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Verdan,

pag. 369.

Baleicourt, & à faire le fiége de Baulni, que Henri de Grand-Prey fut obligé de rendre, l'Evêque le démolit & défendit que dans la fuite on ne le rebâtit.

Balneium a été mal-à-propos nommé Baleicourt, par le P. Dom Luc d'Acheri dans fon Spialége, que nous avons imprudemment fuivi dans notre premier Tome de l'Hiftoire de Lorraine, page 238. des Preuves.

BALEICO U R T.

Il y avoit auffi à Baleicourt proche la Ville Hift. de de Verdun, une Fortereffe qui fervoit de retraite à une troupe de Bandits qui ravageoient les Terres des environs. Cette Forterelle étoit occupée par Henri de la Tour, qui fut obligé par les Bourgeois de Verdun de la rendre, & de confentir à fa démolition en 1420. moyennant une Rente de cent frans par an, qu'on lui devoit payer & à fa Femme Jeanne de Lenoncourt, Dame de Sauffy.

L'Eglife de Baleicourt dépendoit de la Paroifle de faint Amand, autrefois fort étendue avant qu'on eût bâti la Citadelle de Verdun, au haut de la Montagne de faint Vanne.

En 1531. Louis de Lorraine Evêque de Verdun, unit le tiers des Dîmes de Baleicourt à la Chapelle de faint Martin, érigée dans la Cathédrale.

La Maison de Baleicourt très illuftre & très ancienne, Maifon de Nom & d'Armes, portoit Burelle d'Argent & de Gueule, au tranc quartier d'azur, la Croix coupée d'Or.

BOZEY ou BAUZEY,

Diocèse de Verdun.

BOZEI, ON BEAUZE, O BEAUZEY, en latin de Bello Situ, à caufe dit-on, de fa belle & agréable fituation, entre Verdun & Bar-le-Duc, entre Clermont & St. Mihiel, du Diocèse de Verdun, fur la Riviére d'Aire, qui prend fa fource près St. Aubin, & fe jette dans la Riviére d'Aine, à une licuë au deffous de Grand-prey. Ce lieu a beaucoup fouffert dans les Guerres de Lorraine, furtout en 1634. qu'il fut brulé & pillé en grande partie par les Suédois. Il y avoit au trefois à Beauzey un Château confidérable, & trois Maifons-Fiefs bâties en Pavillons avec des Tours & des embelliflemens, qui marquoient les richeffes & la puiffance de ceux qui les avoient bâties & qui les possédoient. Ĉes beaux Edifices ont été ou détruits ou dégradés depuis, par Madame la Comtefle d'Etain, Veuve de M. François Comte d'Etain, Lieutenant-Général des Armées du Roi, pour y loger fes Fermiers, ou pour ré

tablir fon Moulin.

Le Chapitre de Verdun y avoit auffi une

Hift. de

Verdun,

Maifon forte en 1431. & cette Maison fut attaquée par les Gens de Louis d'Haraucourt Evêque de Verdun, qui réfidoit alors à Hat- P1g• 379. ton-Châtel. Mais la Garnifon repoufla jufqu'à deux fois les Affiégeans. Sous l'Evêque pag. 436. de Verdun Nicolas Plaume; le Prevôt de Clermont fit auffi des entreprises contre Bauzey, au préjudice de l'Evêque de Verdun. pag. 447. En 1448. & 1449. l'Evêque de Verdun Guil- pag. 448: laume Fillatre, avoit des prétentions fur la Terre de Bauzey ; il tranfigea avec le Chapitre, & lui engagea les prétentions pour la fomme de cinq cens florins d'Or, & promit de ne lui plus faire la guerre. Le Duc de Guife reprit en 1543. le Château de Bauzey, dont les Huguenots s'étoient emparés. Il paroit par l'Hiftoire de Verdun, que ce Château appartenoit au Chapitre de la Cathédrale de Verdun. Il fut ruiné apparemment pendant les guerres de Lorraine, & on en a découvert les fondemens en 1715. lorfqu'on a élargi le Canal du fecond Pont.

