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POUR

OUR remplir la commiffion que Monseigneur le Chancellier de Lorraine m'a donnée, j'ai lû le premier Tome de la Notice des Duches de Lorraine, de Bar & de Luxembourg, de l'Archevê ché de Treves, des Evêchés de Metz, Toul & Verdun, compofée par DOM CALMET, Abbé de Senones. Cet Ouvrage, qui a demandé tant de recherches & de travail, eft une nouvelle preuve de la vafte érudition de fon Auteur, & fur tout de fon amour pour fa Patrie, dont il a fait l'Hif toire, & celle des Hommes qui s'y font diftingués par leur rang, leur mérite & leurs talents; il eft rare de trouver des Patriotes auffi zélés & auffi laborieux. La réputation qu'il s'eft acquife, parle hautement en faveur de cet Ouvrage; & les lumieres & les connoiffances que le Public en retirera, rendront encore plus célèbre l'Auteur qui le lui donne. Je crois que l'impreffion produira ces deux effers; fon utilité doit la faire fouhaiter. A Toul le feiziéme Mars mil fept cents cinquante-fix.

PALLAS,

Lieutenant Général de Toul.

PRIVILEGE DU ROY.

TANISLAS, pár la STAN grace de Dieu, Roi de Pologne, Grand Duc de Lithuanie, Ruffie, Prufse, Mazovie, Samogitic, Kiovie, Volhinie, Podolie, Podlachie, Livonie, Smolensko, Sévérie, Czernichovie, Duc de Lorraine & de Bar, Marquis de Pont-à-Mouffon & de Nommeny, Comte de Vaudémont, de Blamont, de Sarverden & de Salm: A nos amés & féaux les Préfidens, Confeillers, & Gens tenans notre Cour Souveraine de Lorraine & Barrois, Baillifs, Lieutenans Généraux de nos Bailliages, & à tous autres qu'il appartiendra, Salut: LOUIS BEAURAIN, Imprimeur en notre bonne Ville de Nancy, Nous à très-humblement fait repréfenter qu'il a entrepris l'impreflion d'un Ouvrage confidérable de DOM CALMET, Abbé de Senones, fous le Titre de Notices de nos Duches de Lorraine de Bar, de l'Archevêché de Trêves, des Evêchés de Metz, Toul & Verdun, duquel l'Auteur a confenti qu'il impetrât le Privilége qui lui eft néceffaire, afin d'en empêcher là contrefaçon & s'en procurer le debit pour s'indemnifer des grands frais qu'il fera obligé d'expofer pour parvenir à cette impreffion: Dans Pefpérance de l'obtenir, il a recours à nos Graces, Nous fuppliant trèshumblement (attendu que ledit Ouvrage a été approuvé par le Sr. Pallas, Lieutenant Général de Toul, à qui nous l'avions fait renvoyer le feize Mars dernier ) de lui accorder les Lettres de Privilége néceffaires pour l'imprimer, à l'exclufion de tous autres, pendant quinze années. A quoi inclinant favorablement, Nous avons audit LOUIS BEAURAIN permis & accordé, permettons & accordons par ces Préfentes, d'imprimer pendant l'efpace de quinze années confécutives, qui commenceront à courir du jour & date des Préfentes, l'Ouvrage de DOM CALMET, Abbé de Senones, fous le titre de Notices de nos Duchés de Lorraine & de Bar, de l'Archevêché de Trêves, des Evêchés de Metz, Toul & Verdun; de les vendre, faire vendre & débiter pendant ledit tems, à l'exclufion de tous autres, dans tous nos Etats, Pays, Terres & Seigneuries de nôtre obéillance. En conféquence, faifons très-expreffes inhibitions & défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, & autres perfonnes de quelques qualités & conditions qu'elles foient, d'imprimer, vendre, ni débiter ledit Ouvrage fous quelque prétexte ce puiffe être, même d'Impreffion étrangère, changement de Titre ou augmentation, fans l'exprès confentement de l'Expofant, à peine de deux mille livres d'amende, applicable un tiers au Dénonciateur, un tiers à l'Hôpital le plus prochain de la reprifè, & l'autre tiers à l'Expofant; outre la confifcation à fon profit des Exemplaires contrefaits: A charge néanmoins que l'Impreffion s'en fera dans nos Etats, & non ailleurs, en bon papier, belles marges & caractères; & avant de l'exposer en vente, d'en remettre un Exemplaire en notre Bibliothéque Royale, un dans celle de notre Bibliothéque publique à Nancy, & un en celle de notre très cher & féal Chevalier Chancelier, Garde de nos Sceaux, & Chef de nos Confeils, le Sieur de la Galaiziere, & de faire régiftrer le préfent Privilége fur le Livre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de notredite Ville de Nancy, à peine de nullité des Préfentes. Du contenu defquelles Nous vous mandons & enjoignons de faire jouir & ufer l'Expofant pendant le tems y porté pleinement & paisiblement, ceffant & faifant ceffer tous troubles & empêchemens contraires. Voulons qu'en imprimant copie dudit préfent Privilége au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, il foit tenu pour bien & duement fignifié. Mandons en outre au premier notre Huiffier, ou autre Huiffier, ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution desdites Préfentes toutes fignifications, défenfes, faifies, & autres actes de Juftice néceffaires, dans tous nos Etats, Pays, Terres & Seigneuries de notre obéiffance, fans pour ce demander autre Permiffion, Vifa ni Paréatis: Car ainfi Nous plaît. En foi de quoi Nous avons aux Préfentes fignées de notre main, & contrefignées par l'un de nos Confeillers Sécrétaire d'Etat, Commandemens & Finances, fait mettre & appofer notre Scel fecret. DONNE' en notre Ville de Lunéville le dix-fept Avril mil fept cents cinquante - fix. Signé, STANISLAS, Roy.

