps de faint Eucaire. Egbert; Archevêque de Tréves, élu en 778. entreprit de bâtir une grande & magnifique Eglife fur le tombeau de faint Eucaire ; l'Empereur Othon II. contribua aux frais de cette entreprife. Comme on en creufoit les fondemens; on découvrit le tombeau de S. Celfe, qu'on croit être un faint Archevêque de Tréves: La translation du faint corps fe fit folemnellement en 980. l'Archevêque Egbert fit venir de l'Abbaye de faint Pierre de Gand, un Religieux nommé Gauthier, pour gouverner la Communauté de faint Eucaire, & on croit que c'eft le premier Supérieur de ce Monaftere, qui ait porté le nom d'Abbé. Ses Prédéceffeurs fe contentant du titre du Pere, qui fignifie la même chofe; & fes Religieux ne prenant entr'eux que le nom de freres.

Ce ne fut que depuis la découverte des Reliques de l'Apôtre faint Matthias, qui fe fit en 1227. que ce Monaftere prit le nom de faint Matthias, & parvint à l'état de grandeur, de richeffe ou de réputation, où on l'a vu depuis.

On dit que des maçons travaillant à l'Eglife de faint Eucaire, & ayant été obligés de remuer l'Autel de la Vierge, y trouverent un coffre de plomb & une lame de matbre par-deffus, avec cette infcription. Le Bienheureux Matthias, Apôtre. Cette découverte remplit de joye tout le pays, & le nombre des miracles que Dieu opera dans cette occafion, eft prefqu'infini. On remarque en particulier trois morts réfufcités. Depuis ce tems le Monaftere de faint Eucaire prit le

nom

nom de faint Matthias, fous lequel il eft encore aujourd'hui en grande réputation.

J'ai donné la lifte des Abbés de cette fameuse Abbaye à la tête du troifiéme tome de l'Hiftoire de Lorraine.

MAUR-MUNSTER,

O MAURMOUTIER, Ville & Abbaye. MAUR-MUNSTER, Mauri-monafterium, célébre Abbaye dans la baffe Alface, à une lieuë de Saverne vers le midi, n'appartient à notre deffein, que comme ayant autrefois dépendue de l'Evêché de Metz, & ayant été prétendue pendant long-tems par les Ducs de Lorraine, dès l'an 1469. fous le Duc Nicolas; les Lorrains ayant pris & démoli le Château de la Roche, dont les Seigneurs Hift. de Lorr. t. 1. défoloient tout le pays des environs, ils mi4. 163. rent le fiége devant la Ville de Maurmoutier, pag. deuxieme fituée près le Château de la Roche, & qui ddition, p. fervoit de retraite aux voleurs & aux pillars de ces quartiers là. La Ville de Maurmoutier fit quelque réfiftance, & enfin fut prife de force: on en rafa les murailles, & les Bourgeois promirent d'être à l'avenir bons Lorrains, & foumis au Duc de Lorraine.

Le Duc Antoine s'en regardoit encore Hift.de Lorr.t.3.p. comme Souverain en 1525. Voici comme 644. Pil- en parle Pilladius dans son Poëme compofe ladius Ruf dans le même tems:

ticiad, 6

63.

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Dimifit Princeps fua Mormunfteria tecta. Il potleda cette Ville par droit de conquete. Volzir l. 3. c. 10. du voyage du Duc Antoine contre les Luthériens d'Alface, prétend que les Ducs de Lorraine font Patrons & Fondateurs de Maurmoutier.

Le Duc Charles IV. en 1667. donnoit à fon fils Henri Comte de Vaudémont, Lixin, Bitche, Sarverden, Falkestein, Marmoutier & d'autres Terres, pour être érigées en Duché, fous le nom de Sarland, en Empire.

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L'Abbaye de Maurmoutier fut fondée en 615. par Leobard ou Leopard, qui vivoit fous Childebert Roi d'Auftrafie, du tems de faint Deicole, Fondateur du Monaftere de Lure. On dit que ces deux Saints étoient difciples, & compagnons de faint Colomban Fondateur de Luxeuil. St. Leopard reçut du Roi Childebert ce lieu, qui étoit alors défert, & y bâtit un Monaftere nommé d'abord, la Celle, & enfuite la Celle de Leopard, & long-tems après, Maur-munster, du nom d'un de fes Abbés, nommé Maur. Ce Monaftere fut dédié aux Apôtres faint Pierre & faint Paul, & à faint Martin. On marque la Fête de faint Leobard dans le Martyrologe

Bénédictin, au quinze de Février. Il eut pour fucceffeur Anastase, qui gouverna le Monaf tere quarante ans, puis Godefroi, Leopard II. & Maur, qui donna fon nom à l'Abbaye de Maurmoutier, comme elle eft aujourd'hui appellée, & qui l'augmenta & l'em

bellit.

