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on en comptera 5,274 par lieue quarrée. Nulle part en Europe, excepté dans les cantons fuiffes de Zurich, de Soleure & d'Appenzell, on ne trouvera une population auffi forte.

A quelles caufes eft-elle due ? Pourquoi ne voit-on dans l'état de Lucques, ni mendians, ni pauvres, ni oififs? Pourquoi chacun y eft-il bien vêtu, bien nourri, bien logé ? Pourquoi enfin ce territoire, dont la fertilité ne furpaffe pas celle d'une infinité de lieux parfemés de quelques rares habitans, offre-t-il par-tout une culture admirable & très variée ? C'est que le gouvernement de Lucques offre un modèle de fageffe; c'eft que la petiteffe de la république lui permet de tout voir, de tout prévenir, de tout corriger; c'eft que chaque abus eft à la portée de fa vigilance; c'eft que chaque fujet ne paye que cinq livres par tête pour toute efpèce d'impofitions; c'eft que, malgré la modicité de fes revenus, l'état pourvoit à tous les détails de bien public, à tous les befoins accidentels; c'eft qu'on n'y connoît pas celui des armées, des guerres, des claffes éminentes, oifives & onereufes de citoyens; c'eft que les propriétés foncières y font très fubdivifées; c'ett que les diftinctions y font bannies autant que la fimplicité des mœurs y eft refpectée; c'eft qu'on n'y éprouva jamais de difette; c'est que le fénat aime fon peuple, & le peuple le fénat, qui ne s'écarte point de cette modération tutélaire, principe confervateur des aristocraties; modération non-feulement de fentiment, mais encore de réflexion, & devenue une maxime d'état fondamentale. Depuis deux fiècles, cette profpérité & ces principes n'ont pas varié. Tant il eft vrai que l'aristocratie, peutêtre mauvaise dans une ville, règne avec fuccès fur un territoire lorfqu'elle a fu réprimer fa puiffance par des loix qu'elle ne pourroit enfreindre fans danger.

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LUGANO, l'un des quatre bailliages ultramontains que poffède le corps helvétique. En allemand, on le nomme Lauis. C'eft le plus grand, le plus riche & le plus important il a huit lieues de longueur fur cinq de largeur. Le pays eft fertile; il offre des vignes, des fruits, des oliviers, & des mûriers. Les orangers & les citroniers même y font affez communs. On y trouve différentes espèces de marbre, defquels on tire grand parti, de même que des vers à foie. Il y a des lapidaires qui poliffent les cristaux apportés de la Suiffe. On y compte plus de 70 paroiffes & environ dix mille habitans. Le lac de Lugano lui eft auffi très-utile: il eft affez confidérable, car il a huit lieues de longueur.

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ment elle fut foumife aux cantons fuiffes. Ceuxci envoient, chacun à leur tour, un bailli qui y gouverne pendant deux ans. Son titre eft capitaneo, & en temps de guerre il commande les troupes des quatre bailliages. Son pouvoir eft trop abfolu; il eft prefqu'illimité: il juge feul toutes les affaires civiles & criminelles ; il y a cependant appel devant le fyndicat. Le fecrètaire baillival, le lieutenant baillival, les fifcaux, &c. n'ont que la voix confultative; c'eft toujours un abus dangereux. Le lieutenant baillival a une jurifdiction particulière en affaires civiles, indépendante du baillif. On peut le changer tous les deux ans ; les autres places font à vie & à la nomination des cantons.

Le bailliage eft partagé en quatre pièves, Lugano, Agno, Riva & Capriafca. Il jouit de beaux privilèges; il a le droit d'établir des loix civiles fous l'approbation cependant du fyndicat, de taxer les denrées, de fixer la valeur des monnoies, de déterminer les précautions de fanté &c. Il a une magiftrature qui s'étend fur tout le bailliage, & chaque piève en a une particulière. On tient annuellement une affemblée générale à Lugano, Loretto ou Sorengo; chaque commune y envoie fon confole, & Lugano en envoie deux. Cette affemblée générale règle les affaires du pays, & fur-tout les dépenfes publiques. Il y a quelques communautés qui ont leur propre jurifdiction, qui fourniffent un contingent fixe, & qui n'envoient point de députés à l'affemblée. On nomme celles-ci terre feparate. Les communes de Vefcia & Montechio font nommées terre privilegiate, en ce qu'elles ne contribuent qu'aux dépenses militaires & de fanté.

