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Benoit,

hiftoire mff. de Metz.

l'an 1320. Adonc furent ars les Mufels, ou les lépreux. On crut que les Juifs avoient eu part à cette abominable résolution, on en brûla plufieurs, ou confifqua leurs biens, & le Roi philippe le Long, les chafla du Royaume. En 1321. il en fit brûler plufieurs à l'occasion de l'empoifonnement des puits & des fontaines, dont on les accufa de même que les lépreux.

La ville de Metz n'étoit pas alors fous la domination de la France, mais il y a lieu de croire qu'on n'y fut pas fâché de le défaire de cette odieule nation, & de fe faifir de leurs biens.

En 1365. le tonnere étant tombé le dixfept Juillet fur la rue où demeuroit les Juifs à Metz, & y ayant mis le feu, vingt-deux maisons en furent confumées; les Bourgeois s'étant imaginés que c'étoit un chatiment de la main de Dieu, chafferent les Juifs de la ville. Mais ils leur permirent d'y revenir bien tôt après.

Toutefois il eft certain qu'au quinziéme fiécle il n'y avoit point de Juifs établis dans Metz; car on voit dans les régîtres de la ville, qu'ils n'y entroient que par la porte farpenoife, qu'ils payoient un denier par tê

profit de la ville, comme il fe pratique encore aujourd'huià Strasbourg & en d'autres villes d'Allemagne.

Mais on trouve dans les régîtres de l'Hôtel de Ville, du deux Juillet 1562. une injonction du Maître Echevin de Metz, au Juif Mardochée, à fon ferviteur, & à un autre Juif nommé Ifaac, de fortir de la ville. L'année fuivante il y eut une pareille injonc tion aux Juifs de Metz, indéfiniment de fortir de la ville dans la faint Jean lors prochaine. Sur cette injonction ils prefenterent requête au Maréchal de la Vielle-ville, alors Gouverneur de Metz, par laquelle attendu l'utilité qu'ils apportoient à la ville & au pays, ils demandoient qu'ils leur fût permis d'y demeurer pour exercer leur trafique de prêt, aux offres qu'ils faifoient de payer deux cens écus d'abord, & deux cens frans meffins chaque année au profit des pauvres. Cette requête fut communiquée au Commandant, au Maître Echevin & aux Treize. Il fut permis aux familles de Mardochée, Ifaac, Michel & Gerfon, de demeurer & trafiquer à Metz, à certaines conditions qui furent entr'autres de ne pouvoir être en plus grand nombre que quatre familles ; qu'ils payeront les deux cens écus par eux offerts, & les deux cens frans meffins par chacun an, & qu'ils ne pourroient loger dans les grandes ruës, ni prêter à plus haut prix, que d'un denier par femaine, de ne recevoir des fol

dats pour gage, aucune arine, fans le congé de leur Capitaines; de ne vendre ces gages qu'après quinze mois écoulés, d'affifter eux & leurs familles une fois chaque mois, aux prédications qui fe font dans les Eglifes de la ville, fous peine de quarante fols d'amande au profit des pauvres, de ne rien attenter contre le fervice du Roi, ni de la ville, fous peine de confifcation de leurs corps & biens. Fait à Metz le fix Août 1567.

Ayant de nouveau été inquiétés en 1603. ils s'adrefferent à M. le Duc d'Epernon, pour lors Gouverneur de Metz, qui ordonna le deux Janvier 1603. que les huit ménages accordés par le Roi Henri III. avec leurs defcendans au nombre de cent vingt perfonnes, faifant vingt-quatre ménages, y continueroient leur réfidence. On y défendit d'y en joindre d'autres, fi ce n'est par mariage, & de s'approprier aucuns immeubles. On leur permit de trafiquer à honnéte intérêt, & que pour le payement de leur créance; ils feront maintenus à leur rang au cours de la Juftice, en payant les droits accoutumés à l'Hôpital; & ont mis leurs perfonnes & leurs biens fous la protection du Roi

