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Celle de l'Evêche rédigée par l'ordre du Cardinal Charles de Lorraine, établifloit en faveur des Evêques de Metz, les mêmes prérogatives dans le territoire de l'Evêché, foumis alors à leur puiffance.

Le premier de ces droits étoit de pouvoir envoyer un de fes grands Officiers à Metz, pour y faire battre monnoye à leur coin. Cette monnoye avoit cours huit jours avant l'arrivée de l'Empereur, pendant fon féjour, & huit jours après fon depart, fans qu'il fut permis de la refuser, après quoi elle étoit décriée, & la monnoye frappée au coin de la Ville étoit la feule courfable; ce qui forme encore un nouveau genre de preuve, que le droit de battre monnoye n'appartenoit point à l'Evêque.

Le fecond, que les Fouriers de l'Empereur pouvoient marquer dans toute la Ville, & fans aucune diftinction, les logis pour fa Perfonne & pour toute fa fuite.

Le troifiéme, qu'un des Echevins devoit porter à l'Empereur les clefs de la Ville, à trois lieuës ou environ de distance; autre preuve que l'Evêque n'étoit pas régalien ni Seigneur temporel dans Metz.

Le quatrième, que pendant le féjour de l'Empereur, lui fcul avoit droit d'exercer la Juftice, & toutes les autres étoient fufpenduës, s'il n'en ordonnoit autrement.

Er le cinquième, que le Maître Echevin & les Treize, au nom du Corps de la Ville, lui prêtoient ferment de fidélité, suivant la formule précédemment rappellée.

Des différentes preuves contenues dans ce mémoire de l'exercice des droits régaliens par la Ville de Metz, pour l'étendue de fon territoire, il en fort la jufte conféquence, que les Evêques n'y avoient autorité qu'au fpirituel; auffi voit-on que le Cardinal de Lenoncourt, Evêque de Metz, y ayant convoqué au mois de janvier 1552. l'Aflemblée des Etats Généraux du pays de l'Evêché; le Maître-Echevin s'y oppofa, comme à une entreprise inouie, & fit défenfe à tous habitans d'affister à la tenue de ces Etats; de forte qu'il fut obligé d'aller tenir cette affemblée à Vic, le huit Février fuivant.

Pendant que Metz poffedoit les régales dans fon territoire, fes Evêques en jouifloient de leur côté dans le pays de l'Evêché, conde l'Evêché, connu aujourd'hui sous le nom du Bailliage de l'Evêché de Metz à Vic, & dans l'étendue duquel leur temporel eft fitué. Ce diftrict formoit un état diftinct & feparé de celui de la Ville de Metz & du pays Meffin; la différence des coutumes par lefquelles l'un & l'autre de ce pays ont toujours été régis, & la différence du gouvernement & de l'administration ne laiffe aucun doute à cet égard. La coutume de Metz & pays Meffin, redigée par les Magiftrats, & les trois Ordres de la Ville affurent par fes difpofitions, que cette Ville avoit la Jurifdiction, les régales & la fupériorité dans fon district.

Ce qui dépendoit des Evêques, à une & deux lieues de Metz, relevoit de leur Bailliage, & étoit régi comme il eft encore par la coutume de l'Evêché, il se trouve même des Villages mi-partis, où les habitans fuivent la coutume & la Jurifdiction dont ils relevent; tant il eft vrai que les territoires ont toujours été fepares, & que la puiflance temporelle des Evêques de Metz, étoit reftainte dans ce qui étoit des refforts de la coutume de l'Evêché.

Dès l'an 1228. la Ville de Vic, chef-lieu du Bailliage des Evêques, a été le Siége de' leur puiflance temporelle; la tradition est que l'Evêque Conrade I. fit bâtir à peu près dans ce tems le Château de Vic, & fermer la Ville de murailles. Tous les Châteaux forts que les Eêvques poflèdoient, étoient dans l'étendue de leur temporel, & ils n'avoient rien dans Metz, ni dans ce qui eft pays Metlin, & qui fe régle par la coutume de Metz.

