CHŒUR. Allons tous au devant de ces divinitez, Et rendons par nos chants hommage à leurs beautez. UN TRITON. Quel noble spectacle s'avance! Neptune le grand dieu, Neptune avec sa cour De son auguste presence. Redoublons nos concerts, Et faisons retentir dans le vague Nostre réjouissance. des airs POUR LE ROY, representant NEPTUNE. Le Ciel, entre les dieux les plus considerez, Rien n'en peut arrester le fier débordement, Molière. VI. 29 On trouve des écueils par fois dans mes Etats, L'empire où nous vivons est fertile en tresors, Pour le Marquis DE VILLEROY, representant Sur la foy de ce dieu de l'empire flottant, Mais le NEPTUNE est constant. Pour le Marquis DE RASSENT, representant Voguez sur cette mer d'un zele inébranlable; I SCENE PREMIERE. SOSTRATE, CLITIDAS. CLITIDAS, [à part]. L est attaché à ses pensées. SOSTRATE, [se croyant seul]. Non, Sostrate, je ne voy rien où tu puisses avoir recours, et tes maux sont d'une nature à ne te laisser nulle esperance d'en sortir. Il raisonne tout seul. Helas! SOSTRATE, [se croyant seul. CLITIDAS, à part]. Voila des soûpirs qui veulent dire quelque chose, et ma conjecture se trouvera veritable. SOSTRATE, [se croyant seul]. Sur quelles chimeres, dy-moy, pourrois-tu bâtir quelque espoir, et que peux-tu envisager que l'affreuse longueur d'une vie mal-heureuse et des ennuis à ne finir que par la mort? CLITIDAS, [à part]. Cette teste-là est plus embarrassée que la mienne. SOSTRATE, [se croyant seul] Ah! mon cœur, ah! mon cœur, où m'avez-vous jetté? Mais vous, plûtost, que faites-vous icy, et quelle secrete mélancholie, quelle humeur sombre, s'il vous plaist, vous peut retenir dans ces bois, tandis que tout le monde a couru en foule à la magnificence de la feste dont l'amour du prince Iphicrate vient de regaler sur la mer la promenade des princesses, tandis qu'elles y ont receu des cadeaux merveilleux de musique et de dance, et qu'on a veu les rochers et les ondes se parer de divinitez pour faire honneur à leurs attraits? Sostrate. Je me figure assez, sans la voir, cette magnifi cence, et tant de gens, d'ordinaire, s'empressent à porter de la confusion dans ces sortes de festes que j'ay crû à propos de ne pas augmenter le nombre des importuns. CLITIDAS. Vous sçavez que vostre presence ne gaste jamais rien, et que vous n'estes point de trop en quelque lieu que vous soyez. Vostre visage est bien venu par tout, et il n'a garde d'estre de ces visages disgraciez qui ne sont jamais bien receus des regards souverains. Vous estes également bien auprés des deux princesses, et la mere et la fille vous font assez connoistre l'estime qu'elles font de vous pour n'apprehender pas de fatiguer leurs yeux; et ce n'est pas cette crainte, enfin, qui vous a retenu. SOSTRATE. J'avoue que je n'ay pas naturellement grande curiosité pour ces sortes de choses CLITIDAS. Mon Dieu, quand on n'auroit nulle curiosité pour les choses, on en a toûjours pour aller où l'on trouve tout le monde; et, quoy que vous puissiez dire, on ne demeure point tout seul, pendant une feste, à resver parmy des arbres comme vous faites, à moins d'avoir en teste quelque chose qui embarasse. Ouais! je ne sçay d'où cela vient, mais il sent |