Cette Ordonnance fut confirmée par lè Roi Henri IV. étant dans fa ville de Metz, le vingt-quatre Mars de la même année:

Sur de nouvelles plaintes que firent peu de tems après les Bourgeois de Metz au Commandant, contre les Juifs, il y eut un nouveau réglement le fept Avril 1604. par lequel on fixa leurs intérêts à feize pour cent, la collocation pour leur créance, fur les biens de leurs débiteurs; on leur défendit d'accepter aucune chofe dérobée pour gages, à peine de perdre les deniers prêtés. Ce réglement fut confirmé par lettres patentes de Henri IV. le huit Octobre 1603.

Le dix-fept Janvier 1614. il y eut une Ordonnance de M. le Duc d'Epernon, qui confirme leur établissement pour cinquante-fix ménages.

Les plaintes que firent les Orfèvres de la ville l'année fuivante, donnerent lieu à une Ordonnance du Maître Echevin, par laquelle il leur défendit de faire aucun commerce de billons, argenteries, ou autres befogne d'or ou d'argent, & leur ordonna de vendre en public, à l'encan toutes les matieres, ou les porter à la monnoye, ou aux Orfèvres, pour en recevoir le jufte prix, fous peine de confifcation.

Environ ce tems là, & au commencement du régne du Roi Louis XIII. M. Charpentier, Prefident pour le Roi dans la ville de Metz, drefla un mémoire pour deman

der

der au nom des Juifs de ladite ville, qu'on leur fit bâtir aux dépens de Sa Majefté, vingtquatre petits logemens dans le retranchement, afin de s'y pouvoir loger, en payant par an le loyer de mille écus pour lefdites maisons, attendu que la Bourgeoifie de Metz, fachant la néceffité où ils font de fe loger dans des mailons empruntées, leur font payer des loyers exhorbitans.

On leur affigna donc vers ce tems là, le quartier de faint Ferroy, fur le bord de la Mofelle, en confidération du fecours qu'ils donnoient aux Soldats, des ameublemens qu'ils fournifloient aux Officiers. Là non feu lement ils eurent des maisons, mais même il leur fut permis de les acquérir fans pouvoir s'étendre au-delà des huit premieres familles, alors il en étoit provenu foixante & feize.

En 1624. ils obtinrent de Mr. le Duc de la Valette, alors Gouverneur de Metz, la confirmation de leur établillement.

Toutes ces differentes confirmations futent fuivies de celle que leur accorda Louis XIII. par fes lettres patentes de l'année 1632. à la charge par eux d'obferver les anciens reglemens faits à leur fujet.

Après l'établiflement du Parlement, ils lui préfenterent une requête le vingt-trois Octobre 1634. pour l'enterinement de ces lettres patentes.

Les Corps de Marchands Orfevres, Merciers, Drapiers & autres Bourgeois, fe joignirent à Mr. de Madaure, Suffragant de l'Evêché de Metz, tant en fon nom, que de tout le Clergé, pour en empêcher l'enterinement; mais par Arrêt du trois May 1635. il fut ordonné qu'ils jouiroient du contenu de ces lettres patentes, & à la charge d'obferver les réglemens qui font renouvellés par cet Arrêt, qui leur permet de trafiquer en toutes fortes de vieilles marchandifes; à condition de payer les charges accoutumées, & de plus, cent cinquante livres par an, pour le pain des pauvres prifonniers, & faifant droit fur la requête de Mr. de Madaure, leur défendit d'aller par la ville, les jours de Dimanches & de Fêtes folemnelles, leur enjoint de demeurer dans leur quartier fans pouvoir travailler en public.

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Le vingt-cinq Septembre 1657. étant au nombre de quatre vingt feize familles, iffuës des premieres, ils obtinrent de Sa Majesté Louis XIV. affez long-tems après fon avenement à la Couronne, des lettres de confirmation de leurs priviléges, & de toutes les permiffions qui leur avoient été accordées, à charge à l'avenir de ne pouvoir choisir un Rabbi, ni appeller des Juifs du dehors du Royaume, fans au préa

lable obtenir la permiffion de Sa Majesté. Par ces lettres ils leur fut permis de vendre & acheter toutes fortes de marchandises, en payant le droit de ville, même de vendre de la viande.

