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Le comité de SALUT PUBLIC

AUX REPRÉSENTANTS À L'ARMÉE DE LA MOSELLe.

Paris, 30 brumaire an 111-20 novembre 1794.

Citoyens collègues,

Nous vous adressons ci-joint la réquisition donnée au citoyen Capon ', pour aller à Clermont-Ferrand rendre l'activité à la fonderie de canons qui y est établie. Si ce citoyen est plus utile au poste qu'il occupe qu'à celui où l'appelle le Comité, vous pouvez, citoyens, ne pas faire usage de cette réquisition. Quelque parti que vous preniez à cet égard, veuillez nous en prévenir.

Salut et fraternité,

[Arch. nat., AF 1, 215.]

L.-B. GUYTON.

UN DES REPRÉSENTANTS À L'ARMÉE DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE
AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Bruxelles, 30 brumaire an III-20 novembre 1794.
(Reçu le 24 novembre.)

Réunis à Cologne, nous avons pris, nos collègues Frécine, Joubert et moi, les arrangements nécessaires pour l'administration du pays entre la Meuse et le Rhin.

L'administration centrale sera à Aix-la-Chapelle; il y aura sept administrations particulières : à Aix-la-Chapelle, Maëstricht, Gueldre, Bonn (pour le pays de Cologne), Munstereifel, Spa et Limbourg.

Lorsque notre arrêté sera imprimé, on vous en enverra des exemplaires.

Les impositions en numéraire que nous avons réparties sur les pays compris dans l'arrondissement de ces sept administrations se montent à trente-cinq millions.

L'esprit de pillage et de résistance à toutes nos mesures, qui règne dans le pays de Liége, nous a engagé à supprimer l'administration

(1) Voir plus haut, p. 242, l'arrêté no 7.

actuelle et à diviser le pays sous trois administrations, dont une partie correspondra avec le point central de Bruxelles et l'autre avec celui d'Aix-la-Chapelle.

Nos collègues Frécine et Joubert sont occupés de l'organisation et installation des sept administrations particulières. Ici nous formons les directions pour les biens meubles et immeubles, mis sous la main. de la nation; celle de Bruxelles entrera demain en activité et celle d'Aix-la-Chapelle le sera dans quelques jours.

Je m'occupe à terminer quelques affaires avec nos collègues qui sont ici. Dans deux jours, je me rendrai à Liége, Maestricht et Aix--Chapelle pour rejoindre notre collègue Bellegarde, qui se trouve à Nimègue.

On s'occupe à Cologne à faire passer dans l'intérieur de la République environ onze à douze cents tonnes d'huile, une grande quantité de sucre et autres objets très importants.

Nous avons aussi donné ordre pour envoyer à Paris trois couleuvrines de 17 à 18 pieds de long, l'une est de l'an 1400. Elles feront l'admiration de tous nos concitoyens (1).

La pénurie de chevaux et de voitures retardera l'arrivée de ces objets.

Salut et fraternité,

[Arch. nat., AF 11, 239. De la main d'Haussmann.]

N. HAUSSMANN.

UN DES REPRÉSENTANTS AUX ARMÉES DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Anvers, 30 brumaire an 111-20 novembre 1794.

Depuis longtemps, chers collègues, je regardais comme favorable aux intérêts de la République le moment où nous pourrions faire marcher de front les armes politiques avec celles de la guerre; ce moment est arrivé, je crois, ainsi que vous en jugerez par la lecture de la dépêche ci-jointe.

Le résultat des opérations de la partie secrète, que j'ai suivie avec

En marge de cet alinéa, on lit ce mot, d'une autre main: Inutile".

soin, a dû me faire penser que, si le fardeau de la guerre pesait sur la France, il agissait avec non moins de violence sur le reste de l'Europe.

Dans cet état de choses, j'ai écouté sans rien promettre, mais en démontrant de mon mieux le puissant intérêt qu'a la Hollande de rompre la coalition (pour une alliance avec la France), toutes les propositions du citoyen Van Breugel, habitant de Bois-le-Duc et gendre de Douglas, qui commandait en second cette ville; il m'a demandé la facilité d'aller en Hollande, où, par alliance, il peut approcher ceux qui sont à la tête du gouvernement. Je la lui ai accordée dans l'espoir que je saurais par lui ce qu'il voudrait souvent le plus me cacher(1). Enfin, après plusieurs entrevues, après plusieurs voyages, il est venu à me faire à peu près officiellement connaître l'intention des États de Hollande.

Sans doute, si on juge seulement avec la rapidité du désir, on ne trouvera pas dans cette explication tout ce qu'on voudrait Y trouver. Mais le difficile des négociations est surtout de savoir les entamer. Je vais m'expliquer et, pour ce, entrer avec vous dans quelques détails.

L'occasion se présente encore de vous dire mon opinion sur ce qui reste à faire à l'armée du Nord.

