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repo fâffent au quinziéme fiécle.
On y lit que Hugues, Comte de Chaumon-
tois, & la Comtelle Eve, fon époufe, y
repofent.

Outre les précieufes Reliques qui fe voyent à faint Vincent, on y remarque encore quelques ouvrages manufcrits de Sigebert de Gemblours, qui a long-tems prefidé aux écoles de cette Abbaye.

On y montre auffi la Chappe ou Chafuble violette, dans laquelle l'Evêque Thierri fut enterré, & qu'on trouva faine & entie

Conjuge cumque fuâ, Junctus & Hugo Co-, mes; & encore Evaque Caumontis Comes, &natus uterque. Cependant nous favons que la Comtelle Eve, fondatrice du Prieuré de Lay faint Christophe, avoit choisi fare dans fon tombeau, lorsqu'on l'ouvrit plus fepulture dans l'Abbaye de Bouxieres-aux- de 300. ans après. On dit même (b) qu'on Dames; il eft croyable qu'elle changea de s'en eft quelquefois fervi le jour de fon annifentimens, ou qu'on n'exécuta pas la der- verfaire, qu'on célébre folemnellement à S. niere volonté ; car on n'a aucune connoif- Vincent. Cette Abbaye eft fort bien bâtie, fance qu'elle repofe à Bouxieres-aux-Dames. modefte & fans affectation, magnifique fans A l'egard de fon fils Udalric, Archevêque oftentation, ayant une bonne Bibliothéque de Reims, on ne doute pas qu'il ne repofe qui fe perfectionne de jour en jour. en fon Eglife Cathédrale.

Abbaye de faint Vincent.

L'Abbaye de faint Vincent fut fondée dans une Isle de la Mofelle, joignant la ville de Metz, en 968. par Thierril. du nom, Evêque de Metz, c'eft la feule des Abbayes de cette ville, qui n'aye pas été déplacee; elle eft encore au même lieu où elle fut fondée. Mais la ville s'étant beaucoup accrue du côté du nord, elle fe trouve aujourd'hui aflez avant dans l'enceinte de la ville, furtout depuis les changemens qui y ont été faits les années dernieres par M. le Marê chal de Belle-isle.

L'Evêque Thierri ayant jetté les fondemens de l'Eglife de faint Vincent, donna la conduite de la conftruction à Ogilbert, Abbé de Gorze; l'Evêque Thierri bâtifloit en même tems la nef de fa Cathédrale. Dans le voyage qu'il fit en Italie, avec l'Empereur Othon II. en 969. il ramalla un très grand nombre de Reliques, dont il enrichit fanouvelle Abbaye; on en peut voir le détail dans la chronique de Sigebert de Gemblours, & dans la vie de notre Evêque, écrite par le

même Auteur.

En 1248. Guarin, Abbé de faint Vincent, fit renverser l'ancienne Eglife, bâtie par l'Evêque Thierri, & bâtit en fa place le Temple magnifique que nous y voyons. Anciennement avant les Commandes, les Abbés réguliers de faint Vincent, avoient droit d'officier en habits pontificaux à la Cathédrale de Metz, aux deux Fêtes de faint Etienne, favoir: le lendemain de Noël, & le troifiéme d'Août, jour de l'invention du méme Saint. (4)

(4) Philippe de Vigneule, chroniq. mfl. fol. 376. dit qu'en 1376. l'Eglife de l'Abbaye de faint Vincent fut conacrée par Thierri Bayer de Boppart, Evêque de Metz. Et qu'en 1395. elle fut brûlée, les trois clochers confumés par les flammes. Et les cloches refondues dans la grande femaine de Pâques.

"

Abbaye de faint Symphorien.

