Images de page
PDF
ePub

Commencement l'Archidiacre, le Princier, le Coutre, ou Sacriftain, ou Tré orier, & le Celerier, ou Procureur. Dans la fuite les Evêques y ajouterent le Doyen, le Chantre, le Chancelier, le Chercier (Circator) l'Ecolâtre & l'Aumonier. La charge de Célérier fut fupprimée depuis que la vie commune n'y fut plus obfervée.

Le Chapitre de Metz s'eft maintenu longtems dans le droit de choifir fon Evêque & les dignités de fon Chapitre. Au commencement le Clergé, les Evêques provinciaux & le peuple concouroient à l'élection d'un Evêque. Ce n'eft que depuis le Concile de Latran tenu fous Innocent III. en 1215. que le Chapitre feul, à l'exclufion des Evêques provinciaux & des Laïcs, a été reconnu feul clecteur de l'Evêque. Gregoire IX. qui fuc céda à Innocent III. & Honorius III. fucceffeur immédiat d'Innocent III. acheverent d'abolit, le droit qu'avoient auparavant aux élections les Evêques provinciaux. Le premier Evêque de Metz qui fut élu par le Chapitre feul, fut Jean d'Apremont en 1225. Le concordat germanique confirma ce droit au Chapitre, qui en a joui jufqu'en 1669. non pas toutefois fans troubles & fans difficultés caufes par les brigues & l'ambition des prétendans à l'Epifcopat.

Le Chapitre s'eft de même maintenu dans le droit de choisir les dignitaires & principaux officiers de fon corps, & ce qui prouve l'antiquité de ce droit, c'eft qu'il fe trouve confirmé par le Pape Léon IX. en 1049. ce qui a été reconnu par plufieurs autres Papes, comme Honoré II. Innocent II. & Alexandre III.

Le Cardinal d'Aigrefeuille étant venu à Metz en 1380. y publia quantité de beaux reglemens pour le bon ordre qui devoit 3'obferver dans le fervice de la Cathédrale; & comme les Chanoincs, qui étoient alors au nombre de foixante, fe plaignirent à lui de la modicité de leurs Prébendes, il les réduifit de foixante à quarante, en l'année 1384. De ces quarante Prébendes il n'y en a que trente huit qui foient réellement poffedées par des Chanoines. Des deux autres, l'une a été réunie au Doyenné, l'autre eft partagée entre deux demi-Chantres.

ཀཱ

Tréfor de la Cathédrale de Metz: Gerard Mercator, dans fon Athlas, dit qu'il y avoit autrefois dans la Cathédrale de Metz un grand Crucifix tout couvert de la mes d'or; on le nommoit faint Honorat, & on le fondit en 1567. On y voit encore aujourd'huile chef de faint Etienne dans un Reliquaire très riche, orne de pierreries, donné par l'Empereur Charles IV. de la Mai

fon de Luxembourg & Roi de Bohême, comme il paroit par l'infcription qui eft au bas. On a ajouté au collier de ce chef, quantité de joyaux précieux on or, en pierreries, &c. On y voit auffi un bras de faint Etienne dans un Reliquaire fort beau & fort riche.

Item', un des Cailloux dont faint Etienne 'a été lapidé, & fur cette pierre on remarque des cipeces de cheveux roux, ou peut-être de mouffe de la même couleur.

Item: la Chapelle complette du Cardinal de Lorraine, en criftal de roche ornée d'or, & très bien travaillée.

Item: le Manteau de Charlemagne, converti aujourd'hui en Chappe, l'ouvrage eft el très ancien, de couleur brune, ou bleuë, avec des figures en or, faites à l'aiguille, repréfentantes des Aigles & autres ornemens, l'orfroy cft beaucoup plus moderne.

Item: le bâton de Pelerin, où Bourdon de Charlemagne, couvert de lames d'or, le Chantre de la Cathédrale le porte à là proceffion en certains jours.

