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pour une Communauté, tant par le défaut des eaux, que pour d'autres inconvéniens, il fut réfolu de le transferer au Ménil, près de Lunéville, où il fubfifte aujourd'hui. On acheta donc pour la fomme de cent mille livres, la maison, la ferme, le grand jardin, & toutes les appartenances de M. le Prince de Craon, provenant de M. de la Tour de St. Mihiel; le tout du confentement de Son Altefle Royale, Madame la Duchefle de Lorraine; ce qui fut confirmé par nouvelles Bulles de fa Sainteté, en datte de l'an 1737.

qu'il avoit de voir à Lunéville, où il faifoit fa réfidence ordinaire, une Maison de Bénédictins, & en ayant fait la propofition & formé le projet en plus d'une occafion, promettant de favorifer cet établiffement, & de donner l'emplacement, Dom Pierre Aliot, Abbé de Senones, propofa d'y transferer fa manfe abbatiale, avec tous les revenus qui en dépendoient; mais les Religieux de la Communauté s'y oppoferent fortement, difant qu'ils ne pourroient confentir à l'extinction du titre abbatiale d'un Monaftere fi aneien & fi célébre, ainfi ce projet demeura fans

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Peu d'années avant fa mort en 1715. le même Prince propofa au révérend Pere Dom Humbert Belhomme, Vifiteur de la Congrégation, de raffembler à Lunéville quelques Prieurés fimples, pour former une Abbaye avec le revenu de ces Prieurés. Il propofoit de réunir Infming, Chatenoy, Lay, Mervaville, S. Thiébaut, & quelques autres mais le révérend Pere Dom Belhomme lui ayant fait remarquer que la chofe fouffriroit de grandes difficultés par rapport à la France & aux Evêques, dans la Souveraineté & dans les Diocèles defquels ces Prieurés où les Abbayes dont ils dépendoient, font fitués: Son Alteffe Royale fur ces remontrances, ne jugea pas à propos d'infifter fur le projet, ni d'en pourfuivre l'exécution.

Enfin Dom Auguftin Calmet ayant été élû Abbé de Senones le quinze Juin 1728. dès le lendemain on le preflà de donner à S. A. R. cette fatisfaction de faire un établif fement de Religieux de fa Congrégation à Lunéville: il promit d'y penfer ferieufement dès qu'il auroit mis ordre aux affaires, & aux bâtimens qu'il y auroit à faire dans fon Abbaye. En effet il fe propofa dès lors fans toucher au titre abbatial, de démembrer un revenu d'environ douze mille livres, pour fonder un Monaftere à Lunéville; il en fit la propofition à Meffieurs du Confeil de Régence, établi à Lunéville après le décès du Duc Leopold, arrivé en 1729. la chofe fut aggrée & applaudie, & on en follicita les Bulles en Cour de Rome.

Elles furent expédiées le fix des Jdes de Juin 1734. & confirmées par Arrêt de la Cour Souveraine de Nancy, le vingt-quatre Juillet même année, & même par Arrêt du Confeil d'Etat, le trente Janvier 1735. certains incidens imprévus ayant empêché l'exécution du premier projet qui étoit de faire cet établillement à Lunéville. Madame la Ducheffe Douairiere de Lorraine, confentit qu'il fe fit au Prieuré de Leomont proche Lunéville, il y fut fixé pendant quelque tems, mais comme l'endroit ne parut pas propre

Et comme la Communauté des Religieux de Senones n'avoit donné fon confentement à ce démembrement, qu'à condition qu'on leur donneroit quelque cfpéce d'indemnité.

Le R. P.Dom Calmet lui céda huit jours de terre fitués au bas de la vigne de Leomont, pour y placer une vigne nouvelle ; ce qui s'eft exécuté du confentciment de la Communauté du Ménil, & confirmé au Chapitre général de l'an 1735. & homologué par Arrêt du Parlement de l'an 1737. Depuis ce tems le révérend Pere Abbé a encore bâti une Chapelle audit Ménil, dans laquelle les Religieux font leur Office. Tels ont été les commencemens de ce Monafte re du Ménil, dédié à la fainte Vierge en fon Annonciation.