Il y eut encore oppofition à l'enrégiftrement de ces lettres de la part des Marchands Merciers, Bouchers & députés des Paroiffes. Ils en furent déboutés, néanmoins il fut fait défenfe aux juifs de tuer d'autres beftiaux que ceux qui leur font néceffaires, & leur fut permis d'expofer en vente feulement les quartiers de derriere, dont l'usage leur eft interdit par leur tradition, à cause du nerf que l'Ange toucha à Jacob au retour de la Méfopotamie; de plus, on leur permit d'expofer en vente des viandes impures, dont ils ne mangent point, comme du porc. On leur interdit le commerce des marchandifes neuves, & étoffes fabriquées dans la ville de Metz, & pays Meffin. On leur permit toutes les autres, à la charge d'en trafiquer comine marchands forains, en payant les droits de la maltote. On leur défend de faire des amas de bled & de vin, &z on les affujettit à la vifite des Marchands.

En 1670. un enfant chrétien étant trouvé mort dans un bois du côté de Boulay, un Juif nommé Raphal, du village de Chlincourt, fut accufe de l'avoir fouftrait & tué, & d'avoir ouvert fes entraillles pour le faire fervir aux fuperftitions des Juifs; la jalousie des Chrétiens fe réveilla, & l'on voulut faire retomber fur tous les Juifs qui font à Metz, le crime du particulier. Celui-ci fut condamné par Arrêt du feize Janvier à être brûlé vif, & ordonné qu'il feroit informé des autres crimes, profanations & ufures, dont on accufoit les Juifs. Après les informations i y eut un autre Arrêt qui condamna Mayeur Schauke & Abraham Spiré, à des reftitutions pour ufures. Cet Arrêt fut suivi d'un réglement du fix Septembre 1670. qui leur enjoint de faire la vente des gages en public, & d'écrire leurs billets & quittances en françois.

En 1674. ils remirent un état de leur nombre, qui montoit à cent dix-neuf familles, faifant fix cens foixante-cinq perfonnes.

En. 1686. intervint Arrêt du Parlement, pour l'obfervation du Dimanche & des Fêtes, dans tout le reffort dudit Parlement.

Il y eut en 1695. procès entre les Marchands-Merciers de Metz, & les Juifs, fur lequel intervint Arrêt le feize Juillet, qui permit aux Juifs de faire dans leurs maifons commerce de toutes marchandifes neuves & étrangeres, en payant les droits. Les Merciers fe pourvurent contre cet Arrêt au Confeil, en caflation, ils en furent déboutés Mmmmm

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Par tout ce récit, on voit jufqu'à quel -point ces quatre premieres familles fe font augmentées. En 1698. ils étoient deux cens foixante-quatre ménages, faifant neuf cens cinquante perfonnes, qu'ils difoient être fortis des quatre premieres ajoutez trente-deux familles étrangeres réfugiées à Metz, après les ravages du Palatinats ce qui fait en tout le nombre de douze cens.

La multiplication a été encore plus fenfible depuis la guerre de 1670. Le Miniftre de la guerre ayant reconnu l'importance qu'il y avoit d'avoir de ces fortes de gens dans Metz, pour la fourniture des équipagcs & pour la remonte de la Cavalerie. Le Miniftre même envoya un Procureur-Genéral faire défense aux Juifs de marier leurs filles hors du Royaume.

En l'an 1698. la recolte modique faifant appréhender une difette, les Juifs de Metz firent venir de Francfort fix à fept mille facs de froment à leur compte, ce qui a empêché l'extréme difette dans le pays. Il eft vrai qu'ils y ont perdu, peut-être, plus de trente mille livres. Mais cela fait voir qu'elles font leurs liaisons, leurs intelligences, leur induftrie & l'utilité qu'on en peut tirer dans l'occasion, & l'empreffement qu'ils ont de fe rendre utiles, même à perte, dans les néceffités publiques.