L'Abbaye de faint Symphorien étoit autrefois fituée hors des murs de la ville de Metz, au midi de cette ville, fur le penchant d'une colline fort près de la Mofelle, & de la Prairie. Ce fut Pappole, vingt-neuviéme Evêque de Metz, qui gouverna cette Eglife depuis l'an 608. jufqu'en 614. qui la fonda & la dédia fous l'invocation des faints Innocens, & y choifit fa fepulture. On croit qu'il la dotta de fes biens patrimoniaux. On y découvrit fon tombeau en 1513. fous les ruines de ce Monaftere, qui fut détruit par les Normans au neuvième fiécle, de même que la plupart des autres Eglifes des environs de Metz; elle ne fut rétablie que vers l'an 992. par l'Evêque Alberon II. qui y dépofa les Reliques de faint Symphorien, Martyr d'Antun, dont elle a toujours depuis porté le nom. Il y établit pour Abbé, faint Fingerius, Hibernois de nation, qui y fit venir des Moines-Bénédictins de fa patrie.

En 1956. Adalberon III. Evêque de Metz, Meuri Memrifi rétablit l'Eglife d'Equigni, qui étoit ruinée, hiftoire de & la donna à Richer, Abbé de faint Sym- Metz, phorien de Metz, pour y mettre des Religieux & y faire l'Office divin.

Ce Monaftere fut de nouveau ruiné de fond en comble, par ordre des Magiftrats de Metz, le vingt- neuf Septembre 1444. pout fe mettre en état de défense contre le Roi Charles VII. & le Roi de Sicile & Duc de Lorraine René II. & le Dauphin qui vinrent affiéger la ville. Jean Notari qui en étoit alors Abbé, fe retira avec la Communauté dans la ville, où ils commencerent à bâtir un nouveau Monaftere en 1481. Cette nou

(b) Chroniq. générale de faint Benoit, Tome 5. page 254. Nous avons vû quelque chofe de femblable cy-de vant, dans l'article de la Collégiale de faint Sauveur. Voyez ce que j'ai dit fur ce fujet dans l'article de Théoderic, en la Bibliothéque Lorraine.

363.

velle Eglife étoit d'une grandeur & d'une magnificence qui ne le cédoit de gueres à la Cathédrale, elle étoit fituée à un endroit des plus beaux & des plus élevé de la ville, joiguant la Haute pierre & la Paroiffe du petit faint Hilaire. Mais en 1561. l'Eglife & ce Monaftere furent de nouveau renverfés à caufe du voifinage de la Citadelle qu'on bâtit alors. Les Religieux furent obligés de fe retirer dans l'Hôtel de Baudoche, qu'ils acheterent & où ils font encore aujourd'hui. Ils y ont depuis peu bâti une fort jolie Eglife; mais les Religieux y font logés fort à l'étroit. Je n'y connois aucune antiquité remarquable, finon quelques manufcrits, entr'autres un fort beau Pontifical.

L'Abbaye de faint Symphorien embraffa la réforme de faint Vanne en 1634. elle à produit anciennement quelques Ecrivains Eccléfiaftiques, dont nous avons fait mention dans nos hommes illuftres.

Abbaye de faint Clément.

Cette Abbaye étoit autrefois hors les murs de la ville de Metz au midi. Elle doit fon origine à une Chapelle que faint Clément båtit en l'honneur de faint Pierre, dans Aréne ou dans l'Amphithéâtre de la ville, & où il fut enterré de même que plufieurs de fes fucceffeurs Evêques de Metz.

. On lifoit autrefois fur le Portail de faint Pierre-aux-Arénes, ou faint Pierre-auxchamps, ces vers:

Prima fedes veni, Prima fides potui Prima Miffa celebratio, & ferpentis ejectio. Saint Urbain; Evêque de Metz, vers l'an 396. bâtit au même lieu une petite Eglife, en l'honneur du Martyr faint Félix de Nôle, & y mit, dit-on, quelques Clercs pour la deffervir; elle étoit déja en cet état en 938. fous l'Evêque Adalberon III. qui on rebarit l'Eglife, & y remit les Religieux qui s'étoient retirés à Luxeuil, depuis environ

quarante ans.

