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viéme ficcle. Auparavant il y avoit à l'ens droit où eft la Ville, un petit village nommé Godinécourt, du Diocèse de Verduni Ainfi on ne doit pas s'attendre de trouver dans la Ville de St. Mihiel aucunes Antiquités des premiers tems fous les Romains, ni même fous la premiére race de nos Rois. Elle doit fon principal accroiffement à l'Abbaye, qui a attiré au tour d'elle les Officiers des anciens Abbés, qui tenoient un rang confidérable dans le pays, & enfuite plufieurs perfonnes qui font venues s'y établir, partie par dévotion, & partie par intérêt.

873
établira un Chapelain du confentement du
Comte de Bar. Que ledit Abbé y jouira &
de la Chapelle & de la dixme groffe & me-
nuë dudit Château & du Bourg de Mouf-
fon, & de l'ufage de tout le ban & de la
vaine-pature; que fi les animaux des Reli-
gieux du Prieuré étoient repris dans le ban,
& y avoient fait quelque dommage, ils ref-
titueront le dommage aux intéressés, mais
fans amande. Il leur abandonna de plus l'u-
fage de fa forêt, tant pour les bâtimens que
pour leur chauffage & la nourriture de leurs
bêtes, qu'ils y pourront mettre en quel nom-
bre & quand ils voudront, fans que perfon-
ne puifle les en empêcher. Il leur donne auf
fi la pêche dans la Moselle pour un de leur
pêcheur avec fa famille en toute liberté &
franchife. Il permet à tous ceux de fes fu-
jets qui voudront faire quelque donation à
ce Prieuré, de le faire fans aucun empêche-
ment. Il cede de plus aufdits Religieux tout
le terrain qui avoit par ci-devant appartenu
à la Maifon-Dicu, qui eft bâtie près le pont
au-deffous de Monçon.

On ne connoit plus aujourd'hui de Prieuré du nom de faint Michel, ni dans la ville de Pont-à Mouflon, ni dans le Bourg de Monçon. On m'a dit autrefois que ce Pricuré de faint Michel étoit fitué entre la maifon des Jefuites & celle des Prémontrés, à peu près à l'endroit où fe voit aujourd'hui la Congrégation des hommes. Et ces mots, fub Caftro Mentionis, favoritent allez ce fentiment, de même que ce qu'il ajoute, qu'il leur donne la Chapelle de faint Cyriaque, fituée infrà Caftrum.

En 1436. Nicolas de Brixei, Abbé de fari Mel confera le Prieuré du Pont-àMouflon à Guillaume de Valleroy,Religieux de faint Mihiel..

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de faint Léopold.

La ville de faint-Mihiel, Diocèfe de Verdun, & capitale du Barrois-non-mouvant, eft fituée fur la Meufe à trois licues de Commercy qui eft au midi, & à fix lieues de Verdun, qui eft au nord; cette ville tire fon nom de l'Abbaye de faint Michel, ou faint Michiel, d'où l'on a fait Saint-Mihiel; cette Abbaye fut d'abord bâtie fur une éminence nommée Chatillon, à une lieuë plus loin vers l'orient, près la fource du ruiffeau de Marfoupe, qui passe à S. Mihiel, & tombe dans la Meufe, un peu au-deffous de la ville. De Caftellio ou Chatillon, l'Abbaye fut transferée au lieu où nous la voyons aujourd'hui fous l'Abbé Smaragde, du tems de l'Empereur Louis Le Debonnaire, au neu

Mais ce qui a le plus contribué à fa grandeur, c'eft l'établissement des Grands-Jours ; ou de la Cour Souveraine dans cette Ville; anciennement il n'y avoit pour tout le Barrois non-mouvant qu'un Bailliage, qui tenoit fa séance à St. Mihiel. Tous les ans la Noblefle s'y affembloit quatre fois à certains tems, pour juger les appellations du Bailliage. Cette aflemblée s'appelloit les GransJours de St. Mihiel.

L'ancien Bailliage de St. Mihiel avoit une fort grande étendue. On ne compte aujourd'hui que foixante-cinq villages ou hamaux, dans fa dépendance.

