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il veut qu'on perce la montagne, ou qu'on
faffe tourner les canaux autour de la hauteur,
pourvû que le détour ne foit pas trop long;
enfin il donne des régles pour la longueur
& l'épaiffeur des tuyaux de plomb & de po-
terie, & décrit la maniere dont on les doit
conduire dans les vallons, où l'eau eft ob-
ligée de couler, puis de faire un ventre pour
remonter au niveau du lieu, où l'on veut
les amener. Tout cela démontre que les an-
ciens Romains avoient comme nous le fe-
cret des tuyaux, & celui de faire remonter
les eaux au niveau à peu près de leurs four-dans le lit de la riviere, pour jetter les eaux

d'argile demandoit une dépente prefque con-
tinuelle & très confidérable sau lieu que
Aqueducs une fois élevés,
c'en étoit pour
plufieurs fiécles avec un peu de vigilance &
a peu de frais pour l'entretien.

ces.

Mais s'ils avoient ces connoiffances, d'où vient qu'ils ne les employoient pas dans les ouvrages publics; & qu'au lieu de ces Aqueducs fi fomptueux & de fi grand entretien, ils n'ufoient pas de cors & de tuyaux de plomb, de fer fondu comme on fait aujourd'hui, ou de bois, ou d'argile?

On peut répondre premiérement, qu'ils avoient pour maxime de tenir toujours leurs foldats en haleine & de les faire travailler pour éviter l'oifiveté ; & cela autant qu'il étoit poffible, à des ouvrages utiles au public, & dignes de la majefté & de la réputation du nom Romain. Conftruire des Aqueducs, des Ponts, des Chauffees, des Temples, détourner des rivieres, deflècher des marais, percer des montagnes, creufer des foflés, élever des terraffes, faire des murs & des forterefles, couper du bois, tirer des pierres des Carrieres, & les tuilles.

On ne peut lire fans admiration la defCription des travaux immenfes que les Romains entreprenoient, lorfqu'ils affiégeoient une place on en peut voir des exemples dans Jules Céfar & dans Tite-Live, & dans Jofeph l'hiftorien.

Lors même qu'il n'y avoit rien à faire pour la guerre, ou pour des entreprises au dehors, ils entreprenoient des ouvrages pu

blics

pour l'ornement des villes, ou pour la commodité & l'utilité des provinces, ou même pour le fimple plaifir & l'oftentation de leurs forces & de l'habileté de leurs foldats, de la grande étendue de leur domination & de leur vafte puiflance.

Une feconde raifon qui a pû les porter à cés pénibles entreprifes, en fait d'Aqueducs, c'eft que par le moyen des cors & des tuyaux de plomb, ou de poterie, ils n'auroient pû amener à la fois une auffi grande quantité d'eaux, qu'ils en avoient befoin pour leur Naumachie, ni pour fournir de l'eau à toute une grande Ville; c'étoit plutôt fait d'y amener tout d'un coup un ruiffeau entier, ou toute une source très abondante. Ajoutez que l'entretien des tuyaux de plomb &

3. A l'égard de 1s Naumachie de Metz
en particulier, il femble qu'ils auroient pû
à moins de frais prendre des eaux de la Seille,
ou même de la Mofelle, en les faifant ve-
nir d'un peu loing par un canal creusé ex-
près, & par le moyen d'une digue de bien
moindre dépenfe, qu'on auroit pratiquée

dans le canal de la Naumachie; mais il eft
très croyable que l'intention des Romains
étoit non-feulement de fournir des eaux
pour leur Naumachie, mais auffi pour les
befoins de la ville de Metz, à qui ils vou-
loient procurer des eaux bonnes & falutai-
res en tout tems & en abondance; ce que
ni les eaux de la Seille, ni celles de la Mo-
felle n'auroient pu faire avec les mêmes avan-
tages, ni en tout tems, ni d'une façon fi
uniforme, & fi conftante.

8.

