Images de page
PDF
ePub

En 1255. le Comte de Salm reconnoît être Homme-lige du Duc de Lorraine pour Morhange & fes dépendances, après l'Evêque de Metz & le Comte de Bar: en 1216. Bouchart, Evêque de Metz, prétendoit que Henri, Comte de Salm, devoit reprendre de lui les Château & Ville de Morhange; en 1291. Henri, Comte de Salm, prie le Duc Ferri d'admettre fon fils Jean', au Fief de Morhange.

Et en 1387. Jean, Duc de Lorraine, fit voir par certaines informations que, feû Henri, Comte de Salm, & les autres Comtes de Salm, lui étoient Hommes-liges, après Evêque de Metz & les Comtes de Bar.

[ocr errors]

DESTRIX, o DEXTROCH, ou DEXTROFF. Deftricht eft un village aux environs, & de la dépendance de Morhange. Dès l'an 966, dans le titre de fondation de l'Abbaye de Vergaville, nous trouvons Théodebert, Comte de Deftricht: Et en 1197. dans le tine de Fondation de l'Abbaye de Salival, nous connoitions Adulphe de Deftrix: Et en 1134. Hugues de Diftroch,,ou Diftorch, fait du bien à l'Eglife de St. Diey, & fait confirmer fa donation par le Duc Thierri.

C'eft une ancienne tradition du pays, que Louis-le-Débonnaire, Empereur & Roi de France, a eu dans Deftricht deux Maifons Royales, dont l'une étoit contiguë au village, l'autre éloignée d'un quart de lieuë, & fituée fur une montagne à préfent couverte de bois, 'dont la vue s'etend fort loin: l'on y remarque encore des tas de pierres & des fofsés. A un quart de licue de là eft le village de Martille, où les Religieux de faint Arnoû de Metz pofsedent un Bien confidérable, qui leur a été donné par cet Empereur. L'Acte eft daté de Deftrietht; les termes en font: In Palatio noftro apud Defiracham; en notre Palais près deDeftricht. Louis-le-Débonnaire eft enterré à faint Arnoût.

En 1722, lorfqu'il fallut bâtir le Choeur de l'Eglife de Destricht, on trouva plufieurs cercucils de pierres; les lettres qu'on y remarqua donnerent à connoître qu'ils avoient renfermé des Princes.

En 1743, en rebâtissant l'Eglife, on trouva dans les nouveaux fondemens fept cercueils placés paralellement & prefque contigus, tous de pierres de taille, de la longueur de fix pieds de rois le chevet relevé d'un pied & demi, & l'endroit des pieds, de huit pouces, chaque cercueil ayant de largeur un pied & demi. Ils étoient tous à fix pieds de profondeur; &, ce qui fait conjecturer qu'il y avoit là autrefois un caveau, c'eft que le deffus n'étoit que de terres éboulécs, ou des débris d'une voûte.

Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye de Donièvre, font reconnus depuis près de 400. ans Décimateurs & Collateurs de la Cure de Deftricht,par les bienfaits des Comtes de Salm, en faveur de cette Abbaye. Il y a un Traité de 1340. entre l'Abbé de Domèvre & fes Religieux, par lequel il leur cede fa part des dimes de Deftricht, au moyen de quoi, il fera difpensé de leur fournir la chandelle néceflaire pour chaque année, qui commençoit pour cet ufage au premier Octobre, & finifloit au Dimanche des Brandons. Les Comtes de Salm, en donnant à Domèvre les dîmes de Deftricht, en réferverent une portion de douze Jours de terres & de douze Fauchées de prés, pris dans le confin de Ganfpach, qu'ils attribuerent à la Cure d'Achain, qui fait aufsi partie du Comté de Morhange, afin qu'il y fût prié Dieu

pour eux.

Mr. le Curé d'Achain, Auteur de ce Mémoire, qu'il a formé à l'aide des remarques que nous lui avons fournies, & aufquelles il a ajouté, remarque que dans fon village il y a prèsl'Eglife Paroiffiale,un Tilleüil d'une grofleur fi extraordinaire, qu'à un pied hors de terre, il en a quarante de circonference; que cinq hommes peuvent manger à une table ronde dans le creux de l'arbre, qui eft auffi haut que la Tour ou le Clocher du licu.