Item: le bâton ordinaire du même Empercur, fait en forme de croix, comme les cannes ordinaires, qui n'a qu'environ trois pieds de haut; il et d'un bois étranger dont une partie eft blanche & l'autre eft brune. La Croix, ou l'appui eft encore d'un bois étranger tirant fur le verd, orné aux deux bouts par des embéliffemens d'or.

Item: le bâton de faint Materne, ou plutôt le bâton avec lequel faint Clement, premier Eveque de Metz, réfufcita, dit-on, S. Materne, & qui lui avoit été donné par l'Apôtre faint Pierre, il eft couvert de lames d'or très fimples, & haut d'environ trois pieds. Il fe demonte par le milieu.

Item: l'Anneau d'or du même faint Materne, ayant une pierre précieuse enchaffee; mais cet Anneau paroit affez moderne.

On y montre auffi deux peignes anciens d'yvoire, aflèz ornés, à l'un defquels on a mis des dents d'argent au lieu de quelques dents d'yvoire qui y manquoient ; ce qui fait juger qu'on les regarde comme des reliques.

Item: la figure de Charlemagne à cheval & armé, le tout en vermeil; on expofe cette figure fur le grand-Autel au jour de l'anniverfaire de cet Empereur, car on ne le reconnoit pas pour faint à Metz.

Item: une autre figure du même Prince auffi à cheval & armée comme la précédente, mais moins grande que la premiere. Je crois que ces deux figures fervoient d'aiguieres pour verfer de l'eau fur les mains aux jours de cerémonie.

Item: un fort grand Ciboire de Vermeil avec fon couvercle de même. On y a mis le chef de quelque faint..

Nnnnn

Item: un livre des quatre Evangiles écrit en velin, très bien conditionné, & très bien confervé, dont les couvertures font ornées de plaques de vermeil de fort bon gout, mais modernes ce livre eft en caracteres majuscules, & doit avoir plus de mille ans d'antiquité. J'y ai remarqué à la fin de l'Evangile de faint Jean fi cum volo manere, & non pas fic eum, &c.

Item: un autre livre des quatre Evangiles très proprement écrit d'un caractere du huitiéme ou neuviéme ficcle, où il y a plufieurs endroits écrits en lettres d'or.

Item: un Miffel très ancien, où le Canon, le Pater, Libera nos, &c. font écrits en lettres d'or. A l'endroit du Libera nos, où il est parlé de faint André, on a ajouté à la marge d'une écriture récente, les noms de faint Etienne premier martyr, & de faint Arnoût, Evêque de Metz.

Item: plufieurs Rituels ou Pontificaux manuscrits, tant au tréfor que dans les ár chives.

On n'allume point de Cierges au grand Autel finon à la Grand'Meffe; mais il y a toujours plufieurs Cierges allumés au plan devant le grand Autel à l'ancienne mode.

Dans la bibliothéque de la Cathédrale de Metz on voit encore grand nombre d'anciens manufcrits dont on nous a fait l'honneur de nous envoyer le catalogue, & dont le R. P. Dom Bernard de Montfaucon a inféré une partie des manufcrits plus remarquables dans fa grande Bibliothéque des ma nufcrits imprimé à Paris in Folio.

Eglife Collégiale de S. Sauveur à Metz. L'Eglife de S. Sauveur eft après la Cathé drale la principale Eglife Collégiale de la ville de Metz. Valla, ou Valo quarante-quatriéme Evêque de Metz en fit bâtir l'Eglife en 880. Adalberon III. un de fes fucceffeurs en 1050. fit bâtir les lieux réguliers autour de cette Eglife, afin que les Chanoines de S. Sauveur vécuffent en commun, comme vivoient ceux de la Cathédrale. Il voulut

Menriffe, que le Chapitre de S. Sauveur & celui de la pag. 362. Cathédrale fuivent la même régle, & jouiffent des mêmes franchifes; que les uns & les autres puiflent réciproquement célébrer fur les Autels de ces deux Eglifes, & qu'à la mort ils euffent communion de prieres.

