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claufe optionnelle, & remit ainfi le change entre l'Angleterre & l'Ecoffe à fon taux naturel, ou à ce qu'il pouvoit être naturellement par le cours du commerce & des remises.

Dans le papier-monnoie d'Yorkshire, le paiement d'un billet de 6 pences dépendoit quelquefois de la condition que le porteur du billet changeroit une guinée, condition qu'il étoit fouvent fort difficile de remplir, & qui devoit néceffairement rabaiffer le cours du papier audeffous de l'or & de l'argent. Un acte du parlement déclara illégales toutes ces claufes, & fupprima, comme en Ecoffe, tous les billets au porteur au- deffous de la valeur de vingt fchelings.

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chandifes. Malgré tous les réglemens de cette nature, il a paru, par le cours du change avec la grande-Bretagne, que cent livres fterlings étoient regardées quelquefois, dans certaines colonies comme l'équivalent de cent trente livres, & dans d'autres comme celui de onze cents livres; ce qui venoit de la différence dans la quantité de papier répandu en différentes colonies, & de celle de la diftance & de la probabilité du terme où il devoit être finalement acquitté & retiré.

Par conféquent l'acte du parlement, dont on fe plaint fi mal-à-propos dans les colonies, & qui déclaroit nulle toute offre de paiement qui s'y fe roit avec le papier qui s'y répandroit dorénavant, étoit juste.

La Penfylvanie a toujours été plus modérée que les autres dans l'émiffion de fon papier-monnoie. Auffi dit-on que fon papier n'a jamais été audeffous de la valeur de l'or & de l'argent. Avant l'introduction du papier-monnoie, la colonie avoit hauffé la dénomination de fa monnoie, en ordon nant, par une acte de l'affemblée, que s fchelings pafferoient dans la colonie pour fix fchelings & trois pences, & enfuite pour fix fchelings & huit pences. Ainfi une livre de cours dans la colonie, lors même que la monnoie étoit d'or & d'argent, fe trouvoit de plus de trente pour cent au-deffous de la valeur d'une livre fterling.

Le papier-monnoie de l'Amérique feptentrionale ne confiftoit pas en billets payables au porteur & à vue, mais en un papier d'état, dont le paie. ment n'étoit exigible que plufieurs années après la date; & quoique les gouvernemens ne payaf fent pas d'intérêt aux porteurs de ce papier, ils ne laiffoient pas de le déclarer & de le rendre par le fait une offre légale de paiement pour la fomme qu'il énonçoit. Mais en accordant toute la fûreté imaginable du côté de la colonie, cent livres fterlings, par exemple, qui ne font payables qu'au bout de quinze ans, dans un pays où l'intérêt eft à fix pour cent, ne valent guères plus de foixante livres d'argent comptant. Ainfi, obliger un créancier à les recevoir comme parfait paiement d'une dette de cent livres, ce feroit une injustice fi criante, qu'on en eût peut être jamais vu une pareille de la part du gouvernement de tout autre pays, qui auroit la prétention d'être libre. Le docteur Douglas en attribue l'idée à des débiteurs de mauvaife foi, dont l'intention étoit de fruftrer leurs créanciers. Mais cette opinion n'eft peut être pas trop jufte, & il eft poffible que l'intérêt des colonies ait déterminé, dans le principe, les habitans à l'opération dont nous parious ici. Voyez ce que nous avons dit fur cette matière à l'article ETATS-UNIS. En 1722, époque où le papier-monnoie s'introduifit en Penfyl vanie, le gouvernement de cette province prétendit donner a ce papier une valeur égale à celle de l'or & de l'argent, en décernant des peines contre ceux qui mettroient une différence dans le prix de leurs marchandifes quand ils les vendroient pour du papier de la colonie, & quand ils les vendroient pour de l'or & de l'argent: ce réglement parut tyrannique, & il devoit avoir beaucoup moins d'effet que celui qu'on vouloit fou tenir. Une loi pofitive peut faire qu'un fcheling foit une offre de paiement légal pour une guinée, parce qu'elle peut amener les cours de juftice à décharger le débiteur qui a fait cette offre. Mais il n'y a point de loi pofitive qui puiffe obliger un marchand, qui eft le maître de vendre ou de ne pas vendre, à recevoir un fcheling comme l'équivalent d'une guinée dans le prix de fes mar-rique.

