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l'an 1220, ou environ, Albert, où Aubert de Parroy, Ecuyer, d'une des plus grandes & des plus anciennes Maifons de Lorraine, Avoüé ou Soû-voué de Moyen- moutier, bâtit une Fortereffe auprès & au nord de la Haute-pierre, qui est une roche escarpée fort haute, qui fe voit fur la montagne visà-vis l'Abbaye. On remarque encore à préfent quelques reftes de cette Fortereffe, qui fut nommée de la Haute pierre, dont le nom demeura à Aubert de Parroye & à fes fucceffeurs.

Le Duc Mathieu II. ne put fouffrir cette entreprife: il affiégea cette Fortereffe, & la prit après un allez long fiége, qui dura depuis l'Octave de la Pentecôte, jufqu'à la Nativité de Nôtre-Dame, huit Septembre. Après la prise de ce Château, le Duc Mathieu & Aubert de Parroye convinrent enfemble, que ledit Aubert pourroit conftruire 'une nouvelle Forterefle fur la montagne d Anfus, près Colroye, au val de St. Diey, ou même de rétablir, s'il vouloit, fon Château de la Haute-pierre, en faifant hommage au Duc, de celui des deux qu'il réta bliroit. La lettre eft du mois de Janvier 1224. Il paroît certain qu'Aubert de Parroye ne bâtit point fur le mont Aufus, mais qu'il rétablit fon Château de la Haute-pierre: & l'on voit par le Nécrologue de l'Abbaye de Moyen-moutier, qu'il y cut encore depuis quelques Seigneurs & Dames réfidans à la Haute pierre. Il paroît de plus, par les lettres de l'an 1224. qu'Aubert de Parroye étoit fils de Simon de Parroye, & que le Château de Spiffemberg leur appartenoit.

Dans la fuite, les Seigneurs de Parroye vendirent, ou échangerent avec les Ducs de Lorraine, ce qu'ils avoient à Spiflemberg, dans le val de St. Diey, à Moyen-moutier & à Etival.

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On conferve dans l'Abbaye de Moyenmoutier un assez bon nombre d'anciens manufcrits, dont la plûpart viennent du Prieuré de St. Mont, proche Remiremont d'autres font des reftes de l'ancienne Bibliothéque de Moyen-moutier; d'autres viennent de différens endroits. On peut en voir le dénombrement des principaux dans Bibliotheca Bibliothecarum, Manufcrits du R. P. Dom Bernard de Mont-faucon. On y montre en particulier l'unique copie qu'on connoiffe de l'Hiftoire de Jean de Bayon, Dominicain, qui vient du R. P. Donat, Tiercelin, Confeffeur du Duc Charles IV. Le Manuf crit eft précieux pour l'Hiftoire de ce Paysci, principalement pour celle des Comtes de Vaudemont, Branche de la Maison de Lorraine.

On y voit auffi l'ancienne Chaffe qui renferme les Reliques de faint Hydulphe, Fondateur de ce Monaftère; elle eft couverte de lames d'argent ouvragées, & représentant le batême de fainte Odile par faint Hydulphe & faint Erard fon frere, Evêque de Ratilbonnes ladite fainte Odile préfentée à ces deux SS. Evêques par le Duc Attique & la Ducheffe fon époufe. Ces plaques d'argent font d'un goût fort gothique, comme ayant été faites au dixième ficcle; mais elles font précieufes pour l'Hiftoire de ce tems-là. On Ics a fait graver dans l'Hiftoire de Moyenmoutier, composée par le R. P. Dom Humbert Belhomme, Abbé de Moyen-moutier, imprimée à Strasbourg, chez Dulfeker en 1724. in-quarto, d'où M. Scheffelin les a fait retirer dans fon Alface illuftrée, imprimée à Colmar, in-folio en 1751.

MOYEN-VIC.

MOYEN-VIC, petite Ville fituée entre Vic, au couchant, & Marfal au levant, fur L'Abbaye de Moyen-moutier, de même la riviere de Scille, Salia, ou Sallia, ainfi que celles de Senones, d'Etival & le Cha- nommée à caufe des fources d'eau falée qui pitre de St. Diey, jouiffent depuis un tems fe trouvent dans, & fur les bords de cette immémorial des droits quafi Epifcopaux, & riviere. Il y a des Salines à Moyen-vic de les exercent dans leurs Territoires & fur les même qu'à Marfal; mais celles qui étoient Paroiffiens de leurs districts refpectifs. anciennement à Vic, font fupprimées depuis long tems. Quelques Ufurpateurs avoient autrefois bâti une Fortereffe à Moyen-vic, Munitionem inter Vicum & Marfallum, mais Etienne de Bar, Evêque de Metz, la prit & la ruina. Ce Prélat a gouverné cette Eglife depuis 1120. jufqu'en 1163.