Les habitans font tous de la religion catholique romaine. La piève de Capriasca eft du diocèse de Milan; les trois autres de celui de Côme : l'évêque de Milan entretient dans chacune un vicaire forain.

Le bourg de Lugano eft affez. étendu; on y fait un commerce affez grand, fur-tout en foie: le paffage des marchandifes de Suiffe en Italie lui procure auffi différens avantages. La foire de bétail qui s'y tient le 13 octobre, eft importante par la quantité extraordinaire de bétail qui s'y vend & qu'on tire de la Suiffe. On y a établi une imprimerie qui a déja fourni d'excellens ouvrages à l'Italie; elle eft fous la protection immédiate des cantons. Voyez les articles CORPS HELVÉTIQUE, LOCARNO, MENDRISIO & VAL-MAGIO.

LUNEBOURG, principauté d'Allemagne, appartenant à la maifon de Brunswick.

Nous avons indiqué à l'article BRUNSWICK les Les tufques paroiffent avoir été les premiers divers états que poffède en Allemagne la maifon habitans de cette contrée, & on y vit enfuite électorale de Brunswick - Lunebourg, leur poles gaulois. Les romains s'en emparèrent: ceux-ci pulation totale & leurs revenus: nous y avons furent chaffés à leur tour. Enfin, après bien des donné un précis hiftorique de la maifon de Brunfrévolutions, les ducs de Milan en furent les maî-wick: nous y avons parlé de fes titres, de fes tres. Nous avons dit à l'article LOCARNO com- prérogatives & de fes charges.

Nous avons fait des articles particuliers de chacun des états de la maifon électorale de Brunf wick; & le lecteur trouvera aux articles HANOVRE, HOYA, WOLFENBUTTEL, &c. ce qui regarde les principautés de Calenberg, de Hoya, de Wolfenbuttel, &c.

Nous parlerons ici de la principauté de Lunebourg & de Zell: mais nous ajouterons à la fin de l'article quelques remarques générales fur les productions, les manufactures & le commerce des états de la maifon de Brunswick que nous nous fommes procurés depuis l'impreffion de l'article BRUNSWICK.

La principauté de Lunebourg ou de Zell eft bornée à l'oueft par les duchés de Breme & de Verden, le comté de Hoya & la principauté de Calenberg; au midi par cette même principauté, le diocèfe de Hildesheim & le duché de Brunfwick; au levant par ce dernier duché, par celui de Mecklenbourg & par la vieille Marche; & vers le nord par le duché de Lavenbourg & l'Elbe, qui la fépare du territoire de la ville Impériale de Hambourg.

Productions, fol. Le fol y eft fertile le long de l'Elbe, de l'Aller & de la Jetze; il eft fec & fablonneux dans les autres endroits. L'Elbe traverfe les parties orientale & feptentrionale de cette principauté. Les avantages qu'elle retire de ce fleuve, font importans; il fertilife les terres voifines; il ajoute à la fubfiftance des habitans par le grand nombre de poiffons qu'on y prend; il facilite la navigation; & les péages qui y font établis d'après un mauvais régime, font utiles au fifc.

Population. La principauté contient trois grandes villes; favoir, Lunebourg, Ulzen & Zell, onze petites & treize bourgs.