Les Officiers de l'Evêché avoient leur établiffement à Vic; ils confiftoient en un Chancelier, un Bailli, un Lieutenant-Général; plufieurs Confeillers, un Procureur & un Tréforier général. Le Bailliage connoilloit particulierement en premiere inftance, des actions perfonnelles des Nobles & pofleffoirs concernant les Fiefs; pour ce qui étoit de celles de propriété des mêmes Fiefs & des droits & Jurifdictions en dépendans, elles fe portoient ès aflifes tenues par des Gentilshommes Pairs de l'Evêché l'appellation des jugemens des uns & des autres, reflortifloit à la Chambre Impériale audeffus de quatre cens florins, & il n'y avoit point d'appel en matiere criminelle.

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La difference des cottifations de l'Evêque & de la Ville de Metz, dans les matricules de l'Empire pour leur contingent, cft encore une preuve convainquante qu'ils étoient l'un & l'autre féparément Etats de l'Empire, & joüifloient en conféquence dans leur territoire des droits régaliens.

L'Evêque de Metz étoit taxé dans la Claffe des Evêques du Cercle du Rhin, fur le pied des moderations de 1545. & 1551. à vingt. Cavaliers & foixante & dix Fantaflins par mois Romains, & à foixante florins par an, pour l'entretien de la Chambre Impériale.

Et la Ville de Metz étoit taxée dans celle des Villes Impériales du méme Cercle, fur le pied des mêmes modérations, à vingtcinq Cavaliers & cent cinquante Fantaflins

1

par

mois romains, évalués à neuf cens florins, & à deux cens cinquante florins par an, pour la Chambre Impériale.

Tout concourt donc à établir la liberté & l'exercice des droits régaliens dont la Ville de Metz joüiffoit dans fon territoire. C'est ce qu'on lit dans l'écrit imprimé à l'occafion de la qualité de Prince de Metz, que M. de Saint Simon, Evêque de Metz, avoit prife, & qui lui étoit contestée par la Ville & le Parlement de Metz, qui prétendoient qu'un Evêque de Metz, après le retour de cette Province à la Couronne de France, n'avoit plus que la qualité de fimple haut Jufticier dans fa temporalité & fon Bailliage; que la qualité de Bailliage feigneurial, que fon Procureur-Fifcal, a cefle d'ètre qualifié Procureur Général, comme il paroit par tous les actes du Greffe, & plus particulièrement par les lettres patentes du mois de Novembre 1703. confirmatives d'un traité palle le vingt-deux Septembre précédent, entre la Majesté & fcu M. de Coislin, Evêque de Metz.

&

La Ville de Metz depuis fon retour à lá Couronne de France, ne jouit plus de ces anciennes prérogatives dont on a parlé; elle eft réduite à l'exercice de la haute Justice fur l'ancien Ban de la Ville hors de fon en

ceinte.

Nous avons compofe une differtation exprès fur l'ancienne Jurifprudence de Lorraine, imprimée au troifiéme tome de la nouvelle Edition de Lorraine, & une autre differta tion fur les monnoyes de Lorraine, imprimée. au cinquième tome de la nouvelle Edition de Lorraine, où nous avons parlé affez au long de la maniere dont la Juftice s'exerçoit à Metz, & des monnoyes de cette Ville, tant fous les Evêques, que fous le gouvernement du Maître Echevin de Metz on peut confulter ces deux differtations, & en particulier l'article des monnoyes de Metz, que nous donnons ici cy-après.

J'ai parlé des anciens Comtes de Metz, & j'en ai donné la fuite dans les prolégoménes du premier Tome de l'Hiftoire de Lorraine, deuxième édition, pag. CXLVII. &fuivantes, où j'ai examiné fi les Ducs de Lorraine ne font pas defcendus de ces anciens Comtes de Metz.

Il eft remarquable que dans le mémoire que nous venons de rapporter, pour prouver que la Ville de Metz jouilloit des droits regaliens & d'indépendance de la part des Evêques, & que ceux-ci étoient réduits à l'exercice de leurs droits de régale dans la feule ville de Vic, & dans les lieux qui dépendoient de leur domaine temporel. On ne fait pas remonter cet exercice des droits

régaliens par la Ville de Metz, au-delà de l'an 120p. auquel tems on convient que cette Ville jouifloit de ces droits, & les exerçoit indépendemment de leurs Evêques.