L'Eglife de S. Sauveur étoit fituée au milieu de la Place nommée aujourd'hui de S. Jacques. Elle étoit si élevée & fi folide, qu'on auroit pû placer fur fes voûtes de l'Artillerie pour battre la Citadelle. M. d'Aufanne, Gouverneur de Metz, & Vaudoncourt, Gouverneur de la Citadelle, en ayant fait la vifite, conclurent qu'il falloit la démolir, &

fans écouter les remontrances des Chanoines qui confentoient à la démolition des voutes, dès le lendemain on travailla à la raser jufqu'à terre. Ce fut le 18. Février 1565. Par ce moyen on forma en ce licu une place d'armes belle & fpatieuse.

Les Chanoines de 3. Sauveur, après la démolition de leur Eglife, fe retirerent pour faire leur office dans la Chapelle de leur Cloître, qui avoit été bâtie vers le milieu de l'onziéme fiècle par Adalberon III. du nom, Evêque de Metz, qui affectionnoit cette Collégiale, & lui a fait de grands biens. Ce Prélat eft qualifié faint dans un ancien martyrologe de S. Sauveur au troifiéme jour de Novembre, fes os avec ceux de l'Evêque Vala fondateur de cette Eglife, furent mis dans une chaffe qui eft placée dans cette Chapelle entre le Choeur & le Santuaire, à main droite au-deflus de la porte collatérale.

On conferve dans cette Chapelle la Chafuble d'Adalberon qui eft d'une étoffe de foye violette; on s'en fert à la meffe le 13. de Novembre au jour de l'anniversaire de ce Prélat. Il y a douze Prébendes, fans compter les deux dignités, qui font la Prevoté & le Doyenne: d'autres mémoires portent que ces deux dignités font comprises dans le nombre des douze Chanoines:

Collégiale de faint Thiébaut:

Cette Eglife doit fes premiers commencemens au zéle de deux Eccléfiaftiques de Metz, qui la fonderent en 1159. Étienne de Bar, Evêque de Metz, l'érigea en Collégiale en 1161. & leur donna une régle qui les obligeoit à la vie commune. Cette régle fe trouve écrite entre leur martyrologe, qui eft celui de Bede, & leur nécrologe. Les Papes Alexandre III. en 1180. Innocent III. en 1198. & Martin V. en 1417. les prirent fous la protection du S. Siége. Leur Eglife étoit autrefois fituée hors de la ville vers la porte S. Thiébaut. Les bourgeois de Metz la ruinerent en 1444. pour foutenir le fiége contre les armées du Roi Charles VII. & de

René II. Duc de Lorraine. Ils font à présent dans la ville, & leurs prébendes font réduites au nombre de dix.

[blocks in formation]

fous les fondemens de cette Eglife: nous en avons parlé ci-devant.

y

Notre-Dame la Ronde.

Au bas de la Cathédrale de Metz fe voit une Eglife, ou Chapelle, nommée NotreDame la Ronde. On la croit fort ancienne, & celui qui poffedoit ce bénéfice, fe qualifioit Provifeur, ou Coûtre de Notre-Dame. Etienne de Bar, Evêque de Metz en 1130. 'établit une Collégiale de fix Chanoines, qui y ont fubfifté jufqu'en 1741. que M. de St. Simon, Evêque de Metz, a fupprimé ce Chapitre, avec l'agrément du Roi & le confentement des Chanoines, moyennant une penfion qu'il leur a affignée leur vie durante, & en a unis les revenus à fon nouveau Séminaire.

Notre-Dame la Ronde s'étendoit autrefois du midi au nord, & occupoit la plus grande partie inférieure de la Cathédrale, comme on peut le remarquer par la différence de l'Architecture des piliers, qui font autreinent faits que ceux du refte de la nef.

Et comme le plein-pied de la Chapelle de Notre-Dame la Ronde étoit plus élevé que celui de la nef de la Cathédrale, on a été obligé de creufer à la profondeur de 7. à 8. pieds, pour revenir au plein-pied de la nef de la Cathédrale, & par ce moyen on a fupprimé & détruit toute la longueur de la nef de Notre-Dame la Ronde, qui n'a plus aujourd'hui que ce qui en compofoit le Chœur, avec deux petites Chapelles à côté.

