205 branche des Comtes d'Autricourt, les dames de faint Pierre difputerent ce droit aux Ducs de Lorraine, & s'oppoferent à la nomination de la Demoifelle de Ligniville. Madame la Ducheffe régente fit faire là-deffus des remon trances au Roi de France, qui eurent leur effet. Sa Majefté confirma ce privilege, anciennement établi, & or donna même que le choix de ladite Demoiselle pour la prébende vacante feroit maintenu, & le tout notifié aux / dames chanoineffes de faint Pierre; ce qui fut exécuté par M. de Creil intendant de Metz, & commiffaire pour le Roi en cette partie.

LA MEURTHE, riviere. La riviere de MEURTHE, en latin Morta, vient des montagnes de la Vofge. Elle part de deux fources à l'extrémité méridionale du bailliage de Saint Diez. L'une fort du Grand- Valtin, village à cinq lieues de cette ville, dans un pré, peu au deffus du village, d'où fort auffi la Vologne. Ces deux fources prennent des routes différentes. L'autre fource de la Meurthe defcend de Montaben: ce font des pâturages au deffus du Petit-Valtin, avec une chaume ou logement pour le bétail. Les cartes ordinaires y placent un château, fous le nom de Montabut, dont il n'y a pas même de veftiges.

Ces deux fources fe joignent à Anould, village à deux lieues & demie au deffus de Saint Diez: de là la riviere de Meurthe traverse la ville de Saint Diez, après avoir reçu la Fave; elle paffe enfuite à Raon-l'Etape, Deneuvre, Baccarat. Elle reçoit la Vezouze à Viller au deffous de Lunéville, la Mortagne ou Agne un peu plus bas. Enfuite la Meurthe paffe à Rofieres-aux-Salines, qu'elle traverse, à Dombâle, où elle eft jointe par le Sanon, à Saint Nicolas; & laiffant Nanci à gauche, va fe perdre dans la Mofelle au deffous de Frouart, à deux lieues de Nanci.

MILLER Y.

L'églife des templiers de Millery a fubfifté jufqu'en 1752. que le chapitre de la cathédrale de Metz la fit rafer. Elle étoit dédiée à S. Prayé ou Prejet. Quoique petite, elle étoit fort bien bâtie en pierres de taille. Une des cloches de cette église a été transportée dans le clocher de la paroiffe de Millery. On voit fur cette cloche la figure d'un chevalier, en habit de fon ordre, avec cette infcription, AVE, MARIA; peutêtre parce qu'on ne la fonnoit que pour avertir ces chevaliers, dont la plupart ne favoient pas lire, de réciter pour prieres le nombre d'Ave, Maria, qui leur étoit prescrit par leur regle.

MORANVILLE.

MORANVILLE, village du diocefe de Verdun, annexe de Châtillon & de Moulainville alternativement, à deux lieues de Verdun & d'Etain; bailliage de cette derniere ville, cour fouveraine de Nanci. On nommoit autrefois ce village Morainville. L'églife eft dédiée à faint Jean. Les héritiers de M. Bourcier de Viller en font feigneurs.

La terre de Moranville étoit autre- Layette Etain. fois poffédée par des feigneurs de ce nom. En 1325. Simon de Moranville écuyer, en reconnoiffance des bienfaits qu'il avoit reçus d'Edouard comte de Bar, du confentement de Catherine fa

femme, cede & transporte audit Comte tous les fiefs qu'il tenoit de lui ès villes & bans de Moranville, de Châtillon & de Hardoncourt; favoir, un fixieme, que la dame Châtelaine de Bar y tient en douaire; un fixieme, que la veuve de Geofroi de Longueville tient de la femme de Jean de Viller-fous-Preny, qui le tenoit dudit Simon; un fixieme, que Geofroi de Jamets y tient de la part de fa femme; le tiers du ban de Châtillon, que dame Odierne fa tante y poffede; le tiers du ban de Moranville, poffédé par Ancel, Ourry & Liebaut fes freres, à la réferve de feize livrées de terre, que Jeanne & Agnès fes fœurs y tiennent de lui; tout ce que Gouvion de Grimaucourt écuyer tient de lui; item, quarante fols, que les hoirs de feû Jacques d'Orne ont de lui en la taille de Moranville, que la fille dudit Jacques doit lever fa vie durant. On voit par ce détail quels étoient les feigneurs de la terre de Moranville, & combien de perfonnes y avoient part.