Un prince, qui ordonneroit qu'une certaine proportion de fes taxes fe payât en papier-monnoie d'une certaine efpèce, pourroit donner par - là quelque valeur à ce papier - monnoie , quand même le terme où il devroit être finalement acquitté & retiré dépendroit abfolument de fa volonté. Si la banque qui délivre ce papier avoit foin d'en tenir la quantité toujours un peu au - deffous de ce qu'exigeroit le paiement des taxes, il pourroit être fi recherché qu'il emporteroit une prime, c'eft-à-dire, qu'il fe vendroit fur la place pour quelque chofe de plus que l'or & l'argent de cours. Quelques perfonnes expliquent ainfi ce qu'on appelle l'agio de la banque d'Amfterdam, ou la fupériorité de l'argent de banque fur l'argent de cours, quoique cet argent de banque, à ce qu'elles prétendent, ne puiffe être retiré de la banque à la volonté du propriétaire. Il faut que la plus grande partie des lettres de change étrangères foit payée en argent de banque, c'est-à-dire, par un tranfport dans les livres de la banque; & les directeurs de la banque, difent ces perfonnes, ont foin de tenir la quantité totale de l'argent de banque toujours audeffous de ce que cet emploi peut exiger. C'eft par cette raifon, ajoutent-elles, que l'argent de banque porte une prime, ou qu'il fe vend à quatre ou cinq pour cent, de plus que la même fomme nominale d'or & d'argent ayant cours dans le pays. J'ai cependant fujet de croire que cette explication de la banque d'Amfterdam eft chimé

Un papier de cours, qui tombe au-deffous de la valeur de l'or & de l'argent monnoyés, ne fait pas tomber la valeur de l'or & de l'argent & fa chûte ne fera pas caufe que d'égales quantités de ces métaux foient échangées pour une moindre quantité de marchandifes de toute autre espèce. La proportion entre l'or & l'argent & les autres marchandifes, dépend, dans tous les čas, non de la nature & de la quantité du papier monnoie qui peut avoir cours dans un pays particulier, mais de la richeffe ou de la pauvreté des mines qui fourniffent de ces métaux le grand marché du monde commerçant. Elle dépend de la proportion, entre la quantité de travail qui eft néceffaire pour mettre en état de vente une certaine quantité d'or & d'argent, & celle qui eft néceffaire pour y mettre une certaine quantite de toute autre espèce de marchandises.

Nous voudrions examiner à quelles espèces de gouvernement convient le papier-monnoie; car il ne convient pas à toutes mais c'eft une matière trop délicate.

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Nous voudrions indiquer auffi les espèces de papier-monnoie, propres aux pays où le peuple a perdu fa liberté, où la nation eft fans influence, où l'on eft peu éclairé fur les opérations du commerce, où l'adminiftration n'agit qu'en fecret & au hafard; mais c'eft encore une matière trop délicate.

Nous voudrions indiquer de plus les précautions néceffaires pour contenir le papier monnoie, & prévenir les banqueroutes nationales; mais il faudroit dénoncer tel & tel pays qui abufe de la confiance publique; il faudroit paffer en revue les divers états depuis la Ruffie & la Suède jufqu'à l'état de l'églife & au royaume de Naples, & le lecteur fent bien qu'un ouvrage de la nature de celui-ci ne comporte pas de pareilles

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PARAGUAY, vafte contrée de l'Amérique méridionale, qui appartient à l'Espagne nous parlerons ici des trois provinces de Chaco, du Paraguay & de Buenos Aires, qui forment la même colonie.

Le Paraguay eft borné au nord par le Pérou & le Bréfil; au midi, par les terres Magellaniques; au levant, par le Bréfil; au couchant, par le Chili & le Pérou.

