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étoit affiégée; une multitude de corps francs (1) n'étoit pas difficile; il réuffit en Frife, on ne gardoient les frontières & 1 intérieur de la Hol-devoit pas s'y attendre; il réuffit en Zélande, lande : : cette dernière province où l'adminiftra- | malgré la fermeté de la ville de Ziriczée, & la tion ordinaire fe trouvoit fufpendue, avoit créé bonne volonté de celles de Vleffingue & de Terune commiffion, chargée avec des pouvoirs fort veere. Le penfionnaire Vanderfpiegel, fa créaétendus, de veiller à la défente de la province ture, trouva le moyen de faire paffer aux états & à la caufe publique. Sur ces entrefaites, la de fa province, tout ce qu'il crut être le plus princeffe d'Orange ayant entrepris de fe rendre à avantageux à fon illuftre patron; il réuffit enfin la Haye, la commiffion, qu'on appelloit la com- à Utrecht. La chûte des états de cette province miffion de Woerden, craignit avec raifon qu'au eft encore plus furprenante que celle de ceux point où en étoient les affaires, la préfence de cette de Frife, car les états d'Utrecht furent au con princeffe n'excitât une révolte à la Haye, qu'on mencement les plus ardens pour la caufe patrio avoit beaucoup de peine à contenit;elle l'arrêta dans tique, & ils invitèrent le peuple de leur petite fa marche, & lui défendit de fe rendre à la Haye: province à expofer fes griefs contre le réglement on la traita d'ailleurs avec les égards dus à fon de 1674; c'est celui donné par Guillaume III. fexe & à fon rang. La princeffe d'Orange fut La province d'Over-Iffel tint toujours ferme obligée de retourner à Nimegue mais ce mal- contre le ftadhouder; celle de Groningue ne heureux incident précipita les réfolutions de la lui fut pas plus favorable; mais la province de Cour de Berlin; car on ne doute pas qu'au défaut Hollande, après avoir chancelé, tomba un inf de ce prétexte, elle n'en eût imaginé d'autres tant du côté du prince; les patriotes armés de pour envoyer des troupes en Hollande, & y cette province la relevèrent en faveur de la opérer une révolution à main armée. Le grand bonne caufe, & gagnèrent une majorité fuffiFrédéric avoit vu naître les troubles; il en avoit fante aux états, pour y faire la loi à l'ordre fuivi les progrès; il avoit écrit plufieurs lettres équestre & aux députés des petites villes, qui, aux Provinces Unies; il avoit laiffé entrevoir des contre le vœu formel & bien connu des citoyens, menaces mais foit que la caufe ne lui parût pas votoient conftamment contre la fouveraineté de bonne, foit qu'à fon âge il aimât le repos, foit l'état, & contre la liberté du peuple ». qu'il craignît de rallumer la guerre en Europe foit que les circonftances ne lui fuffent pas favorables, il ne s'étoit point mêlé directement de la guerre. Son fucceffeur, moins circonípect ou plus heureux par les circonftances, fe plaignit de infulte faite à fa foeur. Il en demanda une réparation éclatante.

Nous ferons ici une remarque de l'auteur du Précis hiftorique de la révolution qui vient de s'opé rer en Hollande.

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» Le prince Stadhouder avoit trois moyens pour abattte le patriotifine & enchaîner les patriotes: celui de la fédition qui avoit toujours réuffi à fes prédéceffeurs pour gouverner l'état defpotiquement; il commença par l'employer mais ce moyen ne réuffit pas au gré de fes defirs, & les patriotes armés ont toujours diffipé les féditieux, quoique la plupart des magiftratures vouées au prince, n'aient jamais puni que foi blement ceux qui étoient pris en pleine révolte. Le prince effaya le moyen de la corruption dans les états provinciaux, pour en obtenir des réfolutions qui le remiffent dans l'exercice de fon autorité ufurpée; il réuffit en Gueldre, cela

cc

Quoique le prince eût pour lui, aux Etats Généraux, la majorité d'une voix tout au plus, il ne gagnoit rien: il falloit dompter la province de Hollande avec laquelle il avoit affaire particulièrement, & fans laquelle il ne pouvoit rien de décifif en faveur de fon ambition. Il fallut donc en venir au troifième moyen qui lui rel toit, celui de la violence & de la force ouverte. Ce parti fut réfolu à Nimègue, après la mort du grand Frédéric, de concert avec les états de Gueldre & les cabinets d'Angleterre & de Pruffc. Cependant avant d'en venir à cette extrémité, on réfolut de tenter encore un fou levement général de la populace; voici l'étrange moyen dont on fe fervit pour y réuffir».