MERCY.

Il y a deux lieux du nom de Mercy, tous deux à trois licuës d'Etain & à deux lieues de Sancy: Mercy-le-haut, chef-lieu du Comté de Mercy, ou des cinq villes, & Mercy-lebas, fur la Crune, auprès du précédent.

Mercy-le-haut eft un Village du Diocèfe de Tréves; Office d'Arancy pour moitié; Jurifdiction des Juges du Comté de Mercy, pour l'autre moitié ; Recette & Bailliage d'Etain, Cour Souveraine de Nancy. Le Roi en eft Seigneur pour moitié ; l'autre, favoir: Mercy-le bas, eft chef-lieu du Comté de Mercy. L'Abbeffe de Juvigni nomme à la Care, & jouit de la dixme pour les deux tiers, & le Curé pour l'autre. Il y a 70. ou 72. habitans.

:

La Maison de Mercy porte d'or à la croix d'azur Maifon de nom & d'armes, fous la Chatellenie de Longwic, ancienne & illuftre par fes grands emplois dans les armées, & par fes grandes alliances, qui font les Maifons de Houffe, d'Eliz, de Frefnel, du Hautois, d'Allamont, &c. Pierre Erneft de Mercy fut un des Genéraux des troupes Impériales fous le régne de l'Empereur Leopold I. & Florimond Claude, fon fils, fut General des mêmes armées, fous le régne de l'Empereur Charles VI. J'ai parlé de ces Genéraux dans les additions & corrections de la Bibliothéque

Hiftoire de

Preaves.

Bibliothèque Lorraine, pag. 151. 152. MERÉ VILLE,

&S. Thiébaut, Prieuré.

cut le même malheur au commencement du quinziéme fiécle en 1412. Ce lieu ne s'eft pas rétabli depuis ee tems; du moins il n'eft pas rétabli dans fon ancien état. Il eft fitué entre Dombras & Villene, entre Damviller à l'occident, & Marville au nord. Voici le nom des lieux qui compofent la Prevôté de Merle : Merle, Dombras, Urterville Efcures, Villay, Moirey, Flabas, Crefpion, villages, Bennemont, hameau, & Molé.

MERE'VILLE, nommé Amerelli villa, Lorr. t. 2. dans un titre de l'an 1094. Village fur la Mop. 498. felle, Comté de Chaligni Bailliage de Nancy. La Paroifle eft dédiée fous l'invocation de faint Maurice. Patron, le Chapitre de S. George de Nancy, à caufe du Prieuré de S. Thiebaut, uni à leur Collégiale: ce Chapitre perçoit les deux tiers de la dixme, contre le Cure pour l'autre tiers.

Lorraine

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y a dans l'Eglife deux Chapelles: 1. celle de faint Sebaftien & de fainte Barbe; Patron, le Curé, charge, quatre Melles par femaine.

20. La Chapelle de Lorette; Patron, le Seigneur.

Prieuré de S. Thiebaut.

Le Prieuré de faint Thiébaut, fondé par un nommé Hugues, & donné à Théomare Abbé de faint Manfui en 1094. ce Prieuré fut confirmé à l'Abbaye de faint Manfui par l'Evêque Pibon, qui dit dans fes lettres de confirmation, que ce Prieuré a été fondé fur la Mofelle, dans la forêt de Meréville, par un Seigneur nommé Hugues, & par fon frere nommé Haymon, qui étant tombé dangereusement malade, a donné à Théomare, Abbé de famt Manfui, pour conftruire ce Prieuré, tout ce qu'il avoit à Meréville, à Amance, à Saphez, à Sandranvilles, après quoi il prit l'habit monaftique à faint Manfui. Le Fondateur Hugues y ajouta encore quelque chofe, & l'Evêque Pibon, du confentement de fon Archidiacre, de fon Diacre & des Chanoines de faint Gengoû, leur accorda la franchise de la Paroiffe, dans le territoire de laquelle ce Prieuré eft conftruit, & la dixme du même canton.