Le Bourg de Bouzey ou Bauzey n'a rien confervé de fes anciennes beautez, que PEglife Paroiffiale, dont la Tour en forme de Dôme, eft foutenue fur quatre Piliers, furmontée d'une Galerie de pierres tout autour i c'eft un des plus beaux & des plus hardis Clochers de la Province:

On tient par Tradition qu'il y avoit un Monaftère de Religieufes au deffus de la Papéterie, à l'extrêmité de la Garenne. Cet endroit s'appelle aujourd'hui Appetoncourt. Peut-être ont elles été enveloppées dans la difgrace des Bénédictins de Saint George, dans l'Ifle de Nubécourt, à une demie lieuë au deffous de Bauzé. Ces Religieufes ont été difperfées en divers Monaftères, & les Abbés de faint Vanne & de Beaulicu fe font approprics leurs Biens. L'emplacement du Monaftère de ces Religieufes a fervi à placer le Château de Meffieurs du Hautoy de Nubécourt.

L'Abbaye de l'Ifle en Barrois pofsédoit autrefois quelques Biens à Bouzey. Guillaume d'Apremont en 1197. donna à cette Abbaye foixante feptiers de Bled, Mefure de Condé, à prendre fur la Dîme de Bauzey. Et Mr. Geoffroy d'Apremont en 1257. céda aux Religieux de l'Ifle, fa part du Terrage audiť lieu, pour la fondation de deux Mcffes baffes par Semaine à perpétuité. Ils jouïllent encore du tiers dans la Dîme de Bauzey, & de la totalité dans le Moulin dudit licu.

Dans la Chapelle de Sainte Barbe, qui eft Memoires celle des Seigneurs de Bauzey, qui fe voit fournis par dans l'Eglife Paroiffiale, on remarque une M. Claude Tombe fans infcription, avec l'effigie d'une Naffe,Curé Femme & les Armes de Defarmoifes; & une autre de Nicolas de Rarécourt, décédé en

de Bauzey? le18. Aont

1747:

en 1546. l'Eglife de ce lieu étoit dit-on autrefois dédiée fous le nom de S. Mamez Martyr; mais le 7. Octobre 1515. elle fut confacrée fous le nom de faint Martin, par Nicolas Goberti Evêque de Paneade, Suffragant de Verdun; fes Armes font dans la clef de la voûte au dessus du grand Autel. Celles du Duc de Lorraine font au frontique du Portail, en grand des deux côtez. En 1523. Golin de Moncel, Seigneur de Bauzey, fit bâtir, ou au moins reftaurer, la Chapelle des Seigneurs dont on a parlé. On y voit deux Tombes de Marbre; l'une pour Nicolas de Moncel, & Jeanne de Cardon fa Femme; l'autre pour Nicolas de Moncel, mort en

1624.

En 1529. & 1539. le Duc Antoine, & Jean Cardinal de Lorraine Evêque de Verdun, permirent de bâtir une Halle à Bauzey pour y tenir le marché chaque Mercredy, & deux Foires franches, l'une à la St. Mathias, & l'autre à la St. Jean-décolafsé, ou à la décolation de St. Jean.

En 1629. il n'y avoit point de Bannalité à Bauzey, ni pour les Preffoirs, ni pour les Moulins. Les anciens Fours on: été ruinés & abandonnés par la rareté des Bois.

Il y avoit autrefois à Bauzey trois Familles principales qui occupoient les trois grandes Maifons du lieu; favoir Maucouft, qui tenoit la Maison du grand Jardin; celle de Moncel qui demeuroit en la grande Rue; & la famille de Rarécourt, qui habitoit la Maison de la Tour. Toute la Seigneurie fe trouve aujourd'hui réduite à l'Evêché de Verdun, & au Comte de Vaubecourt; les mêmes Seigneurs ont chacun un fixieme dans la groffe & menuë Dîme, un tiers au Curé, & l'autre à l'Abbaye de l'Ifle. La nomination à la Cure appartenoit autrefois à l'alternative à l'Evêque de Verdun & au Pape. Aujourd'hui elle appartient à l'Archidiâcre d'Argonne.

Sur la fin du XVe. fiècle & au commencement du XVIe. les Nettoncourt, les Sampigny, & les Duhautoy de Recicourt avoient quelques portions dans la Seigneurie de Bauzey. Mémoires fournis par Mr. le Curé de

Bauzey.

Bayer de BOPPART. Voyez BOPPART.
BAYON.