Il doit fon nom à un grand fleuve que tous les géographes croyoient le former dans le lac de Xarayés. Les commiffaires efpagnols & portugais, chargés en 1751 de régler les limites des deux empires, furent bien étonnés de fe rencontrer à la fource de cette rivière, fans avoir apperçu cet amas d'eaux, qu'on difoit immenfe. Ils vérifièrent que ce qu'on avoit pris jufqu'alors

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pour un lac prodigieux, n'étoit qu'un terrein fort bas, couvert depuis le feizième jufqu'au dixneuvième degré de latitude, dans la faifon des pluies, par les inondations du fleuve. On fçait depuis cette époque que le Paraguay prend fa fource dans le plateau, nommé Campo de Paracis, au au treizième degré de latitude méridionale, & que vers le dix-huitième, il communique par quelques canaux très étroits avec deux grands lacs du pays des Chiquites.

Précis de l'histoire politique de cet établissement,

Avant l'arrivée des efpagnols, cette région immense contenoit un grand nombre de nations, la plupart formées par un petit nombre de familles.

La chaffe, la pêche, les fruits fauvages, le niel qui étoit commun dans les forêts, quelques racines qui croiffoient fans culture, fourniffoient à la nourriture de ces peuples. Pour trouver une plus grande abondance de ces productions, ils erroient perpetuellement d'une contrée à l'autre. Comme les indiens n'avoient à porter que quelques vafes de terre, & qu'ils trouvoient par-tout des branches d'arbres pour former des cabanes, ces émigrations n'enti noient que peu d'embarras. Quoiqu'ils vécuffent tous dans une indépendance abfolue les uns des autres, la néceffité de fe défendre leur avoit appris à lier leurs intérêts. Quel ques individus fe réuniffoient fous la direction d'un conducteur de leur choix. Ces affociations, plus ou moins nombreuies, felon la réputation & la qualité du chef, fe diflipoient avec la même facilité qu'elles s'éto ent formées.

La découverte du fleuve Paraguay fut faite en ISIS, par Diaz de Solis, grand pilote de Caf tille. Il fut maffacré avec la plupart des fiens par les fauvages qui. pour éviter les fers qu'on leur préparoit, traitèrent quelques années après, de la même manière les portugais venus du Brefil.

Les deux nations rivales, également effrayées par ces revers, perdirent le Paraguay de vue, & touraèrent leur avarice d'un autre côté. Le hafard y ramena les efpagnols en 1526.

Sébastien Cabot, qui en 1496 avoit fait la découverte de Terre Neuve pour l'Angleterre, la voyant trop occupée de fes affaires domeftiques pour fonger à former des établiffemens dans le Nouveau Monde, porta fes talens en Caftille, où fa réputation le fit choifir pour une expédition brillante.

La Victoire, ce vaiffeau fameux pour avoir fait le premier, le tour du monde, & le feul de l'efcadre de Magellan qui fût revenu en Europe, avoit rapporté des Indes orientales beaucoup d'épiceries. L'avantage qu'on retira de leur vente fit décider un nouvel armement, qui fut confié aux foins de Cabot. En fuivant la route qui avoit été tenue dans le premier voyage, ce navigateur arriva à l'embouchure de la Plata. Soit qu'il man

quât des vivres pour pouffer pus loin, foit, comme il eft plus vraisemblable, que fes équipages commençaffent à fe mutiner, il s'y arrêta. Il remonta même le fleuve, lui donna le nom de la Plata, parce que, dans les dépouilles d'un petit, nombre d'indiens nis inhumainement à mort, fe trouvèrent quelques parures d'or & d'argent, & il batit une espèce de fort à Rio-Tercero, qui fort des montagnes du Cucuman. La réfiftance qu'oppofoient les naturel du pays, lui fit juger que, pour s'établir folidment, il falloit d'autres moyens que ceux qu'i avoit ; & en 1530, il prit la route de l'Efpagn pour les aller folliciter. La plupart de fes copagnons qu'il avoit laiffés dans la colonie, furit maffacrés ; & le peu qui avoit échappé à des èches ennemies, ne tarda pas à le fuivre.