On ne leur permet pas, non plus qu'aux Juifs de la campagne, de poffèder aucuns immeubles, fi ce n'eft leurs maifons, qui font, comme nous l'avons dit, refferrées dans le quartier qui leur eft affigné. Ces maifons font tellement remplies qu'il y a dans chacune jusqu'à douze ou quinze familles, ce qui joint à leur malpropreté, pourroit quelque jour caufer dans la ville des maladies contagieufes, & obliger les Magiftrats à leur donner un terrain plus vaste. Ils font très odieux dans le pays par les ufures qu'ils exercent envers les gens de la campagne, qu'ils ne preffent pas de payer pour accumuler intérêts fur intérêts, & les réduire enfin à vendre leurs fonds & à les

ruiner entiérement.

La facilité qu'ils ont de voyager fans qu'il leur en coûte rien, parce qu'ils exercent entr'eux l'hospitalité gratuitement, fait qu'ils peuvent donner leurs marchandises à meilleur prix que les autres Marchands, & y gagner plus que d'autres.

Ils font foumis à l'autorité du Magiftrat de Police, dans ce qui regarde le gouvernement extérieur : mais dans les affaires qui naiffent entr'eux, ils n'ont point d'autres Juges que leurs Rabbis, qu'ils font venir or dinairement de loin, afin que n'ayant point de parens, ils ne favorifent perfonne, au dé

favantage d'un autre. Dans les affaires qu'ils ont avec les Chrétiens, ils font traduits devant les Tribunaux ordinaires, & quand ils font obligés de faire ferment, ils le font fur le texte de la Loi que le Rabby y apporte. Leur langage entr'eux eft un mauvais Allemand, auquel ils mêlent quelques mots hébreux. Leurs écritures de même eft ou un Allemand corrompu mêlé de termes hébreux & ordinairement en caracteres hébreux, ce qui fait qu'on ne peut que très difficilement découvrir le fecret de leurs commerces.

Leur Synagogue n'a rien d'extraordinaire ni pour fa grandeur, ni pour sa beauté, ni pour fa propreté : les femmes y font féparées des hommes, & font placées fur des Tribunes, où elles ne font point vûës, mais d'où elles peuvent voir ce qui fe dit & ce qui fe pafle dans la Synagogue. On y lit le texte de la Loi écrit fur de grands rouleaux de parchemin écrits d'un feul côté à l'antique. Ils ont une maniere de chanter en lifant, & l'honneur de lire le Texte facré s'achette à qui plus. Le Rabbi explique ce qui a été lu. Ils font des prieres pour les Princes, pour les Magiftrats. On dit qu'ils maudiflent les Gentils, Goim, & on croit que fous ce nom ils entendent les Chrétiens.

Ils font grands obfervateurs de certains préceptes extérieurs de la Loi de Moyfe: par exemple du repos du Sabbat & de l'abfti

nence de certaines viandes ; mais ils font aufli peu fideles à l'égard des préceptes ef fentiels, qu'ils l'étoient du tems de Notre Seigneur Jefus Chrift. Auffi font-ils décriés par-tout pour leurs ufures; pour leurs infidélités dans le commerce. Ils défignent ordinairement les Chrétiens fous le nom d'Edomiens, ou d'Iduméens.

Eglife Cathédrale de Metz.

La Cathédrale de Metz, une des plus belles, des plus hardies & des plus grandes du Royaume, fut dès le commencement confacrée par faint Clement sous l'invocation de faint Etienne premier martyr. Les anciens ne la nomment qu'Oratoire, parce qu'apparemment elle fut d'abord affez petite, enfuite on l'augmenta beaucoup, & l'Evêque Crodegang, neveu de Pepin, & proche parent du Roi Charlemagne, renverfa cet ancien oratoire, & en fa place bâtit une Eglife beaucoup plus grande que la premiere, autour de laquelle Charlemagne fit faire quelques Tours, c'étoit, dit-on, un ouvrage fort maffif, & d'un gout qui fe reffentoit de la Barbarie, qui avoit régné fous les Rois de la premiere race, & que Charlemagne s'efforça de bannir fous fon régne.