Ce Bailliage eft régi pár des Coutumes differentes, de St. Mihiel & de Verdun. Les Coutumes du Bailliage de St. Mihiel furent rédigées & examinées à la Cour des GransJours & dans les Etats de 1571. devant Jean de Lenoncourt, Bailli. Les trois Etats du Bailliage ayant fait des remontrances au Duc Charles III. fur leurs Coutumes, il ordonna le 5. Septembre 1607. à Théodore de Lenoncourt, de les convoquer de nouveau làdeffus le 25. du même mois ; l'Affemblée ne fe tint que le 26. & les jours fuivans, & les Coutumes y furent réformées. Mais le Duc Charles III. étant mort en1 608. elles ne furent confirmées que le 23. Juillet 1609. par le bon Duc Henri fon fucceffeur.

Quant aux Coutumes de Sainte Croix de Verdun, leur Original ayant été perdu, les Gens de Loy les raflemblerent & les reftituerent de mémoire, & on les imprima en 1678. Elles n'avoient aucun figne d'authenticité, pas même de date, & ne tiroient leur autorité que du privilége d'imprimer,accordé par Louis XIV. en 1677.

Mais Louis XV. en 1741. en ayant ordonné la réformation, elle fe fit au mois de Février 1743. par un Confeiller du Parlement de Metz, dans l'Affemblée des trois Etats. Cette réduction approuvée par Lettres du Roi en 1747. eft présumée inconnue en Lorraine, où les changemens faits alors ne font point encore reçus. ; on y fuit l'ancienne Coutume. J'ai parlé des Coutumes de SainteSssss

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Croix de Verdun, dans la differtation fur l'ancienne Jurifprudence de Lorraine.

Ce fut le Duc Charles III. qui établit les Grans-Jours à St. Mihiel le8.Octobre 1571. Jean Le Pugnon en fut le premier Préfident: Cette Cour fut inftituée pour juger en dernier reffort des Caufes du Barrois non-mouvant, qui s'étendoit bien avant du côté de Luxembourg. Les Juges & Confeillers de ces Grands-Jours s'ydiftinguerent par leur érudition & par leur probite. On connoit encore quelques anciennes Familles de robe defcendues de ces premiers Confeillers; plufieurs y bâtirent des maisons très - propres, & le concours des étrangers qui y venoient en grand nombre, pour confulter & pour recevoir la juftice, fit que la Ville s'augmenta & s'embellit très-confidérablement.

Voyez ALes Profefleurs en Droit du Pont-à-Moufbram hift. fon y ont fait pendant quelque tems lcur deUniverfit. meure; ils demanderent même d'y être transColleg. ferés permanablement pendant les conteftasom.3. art. tions qui s'éleverent entre les Membres de ΧΧΧΡΊΙΙ. l'Univerfité au fujet du Rectorat. Les ProHift. de fefleurs en Droit fe retirerent à St. Mihiel Pag. 1370. en1585. ou 1586. & ils revinrent à Pont-àMouflon en 1587. malgré les remontrances des Peres Jefuites, qui firent tout ce qu'ils purent pour empêcher leur retour. Les Grands - Jours de St. Mihiel furent fupprimés en 1635. par le Roi Louis XIII.

Lerr. t. 2

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Hift. de

Lorr. t. 1. Pat. 386. preuves.

Les Comtes de Bar depuis très-long tems furent Avoüés & Défenfeurs de l'Abbaye de St. Mihiel, & furent accompagnés par les Abbés à la moitié de leurs biens. Ils y frappoient ordinairement leurs monnoyes, & nous en voyons encore de frapées dans cette Ville: plufieurs d'entr'eux ont choifi leur sépulture dans l'Abbaye, & on y voyoit leurs maufolées dans l'ancienne Eglife, avant qu'on l'eût rebâtie de notre tems tout à neuf, telle qu'on la voit aujourd'hui.

