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Ces Pagi étoient foudivifez en Centaines & en Vicairies. La Centaine comprenoit plufieurs Villages gouvernez par un Centenier qui avoit fous lui des Vicaires nommez Viguiers en quelques Provinces des Gaules. Ces Officiers avoient leurs fonctions distinguées dans leurs districts, en Guerre & en Paix.

Je donne l'Hiftoire ancienne & moderne des principales Villes de ce Pays, & même celle des Bourgs & des Villages qui font quelque figure dans l'Hiftoire ancienne ou moderne ; des Abbayes, des Prieurez, des Chapitres & des principaux établissemens facrez ou civiles ; des Camps Romains, des Châteaux, des Palais Royaux, des anciens Rois d'Auftrafie, des Antiquités remarquables qui fe voyent en chaque lieu, & même des Monumens modernes qui méritent quelque diftinction; ce qui regarde les Églifes des lieux, leurs Patrons, leurs Revenus. On trouvera dans cet Ouvrage une infinité de particularités & de circonftances hiftoriques, qui n'ont pu trouver place dans l'Histoire générale du Pays.

Je ne me fuis pas engagé à parler de toutes les Villes, Bourgs & Villages qui fe trouvent dans la Lorraine, le Barrois, les trois Évêchez, le Luxembourg & l'Archevêché de Tréves. Une telle entreprise est au-dessus de mes forces: Je me fuis contenté de traiter les Villes, Bourgs & Bourgades qui fournissent plus de matière par rapport à l'Hiftoire du Pays. Mais j'ai donné une Liste détaillée de tous les Lieux de ces Provinces, & marqué de quel Diocèse & de quel Bailliage ils font.

J'ai beaucoup profité pour le détail des Lieux de la Lorraine & du Barrois, du travail du R.P. Benoît Picard, Capucin, dans son Histoire de Toul, & dans fon Pouillé du même Diocèfe. Je me fuis fervi de fon Pouillé Ecclefiaftique,

Civil du Diocèse de Toul, imprimé par ordre de Mr. de Camilly, Evêque de Toul, à Toul, en 1711. in-8°. en deux Vol. & j'ai fouvent copié ce qu'il dit des Parroiffes du Diocèfe, des Patrons des Églifes, de leurs Collateurs, des Revenus & charges defdites Églifes, du partage des Dixmes, &c. fans prétendre m'en rendre garant, ni les autorifer, bien informé que ce Poüille n'a été ni approuvé ni autorifé, ni admis par la Cour Souveraine de Lorraine. J'en rapporte hiftoriquement ce que j'y ai trouvé, n'ayant pas été à été à portée de faire mieux, ni de m'informer en particulier dans chaque Parroisse, de ce qui les regarde, bien perfuadé que ce que les Curés pourroient m'en dire ne feroit pas plus certain que ce qu'en dit le R. P. Picard. Je fuis très difpofé d'ailleurs à profiter des lumières & des avis, que des perfonnes plus éclairées voudront bien me donner fur tout cela.

J'en dis de même à proportion des Mémoires Alphabétiques pour fervir à l'Hif toire, au Poüillé & à la defcription générale du Barrois, imprimez à Bar-le-Duc, in-12. en 1749. dont Mr. de Maillet, Confeiller à Bar, passe pour Auteur. Je n'ai pas prétendu donner à ces Ouvrages une autorité nouvelle en les citant; mais n'ayant rien de mieux, je les ai fuivi & cité en Hiftorien, qui ne prend point de parti.

J'ai fait copier le Pouillé de l'Églife de Metz, renouvellé en 1544. par Hugues Nicolas, Chanoine de Metz, & Curé de Rofonville, Archiprêtre de Gorze: Mais il ne m'apprend que le nom des Églifes, des Monaftères & des Patrons ou Collateurs en général, fans entrer dans aucun détail de ce qui

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pourroit contenter la curiofité des Lecteurs. Mr. de Lançon, Confeiller à Metz, m'a fait la grace de me communiquer un Poüillé qui est à son usage, & qui ne m'en apprend guères davantage.

