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Le bailliage d'Alfeuz ci-devant partagé entre la maifon de Grumbach & celle des Deux-Ponts, qui l'acheta tout entier au commencement de 1756, & le donna enfuite, à l'exception du vil lage de Hochftetten, à la maifon de Naffau-Weilbourg, en échange du bailliage de Hombourg.

Les terres de Naffau-Saarbrück- Ufingue.

Elles font la plupart contigues: Bufching dit que les revenus annuels font de 120 ou 130 mille florins; leurs habitans fuivent en grande partie la confeffion d'Augsbourg, les autres la religion réformée; les diftricts qui les compofent; font: 1. Le comté de Naffau-Ufingue, dit auffi ie bailliage d'Ufingue, où l'on trouve plufieurs forges & fonderies de fer.

,

2. La feigneurie ou grand bailliage d'Idstein. La branche des princes de Naffau- Iditein s'éteiguit en 1721 à la mort de George-Augufte: cette feigneurie échut avec les autres terres de Saarbrück-Ufingue, dont il fera parlé tout à-l'heure, au comte Louis de Naffau-Saarbrück & à Frédéric qui les réunit toutes en 1723, & en jouit jufqu'en 1728 il mourut cette année, & elles paffèrent avec la feigneurie & comté d'Ottweiler & de Saarbrück à Charles & Guillaume - Henri prince de Naffau-Ufingue, qui, en 1736, convinrent d'un partage: le premier obtint la feigneurie d'Idftein avec toutes les autres terres de Naffau-Ufingue, fituées fur la rive droite du Rhin.

3. Le bailliage de Wehen.

4. Le bailliage de Bourg-Schwalbach. 5. Le bailliage de Kirchberg ou Kirberg, en commun avec la maifon de Naffau-Dietz.

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6. Le grand bailliage de Wisbad, fitué fur le Rhin, & fertile en vins.

7. Kettenback & Hauffen, petits villages, dont les barons de Gahlen font co-feigneurs.

8. La moitié du territoire des deux feigneurs poffédé en commun par les princes de NaffauUfingue & de Naffau-Weilbourg.

9. Le territoire des trois feigneurs, dont la moitié appartient aux maifons de Neffau Ufingue & Weilbourg, l'autre à celle de Naffau-Orange, & dont le chef-lieu eft le franc bourg de Naffau. 10. Le territoire des quatre feigneurs, dont les maifons de Naffau-Ufingue & de Naffau - Weilbourg ont un quart, celle de Nassau-Orange un autre quart, & dont la moitié eft réunie au bascomté de Katzenelnbogen.

11. Le grand bailliage de Lahr ou Lohr, fitué dans l'Ortenau & formé de la feigneurie de même nom fon propriétaire Henri de Geroldfeck mou rut fans poftérité mâle vers l'an 1426, & il la laiffa à fa fille Adélaïde, qui la tranfmit à Jean, comte de Moers & de Saarwerden, d'où elle paffa par Catherine, fille & héritière du dernier de cette maifon, à Jean-Louis, comte de Naffau,

malgré les prétentions de Gangolf & Gonthier de la feconde branche de Geroldfeck. Il en ré fulta un procès, dès 1532, qui ne fut terminé qu'en 1625 par accommodement: il fut ftipulé alors que Louis de Naffau garderoit la feigneurie pour lui & fes fucceffeurs, à la charge de payer un capital de 24,000 florins au margrave de Bade & Hochberg, & un autre de 100,000 florins, outre quelques compenfations à Jacques Ernefte de Hohengeroldfeck & de Soulz; il laiffa pour fûreté de l'engagement la moitié de la feigneurie en hypothèque. Mais la créance ayant paffé à Frédéric V, margrave de Bade & Hochberg, à titre de bénéficier teftamentaire de fon époufe, dernière héritière de Geroldfeck, & les intérêts ne fe payant pas dès 1654, ce prince obtint de l'empereur, en 1659, que cette feigneurie lui feroit cédée pour en jouir jufqu'à l'extinction des arrérages; & fa maifon en garda effectivement la poffeffion jufqu'en 1726, que celle de Nassau la racheta, quoique Bade en prenne encore le titre. Elle échut en partage au comte Jean de Naffau-Ufingue, & en 1736 elle rentra dans la portion du prince de Naffau-Saarbrück-Ufingue. Les terres de Naffau-Saarbrück-Saarbruck,