La Comtefle Sophie vers l'an 1085. bâtit fur un petit tertre, qui domine la Ville & l'Abbaye, un château qui donna lieu à bien des conteftations. Il paroit que Sophie l'avoit fait dans la vue de tenir en bride & de réprimer les ennemis, qui troubloient le repos du Monastère : mais l'événement fit voir que c'étoit plutôt un piége qu'une défenfe. La bonne Princefle le reconnut ellemême, & en 1990. elle donna à l'Abbé Sigefride la garde du Château, avec pouvoir d'y mettre quei Gouverneur il voudroit:mais il fallut que l'Abbé achetât cette grace, en donnant à la Princeffe la moitié du Village de Rupt & quelques autres chofes.

ayant refusé d'aller au fecours du Château de Dieulewart, affiégé par les gens d'Etienne' de Bar, Evêque de Metz fon frere, fut dépouillé par l'Affemblée des Barons du Comté de Verdun, de l'administration de ce Comté, qui fut donnée à Guillaume, Comte de Luxembourg. Renaud, pour s'en venger, porta le fer & le feu dans le Verdunois; mais l'Evêque Richard & le Comte Guillaume ayant joint leurs forces, lui enleverent la Ville de St. Mihiel, dont il étoit Avoüé, & brûlérent le Château. Il ne fut entiérement rasé qu'en 1635. par ordre du Roi Louis XIII. de même que les fortifications de la Ville.

Sous Richard, quarante-troifiéme Evêque de Verdun, vers l'an 1 107. Renaud, Comte de Bar & Vicomte ou Avoüé de Verdun,

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Eudes, Comte de Champagne, étant entré en Lorraine en 1036. ou 1037. & y ayant Lorr. t. 1. commis une infinité de ravages, l'Empereur pag. 561.

Alberic

ad ann.

Conrade marcha contre lui, & le contraignit de fe retirer & de venir au fecours de fon propre pays où l'Empereur étoit entré, an. 1035. & où il fit de três - grands dégats pendant trois femaines qu'il y demeura. Conrade Sigeber venant d'Allemagne à cette expédition, pafla par les terres de l'Abbaye de St. Mi- 1937. hiel, & fes troupes, qui étoient composées de nations diverfes, firenr de grands dommages dans les campagnes, où les moiffons n'étoient pas encore entiérement achevées. L'Empereur vint dans l'Abbaye, & fut par l'Abbé Nanthere & la Communauté, avec la Croix & les autres marques de refpect dûs à Sa Majefte. Après les prieres & la bénédiction, l'Abbé lui remontra humblement les dommages que fes troupes avoient cominis fur les terres de fon Monaf

.tère.

reçu

L'Empereur l'écouta avec bonté, & tirant l'anneau de fon doigt le lui donna, & lui dit de le venir trouver dans fon Palais au retour de fon expédition, & qu'il lui feroit bonne juftice. L'Armée, campa trois jours près St. Mihiel fur la montagne au midi de la Ville, afin de fe remettre des fatigues du voyage; puis Conrade s'avança contre Eudes, Comte de Champagne, qui ne fe fentant pas en état de lui réfifter, fit la paix avec lui, & l'Empereur retourha en Alle magne.

L'Abbé de St. Mihiel l'y fuivit, & parla médiation des Princeffes Beatrix & Sophie, filles de défunt Thierri, Duc de Bar, obtint de l'Empereur le Comte Gerard pour défenfeur &Avoüé de fonAbbaye.CeComte étoit en ce tems - là un des plus puiflans Sei

rno,ctat de

la

gneurs que l'on connût dans ce pays, & fous fon autorité l'Abbé de St. Mihiel fit batir le Prieuré de St. Califte, ou Haréville, qui dépend encore aujourd'hui de fon Abbaye.