MORIM O N T.

MORIMONT, célébre Abbaye de l'Ordre de Citeaux dont elle eft la quatrième fille; elle eft fituée dans le Baffigni François en Champagne, Diocèse de Langres dans un fond environné de bois & de montagnes: l'Eglife eft fur les terres de France; la moitié du Réfectoire eft fur les terres de Lorraine; il y a au voifinage quelques Fermes qui font en Lorraine, defquelles la principale eft Morvaux, hameau à cinq quarts de lieues de Bourmont; les autres Fermes font Vaudauviller, Frocourt & les Gouttes; Haute & Balle.

Morimont fut fondé en 1114. la même année que l'Abbaye de Clairvaux, par Odelric d'Aigremont & Odeline fa femine, Seigneur & Dame de Choifeuil, comme il paroit par une Chartre de Guillaume, Evêque de Langres, datée de l'an 1126. & comme on le voit par les informations faites en Chriftiana, 1714. par le Bailli de Chaumont-en - Bal- t.4. p. 3 1 4. figni; ce qui fut reconnu par une Déclaration du Roi Philippe-le-Bel, de l'an 1322.

Ce ne fut d'abord qu'une espèce d'Hermitage fitué au milieu des bois: mais Etien Zzzzz

Gallia

1

Meffieurs des liiers & de St. Victor.
Morizécourt le nommoit autrefois Mal-

ne, troifiéme Abbé de Cîteaux, y mit des Religieux, qui, aidés des libéralités du Seigneur Odelric d'Aigremont, y bâtirent un Monaftere, qui devint Chef ou Pere d'environ fept cens maisons qui en dépendent; & à qui elle a donné des Religieux pour les habiter.

L'Abbé eft Pere immédiat & Supérieur des cinq Ordres militaires d'Efpagne ; favoir; de Calatrava, d'Alcantara; de Monte, d'Avis & de Christ, aufquels on peut ajouter l'Ordre des SS. Lazare & Maurice en Savoye. Tout cela eft bien prouvé par les Bulles des Papes & par le Diplome de l'Empereur

Charles V.

L'Eglife de ce Monaftere eft grande, belle, bien bâtie & bien éclairée; on y voit les monumens des Seigneurs d'Aigremont, de Choifeuil, de Bourmont, de Grancey, d'Oifelet, de Rois, de Salins, de Mont-ferand, & de plufieurs autres. On y remarque en particulier le grand-Autel qui eft orne d'ou vrages en fer d'un goût fingulier & d'un grand travail.

On remarque dans le Territoire de Morimont une groffe pierre-borne qui eft posée entre les Evêchés de Langres, de Toul & de Befançon: aujourd'hui l'Abbaye eft grande, bien bâtie,& dans une fituation allez fpacieufe par le travail qu'on y a fait, en defséchant les Etangs & applaniflant les hauteurs des environs; on y entretient une nombreufe Communauté, composée en partie des Novices & des Etudians qu'on y envoye des autres Maifons de fa Filiation.

L'Abbé, comme Pere immédiat de l'Ordre, eft Régulier.

Hift. de

sécourt, & il eft nommé Malfeicurtis dans Lorr.. le titre de Confirmation de la Fondation de Deüilly, de l'an 1044.

On donnera la lifte des Abbés de Morimont à la Notice du dernier tome de l'Hif

toire de Lorraine.

MORLAY MORLAY, Morlacum, ou Marlacum, Bourg Chef-Licu de l'Office de ce nom,avec titre de Prévôté, fur la riviere deSaulx,à cinq lieuës de Bar,entre St. Dizier & Gondrecourt; Diocèle de Toul, Recette & Bailliage de Bar,Préfidial de Châlons, Parlement de Paris. Ce lieu étoit fameux fous les Rois de lapremiere Race qui y ont eu leur Palais; on peut voir la 299; on y tint un Concile en 678. V. ibiDiplomatique du P. Mabillon p. 297.298. dem p. 469. 470. Avant l'Edit de l'an 1747. il y avoit une Grurie à Morlay: aujourd'hui elle eft du reflort de la Maîtrife de Bar.