On entroit dans Notre-Dame la Ronde par une porte qui donne fur la place de Chambre & on en fortoit par la porte qui donne fur la place faint Jacques. On peut voir le plan que nous avons fait graver de la Cathedrale de Metz où cela iç voit aflez diftinctement.

Sainte Reinette.

C'étoit autrefois un Hopital pour treize pauvres Cleres, fondé par le Chapitre de la Cathédrale. On ne fait pas l'époque de cette fondation. Cette Eglife fut réparée en 1488. Les Prébendes font de la collation de Aumonier de la Cathédrale.

L'Abbaye de faint Arnoù. Cette Abbaye dans les commencemens fut une petite Eglife bâtie par faint Patient quatrieme Evêque de Metz, hors les murs, au midi de cette ville. Cette Eglife fut d'abord confacrée fous le nom de faint Jean l'Evangélifte, dont on croyoit avoir une des dents envoyée par lui-même & donnée à faint Patient son disciple. Cette Eglife de

vint fort célébre, & on dit qu'elle étoit très Meuriffe magnifique, & qu'on la regardoit comme histoire de la merveille du pays Meffin, lorfqu'elle fut Metz, p. renversée par les barbares vers le milieu du 22.23.245 quatrième ou cinquième fiécle.

Elle fut rebâtie quelque tems après, & faint Goëric, Evêque de Metz, ayant fait apporter en 641. le corps de faint Arnoû fon prédéceffeur, décédé fur une montagne près Remiremont, on commença à lui donner le nom d'Eglife de faint Arnoû.

Ce Saint, qui eft considéré, à jufte titre, comme la tige des Rois de France de la feconde race, fut caufe qu'on fit de grands biens à cette Eglife, que plufieurs Princes y choifirent leurs fépultures, & qu'enfin on y établit une Collégiale, dont les Chanoines obfervoient la vie commune, & la Régle de Crodegang, ou celle d'Aix-la-Chapelle, formée en 816.

25.

2. p. 208.

M. l'Abbé de Longuerue parlant de l'Ab- Longuerue baye de faint Arnoû de Metz, avance pludefcription de la Fran fieurs chofes que je crois très peu certaines; ce, partie par exemple, que faint Colomban mit de fes reliques dans cette Abbaye, du moins vers l'an 600. par l'autorité de Theodebert II. Roi d'Auftrafie, & que les Colombaniftes s'y maintinrent jufqu'au milieu du dixiéme fiecle. Ce fut alors qu'Adalberon I. Evêque de Metz, y établit des Moines Bénédictins.

Il eft indubitable que les Bénédictins fuccéderent dans faint Arnoù, non à des Moines de faint Colomban, mais à des Clercs ou Chanoines féculiers.

Il ajoute que l'Abbé de faint Arnoû avoit plufieurs terres de franc-alleu, où il ne relevoit d'aucun Souverain. Qu'il avoit une fouveraineté avec un Château, & un Prieure nommé Lay; près Nancy, uni à la Primatiale de cette ville, il y a cent ans & plus; je ne crois pas que l'Abbé de faint Arnoû ait joui de la fouveraineté de Lay: il eft vrai que ledit Abbé, de même que la plûpart des autres du pays, jouiffoient des dignités de régale fur leurs Prieurés & leurs terres: mais il n'eft pas vrai que le Prieuré de Lay fut une fouveraineté particuliere & indépendante du Duc de Lorraine.