Etats. Cette province a confervé fes états, ainfi que les ont confervés la plus grande partie des pays d'Allemagne, & un grand nombre de provinces que le fouverain ménage, parce qu'il en eft éloigné. Il faut diftinguer d'abord le collège entier de la province: il eft compofé, 1°. du directeur provincial qui eft l'abbé du couvent de SaintMichel de Lunebourg, & qui, pour entreren charge, doit être confirmé par le roi, fur lés préfentations des confeillers provinciaux. Ce directeur, à qui l'on donne le titre d'excellence, a rang après les confeillers intimes en exercice, & il a le pas fur le préfident du tribunal fupérieur des appellations, à moins que celui-ci ne foit lui-même confeiller intime: 2°. de huit confeillers qui, avec le directeur dont il vient d'être parlé, forment le confeil provincial : 3°. de deux confeillers du tréfor: 4°. de quatre députés ordinaires de la nobleffe. Une ordonnance du roi du 2 novembre 1752 a réglé la manière dont on doit procéder à l'élection de ces officiers: elle a partagé tous les biens nobles en quatre quartiers ou cantons, qui font celui de Lunebourg, celui de Lu

chau, celui de Zell & celui de Giffhorn; le premier contient 48 biens nobles; le fecond 49; le troifième so, & le dernier 48. On a donné droit de fuffrage aux différens poffeffeurs. On a aggrégé à chaque canton un député perpétuel de la nobleffe & deux confeillers du confeil de la province, dont l'un élu par le corps entier de la nobleffe de la principauté, & l'autre par celle du canton, ou il faut qu'il poffède un des biens nobles dont on vient de parler. L'ancienneté seule règle entr'eux les privilèges. Lorfqu'il s'agit de choifir un nouveau membre, le député ordinaire perpétuel notifie aux propriétaires nobles de chaque canton le jour fixé par le directeur de la province; il leur ordonne de s'affembler dans les villes, dont leurs quartiers portent le nom; & là fous la préfidence ils élifent, à la pluralité des voix, deux autres députés qu'on appelle d'élection, qui doivent être de l'ancienne nobleffe du même canton, & pofféder un de ces biens auxquels eft attaché le droit de fuffrage. Ces nouveaux députés fe rendent, au jour fixé par le même directeur, dans la maifon des états à Zell, où fe rendent auffi les huit confeillers provinciaux qui, préfidés par le même directeur, font avec les députés l'élection dont il s'agit. Celui fur lequel est tombé le choix, eft enfuite présenté au fouverain qui, s'il le juge à propos, accorde fa ratification. La nobleffe concourt de la même manière lorfqu'il eft queftion d'élire un confeiller du tréfor on le choifit dans le corps de la nobleffe; mais attendu que les députés ne font qu'au nombre de huit, tandis que le collège qui forme le confeil de la province, n'a que neuf membres fur le pied complet, le conseiller survivant du tréfor fe joint aux huit députés pour donner la neuvième voix. A la mort d'un député ordinaire de la nobleffe, il eft remplacé par un autre noble du canton, dans lequel vaque la place. Les corps qui compofent le collège provincial, font alors choix de deux fujets capables, & le canton en adopte un qui eft enfuite préfenté au roi. Le confeil provincial choifit, concurremment avec les deux confeillers du tréfor, le fecrètaire du tréfor & le receveur général; mais la première de ces deux compagnies nomme feule le fyndic de la province & tous les employés fubalternes, dont les fonctions intéreffent le public.

Les états s'affemblent deux fois par année, & ils font convoqués par le fouverain. Ils fe font affemblés à Hæfering, bailliage de Bodenteiche, jufqu'en 1652; mais ils furent transférés à cette époque dans la maifon - de - ville de Zell. Ceux qui ont droit d'y affifter, font: les confeillers de la province & ceux du tréfor; les quatre députés perpétuels de la nobleffe, dont les deux plus anciens feuls ont droit de fuffrage; ceux des évêchés de Bardewick & Ramelsloh & ceux des villes de Lunebourg, d'Ulzen & de Zell. Les volontés du roi y font indiquées par un de fes mi

niftres, auquel les états ne répondent que par l'organe de leur fyndic.

Religion. On compte dans cette principauté environ deux cens paroiffes luthériennes, divifées en quinze furintendances, & celles-ci en deux autres générales.