Theodoric II. du nom, Evêque de Metz,

ferve dans trois grandes armoires quantité de livres d'Eglife, de joyaux & de Textes manufcrits, & de Reliques de très grand prix. La Couronne qui eft fufpendue au bas duChœur à foixante pieds de circonférence, & porte quatrevingt-feize petits chandeliers, fur lef quels on met autant de cierges blancs, qui s'allument pendant les Vêpres & la Meffe aux grandes folemnités.

au commencement de l'onzième fiécle, forma le deffein d'une nouvelle Eglife plus belle & plus magnifique que celle que Crodegang avoit fait bâtir, & comme fon Pontificat fut de quarante deux ans, il en éleva la nef jufqu'à la voûte, mais il fallut encore bien du tems pour la conduire à fa perfection; elle ne fut achevée qu'en 1480. & encore le reste de l'ancienne Eglife, c'eft-à-dire, le Choeur & la Croifce ne répondoient pas à la beauté de la nef bâtie par l'Evêque Thierri. Quelques années après, c'eft-à-dire en 1486. Jacques d'Amanges, ou d'Infming, Chanoine, Grand-Archidiacre & GrandVicaire de Henri de Lorraine, Evêque de Metz, homme puiflamment riche, fit commencer la Chapelle de Notre-Dame la Tierce, qui eft à la gauche du Choeur, & qui fait partie de la croifée, & la fit conduire à fa perfection pendant fa vie, 'ouvrage d'une depenfe incroyable pour un particulier.

Les deux Tours qui font aujourd'hui à côté & au milieu de la longueur de l'Eglife 'étoient autrefois à l'entrée. La Cour Epifcopale s'étendoit jufqu'à ces Tours: mais lorfqu'on voulut augmenter la longueur de là nef, on coupa la nef de Notre-Dame la Ronde, & on la creufa pour arriver au plein pied du refte de la Cathédrale, & l'on pouffa le tout jufqu'à l'endroit où l'Eglife fe termine aujourd'hui du côté de l'occident.

En 1498. le Chapitre prit la réfolution d'achever le Chœur & la Chapelle de faint Nicolas qui eft à la droite de la croifee; mais auparavant il fallut amaffer des fonds pour 'commencer cet édifice, & l'on ne démolit l'ancien Chœur qu'en 1503. chaque Chanoine fe cottifa, & l'Evêque Henri de Lorraine donna chaque année cinq cens fins d'or du Rhin, l'ouvrage fut achevé en 1515 & deux ans après on commença à y faire comme auparavant l'Office divin.

L'Eglife entiere a de hauteur cent trentetrois pieds, & de longucur 373. pieds, & la nef a 45. pieds de largeur les collatéraux ou bas côtés ont 22. pieds deux pouces de large & 44. de haut ; au lieu de toitiére ils font couverts d'une platte forme de pierres de taille. L'architecture eft gothique, mais belle & hardie, tout l'édifice eft foutenu par 34. piliers. Les vitres du Choeur & de la Croilée font des plus belles qui fe voyent,

& font l'admiration des connoiffeurs en fait de peinture en verre. Le Jubé fut achevé en 1522. de même que les Stalles; les Vitres feulement en 1526.

On remarque dans la Cathédrale une Cuve de Porphyre longue d'environ dix pieds, & large & profonde d'environ trois à quatre pieds: on croit qu'elle a fervi dans les bains publics. C'eft un des plus grands monumens de Porphyre qui fe voyent en Europe. Je lis dans l'Atlas de Gerard Mercator, que de fon tems on confervoit l'eau luftrale dans cette Cuve.