Elles renferment 1°. le comté de Saarbruck, fitué dans la Weftrie, & qui eft borné au midi & au couchant par la Lorraine ; à l'orient, par le grand bailliage de Deux-Ponts & les feigneuries de Bliefcaftel, d'Ilingen & d'Ottweiler; au nord, par la jurifdiction de Lebach, le bailliage de Schavenbourg en Lorraine & d'autres petits territoires. Il eft arrofé par la Saar, & traversé par le grand chemin d'Allemagne en France, & fa pofition eft ainfi très-favorable au commerce. La communion luthérienne y fut reçue par tout fur la fin du feizième fiècle, & elle y eft demeurée dominante jufqu'à ce jour, quoique le catholicifme fe foit rétabli en plufieurs endroits, lors de la réunion françoife. Il avoit autrefois fes comtes particuliers, qui s'éteignirent en 1380: il paffa alors à Jean de Nassau, mari de Jeannette héritiere de Saarbrück; & en 1722 & 1728, époque où finirent les branches de Naffau-Saarbrück & de Naffau-Ottweiler, il échut à celle de Naffau Ufingue: le prince Guillaume-Henri en fut mis en poffeffion par le partage de 1735. C'eft un franc - aleu de l'Empire, dont la maifon de Naffau ne porte en fief que le droit de péage.

On y trouve la feigneurie d'Ottweiler, bornée au nord par les bailliages de S. Wendel, l'électorat de Trèves & le bailliage de Schavenbourg en Lorraine; à l'oueft par le bailliage de Schavenbourg & le comté de Saarbrück; au fud-oueft par la feigneurie de Bliefcaftel, & à l'eft par le territoire de Deux- Ponts.

Le luthéranifme s'y introduifit fur la fin du feizième fiècle, & il y eft encore la religion do

minante,

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Le comté de Saarwerden, fitué dans la Weftrie, eft borné au nord & à l'oueft par la Lorraine; au fud par les feigneuries de Fenestranges & de la Petite-pierre ; à l'eft par celles de Bitche & de Diemeringen. Son fol eft entremêlé de belles forêts & de quelques vignobles; il eft fertile d'ailleurs en.grains, & eft traverfé dans fon milieu par la Saar. Il avoit autrefois fes comtes par ticuliers qui s'éteignirent en 1527: il pafla alors par mariage à Jean-Louis, comte de Naffau-Saarbrück. Peu de temps après, l'évêque de Metz s'avifa d'en inveftir fon coufin, le duc de Lorraine, qui, d'après cette inveftiture, intenta un procès à la maifon de Nassau pardevant la chambre impériale: la chambre impériale décida en 1629 que cette mailon céderoit au duc de Lorraine les villes de Bockenheim & d'Alt Saarwerden comme fiefs de l'églite de Metz, & qu'elle conferveroit tous les villages à titre de terres franches & allodiales. Mais la Lorraine s'empara bientôt du comté entier & de la prévôté de Herbitzheim, qu'elle conferva jufqu'en 1659: à cette époque, un accommodement menagé par la diète déclara que le tout, excepté les villes dont on vient de parler, feroient rendues à la maifon de Naffau, dont la portion actuelle dans ce comté rapporte annuellement 27,000 florins, fi l'on en croit Bufching. Le partage fait en 1745 en affigna un tiers à la branche de Weilbourg, dont nous avons déja donné la defcription, & les deux autres à celle de Saarbrück.

La prévôté de Herbitzheim, fituée fur les deux La prévôté de Herbitzheim, fituée fur les deux rives de la Saar, au-deffous du comté de Saarwerden, eft compofée d'un certain nombre de villages, dont les revenus appartenoient jadis, partie aux religieufes de l'ancien couvent de Herbitzheim, partie aux comtes de Naffau-Saarbrück en qualité de vidames de ce couvent. Mais ceux-ci réunirent le tout au feizième fièc, & la branche de Saarbrück en poffède les deux tiers.