MORIZE COURT. MORIZE COURT, village à une lieuë de la Marche, Annexe de Seraucourt, Diocèfe de Toul, Office de la Marche, Recette de Bourmont, Jurifdiction des Juges - Gardes des Seigneurs, Bailliage de St. Thiebaut, Préfidial de Langres, Parlement de Paris; Mr. le Marquis du Chatelet & les Bénédictins du Prieuré de Morizécourt, anciennement nommé Deüilly, en font Seigneurs Hauts-Jufticiers, Moyens & Bas.

Le Prieuré de Deüilly a été transferé en ce Licu, & y fubfifte fous le nom de St. Georges de Deuilly. Voyez ci-devant l'article de Deuilly.

pag.418.

preuves.

La Paroifle a pour Patron, faint Pierre ; le Roi nomme à la Cure; Madame de Rouark jouit de cette Terre, & perçoit les deux tiers, & un fixieme dans la groffe dixme; le Curé a l'autre fixiéme & toute la menuë; & les Novales. Il y avoit autrefois au Château de Morlay une Chapelle dédiée à faint Chriftophe, qui a été transferée dans l'Eglife Paroiffiale de Commerci; il y a au même Lieu une Forge qui n'eft pas en état, & un fourneau acensé à Mr. Molerat pour quarante ans. On compte dans Morlay environ 90. Habitans: Il y avoit une Prévôté Royale avant l'Edit du mois de Juin 1751. On peut voir Mr. de Maillet p. 307.

Le Patron de l'Eglife de Morizécourt eft St. Maurice; Décimateur, le Curé pour la moitié de la grofie & menuë dîme, & les Religieux de Morizécourt pour l'autre moitié. Seigneur, le Marquis du Chatelet, les

En 145 4. le Duc René II. donna la Terre de Morlay à Gilles de Bourmont.

En 1532. le Duc Charles III. donna le Châtel, Terre & Seigneurie de Morlay à Barthelemi de Châtel, ou de St. Nazard; fon Confeiller & Médecin, & à Jerôme de Viclere fa femme, pour les tenir par eux & par leurs enfans légitimes jufqu'à la derniere lignée, au rachât de quinze mille frans après la mort defdits Conjoints.

Et en 1537. le même Duc Charles III. donna de nouveau cette Seigneurie aux mêmes perfonnes en contemplation de leur mariage, y ajoutant quelques nouvelles graces dans les Lettres de cette année.

En 1562. le Duc Charles III. fit refus de recevoir les foi & hommage de Jean de Semmezer, à caufe que la fomme des quinze mille frans pour laquelle cette Terre avoit été engagée étoit confignée en Justice.

En 1627. le fixiéme Août, Jean, Seigneur de Vaubecourt, demanda au Duc de Lorraine de lui accorder le droit d'un Marché par femaine à Morlay, favoir au jour de Vendredi, & deux Foires par année, l'une au lendemain de faint Marc, & l'autre le

[ocr errors]

LA MOSELLE.

lendemain de la Nativité de Nôtre-Dame, rable, conduire des bois de toute espece du
ce qui lui fut accordé.
port
de Toul jufqu'à la Meufe, en joignant
le ruiffeau d'Engrechin à un autre, qui fe
perd dans la Meufe au-deflus de Pagni. Ce
projet avoit été renouvelle fous la régence
de M. le Duc d'Orléans, & fous le regne
du Duc Leopold de Lorraine. Il avoit même
fait venir de Paris à Lunéville le Pere Seba-
ftien, Carme de la Place Maubert, habile
Mathématicien, pour l'exécution du même
projet; mais la chofe eft demeurée au rang
des idées magnifiques, qui n'ont pas été fui-
vies de l'effet.