BAYON, eft un gros Bourg, ou une pe tite Ville fituée fur une éminence qui domine fur la Prairie, dans laquelle coule la Mofelle. Richerius, (b) Auteur de la Chronique de l'Abbaye de Senones, dit que cette Abbaye donna à la Maison de Salm, Baium, pour droit d'Avocatie. Pars quidem dicto Advocato terra & hominum quæ adhuc ambaium vulgò

(3) Riches. 1. 2. cap. s. pag. x. Hiftor. Lothar. 1. Edia

appellatur,pro Advocatione, collata fuit, quod adhuc tempore noftro haredes de falmis poffident. Cet abandonnement a dû être fait allez longtems avant Richerius, qui vivoit au XIII. fiécle.

Depuis cette ceffion de Bayon au Comte de Salm, nous favons que Henri de Lorraine, Fils du Duc Ferri de Bitche, mort en 1207. eut pour Appanage la Terre de Bayon, & en bâtit le Château. Ce Henri eft furnommé le Lombard, & eft connu par le Teftament d'Agnès, Ducheffe de Lorraine fa Mere, en 1226. & par une Bulle d'Innocent IV. de l'an 1250. Ce Henri le Lombard est enterré en l'Abbaye de Senones avec Agnès fon Epoufe, qui étoit apparemment de la Maifon de Rifte, alors très diftinguée en Lorraine. Les Armes de Henri gravées fur la Tombe, font les trois Alérions, & celles d'Agnès fa Femme, font deux Cignes naiffans; qui font les Armes de la Maison de Rifte.

Ils curent de leur Mariage, ro. Philippe de Bayon, 2o. Jacques, ou Jacob, 3°. une Fille nommée Ifabeau, dans des Titres de Senones des années 1249. & 1269. on peut voir la Généalogie de la Maison de Bayon,Tome II. de l'Hiftoire de Lorraine, pag. xxxvij. xxxviij. préliminaires, deuxième Edition. Cette Maifon portoit d'Argent à la bande de Gueule chargée de trois Alérions d'Argent. Elle a fubfifté jufques vers l'an 1476. & fut fonduë dans la Maifon d'Amance, qui ne paroit pas avoir fubfifté guères plus longtems.

En 1477. Bayon étoit fortifié, puifqu'en 1477. cette année Perrin d'Haraucourt, Seigneur de Chamblay, & Evrard d'Haraucourt fon Frère, ayant pris le parti du Duc de Bourgogne Charles-le-Hardi, contre le Duc René II. s'étoient enfermés dans Bayon, & la Ville ayant été prise d'aflaut, le Duc René les mit en prifon, dont il les fit fortir quelque tems après, & leur donna main-levée de leurs Biens confifqués, fous promefle de lui deneurer à l'avenir fidels & obéiffans & Sujets.

La Terre de Bayon eft actuellement poffédée par la Maison de Ludres, & a été achetée par Madame de Ludres. Le Marquis de Ludres y posséde en fix portions, cinq. Bayon a été érigé en Marquifat le 7. Octobre 1720. La fixieme portion est au Prince de Salm, comme Seigneur de Neuvillers.

Le Château de Bayon eft fitué d'une ma niére avantageuse fur la hauteur qui domine fur la Prairie, il eft prefque tout ruiné. Du tems de Richer au XIIIe, fiécle, Bayon appartenoit encore aux Comtes de Salm, au moins en partie, & nous avons vû que Henri Prince de Lorraine, Fils de Ferri de Bitche avoit eu pour Appanage la Terre de Bayon,

&

& en avoit fait bâtir le Château.

Les Pères Tiercelins pofsédent un Couvent de leur Ordre près la Ville de Bayon, fondé en 1629. fur le revenu de l'ancienne Chapelle des Seigneurs de Bayon, qui a été unie à leur Couvent le 10. Juin 1634. ils pofsédentde plus quatre autres Chapelles d'un revenu aflèz confidérable. Ces Religieux furent d'abord établis par les Princes Charles, & Alexandre de Croy, Seigneurs en partie de Bayon, dans un vieux Corps de logis du Château de la Maison d'Haraucourt, fitué près la Paroifle de ce Bourg; mais comme ils etoient extrêmement refferrez dans cet endroit, & qu'ils n'y avoient nuls Jardinaux, ils obtinrent en 1680. permiffion de se transporter hors du Bourg, & d'y acquetter des Terres labourables, où ils ont bâti leur Couvent, & s'y font fait des commodités néceffaires pour l'entretien d'une Communauté assez nombreuse.