L'Auteur de la nouvelle Édition de l'Hiftoire de Verdun, imprimée à Paris, In-quarto en 1745. cite affez souvent le Pouillé de Louis Mâchon, Archidiacre de Toul; mais il n'a pas été imprimé & je ne l'ai point vû. Le même Auteur de la nouvelle Hiftoire de Verdun, donne à la fin de fon Hiftoire pag. pag. CXVIII. & fuivantes, une espéce de Pouillé du Diocèse de Verdun, où il fait un dénombrement affez détaillé des Parroiffes de chaque Doyenné du même Diocèfe.

Enfin on m'a communiqué un petit Pouillé imprimé à Verdun in-18. en 1738. intitulé Codex Ecclefiarum Diœcefis Virdunenfis. Vulgò, le Pouillé du Diocèfe de Verdun. Mais il est extrêmement abregé, & ne contient que le nom de la Parroisse, son Patron, le Collateur, & les noms des Curés qui les ont gouvernées depuis environ l'an 1500. chose affez peu intéreffante pour I'Hiftoire & pour le Public.

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J'ai le Pouillé manuscrit du Diocèse de Toul, copié par Matthieu & N. Defpreys, Notaires Apoftoliques, & tranfcrit de nouveau par Silvestre, Docteur en Droit & Notaire Apoftolique en 1644.

Pour l'Archevêché de Tréves, je n'ai pu avoir que ce que Mr. de Honthem, Suffragant de cet Archevêché Électoral, en a dit dans le Tome III. de fon Hif toire de Tréves, imprimée en trois Vol. in- folio à Ausbourg & à Virsbourg. Mais il fe contente d'y donner les noms des Parroiffes qui le trouvent dans chaque Archidiaconé, fans entrer dans aucun détail; encore déclare-t-il à la fin de cette Lifte, qu'il a tiré ce qu'il en dit des écrits tant publics que particuliers, dont il ne garantit pas la vérité & l'exactitude ; & le tout étant dit fans préjudice des droits de l'Eglife de Tréves.

Enfin, je me fuis fervi utilement des Mémoires fur la Lorraine & le Barrois, compofez par Mr. Durival, aujourd'huy Greffier en Chef de la Chancellerie de Lorraine, imprimez in- octavo à Nancy au mois de Mars 1742. & d'un autre Ouvrage du même Auteur, imprimé auffi à Nancy in- octavo en 1749. fous ce Titre, Table Alphabétique des Villes, Bourgs & Villages de Lorraine & Barrois. En dernier lieu le même Mr. Durival a donné au Public un Volume in - quarto imprimé en 1753. chez Henry Thomas, Imprimeur à Nancy ; c'est tout ce que nous avons de meilleur & de plus exact fur la Lorraine. Il y entre dans un très grand détail des Villes, Bourgs & Villages du Pays, & de de leur pofition & diftance des principaux Lieux, & des Bailliages du Pays, & qui eft d'une très grande utilité pour tous ceux qui ont des affaires aufdits Bailliages, & aux Villes de la Lorraine.

Feû Mr. Bugnon, Géographe de S. A. R. LEOPOLD I. Duc de Lorraine, avoit dreffé avec un travail infini & une éxactitude admirable, la Lifte Alphabétique des Villes, Bourgades, Villages, Hameaux & Cenfes de toute la Lorraine & du Barrois, marquant jusqu'aux Moulins, Thuileries & Hermitages, qui se trouvent dans chaque endroit. J'ai en main une copie exacte de cet ouvrage. J'avois même marqué en marge en latin les lieux que j'avois rencontrez dans les titres originaux, & dans les anciens Monumens du Pays,

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dans le dessein de marquer les noms latins anciens de chaque lièu, avèc le noni moderne qu'on lui donne aujourd'huy. Mais la différence de ces noms anciens comparez aux nouveaux, s'eft trouvée fi grande, que je n'ai pas réüffi comme je l'efpérois, à joindre toujours le nom ancien au nouveau, & à illuftrer comme j'avois fouhaité, l'ancienne Géographie. Il y a une infinité de noms anciens de Villages & de Bourgades tellement défigurez, qu'ils ne font plus reconnoissables aujourd'huy; & pour les Lieux qui ont confervé leurs anciens noms, il eft fuperflu de les remarquer.