Des forces plus cofidérables, conduites par Mendoza, parurent r le fleuve en 1535, & jettèrent les fondemer de Buenos-Aires Bientôt on s'y vit réduit à merir de faim dans des paliffades, ou à fe voue à une mort certaine fi l'on hafardoit d'en fort pour fe procurer quelques fubfiftances. Le rour en Europe paroiffoit la feule voie pour forti'une fituation fi défef pérée; mais les efpagnols'étoient perfuadés que l'intérieur des terres reggeoit de mines, & ce préjugé foutint leur conftice. Ils abandonnèrent un lieu où ils ne pouvoier plus refter, & allè rent fonder en 1536 l'Affontion, à trois cents lieues de la mer, toujours files bords du fleuve. C'étoit s'éloigner vifiblemen des fecours de la métropole: mais, dans leurs 'ées, c'étoit s'approcher des richeffes, & leur adité étoit encore plus grande que leur prévoyanc

Cependant il falloit fe réfoue à périr, ou réuffir à diminuer l'extrême avion des fauvages. Le mariage des efpagnols av: les indiennes parut propre à opérer ce grand Cangement, & l'on s'y détermina. De l'union dedeux peuples fi étrangers l'un à l'autre, fortit la-ace des métis, qui avec le temps devint fi comune dans l'Amérique méridionale. Ainfi le fo des efpagnols, dans tous les pays du monde eft d'être un fang mêlé. Celui des maures coule core dans leurs veines en Europe, & celui de fau ages dans l'autre hémisphère Peut être mêle ne perdent-ils pas à ce mêlange, s'il eft vra que les hommes gagnent, comme les animaux, croifer leurs races. Et plût au ciel qu'elles fe fuffent déja toutes fondues en une feule, qui ne onfer vát aucun de ces germes d'antipathie naionale qui éternifent les guerres & toutes les paffions deftructives! Mais la difcorde femble naître d'alemême entre des frères. Comment efpérer que le genre humain devienne jamais une famille ont Les enfans, fuçant à peuprès le même lai, ne refpirent plus la foif du ang? Elle s'engedre, cette cruelle foif; elle crot & fe perpétur avec la foif de l'or.

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C'est cette paffion honteufe qui continuoit à rendre l'efpagnol cruel, même après les liens qu'il avoit formés. Il fembloit punir les indiens de fa propre obftination à chercher des métaux où il n'y en avoit pas. Le naufrage de plufieurs navires qui pétirent avec les troupes & les munitions dont ils étoient chargés, en voulant remonter trop haut dans le fleuve, ne put faire revenir d'une opiniâtreté funefte leur avarice fi long-temps trompée. Il fallut ces ordres réitérés de la métropole pour les déterminer à rétablir Buenos-Aires.

Cette entreprise fi néceffaire étoit devenue facile. Les efpagnols, multipliés dans le Paraguay, étoient affez forts pour contenir ou pour détruire les peuples qui pouvoient la traverfer. Elle n'éprouva, comme on l'avoit prévu, que de légers obftacles. Jean Ortis de Zarate l'executa 1581, fur un fol abandonné depuis quarante ans. Quelques-unes des petites nations qui étoient dans le voifinge de la place, fubirent le joug. Celles qui tenoient davantage à leur liberté, s'eloignérent pour s'éloigner encore à inefure que les établiffemens de leurs oppreffeurs acquéroient de l'accroiffement. La plupart finirent par fe refugier au Chaco.

Ce pays, qui a deux cents cinquante lieues de long & cent cinquante de large, paffe pour un des meilleurs de l'Amérique, & on le croit peuplé de cent mille fauvages. Ils forment, comme dans les autres parties du Nouveau Monde un grand nombre de nations, dont quarante-fix au quarante fept font très-imparfaitement con

nies.