Il y a à Bayon un Hôpital d'un très petit Tevenu; la Chapelle de cet Hôpital avec fes revenus, eft unie au Couvent des PP. Tiercelins de Bayon. La Paroiffe a pour Patrons St. Martin & St. Jean-Baptifte, & les Dames de Remiremont en font Collatrices.

Le Bourg ou la Ville de Bayon répondent pour le temporel, à la Communauté & Office de Rofiéres. Il y a environ 500. Habitans. Chronique Pendant la guerre du Duc de Bourgogne de Lorr. T. Charles-le-Hardi, contre la Lorraine, la 2.p. 1036. Ville & le Château de Bayon furent pris par are. Edition les Bourguignons, qui s'y maintinrent penVoyez ant dant quelques tems; mais les Garnifons de la Chroni- Lorraine des Villes yoifines, pour fe venger que de Lør.

raine parmi les

d'une courfe que les Bourguignons avoient faite contre une Troupe d'Avanturiers fortis Preuves. de Vaudémont qu'ils avoient forcés dans la Tour de l'Abbaye de Béchamp, & les avoient emmenés prifonniers à Châtel-fur-Mofelle. Ces Garnisons Lorraines ayant à leur tête, Colignon De Ville, le Capitaine nommé Fortune, qui commandoit cinquante Gafcons Avanturiers, le Bâtard de Vaudémont, l'Ecuyer Gérard, Gratien de Guerre, Pierre Dufeï & Vautrin fon Frère, Petit-jean de Vaudémont, Ferri de Tantonville & Henri fon Frère, fe raffemblèrent le 12. Août 1476. & s'avancèrent avec 2050. Hommes, contre Bayon, ils escaladèrent la Place; le Capitaine Fortune entra des premiers avec fes Gens, les autres le fuivirent de près; on trouva dans la Place de grandes richeffes & beaucoup de provifions de bouche; on y fit un butin de la valeur de plus de cent mille florins, quatre mille Refaux de bled, plufieurs Prifonniers, quantité de Meubles & de Beftiaux. Les Officiers qui commandoient dans Bayon, furent ménés Prifonniers à Vaudémont.

La Terre & Seigneurie de Bayon avoit été donnée comme on l'a dit ci-devant, par l'Abbaye de Senones, à la Maison de Salm, pour fon droit de Preftation & Sauve-Garde fur ladite Abbaye. Cette Terre étoit venuë en 1570. par Contrat de Mariage, à CharlesPhilippe de Croy, & Diane de Dommartin fon Epoufe, à charge de payer à Claude Rhingraff, Fille de ladite de Dommartin, & de Sr. d'HaPhilippe Comte Sauvage du Rhin & de Salm, raucourt, fon Mari en premières Nôces, la fomme de Grand cent mille frans, auffi-tôt qu'elle feroit ma- Bailli de riée ou majeure, & ce pour tous droits fuc- Lorraine » ceffifs, que ladite Claude pourroit efpérer de Sieur de Bayon en ladite de Dommartin fa Mère.

La Terre de Bayon & dépendances fut adjugée par Décret du 28. Janvier 1669. à François de Rennel, Confeiller d'Etat, pour la fomme de neuf cens mille frans Barrois.

Et le 26. Avril 1686. ladite Terre & Seigneurie de Bayon fut vendue pour la fomme de trente huit mille cinq cens septante unè livre, fept fols, cinq deniers, au nom dè Marie-Louise d'Apremont, Ducheffe de Lorraine, Epouse non commune en Biens, dè Meffire Henri Comte de Mansfeld fon Mari, au Sieur Armet Rivet Bourgeois de Paris. Dans le Contrat de Vente font exprimés les Droits, Terres, Preys, Maisons, Bois, &c. dépendans de ladite Terre, comine auffi cè qui en dépend à Borville & Neuviller, &c.

Depuis cet achat, la Terre & Seigneurie de Bayon eft passée dans la Maison de Ludres, qui la pofsede aujourd'hui. Elle avoit été donnée en partie à Loüife d'Apremont, Epoufe du Duc Charles IV. par fon Testa ment du 14. Septembre 1668. avec cent mille frans, qui furent employés à acheter le furplus de la Terre de Bayon.