en

Heriman, Evêque de Metz, en 1090. ayant levé de terre le corps de S. Clément, auquel jufqu'alors il ne paroit pas qu'on ait rendu un culte public, & l'ayant expofe à la vénération du peuple dans la Cathédrale, le rapporta enfuite dans l'Eglife où il avoit repofe jufqu'alors, ce qui donna lieu au changement de nom de ce Monaftere, qui, aù lieu de faint Félix, fut furnommé de faint

Clément.

céda, ils étoient tous deux Hibernois. Lors du fiége de Metz, par l'Empereur Charles V. en 1552. cette Abbaye fubit le même fort que les autres Egliles qui étoient hors des murs de la ville. Elle fut ruinée & renverfée, & les Religieux transporterent dans la ville le corps de leur faint Patron, & de plufieurs autres Evêques de Metz,qui avoient été inhumés dans leur Eglife, & les depoferent dans le Prieuré des Religieufes de Nôtre-Dame de la Vignette, dite des Pucelles, qui leur fut donné par le Cardinal Robert de Lenoncourt, Evêque de Metz. Mais comme cet 'emplacement étoit trop petit, le Roi leur fit donner dans la rue de Pontifroy, une grande maifon nommée la Licorne, où ils le font bâtis très proprement; ils ont achevé, il y a quelques années, leur Eglife qui eft magnifique, de même que le refte de leur bâtiment. Cette Abbaye est en Commande, & a reçu la réforme de faint Vanne en 1630.

Le premier Abbé du Monaftere de faint Félix, qui nous foit connû, fut faint Cadroë, qui fut établi par Adalberon III. & mourut après trente deux ans de gouvernement, vers l'an 978. faint Fingenius lui fuc

Abbaye de faint Martin, près la ville de Metz.

L'Abbaye de faint Martin-aux-champs, fituée près la ville de Metz, au-delà de la Mofelle, & à l'occident de ce fleuve. On croit que faint Sigisbert, Roi d'Auftrafie, la fonda en 648. mais on fait que dès l'an 617. il y avoit en ce lieu une Eglife dédiée à faint Martin, dans laquelle faint Romaric alla faire fa priere, après avoir été rebuté par Aridius, Evêque de Lion. Saint Sigifbert Y choifit fa fepulture, & Dicu opera plufieurs miracles à fon tombeau.

L'Abbé Sigelaüs, qui vivoit en 841. fur prié par l'Empereur Lothaire, de lui écrire le plus proprement qu'il lui feroit poffible, le livre des Evangiles. Sigelaüs obéit, & l'Empereur fit préfent de ce livre au même Monastere, & voulut être infcrit au nombre des Religieux de faint Martin. Dans la fuite les Religieux ajoûterent au livre des Evangiles, tout l'ancien Teftament, & préfenterent tout l'ouvrage à l'Empereur Charles le Chauve, qui en fit préfent à la Cathédrale de Metz, dont le Chapitre le donna en 1675. à Mr. de Colbert, qui le conferve précieulement dans fa Bibliothèque. C'eft peut-être la plus belle Bible qui foit dans l'Europe; c'eft le frontispice de cette Bible, que Mr. Baluze a fait graver dans le deuxiéme tome des Capitulaires des Rois de France, pag. 279. où l'on voit en miniature les Abbes & Religieux de faint Martin, qui préfentent cet ouvrage à Charles le Chauve.

Les Ducs de Lorraine fe font dit fondateurs de l'Abbaye de S. Martin-lez-Metz, & ont prétendus être en droit d'en donner aux Ab. bes, l'inveftiture par la Croffe, le Calice & le

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appor

ment la Relique de fainte Croix fut
tée au Monaftere de fainte Croix en Bures,
près la ville de Metz. On peut voir la chro-
nique de Philippe de Vigneule, fol. 207.
208. 209. il dit qu'un jeune Flamand étant
allé par dévotion à Jérufalem, & y ayant
demeuré environ trois ans auprès du Patriar-
che, en obtint une partie de la vraye Croix
richement enchaffee, dont il fit présent à
fon retour à un nommé Robert, qui gou-
vernoit alors l'Abbaye de Burcs, près la ville
de Metz.