par

Manegaud, Abbé de St. Mihicl, qui a gouLongue- verné cette Abbaye depuis les année s1150. La France, & fuivantes jufqu'en 1178. fe voyant molefté partie 2. Renaud II. Comte de Bar, vers l'an Tag.177. 1150. présenta une Requête au Pape Eugene III. dans laquelle on voit ce qui fe trouve auffi dans les Antiquités de St. Mihiel, que le Duc Frideric s'étoit rendu maître absolu de l'Abbaye de Saint Mihiel, dont il étoit voifin, laquelle étoit fort éloignée des Empereurs ou Rois d'Allemagne, fes véritables Protecteurs. L'Abbé ajoute, que le Duc ayant pris le titre d'Avoué & defenfeur de St. Mihiel, s'étoit emparé du tiers de tous les biens & des revenus de cette Abbaye, & que de ce tiers il avoit composé le Domaine de Bar, qui n'en avoit point auparavant: De tertiâ parte prædiorum Ecclefia (de St. Mihiel) Caflrum fuum Barrenfe quod extruxerat, cafavit : & il laiffa cette Seigneurie en héritage à fes Succefleurs mâles & femelles; c'eft pourquoi après la mort de Frideric II. fes filles Beatrix & Sophie eurent Bar, avec d'autres Biens allodiaux.

Le Roi Louis XIII. affiéga & prit la Ville de St. Mihiel en 1635. on tira même fur fon carrofle, & on tua quelqu'un à fa portiére. La Ville fe rendit par capitulation & fut rachetée du pillage par une rançon de cinquan

te mille écus d'or.

En 1641. la Ville de St. Mihiel fe rendit aux Officiers du Roi Louis XIV. Ils envoyerent lesPrincipaux de leur Ville à Bar-le-Duc, pour prêter ferment de fidélité à Sa Majefte. Le Duc Charles IV. en 1661. mit dans cette Ville une Cour Souveraine deftinée pour le Barrois non-mouvant, & à Nanci une autre deftinée pour la Lorraine. Celle de St. Mihiel n'a pas fubfifté; elle a été reunie à celle de

Nanci.

On montre dans cette Ville quelques ouvrages de fculpture d'un excellent Maître nommé Leger Richier, qui vivoit en 1550. On admire en particulier dans l'Eglife Paroiffiale la Figure du Sauveur, prête à être mife au tombeau, foutenue par Jofeph d'Arimathie & Nicodéme, accompagnés de la fainte Vierge, de quelques Anges, de faint Jean l'Evangelifte & des Soldats qui jouent aux dés à qui aura la Tunique du Sauveur, le tout en pierres blanchies & en figures plus hautés que le naturel, d'un ouvrage parfait.

Le même Ouvrier a auffi fait diverses figures, tant en pierres, qu'en bois & en

terre dans l'Eglife de l'Abbaye, dans la Parroifle de Bar-le-Duc & dans l'Eglife Collégiale de faint Maxe de la mêine Ville, où l'on adinire la figure d'un Squelette en marbre blanc, tenant à la main un cœur qui eft celui du Prince de Croï, tué devant St. Dizier en 1545. J'ai parlé de Richier dans les Hommes illuftres de Lorraine: Richier travailloit dans l'Eglife de St. Maxe de Bar en 1554. comme on le voit par une Infcription au Maître-Autel de cette Collégiale.

Les Eglifes Collégiales de faint Maur, d'Hattonchatel & de Nôtre-Dame d'Apremont, furent transferées à St. Mihiel en 1707. par l'autorité de Mr. de Bethune Evêque de Verdun, & de S. A. R. Leopold I. Duc de Lorraine; les Chanoines furent établis dans l'Eglife Paroifliale de la même Ville, fous le nom de Chapitre de faint Leopold.

Ce Chapitre eft composé d'un Prévôt, qui eft toujours Archidiacre de la partie de la rivière du Diocèle de Verdunsd'un Doyen, qui cft toujours Curé de la Paroifle de St. Mihiel,& à la nominacion de M. l'Abbé de ladite Ville, Curé primitif; d'un Chantre, d'un Ecolâtre & de fept Chanoines, dont fix font à la nomination du Roi, ainfi que le Chantre & l'Ecolâtre, & le feptiéme à la nomination des R. P. Bénédictins. Après la mort des Chapelains actuels, & la réunion de leurs Chapelles au Chapitre, il y aura quatre Semi-Prébendés, dont, deux affifteront toujours le Doyen, comme Curé, dans fes fonctions, & quatre Enfant de chœur.

par

L'Abbaye de St. Mihiel fut fondée le Comte Wulfoade en 709. fur une éininence diftante d'une bonne lieuë de l'endroit où cft aujourd'hui le Monaftère, en un licu nommé Chatillon, au pied duquel le ruilleau de Marfoupe prend fa fource: on tient que le Pape Etienne II. l'an 753. en dédia l'Eglife en préfence du Roi Pepin & de Charles fon Fils, c'eft ce qu'on lit fur une lame de marbre qui s'y voit encore aujourd'hui.