Mais fi l'on remonte plus haut, il fera aifé de faire voir que les Evêques de Metz depuis long-tems avoient exercé dans leur Ville epifcopale les droits d'y établir des loix, de faire en leurs noms la paix & la guerre, de frapper monnoye, &c.

On fait que l'Evêque Bertrand, qui vivoit en 1190. eft proprement le législateur de la Ville de Metz; avant lui on n'y écrivoit point les actes publics.

Il eft certain auffi que Metz, fous l'Empire des Romains, étoit Ville libre & alliée des Romains; & c'eft apparemment en ce tenis là qu'elle fit fondre la monnoye dont nous avons parlé, qui porte l'inscription médiomatric.

Après la conquête des Gaules par les François, cette Ville eut le même fort que les autres Villes des Gaules. Ces nouveaux vainqueurs exercerent fur elle une fouveraineté abfolue, comme vainqueurs fur les peuples vaincus, aufquels on ne conferveroit la vie qu'aux dépens de leur liberté.

Le Chriftianifine qui s'établit à Metz vers l'an 340. ne changea rien à cette difpofition pour le temporel; les Evêques de Metz faifoient alors trop peu de figure, & avoient trop peu d'autorité pour le civil, ils ne fe méloient d'autres affaires que de celle de convertir; d'inftruire & de gouverner les premiers Fidéles qui étoient en petit nombre & fans autorité.

Dans la fuite leur nombre s'étant accru, & l'Eglife ayant acquis par la libéralité des Princes & pour la piété des Fidéles, des biens confidérables, l'autorité des Evêques devint plus grande, mais toutefois demeura encore bien bornée fous les Rois d'Auftraie, qui firent leur demeure à Metz depuis Thierri, fils de Clovis, qui régna depuis l'an 511. jufqu'en 5 34. Sous fon régne & fous celui de fes fucceffeurs, nous voyons à Metz de faints Evêques, qui ne fongeoient à rien moins qu'à y exercer une autorité régalienne.

A mesure que l'autorité fouveraine des Rois d'Auftrafie s'affoiblit, celle des Evèques. s'accrut, faint Arnou, faint Clodulphe Crodegand, Angelráme, & fur-tout Drogon, fils de Charlemagne & frere de l'Empereur Louis le Débonnaire, furent très puiffans fous les Rois & les Empereurs de leurs tems; mais toujours dans la dépendance des Princes leur parens ou leurs arbitres, qui fe fervoient de leurs confeils, & les em ployoient dans leurs affaires d'Ecaci

?

y

Nous voyons l'Evêque ou l'Archevêque confidérable au village de Joüi-aux-Arches, Valon, combattant dans l'armée des Meffins, fitués à deux lieuës de Metz vers le midi. Il & mis à mort dans le combat de Remich; y en a encore aujourd'hui quinze arches, étoit-il còmme chef, ou commandant du qui fubfiftent à l'orient de la Moselle, & on peuple de Metz, ou fimplement comme en voyoit un plus grand nombre à l'occiconduifant les troupes de fes Terres, felon dent au delà de ce fleuve, lorsque le Roi l'ufage de ce tems là, ou y étoit-il allé com- Henri IV. vint à Metz en 1603. celles du me dans une guerre de religion contre les milieu ont été renversées par les eaux & les infidéles? Nous avons une petite médaille glaces, il y a fort long-tems, puisque dès que nous croyons être de lui. le dixiéme fiécle Sigisbert de Gerblours, qui a écrit la vie de Thierri I. du nom, Evêque de Metz, témoigne qu'elles n'étoient plus de fon tems, & il infinue que cette ruine n'étoit point nouvelle.

Nous en avons d'autres de Thierri, Evêque de Metz, d'Adalberen, d'Etienne de Bar, qui ont vêcu avant l'an 1200. Thierri 1. eft mort en 984. Adalberon II. a gouverné depuis 984. jufqu'en 1005. Etienne de Bar, Evêque de Metz, a gouverné depuis 1120. jufqu'en 1163.

L'Hiftoire de Metz & celle de Lorraine, font pleines des guerres que les Evêques Thierri, beau-frere de l'Einpereur Henri II. Jacques de Lorraine, Evêque de Metz, Etienne de Bar & Laurent, Evêques de la même Eglife, ont fait de leur tems, contre les Ducs de Lorraine, les Comtes de Bar, de Luxembourg, de Blamont, &c. quelquefois même contre les Bourgeois de Metz, comme Jean d'Apremont, qui fut obligé de fortir de la Ville, par la faction des Bourgeois vers l'an 1135.