Plufieurs rivières traverfent cette contrée. La Piromayo, plus confidérable que toutes les autres, fort de la province de Charcas & fe divife en eux branches, foixante-dix lieues avant de fe perae dans Rio de la Plata. Son cours paroiffot la vie la plus convenable pour établir des liaisons fuivis entre le Paraguay & le Pérou. Ce ne fut ceperant qu'en 1702, qu'on tenta de la remon ter. Ls peuples qui ea occupoient les rives, comprent fort bien que tôt ou tard ils feroient affervis fi l'expédition étoit heureuse; & ils prévinrente malheur en maffacrant tous les elpagnols qi en étoient chargés.

Dix-ruf ans après, les jéfuites reprirent ce grand pijet : mais, après avo'r avancé trois cens cinquant lieues, ils furent forcés de rétrograder, par que l'eau leur manqua pour conti nuer leunavigation. On les blâma d'avor fait le voyag dans les mois de feptembre, d'octobre' & de nombre, qui font dans ces régions le tems. de la fecireffe; & perfonne ne paru douter que cette eneprife n'eût en une iffue favorable dans les aut fifons de l'ané.

Il fai que cette route de communication ait paru mns avantageufe, ou ait offert de plus grandesifficultés qu'on ne l'avoit cru d'abord,

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ranis, contiennent fx mille indiens. Tout le refte vit dans les campagnes & y cultive du tabac, du coton, du fucre qui ont envoyés avec l'herbe du Paraguay à Buenos-Aires, d'où l'on tire en échange quelques machandifes arrivées d'Europe.

Cette contrée fut toujours expofée aux incurfions des portugais du côté è l'eft, & à celles des fauvages au nord & à l'oeft. Il falloit trouver le moyen de repouffer cs ennemis le plus fouvent implacables. On contuifit des forts; des terres furent deftinées pour lar entretien, & chaque citoyen s'obligea à lesléfendre huit jours chaque mois. Ces arrangemas faits anciennement fubfiftent encore. Cependar, s'il fe trouve quelqu'un à qui ce fervice ne life pas, ou auquel fes occupations ne permetint pas de le faire, il peut s'en difpenfer, en ayant depuis foixante francs jufqu'à cent francs felon fa fortune.

Celle qu'on nomme Tucuman eft unie, arrofée Ce qui conftitue aujod'hui la province de & faine. On y cultive avec le plus grand fuccès Buenos Aires, faifoit origiairement partie de celle le coton & le bled que le pays peut confommer; du Paraguay. Ce ne fuqu'en 1621 qu'elle en & quelques expériences ont démontré que l'indigo fut détachée. La plus gnde obfcurité fut long& les autres productions particulières au nouveau- temps fon partage. Un mmerce interlope, qu'aMonde y réuffiroient auffi heureusement que dans près la pacification d'trecht ouvrit avec elle aucun des établifiemens qu'elles enrichiffent de- l'établiffement portugs du Saint-Sacrement, & puis fi long-temps. Ses forêts font toutes rem- qui la mit à portée former des liaisons fuivies plies de miel. Il n'y a peut-être pas fur le globe avec le Chili & le Pou, lui communiqua quelde meilleurs pâturages. La plupart de fes bois que mouvement. Le malheurs arrivés à l'efcadre font d'une qualité fupérieure. Il eft en particulier de Pizarre, chargé en 1740 de défendre la mer un arbre défigné par le nom de quebracho, qu'or du fud contre lesorces britanniques, augmenprétend approcher de la dureté, de la pefanteur tèrent fa populan & fon activité. L'une & de la durée du meilleur marbre, & qui, à cauf l'autre reçurent nouvel accroiffement des homde la difficulté des tranfports, eft vendu au P- mes entreprenar qui fe fixèrent dans cette contofi jufqu'à dix mille livres. La partie des A-trée, lorfque le cours de Madrid & de Lisbonne des qui eft de ce département, eft abondanteen or & en cuivre; on y a déja ouvert quelques mines.