Le bailliage de Hombourg, fitué dans les Vofges, entre la feigneurie de Bliecaftel & les terres de Deux - Ponts & du Palatinat. La maifon de Naffau-Saarbrück-Saarbrück en poffède cinq neuvièmes; le reste appartient à l'électeur palatin, en vertu d'un échange conclu en 1756 avec la maifon de Weilbourg.

La communauté de Woelftein ou Welftein indivife entre les maifons de Naffau-Saarbrück & Naffau-Weilbourg.

Le bailliage de Ingenheim.

Econ. polit. & diplomatique Tom. III.

L'économat de Rofenthal, fitué dans la fei gneurie de Kirchheim, & dont les revenus font évalués à 3000 florins.

Au moment où nous écrivons cet article, on annonce que les maifons de Nassau, des branches de Walram & d'Otton ont fait un nouveau pacte de famille, qui termine les différends qui avoient fubfifté jufqu'à préfent entr'elles. Ce pacte, confirmé dit-on par l'empereur, a réglé en mêmetems l'ordre de fucceffion.

On prétend que les comtés de Weilbourg d'Ufingen & de Saarbrück font érigés en principautés, & que les trois princes fouverains de ces comtés feront introduits au collège des princes à la diète de l'Empire. On affure auffi que le droit d'aineffe fera rétabli dans la maifon de NassauOrange, dont les revenus annuels, dans fes états d'Allemagne, font, dit-on, 400,000 florins; mais il ne nous eft pas poffible de vérifier cette nouvelle.

NAVARRE, royaume d'Europe fitué entre la France & l'Espagne.

Ce royaume fe divife en haute & baffe - Navarre. La première appartient à l'Espagne, & la feconde à la France; & toutes les deux enTemble fe divifent en plufieurs diftricts ou bailliages, qu'on appelle en Espagne merindades. La haute Navarre en comprend cinq, qui ont pour leurs capitales Pampelune, Ertella, Tudele Olete & Sanguerfa. La baffe Navarre ne contient qu'un de ces baillages, & a pour seule ville faint Jean-pied-de-port.

La haute-Navarre a au nord une partie des provinces de Guipufcoa & d'Alava, les Pyrénées, le Béarn & le pays de Labour, autrement dit le pays des bafques; à l'orient une partie du royaume d'Arragon, les Pyrénées, & les vallées qui fe jettent au-dedans de l'Efpagre par Roncevaux. par le val de Salazar & par celui de Romal jufqu'à Yfara. Ses rivières principales font l'Ebre,

Arragon, l'Alga, l'Elba; & fes principales vallées font cel es de Roncevaux, Salazar, Roncal, Thefcoa & Bartau. Ce royaume avoit autrefois une étendue bien plus grande; il ne comprend guère aujourd'hui que 28 lieues de long, 23 de large, & quinze à vingt mille fa

milles.

L'air y eft plus doux & plus tempéré que dans les provinces de l'Efpagne voifines; le fol eft hériffé de montagnes, & abonde en mines de fer.

La Navarre a eu le fort de tous ces petits états. dont eft formé aujourd'hui le royaume d'Espagne; elle a eu divers maîtres, & a été, dans ces derniers fiècles, tantôt fous la domination des mahométans, & tantôt fous celle des chrétiens. Pampelune, qui en eft la capitale, fe foumit à dom Pelage,prefque immédiatement après l'invafion des farrafins en Espagne. Les farrafins la conquirent Ece

dans la fuite elle retourna en 750 fous la domination des rois des Afturies, & retomba en 759 fous celle des barbares. Les françois la leur enlevèrent en 778. Les infideles s'en remirent en poffeffion, & la perdirent pour toujours en Sob. Cette place repaffa la même année fous la puiffance des françois, fes derniers maîtres chrétiens. En 831 une partie de la Navarre fecoua le joug; mais une famille particulière y régna depuis le milieu du neuvième fiècle.

truction des navires, qu'il faut confidérer comme une fabrique; & 3°. l'utilité qu'elle procure au commerce par le tranfport des denrées & des manufactures, tranfport qui, outre la commodité, devient lucratif au peuple qui le fait. Ces trois objets méritent d'être développés plus clairement.