"Madame la princeffe d'Orange fe chargea ouvertement du premier rôle pour faire agir cette populace au gré des defirs du parti ».

cc

Après avoir fait échouer la négociation d'un accommodement propofé par la cour de France à celle de Berlin, & entamée à la Haye, madame la princeffe annonça qu'elle fe chargeoit feule d'un accommodement & d'une réconciliation entre fon mari le ftadhouder, & les états de Hol lande ».

(1) Les corps francs armés fe multiplièrent & s'accrurent infenfiblement; ils fe font préparés pendant plus de quatre ans à foutenir leurs droits, les armes à la main : quelques-uns s'exercèrent paisiblement dans des prairies qu'ils louoient hors de leurs villes refpectives. Infenfiblement ces corps armés ont obtenu la fanction de leurs magiftratures refpectives; ils en ont reçu des marques éclatantes & publiques de fatisfaction. Toute l'Europe fait que les états des provinces patrioticues, & fur-tout que les états de Hollande les ont pris fous leur protection immédiate; que les confeils des fénateurs les ont encouragés, protégés, récompeafes même.

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Tout changea de face, & la force dicta des loix. La petite garnifon qui défendoit Utrecht abandonna la place; les corps francs & les troupes qui gardoient les frontières de la province de Hollande, fe replièrent & entrèrent à Amfterdam, dont on fortifia les lignes.

Une partie des états de Hollande fe retira à Amiterdam, ainfi que la commiffion de Woërden. Elle y tint fes affemblées, & concerta avec les partifans qui lui reftoient, les corps francs & le confeil d'Amfterdam, les moyens de fe défendre. Sur ces entrefaites, l'autre divifion des états qui étoit reftée à la Haye, abrogeoit toutes les réfolutions prifes contre le ftadhouder & la province d'Utrecht. Elle levoit la fufpenfion des charges prononcées contre le ftadhouder; le com mandement de la Haye lui étoit rendu ; la princeffe étoit invitée à revenir, la commiffion de Woerden anéantie, & on ordonnoit à la nation de prendre les cocardes Orange. A la prière de cette partie des Etats, le duc de Brunfwick

Voici donc comment on raifonna à Nimègue avant de tenter ce coup, l'un des plus habiles & des plus adroits en politique, dans un moment où il n'y avoit plus de tems à perdre pour porter une atteinte mortelle à la liberté nationale Madame la princeffe, dut-on dire, arrivera à la Haye fans obftacle, ou sera arrêtée fur le cordon & forcée de retrograder. Dans le premier cas, elle opérera feule la révolution, au moyen de la canaille qui fe foulevera en même tems dans toute la province, & dont il ne fera pas poffible d'arrêter la fureur, puifque les troupes font mal-intentionnées pour les états, & que celles qui paroiffent fidèles font occupées avec les corps francs armés, à Utrecht où au cordon de la Hollande. Dans le fecond cas, nous crierons à la violence, à l'infulte, à l'at tentat, & nous invoquerons l'affiftance du roi de Pruffe, qui, fur notre expofé, croira fon honneur intéreffé à venger l'affront fait à fa foeur. Il n'y a que ce feul moyen de finir, & de lever le camp de Zeitz, où nos troupes fe morfondent, & où elles jouent depuis long-confentit à ce que fes troupes n'entraffent point tems un trifte rôle». L'événement a prouvé qu'on avoit très bien raifonné à Nimègue, puifqu'en trompant le cabinet de Berlin, ou au moins fa majelté pruffienne, par un faux expofé, le parti ftathoudérien, qui étoit aux derniers abois, eft parvenu à fes fins, en ruinant le pays par les troupes pruffiennes, & en rétabliffant le defpotifme fur le trône.

à la Haye, & les Etats-Généraux ordonnèrent de recevoir les pruffiens dans toutes les villes de Hollande. Du moment où une partie des états de Hollande fe refugia à Amfterdam, tandis que le refte demeuroit à la Haye, tout fut perdu.