livre des Evangiles, fans aucune dépendance
ni des Papes, ni des Evêques, mais cette Ab-
baye étoit fondée & fubfiftoit long-tems
avant qu'il fut queftion des Ducs de Lorrai-
ne; ils n'ont eu d'autorité dans l'Abbaye de
faint Martin, que depuis qu'ils font deve-
nus Ducs de Bar, & en cette qualité Avoués
& défenfeurs de l'Abbaye de faint Martin.
Mais cette qualité d'Avoués ne leur donnoit
pas le pouvoir d'inveftir les Abbés de la ma-
niere dont nous venons de parler.

. C'eft néanmoins ce qui à occafionné la ruine totale de ce Monaftete, car Nicolas Chaillot ayant été élû Abbé de faint Mar tin en 1422. l'efprit de difcorde fe giffen tre lui & fes Religieux ; & Chaillot ayant fait tranfporter à Metz en 1427. une hotte pleine de pommes cucillies dans fon jardin, les Religieux donnerent avis de ce transport aux Officiers du Duc de Lorraine, dont l'Abbaye & le Bourg de faint Martin relevoient; ces Officiers demanderent pluficurs fois au nom de leur maître, qu'on leur payat certains petits droits, qu'ils prétendoient leur être dûs, à caufe de la fortie des Etats de Lorraine, & de leur entrée en la ville de Metz. Les Magiftrats de la ville en défendirent le payement. Les efprits s'aigrirent, & on prit d'abord du bétail les uns iur les autres, puis la guerre s'alluma. Et en 1444. les Magiftrats de Metz ruinerent le Monaltere & le Bourg de faint Martin, fans y laiffer autres chofes que les deux Eglifes: celle de l'Abbaye & celle du Bourg. Če fut alors que le Duc de Lorraine en 1428. fit cnlever le corps de faint Sigisbert de l'Abbaye de faint Martin, & le fit tranfporter dans l'Eglise du Prieuré de Nôtre-Dame de Nancy. En 1444. les reftes de l'Abbaye furent entiérement ruinés par les Meffias, & en 1552. à l'occafion du fiége de Metz, ce qui avoit échapé, ou qui avoit été rétabli, fut de nouveau renverfe. Enfin en 1603. le titre de cette Abbaye fut entiérement fupprimé, & les biens de même que ceux du Prieuré de Notre Dame de Nancy, furent unis & incorporés à la Primatiale de la même ville.

Richer, Abbé de faint Martin de Metz, qui vivoit en 1133. & étoit Abbé de faint Martin & de faint Symphorien, décrit l'Eglife de fon Abbaye, comme la plus belle qui fut alors à Rome, à Jerufalem, à Antioche & à Conftantinople. Il dit qu'elle étoit foutenue de fix-vingt colomnes, que fa lon

gueur

étoit de cent foixante pieds, fa largeur de foixante, fa hauteur de cinquantequatre; qu'elle étoit percée de huit portes

& de foixante & dix fenétres.

Ste. Croix en Bures.

Cette Abbaye ne fubfifte plus aujourd'hui, elle étoit bâtie dans la campagne au voifinage de Metz au midi. Enfuite les premiers habitans de ce Monaftere qui fe difoient solitaires de l'Ordre de faint Eloy, Evêque de Noyon, embrafferent l'inftitut de faint Norbert, & cédérent leur demeure à des Dames Religieufes de l'Ordre de Prémontré, dont le Monaftere fut nommé la Grange-aux-Dames. Pour eux ils s'établirent en un lieu nommé Bure, ou Sainte-Croix, fort près de la ville de Metz.