Par le Roy,

Rotor.

Regiftrata, GUTRE.

Registre fur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Nancy, pag. 54. Verso, & fuiv. A Nancy, ce 23. Avril 1756.

PIERRE ANTOINE, Syndic.

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LA LORRAINE.

E Pays que nous connoiffons aujourd'huy fous le nom de Lorraine, faisoit autrefois partie de la Gaule Belgique, & étoit compris dans la première Belgique, dont la Capitale étoit la Ville de Tréves, comme Reims étoit Capitale de la feconde Belgique. Sous le régne d'Augufte, la Belgique en général comprenoit les Peuples Tréviriens, les Médiomatriciens, ou ceux de Metz, les Leuques ou Toulois, les Verdunois, les Rémois, les Peuples du Soiffonnois, du Châlonois, du Vermandois, d'Arras, de Cambray, de Tournay, de Senlis, de Beauvais, d'Amiens, les Morini, ou les Peuples de Térouane & de Boulogne, & des environs : Menapii, les Peuples de Juliers, Gueldres & Cléves, & des environs: Sequani, les Peuples des environs de Befançon: Edui, les Peuples de l'Autunois, les Suiffes en partie & les Rauraques, ou ceux des environs de Bâle en Suiffe, & la Haute- Alface.

Sous les Rois de la première race, la Lorraine porta le nom d'Auftrafie, ou France orientale, & forma un Royaume confidérable, dont la Ville de Metz étoit la Capitale. Ce Royaume étoit beaucoup plus étendu que ne l'eft aujourd'huy la Lorraine, dont les limites n'ont prefque jamais été bien fixées, parceque les Rois d'Auftrafie ont fouvent ou augmenté leurs États par des Conquêtes, ou en ont diminué l'étendue par des pertes ou des échanges, ou par d'autres causes, comme il arrive dans tous les États.

Le Roi Lothaire, vers l'an 858. donna son Nom à la Lorraine, & la fit

A

nommer Lotharingia. Ce Prince a régné depuis l'an 855. jufqu'en 869. Il mourut en cette dernière année, fans laiffer d'Enfans.

