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La mission, étrangère à la politique, n'a-t-elle pour objet que de porter au prince des compliments de félicitation sur quelque événement heureux, ou de condoléance sur quelque malheur de famille, la parole * du ministre se borne à exprimer la part sincère qu'y prend la cour qui l'envoie. Si déjà, à une époque antérieure, l'Envoyé a exercé des fonctions diplomatiques auprès du souverain qui le reçoit, ou auprès de son prédécesseur, il rappelle cette circonstance honorable et sollicite la continuation des bontés dont il a été l'objet.

Dans tous les cas, le ministre se rend l'organe du souverain qu'il représente en appuyant sur le vif désir de sa cour de maintenir et d'accroître les bons rapports existants : il ajoute l'assurance respectueuse qu'il ne négligera rien lui-même pour se rendre personnellement agréable dans l'exercice de ses fonctions.

La solennité, trop souvent verbeuse et guindée, des anciennes harangues a fait place aujourd'hui, dans ces sortes d'allocutions, à une simplicité concise et discrète qui ́n'ôte rien au respect des convenances et à la dignité des expressions.

DISCOURS D'AUDIENCE.

Discours du baron de Breteuil, ambassadeur de France, adressé à l'empereur Joseph II. (1775.)

Sire, l'honneur que j'ai de remettre à V. M. les lettres du roi m'impose pour premier devoir de vous parler de tous ses sentiments pour vous. Rien n'intéresse plus le cœur du roi que de vous convaincre, Sire, de sa constante amitié et du prix qu'il attache

aux liens sacrés qui l'unissent à V. M. Le roi espère et se flatte qu'ils sont tous également indissolubles. Je serai trop heureux, Sire, si mes soins respectueux et mon zèle attentif pour tout ce qui pourra maintenir et fortifier la confiance et l'intimité des deux maisons vous sont une nouvelle preuve de la résolution où est le roi de n'en laisser échapper aucune occasion.

Quant à moi, Sire, le comble de ma satisfaction est d'avoir l'honneur d'être chargé de suivre des intérêts aussi précieux et établis sur des bases aussi solides. J'ai travaillé dans cet espoir depuis longues années; je n'aurai plus rien à désirer si j'en recueille le flatteur avantage de mériter l'estime et les bontés de V. M. J'y pourrai compter si elle les accorde au désir de lui plaire, ainsi qu'au profond respect et à l'admiration la plus vraie pour les grandes qualités que V. M. montre à l'Europe.

Discours du baron de Breteuil, ambassadeur de France, adressé à l'impératrice-reine Marie-Thérèse. (1775.)

Madame, le roi, en me faisant l'honneur de me charger des plus grands intérêts auprès de V. M., m'a particulièrement recommandé de vous renouveler les protestations les plus sincères sur son attachement à votre alliance, et de ne négliger aucun moyen de vous convaincre de sa constante amitié. S. M. jouit, Madame, de la manière la plus sensible pour son cœur et pour son esprit, du rare avantage de trouver dans l'union des principes les plus solides de sa monarchie et des plus tendres sentiments de son âme la source du repos qu'elle veut procurer à ses peuples et celle de son bonheur personnel. Je serai, Madame, le plus heureux de tous les hommes si pendant le cours de mon ministère je puis contribuer, par mes soins et par la bonne foi de mes démarches, à resserrer de plus en plus les liens de l'intérêt commun et si vrai des deux monarchies. Je trouverai avec joie, Madame, dans l'exercice et l'application de ce devoir journalier l'accomplissement de tous les yeux de mon ambition, et l'expression de mon admiration respectueuse pour les augustes princesses que

j'ai eu l'avantage d'admirer de près, que V. M. a douées de toutes ses vertus, qui répandent comme elle le bonheur sur des populations entières, et qui ont daigné m'honorer d'une protection particulière.

Discours de l'ambassadeur d'Angleterre, envoyé auprès des États-Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas pour leur demander l'exécution des derniers traités conclus avec la république batave.

Le roi mon maître, Hauts et Puissants Seigneurs, étroitement uni comme il l'est avec votre république, par les liens les plus forts de l'amitié et de l'intérêt mutuel, cherche dans cette circonstance délicate à vous donner les marques les plus convaincantes de sa parfaite amitié et de son entière confiance. C'est à cette fin que S. M. m'envoie auprès de vous en qualité de son ambassadeur extraordinaire, avec plein-pouvoir de concerter et de prendre. avec VV. HH. PP. les mesures convenables pour maintenir l'indépendance de ses royaumes et des États de VV. HH. PP. Toute l'Europe est instruite des généreux efforts qu'ont faits vos ancêtres pour recouvrer leur liberté et pour défendre leur religion. Toute l'Europe encore est témoin des grandes actions que votre république a faites de nos jours pour le maintien de la liberté de l'Europe. Ces actions éclatantes ne permettent point au roi de douter un moment de la magnanimité et de la sagesse de votre république. Dans cette entière persuasion, le roi s'adresse à VV. HH. PP. en les assurant de son amitié et de sa confiance parfaite. S. M. me charge encore de leur offrir un secours puissant pour seconder les mesures qu'elles seraient disposées à prendre conjointement avec lui.