Un pays bien peuplé, dont les provinces font fituées le long de la mer, qui a des côtes d'une grande étendue, où les habitans naiffent avec du goût pour la vie maritime, peut employer à la Ignigo-Arifta eft le premier qui ait régné dans navigation un fort grand nombre d'hommes, qui la haute-Navarre, & fes defcendans occupèrent tous gagnent beaucoup plus à ce métier qu'ils ce trône jufqu'en 1234. En 1316 Jeanne, en n'auroient fait en travaillant fur terre, ou en qualité de fille mineure de Louis Hutin, devint s'appliquant à une profeffion commune. Or, comhéritière de ce royaume qu'elle apporta à fon me les gens de mer vivent prefque toujours à mari Philippe, comte d'Evreux. En 1512, Fer- bord de leurs vaiffeaux, où ils ne fauroient faire dinand l'enleva à Jean Sire d'Albret, qui qui de grandes dépenfes, ils rapportent dans leur en étoit roi, du chef de Catherine de Foix fa patrie, au fein de leur famille, l'épargne qu'ils femme, dernière héritière de Charles, comte ont pu faire fur leurs gages, ou le profit d'un d'Evreux. Le pape le feconda dans cette entre- petit trafic. Cet argent eft un bénéfice pour l'éprife, & leur prétexte fut que ce prince étoit tat, & il augmente la maffe de fes richeffes. Il eft allié de Louis XII, fauteur du concile de Pife. impoffible d'avoir une grande marine militaire Louis XII fecourut Jean d'Albret; mais l'acti- fans une grande marine marchande; & l'adminif vité du duc d'Albe rendit cette entreprife inu-tration angloife a bien fenti la vérité de ce printile, & força le roi de Navarre & la Paliffe à lever le fiège de Pampelune. Catherine de Fox difoit au roi fon mari, après la perte de ce royaume Dom Jean, fi nous fuffions nés, Vous Catherine, & moi Jean, nous n'aurions jamais perdu la Navarre ».

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La baffe-Navarre eft, comme nous l'avons dit, une des mérindades ou bailliages, dont le royaume entier de Navarre eft compofé. Elle eft féparée de la Navarre efpagnole par les Pyrénées. Ce pays fut occupé jadis par les vafcons ou gafcons, lorfqu'ils paffèrent les monts pour s'établir dans la Novempopu lanie fur la fin du fixième fiècle: auffi tous les habitans font-ils bafques, & parlent ils la langue qui eft la même que celle des bifcayens efpagnols.

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Tout ce que Jean d'Albret & Catherine, reine de Navarre fa femme, purent recouvrer des états que Ferdinand, roi d'Arragon & de Caftille leur enleva en 1512, fe réduifit à la baffe Na varre, qui n'a que huit lieues de long fur cinq de large. On lui donne pourtant le nom de royaume, & les rois de France ajoutent ce titre au leur, d'après un uf ge qui femble bien au deffous de leur grandeur. Voyez les articles ESPAGNE & FRANCE.

NAVIGATION: l'art ou l'action de naviguer, c'est-à-dire, de conduire un navire d'un lieu à un autre par le chemin le plus fûr, le plus court & le plus commode. Nous n'envifagerons ici ce mot que fous fes rapports avec la politique; fes autres rapports appartiennent au dictionnaire de la Marine.

La navigation offre trois avantages politiques : 1o. l'occupation qu'elle donne aux gens de mer dont elle est la meilleure pepinière: 2°. la conf

cipe: elle vient de s'occuper de la pêche du hareng, afin que la multiplication de fes navires marchands & de fes matelots ajoute à la force de fes efcadres; & la Ruffie, qui depuis le czar Pierre a entrepris tant de chofes fans avoir les moyens préliminaires, arme des vaiffeaux de guerre dans fes rades: mais elle n'aura jamais une marine redoutable, tant qu'elle n'aura pas une marine marchande plus étendue.