Il y a trois chofes à confidérer dans la Meuriffe, ville de Metz, dit M. Meurifle, Evêque de hiftoire de Madaure, premiérement les restes de ces Metz, prébelles piéces de marbre qui fe voyent les face, p. 7 unes dans la maifon Epifcopale, les autres dans la Citadelle, les autres à la haute-pierre, les autres en quelques places publiques, & les autres dans des maifons particulieres; ce font ou colomnes de marbre, ou carreaux, ou chapiteaux d'ordre corinthien ou fragments de grandes & groffes pierres qui font allez reconnoître à ceux qui les confiderent, l'immenfe grandeur des édifices aufquels elles ont été autrefois employées. Secondement, les veftiges de quelques-uns de ces plus anciens bâtimens qui fubfiftent encore & qui ont réfifté depuis tant de fiecles, aux injures du tems, par la bonté & la folidité de leurs matériaux.

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Les Abbayes de fainte Gloffinde & de fainte Marie, la maison des Religieux de la Trinité, une maison canoniale, où le fiége Epifcopal se tenoit ci-devant, mais fur-tour la Maison Epifcopale, confervent encore quantité de beaux reftes de ces édifices, defquels les bâtimens que l'on fait à préfent n'approchent nullement, ni pour la hauteur, ni pour la grandeur, ni pour l'ordre de l'architecture, ni pour les dimenfions, la cuite & la liaifon des briques, ni pour la bonté du ciment, ni pour beaucoup d'autres per, fections que l'on y peut obferver. Troiliémement nous pouvons confidérer dans la ville une grande quantité de monumens & de pierres, qui ont été tirées de deffus les fepulchres des anciens, & qui font enrichis

de belles figures & infcriptions.

V. de Vi- L'an mil cinq cens treize au mois de Juilgneules, t. let, comme les Mâçons travailloient à trois 3.p.293. petites maifons contigues l'une à l'autre, qui an. 1513. étoient derriere l'Eglife des Peres Cordeliers, aujourd'hui des Récolers, en un lieu appellé communément fur les Murs, qui menaçoient tous les jours ceux qui y habitoient, d'une ruine funefte & meurtriere, elles vinrent en effet à tomber, & ayant été réduites incontinent en poudre, à cause de leur caducité, l'on trouva plus de trente grandes & belles pierres antiques dans les fondemens, dont les infcriptions, la fituation & les autres circonftances fournifloient à nos yeux des lumieres pour découvrir quantité de chofes curieufes

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Premiérement les pierres étoient les unes fur les autres confusément & fans ordre, & en tel état qu'il étoit aisé de reconnoître par leur fituation, les veftiges d'une grande

ruine.

Secondement, la plupart étoient noircies de feu, & portoient les marques indubitables de quelque incendie ; & outre les infcriptions, il y avoit encore prefque fur toutes ces pierres quelques figures & repréfentations d'hommes & de femmes à l'antique, d'oifcaux, de vases & d'autres piéces ou inf. trumens funébres. Ces pierres étoient pofées l'une auprès de l'autre, fans mortier ni liaifon, les figures & les lettres renversées & s'en deffus deffous, & fervant comme de fondement aux murailles des mailons des

environs.

Ce même auteur a fait graver ces anciens monumens ; mais ils ne fe trouvent que dans un aflez petit nombre des éditions de fon hiftoire de Metz. Je conjecture que ces gravûres font des premiers cflais de la main de M. Sébastien le Clerc.

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સે.

En 1525. à la fin du mois d'Avril, on ,, commença à vuider les fofles du Boule,,vard de la porte Champenoife, & lorf,, que l'on vint à chercher un peu profond, », l'on trouva plusieurs grofles & épaifles 3, murailles merveilleufement bienfaites, à la mode ancienne, & toutes de pierres . quarrées & de briques, comme les Ar,,ches de Joy, ou comme la Cour d'Orne à Metz; c'est à fçavoir que parmi lefdi», tes pierres y avoit belle ceinture defdites », briques, & eftoit la chose la mieux faite », du monde, & croiroit-on que cet ouvras "ge eftoit fait de très long-tems devant ,, Ï'Incarnation Notre-Seigneur; car il fe » montroit que là y cuft autrefois eu au» cuns Palais ou Châteaux avec grandes voûtes & plufieurs autres chofes eftram

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» ges eftoient audit licu, que je laiffe abreger.