Quelque tems après une Dame nommée Euphemie leur ayant donné la Terre de Juftemont, Zacharie, Abbé de Bure, y commença un Monaftere, & donna aux Religicutes de la Grange-aux-Dames, le Monaitere de Bure, où elles fe retirerent pour garantir des inondations de la Mofelle, qui les mettoient souvent en danger.

fe

Lorfqu'on bâtit la Citadelle de Metz, on renverfa l'Abbaye de fainte Croix, & les Peres Prémontrés qui n'avoient pas voulu quitter ce lieu pour aller à Juftemont, se retirerent dans la ville, en une maison qui leur appartenoit. On en fit d'abord un College, enfuite on la céda aux R. P. Jefuites qui en prirent poffeffion le 23. Avril 1622.

Pour les Religieufes de l'Ordre des Prémontrés, qui avoient autrefois plufieurs établillemens en Lorraine & dans les trois Evêchés, elles n'ont fubfifté en aucun endroit dans ce pays-ci.

Templiers à Metz.

Ón affure que la Maifon des Templiers Philippe à Metz, étoit fituée en l'endroit où eft aude VignesLe Chroniq jourd'hui la Citadelle. fol. 103: L'Ordre des Templiers ayant été fuppri- verse, par l'Ordonnance du Concile général de Vienne en Dauphiné, tenu en 1311. leurs biens furent donnés partie aux Chevaliers de fainte Elizabeth de Hongrie, & partie aux Chevaliers de faint Jean de Rhodes, nommés aujourd'hui Chevaliers de Malte, & on bâtit pour ces deux ordres de Chevaliers, deux Maifons ou Commanderies

Si l'on veut favoir par qui, quand & com- dans la ville de Metz, l'une proche les murs

de

de la ville en un des vieux Châteaux de la premiere fondation de Metz, & l'autre en un lieu nommé Chambre, pour toute la province de par-decà. Ce lieu eft fitué au bas de la Cathédrale, & conferve encore aujourd'hui le nom de Chambre, parce qu'il fut destiné à fervir de chambre ou de demeure à toute la province de faint Jean de Rhodes, fituée au deça du Rhin.

Abbaye de Pontifroy.

L'Abbaye de Pontifroy fut fondée dans la ville da Metz par un particulier nommé Louvion & une bonne veuve (a) nommée Ponce, pour l'Ordre de Cîteaux. Ils y donnerent des biens fuffifamment pour y entretenir un Abbé & douze Religieux, qui devoient toujours être tirés de l'Abbaye de Villers-Betnach.

Philippe Philippe de Vigneule écrit que Jean Loudeinen- vion, fondateur de l'Abbaye de Pontifroy le Chroniq. avoit un fils nommé Aubert, qui s'étant fait fel. 308. Religieux à Villers-Betnach, fon pere pout le retirer auprès de lui, fonda & bâtit l'Abbaye dont on vient de parler, dans l'efperance qu'Aubert fon fils en feroit le premier Abbé. Toutefois ce Religieux n'en profita gueres, comme il paroit par un livre, où eft écrite la vie de tous les Abbés, qui depuis 1320. ont gouverné ce Monaftere. Ce livre fe conferve dans l'Archive de Betnach, 'dit Philippe de Vigneule.

Les Fondateurs s'étant adrefsés en 1320. ou 1321. au Pape Jean XXII. pour obtenir la confirmation de cet établitlement, il les renvoya, par fon Bref, à Henri Dauphin, Evêque de Metz, pour leur accorder les fins de leurs demandes, avec un privilé ge de droit de fépulture; ce qui leur fat accordé par l'Evêque.

Les biens de ce Monaftere ayant été diffipés, il eft réduit depuis aflez long-tems, à un fimple Abbé nommé par le Roi, & l'Abbaye a été entièrement ruinée en 1565. pour la défenfe de la Ville. L'Abbé & les Religieux furent alors tranfportés d'auprès du Pontifroy, où leur monaftere étoit fitué, dans une maison joignant la paroifle faint Georges, que le Roi acheta de l'Abbé de Juftemont il leur fut permis de fe fervir de l'Eglife de cette paroifle, pour y faire le divin fervice, à condition néanmoins que le fervice de la paroifle n'en pourtoit être empêché.