Manufactures, commerce. Les manufactures & les fabriques qui ont le plus de réputation, font celles de toiles, de rubans, de bas & de chapeaux. La ville de Zell a acquis quelque célébrité par fes ouvrages d'or & d'argent que l'étranger recherche, & celle de Haarbourg par fa blanchifferie de cire, & par fes fabriques d'amidon & de fucre. Le pays exporte fur-tout du bled, du farrafin, des légumes, du houblon, du lin, des chevaux, des bêtes à cornes, & principalement des veaux gras, dont le feul bailliage de Winfen fur la Luhe fait un commerce avec la ville de Hambourg d'environ 6000 écus par an. Il exporte auffi des mats, du bois à différents ufages, des bateaux, de la volaille, de la laine, de la cire crue ou blanchie, du miel, du fel, du fucre, du fil, des toiles de toutes qualités des bas, des draps, des ouvrages d'or & d'argent, &c. La multitude de voitures chargées de marchandifes, qui dirigent leurs routes vers Hambourg, Lubeck & Altona occupent auffi les habitans de cette principauté.

Origine privilèges de cette principauté. La principauté de Lunebourg vient des biens héréditaires que poffédoit le comte de Billung, dont le fils, nommé Hermann, fut créé duc de Saxe par l'empereur Otton I. Le duc Magnus, dernier de fa race, étant mort fans laiffer d'héritier mâle Wulfhild fa fille porta fes domaines au duc Henri de Bavière qu'elle époufa; ils pafférent enfuite à fa poftérité, ainfi que nous l'avons dit à l'article BRUNSWICK.

dont le choix dépend du confeil provincial; elle a le droit auffi de préfenter deux membres du fiège fupérieur des appellations; l'un noble, & l'autre de condition bourgeoife. Leur élection fe fait enfuite à la pluralité des voix, lors de la tenue des diètes, auxquelles les confeillers de la province & ceux du tréfor ont chacun une voix; les députés de la nobleffe, ainfi que ceux des abbayes & des villes, y ont une voix par chaque claffe.

Revenus. Les revenus que tire le prince des trente-neuf bailliages & prévôtés bailliagères qui lui appartiennent, joints au produit des droits. régaliens, doivent former des fommes confidé rables, puifque, dans le nombre des bailliages, il en eft qui rapportent 14,000, 15,000 & même 27,000 rixdales. Les péages établis fur l'Elbe font aufli lucratifs que les objets de recette dont on vient de parler; peut-être même le font-ils davantage. La province eft chargée du recouvrement 1o. des contributions qui fe payent tous les mois: elles font accordées au fouverain dans les diètes qui fe tiennent deux fois l'année & fe montent par chaque mois à plus de vingt mille rixdales. La ville de Lunebourg en paye feule la feizième partie. 2°. D'un impôt, nommé licent on ne le perçoit que fur ceux qui habitent les villes, & la conceffion s'en fait également de fix mois en fix mois; les prélats & le corps de la nobleffe en font exempts. 3°. D'un autre impôt, appellé Schatz, auquel les dettes nationales ont donné lieu on le lève fur le bétail, fur la bierre, fur le vin & fur l'eau-devie, & il produit par an 40 à 50,000 rixdales. Les frais de légation font un objet de dépenfe auquel la province eft obligée de contribuer. La recette de ces divers impôts fe fait par des receveurs fous l'infpection de commiffaires, qui les uns & les autres font nommés par le confeil pro

Cette principauté donne au roi de la GrandeBretagne droit de féance & fuffrage dans le col-vincial. lège des princes de l'Empire & dans les affemblées circulaires de la baffe-Saxe. Sa taxe matriculaire en cette qualité eft de vingt cavaliers & cent vingt fantaffins, ou de 720 florins en argent.

Charges héréditaires. Les ducs de Lunebourg établirent à leur cour diverfes charges héréditaires, dont ils inveftirent des familles nobles du pays; celle de grand maréchal fut donnée à la maison de Meding; celle d'intendant des cuifines & d'échanfon à la famille de Vehren, & celle de grandtréforier aux nobles de Knefebeck. Ces mêmes ducs établirent auffi une grande charge, appellée Erbpatkerant, qu'ils conférèrent à la maifon de Spoerken, charge qui probablement eft celle de déguftateur (officium praguftatoris ).

Tribunaux. La ville de Zell eft le fiège de la justice de la chancellerie, & celui du tribunal de la cour de toute la principauté. Le pays a le droit de préfenter deux affeffeurs à ce tribunal,

Remarques générales fur les états de la maison de Brunswick-Lunebourg. Les états de la maison électorale de Brunswick - Lunebourg produisent en général tout ce qui peut être néceffaire aux befoins des habitans.

