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Le titre de roi, considéré comme le plus élevé après celui d'empereur, fut conféré autrefois par les empereurs romains et par ceux de Bysance, et dans des temps plus récents par les empereurs d'Allemagne et par les papes (1). Plus tard, plusieurs princes souverains s'attribuèrent la dignité royale et ceignirent eux-mêmes la couronne (2).

Après les titres d'Empereur et de Roi, suivent ceux d'Electeur, de Grand-Duc, de Duc, de Landgrave, de Margrave (3), de Prince, qui sont portés par divers princes souverains.

Des titres de possession.

Il dépend de la volonté de chaque souverain d'énoncer tous ses titres en énumérant tous les noms des différents États qu'il possède. Quelques-uns réunissent dans ce grand titre une si longue série de possessions,

reur; à la Russie, depuis la paix de Kaïnardgi; à l'Autriche, depuis 1806; à l'Angleterre, depuis l'ambassade récente de lord Strangfort. Les rois d'Espagne, de Naples, de Prusse, etc., sont tous appelés krals, mot qui dans les langues illyriennes signifie rois.

(1) Voy. RÉAL, Science du gouvernement, T. V, p. 837 et 842; KAMPTZ, Neue Litteratur des Völkerrechts, § 140.

(2) En 1700, l'électeur de Brandebourg se plaça lui-même la couronne royale sur la tête, en prenant le titre de roi de Prusse. Ce fut en suite d'un statut dressé, en 1544, par le parlement de Dublin, et qui, d'après la forme usitée en Angleterre, fut confirmé par le roi Henri VIII, que ce monarque prit le titre de roi d'Irlande.

(3) Le titre de margrave n'est plus porté actuellement par aucun prince comme titre unique de souveraineté ; on le retrouve, de même que ceux de marquis, comte, baron, etc., dans les grands titres des souverains.

que pour faciliter l'expédition des pièces de chancellerie ils ont adopté un titre moyen, et un petit titre pour les affaires ordinaires (1).

(1) Le grand titre embrasse tous les titres de possessions réelles et ceux de possessions fictives (et parfois usurpatrices), dont la longue nomenclature ne saurait ajouter à la dignité du prince qui se les attribue en voici quelques exemples: N., par la grâce de Dieu, roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem; duc de Savoie, de Gènes, de Monferrat, d'Aoste, du Chablais, du Genevois et de Plaisance; prince de Piémont et d'Oneille;. marquis d'Italie, de Saluces, d'Ivrée, de Suze, de Cève, du Maro, d'Oristan, de Cézane et de Savone; comte de Maurienne, de Genève, de Nice, de Tende, de Romont, d'Asti, d'Alexandrie, de Gociano, de Novare, de Tortone, de Vigevano et de Bobbio; baron de Vaud et du Faucigny; seigneur de Verceil et de Pignerol, de la Tarentaise, de la Lomelline et du val Sesia, etc., etc.

N., par la grâce de Dieu, roi des Deux-Siciles et de Jérusalem; duc de Parme, de Plaisance, dé Castro; grand prince héréditaire de Toscane, etc.

N., par la grâce de Dieu, empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohême; roi de la Lombardie et de Venise, de Dalmatie, de Croatie, de Slavonie, de Galicie, de Lodomérie et d'Illyrie; roi de Jérusalem; archiduc d'Autriche; grand-duc de Toscane; duc de Lorraine, de Salzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Krain; grandprince de la Transylvanie; margrave de Moravie; duc de la haute et basse Silésie; duc de Modène, de Parme, de Plaisance et de Guastalla, d'Auschwitz et de Zator, de Teschen, de Frioul, de Raguse et de Zara; comte princier de Hapsbourg, de Tyrol, de Kibourg, de Gorz et de Gradiska; prince de Trente et de Brixen; margrave de la haute et basse Lusace et d'Istrie; comte de Hohenembs, Feldkirch, Bregenz, Sonnenberg; seigneur de Cataro et de WindischMark, etc.

Le titre moyen comprend quelques titres de possession réelle roi, archiduc, grand-duc, prince, margrave, etc.

Le petit titre, qui est le plus usité et n'entraîne aucune difficulté diplomatique, est le titre même de la dignité suprême sous lequel chaque souverain est habituellement désigné.

(On trouve les armoiries des souverains, reproduites par la gra

Comme quelques souverains conservaient (et conservent encore) des titres de possessions qu'ils n'avaient plus, et sur lesquelles ils avaient même tout à fait cessé de soutenir des prétentions; et que, d'un autre côté, plus d'une puissance, en réservant ces titres, élevait des prétentions sur des États qu'un autre souverain possédait ́réellement, on vit souvent ces rivalités allumer des guerres ou faire échouer des négociations. Pour lever toute difficulté et tout embarras, on introduisit l'usage d'insérer dans les traités un article séparé de non præjudicando, par lequel on se prémunissait réciproquement contre toutes conséquences à tirer des titres employés de part et d'autre (1).