Ce Monaftère fut transferé fous l'Empire de Louis le Debonnaire vers l'an 815. allez près de la Meufe, au lieu où eft aujourd'hui la Ville de St. Mihicl.

Le tréfor de cette Eglife eft fort confidérable,moins par les Piéces antiques, que par la richelle des argenteries qui y ont été raf femblées par l'Abbé Dom Henri Hennezon. La Bibliotheque eft très belle, & des mieux afförties en toutes fortes de bons livres imprimés on y montre auffi d'anciens manufcrits, entr'autres un Pfcautier grec, écrit de la main de Sedulius Scotus, & un re

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Hift. de Lorr. a.

471.

cle dernier.

cueil des principaux ouvrages de Dom Ro- droite, vétû, & ayant au doigt un anneau' bert des Gabets, célébre Philofophe du fié- d'or qui rendoit quelque éclat. Ils entrerent, & prirent l'anneau & deux plaques d'or qui étoient fur la poitrine du mort qui paroissoit entier, de même que fes habits : mais auffitôt qu'ils le toucherent & qu'il eut pris l'air, il tomba en pouffiére, à la réserve de quelques os & d'une partie de la machoire garnic de quatre dents.

On a confervé pendant affez long tems la coutume d'inhumer les Religieux de St. Mihiel à vieux Moutier; c'eft le nom qu'on donne à l'ancien Monaftère, fitué d'abord fur la montagne de Chatillon. On y va encore aujourd'hui dire la Meffe les Fêtes & Dimanches.

L'Eglife y fubfifte encore à préfent, & nous en avons fait lever le plan, de même que celui de la Chapelle où font enterrés les Corps des Fondateurs, le Comte Wulfoade & la Comteffe Adalfinde fon époufe, qui font représentés en peintures antiques fur les murs de cette Chapelle, qui n'eft séparée de l'ancienne Eglife que par un efpace d'environ douze pieds.

A la distance de trente ou quarante pieds, vers le midi, on voit les fondemens d'une autre ancienne Eglife qui étoit quarrée, & qu'on croit avoir été l'Eglife Paroiffiale du village de Wuinville.

Le Roi Pepin mal fatisfait du Comté Wulfoade, qui apparemment n'approuvoit pas qu'on cût défcré à ce Prince la Couronne qui appartenoit au Roi Chilperic, confiiqua fes terres, & donna le Monaftère de St. Mihiel à Fulrade, Abbé de faint Denis en France: cette union ne fubfifta pas long tems; St. Mihiel fe remit bientôt en liberte, & fe maintint dans l'indépendance de l'Abbaye

de faint Denis.

વિ

L'Empereur Charlemagne accorda à cette Abbaye le droit d'élire fon Abbé en 772. & après la mort, Louis le Debonnaire fon fils preuv.274. en confirma les priviléges & libertés en 815. &305. Pendant les troubles qui agiterent la Maifon de Charlemagne après la mort de ce grand Empereur, St. Mihiel fe foutint dans fon indépendance: il fallut que l'Empereur Lothaire en 840. la reftituat a faint Denis.

Cette derniére ceffion ne fubfifta pas non plus que la premiére; Charles le Chauve confirma en 846. les priviléges de St. Mihiel; il paroit même que les Abbés de ce Monaftère conferverent le Prieuré de Salone, qui originairement avoit appartenu à l'Abbaye de Saint Denis en France.