LA MOSELLE eft une belle & grande riviere, qui eft nommée par les Anciens Mefella, ou Mufella, ou Mofula: Ptolemée la nomme Obrincus. Elle a trois fources principales: la premiere au-deffus de Buffan, frontiere de la Haute Alface; la feconde & la troifiéme au-deflus de la Brefle en Vôges, où ces deux derniéres fources fe rétiniflant, vont fe joindre à la premiere au-deffus de Remiremont. De là, la Moselle passe à Epinal, à Chatel, à Charmes, à Bayon, au Pont-Saint-Vincent, à Toul; elle reçoit la Meurthe à Frouart; elle traverfe le Pont-àMouflon, entre dans le Pays Meffin; le Rhin la reçoit à Coblentz, où elle perd fon

nom.

Le cours de la Mofelle eft fort rapide, elle coule fur le fable & fur les rochers, furtout aux environs de Remiremont & d'Epinal; & comme le terrain par où elle pafle eft pour l'ordinaire fablonneux, elle change fouvent de lit, & emporte avec le fable la croute de terre qui la couvre, & gâte ainfi les prairies par où elle paffe.

Ses eaux, fur tout dans les montagnes, 'étant ordinairement fort limpides, ont donné lieu à la conftruction de plufieurs Papetteries qui font fur la Mofelle, où l'on fait du fort beau papier qui eft en réputation, mêine chez les Etrangers.

Par le moyen de la Mofelle & de la Meurthe, on fait defcendre des montagnes de Vôges, les bois de marnages, les planches & même les bois de chauffage, à Rozieres, à St. Nicolas, à Nanci, à Metz, à Toul, & de là en France & en Hollande, ce qui procure à toute la Province un profit trèsconfidérable. Ce commerce toutefois n'eft pas fort anciens car on lit dans la Chronique de Metz en vers, que l'on ne vit les voiles defcendre de la Vôge à Metz, qu'en

l'an 1507.

[ocr errors]

L'an après comme rivière avale,
Des Vogiens les premieres valles
De Planches, pafferent parmi Metz,
jamais on n'avoit passé.

Le Maréchal de Vauban avoit proposé de faire la jonction de la Mofelle à la Meufe, par le moyen du ruiffeau d'Engrechin qui coule dans le val de Foug, & vient fe perdre dans la Mofelle, après avoir passé au travers de la Ville de Toul. De Toul à Pagni-fur-Meufe il n'y a qu'environ deux lieuës; on efpéroit, en faifant des retenues d'eaux dans le ruiffeau dont on a parlé, & en perçant une montagne qui n'est pas 'confidé

Anciennement on ne connoiffoit fur la Mofelle que quatre Ponts de pierres; celui de Pont-à-Mouffon, celui de Metz, celui de Confarbrik & celui de Tréves. A préfent il y en a à Chatel, à Charmes, à Flavigni, au Pont-faint-Vincent; & depuis quel ques années on a rétabli celui de Tréves, qui avoit été rompu par ordre de la France.

Tout le monde fait que la Lorraine Mofellane tire fon nom de la Moselle, fur les bords de laquelle elle s'étend dans prefque toute fon étenduë.

Les Bateliers de la Mofelle, Nauta Mo- Vigneule, fellanici, formoient un Corps diftingué dans Chron. 1.3. la Ville de Metz, comme il paroit par cette pag. 824. Infcription trouvée dans la terre, lorfqu'on creufa les fondemens de l'Eglife de St. Pierreaux-Champs. M. PUBLICIO SECUNDANO, NAUTARUM MOS A LLICOR. LIBE. TABULARIO LIIII. LVI. AUGUSTALI. Marcus Publicius Secundanus tenoit le régiftre ( Tabularius) des comptes de la Compagnie des Bateliers de Metz.

On a trouvé dans la terre, fous le Chaur de la Cathédrale de Paris, une Infcription à peu près pareille, faite du tems de l'Empereur Tibere, des Bateliers de Paris, d'Evreux & de Sens: Nauta Parifiaci, Evrici, Sennani. Ces trois Villes trafiquoient fur la Seine, comme ceux de Metz sur la Mofelle.