Dans la fuite à la priere des Ducs de Lorraine, ce Prieuré de faint Thiebaut fut uni à la Collégiale de faint George de Nancy. Il eft aufli parlé d'Amerelli villa dans deux titres de faint Gengoû de Toul, l'un de l'an 1065. & l'autre de l'an 1105. Voyez Hiftoire de Lorraine, fous ces deux années.

M E R L E MERLE, Village du Diocèfe de Verdun, Hift. de chef-lieu de la Prevôté de même nom. C'eft › un ancien fond de l'Eglife de Verdun : elle *.1.p.198. le perdit fous Charles Martel, & fous l'Evêque, ou le Cor Evêque Amalbert, Merle eft une Eglife fuccurfale de Dombras, Doyenné de Chaumont ; ce lieu fut ravagé vers l'an 1066. fous Thierri Evêque de Verdun,

, par des Seigneurs des environs. Elle

MERS C H.

Le Château de Merfch, chef-lieu de la Seigneurie de ce nom, eft fitué fur l'Eltz, à trois lieues de Luxembourg, entre le feptentrion & le midi. Sa Paroiffe qui a une grande étendue, comprend une partie du cours de l'Eifchen, ruiffeau qui a fa fource près d'Arlon, & d'où il fe rend par fept fontaines de Rode & d'Afembourg, dans l'Eltz.

On voit près de là une vallée affez agréable, refferrée entre deux montagnes, appellée en allemand Marienthal, en françois le Val de Marie, où l'on a bâti une Maison de Religieufes de faint Dominique, dont nous avons parlé fous l'article de Marienthal.

La Maison de Mersch, étoit autrefois fort puiflante dans le Duché de Luxembourg, comme il paroit par les fondations qu'elle y a faites, & en particulier par celle de Marienthal, faite en 1230. ou 1231. Thierri de Merfch, Echanfon d'Erminfinde, Comtefle de Luxembourg, en fut Fondateur, Theodoric & Albert fes fils, en augmente

rent les revenus.

Hift. de Verdun, p.

199. 201 ε367.

Hift.de Luxemb.

t. 5. p. 2o

S.

3.4.

Les Seigneurs de cette Maison portoient Ibid. t. 7. fafcé d'or & d'azur de fix pieces. Jean de p. 370. Merfch, Jufticier des Nobles, affifta comme témoin à la donation que Jeanne Douairiere de Girfch, fit de fes cenfes de Klingelfche

à l'Hôpital de Luxembourg, en 1396. il eut pour frere, Theodoric, qui vivoit avec lui en 1407. ccs deux freres étant morts fans poftérité, on partagea le Château & la Terre de Merfch, entre les maris de leurs fœurs dont l'une avoit époufé un Seigneur de Kerpen, & les autres, Jean de Brandebourg & Jean de Houdelange.

La Paroiffe de Mersch eft du Diocèse de Tréves, de l'Archidiaconé de Longuyon. Cette Paroifle a titre de Doyenné, & comprend grand nombre d'autres Eglifes.

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Tréves, a paffe par ce lieu là; car on remarque que fur la route de Tréves, on a confacré plufieurs Eglifes en l'honneur de faint Martin.

Mertzkirck eft fitué à deux lieuës au-deffous de Sierk, fur la Mofelie & fur le che min de Tréves. Il eft du Diocèle de Tréves, & la Paroiffe eft défervie par des Religieux Prémontrés de l'Abbaye de Vargatz.

Il y a à Mertzkirck un ancien Château ruiné, dont on ne connoit pas le Fondateur. L'Eglife du lieu a un grand air d'antiquité, bâtie de pierres de tailles, & ornée de quatre tours. La tradition du pays veut qu'elle ait été bâtie par le Roi Dagobert; la preuve qu'on en donne, eft qu'on y voit dans certains endroits des efpéces de fleurs de lys; il en faut conclure que l'ouvrage n'eft pas de Dagobert, car alors il n'étoit pas queftion de fleurs de lys dans l'écuffon des Rois

de France.