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pour

Voici ce qu'on m'écrit de Metz du 28. Juin. J'ai vu lundi dernier à Metz une particularité aflez finguliere, dans les démolitions & au deflous de plein-pied du Cloître de la Cathédrale. On y a trouvé fous terre un petit falon d'environ onze pieds en quarré, ayant en tête un demi cercle ouvert, à peu près de fept pieds dans le gout d'une neffe avec fon choeur, le tout bien enduit: au deffous de ce falon ; & fur toute fon étendue, étoit un fourneau élevé d'environ deux pieds & demi, foutenu de distance à autre par des briques quarrées; entafiées les unes fur les autres, lefdites briques de fept à huit pouces en quarré, épaifles de dix-huit lignes. Ces montans couverts d'une autre brique de dix-fept à dix-huit pouces en quarre, bien liée; recouverte d'un terrier de cinq pouces d'épaiffeur, parquetté au-deffus de marbre, de l'épaiffeur de neuf ou dix lignes, diftribué en roles, en étoiles, &c. à peu près dans le gout des Commodes de pieces rapportées. Ce qui eft plus furprenant, c'est un mur de l'épaiffeur de deux pieds, qui porte entiérement fur ces briques, que l'on dit être un mur de la plus ancienne Eglife de Metz, & il paroit que ce mur a été posé fans que l'on ait eu connoiffance de ce fournau, autrement il y auroit eu de l'imprudence de l'établir fur un fond auffi peu folide. On á trouvé à coté des murs du falon de petits tuyaux de terre en quarrés oblongs, attachés dans le mur par de petits crampons ; qui perçoient à travers les tuyaux ouverts do trois pouces fur quatre. On voit tant par les

briques qui foutenoient le terrier, que par ces tuyaux, qu'on ne fe fervoit pas de bois, parce qu'il y auroit eu de la craffe, ils ne font tachés que légèrement d'une couleur bleuâtre, ce qui fait préfumer qu'on ne fe fervoit que d'efprit, & que ce falon tenoit lieu de ce que nous appellons étuve.

Remarques fur la figure de la Reine Dahou,

on Hidiotte, ou Gilette.

La tradition populaire de Metz veut qu'une Reine nommée Dahou, ou Hidiotte, ou Hordal, ou Gilette, avoit été noyée en paflant le pont, ou la chauffée de Charpaigne, & que fon corps avoit été emporté par les eaux jufqu'à Metz, & qu'ayant été rejettée dans la Seille, on l'y avoit retrouvé, & l'on avoit érigé en fa mémoire un monument que nous avons fait deffiner, & que l'on peut voir à la fin de cet ouvrage.

La Statue eft placée à l'avant-bec de la pile droite de l'Eclufe appellée le fapin, prés

d'un

d'un moulin nommé le Terne. Elle a quatre pieds cinq pouces de hauteur, fans compter les pieds qui font cachés derriere l'infcription. Au deflus de la Statue eft un petit couronnement gothique, qui porte en chiffre 1516 L'infcription qui eft aux pieds de la Statuë, eft en caracteres purement gothiques, qui portent à la premiere ligne, Mufelle has reçu, & la feconde ligne...d'outre feille a rendu, ou Mufelle fi as fin, & la feconde ligne, d'outre Seille fi rendit. Chaque lettre a trois pouces fix lignes de hauteur.

Aux deux côtés de la Statue font deux figures antiques, du nombre de celles qui font rapportées dans Meurifle, dont la premiere eft d'un Gaulois, au deffus duquel eft écrit en gros caracteres romains le mot CARO. De l'autre coté eft une autre figure qui repréfente au bas un homme dans une baine, qui conduit une charette avec un cheval, & au deffous, dans un cartouche, un homme à demi-corps, avec une infcription au deflus qui porte: D. M. NOCTVRNIO NOCTVRNIANO CILA CONJVX POSVIT. Elle eft gravée dans Meinille de même que la premiere, & a été apportée d'ailleurs dans cette pile, n'ayant nul rapport à la Statue principale.

