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d'une noblesse utérine, entre autres, celles de Gérard de Langres, et d'Anne Musnier, sa femme, qui avaient obtenu des priviléges d'exception de toutes charges publiques, des Comtes de Champagne Henri et Thibaut, en 1175 et 1198, pour raison de services importans à eux rendus; les descendans de ce Gérard de Langres, tant mâles que femelles, prétendirent aux priviléges de la noblesse, et en outre que les femmes de la lignée anoblissaient et leurs enfans et leurs maris. Ces intentions étaient soutenues en 1422, 1441, et 1486, par les familles Marcou, le Tartrier, Constant, de Bury, de La Salle, Le Gras, Chassin, Dramard, Baillot, Perresin et Girardin.

Les familles du Bosc, en Normandie, de Compain, à Orléans, de Danneau, dit Goujon, dans la province de Thiérache, d'Eudas-le-Maine, dit Chalo-SaintMars, à Étampes, jouirent aussi des droits d'une noblesse utérine, qui ne laissa pas, cependant, à des époques postérieures, d'être contestée, et réduite seulement à des exemptions d'impôts.

Cette prétention de noblesse utérine pourrait encore être soutenue par une infinité d'autres familles, car plusieurs de nos Rois, dans le quatrième siècle, en accordant des lettres-patentes d'anoblissement, y faisaient insérer cette clause, en parlant de l'anobli: avec sa postérité, née et à naître, mâles et femelles.

CHAPITRE XLIV.

DE DIVERSES AUTRES SORTES DE NOBLESSE.

Les diverses sortes de noblesse dont j'ai traité dans le cours de cet ouvrage, sont celles qui étaient le plus universellement reconnues comme ayant été instituées par les usages, lois et ordonnances; mais plusieurs écrivains et jurisconsultes très-estimés en ont établi d'une autre nature, que je ne crois pas inutile de signaler ici.

NOBLESSE ACCIDENTELLE, POLITIQUE OU CIVILE. C'était celle qui provenait de quelque office ou emploi qui anoblissait celui qui en était revêtu.

NOBLESSE ACTUELLE. C'était celle qui était déjà pleinement acquise, à la différence de la noblesse graduelle, qui ne s'acquérait qu'après un certain temps de service, ou après un certain nombre de degrés; par exemple, quand le père et le fils avaient rempli successivement, jusqu'à leur mort, ou pendant vingt ans chacun, une charge qui donnait commencement à la noblesse, les petits-enfans étaient alors pleinement nobles.

NOBLESSE D'ADOPTION. On appelait ainsi l'état de celui qui entrait dans une famille noble ou qui en était institué héritier, à la charge d'en porter le nom et les

armes. Cette espèce de noblesse n'en avait que le nom, et n'en produisait point les effets; car celui qui prenait ainsi le nom et les armes d'une autre famille que la sienne ne jouissait aucunement des titres et priviléges de la noblesse, s'il ne les avait déjà d'ailleurs.

NOBLESSE ARCHÈRE OU DES FRANCS-ARCHERS. Charles VII institua, le 28 avril 1448, la milice des francsarchers; c'étaient des hommes choisis dans les paroisses parmi ceux qui étaient robustes et en état de faire la guerre. Ils furent exempts de payer tous subsides; leurs chefs, à raison de cette exemption, se prétendirent nobles; c'est ce qu'on appela noblesse archère. Ce corps fut établi en 1481, par Louis XI; mais Henri III, en formant ses compagnies d'ordonnances, en 1579, s'exprime ainsi, à l'occasion de ses archers:

Nul ne pourra être gendarme qu'il n'ait été archer « ou chevau-léger un an continuel, ni être archer qu'il « ne soit noble de race. » (Art. 289 de l'édit.)

Ainsi, depuis 1579, ceux qui furent admis dans la garde du Roi, en qualité d'archer, étaient nobles d'extraction; et ne doivent pas être confondus avec les archers de Charles VII.

NOBLESSE CIVILE. On appelait ainsi toute noblesse qui dérivait des emplois de l'ordre civil, en opposition de la uoblesse militaire, qui provenait de la profession des armes.

Noblesse de CLOCHE. Voyez Noblesse municipale, page 477.

NOBLESSE COMMENCÉE. C'était celle dont le temps. et les degrés nécessaires n'étaient pas encore remplis,

comme ils devaient l'être aux termes des ordonnances, pour former une noblesse acquise.

NOBLESSE COMMENSALE, était celle qui provenait de certains offices des commensaux de la maison du Roi, de la Reine et des Princes de la Famille.

NOBLESSE COUTUMIÈRE. C'était celle qui, selon les coutumes des anciennes provinces, provenait de la mère noble; on l'appelait aussi noblesse utérine.

NOBLESSE (DEMI-). On donnait quelquefois cette dénomination à la noblesse personnelle de certains officiers, parce qu'elle n'était point transmissible à leurs enfans et descendans.

NOBLESSE DE DIGNITÉ, était celle qui provenait de quelque haute dignité, soit féodale, soit personnelle; comme les Grands-Officiers de la Couronne, ou des Cours souveraines.

NOBLESSE DORMANTE OU QUI DORT. C'était celle dont la jouissance était suspendue à cause de quelque acte dérogeant. C'était un privilége particulier aux nobles de la province de Bretagne; les nobles qui faisaient trafic de marchandises et usaient de bourse commune, contribuaient pendant ce temps aux tailles, aides et subventions roturières, et les biens acquis pendant ce temps, se partageaient également pour la première fois, encore que ce fussent des biens nobles; il leur était libre de reprendre leur noblesse et ses priviléges, toutes et quantes fois que bon leur semblait, en laissant leur trafic et leur usage de bourse commune, et en faisant leur déclaration, devant le plus prochain juge royal de leur domicile. Cette déclaration devait être insinuée au greffe, et notifiée aux marguilliers de la paroisse,

moyennant quoi le noble reprenait sa noblesse, pourvu qu'il vécût noblement; et les acquêts nobles, faits par lui depuis cette déclaration, se partageaient noblement. La noblesse qui dort n'est qu'en suspens: dormit sed non extinguitur.

NOBLESSE EMPRUNTÉE. Elle provenait de ce qu'un parent, qui avait été anobli, prêtait sa charte d'anoblissement à un autre qui descendait d'une lignée dont le chef n'avait point été anobli, afin de le mettre en état de jouir, lui et ses descendans, des priviléges de la noblesse, et de se trouver ainsi à couvert de la recherche des francs-fiefs, de la taille et des amendes prononcées contre les usurpateurs.

NOBLESSE GRADUELLE. C'était celle qui n'était acquise aux descendans d'un anobli par charge, qu'autant que le père et le fils avaient rempli successivement une charge qui donnait commencement à la noblesse.

En France, la plupart des offices des Cours souveraines ne donnaient qu'une noblesse graduelle, c'est-àdire, qu'elle n'était acquise à la postérité, que quand le père et le fils avaient rempli successivement un de ces offices; c'est ce qu'on appelait : patre et avo consulibus.

Celui qui était pourvu d'un de ces offices ne jouissait des priviléges de noblesse que du jour qu'il était reçu et qu'il avait prêté serment.

Pour que l'officier transmît la noblesse à ses enfans, il fallait qu'il décédât revêtu de l'office, ou qu'il l'eût exercé pendant vingt ans, et qu'au bout de ce temps il eût obtenu des lettres de vétérance.

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