Ce n'eft que depuis l'établiffement des Communes, & l'affranchiffement des villes, des bourgs & des villages, qui ont commencé vers l'an 1220. que les villes épifcopales fe font renduës indépendantes de leurs Evêques, & les autres villes de leurs Seigneurs ; ils ont enfuite obtenus des priviléges des Rois & des Empereurs. On peut voir le Gloffaire de M. du Cange, fous les mots commune & communitas, où il traite de ces communes; les plus anciennes qu'il rapporte ne paffent pas l'an 1224. & le régne du Roi

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Les arcades de Joui ont de hauteur cinquante-fept pieds deux pouces, à l'endroit où elles font plus hautes, non compris ce qui eft caché fous terre, qui eft encore de vingt-fix pieds de hauteur.

Leur largeur eft inégale, car le fondement dans fa plus grande largeur a feize pieds neuf pouces, & la pile de l'arcade va toujours en diminuant, jufqu'à la naislance de fa voûture; l'élévation totale d'une arcade, y compris le conduit des eaux, devroit être de cent cinquante toiles, & l'élévation d'une arcade fous clef, étoit de cinquante toifes; leur longueur à prendre depuis le pied d'une montagne du côté d'Ars, jufqu'au côté de la montagne de Joiii, étoit de cinq cens foixante & dix toifes. Quant au canal dans lequel les eaux couloient fur l'Aquéduc, il ne fubfifte plus; mais felon les proportions de l'architecture, il pouvoit avoir environ quatre pieds en tout fens:

Gerard Me cator dans la geographie qu'il écrivit au feizième fiècle, dit que les habitans de Joui-aux-arches racontoient qu'ils avoient vû au-dessus des arches une espéce de petite maifon ouverte des deux côtés; ce qui pouvoit bien être un refte de la couverture qui couvroit le canal, par où les eaux couloient fur les arches.

Les arcades qui fe voyent au couchant de la Mofelle, fe détruisent de jour en jour par la liberté que fe donnent les particuliers de les renverser pour profiter des matériaux, ou pour aggrandir leurs champs & les déba→ raffer de ces maffes de pierres.

voici quelque chofe de plus précis, dresse par un

Architecte fur les lieux-mêmes.

Ce qui refte des arcades de l'ancien Aqué duc, confifte en dix-fept arches du côté de Joui, dont une eft rompuë, cinq en très mauvais état, quatre paffables, & les fept dernieres à commencer de celle où pafle le grand chemin, font encore toutes entieres, à quelques petites écornures près, aux im. postes.

Du

LORRAINE. Du côté d'Ars au couchant de la Mofelle, on trouve d'abord entre un bras de la Mofelle & le chemin qui en eft tout près, un refte de pile, fur lequel eft une croix plantée depuis peu, en traverfant le chemin & en montant le hameau, on voit une pile que les gens du lieu ont renverfee par la fappe ou par la mine.

des; les eaux étoient reçues dans des canaux fouterrains de bonnes pierres de taille, qui les conduifoient jufque dans la Naumachie. Les Laboureurs trouvent encore de tems en tems des reftes de ces canaux fouterrains qui conduifoient les eaux jufqu'à Metz.

A quelque diftance de celle-ci, il y en a une autre élevée de toute fa hauteur, avec la naiflance de fa voûte; elle cft en très bon état; toutes les allifes de moëlons & fon impofte femblent avoir bravé les tems.

En continuant de monter, on trouve quatre tronçons de pile à rez-terre, puis eftun arche en très mauvais état. Enfuite deux autres tronçons de pile, auffi à rez-terre ; & enfin deux arches des plus d'épérées.

L'édifice de ces arches joignoit deux montagnes féparées par un vallon de 570. toifes. Le pont fur lequel palloient fes eaux, étoit couvert, & avoit onze pieds de largeur; le canal par où couloient les caux, avoit huit pices & demi.

