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Choifeul, Seigneur d'Ische, Gentilhomme
Lorrain.

La Ville fut affiégée dans les formes vers le quinze Avril 1634. On dit que dans ce Siége on fe fervit pour la premiere fois de bombes. Nous avons donné aflez au long les particularités de ce Siége, au troifiéme tome de l'Histoire de Lorraine, pages 270. 271..272. & fuivantes. Mr. d'liche ayant été tué dans la place, & le fecours attendu, n'étant pas arrivé, la Mothe fe rendit Ibid. pag. le vingt-fix Juillet 1634.

416.

Cette place fut reftituée au Duc Charles IV. en 1641; mais elle fut de nouveau affiégée en 1642. Duhallier, Gouverneur de Nancy, de la part de la France, eut ordre de la bloquer, mais le Duc Charles IV. l'obligea de fe retirer avec perte de fon bagage; il fut même battu auprès de Lifou-le-grand. Fag. 424. Magalotti fut choifi par le Cardinal Mazarin, pour conduire le Siége de la Mothe; il inveftit la place dès le fix Décembre 1644. & travailla aux lignes de circonvallation dans les mois Janvier & de Février; il ouvrit la tranchée au commencement de Mai. Cliquot commandoit dans la place; il laiffa travailler Magalotti, fans s'en mettre beaucoup en peine, difant qu'il n'avoit pas voulu faire des dehors à la place, pour pouvoir en venir plutôt aux mains avec les ennemis.

Magalotti s'étant rendu maître de la contrefcarpe, attacha le mineur à un rocher, qui fervoit de fondement au bastion de Ste. Barbe. Ayant fait mettre le feu à la mine, il fit une brêche affez grande pour pouvoir donner l'aflaut à la Place. Cliquot réfolut toute fois de la défendre jusqu'à l'extrêmité. La mort de Magalotti arrivée presqu'au même tems, le tira d'embarras, & lui donna le tems de réparer en quelque forte la brêche du mur, avant l'arrivée du Marquis de Villeroi, qui fut envoyé pour remplir fa 'place. Il offrit carte blanche à Cliquot, pour la capitulation qu'il pourroit demander. Cliquot affembla fes Officiers, qui conclurent qu'il falloit rendre la place, fous les conditions qui furent envoyées à Villeroi, & acceptées après quelques difficultés. Cliquot avec fa garnison en fortit le fept Juillet 1646.

Le Roi Ordonna que non feulement les Fortifications, mais auffi les Maisons de la Ville & l'Eglife, fuffent démolies, ce qui fut exécuté fans délai, malgré les prieres & les remontrances des Bourgeois.

Le Chapitre de la Mothe fut transferé à Bourmont, & les Bourgeois fe retirerent où ils purent. La Mothe ne s'eft point rétablie depuis ces tems, & dès le premier Siége,

les papiers les plus importans de l'Etat, que
Charles IV. y avoit réfugiés, comme dans
une Fortereffe imprenable, furent tranf-
portés à Paris, d'où ils ne font jamais reve-
nus en Lorraine. Mr. le Chancelier, Se-
guier, en fit faire des copies des principaux,
qui fe confervent en plufieurs volumes à
l'Abbaye de faint Germain des Prez, où feu
Mr. de Coislin, Evêque de Metz, les donna
de fon vivant.

La Ville de la Mothe portoit d'or à trois
têtes arrachées de lions de gueules, lampaf-
sées, allumées & couronnées d'argent.

MOUZAY, ou MOUSA. MOUZAY, Ou Mousâ, village dépendant de la Ville de Stenay. Il y a le grand & le petit Mouzay, proche ladite Ville. L'Empereur Henri IV. par fon diplôme datté de Metz, le premier Juin 1086. déclare qu'à la priere de l'Archevêque de Hambourg & de l'Evêque de Lausanne, il donne Thierri, Evêque de Verdun, Mouzay, grand & petit, & Stenay qui appartenoient à la Comteffe Mathilde. Il lui cede de plus l'Abbaye de Juvigni & le Château de Murault.