[blocks in formation]

LA MOTHE, Fortereffe autrefois trèsfamcufe, fituée fur les frontieres de Champagne, dans le Baffigni Lorrain, près la petite riviere de Mouzon, environ à deux lieues de la Meufe, & de Bourmont, qui font au couchant de la Mothe: Ce Lieu Hift. de fe trouve quelquefois nommé St. Alair- Lorraine mont, ou St. Hilairemont. Thiebaut, Comte 2. p.483. de Bar en 1258, affranchit les Sujets de fon preuves & Château de St. Hilairemont fous certaines pag. 512. conditions.Lemême Comtey fonda eň1 259. un Chapitre fous le titre de l'Annonciation

Ibid. pag. 485.

de la Vierge, à qui il affigna quelque peu de revenus, à condition que chaque Chanoine qui voudra entrer dans ce Chapitre, portera dans la maffe cent foudées de terre, ou une terre de la valeur de cent fols de revenus, & qu'après fa mort le fond en resteroit au Chapitre. Le Comte fe referve le droit de mettre dans ce Chapitre autant de Chanoines qu'il jugera à propos, jufqu'à la Pentecôte prochaine ; il leur accorde la permiffion d'acquérir les dîmes qui font de fon Fief, jufqu'à dix ans de là; & leur accorde le plein ufage dans les terres, prés, eaux, bois & paturâges qui lui appartiennent; il leur donne encore d'autres priviléges, & vcut, q'uaprès que le nombre des Chanoile nombre des Chanoines fera réduit à treize, ils demeurent à ce nombre fixe, & qu'ils choififfent dans leur Corps un Prévôt qui aura double Prebende, & chaque Chanoine fera ferment en Chapitre de faire refidence un demi an. En 1522. on fupprima un Canonicat pour y mettre un Maitre & quatreEnfans de Chour. Cette maniere de fonder des Canonicats par une effece de lotterie, a été affez commune en Lorraine, comme nous l'avons montré dans la Diflertation fur l'origine des dîmes & des revenus eccléfiaftiques.

[ocr errors]

L'année fuivante 1260. le même Thiebaut, Comte de Bar, fit fon accommodement avec Ferri III. Duc de Lorraine, au fujet de certaines difficultés qu'ils avoient entr'eux, parce que le Comte Thiebaut avoit de fon chef fait fermer de murailles le Château de la Mothe, ou de S. Alairmont, comme étant de fon Fief; & que le Duc Ferri foutenoit lui appartenir nuëment. Le Duc Ferri & le Comte de Bar, remirent leur différent à la décifion de Thiebaut, Roi de Navarre, de Hugues, Duc de Bourgogne, & d'Odon, Comte de Nevers, lefquels s'en rapporteront au dire de deux Chevaliers choifis, l'un par le Duc Ferri, & l'autre par le Comte de Bar, qui s'informeront de la vérité, & en feront rapport aufdits Seigneurs arbitres : & s'il fe trouve que le Château de St. Alairmont appartienne au Duc de Lorraine, le Comte de Bar le reprendra de lui, comme les autres Fiefs qu'il tient déja dudit Duc.

Il y a toute apparence que les Arbitres déciderent que la Mothe, ou St. Alairmont, relevoit de la Champagne & appartenoit au Comte de Bar; car dès auparavant ce Comte y avoit fondé un Chapitre, favoir en 1259. Et le 12. Février de l'an 1260. ou 1261. avant Pâques, Thiebaut, Comte de Bar, fit hommage à Henri, Roi de Navarre & Comte de Champagne, pour le Château

de la Mothe, & pour mille livres de terre que le Comte de Champagne y ajouta; & depuis ce tems-là, St. Alairmont, ou la Mothe, a toujours relevé du Comte de Champagne, & même dès avant l'an 1250.

En Fevrier 1272. Henri, Roi de Navarre, Comte de Champagne & de Brie, déclare que haut Homme & Noble Thiebaut,Comte de Bar, a repris de lui en foi & hommage en accroiflement d'autres Fiefs qu'il tient de lui, le Chatel de la Mothe & mille livres de terre de fon Domaine, & cinq cens livres de fes Fiefs.