L'utilité que le commerce tire de la navigation par le transport des marchandifes, n'eft pas moins fenfible. Lorfqu'un état n'a pas une marine marchande, les négocians font dans la néceffité d'at tendre l'arrivée des navires étrangers, dont on n'eft jamais le maître. Les marchandifes qu'on veut envoyer au-dehors, & celles qu'on fait venir de l'étranger, restent long-tems dans lès ma-. gafins, s'y gâtent ou y reçoivent du dommage, confument des intérêts, & l'occafion, le moment du débit fe perd quelquefois fans reffource. Mais ce n'eft pas tout encore: la navigation ell utile fous un autre point de vue; car les frais de tranfport faisant toujours partie de la valeur d'une marchandise, il eft clair que les confommateurs étrangers de toutes les marchandifes exportées font obligés de payer les frais de la navigation qu'ont fait nos fujets. Enfuite la valeur des marchandifes importées fur nos propres vaiffeaux diininue, dans la balance générale du commerce, de tout ce qu'a coûté le fret. Dans un pays qui fait un grand commerce, il eft difficile de calculer ce double avantage.

De ces pncipes inconteftables eft réfulté une maxime politique: tout état qui eft à portée d'avoir une navigation, doit y encourager fes fujets par tous les moyens poffibles; car un peuple qui

laiffe faire par d'autres une navigation qu'il pour-
roit entreprendre lui-même, diminue fes forces
réelles & relatives en faveur des nations rivales.
La navigation fur les fleuves & rivières em-
braffe les mêmes objets que la navigation mari-
time, & eft auffi utile au commerce. Les nations
qui entendent bien leurs intérêts, cherchent à
encourager cette navigation fur les rivières qui
traverfent leur pays par toutes fortes de facili-
tés, & par une liberté raifonnable; celles qui
les entendent mal, croient parvenir au même but
par la gêne & par de petites chicanes. Il eft affez
rare, dans notre continent, que les deux bords
d'un fleuve, depuis fa fource jufqu'à fon em-
bouchure, appartiennent au même état; au con-
traire, les plus grands de ces fleuves, comme
le Rhin
l'Elbe, &c. traverfent plufieurs
pays, avant de porter leurs eaux à la mer. C'eft
ce qui a donné lieu à beaucoup de conteftations
entre les puiffances pour les limites du domaine
& de la propriété de ces fleuves, que chacune
a tâché d'étendre à fon avantage. Le droit uni-
verfel des gens, fondé fur les principes les plus
clairs du droit naturel, a décidé 1o. qu'une ri-
vière, entant que rivière, appartient au peuple
dont elle arrofe les terres: 2°. que cette pro-
priété s'étend auffi loin que les limites de chaque
fouverain dont elle traverfe le pays; & 3°. que
files deux rives oppofées ne font pas fous la même
domination, le milieu de la rivière fervira de li-
mite, enforte que le domaine de chaque moitié
appartiendra au fouverain qui eft le maître du
bord.

ges de nos fujets en même-tems qu'elle augmente nos richeffes. Mais on a beaucoup abufé de ce moyen on a porté trop haut le tarif de ces péages, & on les a trop multipliés. L'accroiffement de ces droits renchérit les marchandifes d'entrée, & par conféquent les chofes néceffaires à la fubfiftance des citoyens : il renchérit la main-d'oeuvre & nuit au bon marché de nos manufactures. Il nuit encore au commerce de réexportation, parce que d'autres peuples ne tirent plus de nous des marchandifes que nous avons fi fort renchéries. Enfin il fait un tort irréparable au commerce d'entrepôt & de tranfit, parce que les négocians étrangers, qui afferviffent tout au calcul, cherchent & trouvent bientôt d'autres routes pour l'envoi de leurs marchandifes, dès que nous rendons la nôtre trop difpendieuse. On pourroit donner des exemples bien frappans de cette affertion, & faire voir que l'ignorance de quelques financiers fur cet objet a caufé plus d'une fois la perte du bénéfice que les navigateurs de leur pays auroient pu faire fur le tranf port des marchandifes étrangères, & d'une branche fort lucrative de commerce. C'eft donc une règle générale que fi la détreffe du fifc ne permet pas d'abolir les droits de péage, il faut fe garder de les hauffer fur les rivières, au point que le négociant étranger puiffe faire voiturer au même prix, ou envoyer par mer, en faisant un grand détour: voici une autre règle conftatée par l'expérience: la nation qui fupprimeroit tous les péages, y gagneroit beaucoup après quelques années; & il efl temps d'abolir tous ces péages particuliers, injuftes ou mal fondés, qui appartiennent à des particuliers: ils gênent le commerce & l'induftrie; & quand ils feroient juftes, la profpérité générale exigeroit ce facrifice ou l'échange de la propriété de quelques individus.

