nique ; d'avoir donné cours à des principes subversifs de toute subordination sociale, et, par là même, du repos et de la félicité des nations, et de chercher à répandre en d'autres pays, par la propagation de ces principes, les germes de la licence et de l'anarchie qui ont bouleversé la France; d'avoir toléré, accueilli, débité même les discours et les écrits les plus outrageants contre la personne sacrée et l'autorité légale des souverains; ceux qui se sont emparés des rênes de l'administration française ont enfin comblé la mesure en faisant déclarer une guerre injuste à S. M. le roi de Hongrie et de Bohême, et suivre immédiatement cette déclaration des hostilités effectives commises contre les provinces belges de ce monarque. L'empire germanique, dont les Pays-Bas autrichiens font partie comme cercle de Bourgogne, s'est trouvé nécessairement compris dans cette agression ; mais d'autres faits encore n'ont que trop justifié la crainte des invasions hostiles, que les préparatifs menaçants des Français aux frontières avaient depuis longtemps fait naître en Allemagne. Les terres de l'évêché de Bâle, partie incontestable de l'empire, ont été occupées par un détache-ment de l'armée française et se trouvent encore en son pouvoir et à sa discrétion. Des incursions des troupes de la même nation ou des corps des rebelles rassemblés sous leurs auspices ont désolé le pays de Liége. Il est à prévoir avec certitude qu'aussitôt que les convenances de la guerre paraîtraient le conseiller, les autres provinces de l'Allemagne éprouveraient le même sort, et il suffit de connaître leur position locale pour sentir le danger imminent auquel elles sont exposées. Il serait superflu d'entrer dans le détail des faits qu'on vient d'alléguer : ils sont notoires, et l'Europe entière en a été et en est encore journellement témoin. On se dispense également de discuter ici l'injustice évidente de l'agression des Français. S'il était possible qu'il restât quelques doutes à ce sujet, ces doutes seront entièrement levés pour quiconque voudra peser avec impartialité les arguments victorieux renfermés sur ce point dans les pièces diplomatiques de Vienne. S. M. Prussienne s'est plu à conserver pendant longtemps l'espoir qu'enfin, après tant d'agitations et d'inconséquences, les personnes qui dirigeaient l'administration française reviendraient à des principes de modération et de sagesse , et écarleraient ainsi les extrémités auxquelles les choses en sont malheureusement venues. C'est dans cette vue salutaire qu'elle chargea, dès le commencement des préparatifs militaires de la France aux frontières de l'empire, fondés sur l'asile accordé par quelques États aux émigrés français, son ministre à Paris, le comte de Golz, de déclarer au ministère de S. M. T. C., comme le chargé d'affaires de S. M. l'empereur alors régnant avait également eu ordre de le faire: «qu'elle envisageait l'entrée des troupes françaises sur le territoire de l'empire germanique comme une déclaration de guerre, et s'y opposerait de loutes ses forces. » Le même ministre, d'après les ordres qu'il en avait reçus, se joignit à plusieurs reprises aux représentations du susdit chargé d'affaires, en donnant à connaître de la façon la plus expresse « que le roi marcherait invariablement, à l'égard des affaires de France, sur la même ligne que S. M. Apostolique. » L'événement a fait voir combien peu l'attente du roi , quant à l'effet qu'il se promettait de ces déclarations énergiques, était fondée ; mais au moins le parti dont les déterminations fougueuses ont amené les hostilités ne pourra-t-il jamais prétexter cause d'ignorance sur les intentions de S. M. : et c'est à lui plus particulièrement, mais généralement aux principes qui attaquent tous les gouvernements et voudraient les ébranler dans leurs bases, que la France aura à s'en prendre de l'effusion du sang humain et des malheurs que les circonstances actuelles ont déjà attirés et pourraient attirer encore sur elle. Unie avec S. M. Apostolique par les liens d'une alliance étroite et défensive, S. M. Prussienne aurait agi d'une façon contraire à ses engagements en demeurant spectatrice tranquille de la guerre déclarée à ce souverain : elle n'a donc pas hésité à rappeler son ministre de Paris, et à se porter avec vigueur à la défense de son allié. Membre prépondérant du corps germanique, elle doit encore à ses relations en cette qualité de marcher au secours de ses co-États, contre les attaques qu'ils ont déjà éprouvées, et dont ils sont encore journellement menacés. C'est ainsi , sous le double rapport d'allié de S. M. Apostolique et d'État puissant de l'empire, que S. M. prend les armes; et c'est la défense des États de ce monarque et de l'Allemagne qui forme le premier but de ses armements. Mais le roi ne remplirait qu'imparfaitement les principes qu'il vient de professer s'il n'étendait les efforts de ses armes à une autre sorte de défense, dont ses sentiments patriotiques lui imposent également le devoir. Chacun sait comment l'assemblée nationale de France, au mépris des lois les plus sacsées da drou des gens, et contre la teneur expresse des traités, a dépouillé les princes allemands de leurs droits et de leurs possessions incontestables en Alsace et en Lorraine; et les déductions que plusieurs de ces princes ont eux-mêmes fait publier, ainsi que les délibérations et les arrêtés de la diète de Ratisbonne sur cette importante matière, fourniront à tous ceux qui voudront en prendre connaissance les preuves les plus convaincantes de l'injustice des procédés du gou. vernement français à cet égard , lequel n'a proposé jusqu'à présent, pour en dédommager