Jean de Bayon Religieux Dominicain Hiftorien de l'Abbaye de Moyenmoutier étoit probablement né à Bayon, & en l'an 1326. étant exilé de fon Ordre, quoi qu'innocent comme Jofeph Johannes de Bayon, Ordinis Pradicatorum cum Jofeph in exilium relegatus, fut reçu dans l'Abbaye de Moyenmoutier par l'Abbé Bencelin, de qui il étoit connu, & qui l'éxhorta à écrire une Chronique depuis le commencement du Monde jufqu'à fon tems, ce qu'il éxécuta.

Pour l'Hiftoire ancienne depuis le commencement du Monde, jufqu'au XIV. ficcle où il vivoit, il ne dit rien de fort intéreslant ni qu'on ne trouve mieux dans d'autres Hif toriens; mais pour l'Histoire de la Lorraine, des Gomtes de Vaudémont, & de l'Abbaye de Moyenmoutier, il eft très précieux, il nous apprend quantité de faits & de particu larités importantes. On le trouve imprimé par Extrait dans l'Hiftoire de Moyenmoutier

N

1684. le

1606.

depuis la page 230. 231. & fuivantes, & dans notre Hiftoire de Lorraine.

Entre Bayon & Vrécourt, qui n'eft qu'à un quart de lieuë de Bayon, on voyoit autrefois un Fort, ou un Camp Romain, fur une éminence qui domine fur la Prairie, fur la Mofelle & fur la grande Route qui va dans les Montagnes de Vôge. On trouve fouvent dans les ruines de ce Fort ou de ce Camp, des Médailles Romaines du haut-Empire. Les fondemens en étoient d'une épaiffeur extraordinaire. On y a remarqué des Thuiles plattes antiques, beaucoup plus grandes & plus épaiffes que nos Thuiles d'aujourd'hui; l'efpace qu'il occupoit, & qui étoit d'environ de douze Jours de Terre, eft aujourd'hui labouré, & l'on en a arraché jufqu'aux fondemens, dont les Pierres ont été employées, partie à construire la Maison des Tiercelins de Bayon, & partie à faire une Vanne qui cft au deffous de ce Château, pour empêcher que la Mofelle n'approcha du Château de Bayon. Le lieu où étoit cet ancien Château que nous croyons avoir été un Camp Romain, s'appelle la Côte le Bel.

BOZEMONT ou BAZEMONT. BAZEMONT, Village fitué à deux lieuës de Lunéville fur le Sanon,au deflus d'Einvilleau-Jâr. Bazemont fut donné à l'Abbaye de Senones Etienne de Bar Evêque de Metz

en 1130.

par

Ce Prélat dit que la Terre de Bozemont Hift. de avoit d'abord été donnée à la Cathédrale de Lorr. t. 2. Metz, par une Dame nommée Leucarde, p. cclxxxix laquelle épousa Albert de Deneuvre, qu'ils pofsédèrent ensemble paifiblement ce Fief, qui relevoit de St. Etienne de Metz, fous la reconnoiffance d'un certain Cens annuel. Qu'après la mort de Leucarde, Gérard, Seigneur de Parroye, s'empara par violence du Fief de Bozemonts Etienne après l'avoir averti charitablement, fut obligé de le traiter en excommunić. Gérard touché de repentir, rendit le Fief à l'Evêque de Metz, avec la reftitution de ce qu'il en avoit injuftement tiré, & le Prélat fit préfent de la même Terre à Antoine Abbé de Senones, en confidération de la fainteté de cet Abbé, & de l'éxacte régularité qui s'observoit dans fon Monaftère, le tout du confentement de Gérard de Parroye & de fa Femme.

Aujourd'hui Bozemont eft Cure régulière deffervie par un Chanoine Régulier de Domévre. Décimateurs, le Curé pour moitié, & l'Abbé de Senones pour l'autre, ou plutôt les Bénédictins de Lunéville, à qui il a cédé fa portion aux Dîmes. La Paroifle eft dédiée à St. Martin. Collateur, l'Abbé de Domévre. Cour Souveraine de Lorraine.

Il y a dans l'Eglife la Chapelle de Nôtre

Dame de Pitié, fondée par Meffire Jean de Lignéville, à laquelle eft unie la Chapelle Caf trale de St. François. Collateur, le Seigneur du lieu, chargé d'une Meffe tous les Mercredis avec la Paffion.