Godefroi de Bouillon, en 1089. rendit à Richer, Evêque de Verdun, la Terre de Mouzay, & le Château de Stenay, qu'il avoit fortifié ; & en reconnoiffance de ce bienfait, l'Evêque Richer lui fit présent d'une groffe fomme d'argent, qu'il avoit levée fur les Paroiffes de fon Diocèse, pour l'aider à faire le voyage d'Outre-mer, & à faire la conquête de la Terre fainte ; & afin d'autorifer davantage cette donation, le Duc Godefroi la fit publier en plein Synode, en préfence de tous les Prêtres du Diocèse de Verdun.

Hift. Verdun, p

207.

Mathilde, Marquife de Toscane, prétendant que Stenay & Mouzay faifoient partie de fon doüaire , que Godefroi le Boffu, fon mari, lui avoit laissé ; s'étant opposée à cette ceffion faite par le Duc Godefroi de Bouillon, l'Evêque Richer envoya en Italie l'Abbé Gerbert & Azelin, Chantre de fon Eglife, pour disposer Mathilde à renoncer à fon oppofition; ils y réuffirent, moyennant une fomme d'argent qu'elle accepta, & le traité fut confirmé par un Synode, tenu à l'Etat par le Pape Pascal, qui défendit fous peine d'excommunication, de troubler à l'avenir l'Eglise de Verdun, dans la poffeffion de ces deux Seigneuries. L'Evêque Richer fit encore publier cette défense dans une affemblée générale de tous les Prêtres de fon Diocèfe.

On tient que le Roi faint Dagobert II. Martyr, fut mis à mort près Mouzay, en 727. par un nommé Grimoalde, fon fil

Ibidem,

217.

de

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Hift. de feul. Quelques-uns forment des difficultés Lorr. t. 1. fur fa qualité de Roi de France, & prétenp. 469. dent que faint Dagobert tué à Mouzay, étoit Roi de France ; c'étoit Dagobert III. fils de Childebert III. Voyez ce que nous avons dit fur cela dans l'article de Stenay, & dans celui du Prieuré de faint Dagobert de Stenay. Dagobert III. n'a pas régné treize ans, mais feulement fix, depuis l'an 711. jusqu'enl'an 716.

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MOYEN, en latin Medium, ou Modium, du Medianum, ou Arx Media, ou fimplement nommé Moin, même daus les titres latins, Chef-lieu de la Châtellenie du même nom, Diocèse de Toul, temporel de l'Evêque de Metz, village autrefois célébre par fon Châteu, qui eft aujourd'hui ruine; il eft du Bailliage de Vic, dans le reflort du Parlement de Metz le Patron de l'Eglife eft faint Martin; l'Abbé de Senones en eft Collateur; les groffes Dîmes fe partagent en tre l'Abbé, les Religieux de Senones & le Curé du Lieu, chacun pour un tiers. Les Lieux dépendans de cette Châtellenie font Moyen, le Prieuré de Mervaville, dépendant de l'Abbaye de Senones, faint Clement, Cheneviere, la Ronce, la Cenfe de Putaigne, fur le Ban de faint Clement, & celle de Boulain. Sur le Ban de Vatimenil & le village de Vatimenil.

Il eft parlé de Moyen comme dépendant de l'Abbaye de Senones dans un Diplome de l'Empereur Henri V. de l'an 1111. & dans une Bulle du Pape Calixte II. de l'an 1123. & dans une Chartre d'Etienne de Bar, Evêque de Metz, de l'an 1124.

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Jean, Evêque de Metz en 1224. acquit. tout ce que les Abbé & Religieux de Senones possédoient à Moyen, en Terres, en Bois, en Serfs, en Eaux, avec le Ban (a) ou la Seigneurie, à l'exception du droit de Patronage & des Dîmes qui leur appartenoient. En échange, le Prélat, du confentement du Chapitre de fa Cathédrale, leur accorda dix livres, monnoye de Metz, de rente annuelle, à prendre fur toutes les poèles à faire du fel (6) qui ne font pas franches, & qui leur appartiennent dans la Ville de Vic, à eux, ou à leurs Prieurés, & aux Maisons de leur dépendance, enforte qu'à l'avenir ils possédent toutes ces poëles, ou ces loges à faire du fel, franches & quittes de toutes redevances, qu'ils payoient auparavant aux Evêques de Metz ou bien ledit Prélat leur

(a) Bannum, Dominium, Jurifditio.