les parties lésées (le tout en adoptant un langage péremptoire et des mesures menaçantes), que des indemnités entièrement insuffisantes et inadmissibles. Il est digne du roi et de son auguste allié de faire rendre justice à ces princes છે opprimés, et de maintenir ainsi la foi des traités, base unique de l'union et de la confiance réciproque des peuples, et fondement essentiel de leur tranquillité et de leur bonheur. Il est enfin un dernier but des armements du roi, plus étendu encore que le précédent, et non moins digne des vues sages et bienfaisantes des cours alliées. Il tend à prévenir les maux incalculables qui pourraient résulter encore pour la France, pour l'Europe, pour l'humanité entière, de ce funeste esprit d'insubordipation générale, de subversion de tous les pouvoirs, de licence et d'anarchie, dont il semble qu'une malheureuse expérience aurait déjà dû arrêter les progrès. Il n'est aucune puissance intéressée au maintien de l'équilibre de l'Europe à laquelle il puisse être indifférent de voir le royaume de France, qui formait jadis un poids si considérable dans cette grande balance, livré plus longtemps aux agitations intérieures et aux horreurs du désordre et de l'anarchie, qui ont pour ainsi dire anéanti son existence politique ; il n'est aucun Français aimant véritablement sa patrie, qui ne doive désirer ardemment de les voir terminées ; aucun homme enfin , sincèrement ami de l'humanité, qui puisse ne pas aspirer à voir mettre des bornes soit à ce prestige d'une liberté mal entendue, dont le fantôme ébouissant égare les peuples loin de la route du vrai bonheur, en altérant les heureux liens de l'altachement et de la confiance qui doivent les unir à des princes leur force et leurs défenseurs; soit surtout à la fougue effrénée des méchants qui ne cherchent à détruire le respecť dû aux gouvernements que pour sacrifier, sur les débris des tünės, à ledole de leur insatiable ambition ou d'une vile cupidité. Fáire cesser l'anarchie en France, y rétablir pour cet effet y un pouvoir légal sur les bases essentielles d'une forme monarchique, assurer par là même les autres gouvernements contre les attentats et les efforts incendiaires d'une troupe fanatique, tel est le grand objet que le roi, conjointement avec son allié, se propose encore; assuré dans cette noble entreprise non-seulement de l'aveu de toutes les puissances de l'Europe , mais en général du suffrage et des veux de quiconque s'intéresse au bonheur du genre humain. S. M. est bien éloignée de vouloir rejeter sur la nation française entière la faute des circonstances fâcheuses qui la forcent à prendre les armes; elle est persuadée que la partie saine, et sans doute la plus nombreuse, de cette nation estimable, abhorre les excès d'une faction trop puissante, reconnaît les dangers auxquels ses intrigues l'exposent, et désire vivement le retour de la justice, de l'ordre et de la paix. Malheureusement l'expérience fait voir que l'influence momentanée de ce parti n'est encore que trop réelle, quoique l'événement ait déjà démontré le néant de ses coupables projets, fondés sur des insurrections que lui seul cherchait à fomenter. La différence des sentiments des personnes bien intentionnées, quelque certaine qu'elle soit, n'est ainsi pour le moment encore que peu sensible dans ses effets ; mais S. M. espère qu'ouvrant enfin les yeux sur la situation effrayante de leur patrie elles montreront toute l'énergie qu'une cause aussi juste doit inspirer; et qu'envisageant les troupes alliées rassemblées sur les frontières comme des protecteurs et des vrais amis dont la Providence favorisera les armes, elles sauront réduire à leur juste valeur les factieux qui ont mis la France en combustion, et qui seront seuls responsables du sang que leurs entreprises criminelles auront fait verser, Berlin, le 26 juin 1792. Exposé des principes de la cour de Danemark, touchant la neutralité, communiqué aux cours de France, de la Grande-Bretagne et d'Espagne. (1780.) Si la neutralité la plus exacte, si la navigation la plus régulière et un respect inviolable pour les traités avaient pu mettre la liberté du commerce des sujets du roi de Danemark et de Norwege à l'abri des malheurs qui devraient être inconnus à des nations qui sont en paix , libres et indépendantes, il ne serait point nécessaire de prendre des mesures nouvelles pour leur assurer cette liberté, à laquelle elles ont le droit le plus incontestable. Le roi de Danemark a loujours fondé sa gloire et sa grandeur sur l'estime et la confiance des autres peuples : il s'est fait, depuis le commencement de son règne, la loi de témoigner à toutes les puissances, ses amies, les ménagements les plus capables de les convaincre de ses sentiments pacifiques et de son désir sincère de contribuer au bonheur général de l'Europe. Ses procédés les plus conformes, et que rien ne peut altérer, en font foi. Il ne s'est jusqu'à présent adressé qu'aux puissances belligérantes ellesmêmes, pour obtenir le redressement de ses griefs, et il n'a jamais " manqué de modération dans ses demandes, ni de reconnaissance lorsqu'elles ont eu le succès qu'elles devaient avoir. Mais la navigation neutre a été trop souvent molestée, et le commerce de ses sujets trop fréquemment troublé, pour que le roi ne se crût pas obligé de prendre actuellement des mesures propres à s'assurer à lui-même et à ses alliés la sûreté du commerce et de la navigation, et le maintien de leurs droits. Si les devoirs de la neutralité sont sacrés, le droit des gens a aussi ses principes avoués par toutes les nations éclairées, établis par la coutume et fondés sur l'équité et la raison. Une nation indépen |