Le Cardinal Humbert, célebre par fes Ecrits & par les fervices qu'il a rendus à l'Eglife contre les Grecs fchifmatiques, étoit Religieux de Moyen-moutier.

La Réforme de la Congrégation de St. Vanne, de St. Hydulphe, qui s'eft répandue dans la Lorraine, la Champagne & les Pays-Bas, & qui a donné naiffance à la Réforme de l'Ordre de Cluni, & à la Congrégation de St. Maur en France, a commencé en 1604. par les Abbayes de St. Vanne de Verdun, & de St. Hydulphe de Moyen

moutier.

Hift. de Lorr t, S.

Saint Gerard, Evêque de Toul, mort en 994. donna l'Eglife de Moyen-vic à l'Ab- preuves p. baye de faint Manfui.

Les Salines de ce lieu appartenoient autre fois aux Chanoines de faint Gengoul de Toul, comme il paroit par les titres des années 1063. 1102. 1115. Ils les pofsédoient

388.10270

Le P. Benoit Picart, Hiftoire de exp. 71.

l'Histoire.de Lorraine > pag. 2.3.4.

encore en 1220.1246. & 1380. mais ils laifferent ces Salines à titre de ferme, à l'Evêque de Toul, aux Religieux de la Crête, à l'Abbé & aux Religieux de Nôtre-Dame des Vaux, moyennant cinq muids de fel par an. Ils les ont enfuite cédées à l'Evêque de Metz, par bail emphythéorique aux mêmes conditions que ci-deflus. Le Roi eft entré dans les droits de l'Evêque de Metz, & ces Salines font à présent unies à son Do

maine.

Richer, Hiftorien de l'Abbaye de SenoRicher, nes, dit qu'on croit que faint Gondebert, Tome 2. de Archevêque de Sens & Fondateur de cette Abbaye, étoit décédé à Moyen-vic où il étoit allé en pélerinage pour vifiter les Reliques des SS. Piant, Agen, & fainte Colombe,qu'on y honore comme Patrons de ce lieu.Saint Gondebert peut être mort vers l'an 670, ce qui prouveroit que Moyen-vic eft une ancienne Ville: mais on ignore le tems précis de l'arrivée de ces Saints à Vic, & il eft très-incertain que faint Gondebert y foit

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Chroniq. de Vigneul.

ce,partie 2.

en 1430.

Les troupes de l'Empereur étant entrées en Lorraine en 1630. fous le commandeLonguerur ment du Colonel Cratz, s'emparerent des defeription Villes de Vic & de Moyen-Vic, & l'Empede la Fran- reur commanda de fortifier Moyen-vic. On 1. 169. prétendit que le Duc Charles IV. favorifoit les Impériaux qui étoient dans ces Places, Lorr. t. 3. jufqu'à leur fournir les chofes néceflaires à p.203.210. leur entretien, & à diriger lui même les ouvrages de la Citadelle, que l'Empereur faifoit conftruire à Moyen-vic.

Hift. de

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nitions au Gouverneur de Moyen-vic, & d'y envoyer même quelque renfort. Mais ce foible fecours ne fervit de rien; on capitula le 27. Décembre 163 1. & on promit de rendre la place, en cas qu'une Armée capable de la fecourir ne parût pas aux environs.

Le Roi Louis XIII. informé de tout ceci, & des liaisons fecrettes qui étoient entre le Duc Charles IV. & l'Empereur, entra en Lorraine en 1631. contraignit les Allemans à fortir du pays, & le Duc à quitter leur parti: le Roi prit Vic fans y trouver de réfiftance. Moyen-vic, où comamndoit le Baron de Merci, fe défendit tant qu'elle put; le Duc Charles avoit donné ordre fecret au Gouverneur de Marfal de fournir, autant qu'il feroit poffible, des vivres & des mu

Le Roi demeura donc maître de Moyenvic, & cette Place lui fut cédée à la paix de Munfter en 1648. par l'Empereur & les Etats de l'Empire. Après que Marfal fut venu au pouvoir des François : on a fait rafer les fortifications de Moyen-vic, comme d'une Place inutile. Le Duc Charles IV. en 1661. fut rétabli dans fes Etats, en cédant Moyen-vic. Les Salines du même eu, que les Ducs de Lorraine avoient acquifes de l'Evêque de Metz dès l'an 1571, ont été cédées ou Roi par le Traité de Vincennes de 1661: mais en cas que ces Salines foient en exercice, le Roi eft obligé de donner la quantité de quatre cens muids de fel, que le Duc doit fournir par an aux Sujets de l'Evêque de Metz.