On trouve beaucoup de reprifes faites de Moranville, qui font voir que cette terre a été poffédée autrefois par divers feigneurs, qui y avoient chacun une portion. Telles font celles de Marguerite de Mandres veuve de Jean de Viller, de ce que y avoit Isabelle fa coufine, veuve de Jean d'Einville, & fille de Geofroi Haut-de-Cœur chevalier, de l'an 1332. de Jean de Frefne fils de feû Gaville, de la moitié de ce que le Seigneur de Moranville y tient; item d'Ancel, Ourry & Liebaut freres, enfans de Beudes de Moranville, pour le tiers de ladite feigneurie, qui déclarent en devoir fix femaines de garde au château de Clermont; encore de Gerard de Jamets, de la même année.

En 1336. Ourry de Dompierre vendit au Comte de Bar ce qu'il avoit à Dompierre, Moranville, Châtillon & Grimaucourt, pour une fomme de 60 livres tournois. En 1364. Thieri de Longeville fit fa preftation au Duc de Bar de ce qu'il avoit du côté de fa femme Ancelle de Jamets à Moranville.

Jean de Bellefontaine & Collette Ancherin fa femme acquirent en 1437. de Jean d'Argiers chevalier tout ce qu'il poffédoit en la terre de Moranville & de Hardoncourt, de la fucceffion de fon pere Pierre d'Argiers. Jean de Bellefontaine étant mort, Henri d'Argiers,

qui avoit époufé fa veuve, reprit de René roi de Sicile la part dont il jouisfoit à Moranville, le 15 mars 1444. Gerard Ancherin fieur de Moranville & Grimaucourt rendit fes foi & hommage en 1490. pour ces terres, qui lui étoient échues par la mort d'Oudette Ancherin femme de Collin Pierrexel citoyen de Verdun.

Je trouve encore des reprises de la même feigneurie dans ce même tems de Robert de Fiquémont, de Jean & Poincel du Hautoy freres, enfans d'Alix Ancherin premiere femme de Jean du Hautoy.

LA MORTAGNE, riviere.

L'ancien nom de la riviere de MORTAGNE étoit Agne; mais le premier a prévalu. Cette riviere, nommée en latin Mortania, prend la fource à Vanémont, entre les bailliages de Saint Diez & de Bruyeres, entre au bailliage de Lunéville par l'abbaye d'Autrey, paffe à Remberviller, Moyen, Gerbéviller, & perd fon nom dans la Meurthe, à un village appellé auffi Mortagne, une lieue au deffous de Lunéville. MORVILLE.

MORVILLE eft une cenfe, haute juftice, communauté de Chonville, qui appartient à M. de Cheppes avocat général en la chambre des comptes de Bar. Il y a une chapelle, dans laquelle les auguftins de Girouet font obligés de dire la meffe fêtes & dimanches.

Cette chapelle fut fondée le 3 janvier 1602. par dame Judith d'Apremont chanoineffe de Pouffay, dame dudit Morville. Les religieux de Girouet font obligés par la fondation d'y faire l'eau bénite, & y bénir le pain. Cette Dame donna aufdits religieux une fomme de quinze cens francs, qu'elle hypotéqua fur trois gagnages; & de plus elle s'obligea de mettre la chapelle en état décent, & de la fournir d'ornemens. Cette fondation fut acceptée par le P. Florentin prieur de Girouet.

Ce fief a eu autrefois des feigneurs Layette de ce nom. Jacomin de Morville ven- Commercy." dit en 1350. à Jean de Cantavenne deux muids de mouture, qu'il avoit fur le moulin de Broville. En 1367. Jean de Secheprey fire de Morville & Jeannette fa femme vendirent à Jean de Sarrebruche bouteillier de France la feigneurie de Morville. Catherine de Deux - Ponts veuve de Lambert de

Caftel