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Si l'onpouvoit trouver un Imprimeur qui voulût fe charger de l'impreffion de la Lifte dreffée par feû Mr. Bugnon, il rendroit certainement un grand service au Public. Mr. Bugnon avoit été fur les lieux, & avoit tout éxaminé par lui-même. Mais il s'étoit borné à la Lorraine & au Barrois, & n'avoit p marqué ce qui étoit nuëment à la France dans les trois Evêchez, & beaucoup moins ce qui étoit du Luxembourg & de l'Archevêché de Tréves, & il n'elt aisé de suppléer à ce qui manque à son Ouvrage, parcequ'on n'a aucuns Catalogues bien exactes des lieux de ces Pays-là. Les Pouillés des Diocèfes ne fuffifans pas, parcequ'ils n'apprennent que les noms des Lieux, le Diocèse, & au plus le Collateur de la Cure, & même n'avons-nous pas proprement de Poüillés imprimez de Tréves, de Metz & de Verdun, & les Manufcrits étans très imparfaits & très fautifs, ne nous apprennent que peu de choses.

pas

La plupart de nos Villes, hors les Villes Epifcopales, & celles qui ont été construites aux lieux où les Romains ont campé, & quelques Capitales des Cantons du Pays, font affez modernes, & ne font devenuës grandes & confidérables, que dans les derniers fiécles.

Il y avoit autrefois en Lorraine un très grand nombre de Châteaux & de Fortereffes, bâties anciennement par les Romains, pour arrêter les irruptions & les courses des Peuples de-là le Rhin, & les infultes des Peuples Barbares, qui depuis la décadence de l'Empire Romain, inondérent toutes les Gaules. Il y a auffi grand nombre de Châteaux conftruits par les Seigneurs particuliers se défendre contre leurs Voifins, qui fouvent leur faifoient la Guerre de leur autorité privée; ou contre des Troupes de Voleurs, de Bandits & de Routiers, qui faisoient métier de ravager & de désoler les Campagnes & les lieux incapables de faire résistance.

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Les Ducs de Lorraine étoient prefque toujours en Guerre contre les Evêques des trois Villes Epifcopales, contre les Comtes de Bar & de Luxembourg, de Salm, de Blamont, qui avoient chacuns leurs Fortereffes. Ces Châteaux ont été détruits pour la plûpart, par les Ordres du Roi Louis XIII. en 1636. & par ceux de Louis XIV. en 1670.

Les Montagnes de Vôge qui font aujourd'huy une portion confidérable de la Lorraine, étoient autrefois un Pays inculte & inhabité; les Saints Solitaires qui s'y font établis & y ont fondé des Monaftéres, ont défriché ces Montagnes, & y ont attiré des Habitans, les ont instruits, humanisez & appellez au Chriftianisme.

Les anciens Historiens & Géographes n'ont pas été fort inftruits de ce qui regarde le détail des Villes, des Bourgs & Villages de Lorraine. Les anciennes routes Romaines dont on voit encore les veftiges fort bien marquez en plu

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fieurs endroits de la Lorraine, font voir que le Pays étoit affez connu & fréquenté. Il n'en eft pas de même des Pays de Montagne & des lieux écartez, dont une grande partie a changé de nom, ou a été entiérement ruinée par les malheurs des Guerres, par la longueur des fiécles, & par les révolutions des chofes de ce monde, ou a changé de face par les travaux des Habitans qui les ont défrichez, cultivez & habitez.

La Lorraine se trouvant par fa fituation entre la France & l'Allemagne, a été fujette à une infinité de révolutions, & comme le théâtre de la Guerre entre ces deux grandes Puissances rarement en paix entr'elles: Autre raison des changemens qu'elle a éprouvez, & de l'ignorance où l'on eft de l'état où

elle étoit anciennement.

L'on remarque fouvent dans les anciens monumens du Pays, qu'on parloit Allemand dans une grande partie de la Lorraine, & qu'on y diftinguoit le Roman Pays où l'on parloit Français, ou Roman; de l'Allemagne, ou Thietsch, où l'on parloit Allemand. Aujourd'huy la Langue Française y eft beaucoup plus étendue & plus commune dans tout le Pays.