Auprès de la Ville de Moyen-vic, fe voit l'Eglife de faint Pient, autrefois Abbaye; aujourd'hui Eglife Paroiffiale de Moyen-vic. Mais on n'y fait plus l'Office, & elle tombe en ruine de caducité & faute d'entretien elle dépend de Mr. l'Abbé de St. Manfuy de Toul. Cette Abbaye fut donnée à celle de St. Manfuy par faint Gerard, Evêque de Toul en 982. il l'avoit rachétée d'un nommé Goderenne, moyennant 18. de niers de livres, que l'Abbé de St. Manfuy lui devoit donner.

Les Salines de Moyen-vic subsistent, & l'Eglife paroiffiale eft dans la Ville; on y conferve les Reliques des SS. Pient, Colombe & Agent, qui font Patrons de la Paroifle; leur Histoire est très-incertaine. Voyez l'Hiftoire de Lorraine, tom. 1 p. 1027. & preuves p. 387. premiere édition.

MOYEUVRE-LA-GRANDE. MOYEUVRE-LA-GRANDE, village du Diocèse de Metz, fitué sur l'Orne, à une lieuë de Briey, célébre par fes Forges, qui paffent pour les plus belles & les meilleures de Lorraine, & même, dit-on, de l'Europe. Office, Recette & Bailliage de Briey Cour Souveraine de Nanci. Le Roi en eft feul Seigneur, Haut, & Moyen Jufticier. M. le Marquis de Rennepont, Seigneur foncier. La Paroiffe eft deffervie par un Chanoine Régulier, & a pour Patron faint Gergone, ou Gorgon. L'Abbé de saint Pierremont nomme à la Cure, & eft décimateur. Il y a dans ce lieu environ cent cinquantetrois habitans ; les Forges appartiennent au Roi.

On

de ces excès, mit la Ville de Luxembourg
en interdit, & envoya à Rome porter les
plaintes, contre l'auteur de ces attentats.
L'Archevêque fut enfin tiré de prison, ap rès
avoir donné des otages. On croit que ceci
arriva en 1059.

Le Pape Nicolas II. de l'avis de tous les
Cardinaux, excommunia le Comte Conra-
de & tous fes complices, & envoya un nou-
veau pallium à l'Archevêque Everard, avec
pouvoir de donner l'absolution aux coupa
bles, s'il rentroient en eux-mêmes, & de-
mandoient pardon de leur crime.

Conrade ne tarda pas à reconnoître fa faute; il fe reconcilia avec l'Archevêque, & reçut pour pénitence de faire le voyage de Jerufalem, & de fonder un Monaftere dans fa Ville, ou au voifinage. Il exécuta l'un & l'autre, & commença l'édifice du Monaftere vis-à-vis la Porte de fon Châ

On lit dans la vie de M. le Maréchal de Fa-
bert, que M. Abraham Fabert, fon pere,
nomme M. de Moulins, parce qu'il étoit Sei-
gneur de Moulins, proche Metz, ayant pris
a ferme du Duc de Lorraine, les Forges de
Moyeuvre, fe trouva embarassé parce que
l'éclufe qui conduifoit l'eau aux Forges,
ayant été rompuë trois fois de fuite, M. de
Moulins la fit réparer à grands frais, & re-
buté par la grandeur du travail & de la dé-
penfe, refolut d'abandonner l'entreprife,
& communiqua fon deflein à M. de Fabert,
fon fils, qui ayant remarqué que la péfan-
teur de l'eau de la riviere d'Orne, qui fait
agir ces forges, excédoit de beaucoup celle
du fardeau qu'on lui avoit opposé, ne dou-
ta plus que cette exceffive pefanteur ne fût
la vraie caufe de la rupture de l'éclufe. Il en-
treprit donc d'y remédier, en fortifiant l'é-
clufe par un fardeau beaucoup plus péfant
que l'eau qu'on vouloit arrêter. Ayant exé-teau, fur le penchant de la montagne, dans
cuté fon projet contre l'opinion de M. fon
pere, & de la plupart de ceux qui en curent
connoiffance, il réuflit fi heureufement, que
ces Forges produitirent un profit fans com-
paraifon plus grand, que ce que l'on en ti-
roit auparavant. Un cheval & un tombe-
reau y fuffifent, pour fournir de la mine à
deux gros fourneaux, dans lefquels on la
jette comme elle vient de la montagne, fans
être lavée. Elles produifoient alors tous les
jours à Mr. de Fabert, un millier & demi
de fer, qui fe vendoit quarante écus le mil-
lier.

