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MÉMOIRES

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Lorsqu'au printemps, sous l'influence d'un sol fertile et d'une température douce, certaines plantes herbacées acquièrent un développement vigoureux, elles s'inclinent souvent sous leur propre poids, surtout si la saison est humide. Si cette inclinaison dépasse certaines limites et qu'elle approche de l'horizontale, on dit que la plante a versé.

La verse peut être spontanée, c'est-à-dire avoir lieu sous le propre poids des plantes, sans l'intervention des pluies ou du vent, qui déterminent le plus souvent cette calamité de l'agriculture intensive.

La verse peut être accidentelle, c'est-à-dire être le résultat d'une pluie plus ou moins abondante, qui vient augmenter momentanément le poids de la plante, ou d'un coup de vent comme il n'en règne que trop souvent pendant les orages, qui ajoute l'effet de sa pression au poids de la plante surchargée déjà par la pluie et par sa luxuriante végétation.

Les effets de la verse peuvent être plus ou moins désastreux, suivant l'époque à laquelle elle a lieu, et suivant que la courbure de la tige est plus ou moins brusque, et par suite gêne plus ou moins la circulation de la sève dans la plante.

Les végétaux cultivés qui sont le plus exposés à la verse appartiennent ordinairement aux deux grandes familles botaniques des légumineuses et des graminées.

Il suffit de citer, parmi les premières, les pois, vesces, trèfle, sainfoin, luzerne, et parmi les graminées, les prairies naturelles et la plupart de nos céréales, pour donner en quelques mots une idée de l'importance de la question qui nous occupe.

Avant de nous demander quelles peuvent être les causes de la verse, et s'il existe quelque moyen de la prévenir ou d'en atténuer les effets, il ne sera pas hors de propos de faire une revue sommaire des principaux points de la question.

Peut-on attribuer, d'une manière générale, la verse spontanée à une insuffisance des substances minérales dans les plantes, et faire jouer à ces substances un rôle analogue à celui que joue la substance des os dans les animaux vertébrés ?

S'il en était ainsi, les végétaux qui résistent le mieux à la verse devraient être riches en substances minérales. Or, s'il est un fait bien établi, c'est que les arbres et les arbustes, qui ne versent pas, sont généralement moins riches en substances minérales et donnent beaucoup moins de cendres par kilogramme de matière brute et sèche, que les plantes herbacées qui redoutent la verse.

La tige grêle et relativement très-longue de plu

sieurs de nos légumineuses cultivées (vesces, pois, etc.) ne leur permet guère de se tenir debout; aussi plusieurs d'entre elles sont-elles, comme les pois, munies de vrilles destinées par la nature à leur permettre de s'attacher à d'autres plantes plus rigides, que nous remplaçons souvent par des rames. D'autres, comme le haricot, enroulent naturellement leurs tiges autour d'autres plantes, et sont souvent soutenues par des rames, lorsque leurs tiges ont de grandes dimensions. D'autres, enfin, comme le trèfle, le sainfoin et la luzerne, subissent le sort des graminées de nos prairies naturelles ou de nos céréales communes (blé, seigle, avoine, etc.).

On demande actuellement tant de choses à la chimie, que nous ne devons pas être étonnés qu'on ait essayé, cette fois encore, de lui faire quelques emprunts au profit de l'agriculture, pour tâcher d'expliquer les causes de la verse en général, et surtout de la verse des céréales qui constituent l'une des bases fondamentales de l'alimentation des peuples civilisés.

Après avoir accusé successivement, ou même simultanément, le sol, les engrais employés ou la nature propre de la variété cultivée, on a reconnu qu'il existe, dans les cendres de la paille des céréales, une proportion considérable de silice. Habitué qu'on est à penser que la nature n'a rien fait d'inutile, on a fait divers rapprochements. On a reconnu d'abord que la silice donne de la dureté et de la rigidité aux substances ou aux organes végétaux qui en contiennent en proportions un peu considérables (1). En compa

(1) C'est particulièrement dans la cuticule ou dans les couches

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