La Religion Catholique eft la feule ufitée & permife en Lorraine; les Ducs de cette Province ayant toujours été très zelés pour y maintenir les Peuples dans la Communion de l'Eglife Romaine, & pour en écarter les Novateurs. Ils ont auffi donné tous leurs foins à y procurer la Réforme du Clergé & des Ordres Religieux, fuivant l'efprit du Concile de Trente,à quoi ils ont fi heureufement réüfli, que non feulement les Ordres de Benédictins, de Prémontrez & de Chanoines Réguliers ont embrassé la Réforme, mais qu'ils l'ont même communiquée dans leRoyaume de France, & dans quelques Provincesvoifines.

Il feroit fort à fouhaiter que dans chaque Province il fe trouvât quelqu'un qui entreprît la Notice de fon Pays en particulier, on pourroit espérer par ce moyen, d'avoir un jour une Notice parfaite de l'Europe, n'étant gueres poffible autrement qu'un Particulier, quelque laborieux & quelque diligent qu'il foit, puiffe avoir affez de lumières & affez d'acquit pour réussir dans une telle entreprise.

Mr. Adrien Vallois qui a fait un gros Volume de la Notice des Gaules, & qui a employé à cet Ouvrage plus de vingt ans, n'a pas toute fois épuisé toute cette matière, & je remarque dans la feule Lorraine, plufieurs Lieux confidérables qu'il n'a connu qu'assez imparfaitement, & dont il n'a pas même fait mention dans fon Ouvrage, parcequ'il ne trouvoit pas leur nom dans les anciens monumens qu'il avoit en main : Mais depuis la publication de fa Notice, on a donné au Public un très grand nombre de pièces nouvelles, qui répandent un grand jour fur la Géographie de la Lorraine.

Ce n'eft pas que ce Pays ne fourniffe une matière très abondante pour l'Hiftoire, tant ancienne que moderne : La Ville de Tréves feule & celle de Metz, font remplies de monumens anciens & refpectables. On voit à Tréves des veftiges de l'Amphithéâtre, des anciens Greniers, d'une Porte encore

bien entière.

A Metz, lebel Aqueduc de Joüi-aux-Arches, les reftes de l'Aréne & de la Naumachie.

A Gran en Bassigni, les restes de l'Amphithéâtre.

A Toul, quelques Figures de Divinités antiques.

A Nay & à Charpagne, d'anciennes Infcriptions, des Figures & d'autres monumens qu'on y découvre tous les jours.

Les Hiftoriens Lorrains loüent les Mines d'Argent, de Cuivre & de Plomb qui fe trouvent dans les Montagnes de Vôge; celles d'Azure, qui se voyent à Vaudrevange; les Lacs & les Etangs fameux qui produisent abondance d'excellens Poissons. La Rivière de Vologne où l'on pêche les Huitres qui produifent des Perles. Les grandes & belles Rivières qui ont les fources dans nos Montagnes, comme la Meuse près le Neuf-Château, la Meurthe dans le Val de Saint-Diez, la Moselle & la Sarre dans la Vôge, les Sources falées de Marfal, Moyenvic, Rozières, qui fourniffent du Sel non feulement dans la Lorraine, les trois Evêchez, le Luxembourg, le Pays de Tréves, mais encore dans le Palatinat, la Suisse, & quelques Provinces de delà le Rhin. Les paturages de nos Prairies, & ceux des Chaûmes qui fe voyent sur les Montagnes de Vôge, où l'on nourrit quantité de Bétail pendant cinq ou fix Mois de l'année.

Les Montagnes de Vôge produisent des Bois en abondance pour l'usage du Pays,non feulement pour le chaufage, mais auffi pour l'entretien des Salines du Pays : Ces mêmes Montagnes donnent auffi des bois de maronage & des Planches pour les Bâtimens, & le commerce de ces Bois produit dans le Pays de très grands profits, par la facilité de bâtir, & par le transport qui s'en fait par la Meufe & par la Moselle, dans les Pays où ces Fleuves ont leur cours jufqu'en Hollande.

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