Amfterdam paroiffoit difpofée à foutenir un fiège: on avoit percé les digues autour des lignes : l'armée pruffienne, après de légers combats devant quelques villes qui refufoient d'ouvrir les portes, malgré les ordres des Etats-Généraux & ceux de la partie de Hollande qui demeuroit à la Haye, arriva près des lignes d'Amfterdam, où elle perdit beaucoup plus de monde qu'on ne l'a dit dans les gazettes (1). Cette ville ne pou

Le roi de Pruffe raffembla, en effet, une petite armée dans les duchés de Juliers & de Clèves. Les états de Hollande, ayant approuvé la conduite de la commiffion de Woerden, fe bornèrent à affurer nettement qu'ils n'avoient point voulu manquer aux égards dûs au rang & au fexe de la princeffe d'Orange. Ils prévinrent vant réfifter feule, & fans les forces de fes alles habitans de la néceffité prochaine d'une inondation partielle, au moment où des troupes étran- liés, à un ennemi fi puiffant, craignant pour fes richeffes, & nullement difpofée à ces actes de gères menaceroient la province d'une invafion; & promirent une indemnité à ceux des fujets défefpoir que l'hiftoire nous a montré fi fouvent en pareille occafion, fe mit à négocier avec le dont les terres feroient fubmergées. Gorcum & Neerden étant fuppofées les deux clefs de prince régnant de Brunswick, qui commandoit la province, au midi & au nord, on fongea des états de la province, qui fiégeoit encore à l'armée pruffienne. Les autres villes & la partie à les fortifier. Le commandement de la première la Haye, follicitoient la régence d'ouvrir les de ces places fut donné au baron de Capelle de Marfch, ci-devant commandant des gardes-terdam déclarèrent à la bourgeoifie que, pour portes : les bourgue-maîtres & le confeil d'Amfdu-corps du prince d'Orange, & celui de la feconde au général Van-Ryffel. Sur la demande faite à la coinmiflion de Woerden d'indiquer un commandant en chef, capable de fe fervir des. forces qui pourroient refter à la province, ce choix tomba fur le rhingrave de Salm.

Enfin, les pruffiens entrèrent en Hollande, au nombre d'environ vingt-cinq mille hommes. I

prévenir la ruine inévitable de cette ville, ils étoient forcés d'acquiefcer aux demandes des autres membres de la province, & même à la démiffion des nouveaux régens.

Les députés d'Amfterdam conférèrent avec les commiffaires des états de la Haye, qui alors prenoient déja toutes les réfolutions dictées par

(1) Il paroît que plus de 100 des foldats pruffiens y furent tués. con. polit. & diplomatique. Tom. III.

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le ftathouder: ils demandèrent, au nom des bourgeois armés, les articles fuivans.

ARTICLE PREMIER.

Que le peuple eût une influence convenable dans l'adminiftration.

I 1.

Que la milice bourgeoife confervât fes armes, comme elle les a toujours eues.

I I I.

ces difpofitions comme illégales & violentes, & qui ont enjoint de rétablir à cet égard tout dans fon premier état.

AU IV.

Qu'on pourroit l'accorder, conformément à la fatisfaction (convention par laquelle la ville d'Amfterdam s'eft jointe à la république contre les efpagnols), accordée à Amfterdam en 1578.

AU V.

Qu'on pourroit être facile à cet égard, pourvu que perfonne ne fût molefté, parce qu'il auroit

Que la régence actuelle & tous les employés porté la couleur orange. confervaffent leurs poftes refpectifs.

I V.

AU V I.

Relativement à cet article, les commiffaires

Que la ville reftât exempte de toute garnifon de leurs nobles & grandes puiffances ne fauroient & de tous quartiers.

V

Que l'on n'exigeât point la publication du placard concernant le port des cocardes oranges, &c. dans la ville d'Amfterdam; qu'afin de prévenir les excès qui en réfulteroient certainement, on ne fût pas obligé d'en porter.

V I.

Que toutes perfonnes du département civil ou militaire, qui s'étoient retirées en cette ville, ou dans les autres places qui fervent à couvrir Amfterdam, ou qui avoient été prifes en la pro tection de la ville, ne fuffent point inquiétées ou moleftées dans leurs perfonnes ni leurs biens, dans lequel nombre on devoit comprendre tous les membres.

Voici la réponse des commiffaires à ces articles.

RÉPONSE A L'ARTICLE I.

Qu'attendu qu'une commiffion d'état s'occupe du premier article, il faut en attendre le rapport.

AU I I.

Que toutes les milices-bourgeoifes autorifées par les loix pourroient conferver leurs armes, au cas qu'on le trouvât municipalement utiles.

AU III.