Tout l'édifice étoit en pierre ou moëlon piqué, tiré des carrieres du pays, de forme rectangulaire, proportionnés différemment; car les uns ont trois pouces de hauteur, les autres quatre; & la largeur eft toute de cinq pouces, haute de fix ou de fept. Les verfures de même pierre font feules régulieres, & les unes & les autres ont leur joint proprement fait en ciment rouge. Les impoftes font de pierres de taille jaune, comme celles dú pays.

Le canal qui conduifoit fes eaux fur les arcades, avoit huit pieds & demi de largeur comme le pont; ce canal côtoyoit la montagne à mi-côte, pour gagner le ruifleau du pont de l'Aquéduc.

Les arches de Joüi fervoient à conduire les eaux pour la Naumachie de Metz; cette Naumachie étoit un grand baffin, fur le quel on donnoit des représentations des combats navales, pour l'exercice des troupes, ou pour le divertiffement du peuple. Les eaux le prenoient à Gorze, à quatre lieues de Metz, vers l'occident, & on les aménoit par des canaux fouterrains faits de pierres de taille, & de la hauteur d'un homme en cottoyant la montagne, depuis leur fource au-deffous de Gorze. De là les eaux alloient le long des vignes de Noviant ; c'étoient celles d'Ornot, d'Anci & d'Ars, où elles fe jettoient dans l'Aquéduc au commencement des arcades dont nous avons parlé, & qui étoient d'une élévation fort inégale puis elles diminuoient à mefure qu'elles s'approchoient de l'autre côté de la montagne de Joui, & à l'extrémité des arca

Quant à la Naumachie, autant qu'on en peut juger par les fondemens qui en reftent, & parles débris des colomnes qui régnoient au-tour en dehors, elle étoit d'une longueur remarquable; mais quelque foin que j'aye pris, & quelqu'inftance que j'aye faite, je n'ay pû obtenir de ceux qui y ont travaillé, ni la forme, ni l'étendue, ni la proportions géométriques de ce bâtiment.

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Les eaux qui venoient de Gorze par quéduc de Joui-aux-arches, fe rendoient d'abord par des canaux fouterrains au lieu nommé la foffe aux ferpens, environ à mille pas de la Ville ; c'étoit, dit-on, le lieu des bains publics, ornés de plus de deux cens colomnes de marbre ophite, dont on voit encore les débris de plus de cinquante, en differens endroits de Metz; les unes font entieres, les autres brifécs, éparfes çà & là par la Ville; les unes embelliflant la porte de la Maifon épifcopale, & d'autres une des portes de la Ville appellée la porte du Pont des morts. La plus grande partie des maté riaux de ces grands & fuperbes édifices, avoient été employés à bâtir la belle Eglife de faint Arnoû; & les autres Eglifes qui étoient en grand nombre dans ces environs; mais ces Eglifes ayant été renversées dans les differens fiéges de la Ville de Metz, ces précieux débris ont été mis en piéces & réduits en pouffiere; ou enfevelis fous les ruines de ces bâtimens.

C'eft de ces bains publics qu'on a tiré lá grande cuve de Porphire, qui fert aujour d'hui de baptiftaire en la grande Eglife, furtout quand on baptife quelque Juif. Sa longueur eft de plus de dix pieds, fa largeur de quatre, & fon épaiffeur d'un ; fa figure eft ovale ou oblongue.

Des bains publics les eaux fe rendoient dans la Naumachie, qui fervoit à la reprefentation des combats navales; de là elles fe répandoient dans divers quartiers de la Ville de Metz, pour la commodité des Bourgeois.

Plus loin que la Naumachie étoit l'Amphithéâtre, ou l'Aréne dont on a montré les débris jufqu'au dernier fiecle. Dans les divers fiéges qu'a fouffert la Ville de Metz, & dans les divers travaux qu'on a faits pour la fortifier; on a ruiné tous les anciens & respectables monumens. En dernier lieu en augmentant les fortifications du côté de la porte faint Thiébaut, on a découvert quelque fonKKKKK

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teauroux

en 1532.

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dement & quelques débris de ces anciens ouvrages.