(b) Siffa, Sedes, Salinaria. In quibus caldaria, patella, & catera inftrumenta ad fal conficiendum.

(c) Faire feauté. Facere homagium, feu juramentum fide-litatic.

affignera dix livres de rente annuelle, à percevoir fur la Ville de Vic ou fur celle de Metz. L'acte en fut passé à Metz dans l'Octave de l'Affomption de la Vierge de l'an 1224.

Et l'an 1283. Bouchart, Evêque de Metz, pour acquitter cette rente annuelle de dix livtes de Meffins, que l'Evêque Jean, fon prédéceffeur, s'etoit engagé de payer à l'Abbaye de Senones, céda à ladite Abbaye pareille fomme à prendre fur les cens qu'il percevoit dans le village de Vaque-ville, & fi les cens de Vaque-ville ne fuffifoient pas pour acquitter cette fomme, il y affecte fubfidiairement les cens qui lui font dûs à Moyen; il ordonne que les Maïeurs de ces Lieux-là en faffent feauté ou hommage (c) à l'Abbé de Senones, fans être obligés d'en reparler à l'Evêque. Il paroit par-là que l'Abbaye de Senones avoit la Seigneurie & li Haute Juftice à Moyen, & qu'elle la ceda à l'Evêque de Metz, qui en compofa une de fes Châtellenies, comme elle 'eft encore aujourd'hui.

En 1254. Jacques de Lorraine, Evêque de Metz, reconnoit que les Abbé & Religieux de Senones, ont donné à lui & à fes prédécefleurs, le Bois qui eft dans le Ban de Reuleiz, avec le fond de la même Forêt; & en échange,le même Prélat céde au Prieuré de Mervaville, dépendant de la même Abbaye,l'ufage dans fon Bois de Moyen,nommé Morbois, tant pour les bâtimens que pour fon affoüage; de plus, il accorde au même Prieuré la pâture ou glandée pour les porcs qu'on y nourrit dans fes Bois de Chevremont, à charge d'en payer le pallonage (d) comme les autres Habitans de Moyen, & à condition qu'ils ne pourront nivendre ni donner aucun bois defdites forêts. Passé au mois de Mai 1254,

Conrade Bayer de Poppart, Evêque de Metz, commença à bâtir le Château de Moyen vers l'an 1444. Le Bourg de Moyen étoit alors entre les mains du Seigneur d'Ogévillers: Conrade de Bayer l'en retira, & y fit bâtir tout à neuf un Château fur une hauteur, vis à-vis le village de Moyen. On remarque que les Bourgeois d'Epinal, qui appartenoient alors à l'Evêque de Metz, y étoient commandés, & y venoient travailler par corvée. Les Seigneurs des environs en murmurerent; l'Evêque ne s'en mit pas en peine, & nomma ce Château Qui qu'en grogne, pour marquer le mépris qu'il faifoit de leurs difcours: il unit à la Châtellenic I (d) Paffonage, le droit qu'un Seigneur tire fur les porcs qui paillent dans les forêts. Voyez Du Cange, Pafnaticum, Pajnagium, Paftionaticum.

de Moyen le Ban de faint Clement, qu'il avoit acheté du Chapitre de la Cathédrale. Nous avons le plan & l'élevation du Château de Moyen, très-proprement deffiné & gravé par le Sr. de Beaulieu, Chevalier de l'Ordre de faint Michel, un des Ingenieurs & Géographe du Roi, gravé après la paix des Pyrenées, concluë en 1659. Alors les Villes & Châteaux de Lorraine ne fubfiftoient plus avec leurs anciennes fortifications, mais Mr. de Beaulieu les avoit fans doute deffinées avant leur démolition.