Mais laiflons ces récits fabuleux de la Reine prétendue nommée Idotte, Dahou, Gilette, ou Hidoute, & venons à l'explication de la figure en queftion. Le chiffre 1516. paroit beaucoup plus récent que la figure de la Reine, de même que l'infcription qui eft à fes pieds, mais l'une & l'autre font bien poftérieures au tems de la Reine Hildegarde, & d'aucune autre Reine de France ou d'Auftrafic. Ce n'eft point non plus une figure gauloife; elle n'a aucune reflemblance à toutes les autres que nous voyons dans les anciens bas reliefs de Metz & des autres pays. Elle eft fans cheveux, & fa coeffure paroit d'une veuve, ou d'une Religicufe voilée, & ayant un bandeau qui lui paffe fous le menton, entre la Robe & la Tunique. Elle porte un manteau qui pafle fous le bras droit & tient fur le bras gauche fa main droite eft rompue, & elle tient de la gauche un livre fermé. Elle eft couchée à la maniere des perfonnes décédées, qui ont comme elle un couffin fous la tête avec quatre houpes aux quatre coins.

Toutes ces circonftances me perfuadent que cette pierre eft une tombe apportée d'ailleurs en cet endroits que c'eft une veuve ou une Religieufe qui y eft repréfentée, fa coëffure comme le livre qu'elle tient en main en font des preuves; le chiffre arabe 1516.

eft mis après coup. L'infcription qui eft à fes pieds eft plus moderne que la figure, & n'y a nul rapport; mais il pouvoit y avoir autrefois au même licu une autre figure, à qui l'infcription a rapport.

Je loupçonne que cette Reine Dahon, Dagou, ou Hidiotte, ou Idotte, que le peuple Meffin appelle la Reine Gilette, eft la Reine Hildegarde, époufe de Charlemagne,enterrée dans l'Eglife de faint Arnoû, & révérée comme Sainte en quelque endroit. Voici les fondemens de ma conjecture: premierement la reflemblance des noms : Hildegarde en patois fe peut nommer Dagou, Hidaute, Dahou, Hidiote, Idotte; 2°. La chronique de Philippe de Vigneule dans l'histoire de Drogon Evêque de Metz, fils de Charlemagne & de la Reine Hildegarde, dit qu'à Metz on nomme cette Princeffe la Reine Hou disiert. 3o. Le Poëte qui a fait l'éloge de cette Princeffe, qui étoit enterrée à faint Arnoû devânt Metz, & dont la Statue fe voyoit dans la même Eglife, dit que Hildegarde époufa le Roi Charlemagne, âgée d'onze ans, que la jaloufie de quelques courtisans la fit accufer auprès du Roi fon époux, qui en avoit cu cinq filles & quatre garçons (a); on l'accufa d'avoir manqué de fidélité au Roi. Le Roi assembla fon Parlement à l'Abbaye de faint Arnoû, Hildegarde y comparut, fit fon oraison, ôta fes gands, les voulut donner à fes fuivantes; mais un rayon du foleil les retint fufpendus en l'air, ce que le Roi & les Seigneurs ayant vû, reconnurent l'innocence d'Hildegarde Charlemagne la combla de carefles, & fit de riches préfens à l'Eglife de faint Arnoû.

Hildegarde mourut à l'âge de 22. ans, & fut enterrée dans l'Eglife de faint Arnoû, près l'autel, comme elle l'avoit demandé. Le jour de fa mort fut le fecond des Calendes de Mai 783. veille de l'Ascension; Dieu honora fa Tranflation par un miracle : ur homme qui n'avoit aucun ufage de fes pieds ni de fes yeux, recouvra une parfaite fanté en invoquant le fecours du ciel en la préfence de fon corps. Le même Poëte remarque qu'on conferve encore à faint Arnou le peigne de cette Princeffe, & la houffe de fon plaifant chief, enfin les Echets dont elle fe fervoit en jouant, & on les y voit encore aujourd'hui.