MOYEUVRE-LA-PETITE.

MOYEUVRE-LA-PETITE, village près
Moyeuvre-la-grande eft fon Annexe; Dio-
cèle de Metz: Office, Recette & Bailliage
de Briey Cour Souveraine de Nanci. Le
Roi en eft feul Seigneur, l'Abbé de faint
Pierremont, décimateur. Il y a dans ce lieu
trente ou trente-deux habitans.

MUNSTER,
autrement appellée
Abbaye à Luxembourg, autrement appellée
S. PIERRE, ou NOTRE-DAME DE
LUXEMBOURG.

Conrade I. Comte de Luxembourg, ayant
conçu, on ne fait à propos de quoi, de la
Hift. mff. haine contre Everard, Archevêque de Tré-
monast.
ves, fon Métropolitain, & fon Evêque Dio-
Luxemb.
cèfain, l'attaqua un jour, comme il faifoit
la vifite de fon Diocèfe, le renverfa, le trai-
ta indignement, déchira fon pallium, répan-
dit par-terre le faint chrême qu'il portoit, &
enfin l'enferma dans une étroite prifon à
Luxembourg. Le Clergé de Tréves informé

une fituation agréable, où la petite riviere
d'Eltz forme une espece d'Isle, il fit creu-
fer une Chapelle dans le roc, & la fit con-
facrer à l'honneur de l'Apôtre faint Pierre,
par Heriman, Evêque de Metz, qui a fié-
gé depuis l'an 1073. jufqu'en 1090.

Conrade ayant ainfi accompli une partie
de fa pénitence, partit pour la Terre fainte.
Il fit dévotement fon voyage, & vifita les
faints Lieux, mais il mourut au retour dans
une Terre étrangere, où fes domestiques
l'embaumerent & le firent enterrer. Ceci ar-
riva en l'an 1086. Deux ans après, en 1088.
la Comteflè Clemence, fon époufe, fit rap-
porter fon corps à Luxembourg, & quatre
ans après la mort, le jour de fon anniver-
faire, en 1090. la même Comteffe Clémen-
ce, accompagnée d'Adalberon, Princier de
Metz, fils de Conrade, des Comtes Con-
rade & Henri, fes fils, de l'Abbé Rodol
phe, auffi fils du Comte, & Abbé de faint
Vanne de Verdun, l'inhumerent avec la dé-
cence convenable, dans la Grotte ou Cha-
départ.
pelle fouterraine, qu'il avoit bâtic avant fon

Sa mort arriva le huit Août 1086, fous
le Pontificat du Pape Gregoire VII. & fous
le régne de l'Empereur Henri l'excomunié ;
facta funt hac regnante, permiffu Dei, Hen-
rico tyranno damnato.

Tout ce détail eft tiré d'une lame de plomb, qu'on trouva dans le tombeau du Comte, lorsqu'on l'ouvrit au feizième fiécle, apparemment en 1542. pendant le fiége de Luxembourg, par l'armée Françoite. La piéce eft trop importante, pour ne la pas rapporter ici toute entiere.

Cccccc

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In nomine Sanctae & individua Trinitatis,
Quiefcit hic Comes Conradus.