On nous à fait préfent de quelques haches d'armes de pierres, qu'on a trouvées dans les champs de Mertzkirck, ces haches font de différentes groffeurs, de grains & de pierres différentes. On fait qu'au trefois les métaux de fer & d'errain étoient beaucoup plus rares qu'aujourd'hui, & que l'on fe fervoit de pierres tranchantes, & de haches à la guerre, faute d'armes de fer & d'errain. Parmi les Hébreux on donnoit allez fouvent la circoncifion avec des couteaux de pierres. Les Auteurs profanes en font auffi mention pour de femblables ufages aux Prêtres de Cibéles. Voyez de Moutfaucon, Antiquité expliquée, Tom. 4. pag. 69. Tom. 5. pag. 194. 195. & Suplément Tom. 4. pag. 129. &c.

re, avec efpérance, fi leur nombre s'augmentoit, & fi les revenus du Prieuré le deman doient, d'y établir une Communauté, & d'y élire un Abbé de leur Corps. Le Prieuré, ou la Prevôté, eft demeuré dans fon état primitif, le Prieur ett Curé de Mertzkirck, & fes Confréres défervent les Cures qui en dépendent. Il y a auffi un Hôpital avec fa Chapelle.

En 1332. Louis IV. Empereur, confirme Mertzkirck à l'Archevêque de Tréves.

Et en 1334. Raoul Duc de Lorraine, reprend de l'Archevêque de Tréves, Sierk & Mertzkirck; & les Empereurs en divers tems, confirment cette Terre à l'Archevêque de Tréves.

En 1346. Jacques de Montclaire céde à l'Archevêque de Tréves, tout le droit qu'il avoit à Mertzkirck, fous certaines conditions. Voyez de Honthem, Tom. 2. pag.158: Hift. Trevir.

MERVA VILLE.

Le Prieuré de Mervaville dont on a parlé fous Glonville, n'eft qu'environ à une lieuë de Moyen, vers le nord; il fut fondé avant l'an 1224. & même environ l'an 1124. il· étoit accompagné d'un Village, & l'Eglife dédiée à la fainte Vierge, étoit fort fréquentée, à caufe des grands miracles qui s'y faifoient journellement. L'Eglife étoit belle & grande; la nef tomba de pure caducité, le vingt-huit Janvier 1738; le chœur & la croifee qui font bien voûtés, & de fort bon goût, fubfiftent encore aujourd'hui. Le Village de Mervaville eft entiérement ruine; on n'y voit plus que le logement du Prieur; une tuillerie abandonnée, & quelques maisons pour des Fermiers:

Le Bailliage de Mertzkirck, créé par le Roi Stanislas en 1751. s'étend dans le Sar- On dit que le nom de Mervaville lui à gaur & la Lorraine ; il eft du Diocèfe de Tré- été donné à caufe des merveilles qui s'y opéves pour le fpirituel, indivis pour la Souve- roient par l'interceffion de la fainte Vierge. raineté & les autres droits entre le Roi de Pologne & l'Electeur de Tréves, depuis la tranfaction paffee entre les deux Souverains, le feize Juillet 1620. Les appels des Juges des deux Mairies, ou des deux Baillis, fe portent devant les Commiffaires nommés

par

les deux Souverains.

Mertzkirck appartenoit autrefois à l'Abbaye de Sprinkirsbach, de l'Ordre de faint Auguftin, à qui elle fut donnée par Alberon, Archevêque de Tréves en 1152. & confirmée en 1153. par l'Archevêque Hillin, fon fucceffeur. Mais environ cinq ans après, les Chanoines de Sprinkirsbach en furent chaffes, & le même Archevêque Hillin la donna à Valframe, premier Abbé de Wargatz en 1156. qui y envoya quelques uns de fes Religieux pour adminiftrer la Cu

Ce bénéfice a toujours été poffede en titre, par un Religieux nommé par l'Abbé de Senes. Voyez Glanville, où nous rapportons ce qui concerne Mervaville.