Discours du citoyen Verninac, ministre de la République française près la Porte Ottomane, prononcé dans l'audience publique du grand-vizir. (1795.)

La Sublime Porte, fidèle au principe sacré de l'indépendance

des nations, et non moins fidèle à l'antique amitié qui unit la France à l'empire ottoman, dans ces circonstances difficiles où tant de nations ont dévié de la route de leurs véritables intérêts, a respecté l'exercice de nos droits et n'a pas pris les armes pour s'opposer à l'établissement de notre république.

Que Votre Excellence reçoive donc le tribut d'hommages dû à la haute sagesse d'une conduite si recommandable, et qu'elle le reçoive par l'organe d'un citoyen de cette république, qui est le premier envoyé de ses fondateurs qui fasse entendre sa voix amicale et sincère dans cette enceinte.

L'histoire conservera ce titre de gloire de la Sublime Porte lorsqu'elle retracera avec les plus vives couleurs cette époque mémorable où le peuple français, forcé d'unir au droit de sa cause le droit de l'épée et de la victoire, a donné au monde l'exemple le plus brillant dont aucune portion du genre humain ait jamais pu s'honorer jusqu'ici.

Les principes qui ont dirigé les résolutions de la Sublime Porte dans ces temps critiques m'ont été un motif d'encouragement et une garantie de succès, lorsque j'ai reçu des représentants du peuple français la mission de raffermir, entre la France et l'empire ottoman, les bases de la paix, de resserrer de plus en plus les liens de l'amitié et d'accroître les rapports d'un avantage commun.

J'ai trouvé aussi de grands motifs d'espérance dans la nature des choses, les deux nations ayant de fortes raisons de s'aimer et ne connaissant aucun motif de haine ni de jalousie ; j'en ai trouvé enfin dans la sagesse et les lumières qui distinguent le dépositaire suprême de l'autorité de Sa Hautesse.

Tout me porte donc à croire qu'en récompense de notre respect pour les droits et les intérêts de la Sublime Porte je trouverai dans ce haut fonctionnaire, pendant tout le cours de ma mission, les égards dus à la dignité de la république française, l'exécution amicale des traités et capitulations qui unissent les nations, et une constante bienveillance envers les Français qui sont occupés, dans les diverses parties de cet empire, du soin doublement avantageux de mettre en valeur les productions du sol ottoman et de l'enrichir des utiles inventions de l'industrie et des arts de la France.

Réponse du grand-vizir.

Les sentiments d'affection qui ont toujours animé la Sublime Porte en faveur de la nation française n'ont jamais souffert la moindre altération; de plus, la Sublime Porte a toujours été fidèle aux droits de l'amitié et aux liens qui existent entre les deux puissances. Elle n'a cessé d'être très-attentive à tout ce qui peut intéresser la sécurité et le bonheur des Français établis dans l'empire ottoman. Les droits de l'amitié seront également observés avec la même attention à l'avenir, ainsi que les termes des traités.

Telle est la volonté souveraine de Sa Hautesse, le très-majestueux, le très-magnanime et le très-puissant empereur, notre bienfaiteur, seigneur et maître.

Nous, de notre côté, nous remplirons nos devoirs à cet égard avec l'attention la plus constante.

Nous voyons au surplus avec la plus grande satisfaction que le citoyen Envoyé, notre ami, homme de réputation par ses estimables qualités, soit destiné par la république française, notre amie, à résider auprès de la Sublime Porte.

Discours prononcé par le baron de Staël-Holstein, ambassadeur extraordinaire du roi de Suède près la république française, dans le sein de la Convention. (1795.)

Citoyens représentants du peuple français, l'alliance des rois de Suède avec la France, consacrée depuis longtemps dans les traités, dans les annales de l'histoire, et plus encore par cette analogie de caractère si remarquable entre les deux peuples, n'a point souffert du choc politique dont l'Europe est ébranlée. Le système suivi par le gouvernement suédois, le traité de neutralité armé conclu entre les rois de Suède et de Danemark sont pour la république française une preuve des sentiments dont S. M. le roi de Suède vous assure aujourd'hui par mon organe. Je viens en

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