Le to. de Septembre 1734. quelques Maçons travaillans à relever le pave de la Chappelle où l'on tenoit par tradition qu'étoit enenterré le Fondateur de l'Abbaye de St. Mihiel, ayant levé un carreau de ce pavé, apperçurent un caveau foûterain long d'environ fept pieds, & profond de trois pieds & demi, dans lequel, à la faveur d'une lumiere, ils apperçurent comme un homme couché fur fon côté, & la tête appuyée sur sa main

A la tête du corps on a trouvé un peigne d'ivoire, enjolivé de plufieurs petits cercles, enveloppés dans trois plus grands; à côté de la tête on voyoit des forces, forcipes, qui avoient fervi à Vulfoade, apparemment pour faire fa barbe (car les anciens ufoient quelquefois de ces inftrumens pour faire la barbe) Sidon. 1. 4. Ep. 14. Barba intrarugarum latebras merfis ad cutem fecta forcipibus. Aux pieds étoient un coutelas, ou une épée, appuyée contre le mur du caveau ; mais tellement rongée par la rouille, qu'on n'en a pû conserver qu'une partie de la poignée, où l'on ne voit rien de remarquable.

Les deux plaques d'or qui fervoient apparemment d'agraffes au manteau du Comte de Vulfoade, étoient rondes & larges d'un bon pouce, ornées de pierreries de médiocre valeur, & relevées par intervalle d'une espèce d'émail rouge, ce qui formoit une variété de couleurs affez agréable. L'anneau d'or eft orné d'une pierre, ou agathe rouge, qui représente une espèce de Pallas d'allez mauvais goût.

Le tombeau de la Comteffe Adalfinde, époufe de Vulfoade, étoit dans un autre caveau de la même Chapelle, au côté de l'Epitre, vis-à-vis celui du Comte fon mari, qui étoit du côté de l'Evangile. On n'y a rien trouvé de remarquable, finon qu'elle étoit vêtuë de même que fon mari, & cou chée fur fon côté, & la tête appuyée fur fa main, comme une perfonne qui dort. Nous avons fait graver tout cela dans notre Notice de Lorraine.

La grande chevelure du Comte Vulfoade, qui lui defcendoit jufqu'aux genoux, eft ce qui le fait le plus remarquer dans fa figure. On fait que les Rois & les grands Seigneurs de la Nation des Francs, le faifoient un honneur de porter leurs cheveux extrêmement longs, & que c'étoit parmi eux une marque de dignité, d'une naissance & d'un rang fort fupérieur au commun des François ; ils avoient un foin très particulier de leurs cheveux, auffi voyons-nous dans le tombeau du Comte Vulfoade, fon peigne d'ivoire orné à la maniere de ce tems là.

St. Grégoire de Tours parle en plus d'un endroit

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endroit de cette coutume des Rois & des Grands, de porter une fort longue chevelure, & que couper les cheveux à un Prince, c'étoit le dégrader, & le rendre incapable de porter la Couronne. Cloris ayant pris le Roi Charavic & fes fils, les fit tondre, & fit ordonner le pere Prêtre, & les fils Diacres. En un autre endroit il dit que la Reine Clotilde élevant les fils du Roi Clodomire, leur laiffoit croître les cheveux, dans l'espérance de les voir élevés fur le Tróne; le Roi Childebert en donna avis à fon frere Clotaire, & lui perfuada de faire mourir les deux jeunes Princes, ou de les faire tondre & entrer dans la cléricature; ils envoyerent à la Reine Clotilde, & lui firent dire, ou de confentir à voir fes deux petits fils perdre leurs cheveux, ou de les voir mis à mort; la Reine dans le trouble où la jetta cette barbare déclaration, répondit: j'aime mieux les voir morts, que fans leur cheve. velure; auffi-tôt on les mit à mort. Voyez auffi le même Grégoire de Tours, liv. 6. chap. 24. & liv. 8. chap. 10. Agathias Agathias, Ecrivain grec, parlant des Rois Francs, dit qu'ils ne coupoient jamais leurs cheveux, mais qu'ils les laiffoient tomber fur leurs épaules, & les partageoient décemment aux deux côtés du front. Ils ne les faifoient pas croître négligemment & d'une maniere mal propre & indécente, comme font les Turcs & les Barbares; mais ils les frottoient de graille & d'huile, & en avoient un très grand foin, comme d'une prérogative attachée à la race royale. Ils les mettoient quelquefois en treffe, d'où que faint Gregoire de Tours les nomde Tours les nomme Flagella. Gundebuldus cum natus effet in Galliâ, diligenti curâ nutritus, ut Regum if torum mos eflcrinium flagellis per terga demiffis. Sidonius & Martial les nommoient de même.