Les manufactures & les fabriques, quoique nombreuses, pourroient fe multiplier davantage, & elles font fufceptibles de perfection. On y fait de l'amidon blanc qu'on tire du froment & de la pomme de terre. On y fait de la poudre: on y file beaucoup de fin qu'on travaille dans le pays: on y fabrique auffi beaucoup de rubans, & les galons de cette principauté ne le cèdent guère à ceux du Brabant. Les tapifferies de toile cirée, qui fortent de ces manufactures, offrent de très-belles couleurs. On eft parvenu à y peindre les toiles de lin avec tant de fuccès que les indiennes y font défendues. On y file du coton, dont on fait des bas, des bonnets, des gants, des toiles & des futaines. On y ap❤

prête du tabac à fumer & en poudre ; la garence |
y croît, & on en tire le parti convenable. Les
tanneries font en grand nombre, & le pays ex-
porte une quantité confidérable de fouliers. On
y fabrique des draps de plufieurs qualités ; il y
en a de fins, de moyens & de plus gros: la fa-,
brique des premiers eft établie à Goertingue; ils
approchent de ceux de Hollande pour la fineffe
& la folidité des couleurs. Les manufactures four-
niffent auffi des demi-draps, des frifes, des fla-
nelles, &c. des étoffes en forme de draps, du
raz & des ferges drapées, de la ratine, du mo-
leton, du drap de roi, de dames, auxquelles il
faut ajouter les camelots d'une feule couleur ou
de couleurs mêlées, des callemandes, des moi-
des étamines, des chalons, de la pluche
&c. Il s'y fait auffi des chapeaux de poil & de
laine, des bas & des étoffes de foie, des galons
d'or & d'argent & des broderies. On y trouve
des blanchifferies de cire & des raffineries de fu-
des verreries, des fabriques de fer, de cui-
vre, de laiton, des manufactures d'armes blan-
ches, des moulins à poudre, à papier, &c.

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régence provinciale. Ce confeil eft compofé de confeillers privés royaux & électoraux, qui fe partagent entr'eux les affaires d'état & celles de la régence, enforte que chacun a un département particulier; mais pour prononcer fur un cas important, il faut l'avis de tout le collège. Les fecrètaires privés, qui font au nombre de quatre, font chargés de la partie des impôts, des tailles, des fubfides; ceux des chancelleries délivrentles expéditions des affaires réglées, tant en matière gracieufe que contentieufe. Il y a auffi un régiltrateur privé.

Les ducs de Brunswick & de Lunebourg ont toujours traité les états avec bienveillance & avec eftime; ils ont fouvent demandé l'avis des provinces en matières qui intéreffent la régence; ils leur ont accordé des privilèges & des prérogatives, ou confirmé ceux qu'ils avoient; les états, de leur côté, ont toujours donné des preuves de zèle & de fidélité. Les droits dont jouiffent les pays électoraux & conquis, font les mêmes fur les points principaux; mais chacun en a de particuliers, & eft régi par des conftitutions & des coutumes différentes.

L'exportation annuelle de ces états en grains, en lin, en chanvre & en bois de conftruction; Il y a quatre confiftoires dans les états de la celle des tourbes, du bétail, du fel & des miné-maifon électorale; un à Hanovre, auquel refforraux de différentes espèces ; celle du fil, des groffes toiles, & autres ouvrages des fabriques & manufactures produifent des fommes d'argent très confidérables. D'un autre côté, ces pays manquent de plufieurs productions naturelles & de différens ouvrages de manufactures qu'ils tirent de l'étranger.