Qu'on ne pouvoit l'accorder comme étant contraire à la réfolution de leurs nobles & grandes puiffances qui, le 22 feptembre, ont défapprouvé

rien dire, attendu que cela appartient à la fatiffaction que fa majetté prufienne exigeroit pour fon alteffe royale.

Les pruffiens entrèrent enfin dans Amfterdam, au mois de feptembre 1787, & alors il ne fut plus queftion des ufurpations du ftathouder, des moyens de réduire à leurs juftes bornes les pou voirs de cet officier, de réformer les vices de l'adminiftration, de rendre aux états, aux régens, aux villes & au peuple les droits qu'ils avoient perdu chaque jour. Les trois ou quatre mois qui ont fuivi, ont été marqués par des opérations favorables au ftathoudérat & par l'abolition de tout ce qui avoit été fait durant les troubles en faveur de la caufe publique.

Les états de Hollande, auffi foumis alors qu'ils avoient été impétueux & ardens, publièrent le 22 du même mois des proclamations, Dans la première, ils annoncèrent à la nation la révolution qui venoit de s'effectuer, & leur defir de prévenir toutes démarches qui lui feroient contraires. Leur ton étoit bien différent de celui des réfolutions précédentes.

«C'eft à ces caufes, difoient-ils, que nous voulons exhorter férieufement par les préfentes tous & chacun, de quelque état, rang & condition qu'ils puiffent être en cette province, particuliérement ceux qui pourroient encore s'y trouver revêtus de la qualité de commiffaires pour la direction ou la défenfe de quelque ville ou place, ou qui pourroient fe l'arroger, à titre de quelques fociétés d'exercice qui y auroient exifté, & de toutes lesquelles nous avons ordonné la diffolution par notre réfolution du 20 de ce mois, en leur retirant notre protection, ou à quelque autre titre que ce foit, & qui, en vertu de cette prétendue qualité ou influence, tâcheroient d'empê

cher les régences de quelques villes de fe joindre aux réfolutions que nous avons prifes actuellement pour fauver la patrie, ou les forceroient à s'opposer à l'entrée des troupes pruffiennes, comme fi elles étoient ennemies, ou qui tâcheroient, foit en perçant des digues ou en employant d'autres moyens de défenfe, non feulement de ruiner d'une manière irréparable les bons habitans du pays dans leurs poffeffions, mais auffi de provoquer inévitablement par là à des hoftilités ces troupes; quoique venues à toute autre fin dans cette province, & certainement point dans des vues hoftiles, & d'expofer ainfi ces habitans, dans leurs perfonnes & leurs familles, à la fureur de quelques milliers de gens de guerre, aigris par une réfiftance infructueufe, & par conféquent aux fuites les plus terribles; & nous avertiffons férieufement lefdites perfonnes de fe défifter de leurs machinations fi pernicieuses pour le pays, attendu que nous déclarons que tous & chacun, quels qu'ils foient, qui coopéreroient de confei! ou de fait, ou aideroient à porter ultérieurement quelque atteinte à la conftitution légale & anciennement établie, ou qui voudroient traverser le rétabliffement de ladite tranquillité, union & harmonie dans cette province, nous les tiendrons pour ennemis de la vraie profpérité du pays & pour perturbateurs du repos public, contre lefquels nous voulons qu'il foit procédé comme tels de la manière la plus rigoureufe, & qu'ils foient punis comme tels, fuivant l'exigence des cas ».

La feconde proclamation étoit de la teneur fuivante.

«Les états de Hollande & de Weft-Frife, à tous ceux qui ces préfentes verront ou entendront lire, falut favoir faifons, que pour de bonnes raifons, à ce nous mouvantes, nous avons jugé à propos d'ordonner à tous les commandans des villes & places refpectives en cette province, à l'apparition des troupes pruffiennes & en cas d'attaque, de ne point faire de réfiftance, & de ne respecter aucuns ordres de la commiffion de défenfe que nous avons démife, ou de qui que ce foit, à peine de caffation. Et, afin que chacun puiffe en avoir connoiffance, nous ordonnons & nous enjoignons que la préfente foit publiée dans les villes refpectives de la province, ainfi que dans les endroits où il y a des troupes, & affichée par tout où il convient & ce faire eft d'ufage ».

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Les états de Hollande rétablirent tous les-officiers qui avoient été démis précédemment, & caffèrent à jamais ceux qui avoient défobéi à leurs ordres dans le temps.