Abbaye de faint Pierre à Metz. L'Abbaye de faint Pierre-aux-Nonains de Metz, fut fondée au fixiéme fiècle par Eleu

there, Duc des François, qui y donna des biens fuffifans pour y entretenir trois cens Religieufes. Auffi l'appelloit-on le grand monaftere. Sainte Valdrade ou Vaudrée, fille d'une grande naiffance, puifqu'elle étoit alliée aux Rois d'Auftrafie, en fut la premiere Abbeffe. L'Evêque Papole, & Théodebert Roi d'Auftralie confirmerent cette fondation en 596. Ce monaftere fut d'abord fitué où le voit aujourd'hui la Citadelle de Metz, & l'on y remarque encore quelque refte de l'ancienne Eglife. Les Religieufes le retirerent en 1561. dans la Commanderie de faint Antoine; fous la paroiffe de faint Victor, où elles font encore aujourd'hui.

Ce monaftere étoit apparemment tombé Hiftoire de dans le relachement au dixiéme fiecle, puif- Lorr. t. 1. que l'Evêque Adalberon I. fit embrafler aux pag. 368. Religieufes la regle de faint Benoît, réta- 369 I blit leur Eglife, & leur fit rendre les biens Meur:fe qu'on avoit ufurpé für elles. Les Dames de Pag. 3134 faint Pierre fe difent aujourd'hui Chanoinefles, & font comme fecularifecs. Elles ne reçoivent que des filles de qualité, nobles de huit lignées; favoir, quatre paternelles & quatre maternelles : elles confervent quelques penfions de leurs familles ; elles peuvent être reçues dans le Chapitre dès l'âge de cinq ans. Quand l'Abbeffe apprebende une fille, elle lui donne le voile, qui n'est autre qu'un petit linge quarré, large de quatre doigts, qu'elles difent être la marque diftinctive des Chanoinefles. Elles le portent fur leur couvre-chef, & demeurent un an fans fortir; ce qu'elles appellent faire stage.

Les Evêques de Metz ont fait de tems à autre quelques tentatives pour les cloîtrer; mais leurs bons deffeins font demeurés fans exécution.

Les Ducs de Lorraine, comme Avoués de l'Abbaye de faint Pierre & de fainte Marie, fe font maintenus pendant long-tems en poffeffion de recevoir les hommages de ces Abbelles, & de leur donner l'inveftitute par la croffe, le livre des Evangiles & le calice: mais le Roi n'a pas voulu fouffrir cette indépendance, depuis qu'il eft devenu maître de la ville de Metz, & des Abbayes qui y font enfermées. Voici ce qui fe paflà à ce fujet. L'an 1416. le 15. Juillet, Marguerite de Cherifi élue Abbefle de faint Pierre de Metz, étant à Nancy avec plufieurs Dames de fon Abbaye, entra, comme elle devoit, en la foi & hommage de haut & puissant Prince Charles II. Duc de Lorraine, de toute fon Abbaye & monaftere, en chef & en membres, & reprit de lui de main & de bouche, la Crofle, le Calice, l'Autel, l'Eglise,

(×) Il y en a qui croyent que Ponce étoit femme de Louvien.

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Cathédrale, ceux de faint Thiébaut & de S. Sauveur de la même ville; les 4. Abbayes d'hommes, & les deux Abbayes de S. Pierre & de fainte Marie qui confiftent en ce que les Chanoines defdites Eglifes doivent affifter aux obfeques des Religieux décédés dans les quatre Abbayes d'hoinmes & dans celles de faint Pierre & de fainte Marie, & réciproquement, ces Religieux & ces Dames affiftent aux funérailles des Chanoines décédés, les Dames dans un lieu à part, fuivant la modeftie qui leur convient, & les hommes dans le choeur de l'Eglife, le tout moyennant certaines rétributions qu'ils fe donnent & qu'ils reçoivent mutuellement. Il y a pour le fervice de cette Abbaye quatre Chanoines ftipendiés, qui font à la libre nomination de l'Abbesse.