tiffent les états électoraux, & auquel préfide un membre du confeil privé; un à Stade, qui connoît des affaires des duchés de Breme & de Verden; un à Ratzebourg, où font portées celles du duché de Lavenbourg; & un à Otterndorf, qui décide celles du pays de Hadeln. Il y a de plus à Hanovre une chancellerie de juftice & Religion. La religion luthérienne eft la domi- une cour de juftice; de la première relèvent les nante dans ces états en général. Il y a à-peu-près principautés de Calenberg & de Grubenhagen, 750 églifes paroiffiales, divifées en quarante-trois & les comtés de Hoya & de Diepholz; de la furintendances particulières, qui elles mêmes feconde, les mêmes pays, la principauté de Gru font partagées en fept furintendances générales. benhagen feule exceptée. On trouve les mêmes Les réformés ont fept églifes dans les états élec-tribunaux dans la ville de Zell pour la princitoraux proprement dits, & autant de communautés dans le duché de Breme. Si les catholiques romains ont une églife & une école dans la ville de Hanovre, c'eft en vertu d'une convention particulière, faite en 1692 entre l'empereur & l'électeur, qui de fon côté régla, par l'ordonnance de 1713, l'exercice de cette religion; les prêtres féculiers catholiques ne peuvent faire aucune fonction de leur état, fans avoir été précédemment confirmés par l'électeur. L'exercice de cette même religion eft libre auffi dans la ville de Goettingue & dans celle de Hameln. Les juifs font tolérés & même protégés dans les états électoraux; des privilèges obtenus en 1687, confirmés & augmentés en 1697, 1716 & 1737., leur permettent de choifir un rabin provincial, qui dirige leurs fynagogues, & qui veille fur leurs loix & leurs cérémonies.

Administration.Nous avons indiqué à l'art. BRUNSWICK l'étendue de la jurifdiction du confeil privé royal & électoral de Hanovre, qui tient lieu de

pauté de Lunebourg, & d'autres pareils à Stade pour les duchés de Breme & de Verden. Le duché de Lunebourg relève de la régence & de la cour de juftice établies à Ratzebourg, où font auffi portés les appels des jugemens rendus au fiège fupérieur de juftice d'Ottendorf dans le pays de Hadeln. Les appellations de tous ces collèges de juftice, inftitués dans les états de la maifon électorale, vont à la cour supérieure des appellations établie à Zell en 1711; un confeiller du confeil privé y préfide & eft à la tête de deux vice-préfidens, dont l'un fiège fur le banc réfervé aux nobles, l'autre fur celui des docteurs ; quatre d'entr'eux font nommés par le roi-électeur; le reste eft présenté par les provinces: favoir, deux par celle de Calenberg, un par celle de Grubenhagen, un par celle de Hoya & de Diepholz, deux par celle de Lunebourg, & trois par celle de Breme & de Verden. La dernière place, créée en 1733, eft occupée par un confeiller que les pro vinces préfentent tour-à-tour. Le tribunal dont

on

LUS

on vient de parler, a un protonotaire, différens fecretaires & quelques employés de chancellerie. Ses jugemens font en dernier reffort on ne peut en appeller à aucun autre tribunal de l'Empire: le droit d'appeller qu'avoient les duchés de Breme & de Verden, fut annullé par le traité de paix de Weftphalie on les dédommagea par le droit d'appeller à la cour fupérieure des appellations de Zell, lorfque ces deux duchés parvinrent à la maifon électorale de Brunswick & de Lunebourg. Le privilège de non appellando a été rendu ftable depuis par les ordonnances de l'empereur Charles VI en 1716, quant aux pays électoraux, & de l'empereur François I en 1747, quant au duché de Lavenbourg.

Voyez l'article BRUNSWICK & les articles des autres états de la maison électorale de BrunswickLunebourg.

LUSACE, marquifat ou margraviat de la haute & baffe - Luface, appartenant à l'électeur de

Saxe.