Le Village de Mervaville fubfiftoit encore en 1615. & il y a apparence qu'il ne fut ruiné que pendant les guerres de Lorraine, fous le Duc Charles IV. durant les fiéges du Château de Moyen, en 1635. & 1639.

En 1615. il y avoit difficulté entre les Of ficiers du Duc de Lorraine, & ceux de l'Evêque de Metz, favoir: auquel des deux appartenoit la Souveraineté du Prieuré & du Village de Mervaville; mais après avoir out les témoins, & reconnu la poffeffion de ce lieu, il fut reconnu le vingt-trois May 1608. qu'il étoit du Ban de Moyen, & Souveraineté de l'Evêché de Metz, & en conféquen

ce on planta des bornes feparatives du Ban de Mervaville, & de celui d'Azerailles & de Flin.

En 1751. le titre du Prieuré de Mervaville a été fupprimé, & fon revenu uni au Prieuré de Breuil, proche Commercy.

METLO C.

L'Abbaye de Metloc eft ainfi nommée Hift. de parce qu'anciennement elle étoit fituée comLorr. t. 1. me au milieu d'un lac, aujourd'hui défeché; pag. 463. ce Monaftere eft très ancien, on en attribue la fondation à faint Luitvin, fuccefleur de faint Bafin dans l'Archevêché de Tréves, vers l'an 697. S. Luitvin fe retirá dans cette

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Abbaye qu'il avoit fondée, & y pratiquà pendant quelque tems les exercices de la vie monaftique. Après l'abdication de fon oncle faint Bafin, il fut élu Archevêque de Tréves en 697. Metloc fut dans la fuite comme le Séminaire d'où l'on tiroit les Archevêques de Tréves.

Cette Abbaye tomba dans le relâchement au dixième fiécle; Vicelin Vidame de

Ibid. page Tréves ne s'étant pas contenté d'en envahir les biens, en avoit pris & mis en piéces les chartres & les Priviléges. Robert Archevêque de Tréves, y rétablit l'obfervance par le moyen d'une colonie de fervens Religieux, qu'il fit venir de faint Corneille, près La Ville d'Aix-la-Chapelle, & lui procura le renouvellement de fes Priviléges par l'Empereur Othon, qui y en ajoûta de nouveaux. Alors Roric, Abbé de Metloc, envoya deux de fes Religieux à Reims, pour y étudier fous le fameux Gerbert; & depuis ce tems, les écoles de Metloc devinrent célébres.

Metloc eft en régle, & non réformée, fous la domination des Ducs de Lorraine. On y voit quelques reftes d'antiquités, furtout dans une Eglife heptagone, où il y a d'anciens tombeaux. On y conferve auffi quelques manufcrits, & elle a produit des Ecrivains Eccléfiaftiques, & des Hommes illuftres, dont nous avons parlé dans la Bibliothèque Lorraine.

HISTOIRE DE LA VILLE DE METZ.

Les Chroniques de Metz donnent à cette ville une antiquité fabuleufe; elles portent que ceux qui la fonderent, étoient venus de la confufion qui arriva à la Tour de Babel, ainsi que le raconte un philofophe Juif, Ezycivius, ainfi qu'il l'a trouvé en très vieux geftes des Meffins, & que ces chofes font démontrées en de très anciens livres bien écrits en hébrieux, & ainfi qu'on voit clairement aujourd'hui en regardant les murailles très anciennes.

Ces Chroniques portent donc que l'an

du monde 1995. ou 1997. Noé étant encore en vie, trois de fes petits fils, enfans de Sem, favoir, Mefres, Themofis & Horus, (ou felon d'autres, Guetel, Jazel, & Zelecque fils ainé de Sem) avec leur tante, fœur de Sem, nommée Azita, après avoir erré longtems, arriverent enfin en un lieu agréable, fitué entre les fleuves de Mofelle & de Seille, où l'on voit aujourd'hui la ville de Metz. Ils la bâtirent & la nommerent dividunum

Pour Azita, elle bâtit les Arches de Joüi, comme nous le dirons ci-après ; ainfi dividunum, aujourd'hui Metz, eft de beaucoup plus ancienne que Rome:

Longo dividunum præcedit tempore Romam.