Mais combien il faudroit de bras pour derander à ce vafte territoire les richeffes qu'il referme! Cependant ceux qui lui accordent le plus de population, ne la font pas monter à pls de cent mille habitans, efpagnols, indiens nègres. Ils font réunis dans fept bourgades dont Saint-Yago del Estero eft la principale, a diftribués fur des domaines épars, dont qilques uns ont plus de douze lieues d'étendt, & comptent jufqu'à quarante mille bêtes à ornes jufqu'à fix mille chevaux, fans compten autres troupeaux moins remarquables.

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La province, appellée spécialement Fraguay, eft beaucoup trop humide, à caufe deforêts, des lacs, des rivières qui la couvrent Auffi, abstraction faite des fameufes miffions même nom, qui font de fon reffort, n'y come-t-on que cinquante-fix mille habitans. Quati cents feulement font à l'Affomption, fa capital Deux autres bourgades, qui portent auffi le nn de ville, en ont moins encore. Quatorze peulades, conduites fur le même plan que celles de Gua

entreprirent defixer les limites trop long-temps incertaines deeur territoire. Enfin la guerre, qu'en 1776 sefirent les deux puiffances avec des troupes envojes d'Europe, acheva de donner une grande confiance à la colonie.

Maintenat les deux rives du fleuve, depuis l'Océan juf à Buenos-Aires, & depuis BuenosAires jufe à Santa - Fé, font ou couvertes de. nombreuxtroupeaux, ou affez bien cultivées. Le bled, le lais, les fruits, les légumes, tout ce qui compfe les befoins ordinaires de la vie, excepté levin & le bois, y croit dans une grande abondare.

Buens-Aires, chef-lieu de la province, réunit pluieurs avantages. La fituation en eft faine & agrable. On y refpire un air tempéré : elle eft régulierement bâtie. Ses rues font larges & formée; par des maifons extrêmement baffes, mais toues embellies par un jardin plus ou moins étendu. .es édifices publics & particuliers, qui étoient tous de terre il y a cinquante ans, ont acquis de la fo dité, des commodités même, depuis qu'on fait aire de la brique & faire de la chaux. Le nombe des habitans élève à trente mille. Une forterffe, gardée parune garnifon de fix à sept

cents hommes, défend un côté de la ville, & les eaux du fleuve environnent le refte de fon enceinte. Deux mille neuf cents quarante-trois miliciens efpagnols, indiens, nègre & mulâtres libres font toujours en état de fe jondre aux troupes régulières.

La place eft à foixante lieues de la mer. Les vaiffeaux y arrivent par un fleive qui manque de profondeur, qui eft femé d'ifes, d'écueils, de rochers, & où les tempêtes font beaucoup plus communes, beaucoup plus teribles que fur l'Océan. Ils font obligés de mouller tous les foirs à l'endroit où ils fe trouvent; & dans les jours les plus calmes, des pilotes es précèdent, la fonde à la main, pour leur ndiquer la route qu'ils doivent fuivre. Après aor furmonté ces difficultés, il faut qu'ils s'arrêent à trois lieues de la ville, qu'ils y débarquent leurs marchandifes dans des bâtimens léges, qu'ils aillent fe radouber & attendre leur crgaifon à l'Incenada de Barragan, fitué fept on huit lieues plus

bas.

C'est une espère de village formé par quelques cabanes conftruites avec du jac, couvertes de cuirs & difperfées fans ordre. On n'y trouve ni magafins, ni fubfiftances; & n'eft habité que par un petit nombre d'hommes indolens, dont on ne peut fe promettre prefqu'aucun fervice. L'embouchure d'une rivière, large de cinq à fix mille toifes, lui fert de port. Il n'y a que les navires qui ne tirent pas plus de douze pieds d'eau, qui puiffent y entrer. Ceux qui ont befoin de plus de profondeur, font réduits à fe réfu gier derrière une pointe voifine, où le mouillage eft heureusement plus incommode que dangereux.

Productions & commerce du Paraguay.