Les Chanoines de faint Arnoû s'étant relachés, Drogon, Evêque de Metz, qui avoit la libre difpofition de cette Abbaye, réfolut de mettre en leurs places des Moines Bénédictins. Dans cette vue il fit commencer des lieux réguliers; mais la mort l'ayant empêché de les achever, Adalberon premier du nom, qui a gouverné l'Eglife de Metz depuis l'an 929. jusqu'en 962. exécuta ce que Drogon n'avoit fait que projetter, & mit des Bénédictins à saint Arnoû en la pla

[blocks in formation]

ce des Chanoines; leur premier Abbé fut Anftere ou Arbert en 941. L'Empereur Othon premier confirma cet établillement par fes diplomes de l'an 941. & 949. Le Pape Léon IX. en 1049. fit la dédicace de la nouvelle Eglife fous l'invocation de faint Jean l'Evangelifte, des douze Apôtres & de faint Arnoû. Il témoigne qu'alors l'Abbaye de faint Clément étoit totalement dans la dépendance de celle de faint Arnoû.

par

Lors du ficge de la ville de Metz par l'armée de l'Empereur Charles V. en 1552. Cette belle Abbaye fut entiérement renverfee par les ordres de François de Guife, Gouverneur de Metz, comme étant trop près des murs de la ville, & pouvant beaucoup donner d'avantage aux Alliegcans. Ce Prince eut foin de transferer les corps des Saints, des Princes & Princefles inhumés à faint Arnoû, dans l'Eglife des Dominicains; avec la Communauté des Bénédictins, à qui il donna l'Eglife & le Couvent de ces Religieux qui étoient réduits à un très petit nombre, & les Bénédictins y ont été maintenus divers Arrêts du Confeil du Roi. Cette Abbaye reçut la réforme de la Congrégation de faint Vanne l'onzième de Novembre 1619. & depuis ce tems elle a entiérement changé de face. Les Religieux Payant rebâtie tout à neuf, & même fait quantité d'enbéliflemens à l'Eglife & dans les lieux réguliers. On y montre le Maufolée de l'Empereur Louis le Débonnaire, de la Reine Hildegarde fa mere, de Drogon, Evêque de Metz, frere de Louis le Débonnaire, & de plufieurs autres Princes & Princeflès. La maniere précipitée dont on détruifit l'Eglife & les lieux réguliers de l'ancienne Abbaye de faint Arnoû, fut caufe qu'on n'y a prefque confervé aucun refte d'antiquité. Peut-être qu'en creufant dans les terres du lieu où elle étoit fituée, on pourra retrouver quelques-uns de ces anciens

monumens.

&

On voit encore dans l'Abbaye de S. Arnoû une chappe ancienne ou chafuble, qu'on croit avoir éte envoyée au Pape Jean XIX. morten 1009. par Etienne Roi de Hongrie, par la Reine Gisle, sa femme on croit que le Pape Leon IX. fit préfent de cette chappe à l'Eglife de faint Arnoû, lorfqu'il la dédia en 1409. Voici l'infcription qui fe lit en broderie fur le derriere du côté de cette chafuble: S. VNGRORVM. R. ET GISLA. DILECTA. SIBI. CONJVNX. MITTVNT. HÆC MVNERA. DOMNO. APLICO. IOHANNI.

crits dans la Bibliothèque de faint Arnoû. On montre dans le tréfor de cette Abbaye une coupe de coco, qu'on dit avoir servie à faint Arnoalde, pere de faint Arnoû, & lo peigne d'yvoire de la Reine Hildegarde, & plufieurs riches reliquaires & autres argenteries anciennes & modernes. Nous avons parlé ailleurs d'André Valladier, célébre Abbé de ce Monaftere, & qui en a écrit l'hiftoire dans fon livre intitulé l'augufte bafilique de faint Arnoû. les corps

Nous avons dit cy-devant que de la Reine Hildegarde & de Louis le Debonnaire, repofoient en l'Eglife de S. Arnoû de Metz, Meurifle le témoigne expreffement dans fon ouvrage intitulé de la naiffance, progrès & décadence de l'hérélie luthérienne à Metz, page 11o. & les manufcrits du tems portent que l'Abbé Juville ayant appris la refolution formée de détruire l'Eglife de faint Arnoû, fit lever de terre les corps des Rois & Princes qui y repofoient: qu'il y en eut dix de reconnus publiquement, favoir: ceux de Louis le Débonnaire, de la Reine Hildegarde, de Drogon, de Vintron, pere de fainte Gloffinde; &c. qu'il les fit mettre chacun dans un petit coffre, & qu'on les tranfporta folemnellement en l'Eglife des Jacobins, &c.