Du vivant du Patriarche Abraham, vint dans le même pays un nommé Trébes, qui fonda la ville de Tréves; elle fut fondée 1300. ans avant Rome, comme il paroit par ce Vers fameux :

Ante Romam Treviris ftetit annis mille trecentis.

Après la prife de Troyes par les Grecs, on vit arriver dans ce pays des Princes fortis de cette fameufe ville, favoir Franconius, fils de Hector qui donna fon nom à la France; Priamus qui donna le fien à Paris, en mémoire du beau Paris. Son frere étoit Rhemis, fondateur de la ville de Rheims, l'autre fe nommoit Chamus, fondateur de Châlons fur Marne, l'autre nommé Troclus, fonda Troye en Champagne, Serpanus Lupardas, freres, bâtirent la ville de Charpagne.

&

Une autre Colonie ayant à la tête Tullus & Verdanus, fonda les villes de Toul & Verdun. Je ne m'arrête pas à réfuter ces fables.

Les mêmes Chroniques de Metz veulent qu'un général Romain nommé Metius, fit la conquête de Dividunum, dans le tems que Jules-Cefar faifoit la guerre dans les Gaules, la ruina, & en renverfa les murs

Tempore quo Cafar fua Gallis intulit arma: Tunc Mediomatricum de vicit Mctius urbem. Mais que du depuis touché de la beauté de fa fituation, il jugea à propos de la rétablir.

Suffectus nomen dederat cui Merius urbem.

Venons à quelque chofe de plus féricux & de plus certain.

La ville de Metz fut anciennement nommée Divodurum; enfuite Mediomatricum, oư plutôt Civitas Mediomatricum, ou Mediomatricorum, la cité des Mediomatriciens, & enfin Metis, ou Mettis, aujourd'hui Mctz:

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Il eft inutile de chercher les étymologies de ces noms, fur lefquels on n'a rien de certain. J'ai deux Médailles de la ville de Metz, très anciennes, en bronze, jettées en fonte, & non frappées au coin, qui portent d'un côté un Cheval pegafe, avec les aîles étenduës, & au deffous MEDIOMAT. fur le revers eft une Tête fans barbe avec un cafque orné d'une aigrette, & d'un efpece de diadême. Je crois que cette Médaille eft du tems qee Metz étoit ville alliée des Romains; Tacit. l. 4. hift. c. 70. Legiones in Mediomatricos fociam civitatem abceffère: elle portoit plus communément le nom de Drvodurum, elle ne prit celui de Mediomatrices que plus tard.

Valef. noDès le troifiéme & quatrième fiécle, on tit. Gallic. trouve dans les notices le nom de Metis; pag. 328. mais le nom de Mediomatrices, ou Mediomatrici le voit encore plus tard dans des monumens du onzième ficcle.

mine XII.

Les Médiomatriciens avoient pour capitale Divadurum, felon Tacite, Divedurum (Mcdiomatricum id oppidum est.) Venant. I. Elle eft fituée fur la Mofelle, qui l'arrose 3. ad villi-au couchant, & fur la Seille qui la baigne cum Epifc. à l'orient & au midi ; Venance Fortunat en Met.car- décrit élégamment l'agréable fituation. On peut juger de fa grandeur & de sa puiffance, par ce que dit Tacite : que les Légions Romaines de Vitellius y étant arrivées, y égorgerent quatre mille habitans, à propos de rien, & par une pure fureur militaire, s'imaginant apparemment que les citoyens de cette Ville avoient confpiré leur perte, quoique ce fut une Ville alliée des Romains, qui en demeurerent les maîtres jufqu'à l'irruption des Huns, qui la prirent & la faccagerent.

Idae.chro

nic. Aimon. l. 3.