Les vers du Poëte que nous avons cité furent mis & écrits devant l'Image & portrait de ladite Princeffe, laquelle étoit habillée à la Françoife.

Laquelle comme vous porez veoir,

(a) Il n'eft pas croyable qu'à l'âge de 22. ans elle ait eu neuf enfans.

1

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Le Blanc

LA LORRAINE.
A d'habit de France la guife,
Que ci-deffous vous fera miufe.
Ces vers furent donc mis auprès de la
Statuë de la Reine Hildegarde après fa mort.
Or la Statuë de la Reine Dahou, ou Hidotte,
eft vifiblement d'une perfonne morte & ha-
billée à la Françoise; fon couvre-chef, fon
habit long, fon livre à la main, fon voile
qui lui pafle fous le menton, une espece de
couronnement fur fa coëffure, tout fon ex-
térieur marque une perfonne de très grande
confidération décédée; elle a la tête ap-
puyée fur fon oreiller, avec quatre houppes
aux quatre coins, la robe longue & fon
manteau par deflus, fon collier, fon air ma-
jeftueux, fon air de jeuneffe me perfuadent
que c'eft la Statuë de la Reine Hildegarde.
L'infcription qui ett au' deffus marquant
1516. & celle qui eft à fes pieds font mani-
feftement poftiches, & mifes dans le tems
que la ftatue fut posée en cet endroit, après
avoir été ôtée de l'Eglife de faint Arnoû,
on ne fait à quelle occafion, fi ce n'eft lorf
qu'on démolit l'Eglife de S. Arnoû pendant
le fiége de cette ville en 15 52. par l'armée de
l'Empereur Charles V.

Thierri I. Childeric II. Theodebert, fur lef
quelles on voit les têtes de ces Princes avec
leurs noms, & fur le revers une croix avec
le mot METTIS. Celle de Louis d'Outre-
mer rapportée dans M. le Blanc, porte une
croix, au tour de laquelle fe lit LVDOVI-
CVS, & dans le fecond cercle † GRATIA
DI. REX. & fur le revers une croix avec ces
mots: MARSALLO VICO. La ville de
Marfal a appartenu pendant long-tems à l'E-
vêque de Metz.

La figure en bas relief qui eft auprès de la Princefle, & qui repréfente une perfonne dans un chariot conduit par un cocher, ont donné lieu à la fable qu'on a débitée de la Reine Hidote renversée de fon chariot & noyée dans la Mofelle, & dont le corps fut dit-on retrouvé dans la Seille. C'eft là l'unique fondement fur lequel on a diftribué un tiffu de plufieurs fables mal assorties, & dénuées de vraisemblance. Au refte on ne doutoit point au quinzième fiecle, que la Reine Hildegarde ne fût enterrée à faint Arnoû; nous réfutcrons ci-après ce qu'on a avancé touchant fa translation prétendue en l'Abbaye de Campédonne, ou Kempten en Suabe.

Monnoyes de Metz.

Dans la Differtation fur les Monnoyes de Lorraine, j'ai traité exprès des monnoyes de la ville & des Evêques de Metz. Je me contenterai de donner ici un .extrait de ce que j'en ai dit en cet endroit-là.

J'ai en main une Médaille de petit bronze, jettée en fonte, d'un aflez bon gout, ayant d'un coté une tête, mais fans aucune infcription, & de l'autre le cheval Pegale avec les aîles, & au bas MEDIOMAT. Je fuis fort porté à croire qu'elle cft du tems que Metz étoit ville libre & alliée aux Romains.

Depuis que Metz devint le fiége des Rois traité des d'Auftrafic, les Rois de la premiere race y monnoyes firent fouvent frapper monnoye, & on en de France, trouve encore un bon nombre des Rois P. 19.28. 4.143.