La plus riche production qui forte des trois provinces, c'eft l'herbe du Paraguay. L'Affomption donna d'abord de la célébrité à une production qui faifoit les délices des fauvages. L'exportation qu'elle en fit, lui procura des richeffes confidérables. Cette profpérité ne fut qu'un éclair. La ville perdit bientôt, dans le long trajet qu'il falloit faire, la plupart des indiens de fon territoire. Elle ne vit autour d'elle qu'un défert, & il lui fallut renoncer à cette unique fource de fon opulence.

A ce premier entrepôt fuccéda celui de VillaRica, qui s'étoit approché à trente-fix lieues de la production. Il fe réduifit peu à peu à rien, par la même raison qui avoit fait tomber celui dont il avoit pris la place.

Enfin, au commencement du fiècle, fut bâti Cunuguati, à cent lieues de l'Affomption & au pied des montagnes de Maracayu. C'est aujourd'hui le grand marché de l'herbe du Paraguay: mais il lui eft furvenu un concurrent qu'on ne devoit pas craindre.

Les guaranis, qui ne cueilloient d'abord de ce:te herbe que ce qu'il en falloit pour leur confommation, en ramaffèrent avec le temps pour en vendre. Cette occupation & la longueur du voyage les tenoient éloignés de leurs peuplades une grande partie de l'année. Pendant ce temps ils manquoient tous d'inftruction. Plufieurs périffoient par le changement de climat ou par la fatigue. Il y en avoit même qui, rebutés par ce travail, s'enfuyoient dans des déferts, où ils reprenoient leur premier genre de vie. D'ailleurs L'infuffifance de cet afyle fit bâtir en 1726, les miffions, privées de leurs défenfeurs, refquarante lieues au-deffous de Buenos-Aires, la toient expofées aux irruptions de l'ennemi. C'éville de Montevideo fur une baie qui a deux lieues toit beaucoup trop de maux. Pour y remédier de profondeur. Une citadelle bien entendue la les jéfuites tirèrent du Maracayu même des graidéferd du côté de terre, & des batteries judi- nes qu'ils femèrent dans la partie de leur terricieusement placées la protègent du côté du fleu-toire, qui approchoit le plus de celui dont elles ve. Malheureusement on ne trouve que quatre ou cinq braffes d'eau, & l'on eft réduit à s'échouer. Cette néceffité n'entraîne pas de grands inconvéniens pour les navires marchands: mais les vaiffeaux de guerre dépériffent vîte fur cette vafe, & s'y arquent très-facilement. Des navigateurs expérimentés, auxquels la nature a donné l'efprit d'obfervation, ont remarqué qu'avec peu de travail & de dépenfe on auroit pu faire au voifinage un des plus beaux ports du monde, dans la rivière de Sainte-Lucie. Pour y réuffir il ne falloit que creufer le banc de fable qui en rend l'entrée difficile. Il faudra bien que la cour de Madrid s'arrête, un peu plutôt, un peu plus tard, à ce parti, puifque Maldonado, qui faifoit tout fon efpoir, eft maintenant reconnu pour un des plus mauvais havres qu'il y ait au monde.

tiroient leur origine. Elles fe développèrent trèsrapidement, & ne dégénèrerent pas au moins d'une manière fenfible.

Le produit de ces plantations, joint à celui que le hafard donne feul ailleurs, cft fort confidérable. Une partie refte dans les trois provinces. Le Chili & le Pérou en confomment annuellement vingt-cinq mille quintaux, qui leur coûtent près de deux millions de livres.

Cette herbe, dans laquelle les espagnols & les autres habitans de l'Amérique méridionale trouvent tant d'agrément, & à laquelle ils attribuent un fi grand nombre de vertus, eft d'un ufage général dans cette partie du nouveau-Monde. On la jette, fechée & prefque en pouffière, dans une coupe avec du fucre, du jus de citron & des paftilles d'une odeur fort douce. L'eau bouillante, qui eft verfée par-deffus, doit être

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