Une commiffion des états de Hollande s'étoit rendue auprès de la princeffe d'Orange, pour s'informer de la fatisfaction qu'elle exigeoit fur les empêchemens mis à fon voyage à la Haye; & fon alteffe royale ayant requis l'éloignement de MM. Camerling, confeiller de Harlem; Blok, échevin de Leyde; de Witt, échevin d'Amfterdam; Van-Toulon, confeiller de Gouda; VanForeeft, confeiller d'Alckmaar; Cofterus, fecrètaire de la commiffion de Woerden; de Lange, confeiller de Gouda; de Gyfelaar, penfionnaire de Dordrecht; Van Zeeberg & Van de Kafteele, penfionnaires de Harlem; Van Berkel & Wifcher, penfionnaires d'Amfterdam; de Kempe-. naer, confeiller d'Alckmaar; en outre, de MM. Van Leyden, Abbema, Hovy le jeune & Bicker, confeillers d'Amfterdam, & membres de la commiffion de défenfe de cette ville.

Les états de Hollande réfolurent le 11 octobre de démettre pour toujours, de toutes charges du gouvernement, les perfonnes défignées par la princeffe d'Orange. On en donna avis aux régences de Dordrecht, Harlem, Leyde, Amfterdam, Gouda & Alcmaër, où fiégeoient ces magiltrats deftitués, de même qu'à la régence de Voerden, à l'égard de M. Cofterus qui avoit fait les fonctions de fecrétaire de la commiffion de défenfe, & dont le ftathouder demandoit auffi la démiffion.

On propofa d'abord & on réfolut enfuite, 1o. d'autorifer le ftathouder à licencier tous les corps levés à la folde particulière de la province de Hollande, & à la délivrer de ce fardeau : 2o. de prendre au plutôt à la folde & au fervice de la république, pour un terme limité, quelques régimens de troupes du landgrave de HefeCaffel, ou d'autres princes d'Allemagne. Bientôt après, tout le monde fe conforma unanimement & fans aucunes réferves, aux réfolutions des états de Hollande, qui avoient pour objet l'entier rétabliffement du prince ftathouder, dans fes charges & dignités, la liberté de prendre la couleur orange, la caffation des fociétés armées, & la deftitution des régens que les bourgeoifies avoient mis en place dans le courant de l'année, en divers lieux. Les bourg-meftres Beels & Dedel, & les autres régens d'Amfterdam, dépofés quelques mois auparavant, furent rétablis & fié

Fait à la Haye fous le petit-fceau du pays, le gèrent au confeil. 22 feptembre 1787.

Le prince ftathouder affifta le 25 à l'affemblée des Etats-Généraux, où il fut complimenté. Leurs alteffes la furent également par la plupart des miniftres étrangers, par les divers collèges d'état, les putés des villes, &c..

Au milieu de toutes ces réfolutions des états de Hollande, confirmées par les Etats-Généraux lorfqu'elles avoient befoin de l'être, on en voit une relative au rhingrave de Salm qui avoit évacué Utrecht à l'approche des troupes pruffiennes, laquelle n'est pas trop d'accord avec ce qui avoit précédé, & avec ce qui fuivit; les états de

Hollande arrêtèrent, fur la propofition des dé- préfente, de manière qu'on ne puiffe jamais in-
putés de Dordrecht, de caffer le rhingrave de duire contre le fentiment de L. N. & G. P.
Salm de toutes les charges militaires, & de le quelque doute touchant la pureté des intentions
faire pourfuivre criminellement pour crime de dé- de S. A. S. & de fa fidélité éprouvées envers
fertion. Les Etats- Généraux confirmèrent cette le pays; & afin que cela paroiife en effet, en
réfolution, & défendirent de recevoir le rhin- faifant la lecture même defdites réfolutions,
grave dans aucune de leurs colonies, & arrêtè- comme auffi des notules infcrites dans les regiftres,
rent d'écrire à leurs miniftres à Hambourg & en il fera noté a côté de chaque réfolution ou dif
Danemarck, de demander la faifie de cet offi-pofition, & à la fuite de ce qui eft noté en
cier, en cas qu'il voulût s'embarquer pour l'une
des poffeffions de l'état dans l'Inde ou en Ainé-
rique.
La fatisfaction donnée au ftathouder & fa réin-fances, prife aujourd'hui ».
tégration furent complettes ; car le 28 feptembre
les états de Hollande prirent la réfolution fui-

yante :