Cet Abbé étoit, comme l'on croit, difciMeuriffe, ple de faint Pirmin, Fondateur d'Hornbach histoire de & d'Augie la riche, & qui exerçoit les fonc- Metz, tions épifcopales dans un gros Bourg nom- 129. mé Metles hem, à deux lieues de l'Abbaye d'Hornbach, ce qui a fait dire qu'il étoit Evêque de Metz, Metenfis, ou de Meaux, Meldenfis. Il ne l'étoit ni de l'un ni de l'autre; mais il étoit Evêque régionnaire, exerçant fon miniftere à Merles-heim.

Théodoric Roi d'Auftrafie, accorda à l'Abbé Maur, un Privilege en 725. adresse à Luitfride, Duc des Allemans, dans lequel il eft dit que les Rois Childebert, Clotaire, Dagobert I. Sigebert & Dagobert II. ont confirmé le Monaftere fondé d'abord par l'Abbé Leobard. L'Abbé Maur demande à Theodoric la confirmation de la même liberté, dont fon Monaftere a joüi jufqu'à lors; ce qui lui fut accordé par ce Prince, qui ordonne que l'Abbé & fes difciples demeurent en paix & en affurance, fous la régle de faint Benoit & de faint Colomban. Longtems après; & en 821. l'Empereur Louis le Debonnaire, donna l'Abbaye de Maurmoutier, à l'Abbé Benoit, furnommé d'Aniane, qui y demeura pendant quelques tems, avec quelques-uns de fes difciples, jufqu'à ce que le même Empereur le fit venir à Aix-la-Chapelle, & lui donna le Monastere d'Inde, où il finit sa vie.

Maurmoutier ayant été confumé par les flammes, avec tout ce qu'il y avoit de chartres & de monumens anciens, l'Empereur Louis le Débonnaire, donna commiffion à Drogon fon frere, Evêque de Metz, de le faire rétablir, car cette Abbaye dependoit encore en ce tems là de l'Evêque de Metz Drogon s'acquitta de cette commillion, & fit transporter à Maurmoutier, les corps faint Cêlefte & de faint Adintor, Evêques de Metz. L'Abbé Celle gouvernoit alors cette maison en 828.

de

Ce fut fous faint Goëric, Evêque de Metz, & en 639. que l'Evêché ou les Terres qui compofent aujourd'hui le Diocéfe de Strafbourg, furent fouftraites à la Jurifdiction de l'Evêque de Metz, lorfque faint Dagobert fonda à Strasbourg une Eglife Cathédrale car auparavant cette Ville & tout le pays des environs, étoit fous la Jurifdiction des Evêques de Metz.

En 1359. Olri, Sire de Fénétranges, fig
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Hiftoire du

Duc Antoine, par Nicolas

CXXIII.

fes reprifes auprès d'Ademare, Evêque de
Metz, pour tous les Fiefs que Jean de Ge-
rolfek tenoit de l'Evêque de Metz, ces Fiefs
étant retournés à l'Evêque Ademare par le
décès dudit Jean de Gerolfek. Ces Fiefs font
un quart du Château de Gérólfek, un quart
dans la Ville de Maurmoutier, la quatrième
partie de la Voüerie de l'Abbaye de même
nom, & de Singelz, avec leurs dépendances.
Et en 1416. Jean Comte de Linanges &
de Rechicourt, fait fcs reprites de Conrade
Bayer de Boppart, Evêque de Metz, pour
Ruxinbert, Malesberg, Maur-munfter & les
deux Gerolfek.