le Cloître, le Centre, le pourpris & toutes les appartenances, en chef & en membres de ladite Eglife & monaftere, tant dedans Metz comme dehors, & tout ce qui y appartient, comme avoient fait les précédentes Abbeffes, & font tenues faire celles qui lui fuccéderont, Acte pafle pardevant Colin Rateil, Chanoine de Toul, Notaire apoftolique de ladite Cour, par lequel en l'Hôtel Poireffon le Doyen, bourgeois de Nancy, Dominique François & Louvyon Bernefroy, Secrétaires du Duc de Lorraine, dirent que fuivant la coutume, l'Abbeffe de faint Pierre avoit repris du Duc de Lorraine le temporc de fon Abbaye & le spirituel, tenant la crof fe d'une main & le calice de l'autre lequel Duc lui avoit recommandé de ne fe faire confirmer en manicre que ce fut, ni de l'Evêque de Metz, ni d'autres, comme étant de la compétence du Duc, ainfi que Bouzonville & faint Martin devant Metz, qui n'ont autre confirmation pour l'adminiftration de leur temporel; mais feulement la bénédiction.

Néanmoins Conrard, Evêque de Metż, avoit fait procéder par voye d'excommunication contre ladite Abbeffe, qui depuis, à la pourfuite du Duc, en avoit été abfoute, & n'a point été confirmée; cependant à une journée qui fe tint à Nancy le 23. Janvier 1418. l'Evêque de Metz avoit fait voir au Duc un regiftre auquel étoit contenu comme une Abbelle de faint Pierre, qui s'étoit fait confirmer par le Duc, avoit enfuite reconnu qu'en ce faifant elle avoit été séduite, & que ce droit appartenant à l'Evêque, elle s'étoit fait confirmer & benir par l'Evêque; le Duc irrité avoit voulu connoître la vérité du fait, & avoit député les deffufdits fes Secrétaires pour entendre ladite Abbefie, qui déclara qu'ayant été élue, les Dames lui avoient refusé de l'introduire en la Chambre Abbatiale, & de lui donner l'adminif tration de fon Abbaye, qu'elle n'eût fait fes reprises au Duc, ce qu'elle avoit fait, & depuis l'Evêque l'avoit excommuniée; mais qu'elle en avoit été abfoute à la poursuite du Duc ; que néanmoins ne trouvant aucun Officier dans Metz, qui voulût occuper pour elle, elle avoit été obligée par le confeil d'aucuns fes parens, de fe faire confirmer par l'Evêque, qui l'avoit beaucoup blâmée de s'être adreffée au Duc pour ce fujet, de laquelle dépofition lefdits Secrétaires demanderent Acte, qui leur fut accordé par lefdits Notaires le 29. Janvier 1418.

Depuis très long-tems il y a une confraternité de prieres entre les Chanoines de la

Autrefois les Religieufes de Metz fe trouvoient aux proceffions générales, de même que les Religieux. Vigneule fol. 578. Elles affiftoient en corps dans la Cathédrale aux obfeques des Empereurs. Idem, an. 1417. P. 548.

Abbaye de fainte Marie à Metz.

L'origine de l'Abbaye de fainte Marie de Metz, le tems & l'auteur de fa fondation, ne font ne font pas bien connus. Il y a toutefois beaucoup d'apparence que ce fut Adalberon premier du nom qui la fonda vers l'an 905. On lit fur un marbre à l'entrée de cette Abbaye, qu'en 984. Adalberon II. da nom la fonda, mais fi c'eft un Evêque Adalberon qui la fonda, c'est plutôt Adalberon mier du nom, qui en 930. ou environ, voulant réformer le monaftere de faint Pietre, y joignit celui de fainte Marie, pour y éle ver les Novices qui devoient entrer dans le grand monaftere, & pour lui fervir comme de pépiniere. Le même Adalberon premier réforma auffi vers le même tems l'Abbaye de fainte Gloffinde.

pre

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(a) Sigebert, wit. Theoderici Metenf. t. 1. rerum Brunfvic. pag. 308,

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