Hic cum inter fæculi Principes famâ probitatis
Effet celeberrimus,

Sepulchrum vita Principis adiit
Amore divino fuccenfus ;

Indeque rediens divinâ fe vocante Clementiâ, obiit
Peregrinus, fepultus in terrâ decenter non fuâ ;
Indeque anno dormitionis fuæ fecundo, fublatus,
Anno quarto, ipfo die annua migrationis fua
De faculo, hic fuit repofitus,

Præfente conjuge fuâ Clementiá

Per manum Adalberonis, Primicerii Metenfis,
Henrici Comitis, Conrardi Comitis, filiorum,
Prafenteque Rodolpho Abbate, filio Comitis.
Quem ipfe Proviforem & Ordinatorem hujus loci ftatuerat.
Facta funt hæc, regnante, permissu Dei,
Henrico Tyranno damnato,

Ac piæ memoria (a) Gregorio Pontifice Romano.
Obiit

Autem VI. Idûs Augufti. Anno Dominica Incarnationis.

M. LXXXVI.

De tout ceci il réfulte que le Comte Conrade I. mourut le huit Août 1086. qu'il partit pour Jerufalem en 1084. qu'il fut rapporté à Luxembourg, deux ans après en 1088. & qu'il fut deposé l'an 1090. dans la Grotte qu'il avoit fait bâtir. Que l'Abbé Rodolphe, fon fils, qu'il avoit établi Provifeur & Ordinateur de fon nouveau Monaftere, y étoit préfent; c'eft le fameux Rodolphe, Abbé de faint Vanne de Verdun, qui gouverna cette Abbaye depuis l'an 1078. jufqu'en 1100. Ce Rodolphe étoit dans une très grande confidération auprès des perfonnes de la premiere qualité de

fon tems.

L'Abbaye de Luxembourg étant tombée dans le relâchement, en l'an 1178. Henri Comte de Luxembourg, par le confeil d'Arnolde, Archevêque de Tréves, & d'un autre Arnolde, Evêque de Verdun, unit l'Abbaye de faint Pierre de Luxembourg, à celle de faint Vanne de Verdun, en forte que l'Abbé de faint Vanne auroit le gouvernement de ces deux Abbayes, & feroit élû par les deux Communautés, fans que le Mo

naftere de Luxembourg perdît aucun de fes priviléges, finon le droit d'élection qu'il avoit auparavant, & qu'il ne devoit éxercer que conjointement avec celui de faint Vanne de Verdun, & que l'Abbé ainfi élû, fe rendroit à Tréves pour rendre obéiffance, comme Abbé de Luxembourg, à l'Archevêque de Tréves. Il cft marqué exprefsément dans les lettres qui en furent drefsécs, que le tout s'étoit fait du confentement des Religieux de Luxembourg. L'Acte cft datté de l'an 1178. indiction XI. Concourante vi. epactâ nullâ, fous le Pontificat d'Alexandre III. la huitième année de fon Pontificat, fous l'empire de l'Empereur Frideric: l'Acte eft figné des Dignitaires de l'Eglife de Tréves, des Abbés d'Epternach, de faint Eucaire, ou de faint Matthias, de fainte Marie, de faint Martin, de Sprinkersbach, du Cloître, de faint Paul de Verdun, de Chatillon, d'Albert, Prevôt de S. Paulin, en préfence de l'Archevêque de Tréves, & d'Arnolde élû de Verdun.

Ce monument, quoique revêtu de toutes fes formalités, ne paroit pas avoir eu son

(a) Ces mots montrent que le Pape Grégoire VII. étoit mort, lorfque cette lame de plomb fut gravée. Il mourus Je quatorze Mai 1085.

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exécution; finon fort peu de tems. Il eft inconnu à faint Pierre de Luxembourg, & nous avons une fuite affez bien fuivie des Abbés de cette Abbaye, depuis Folmare, premier Abbé, qui mourut vers l'an 1153. & qui procura de grands biens & de grands priviléges à fon Monaftere. Il y bâtit une Eglife fuperbe, foutenue de deux rangs de colomnes, qui a subsisté jusqu'aux guerres de l'Empereur Charles V. contre la France; fous fon gouvernement Villaume, Comte de Luxembourg, obtint pour cette Abbaye l'exemption de la Jurifdiction de l'Ordinaire, fous la redevance d'un cens annuel d'un écu d'or, payable à l'Eglife de faint Pierre de Rome, le Dimanche des Palmes, ou le Jeudi faint. Mais Bernard d'Orley renonça à ce privilége en 1488.