Le Château de Moyen étoit quarré, avec une grande enceinte fortifiée de cinq tours, placées au côté du nord & de l'orient: le corps du Château étoit environné de fofsés & de murs bien folides, non pas toutefois en pierres de taille; il étoit fortifié de fix groffes tours rondes; la Baffe-cour étoit en dehors avec les écuries. Le village de Moyen én étoit éloigné d'environ cent pas, les Jardins étoient au-dehors de la Forterelle.

George de Bade, Evêque de Metz, mourut au Châtea de Moyen le 11. O&obre 1484. d'où fon corps fut rapporté à Metz, & enfeveli dans fa Cathédrale.

En 1634. le Château de Moyen fut af fiégé par le Maréchal de la Force, dans l'efpérance d'attirer le Duc Charles IV. en campagne: le Château fe rendit faute d'eau au bout de fix jours; la Garnifon en fortit avec armes & bagage. Les Soldats Lorrains mal payés & mal difciplinés continuoient cependant à défoler le pays, fans faire diftinction de l'ami ou de l'ennemi. Les Troupes Lorraines reprirent ce Château en 1636. & le fervirent de ce lieu comme d'une forterefle pour exercer plus hardiment leurs pilleries & leurs ravages dans la Province.

En 1639. Duhallier, Gouverneur de Nanci, Maréchal de France, pour réprimer ces défordres, alla affiéger le Château de Moyen. Thouvenin, Capitaine du Régiment de St. Baflemont, y étoit enfermé avec fculement cent hommes. Le fiége fut commencé le premier Août 1639. & le Château ne fut pris que le quinze Septembre de la même année: on y tira plus de quatre mille coups de canon ; il y avoit déja deux brêches de faites, & on étoit prêt à donner l'affaut, lorfqu'on donna avis à Duhallier qu'il y avoit un côté où il étoit plus aisé de faire breche. Il tourna fa batterie de ce côté-là, & en vingt-quatre heures on fit une nouvelle breche de quarante pas. Comme on fe difpofoit à donner l'aflaut, Duhallier, par le confeil de Lenoncourt, fait une nouvelle fommation à Thouvenin; il l'accepte, & obtient telle capitulation qu'il avoit demandée. Quelque tems après cette Forte

refle fut demolic, ainfi que la plupart des Châteaux de la Lorraine, & n'a pas été rebâtic.

MOYEN MOUTIER,
Et le Château de la Haute Pierre.

Je ne sépare pas ces deux lieux, parcè qu'ils ont une liaison néceffaire, comme on le verra dans la fuite. L'Abbaye de Moyenmoutier fut fondée vers l'an 671. par faint Hidulphe, Archevêque de Treves, qui à l'imitation de faint Gondebert, Archevêque de Sens, & de faint Déodat, ou Diey, Evê. que de Nevers, s'étoient déja retirés dans le défert de Vôge, quitta auffi fon Archevêché, & vint chercher Dieu dans ces folitudes, qu'on peut à bon droit appeller la Thébaïde de l'Europe. Il paroit que le premier deffein de faint Hidulphe étoit d'y vivre en Hermite, ou en fimple Solitaire, puifqu'il choifit pour fa demeure l'endroit du pays le moins propre à y bâtir un Monaftère, ref ferré entre la montagne & les rochers du côté du midi, & par la rivière de Rabodo du du côté du nord. Tout le terrain des environs étoit déja occupé par faint Gondebert à l'orient, par faint Diey au midi, & par le Monaftère d'Etival, fondé par Bodon Lendinus, Evêque de Toul, à l'occident, & par les Abbayes de Bonmoutier, d'Offonville, Offonis Monafterium, fondées par le même Bodon, frere de fainte Salaberge, au nord. Ainfi le Monaftère de faint Hidulphe fe trouva au milieu de quatre ou cinq Monaftères, ce qui lui fit donner le nom de Moyen-moutier.