A l'Autel qui cft derriere le Maître-Autel, & qu'on appelle l'Autel du Tréfor, on con

On montre dans la même Eglife l'Anneau de faint Arnou, qu'il jetta dans la Mofelle en difant qu'il croiroit que Dieu lui avoit remis fes péchés, fi cet Anneau lui revenoit. On le lui rapporta quelque tems après, tiré du ventre d'un poillon. Le Chaton repréfente une pomme de pin, & deux plus petites pommes de pin à fes côtés. Cet Anneau eft d'or aflez maflif, mais fans beaucoup d'art ; il eft fi petit qu'on ne le peut mettre qu'au petit doigt. On l'apporte tous les ans à l'Abbaye de faint Arnoù, & on en diftribue au peuple des empreintes fur des Anneaux de cire verte.

Depuis faint Clement premier Evêque de Metz, & qui vivoit vers l'an de Jesus-Chrift 240. c'eft-à-dire, vers le milieu du troifiéme fiècle, on compte dans l'Eglife de Metz environ cent huit Evêques.

L'Evêché de Metz a prefque toujours été rempli par des Prélats d'une très grande naiflance, & qui ont beaucoup contribué à fa grandeur & à fa puifiance par leur crédit leur autorité & par les grands biens en fond qu'ils ont donne à leur Eglife. On en compte jufqu'à cinq qui ont porté le titre d'Archevêques, & qui ont reçu le Pallium; savoir, Crodegang, Angelram, Drogon, fils de Charlemagne & frere de l'Empereur Louis le Débonnaire, Vualo, ou Vuala, Robert, ou Rupert. On aflure qu'Etienne de Bar, Evêque de Metz & neveu du Pape Calixte II. fut créé Cardinal par fon oncle (4), mais Etienne de Bar ne prend ne de Bar ne prend nulle part la qualité de Cardinal.

Le premier qui a jetté les fondemens de l'autorité Souveraine ou Régalienne, dont les Evêques de Metz ont joui pendant plufieurs fiécles, eft le même Drogon dont nous avons parlé; mais ce fut principalement fous

(a) Hift. Epifcop. Metenf. Vid. Hift. de Lorraine, tom. 1. Preuves, p. 63. A Summo Pontifice confecratus eft, & LAM Paliu dignitate, quam Cardinalis titulo honoratus.

l'Evêque Théodoric I. proche parent du grand Othon & fon principal miniftre, que les Evêques de Metz parvinrent à ce haut point d'autorité, où on les a vûs depuis; elle fut fi grande fous Theodoric II. du nom, que ce Prélat foutint la guerre pendant dix ans, par fes feules forces, contre fon beaufrere l'Empereur Henri II.

par

Il faut toutefois convenir que les Evêques fucceffeurs de ceux-là ont été fouvent troublés dans leur jurifdiction temporelle, les Magiftrats & les Bourgeois de Metz, qui foutenus de la protection des Empereurs d'Allemagne, ont fecoué le joug de la jurifdiction temporelle des Evêques, pour s'ériger en une espece de République, vers l'an 1200. Ou 1240. ce qui a fubfifté jufqu'à l'an 1551. que le Roi Henri II. prit poffeffion de la ville de Metz, & s'y maintint contre l'Empereur Charles V. Mais fi l'autorité de l'Evêque de Metz fouffrit quelque déchet dans leur ville Epifcopale, elle fe foutint dans la ville & Chatellenie de Vie, & dans les terres de la temporalité de l'Evêque de Metz, où ils exercerent les Actes de fouveraineté & régalienne, & frapperent monnoye.

On lit dans la vie de Thierri I. du nom, Evêque de Metz, qu'il obtint d'Hildevard, Evêque d'Alberstad, la communication du fuper humeral, ou Ephod, dont le Pape Agapet, avoit, difoit on, accordé l'ufage à l'Evêque d'Halberstad. Sigebert de Gemblour; Auteur de cette vie, qui vivoit de ce tems là, le raconte; cependant nous voyons par une lettre d'Hildevard à Adalberon Evêque de Metz, fucceffear immédiat de l'Evêque Thierri I. que cet ornement ne fut envoyé à Metz, que fous l'Evêque Alberon ou Adalberon.