La Maison de Bazemont eft ancienne, puifque dès l'an 1130. Gérard de Bazermont foufcrivit à la Donation faite de ce Fief à l'Abbaïe de Senones. Cette Maison eft éteinte depuis longtems. Elle portoit d'azur à la Clef périe en pal d'Argent.

Godefroi de Bazemont qui époufa Beatrix de Germini en 1490. fut le dernier de cette Famille, la Seigneurie passa ensuite à la Maifon de Tornielle.

Le Roi Louis XV. par le Traité de 1718. céda au Duc Léopold le droit de Souveraineté, qu'il avoit fur l'emplacement du Château de Bauzemont, fitué dans le Village du même nom.

BEAUFREMONT.

BEAUFREMONT, nommé ordinairement dans les Anciens Béfroimont, Village Cheflieu de la Baronie & Prevôté de ce nom, dont les Seigneurs font à présent Meffieurs d'Alançon & de Morvilliers.

En 1210. nous trouvons dans un Titre de

Lorr. t. 1.

P. 525.

Renaud Evêque de Toul, pour l'Abbaye de Hift. de St. Evre, Milo miles, Ecuyer ou Gentilhomme de Beffroimont, & Liébaut Seigneur de Beffroimont fon Frère; la Maison de Beaufremont eft ancienne & illuftre dans ce Païs.

Le Village de Beaufremont eft du Diocèfe de Toul, Office de Foug, Cour Souveraine de Nancy; la Paroifle a pour Patron, faint Pierre & faint Paul. L'Abbé de Chaumoufey nomme à la Cure; Décimateurs, le Curé pour le fixieme dans les groffes Dîmes, & un tiers dans les menuës, il a encore quelques parts aux Dîmes de Malaincourt; le Seigneur du lieu pour les deux tiers des groffes &inenuës Dîmes.

Il y a un Château, dont la Chapelle Caftrale eft dédiée sous le nom de faint Jean & de faint Nicolas. Patrons, les Seigneurs du lieu; Revenus, foixante écus, les deux Chapelains font tenus de dire chacun une Messe par Semaine. Le revenu étoit autrefois confidérable, puifqu'il y avoit quatre Prêtres inftitués pour la defferte de cette Chapelle.

Roncourt eft l'Eglife fuccurfale de Beaufremont. M. de Gournay, Evêque de Sithie Suffragant de Toul, permit en 1628. d'y faire les fonctions Pastorales. Mêmes Décimateurs qu'à Beaufremont. M. l'Abbé, Président de la Chambre des Comptes de Lorraine, étoit ci-devant Seigneur de ce lieu, qui a porté le nom de Morvilliers depuis l'érection de Lifoû en Comté, & fon changement de nom en Morvilliers. Il y a auffi un Hermitage nommé

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faint Antoine, fur le Finage. Il y a 24. ou 25. Habitans dans le Village.

La Maison de Beaufremont porte-vairé, contre-vairé d'or & de gueule.

BEAULIEU EN ARGONNE.
Abbaye de l'Ordre de Saint Benoit,

au Diocèse de Verdun.

BEAU-LIEU en Argonne, Abbaye de l'Ordre de St. Benoit, au Diocèfe de Verdun, fituée sur une éminence, ayant Clermonten-Argonne au nord, & Sainte Menhoud au couchant. Ce Monaftère fut fondé au VIIIe. fiécle par Saint Rodingue, nommé vulgairement Saint Rouin; On dit qu'il vint d'Ecoffe en France, & qu'il avoit reçu le caractére Epifcopal dans fon pays. Après avoir vifité plufieurs Monaftères, il s'arrêta dans celui de Tholey, au Diocèfe de Tréves, où il demeura pendant quelques tems, fous la discipline de faint Paul qui en étoit alors Abbé, & qui fut depuis Evêque de Verdun.

Après avoir vécu deux ans avec lui dans le Monastère de Tholey, il se retira dans la Forêt d'Argonne, en un Bois nommé alors Vaslogium, diftant de Verdun d'environ fix lieues. C'étoit un Lieu très folitaire, & le Saint n'y eut d'autre Compagnie que de quelques Difciples qui le fuivirent, & qui fe fogèrent dans des Cellules qu'ils fe bâtirent de feüillages & de branches d'Arbres, s'éxerçant dans la pratique de la vie Religieufe & dans une extrême pauvreté.