L'évacuation de Nimègue ayant fait une économie de quinze jours pour nous, l'armée peut pousser ses conquêtes jusqu'à Utrecht; là, elle tiendra l'ennemi dans la crainte continuelle des événements. Le temps des gelées arrivé, on pourra tenter des coups de main, peut-être même aller jusqu'aux portes d'Amsterdam. Mais il faudrait prendre Bommel ou l'observer avec soin; mais il faudrait augmenter la division stationnée entre Bréda et Berg-op-Zoom; portée à vingt mille hommes, bien commandée surtout, elle pourrait devenir un objet d'inquiétude à l'ennemi, sinon fermer la trouée du Biesbosch et de Moerdijk.

Venons à la politique, sur laquelle j'ai tant lieu de craindre que vous ne soyez trompés, si les relations extérieures vous tiennent toujours dans l'espérance d'une insurrection favorable aux patriotes. Cinq ou six d'entre eux, soi-disant leurs chefs, ont été incarcérés par ordre du prince d'Orange, il y a environ un mois, et cela sans la moindre difficulté. Ne comptez pas sur l'énergie hollandaise : il n'y a aujourd'hui

(1) Textuel.

pour habitants, dans ces contrées, que de froids calculateurs. Comptez sur vos armées, ménagez-les, employez de bons négociateurs.

Que désirez-vous? Rompre la coalition, faire une paix partielle. C'est ce qu'on vous propose; c'est ce que vous pouvez accepter. Mais, dira-t-on, le moyen de traiter sans abattre le stathoudérat? Eh! que vous importe de commencer par où vous pourrez finir? La paix avec la Hollande n'est-elle pas une guerre d'alliés avec vous? Ne vous appellera-t-on pas pour chasser les Anglais? Les deux républiques, rapprochées par l'intérêt commun, ne désireront-elles pas l'identité de gouvernement? C'est alors seulement que, soutenus par la force, vous verrez le peuple dont vous invoquez l'énergie.

Ne comptez pas non plus qu'on vous livre le duc d'York ni le stathouder; les Hollandais sont bien loin de pareilles idées; une telle proposition ne tendrait qu'à vous les aliéner. Mille autres réflexions appartiennent aux localités, aux circonstances. Je charge le chef de brigade d'artillerie Randon (1), porteur de nos dépêches, de satisfaire en cela à vos désirs. Aux connaissances militaires, il joint les talents qui peuvent faire un bon négociateur, et sa vie publique est faite pour inspirer de la confiance.

J'oubliais de vous dire que je n'ai pas reçu l'envoyé de Hollande (M. de Ropelaer), pour éviter une publicité nuisible aux opérations militaires, et aussi parce qu'il ne m'aurait rien appris de plus. C'est à vous de me faire connaître la marche que je dois tenir avec lui, tant pour ce qui concerne l'échange des prisonniers que pour l'accueil que vous aurez fait à ces propositions de paix. J'attendrai votre réponse à Anvers, sans pour cela me dispenser de la visite des places de la Flandre hollandaise, , que je donnerai ordre de démanteler. Nous avons parfaitement les mêmes vues à cet égard (2).

J.-P. LACOMBE (du Tarn).

[Ministère de la guerre; Armées du Nord et de Sambre-et-Meuse.]

(1) Plus connu sous le nom de Dulauloy.

(2) A cette lettre est joint un cahier de rapports d'émissaires et de déserteurs, rapports plutôt militaires que d'esprit public.

LE REPRÉSENTANT DANS L'ORNE ET LA SARTHE

À BARRAS, MEMBRE DU COMITÉ DE SÛRETÉ GÉNÉRale.

Au Mans, 30 brumaire an 111-20 novembre 1794.

Je reçois au Mans, citoyen collègue, l'arrêté de mise en liberté pris par le Comité de sûreté générale en faveur de quinze citoyens détenus à Gacé, district de Laigle. Comme tu me charges, au nom du Comité, de n'en faire usage que pour ceux qui me paraîtront dans le cas de ne pouvoir troubler la tranquillité publique, je demande des renseignements sur les lieux, je les presse même, et, dès qu'ils me seront parvenus, je ferai mettre à exécution l'arrêté du Comité de sûreté générale. Salut et fraternité.

[Arch. nat., D S 1, 21. — Registre de correspondance de Génissieu.]

LE REPRÉSENTANT DANS LES PORTs au comité de salut public.

Rochefort, 30 brumaire an 111-20 novembre 1794.

Citoyens collègues,

J'ai reçu votre dépêche du 24 de ce mois (1). Il n'y a qu'un seul moyen d'approvisionner dans l'instant le port de Brest en plançons, c'est de suspendre momentanément, soit en totalité, soit au moins en partie, les constructions qui s'exécutent dans les ports du Havre, Port-Malo et dépendances; elles absorbent presque tous les bois qu'on peut tirer du 4° arrondissement forestier de la Marine, et elles n'offrent à la République que des frégates. Un ordre donné dans l'instant d'enlever tous les plançons, bois droits et varangues qui se trouvent dans ces chantiers secondaires pourvoirait au besoin du moment et donnerait le temps de se reconnaître. Si les ports dont il s'agit étaient dans le nombre de ceux dont la direction m'est confiée, cette opération serait déjà faite, et les bois actuellement vogueraient pour se rendre à Brest.

Je vous dois, citoyens collègues, à cette occasion, quelques réflexions. Je ne connais pas les raisons politiques qui obligent de commencer

(1) Nous n'avons pas cette lettre.

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