Saint Hidulphe trouva dans fes SS. Voifins tous les fecours qu'il pouvoit défirer, non feulement pour fa perfonne, mais aussi pour le grand nombre de difciples qui vinrent fe ranger fous fa difcipline, & qui l'engagerent à bâtir une Abbaye & deux Eglifes, l'une fous l'invocation de la fainte Vierge, l'autre fous celle de faint Pierre & des autres Apôtres. Il en bâtit enfuite encore une troifême au dehors du Monastère, en faveur des étrangers & des hôtes qui furvenoient, & une quatrième fur le monticule qui eft au midi de l'Abbaye, & qu'il dédia au Pape faint Gregoire, & y bénit un Cimetière pour y enterrer fes Religieux, parce que le terrain où étoit bâti le Monastère, étoit alors trop humide & trop aquatique.

On compte entre fes difciples trois faints Perionnages, favoir, Jean & Benin, freres germains & même jumeaux, felon la plûpart, & un troifiéme nommé Spinule, honoré du don des miracles, de telle forte que faint Hidulphe fut obligé après fa mort de lui commander en vertu de la fainte obéif

fance

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fance qu'il lui devoit, de ceffer d'opérer ces
merveilles, qui attiroient à fon tombeau une
foule de peuples qui troubloient le repos de
fes freres. Tel étoit alors l'efprit de ces faints
Solitaires, tels étoient leur amour & leur
refpect pour le filence, la retraite & l'humi-

lité.

Peu de tems après que faint Hidulphe fe fut établi dans ce défert, un Seigneur des environs nommé Begon, lui fit préfent de fa Terre nominée aujourd'hui St. Blaife, & autrefois Bégoncelle: il y ajouta la roche de Folcholde, que l'on croit avoir renfermé la montagne voifine de St. Blaife, le vallon où étoit autrefois le village de Veif- valle, & l'emplacement de Rua, où l'on a depuis bâti la Ville de Raon-l'Etappe, dont on parlera plus au long ci-après.

Mediani

Saint Erard, frere de faint Hidulphe, & Evêque de Ratisbonne, ayant appris la retraite de fon frere, le vint vifiter, & ces deux faints Prelats catéchiferent & baptiferent Odile, fille d'Atique, Duc d'Aiface. La jeune Odile, par une grace particulière du Ciel, & par les prieres des SS. Evêques, reçut à la fois la lumiere de l'efprit & celle du corps au baptême. Atique fon pere, lui permit de fe retirer fur une haute montagne nommée Hohemberg, où elle bâtit un fameuxMonaftere,qui porta le nom de fainte Odile, qui fut comble de biens par la libc. ralité du pere.

Après la mort de faint Diey, arrivée en 679, faint Hidulphe prit la conduite de la Communauté que ce Saint avoit raffembléc ce Saint avoit raffemblée en fon Monastère de Jointures, ou du Val de Galilée, & laifla celle de Moyen-moutier à Leutbalde fon disciple. Celui-ci étant mort en 704, faint Hidulphe prit de nouveau le gouvernement de Moyen-moutier, & le tint jufqu'à fa mort, arrivée en føpt cens fept.

Sous le tegne de Charlemagne, les Religieux de Moyen-moutier ne pouvant s'accorder fur le choix d'un Abbé, ce Prince leur donna pour Supérieur un Archevêque de Grade, nommé Fortunat, qui étoit alors à fa Cour. Fortunat gouverna cette Abbaye environ vingt-deux ans: il mourut en 825. & fut enterré à l'oratoire de faint Gregoire, au midi de l'Abbaye.

ems de guerre. Pipin s'en excufa fur le mauvais état des affaires de fon Monaflère; Lothaire méprifa fes excuses, & donna l'Abbaye de Moyen-moutier au Duc de la Province, qui étoit appareminent Regnier, Conte de Hainau, furnommé au Long Col, qui avoit reçu ce Duché du même Roi Lothaire vers l'an 855, lorfqu'il commença à regner.

Hiftor. Le Roi Lothaire le jeune, qui donna fon nom à la Lorraine, & qui troubla toute la Monat. p. France à l'occafion de fon divorce avec Thiet169. 177. berge, ce Prince étant en guerre avec fes oncles Charles le Chauve & Louis le Germanique, demanda à Pipin, Abbé de Moyenmoutier, les trente foldats armés que fon Abbaye étoit chargée de fournir au Roi en

cum feq.