La Luface, qui fe prolonge du nord-oueft vers le fud-eft, eft bornée au levant par la Siléfie, au midi par la Bohême, au couchant par la Mifnie, & au nord par la marche de Brandebourg. Son étendue eft d'environ 180 lieues géographiques quarrées, fans y comprendre toutefois la partie qui dépend du marquifat de Brandebourg, & qui contient environ vingt lieues géographiques quarrées Suivant l'opinion d'Abraham Frentzel, le nom esclavon Lufice ou Laufitz fignifie un pays rempli de forêts & d'eau. Le bas marquifat porta le premier ce nom, qui lui fut particulier pendant trois cents cinquante ans, c'eft-à-dire, jufqu'au milieu du quinzième fiècle; le haut marquifat ob tint alors la même dénomination: jufques-là on l'avoit appellé la Marche ou le pays de Budiffin & de Gorlitz, & quelquefois le pays des neuf cantons & villes. Le premier diplôme qui offre le nom de haute-Luface, eft de 1466; mais à cette époque on lui donnoit auffi les deux autres dénominations, comme on peut s'en convaincre par d'autres chartes. Sous le règne du roi Mat thias, un noble de Stein, préfet du pays, predans les actes publics, le titre de préfet des deux Lufaces, & les autres fuivirent fon exemple.

noit

Sol, productions. La haute-Luface eft plus montueufe & plus faine que la baffe, où il y a beaucoup de marais; mais celle-ci a de meilleures forêts & en plus grand nombre que la première. L'agriculture a fait peu de progrès dans les diftricts montueux de la haute Luface, aux confins de la Bohême & de la Siléfie. Les landes fur les frontières de la baffe-Luface & fur ceux de la Siléfie offrent un terrein ingrat & ftérile. La baffe - Luface l'emporte fur la haute en tabac, houblon, fruits, légumes & en vignobles, qui qui Econ. polit. & diplomatique. Tom. III.

donnent des vins rouges & blancs, quoiqu'en petite quantité; celui de Guben eft le meilleur. Mais ces productions ne fuffifent pas à la fubfiftance des habitans. Il s'eft établi dans la hauteLuface une fociété économique, dont l'objet principal eft l'éducation des abeilles. On y nourrit beaucoup de beftiaux.

Population. On compte dans la haute-Luface fix villes, appellées villes par excellence ou les fix villes, feize petites & fept bourgs : il n'y a dans la baffe-Luface que quatre villes qui aient féance aux diètes provinciales, treize petites & quatre bourgs.

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L'origine des habitans de ce pays ne remonte pas aujourd'hui au-delà des femnons ou fenons nation fuève, qui habita la haute-Luface, & qui, par l'émigration qu'elle entreprit, fit place aux vandales, qui à leur tour quittèrent la Luface au feptième fiècle, & l'abandonnèrent aux forabes, tribu efclavone. Dans le douzième fiècle, il y arriva des colons des Pays-Bas & du côté du Rhin. Les villes actuelles font prefque toutes peuplées d'allemands; mais, dans les villages, on trouve plus de venèdes que d'allemands. Les demeures des venèdes commencent près de Læbau, & s'étendent par la haute & baffe. Luface jufques dans la Marche de Brandebourg. Ils confervent toujours l'habillement venède & leur ancienne langue. Leur dialecte diffère des autres dialectes esclavons le dialecte de la haute-Luface a peu de reffemblance à celui de la baffe. Les deux dialectes diffèrent confidérablement de la langue esclavone venède, en ufage dans la Carniole, la Dalmatie, la Croatie, la Hongrie & les contrées voifines. On compte environ 449 villages venèdes dans la haute-Luface. L'idiome des allemands n'eft pas plus uniforme.

Nobleffe. Chaque marquifat a des états. Nous en parlerons ci-deffous dans la defcription particulière de ces deux provinces. Nous ne ferons ici qu'une obfervation générale fur la nobleffe du pays. Quelques familles nobles defcendent à ce qu'il paroît, des anciens efclavons. On compte ordinairement dans ce nombre toutes celles dont les noms fe terminent en itz & zin. Quelques autres font fi anciennes qu'il eft trèsdifficile, pour ne pas dire impoffible, d'en découvrir l'origine telle eft, par exemple, celle de Gerfdorf; mais la plupart font arrivées à des époques plus ou moins reculées, de la Bohême, de la Siléfie, de la Pologne, de la Saxe & de différens autres pays allemands & étrangers. Un noble de la haute-Luface, qui achète un fief dans la baffe, n'eft point réputé étranger, & un noble de la baffe-Luface eft noble auffi dans la haute. Les états des deux marquifats ont établi ou renouvellé cette difpofition en 1689 & 1690. Y

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