1. ì.

S. Grégoi- vient

rel. 6.c.

27.

Cluver. Je fai que Vulfoade n'étoit pas Roi de Germanic. France, mais l'ufage de porter de longs cheantique t. veux, n'étoit pas particulier aux Rois & aux 1.c.16.p. Princes du fang. Les grands Seigneurs, com05. 106. étoient le Comte Vulfoade, en portoient à peu près de même; nous le voyons dans la figure du Duc Attique, pare de faint Odile, qui eft gravée en plufieurs endroits, & Cleuvericus dans fa Germanie antique, rapporte plufieurs paflages des anciens, qui parlent des longues chevelures, que portoient les Celtes & les Germains.

Quant au bonnet en forme de toque, qu'il porte fur la tête, & qui eft attaché par un ruban qui lui pafie fous le menton,c'étoit fans doute une marque de fa dignité de Comte. Ses mouftaches font aufli remarqua

bles; Sidonius les a bien exprimées par ces vers.

vultibus undique rafis.

Sidon. I

c. 2.

Probarba tenues pectuntur pectine crista. carm. v. Le même dans le livre premier, Epitre 242. L. 2. 2. Pilis infra narium antra fruticantibus quotidiana fucceffio. Ils avoient des barbiers, qui leurs arrachoient le poil des jouës, barba concavis hifta temporibus, quam in fubditâ vultûs parte, furgentem firpibus tonfas affiduus genas adufque forcipibus evellit. L'Eglife qu'il porte fur les mains, marque l'Abbaye de St. Michel, qu'il avoit fondée & enrichie.

La Comteffe Adalfinde, époufe du Cointe Vulfoade, eft vêtuë fort fimplement ayant une espèce de manteau qui lui pend de l'épaule gauche, & tenant de la droite une Eglife moins grande que celle que le Comte fon mari porte de même. L'Eglife de la Comteffe eft à deux étages, & avec collatéraux & abfide. Elle peut marquer l'Eglife qui étoit autrefois au midi de celle de vieux Moutier, & dont on voit encore les ruines.

Au refle, ces peintures font fort anciennes, car il y a quelques années, lorsqu'on voulut retirer les peintures qui font fur les murs de l'Eglife du vieux Moutier, on trouva plufieurs couches de chaux qui couvroient les anciennes peintures, fur lesquelles on avoit relevé les nouvelles.

Dans l'ancienne Eglife du vieux Moutier il n'y a rien de remarquable, que la plaque de marbre dont on a parlé, où l'on voit l'infcription, qui porte qu'elle a été dédiée en 753. par le Pape Etienne II. Les murs de cette Eglife font chargés d'anciennes peintures, qui repréfentent les Apôtres, l'enfer, le Paradis, & d'autres fujets de dévotion. On les a fait defliner depuis peu, & on nous a fait la grace de nous les envoyer.

La forme de l'Eglife n'a rien de remarquable: elle a des collatéraux affez bas ; la nef n'eft point voûtée. Il paroit que l'abside où étoit le grand Autel, a été renversée. Sur la porte de cette Eglife, on voit JefusChrift en croix, accompagné de la fainte Vierge & de faint Jean l'Evangéliste, d'un affez bon goût.

Quant à l'Eglife moderne de l'Abbaye, avant qu'elle eût été renversée & rebâtie dès les fondemens, elle avoit l'air très antique, & étoit bâtie d'un goût different de ce que nous appellons le goût gothique ayant une grofle tour à fon entrée, & deux autres tours à côté du chœur, comme on en voit encore quelques unes dans d'autres anciennes Abbayes. Le choeur étoit placé derriere l'Autel, dans une abfide assez basse, Ttttt

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