Je ne doute pas que Charlemagne & les fuccefleurs n'ayent auffi frappé de la monnoye à Metz, qui a toujours été une ville fi confidérable, & où ces Princes ont fi fouvent fréquenté; mais n'ayant point vû de ces monnoyes frappées à Metz, je n'en puis rien dire de certain.

Quant aux Evêques de Metz, il eft indubitable qu'ils ont joui des droits de Régale, & du droit de frapper monnoye, au moins depuis le neuvième fiécle. J'ai une petite monnoye d'argent d'un Evêque de Metz, avec l'effigie d'un Prélat mitré, avec cette légende V. EPS. & fur le revers une croix accompagnée de deux étoiles, & de deux croiflans, avec ce mot METTENSIS: La lettre V. défigne ou Vala qui eft mort en 882. ou Vigeric mort en 927:

J'en ai plufieurs de Thierri Evêque de Metz, où l'on voit un Evêque en habits Pontificaux avec ces mots : THEODE. EPS. MET. & au revers une croix avec ces mots dans le premier cercle: BENEDICTVM SIT NOMEN DOMINI IESV CHRISTI. & dans le fecond cercle GROSSVS METES. c'eft Thierri I. du nom qui mourut en 984. L'auteur de fa vie dit qu'il fit frapper de la monnoye à Epinal, & qu'il fit confirmer cet établiffement par l'Empereur Othon I. fon parent, ou bien c'est Thierri II. qui gouverna l'Eglife de Metz depuis 1003. jufqu'en

1047.

On en trouve auffi un affez bon nombre de l'Evêque Adalberon; mais comme il y a cu jufqu'à quatre Evêques du nom d'Adalberon, je ne décide pas auquel des quatre ces monnoyes doivent être attribuées. Le premier mourut en 962. le fecond en 1008. le troifiéme en 1072. le quatrième fut expulfe en 1115.

Dans une des monnoyes dont j'ai parlé, on voit d'un coté le bufte de faint Etienne, Patron de la Cathédrale de Metz, avec ces mots : STEPHANVS. de l'autre côté une croix, & ce mot ADALBERO. Dans une autre faint Etienne à genoux avec cette légende: S. STEPHANVS. & au revers une croix avec ces mots : ADALBERO EPS. METTIS.

V. notre

Moyes de Lorraine.

que

J'en ai auffi trois d'Etienne de Bar, Evêde Metz, qui a fiégé depuis l'an 1 118. jufqu'à 1163. toutes trois repréfentans ce Prélat en demi-corps la mitre en tête, avec ce mot STEPHANVS. fur le revers de deux de ces monnoyes, on voit M. METENSIS, monnoye de Metz. Et fur le revers: STEPHANVS EPISCOPVS,

Sous l'Evêque Frideric de Pluvoife, l'Ediffert. fur vêque de Metz avoit feul droit de frapper les Mon- monnoye à Metz. Dans la fuite il la fit frapper plutôt à Marfal, à Vic, ou à Epinal. Ademare de Montil qui fut Evêque de Metz depuis l'an 1327. jufqu'en 1361. de même que Jean de Vienne, qui a gouverné cette Eglife depuis 1 361. jufqu'en 1382, ont frappe leurs monnoyes à Marfal. MONETA DE MARSALLO. L'Evêque Thierri Bayer de Boppart engagea à la ville de Metz le 20. Septembre 1383. environ quatre mois avant fa mort arrivée le 16. Janvier 1383. c'eft-à- ́ dire 1384. avant Pâques, fon droit de battre monnoye, rachetable pour la fomme de 400. florins, on doute fi par cet engagement la ville de Metz a acquis le droit abfolu de frapper monnoye à l'exclufion de l'Evêque; ou fi l'ayant dès auparavant, l'Evêque n'a fait que fe dépouiller du droit qu'il avoit d'en frapper dans la ville de Metz. Le Cardinal de Lenoncourt en 1553. racheta ce droit, mais je ne crois pas que ni lui, ni fes fuccclleurs ayent frappé monnoye à Metz.