Pendant la guerre des payfans Luthériens
Allemans révoltés, qui firent irruption en
Alface en 1525. lors de l'emprifonnement du
Volfir de Roi François I. en Efpagne, le Monaftere de
Seronville, Maurmoutier fut défole & ravagé par ces
Luthériens, & l'Abbé Gafpard obligé de se
fauver pour
éviter d'être brûlé vif & roti.
Après la reddition de la Ville de Saverne au
Duc Antoine, les Luthériens qui s'étoient
rendus maîtres de la Ville & de l'Abbaye de
Maurmoutier, voulurent faire quelque ré-
fiftance, & empêcher le Duc & fes gens d'y
entrer; mais ils furent aifement repouffes,
& l'armée Lorraine y fut reçue avec beau-
coup de joye.

Les Lutheriens avoient profané les chofes faintes qui étoient dans l'Eglife de l'Abbaye, & avoient tiré de leurs Chaffès, les os & les Reliques des deux faints Evêques de Metz, Célefte & Auteur, & les avoient jettées fur le pavé. Ils avoient brûlé les cloîtres, & avoient réfolus de ruiner & de brûler tout le refte du Monaftere, même l'Eglife, qui eft très belle & très folide, ayant déja amalle des bois pour mettre le feu aux portes, & mis en bas les cloches de la Tour, enfuite pour la miner & la renverfer; ils avoient brulé & diffipé les livres de la Bibliothèque, & en avoient ufe de même des titres & documens qu'ils avoient pû faifir; mais heureufement deux Religieux en avoient emporté & fauvé une bonne partie, qu'ils avoient caché dans des lieux écartés & inacceffibles.

Voltfir de Seronville, Sécrétaire du Duc Antoine, & Auteur de l'hiftoire de l'expédi tion de ce Prince, ayant remarqué dans l'Eglife de l'Abbaye deux monumens refpectables, & n'ayant pas cu le loifir de les copier, pria l'Abbé Gafpard de les lui envoyer, ce qu'il fit. Voici ces deux monumens qui fe voyoient alors fur la muraille à côté du grand Autel, mais on ne les y voit plus aujourd'hui.

Voici ce qui fe voyoit fur la colomne :

Columna hec Romana dicitur, per quam Sybilla Prophetavit urbis Roma interitum, fub obscura hujufmodi litterarum appofitione; quas venerabilis Beda, Romam profectus exponendi causâ refpiciens, à Romanis interrogatus hoc modo. Quid fpectas bos anglice? Specto, inquit, urbis veftra interitum. Qui tandem dixerunt:nihil fentio. Et ille; fentis. Et fic illico..exorfus eft.

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La pierre quarrée contient fept cercles, au milieu defquels on voit la figure du portail & de l'Eglife de Maurmoutier ; voici ce que renferment les huit cercles:

PIE MEMORIE. HILDEBERT. REX FRANCOR. MARCHAM. AQVILEIENSEM LEOBARDO. HVIVS. LOCI. PRIMO ABBATI. PRO. SALVTE ANIME SVE, AC. REGNI. STABILITATE. AD CONSTRVENDVM. IN. EA. ECCLESIAM. IN. HONORE. BEATI MARTINI IVRE. PROPRIETARIO. CONTRADIDIT. QVOD POSTMODVM THEODERICVS FILIVS PRÆDICTI. REGIS. AD. PETITIONEM. DOMINI. MAVRI. ABBATIS AVCTORITATE. REGIA. CONFIRMAVIT. VT. IN PRIVILEGIIS NOSTRIS PLENIVS. CONTINETVR. AB INCARNATIONE. DOMINI VSQVE. AD ANNVM. PRIMVM. IMPERII. LODOVICI. EXPLENTVR. ANNI. OCTINGENTI XXVIII. IN. IPSA. SVPPVTATIONE. VIR VENERABILIS, CESLIVS. MAVRI ABBAS. MONASTERII. POST. CVIVS. VSTIONEM. ET CHARTARVM TERMINVM. SCRIBERE. VOLVIT. QVALITER. VIR. ILL. HILDEBERTVS. QVONDAM. REX. EIDEM. LOCO. CONCESSIT. TERRAM ETC. DE. ROTE. CISTARNATA. VSQVE. AD. GVNSINVM. RIVVM. IDEM AD MONTEM GVBEGVM. P. FRAXINETVM. QUÆ VOCATVR ASCVSVVA. ET SIC PER RIVVM. SORNE. ETC.

La Ville de Maurmoutier n'eft ni grande ni belle; elle eft ferinée de vieilles & mauvaises murailles.

L'Abbaye eft fort bien bâtie à la moderne; l'Eglife cft ancienne, belle, folide & bien décorée, d'un goût antique, mais non

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