Le quatre Mai 1361. Robert, Duc de Bar, fonda dans le Château de la Mothe,une Chapelle dans l'Eglife Collégiale du même lieu, en l'honneur de la fainte Vierge, pour être défervie par deux Chapelains aufquels il affigne vingt livres de petits tournois vieux, à prendre le jour de faint Remi fur les tailles de Graffigni, de Chevrei, &c. à condition que lefdits Chapelains feront fous la direction du Prévôt & du Chapitre de ladite Eglife, & qu'ils feront obliges de chanter tous les jours une Haute Mefle de Nôtre Dame; diront les Heures de la Ste. Vierge tous les jours, & de faire réfidence fur le lien; & afin que les Chanoines aident à chanter lefdites Melles, le Duc leur donne vingt-deux livres deux fols par an..

Le douze Février les Comtes de Bar avoient fait plufieurs Actes de foi & hommage au Roi de France, comme Comte de Champagne : Le dernier eft du onze Mai 1391. par Robert, Comte de Bar, fait au Roi Charles VI. On en voit auffi de Louis, Cardinal de Bar, du trois Août 1419. Les Ducs de Lorraine ne font devenus Seigneurs de la Mothe, que depuis la jonction du Barrois à la Lorraine, par le mariage de René d'Anjou I. du nom, avec Ifabelle de Lorraine, en 1420.

France,

Je trouve que le Comte de Bar, Edouard Longners I. en 1314. jouiffoit de la Châtellenie de état de là la Mothe, & qu'en cette année il l'engagea partie 2.p. à Ferri, Duc de Lorraine, pour une fomme 483. de deux cens mille livres, par l'entremise de Louis, fils aîné du Roi Philippe : Et par l'Acte, il reconnoît que cette Châtellenie relevoit du Comte de Champagne, dont le même Louis, alors Roi de Navarre, étoit en poffeffion.

du Deven

de S. Thie

4135.

En 1433. le Duc René I. prit le Châ- Cronique teau d'Aigremont & le rafa: c'étoit une vraie retraite de voleurs & de pillards. L'année caut1433. 1435. Guillequin d'Aigremont prit fur René le Château de la Mothe; mais le Duc René, peu de tems après, y mit le fiege, & s'en rendit maître par compofition, ayant donné une certaine fomme à ceux qui le défendoient.

En

Hift.de Lorr. t. 2. p. 1289. 1190.

Ibidem,

$383.

En 1439. ou 1441. felon Monftrelet, le Batard de Bourbon vint affiéger la Motheen-Lorraine. Il avoit environ quatre cens hommes; il emporta la Place d'Emblée; il en abbandonna le pillage à fes gens, & y demeura environ un mois, faifant des courfes dans tout le pays des environs. Les Gouverneurs de Lorraine pendant la détention du Duc René I. traiterent avec le Batard de Bourbon, & moyennant une groffe fomme d'argent, lui perfuaderent de fe retirer.

Le Roi Henri II. en 1548. parcourant les Provinces de ses Etats, arriva à Joinville, & ayant appris que la Ducheffe de LorraiChriftine de Dannemarck, faifoit fortifier la Mothe, qui eft fur les Frontieres de la Champagne & de la Lorraine, il fouhaita d'avoir fur cela une conference avec la Ducheffe Régente. Elle fe rendit à Joinville mais avant fon départ de Nanci, elle fit le douze Juin 1545. à cinq heures du matin, fes proteftations par - devant un Notaire, contre tout ce qu'on pourroit éxiger d'elle, au préjudice des intérêts du Duc fon fils, fur-tout au fujet des fortifications du Château de la Mothe, qu'on vouloit lui faire 'celler. On fit faire les mêmes proteftations au jeune Duc Charles III.

p.