Des titres de parenté.

Ce n'est pas seulement pour indiquer les liens du sang qui existent entre les souverains que ceux-ci

vure,

dans l'ouvrage publié, à Rostock, par Tiedmann, sous ce titre : Wappen-Almanach der souverainen Regenten Europa's.)

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(1) Après la cession de la Norvége au roi de Suède, en 1814, le roi de Danemark conserva pendant quelque temps encore le titre et les armes de ce royaume. Mais par une déclaration et une contre-déclaration ajoutées au traité du 1er septembre 1819 entre ces deux puissances, le roi de Danemark consentit à en supprimer l'usage à l'avenir (Voy. G. F. de MARTENS, Nouveau recueil des traités, T. II, p. 653). Il serait à souhaiter que le nouveau système politique de l'Europe, qui se dit fondé sur les droits inviolables des nations, mît fin à ces sortes d'abus. Les rois d'Angleterre ont renoncé de nos jours, et volontàirement, au titre de roi de France, qu'ils prenaient depuis la mort de Charles VI; mais les rois de Sardaigne, d'Espagne et des Deux-Siciles, l'empereur d'Autriche, etc., portent encore des titres de territoires dont ils sont depuis longtemps dépossédés.

se servent dans leur correspondance des titres de parenté; le cérémonial en a aussi introduit l'usage pour désigner les relations politiques ou religieuses, l'égalité ou l'inégalité de rang existant entre eux.

C'est par suite de cet usage que tous les souverains catholiques donnent au pape le titre de Très-SaintPère, de Vénérable ou Très-Vénérable Père, de Sainteté, parfois aussi celui de Béatitude, en signant dévoué ou très-dévoué fils, et sont qualifiés par lui Carissime in Christo fili, ou Dilectissime in Christo fili; ou, en italien, Dilettissimo, Carissimo figlio, lors même que le texte de la lettre est rédigé en français; et que les empereurs et les impératrices, ainsi que les rois et les reines, s'accordent réciproquement les titres de frère et de sœur. Les grands-ducs régnants et l'électeur de Hesse jouissent également de cette prérogative.

C'est aussi pour cette raison que l'étiquette ne permet point aux souverains qui ne jouissent pas des honneurs royaux (voy. T. Ier, § 83) de donner aux rois ces mêmes titres. Ils leur donnent celui de cousin, qu'ils accompagnent ordinairement de quelques termes respectueux, et plus souvent encore celui de sire, bien que le souverain auquel ces princes ont à écrire ne se serve à leur égard que du titre de cousin (').

Ce n'est plus guère que dans le style diplomatique allemand qu'on se sert encore des titres de parrain et de marraine.

(1) En France, le titre de cousin était donné par le roi aux ducs el aux maréchaux de France.

Lorsque des princes non régnants s'écrivent entre eux, ils n'emploient généralement que les titres de prince et princesse, et d'altesse impériale, royale ou sérénissime. (Voy., chap. vi, Correspondance des souverains.)

Des titres religieux.

Indépendamment des titres de possessions que portent les souverains, plusieurs d'entre eux y ajoutent encore des titres religieux, que les papes ont accordés à leurs prédécesseurs. C'est ainsi que le roi de France, comme fils aîné ou premier-né de l'Église catholique-romaine, recut le titre de Roi Très-Chrétien, ou Majesté Très-Chrétienne; les rois d'Espagne, depuis Ferdinand d'Aragon, qui expulsa les Maures de la péninsule ibérique, celui de Roi Catholique, ou Majesté Catholique, que leur donna le pape Alexandre VI; le roi d'Angleterre, depuis Henri VIII, qui avait écrit un ouvrage contre la doctrine de Luther, celui de Défenseur de la Foi, conféré par le pape Léon X(); les rois de Portugal, depuis 1748, en récompense du dévouement qu'avait montré le roi Jean V à la cour de Rome, celui de Roi Très-Fidèle, ou Majesté Très-Fidèle (2); l'empereur d'Allema

(1) Titre que les souverains protestants d'Angleterre continuent de porter.

(2) Les historiens diffèrent sur le sens qu'il faut donner à cette épithète, les uns prétendant qu'elle signifie très attaché à la cour de Rome, les autres très-orthodoxe; et il y a des motifs pour justifier les deux interprétations.

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