Charles-le-Chauve, & Louis de Germanie, Oncles du Roi Lothaire, fe partagérent la Lorraine en 870. Louis eut Cologne, Utrech, Strasbourg, Bâle, Tréves, Metz, Aix-la-Chapelle, leur Territoire, & ce qui eft entre la Rivière d'Ourt & la Meufe. Charles le Chauve eut tout le refte du Royaume de Lorraine. Après la mort de Charles le Chauve,arrivée en 877. la Lorraine fut denouveau partagée: Louis-le-Bégue demeura Maître de ce qui avoit appartenu à Charlesle-Chauve fon Père, & Louis de Germanie eut tout le reste de la Lorraine.

Louis-le-Bégue étant mort en 879. Louis de Germanie réünit toute la Lorraine fous fa Domination. Charles-le-Gros lui fuccéda en 881. & joüit de toute la Lorraine jufqu'en 887. qu'il fut déthrôné, & Arnoû fut reconnu Roi de Lorraine en fa place. Il céda ce Royaume à Zuindebolde fon Fils, qui le tint jufqu'à l'an 900.

Louis fon Frère lui fuccéda dans tout ce Royaume, & le gouverna jufqu'en 912. Charles de France, Frère Cadet de Lothaire Roi de France, fut fait Roi ou Duc de Lorraine, par l'Empereur Othon III. en 977. C'eft fur cela qu'eft fondé l'usage de le nommer Charles I. Duc de Lorraine. On doute s'il fut Duc ou Roi de tout ce Pays, ou feulement de la Baffe-Lorraine. On peut voir au Tome I. de l'Histoire de Lorraine, la Succeffion des Rois & Ducs de Lorraine, jusqu'à Gerard d'Alface, qui fut nommé premier Duc Héréditaire de ce Pays en 1048. par l'Empereur Henry III.

J'entreprens dans cet Ouvrage de donner la NOTICE de la Lorraine, non du Royaume d'Auftrafie, ni du Royaume de Lorraine dans l'étenduë qu'ils avoient autrefois fous les Rois d'Austrafie, & fous les Rois de Lorraine qui ont succédé à Lothaire, qui lui donna son Nom vers l'an 858. mais de la Lorraine Mosellane, telle qu'elle a été poffédée par le Duc Léopold I. jufqu'en 1729. & par le Duc François fon Fils, jufqu'en 1737. & par le Roi de Pologne Stanillas, qui la poffède aujourd'huy. De plus, j'entreprens de donner la Notice des Duchez de Lorraine & de Bar; de l'Archevêché de Tréves, des trois Evêchez de Metz, Toul & Verdun; du Duché de Luxembourg, & des Principautez, Comtez & Seigneuries qui fe trouvent enfermez dans cette étenduë de Pays.

Quoique la Lorraine ne comprenne ni le Duché de Luxembourg, ni les Terres de l'Electorat de Tréves fituées en deçà du Rhin, nous ne laifferons pas d'en donner la Notice, mais, moins détaillée que de la Lorraine proprement dite, qui renferme les trois Diocèfes de Merz, Toul & Verdun, l'Archevêché de Tréves, les Comtez de Blamont, de Salm, de Vaudémont, de Chaumontois, de Remiremont, de Lunéville, de Caftres, d'Apremont, de Sarbruche, de Chinì, la Principauté de Chimay, le Marquifat de Pont-à-Mouffon.

Les Pagus, ou Pays, ou Contrées de Port, de Saintois, de Souloffe, d'Ornois, de Barrois, de Baffigni, de Saulnois, de Blamontois, de Blois, Blefenfis, de Void, de Charpenois, le Toulois, le Vermois, la Voivre. De ces Pagus on a fait des Contrées ou Comtez.

Les Territoires des grandes Villes étoient fouvent nommez Civitas, de même que les Villes-mêmes & les Cités.

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