On pourra demander ici pour qui ces grands ouvrages ont été faits: il eft aflez, ordinaire dans tous les pays du monde, de donner aux chofes & aux événemens extraordinaires, des origines fabuleufes & miraculeuses. Les chroniques de Metz racontent qu'Azita, fille de Noë, & fes trois neveux fils de Sem, étant arrivés au lieu où fe voit aujourd'hui la Ville de Metz, Azita infpira à fes neveux de bâtir les arcades de Joui-aux-arches, dans le deffein de fe précautionner contre un nouveau déluge qui pourroit arriver, en fc fauvant par le grand pont d'une montagne à une autre.

Ce Pont fut de montagne à autre Sur fortes arches, groffes & hautes De la longueur tant qu'elle dure Chacun en peut voir la mesure. Quand fon œuvre fut achevé Et fes arches ainfi élevées : Dit: j'ai ainfi de mon vouloir joüi, Et dit-on, depuis, les arches de Joüi. D'autres attribuent ces grands ouvrages aux Fées, qui font des perfonnes fabuleufes, ayant pouvoir de commander aux démons, & de leur faire faire des œuvres merveilleufes.

Voyage de D'autres racontént que le diable ayant enMr. Cha- trepris fous certaine récompenfe, d'achever ces arches avant le chant du cocq, fut prévenu de quelque moment, & le cocq ayant chanté, il laiffa exprès une de ces arcades entrouverte par le haut, ce qui entraina la ruine de la plus grande partie de l'édifice; c'eft ce que dit la fable.

L'Hiftoire ne nous apprend rien de certain fur l'Auteur de ce grand ouvrage ; on croit communément que ce fut Drufus pere de Germanicus, qui étant à Metz, employa fes troupes à ces ouvrages, qu'il y fit bâtir non feulement les arches, ou l'Aquéduc dont on a parlé, mais auffi les bains pu

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Metz, dont on voit encore quelques veftiges dans le terrain qu'occupoit autrefois le faubourg faint Thiébaut, au midi de la Villes cette piéce eft de plomb, & de la largeur de quatre pouces, & de la circonférence de douze. Elle repréfente la Ville de RoVoyez la me en bufte, armée, & la tête couverte d'un forme de cafque furmonté d'une aigrette, ayant fur cette pièce le dos un bouclier orné de girandoles, & à la fin de une pique, tenant de la main droite une notre Noboule, fur laquelle eft portée une fortune ticede Lorarmée, tenant de la main élevée une couronne qu'elle femble vouloir mettre fur la tête de la Décffe Rome. Toute la piéce eft bordée d'une branche de laurier.

Autant que j'en puis juger, cette piéce n'eft pas fi ancienne que Drufus ; elle me paroit plutôt du fiecle de Julien l'apoftat, ou

du Grand Conftantin.

En confidérant les Aquéducs des Romains conftruits au-tour de Rome, & prefque dans toutes les parties de leur Empire, avec tant de travaux & de dépenfes, il pourroit venir dans l'efprit que les anciens Romains n'avoient pas encore l'idée de l'équilibre des liqueurs, & de la facilité qu'on a par le moyen des pompes afpirantes, & des tuyaux de terre, de fer fondu, de bois ou de plomb, de faire remonter les eaux à peu près à l'égalité de la hauteur de leurs fources; i les Romains avoient eu connoiffance de ce fecret, ils auroient pû, dit-on, s'épargner ces immenfes travaux, dont nous admirons les reftes.

Mais il eft indubitable qu'ils avoient commenous des jets-d'caux,ou des eaux faillantes: Horat. l. 1. Epist. 10.

Purior in vicis aqua tendit rumpere plum-
bum.

Quàm, qua per pronum trepidat cum mur

mure rivum.

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raine.

Vitruve parle au long de la maniere de vitro.l. conduire les eaux par des tuyaux de plomb, 8.6.7. ou de poterie ; il marque auffi les canaux de maçonneric qui fe faifoient pour amener les caux dans la ville, la pente qu'ils doivent avoir; il veut qu'ils foient fort folides, & qu'ils foient couverts par des voûtes, afin que le foleil ne donne pas fur l'eau, & qu'on ne s'imagine pas qu'il ne parle que des tuyaux qu'on employe à amener des eaux dans des plaines, ou dans un terrain égal: il donne des régles pour conduire par des terrains inégaux les eaux à la ville, s'il fe rencontre des montagnes fur leur route,

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