Le Roi combla d'honnétetés la Ducheffe Chriftine, & la pria d'interrompre ou de fufpendre les fortifications du Château de la Mothe; la chofe fut accordée pour le 'tems de la minorité du Duc, fans prejudice des droits de part & d'autre ; & l'on en dreffa un acte datté de Joinville, le vingt Juin 1548. par lequel le Roi en confidération de cette interruption, accorda que le jeune Duc 'de Lorraine, Charles III. pendant fa minorité, jouiroit de tous les droits de régale, 'cas royaux, exercices de Jurifdiction, tout ainfi que les feus Ducs de Lorraine en avoient jouis leur vie durante, fans que pendant le dit tems les Officiers & Jufticiers du Duc, puiflent être diftraits par titres royaux, ou autrement hors de leur Jurifdiction; mais seulement en cas d'appel & Jurifdiction, par-devant les Juges reformateurs.

L'armée des Proteftans d'Allemagne, fous la conduite du Prince Cafimir II. du nom, fils de Frideric III. Comte Palatin du Rhin, venant au fecours du Prince de Condé, de l'Amiral de Coligni ; d'Andelot & d'autres mécontens du gouvernement du Roi Charles IX. arriverent à Lifou-le-grand, dans l'espérance de fe rendre maîtres de la Mothe & de Vezelize, où ils avoient une intelligence. Mais la trahison ayant été découverte, le Gouverneur fut pendu, & les Princes pafferent outre, & allerent du côté de Langres.

Pendant les troubles de la France, du Ibid. t. 3. tems de la ligue, on avoit fort bien fortifié p. 229. la Mothe, & elle pafloit pour la plus forte place de la Lorraine après Nancy. Le Duc Charles IV. ayant encouru la haine du Cardinal de Richelieu, pour avoir pris le parti du Duc d'Orléans, frere du Roi Louis XIII. & des Princes mécontens du gouvernement, attira dans la Lorraine la guerre qui lui fut fi funefte, & dont la Province reffent cu'core aujourd'hui les triftes effets. Le Prince Nicolas-François, frere de Charles IV. voulant prévenir la ruine entiere du pays, vint trouver le Roi à St. Dizier, & offrit de lui remettre en dépôt la Fortereffe de la Mothe, pour affurance de la parole du Duc fon frere, qui promettoit de demeurer en repos. Mais le Cardinal de Richelieu fit entendre au Roi, qu'il lui étoit essentiel de se rendre maître de Nancy, pour contenir le Duc de Lorraine dans la neutralité. On fit part au Cardinal Nicolas-François de cette réfolution.

Après le mariage contracté à Lunéville, en 1633. par le même Cardinal NicolasFrançois, avec la Princeffe Claude de Lorraine, fa coufine-germaine, le Roi Louis XIII. ou plutôt le Cardinal de Richelieu, réfolut de fe rendre maître de Bitche & de la Mothe, les deux feules places qui restoient au Duc Charles IV. Celui-ci informé que la France étoit réfoluë de faire déclarer que la loi falique n'avoit pas lieu en Lorraine, & que la Ducheffe Nicole, fon épouse, étoit la feule légitime héritiere de ce pays, ce Prince craignit tellement l'exécution de ce projet, qu'il fit offrir au Roi de lui remettre Bitche & la Mothe, pourvu qu'on voulût laiffer au Duc, Nicolas François, fon frere, & aux Princeflès détenuës avec lui, la liberté de fe retirer où ils voudroient, mais cette propofition fut rejettée.

L'année fuivante le fiége de la Mothe fut entrepris par le Marêchal de la Force. La Place étoit fituce fur une montagne de roche, efcarpée de tous côtés; elle n'étoit commandée de nul endroit, & commandoit à trois montagnes voifines. Elle n'avoit d'étenduë fur fon fommet, qu'autant qu'il en falloit pour contenir une affez petite Ville. Elle n'avoit qu'une porte, une rue, une Eglife, & on n'y pouvoit aborder que par un feul endroit.

Les Fortifications confiftoient en huit baftions, qui enfermoient toute la Ville; elle étoit de forme à peu près ovale. L'on y avoit ajouté quelques dehors, qui ceignoient les fofsés, remparrés de quelques pointes d'Hollande, de demies lunes, & de quelques ravelins. Le Gouverncur étoit Antoine de Aaaaaa

Hift. dé

Lorr. t. 3. pag. 270.

« PrécédentContinuer »