Je parlerai plus au long de cet ornement nommé Ephod, dans l'article de la ville de Toul, à l'occasion du tombeau de St. Manfui, premier Evêque de cette Eglife.

En 1521. à l'ouverture des tombeaux des anciens Evêques de Metz, dont plufieurs étoient enterrés à l'entrée du choeur de la Cathédrale; on trouva dans la plûpart de ces tombeaux, avec les offemens de ces Prélats, des ornemens précieux: la chappe, le calice, la mitre & la crofle. Voici comme en parle Philippe de Vigneule, Citoyen de Metz, auteur contemporain & témoin oculaire. Il est à noter que, dans la fepulture de tous les devantdits Evêques, y furent trouvées plufieurs piéces de leurs vétemens, comme chappes, mitres, paille, (pallium) offrois & autres, entre lefquelles y avoit un manteau fait d'une étrange façon, en maniere d'une chateure, (une ruche à mouches) avec la tétiere deffus, laquelle étoit fort riche & toute bro

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dée d'or. Si furent toutes les devant dites piéces, recueillies par iceux Seigneurs Chanoines, mises enfemble & brulées: un feul manteau étant brûlé donna pour trois cens livres d'or pur. Il eft très croyable que ce manteau fait d'une étrange façon en maniere de chateure de mouches, ou d'une ruche de mouches à miel, nommée encore aujourd'hui cha teure, dans ce pays, étoit une ancienne chafuble, (cafula) toute ronde & fans ouverture, ni par devant, ni par les côtés, & que la tétiére par-deffus étoit l'ouverture & le chaperon, ou capuce, qui devoit couvrir la tête du Prélat, à l'ancienne mode; carle chapperon des chappes étoit réellement un capuce, dont on fe couvroit la tête.

Clergé de la Cathédrale de Metz.

Le Clergé de la Cathédrale de Metz a commencé auflitôt que les Evêques de cette Eglife ont formé un corps d'Ecclefiaftiques; pour partager avec eux le gouvernement du Diocèfe; mais on n'en peut marquer ni l'origine précife, ni le nombre. Crodegand Evêque ou Archevêque de Metz vers l'an 736. drefla une régle pour fes Chanoines & les obligea de vivre en commun dans le Cloître de la Cathédrale, à peu près comme des Religieux.

Il leur donna pour les gouverner; l'Archidiacre, le Princier, le Čoutre & le Cé lérier. D'abord ils vêcurent des revenus de l'Evêché ; car alors l'Evêque étoit le difpenfateur de tous les biens de fa Cathédrale. Dans la fuite on leur donna des biens feparés qui forment ce qu'on appelle la mense du Chapitre. Cette portion fe nommoit le ban de faint Paul, qui étoit affez peu de chofe; mais l'Empereur, les Rois, les Evêques fuccefleurs y ont beaucoup ajouté.

Cette régularité de vie des Chanoines de Metz fut dans la fuite imitée par plusieurs Chapitres, principalement depuis le regne de Louis le débonnaire, qui en 816. fit dreffer à Aix-la-Chapelle une régle pour les Chapitres des Cathédrales. Elle s'observa affez régulièrement pendant environ deux cens ans ; l'Eglife de Tréves eft peut-être la premicre qui l'abandonna, & bien-tôt après les Chapitres de Mayence, de Vorms & de Spire, fuivirent fon exemple, comme le marque Tritheme dans fa chronique d'Hirlauge. Les Chanoines de Merz fuivoient encore la vie commune en 1055. lorsqu'Adalberon fonda la Collégiale de faint Sauveur, dont il obligea les Chanoines de fuivre la régle d'Aix-la-Chapelle, comme elle fe pratiquoit dans la Cathedrale.

Les Principales dignités & offices du Chapitre de la Cathédrale de Metz, furent au

commencement

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