Cette difpofition équitable du droit des gens, auquel tous les fouverains ont acquiefcé, a donné lieu à des établiflemens fages & a diverfes méprifes. Chaque nation a taché de rendre (fes rivières navigables. On a fait des efforts pour les déblayer, pour enlever les bancs de fable; Secondement, fi nous fommes les maîtres d'une on a marqué les écueils, dreffe des fanaux, & rivière depuis fa fource jufqu'à fon embouchure, encouragé la conftruction des navires, bâteaux, quelle eft la néceffité de multiplier les péages, & &c. Mais on a cherché en même tems à rendre d'en établir de diftance en diftance? Rien ne caufe cette navigation profitable aux fouverains, qui plus de gênes inutiles à la navigation, rien n'artous ont voulu établir fur les bords des fleuves, rête fi mal-à-propos le tranfport des marchandides péages, où les bateliers font obligés de payer fes, qui doit être très-prompt. Les batteliers de certains droits, tant pour leurs bâtimens que font mécontens & avec raifon, lorfqu'ils font pour les marchandifes qu'ils tranfportent. Cet obligés, à chaque moment, d'interrompre leur ufage eft fufceptible de bien des critiques. Pre-marche pour compter avec des douaniers, & faire miérement, fi on ne fe laiffe pas dominer par des fyftêmes trop généraux, on ne fauroit condamDer indiftinctement tous les péages. C'eft une ef pèce de droit de douane ou de taxe que l'on impofe fur les marchandifes d'entrée, taxe qui peut diminuer les autres charges qu'on feroit obligé de mettre fur le peuple fans ce fecours; mais qui porte auffi fur les marchandifes de tranfit, lefquelles ne font que paffer fimplement par notre pays, où elles ne font ni achetées ni vendues & par conféquent c'est une contribution qui eft payée par les étrangers, & qui diminue les char:

vifiter leurs navires. Pourquoi ne fait-on pas payer
au premier péage, à un péage unique, à l'entrée
du pays, tous les droits dont on veut charger la
navigation? Pourquoi faut-il tant de fois revenir
à la charge? Pourquoi les denrées & marchan-
difes confommées par nos fujets domiciliés pro-
che l'embouchure d'une riviére, doivent-elles
payer moins que celles qui font confommées par
nos fujets qui demeurent près de la fource, ou
dans la capitale? Il faut que dix péages rendent
annuellement la même fomme que deux péages
pourroient rendre.
Ece 2

Troifiémement, s'il fe trouve plufieurs fouverains dont les états aboutiffent à un même fleuve, & qui ont des péages fur fes bords, il eft encore plus dangereux & plus nuifible de hauffer le tarif de nos droits, parce que les autres fouverains haufferont le leur dans la même proportion. L'équité naturelle ne permet pas alors de fe plaindre nous ruinons notre navigation, nous renchériffons toutes les marchandifes qui circulent dans notre pays, nous affoibliffons notre commerce, & nous perdons précisément ce que les princes voifins gagnent. Il faut conclure donc que i l'établiffement des péages eft quelquefois avan tageux, le moindre abus qu'on en fait, devient très-nuifible.