Folmare, premier Abbé de Luxembourg, eut pour fucceffeur, Godefroi, qui commença vers l'an 1154. & gouverna ce Monaftere jufqu'en 1175. ce fut après fa mort que fe fit l'union de l'Abbaye de Luxembourg à celle de faint Vanne de Verdun; à Godefroi, fuccéda Everin, omis par l'Abbé Bertholde; Everin vivoit en 1182. & Nicolas, fan fucceffeur, en 1209. Il paroit que vers ce tems là, il y cut quelqu'interruption, dans les fucceffions des Abbés de Luxembourg, & que l'union des deux Abbayes de faint Vanne & de Luxembourg, fubsista pendant quelque peu de tems. Après quoi les Comtes de Luxembourg rendirent la premiere indépendance au Monaftere dont ils étoient Fondateurs.

En 1542. la Ville de Luxembourg ayant été affiégée par l'armée Françoife, l'Abbaye de Munfter fut entiérement ruinée, parce qu'elle étoit trop voifine de la Place. Elle fut transferée au lieu où on la voit aujourd'hui, dans le vallon nommé Grunth, où l'Abbé Pierre Colen la rebâtit en 1620. C'eft apparemment après cette deftruction arrivée en 1542, qu'on tira du tombeau du Comte Conrade, la lame de plomb dont nous avons rapporté la copie cy devant.

On conferve dans ce Monaftere une dent du grand faint Hubert, qui y fut donnée en 1617. par un Carme déchaufsé, Polonois, qui venoit d'Espagne, & étoit chargé de plufieurs Reliques bien avérées. Depuis ce tems, le concours des Pèlerins mordus des chiens enragés, cft commun à Luxembourg. Ce fut l'Abbé Jacques Roberti, frere du R. P. Jean Roberti, Jefuite, Auteur de l'Hiftoire imprimée de faint Hubert, & alors Abbé de Luxembourg, qui obtint à force de prieres, cette prétieufe Relique. Les Peres de faint Hubert en Ardenne, foutiennent que le corps de leur faint Pa

tron, fe conferve tout entier dans leur Monaftere, & qu'on n'en a tiré aucune partie.

Voyez l'Article de l'Abbaye d'Autrey.

L'Hiftoire de ce Monaftere a été écrite, premiérement, par Bertholde, Abbé de Luxembourg, & en fuite, par le Révérend Pere Jean Roberti, Jefuite. Nous avons vû dans ce Monaftere, un recueil manufcrit des Oeuvres de Tertullien, plus ample qu'aucun de ceux qui fe voyent en Europe. Il n'eft pas ancien, & il pourroit bien avoir été recueilli par l'Abbé Berthels. Nous en avons procuré la communication au Révérend Pere de la Congrégation de faint Maur, qui travaille depuis long tems à une nouvelle édition de Tertullin. Ce Religieux y a trouvé quantité de reftitutions remarquables, pour l'intelligence du texte de cet ancien Ecrivain.

MUNSTER,

ou le petit faint Nicolas.

MUNSTER, Bourg dans la Lorraine Allemande, nommé en Allemand Vald munjter, ou Munster-aux-bois, & connu dans le pays fous le nom de petit faint Nicolas à caufe de fa belle & grande Eglife, bâtie dans le goût de celle du grand faint Nicolas de Port.

Munster, dont nous parlons ici, eft fitué fur une petite éminence, entre Fénétrange & Infming à l'orient, Dieuze au couchant, Morhange au nord, Il eft du Bailliage de Fenétrange, d'où il eft éloigné de trois lieuës au nord-oueft à la fource de l'Albe, près d'un Etang.

L'Eglife de Munster étoit autrefois Collégiale, composée de douze Chanoines. Ces Chanoines ayant été difpersés durant les mouvemens caufés par les Luthériens, fe retirerent les uns en Hollande, & embrasserent les nouvelles erreurs, & les autres fe font retirés à Vic; les Evêques de Metz, dans le Diocèfe defquels étoit fituée cette Collégiale, fe font emparés d'une partie de fes biens, qui étoient fitués au voilinage d'Alberftrof, qui étoit de leur domaine temporel. Il refte encore à cette Eglife environ cinq mille livres de rente.

La Paroiffe du lieu, qui étoit anciennement deflervie par les Chanoines, le fut enfuite par les Prémontrés de Vatgatz. Aujourd'hui il y a un Curé feculier; elle a été affez long-tems comme abandonnée, après les violences & les excès commis par les Suédois, & après les malheurs des guerres & de la pefte, qui ont ravagé tout le pays. Le Duc Leopold étant rentré dans fes Etats, y nomma pour Curé, un nommé M. Ferri,

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