Ce Duc de la Province, pour fournir au Roi le nombre des troupes à quoi il étoit taxé, défola Moyen moutier, en diffipales biens, & les Religieux manquant des chofes nécefaires à la vie, furent obligés de fe difperfer, à l'exception d'un petit nombre à qui le Duc fournifloit la nourriture. Il fic plus: il s'appropria quinze cents & onze familles de ferfs qui appartenoient à ce Monaftère, qui par ce moyen fut réduit à là derniére misére.

Lcs chofes demeurerent en ce trifte état, jufqu'au regne de Zuintebolde, Roi de Lorraine, fils naturel de l'Empereur Arnoû. Zuintebolde commença à regner en 893. felon les uns, ou 895. felon d'autres. Ce Prince donna l'Abbaye de Moyen-moutier au Comte Hillin, qui chafla le peu de Religieux qui y étoient demeurés, & y mit des Chanoines en leurs places vers l'an 896. Ils y demeurerent environ foixante-fix ou foixante-fept ans, & Frideric, Duc de Bar, y remit des Religieux vers l'an 965. ou 966. lefquels y ont fubfifté jufqu'aujourd'hui.

Quant à l'état temporel de cette Abbaye, elle a été foumife dès les commencemens aux Rois d'Australie, dans les Etats defquels elle eft fituée, & enfuite à l'Empereur Charlemagne & à fes fuccefleurs. Vous avez vů que Charlemagne nomma pour Abbé l'Archevêque Fortunat, & le Roi Zuintbolde douna l'Abbaye au Comte Hillin qui y mit des Chanoines, au lieu des Religieux qui y avoient été jufqu'alors.

Dans la fuite, les Ducs de Lorraine y exercerent les Droits régaliens fous l'autorité des Empercurs: c'eft par une fuite de cette Autorité régalienne que le Duc Frideric I. à la priere du Comte Vislibert, en expulfa les Chanoines, & y remit des Moines vers l'an 966.

Le même Frideric I. du nom, Duc de Bar & de Lorraine, donna le gouvernement de ce Monaftère à l'Abbé Adalbert, & lui fit reftituer les Eglifes qui dépendoient de fon Abbaye, & les Terres que les Chanoines avoient possédées.

Saint Gauzelin, Evêque de Toul, qui a ficgé depuis 922. jufqu'en 962. demanda à l'Empereur Othon I. qui eft mort en 936, Bbbbbb

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l'Abbaye de Moyen-moutier, apparemment en régale, pour l'augmentation de fon Eglife de Toul.

L'Empereur lui accorda fa demande, & Gauzelin la posséda pendant quelque tems: mais en telle forte, dit l'ancien Auteur de la vie de faint Gauzelin, que le Duc Frideric en jouiroit fa vie durante, & que le St. Evêque difpoferoit de la Prébende du lieu: Prabendam loci ordinaret, c'eft à dire, qu'il régleroit ce que l'Abbé & les Religieux auroient pour leur nourriture & entretien, & pour celui du Monastère, mais qu'après la mort du Duc, toute l'Abbaye appartiendroit à l'Evêque.

Frideric I. Duc de Lorraine & de Bar, jouit donc de cette Abbaye, & la posséda jufqu'à famort, arrivée en 984. Cependant nous favons que le même Duc Frideric ayant conftruit le Château de Bar en 964. & ayant pris une certaine quantité de Terres, pour en former fa Seigneurie, faint Gerard, Evêque de Toul, en porta fes plaintes à l'Empereur Othon II, qui obligea le Duc Fridetic de donner à St. Gerard en dédommagement, les Abbayes de Moyen-moutier & de St. Diey. En effet, faint Gerard s'en mit en poffetlion, s'y fit prêter le ferment de fidelité par les nouveaux Sujets; & pour marque de fon autorité, emporta à Toul; la grolle Cloche de Moyen-moutier & les Croffes Paftorales des deux SS. Prélats, Hydulphe & Diey, Fondateurs de ces deux Abbayes.