Les canaux qui réuniffent des mers, tels que le fameux canal du Languedoc, qui établit une communication entre la Méditerranée & l'Océan, par la Garonne, ou ceux qui fervent à combiner la navigation de deux rivières, comme le canal que l'électeur Frédéric Guillaume de Brandebourg a fait creufer pour joindre l'Oder à la Sprée, ou ceux enfin qui réuniffent des lacs & des fleuves, tels que le canal de Ladoga, qui conduit les eaux & la navigation du lac de ce nom vers la ville de Pétersbourg, tous ces canaux & beaucoup d'autres moins célèbres font des monumens de la grandeur & de la magnificence des monarques qui les ont fait conftruire. Le voyageur étonné en admire l'art, la ftructure, la dépenfe & la difficulté de l'entreprife; l'homme d'état admire l'utilité du projet, la fageffe, la profonde politique, la bienfaifance des princes qui en ont conçu l'idée, & qui l'ont fait exécuter; & la postérité doit de la reconnoiffance aux rois, dont les travaux achèvent l'ouvrage de la nature en faveur du genre humain. Ce font-là de beaux exemples à fuivre. Chacun devroit les imiter, à proportion de fes forces & de l'avantage qu'une pareille entreprise peut procurer à fes fujets. Il n'y a pas de pays en Europe où nos ancêtres n'en aient encore laiffé de pareils à faire ; & plus les nations fe poliront, plus elles tâcheront de faciliter, à l'exemple de la Hollande, les communications entre leurs villes & villages par l'entremife des canaux. Mais il faut avertir ici les miniftres de ne pas gâter, par une économie mal-entendue, tout ce qu'il y a de beau & de grand dans une pareille entreprise de la part de leurs maîtres, en établiffant fur de pareils canaux des péages exceffifs, qui abforbent le profit que le public & Je commerce pourroient en retirer. C'eft convertir des remèdes falutaires en poifons. Il femble alors qu'un prince n'ait fait que par avarice ce qu'il auroit dû faire par magnanimité. C'eft un revenu de plus qu'il fe procure aux dépens des voituriers qui chargeoient ci-devant les marchandifes, & qui perdent par-là leur fubfiftance fans que les autres citoyens en profitent. Cet ouvrage

renferme un article Canaux, auquel nous renvoyons le lecteur.

em

Il n'eft guère de port ou de ville maritime, qui fort fitué précisément fur le rivage de la mer. La plupart font affifes fur le bord d'un fleuve, à quelque diftance de fon embouchure; & il eft rare qu'une rivière ne foit pas embarraffée par des bancs & des fables vers les lieux où elle termine fon cours, ce qui incommode beaucoup la navigation, & reduit les gros navires qui tirent beaucoup d'eau, à ne pouvoir approcher du port que dificilement, ou par le moyen des allèges. Mais comme tous ces moyens font lents, barraffans & difpendieux, & qu'il y a même des villes maritimes où les vaiffeaux ne peuvent pas aborder du tout, & qui ont été obligées d'établir leurs ports fouvent à quelques lieues au-deffous de la ville, on a eu recours à toutes fortes d'expédiens pour enlever ces bancs, ou du moins pour prévenir leurs progrès. Une des machines les plus ingénieufes, inventées à cet usage, fe trouve à Brème fur la rivière de Wefer. Le courant de l'eau, le vent & des chevaux attelés à un cabeftan concourent à la mouvoir; & ces forces réunies font telles, qu'à chaque minute cinquante ou foixante pieds cubes de fable font enlevés du lit de la rivière & jettés dans un bâteau plat, lequel étant rempli fe détache de la machine pour être pouffé vers la rive où on le décharge. Toutes les puiffances qui font intéreffées à l'écurement des rivières, devroient fe fervir de cette machine, & encourager par des récompenfes les méchaniciens qui parviendroient à la perfectionner.

La plupart des puiffances maritimes ont des pêches nationales, ou de certaines branches exclufives de commerce, qui leur fervent d'écoles & de pepinière pour la marine. Telles font la pêche du hareng proche des ifles Orcades, celle de la morue de Terre-Neuve, du grand banc, &c. celle du merlus, des merluches & barbues fur les côtes de Norwege, celle de la baleine au Groenland, ou des chiens de mer dans le détroit de Davis, & ainfi du refte. Le tranfport des charbons des mines d'Ecoffe en Angleterre & ailleurs, le cabotage ou la petite navigation le long des côtes, font très-propres à former des gens de mer, & les nations qui en font en poffeffion, fentent bien le prix de cet avantage. Elles ont fait plus d'une fois la guerre pour les conferver; & à n'envifager que les maximes politiques, elles n'ont pas eu tort.

Si un pays n'a point encore de marine formée ou qu'elle foit, pour ainfi dire au berceau, faut encourager les principaux négocians par des franchifes, des gratifications & des privilèges à mettre des vaiffeaux en mer; mais ces privilèges ne doivent jamais être exclufifs car la concur rence eft néceffaire ici comme dans les autres branches du commerce, & l'on n'encourage ja

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