On lit dans un mémoire dreffé par Conrard Bayer de Boppart, mort en 1459. qu'un Evêque de Metz peut faire faire monnoye quand il lui plait dans la ville d'Epinal. En 1403. le Duc Charles II. & Raoul de Coucy, Evêque de Metz, firent un traité d'affociation pour frapper de la monnoye à fiais & profit commun.

Jean, Cardinal de Lorraine, Evêque de Metz depuis 1505. jufqu'en 1550. dê même que Rober Cardinal de Lenoncourt en 1552. & Charles de Lorraine, Evêque de Metz & de Strasbourg en 1600. & enfin Henri de Bourbon, Evêque de Metz en 1624. ont fait frapper de leur monnoye à

Vic.

En 1556. le Cardinal de Lorraine & François de Beaucaire, Evêque de Metz, céderent au Roi Henri II. leur droit de monnoye dans la ville de Metz, fe réservant le droit d'en frapper dans toutes leurs Terres & Seigneuries, hors les murailles de ladite ville.

Juifs de Metz.

Une des plus remarquables fingularités de la ville de Metz, font les Juifs, qui y font

en grand nombre, y ont une Synagogue & le libre exercice de leur religion. Il est vrai qu'ils font refferrés dans une feule rue; mais ils y font tellement multipliés, qu'ils ont élevés leurs maifons à une telle hauteur, & fe font logés fi à l'étroit, qu'ils renferment dans cette rue la valeur d'une bonne bourgade. Autrefois on les y avoit obligé de porter un chapeau jaune; aujourd'hui on ne les diftingue des autres Bourgeois de Metz, que par ce qui diftingue les Juifs dans tous les pays du monde : leur couleur pale, leur malpropreté, leur barbe, leur puanteur. A Metz ils porte ordinairement un manteau brun.

Autrefois il y avoit des Juifs à Metz, comme dans la plupart des Villes du Royaume. Ce n'eft proprement que depuis les croifades, qu'on les a chaffez de toutes les Villes du Royaume de France.

à

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En 625. ou 630. dans un Concile tenu Reims, auquel faint Arnoû, Evêque de Concil. p. Metz, affifta, il eft beaucoup fait mention 1689. des Juifs, qui étoient alors en grand nombre non feulement à Metz, mais aussi dans toute la France.

Tome IX. Cancil. p.

412. C. 7.

En 888. dans un Concile tenu à Metz; Guntbert, Princier de l'Eglife de cette ville, préfenta une plainte par écrit aux Evêques aflemblés, contre les Juifs qui demeuroient Hiftoire de à Metz. Il fut défendu aux Chrétiens de Lorr t. 1. manger avec eux, & de recevoir d'eux aucune nourriture.

>

En 945. dans une chartre d'Adalberon Evêque de Metz, qui rétablit l'Abbaye de fainte Gloffinde, on remarque dans le dénombrement des biens de cette Abbaye, une vigne que tenoit David le Juif, foit qu'il en fut le poflefleur, ou qu'il en fut fimplement le vigneron.

Le même Prélat avoit une compaffion & une bienveillance particuliere pour les Juifs, qui étoient alors nombreux à Metz ; ce qui faifoit même murmurer contre lui, les malvaillans & les envieux; mais il fouffrit tout cela avec une patience admirable; les Juifs au contraire lui étoient très attachés & très reconnoiffans de la bonté qu'il leur témoi gnoit.

Philippe de Vigneule dans fa chronique, fol. 265. verfo. dans le dénombrement des tonneux, telenium, ou péages de la ville de Metz, en 1237. dit que chacun Juif qui entre dans Metz, doit trente deniers.

On remarque aufli qu'en 1320. on accufa les lépreux, qui étoient alors en grand nombre dans le Royaume, d'avoir voulu empoifonner les puits; le complot fut découvert, & on fit brûler les lépreux. C'eft ce que marque la chronique de Metz, fous

pag. 768.

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