Le Seigneur de cette Forêt nommé Auftrafius, fâché de ce que ces Etrangers fe fuffent établis dans ce Terrain fans fa permiffion, envoya fes Gens qui les en chafsèrent. Saint Rouïn céda humblement, & fe mit en chemin pour aller à Rome, viliter les Tombeaux des Saints Apôtres. A fon retour, il trouva Auftrafius attaqué d'une Maladie extraordinaire, qu'il guérit par fes prières; ce Seigneur par reconnoiffance lui donna le Terrain où il avoit commencé de s'établir, & lui permit d'y bâtir un Monaftère. Il en dédia l'Eglife fous l'invocation de faint Maurice, dont il avoit obtenu quelques Religieux en paffant par Agaune, dans un fecond voyage qu'il fit à Rome, pour demander au Pape qu'il confirmât l'érection de fon Monaftère. Il eft croyable qu'il y fit recevoir la Régle d'Agaune ou de Tarnate, qu'il avoit vû pratiquer à Agaune.

&pour le Temporel, y nomma pour premier Abbé, Etienne fon Difciple & fon Compa triote, puis il fe retira dans fon Hermitage de Bonneval, à une demie lieuë de Beaulieu, pour y paffer les dernières années de fa vic dans une entière retraite; il venoit toutefois les Fêtes & Dimanches au Monastère, où il difoit la Meffe & faifoit quelques exhorta tions à fes Difciples, puis revenoit avec un Compagnon dans fon Hermitage. Ily mou rut vers l'an 680. il fut rapporté à Beaulieu & enterré devant l'Autel de St. Jean l'Evangélifte. On célébre fa Fête le 17. de Septembre: fon Culte étoit déja célébre au dixiéme fiècle, puifqu'on portoit fa Chasse en Pro→ ceffion, avec celles de faint Vanne & de faint Airi, au Mont-Joui, entre Verdun & Beaulieu fous l'Evêque Dadou mort en 922.

Ce fut fous l'Abbé faint Popon que Vasloge prit le nom de Beaulieu (a) qu'il porte encore aujourd'hui, à cause de fa fituation fur une hauteur fort agréable, d'où l'on découvre une partie de la Champagne, du Barrois & du Clermontois. On peut voir la ListeNhronologique des Abbés de Beaulieu dans l'Hif toire de Verdun, pages lxxx. lxxxj. & fuis vantes.

Sous le gouvernement de l'Abbé Gui, qui à gouverné pendant les années 1 300. & fuivantes, jufques vers l'an 1307. l'Abbaye de Beaulieu fut totalement faccagée, brûlée & détruite avec le Bourg, qui étoit assez bien fortifié pour ce tems-là. Henri III. du nom Comte de Bar, prétendant que ce Monaftère étoit fous fa Garde & fous la Protection, à l'exclufion de Philippe-le-Bel Roi de France, commit les dernières hoftilités contre l'Abbaye, fes Religieux, fes Biens & fes Sujets ; brûla le Monaftère & l'Eglife, & enleva le Corps de faint Rouïn, qu'il fit transporter à St. Maxe de Bar, où il eft encore aujourd'hui,

Le Roi s'en vengea fur le Comte, lui fit la Guerre, le prit prifonnier, & l'obligea à paffer le fameux Traité de Bruges en 1301. par lequel Henri fe reconnoît Homme-lige du Roi de France, pour ce qu'on appelle le Barrois-mouvant; c'eft-à-dire, pour cette e partie du Barrois, qui eft au couchant de la Meufe. De plus le Comte fut condamné à donner une groffe Somme d'argent à l'Abbé de Beaulieu, en indemnité des dommages qu'il lui avoit caufes, & à faire le voyage d'Outre-Mer, d'où il ne revint point.

Le Roi Childeric confirma les grandes Aumônes que les Perfonnes riches & pieufes firent à ce nouveau Monaftère, dont la réputation fe répandit bientôt dans toutes les Provinces voilines. St. Rodingue après avoir bien établi son Monaftère pour le Spirituel (a) Je trouve Henri Abbé de Bellogium en 1156. Hist. de Lorraine, Tome II. page cccxcvj.

Ce fut après cette défolation, que l'Ab baye de Beaulieu demanda d'être unie & incorporée à l'Ordre de Cluny, comme on le voit par une Bulle du Pape Boniface VIII. du 14. Juin 1301. En 1303. il n'y avoit que dix-fept Religieux dans ce Monastère, au lieu

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