Cependant les Bollandiftes, & après eux le R. P. de la Valle, dans fon histoire de l'Eglife Gallicane, (a) ont révoqués en doute la préfence de ces corps dans l'Eglife de faint Arnoû, & ont prétendus qu'ils étoient dans l'Abbaye de Kempten en Suabe. On lit dans les monumens de cette derniere Abbaye, que vers l'an 963. on y découvrit les corps de Louis le Debonnaire & de la Reine Hildegarde, & qu'on les exposa à la vénération publique; encore aujourd'hui on les y honore comme Saints, & on raconte des miracles opérés par leur interceffion.

Environ 5 10. ans après, c'est-à-dire, en 1472.(b) un Religieux de Kempten, ayant ramaffe ce qu'on dit de la découverte de ces corps, & des miracles opérés par leur interceflion, en compofa une hiftoire, où il dit qu'en 872. Hildegarde fut enterrée à Kempten, avec l'Empereur Louis le Débonnaire, fon fils, fuivant leur derniere volonté. Les Bollandiftes, meilleurs critiques, conviennent que l'un & l'autre ont été inhumés à faint Arnoû; mais qu'ils peuvent avoir été tranfferés à Kempten, vers l'an 858. & qu'on a commencé à rendre un culte public à la Reine Hildegarde vers l'an 883.

La feule preuve que l'on produife pour montrer que la Reine Hildegarde repose à

Il y a auffi bon nombre d'anciens manuf-
(a) La Valle hift. de l'Eglife Gallic, imprimée in-quar- | ( b ) Bolland. 3. Tom. april. 30. ejusd. mens. pag. 388.

go en 1733.

1 389.

[ocr errors][merged small]

Anale&t.

édit.in-fol *. 1723.

Kempten, eft une lame de plomb qu'on trou-
va dans fon tombeau, avec cette infcrip-
tion: Hildegardis Regina. Quant à Louis, on
n'y trouva aucune intcription: mais un corps
ayant fur la tête une couronne d'or.
Tout cela est d'une trop petite autorité
pour renverser la poffeffion & la tradition
de l'Eglife de faint Arnoû. On ne produit
aucun mémoire, aucune preuve de la pré-
tenduë translation de ces corps à Kempten.
Je croirois plutôt que c'eft le corps d'Hilde-
garde, fille du Roi Louis de Germanie, dé-
cédée en 857. qui repofe dans cette Ab-
baye.

Mabill. Dans les titres de Louis le Débonnaire; Anal&P accordés à Kempten, il ne parle jamais qu'il 848.849. y ait choisi fa fepulture; & dans ceux d'Otthon II. & d'Otthon III. des années 983. & 993. où l'on rappelle ceux des Empereurs précédens, on ne dit pas un mot de la fepulture de la Reine Hildegarde, ni de l'Empereur Louis le Débonnaire, dans ce Monaftere. Au contraire tout confpire à faire croire qu'ils ont toujours repofé & qu'ils repofent encore à faint Arnoû de Metz. On y voit leur Maufolée transfere de l'ancienne Eglite dans la ville de Metz. Ils y font marques dans les anciens Nécrologes, & dans les anciens Cérémoniaux, on les y encenfe folemnellement aux jours de grandes folemnites. On ne doutoit point qu'ils n'y fuflent préfens lorfqu'en 1552. on en fit la Translation. S'ils avoient été transferés à Kempten, on trouveroit quelques monumens authentiques de cette Translation, dans l'un où l'autre des deux fameux Monafteres. Une Translation de cette conféquence ne feroit pas faite clandeftinement & fans cérémonics. Les Princes, les Evêques, les Religieux; les peuples y auroient concourus. On n'auroit pas manqué de la marquer dans les chroniques. Rien de tout cela ne paroit. Il eft donc très incertain, pour ne rien dire de plus, que ces corps ayent jamais été transferés de faint Arnoû à Kempten.