Saint Gerard ayant demandé la même Abbaye de Moyen-moutier à l'Empereur Othon II. en 979. ce Prince la lui accorda, avec cette limitation que le Duc Frideric en le Duc Frideric en jouiroit pendant fa vie,comme il en avoit joui fous l'Evêque St. Gauzelin ; mais qu'après fa mort, St. Gerard en jouiroit pleinement; & que cependant Gerardus Prabendam Monachorum in veftiturâ poffideat, c'est-à-dire, felon l'Hiftoire des Evêques de Toul, ut Pontifex Prabendam loci ordinaret; que toutefois, le même Prélat jouiroit de l'inveftiture de la Prébende des Moines; qu'il régleroit ce qui devoit être donné pour leur entretien; & qu'après cela il posséderoit ce qu'il plairoit au Duc Frideric de lui ceder du Bénéfice ou de Régale du même Mona

ftère.

Après la mort du Duc Frideric, le même St. Gerard fit un nouvel accord avec la Ducheffe Béatrix, veuve de Frideric, qui fut que cette Princeffe joüiroit pendant fa vie, & penant la vie d'un de fes fils, des mêmes Abbayes de Moyen-moutier & de St. Diey, fous la dépendance de l'Empereur, & de douze Métairies de chacun de ces deux Monastères.

La Duchefle Béatrix gouverna les Duchés de Lorraine & de Bar, encore quelques années après la mort du Duc Frideric fon mari, arrivée en 984. & Thieri I. du nom, Duc de Bar, fon fils, fut obligé d'ufer de violence, pour la contraindre à lui remettre le gouvernement de fes Etats. On ignore l'année de la mort de Beatrix; mais Thieri fon fils, mourut en1026, & poíséda jufqu'à ce tems,les Abbayes de Moyen-moutier & de St. Dicy.

Bertholde, Evêque de Toul, qui a fiégé depuis 995. jufques vers l'an 1020. fut prié par Thieri I. du nom, Duc de Bar, de lui rendre les Terres & villages que fon pere le Duc Frideric avoit diftrait de fon propre patrimoine, & qu'il avoit cédé à St. Gerard en indemnité de ce que Frideric avoit pris à l'Evêque de Toul, pour former fa Seigneurie de fon Château de Bar; Bertholde les lui accorda, moyennant un équivalant raisonnable que Thieri lui donna, savoir: les villages d'Askeim, d'Haraucourt & de Meniville.

Adalbert, fils d'Adalbert, Fondateur de Bouzonville, fut nommé Duc de Lorraine, par l'Empereur Henri III. en 1047. & fut tué en 1048. par Godefroi, Duc de la Basse Lorraine. Alors le même Empereur donna le Duché de Lorraine à Gerard d'Alface, qui l'a tranfinis à fa poftérité.

Nous voyons par une Bulle du Pape Léon IX. de l'an 1051. que l'Eglife de Toul pof sédoit alors l'Abbaye de Moyen-moutier que les Evêques Gauzelin & Gerard avoient obtenue des Empereurs Othons : mais par une autre Bulle de la même année, il paroîc que le Duc Gerard d'Alface possédoit la Vouerie de l'Abbaye de St. Diey, par le choix des Chanoines de cette Eglife, qui craignans l'oppreffion des Seigneurs qui fe difputoient les Etats de Lorraine, après la mort du Duc Frideric II, avoient choifi le Duc Gerard, qui possédoit déja le Bénéfice, la Regale ou la Voueric d'une cerraine partie du Ban de St. Dicy, distinguée de celle du Chapitre.

En comparant toutes les dates des Diplomes des Empereurs, il ne paroît pas que les Evêques de Toul ayent possédé ni longtems, ni fort paifiblement, la Seigneurie des Abbayes de Saint Diey & de Moyenmoutier.

Depuis Gerard d'Alface, les Abbayes de Moyen-moutier & de St. Diey,ont toujours été de la Souveraineté des Ducs de Lor raine,ce qui n'a pas empêché qu'elles n'ayent eû des Seigneurs Avoués, qui, fous prétexte de protection & d'avocatie, exercoient fur leurs Sujets une affez grande autorité. Dès

Manu cri.

Sati. Manf

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