Images de page
PDF
ePub

qu'on célèbre un festin somptueux : je veux que la joie et l'alégresse n'aient point de bornes: Gaudium erit. »

La conversion du pécheur est la solennité du ciel et de la terre, une solennité que célèbrent les Anges et les justes. (Ibid. 7.)

• Mais il me tarde de contempler plus directement et de plus près celui à qui on vient de faire entendre ces paroles consolantes : Je vous absous de vos péchés. Quelle joie l'enivre! Quel inexprimable contentement s'est emparé de son ame!

Comme un criminel dont on a rompu les fers ne peut exprimer ses transports; comme un homme qui était chargé d'un poids accablant marche avec aisance et gaieté quand on soulage ses épaules du fardeau sous lequel il gémissait; comme l'oiseau qui s'échappe du filet prend un joyeux essor et annonce sa libération par un chant d'alégresse (Ps. cxx11, 6), ainsi le nouveau juste, plein d'une grâce toute récente, transporté et ravi, est enfin rendu à la liberté ; il l'est au bonheur.

Comme après une longue séparation d'une famille qui nous est chère, on se livre en se revoyant et se réunissant enfin, on se livre avec ardeur à des embrassemens qui étouffent la voix et ne laissent parler qu'un silencieux amour; ou plutôt comme un fils qui avait encouru la disgrace de son père et ne pouvait

s'en consoler, goûte une satisfaction indicible, quand non seulement on lui accorde son pardon, mais qu'on lui prodigue les marques les plus touchantes de la tendresse paternelle, tel, tel encore le pécheur qui a cessé de l'être.

O changement heureux! L'inquiétude n'est plus c'est la paix qui lui succède. Les remords ont disparu : un contentement pur et divin se répand dans l'ame. C'est un bienêtre moral dont on ne se pouvait former une idée; c'est une sérénité de conscience mille fois préférable aux richesses vaines et aux plaisirs trompeurs d'une vie caduque et périssable. Que dis-je? Ah! c'est le seul trésor réel, le seul plaisir qui dure...

Votre proie enfin vous est ravie. Fuyez, esprit impur, fuyez à jamais. (Matth. iv.) Respectez ici malgré vous l'innocence et la sainteté. Dieu puissant, ce chrétien réparé que la piété pénètre, c'est votre ouvrage ; Christ, c'est le prix de votre sang; Esprit divin, c'est votre temple et votre sanctuaire. (1 Cor. v1, 19.) Intelligences célestes, unissez vos cantiques d'actions de grâces et vos transports à ceux de ce juste fortuné. Encore quelques instans, il va recevoir au pied des saints Autels le gage du salut; elle est marquée d'avance la place que Dieu lui destine dans le plus heureux séjour. (Joan. xiv, 2.)

Voilà les sentimens du ciel et de la terre; voilà ceux du chrétien réconcilié; voilà les effets de son saint et nouvel état. Je ne sais plus qu'ajouter.

Mais pour mieux vous faire concevoir le prix et l'importance de l'effusion du sang de J.-C., de l'application de ses mérites attachée aux paroles sacramentelles : Ego te absolvo, laissez-moi, mes chers frères, vous offrir encore le contraste de l'ennemi de Dieu et de son plus tendre ami. Ces dernières paroles, le Sauveur les justifie ainsi : Vos autem dixi amicos. (Joan. xv.) Laissez-moi vous rappeler des réflexions déjà mille fois proposées...

Le péché est funeste, affreux..... C'est un fiel infect, c'est un levain d'amertume qui empoisonne nos joies et qui corrompt tous nos plaisirs ; c'est une blessure qui se rouvre sans cesse et nous livre à de nouvelles douleurs; c'est une épine déchirante qui à chaque instant nous fait sentir de mortelles atteintes... Quelle tristesse profonde dans l'ame d'un coupable! Quel découragement et quelle lassitude! (Rom. 11.) Ce sont nos fautes et nos désordres qui nous rendent accablantes les autres peines de la vie...

Mais quand on vit de Dieu, en Dieu, pour Dieu, quand on s'abyme en Dieu, en Dieu, lorsqu'on est fort du témoignage de sa conscience, lorsqu'on jouit des délices toujours renaissantes

de la vertu et que le Seigneur habite au milieu de nous, les peines disparaissent en quelque sorte: on envisage avec sérénité tous les revers; on y voit des épreuves, et pour parler le langage de la foi, des grâces, des bienfaits. L'ame alors les soutient avec courage, avec mérite, avec consolation, avec espoir.

Que je plains ceux d'entre vous, chrétiens, qui, de propos délibéré et par un systême suivi, multiplient leurs offenses, s'attachant au siècle et à ses pompes, se laissant entraîner au délire de leurs passions et de leur orgueil, se refusant au bain salutaire de la pénitence, et rejetant la grâce de la réconciliation!..... Ils n'ont ni le bonheur présent, ni n'auront le bonheur à venir. Que leur vie est peu honorable! que leur fin sera terrible! Mais que fais-je? J'avais autrement commencé ! Rentrons dans l'ordre des idées consolantes..................

:

Je vous chéris, je vous vénère, vous que j'ai rendus à la grâce. Vous voilà puissans au Ciel votre pasteur se recommande à vous. Que le Ciel vous bénisse de plus en plus comme je vous bénis, et qu'il vous protège; que votre justice persévère et surabonde (Matth. v, 20): croissez de vertu en vertu jusqu'au jour désiré de la récompense. ( Ps. LXXXIII.) Ainsi soit-il.

QUINZIÈME DISCOURS.

SUITE DU SACREMENT DE PÉNITENCE.

SUR LA STABILITÉ DE LA JUSTICE.

Stabiles estote et immobiles.

Demeurez fermes et inébranlables. (1 Cor. c. xv, v. 58.)

QUE sert-il, chrétiens, de bien commencer, si l'on ne continue pas, si l'on n'achève pas?.. La persévérance couronne l'œuvre... (Matth. x, 22.) Erreur d'un grand nombre de fidèles qui admettent une alternative malheureuse et fréquente de réconciliations et de rechutes... Erreur des protestans qui soutiennent l'inamissibilité de la justice. Doctrine désespérante. Sage milieu à garder.

Établissons ici les vrais principes. Combien il est nécessaire de persévérer; et certes la justice chrétienne considérée en elle-même est un état stable et permanent: Stabiles estote; 1re partie. Combien il serait malheureux de ne persévérer pas ; et certes la rechute entraîne les suites les plus funestes : seconde partie de ce discours.

« PrécédentContinuer »