pag. 19.

hauffer le Choeur de fon Eglife, on décou- Valladier
vrit, en creufant la terre, vingt-deux fépul- Auguste
cres d'hommes & femmes, couverts pour Bafilique
la plupart d'habits de foye, ornés de cou- 30.croniq
ronnes, de fandales, de gants, de bâtons de Philippe
d'Evêques, d'anneaux, qui marquoient la de Vigneu
dignité de ces perfonnes. Il y avoit parmi le.
ccs morts, des Matrones revêtues d'habits
royaux, & dont les cheveux, pendans juf-
qu'au-deffous de la ceinture, étoient bril-
lans comme l'or. Il y avoit auffi quatre cer-
cücils, où repofoient quatre petits enfans
couverts du lin le plus fin. Chacun de ces
vingt-fix tombeaux étoient accompagnés de
leurs Epitaphes, ou Infcriptions; mais d'u-
ne écriture fi antique & fi ufée, qu'il étoit
impoffible de la lire.

Le R. P. Theodore Broc, Religieux de l'Abbaye de faint Arnoû, a fait une differta tion, où il prouve manifestement, contre la prétention des Religieux de Kempten, du P. Bonnevalle && des Pollandistes, que le corps de l'Empereur Louis le Débonnaire & celui de la Reine Hildegarde, fa mere, ont toujours repofe, depuis leur mort, dans l'Eglife de l'Abbaye de faint Arnon de Metz. Il a auffi compofe un recueil historique de ce qui eft arrivé de plus remarquable dans la ville de Metz, depuis fon origine jufqu'à l'an 1750. mss.

On conferve dans la Cathédrale de Metz, une ancienne hiftoire qui porte qu'en 1239. Thiebaut, Abbé de faint Arnoû, failant re

Après une mure délibération, il fut réfolu de mettre tous ces corps ensemble dans un même tombeau fous une tombe de marbre blanc, placée au milieu du Chœurs avec le récit abregé de tout ce qui avoit été découvert. On peut voir tout ceci dans Meurifle, hiftoire de Merz, pag. 29. 30. En particulier on y a mis l'Epitaphe de la Reine Hildegarde, qui contient fon éloge en termes pompeux, & affure que fon corps repofoit en Î'Eglife de faint Arnoù l'an 1239. On y voyoit en tout fept Epitaphes, qui font rapportées dans la chronique de Philippe de Vigneule, écritte vers l'an 1545.

Le même Philippe de Vigneule, dans fa chronique manufcrite, fol. 142. 143. 146. 147. & fuivans, d'écrit au long une infcription qui fe voyoit auprès de la Statuë de la Reine Hildegarde. Il rapporte aufli les Epitaphes qui étoient dans l'Eglife de faint Arnoû, des Empereurs, Rois & Princes qui y étoient enterrés, & qui s'y voyoient de fon tems. Il eft mort avant la deftruction de l'Abbaye de faint Arnoû. Il marque en particulier l'Epitaphe de Louis le Debonhaire, & de la Reine Hildegarde, fol. 157. verfo & 158. recto.

Vigneule les rapporte traduits en mauvais françois, mais le Cardinal Baronius dans fon onzième tome imprimé en 1605. les rapporte en latin, & dit les avoir reçus de Metz, par une perfonne qui les avoit tirés des ruines de l'Abbaye de faint Arnoû. Je foupçonne que le R. P. Sirmon, Jesuite, les lui avoit envoyé de Metz: elles font au feuillet 793. du Supplément du tome xi. de Baronius, où on peut les voir. Il croit que l'Epitaphe de la Reine Hildegarde, eft de la façon d'Alcuin, de même que celles des Princelles Hildegarde & Adélaïde, filles de Charlemagne & de la Reine Hildegarde. On ne doutoit pas alors que leurs corps ne fullent enterrés à faint Arnoû, & qu'ils n'y Ooooo

« PrécédentContinuer »