« Les requêtes, remontrances, déclaratoires
& mémoires préfentés & remis à cette affemblée
pendant le cours des dernières annees, & par
lefquels l'on taxe, d'une manière fi indecente &
fi injurieufe, l'honneur, la conduite & les inten
tions de S. A. S. doivent leur origine à l'esprit
de parti qui a eu lieu dans cette province, aux
écrits calomnieux qui ont paru en fi grand nombre,
& avec une licence effrénée, fans que la juftice
ait eu fuffisamment le pouvoir de les réprimer,
& qui ont donné lieu à une tyrannie exceffive de
la part des corps francs, des bourgecifies parti-
culières & des fociétés des villes & du plat pays,
aux excitations de toute espèce & à des entre-
prifes inquies & arbitraires, qui ont contraint les
régens de prefque toutes les villes, de concourir
à ces réfolutions; en outre toutes les accufa-
tions & les imputations flétriffantes, alléguées
dans lefdites requêtes, remontrances, déclara-
toires & mémoires, paroiffent deftituées de fon-
dement, & ne doivent leur existence qu'à l'irri-
tation malheureufe de perfonnes très-iral inten-
tionnées, mal inftruites ou abufées. Il faut auffi
attribuer la foi ou l'approbation plus ou moins
nomologuée qu'y ont ajouté quelques membres de
l'affemblée, malgré le fentiment & la proteftation
de quelques autres, aux fuites des temps de
faction; mais leurs nobles & grandes puif-
fances, entierement perfuadées de la pureté des
intentions de S. A. S. & ayant une confiance en-
tière à fes intentions patriotiques & à fon zèle
bien intentionné pour les vrais intérêts de cette
province, ne peuvent & ne doivent confidérer
l'acceptation defidites requêtes & adreffes, & les
réfolutions qui ont eu lieu à cet égard, que
comme les effets de contrainte à bras armé
qu'exerçoient lefdites fociétés & bourgeoisies nou-
velles, & qui a obligé les régens des villes à les

approuver »

« Il a été trouvé bon & arrêté que toutes ces
réfolutions feront abrogées, rendues nulles &
mifes hors d'effet, comme cela fe fait par la

marge qu'elies font abrogies, annuliées & mifes
entiérement hors d'effet & de conféquence, en vertu
de cette réjolution de leurs nobles & grandes puif-

« Le tout cependant fauf toutes les pourfuires
que la justice du fouverain exige, contre les
auteurs de ces menaces violentes, injuftes &
criminelles, & les excès commis. Et enfin qu'on
priera M. le confeiller pentionnaire, comme cela
fe fait par la préfente, de communiquer en
perfonne cette réfolution de L. N. & G. P. à
3. A. S. & de lui déclarer en leur nom,
que L.N.
& G. P. verront avec planir 5. A. S. affifter de
temps en temps, dans ces jours facheux, aux
délibérations de L. N. & G. P. pour le prompt
avancement du repos, pour la fûretc de la conf-
titution & le rétabliffenient de la confiance gé
nérale ".

Et, de peur que les puiffances étrangères ne
vouluffent intervenir au milieu de cette révolu-
tion, le 21 du même mois les états de Hollande
avoient pris une autre réfolution, dont voici la te-

neur.

« Sur la propofition de meffieurs les députés
de la ville de Dordrecht, ayant été pris en con
fidération qu'attendu que, dans les préfentes cir-
conftances & la conjoncture heureufe des affaires,
les caufes & les motifs fur lefquels étoit fondée
la réfolution de L. N. & Gr. P. du 10 feptem-
bre, contenant les inftances les plus preflantes
près de la cour de France, pour fecourir, pat
des forces militaires fuffifantes, cette province
contre l'approche des troupes prufiiernes, font
venus à ceffer; & confidéré la néceflité la plus
extrême & la plus urgente, ainfi que les égards
dus à cette cour, il a été trouvé bon & arrété
qu'encore aujourd'hui Mrs les ambaffadeurs de
cet état en France feront requis, en leur envoyant
par exprès, extrait de la préfente réfolution, d'in-
former S. M. le roi de France, que les différends
entre cette province & M. le ftathouder-hérédi
taire ont été heureufement terminés, & que fon
alteffe royale va auffi s'arranger avec la cour de
Pruffe; qu'ainfi, comme il n'y a plus ici d'en-
nemis, la réfolution du 10 feptembre a cele
d'avoir effet que leurs nobles & grandes puif-
fances fe font cru dans l'obligation d'en donner
le plus promptement poflible avis à fa majelté

:

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