Les François s'en faifirent quelque tems après, & s'y font maintenus jufqu'aujourd'hui. Thierri, fils de Clovis, en fit la capi.1. Greg. tale de fon Royaume d'Auftrafie. Après la Turon.hif décadence de la Maifon de Charlemagne, tor. Franc. Metz fut fous la puiffance du Roi de Ger1. 1. c. 3. manie, ou des Empereurs d'Allemagne.

hift. Met.à

Paul. Dia

Il y a affez d'apparence que Metz devint cono, &c. ville impériale, lorfqu'elle paffa fous la domination des Otthons, Empereurs d'Allemagne, vers l'an 936. ou affez long-tems après, car il eft malaisé de fixer le tems précis de cette éréction de Metz en ville impériale.

Les Evêques de Metz pour la plûpart furent très puiflans & de très grande naillance; car depuis Drogon, fils de Charlemagne, & frere de l'Empereur Louis le débonnaire, on vit prefque toujours des Princes ou des Seigneurs fortis de Maisons Souveraines, occuper le fiége de Metz; on compte

jufqu'à cinq ou fix Evêques de Metz, qui ont porté le titre d'Archevêques ; plufieurs ont été tirés des Maisons de Lorraine, de Bar, de Fiandres, de Luxembourg, de Bade, de Blamont, &c. & ces Prélats par leurs libéralités ont beaucoup augmenté les biens de cet Evêché, déja fort riche par lui-même; on les a vû fouvent faire la guerre leurs voifins, fonder des Monafteres & des Eglifes Collégiales, ufer des droits régaliens, frapper monnoye, faire la guerre & la paix, établir des loix, avoir féances dans les Diettes de l'Empire, fournir leur contingent pour les frais des Armées de l'Empire, &c.

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Les Evêques de Metz exerçoient anciennement leur jurifdiction fpirituelle fur plufieurs Eglifes d'Alface, qui font aujourd'hui fous la jurifdiction de l'Evêque de Strasbourg: ce dernier Evêché ne fut fondé, ou plutôt dotté que par le Roi Dagobert II. qui Y donna pour Evêque faint Arbogafte, que quelques-uns comptent pour le premier Evêque de Strasbourg, & qui vivoit au feptiéme fiècle, & mourut en 679.

Sei

Nous n'ignorons pas ce que l'on raconte de faint Materne, que l'on dit avoir été envoyé de Rome à Strasbourg par l'Apôtrẻ faint Pierre, y avoir annonce la foi & aux environs, & y avoir fondé un Evêche; mais on forme fur ce fujet des difficultés que nous ne prétendons pas difcuter ici. Il nous fuffit de montrer qu'encore long-tems après faint Amand, premier Evêque de Strasbourg, les Evêques de Metz ont été reconnus pour gneurs temporels & fpirituels, à Saverne, dans les Abbayes de Neuviller, & de Marmoutier, à Dasbourg, aux Châteaux de Gerolfek, &c. C'est ce que reconnoiffent les auteurs qui ont écrit exprès l'hiftoire d'Alface, comme Wimphelingius, Beatus Rhenas nus, Brufchius, Meuriffe, Suffragant de Metz, & en dernier lieu Daniel Scheflin dans son histoire d'Alface, tom. 1. pp. 338. 346. 347. où il montre que les premiers Evêques de Strasbourg font faint Arbogafte, Florin, Videgerne, vivoient au huitième fiécle; car pour faint Amand qui vivoit fous Dagobert premier, c'étoit un Evêque régionaire, qui n'avoit point de fiége fixe arrêté.

D'autres au contraire, comme les Auteurs de Gallia Christiana, tome 5. p. 778. 779. donnent pour premier Evêque de Stras. bourg, après faint Materne, faint Amand, qui en 346 assista au Concile de Cologne, & qui eft fort different de faint Amand Evêque d'Utrecht. Il nous fuffit de montrer ici que l'Evêque de Metz exerçoit fa jurifdiction fpirituelle fur plufieurs Eglifes de l'Evêché de Strasbourg, encore allez long-tems

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