Images de page
PDF
ePub

de l'évêque de Paris. Après la mort de ses parens, elle se retira chez une dame, sa marraine, où elle se livra aux plus grandes mortifications, ne mangeant que deux fois la semaine, le dimanche et le jeudi; et ces jours-là même ne se nourrissant que de pain d'orge et de fèves cuites. Elle mena ce genre de vie depuis quinze ans jusqu'à cinquante. Alors, par le conseil de l'évêque de Paris, elle commença d'user d'un peu de lait et de poisson. Cette sainte fille ayant été accusée d'hypocrisie et de superstition, le prélat confondit

ses accusateurs.

Attila, roi des Huns, étant entré dans les Gaules avec une armée formidable, les Parisiens voulurent quitter leur ville; mais Geneviève les en empêcha, leur assurant que Paris seroit respecté par les Barbares. L'événement justifia sa prédiction, et les Parisiens n'eurent plus pour elle que des sentimens de vénération et de confiance.

Ce fut par le conseil de cette Sainte, que Clovis commença l'église de saint Pierre et saint Paul, où elle fut enterrée en 1512, et qui depuis porta son nom. Depuis quelques années cette église n'existe plus: la châsse de sainte Geneviève a été transférée à SaintEtienne-du-Mont, où on la voit encore aujourd'hui. Le P. Lambert, génovéfain, a écrit une vie de cette Sainte.

Lemierre a célébré la mémoire de Sainte Geneviève dans ces vers:

C'est là (au village) que tu naquis, toi dont le nom vanté,
Des échos de Nanterre est encor répété,

Habitante des cieux, jadis simple bergère,
Aujourd'hui de Paris l'étoile tutélaire.

Sixte (1), né comme toi dans le sein des hameaux,
Mercenaire gardien du plus vil des troupeaux,
Que depuis la fortune, en miracles féconde,
Eleva par degrés au premier rang du monde,
Au faste éblouissant de la prospérité,
M'étonne moins que toi dans ton obscurité.
Ah! qu'en sa politique il est loin de la gloire
Qu'une innocente vie assure à ta mémoire !
Tu dois à sa vertu ce temple si pompeux (2),
Placé sur la montagne où tu reçois nos vœux :
Si tu vécus obscure, et pauvre, et négligée,
En sceptre, après ta mort, ta houlette est changée.
(LES FASTES, ch. 1.)

(1) Sixte-Quint.

(2) La nouvelle église de Sainte-Geneviève.

HISTOIRE.

L'an 1378, le 4 janvier, L'empereur Charles IV vint à Paris avec son fils Venceslas, roi des Romains, pour accomplir un vœu de pélerinage à Saint-Mauredes-Fossés.

Charles V le reçut avec les plus grands honneurs. La première entrevue de ces deux princes se fit près La Chapelle, entre Saint-Denis et Paris. A leur assemblée, dit une ancienne chronique, l'empereur óta aumusse et chaperon tout jus; et le roi ôta son chapel tant seulement.

A l'heure du dîner, on s'achemina dans la grande salle du palais, où les tables étoient dressées. Le roi se plaça entre l'empereur et le roi des Romains. II y avoit trois grands buffets; le premier, de vaisselle d'or; le second, de vaisselle de vermeil ; et le troisième, de vaisselle d'argent.

Sur la fin du dîner, on commença le spectacle ou entremets (1). On appeloit entremets des décorations qu'on faisoit rouler dans la salle du festin, et qui représentoient des villes, des châteaux et des jardins, avec des fontaines d'où couloient toutes sortes de liqueurs.

On vit paroître un vaisseau avec ses mâts, voiles et cordages ses pavillons étoient aux armes de la ville de Jérusalem; sur le tillac on distinguoit Godefroy de Bouillon, accompagné de plusieurs chevaliers

(1) Entremets, ainsi nommés parce qu'on les avoit imaginés pour amuser les convives dans l'intervalle des services d'un grand festin.

armés de toutes pièces. Le vaisseau s'avança au milieu de la salle, sans qu'on vît la machine qui le fai

soit mouvoir.

Un moment après parut la ville de Jérusalem avec ses tours couvertes de Sarrasins: le vaisseau s'en approcha; les Chrétiens mirent pied à terre, et montèrent à l'assaut. Les assiégés firent une belle défense; plusieurs échelles furent renversées; mais enfin la ville fut prise.

Après le dîner on donna à laver, et le roi et l'empereur lavèrent ensemble; ensuite on apporta, suivant l'ancien usage, le vin et les épices, ou confitures.

L'an 1695, le 4 janvier, Mort du maréchal de
Luxembourg.

Malheureux à la cour, invincible à la guerre, Luxembourg fait trembler l'Empire et l'Angleterre. François-Henri de Montmorency, comte de Bouteville, duc de Luxembourg et maréchal de France, l'ami, l'élève et le rival du grand Condé, naquit à Paris, le 8 janvier 1628, six mois après la mort de son père, décapité pour duel.

Le jeune comte de Bouteville, présenté à la cour par la princesse de Condé, sœur de l'infortuné duc de Montmorency, s'attacha au grand Condé, fils de cette princesse; il se distingua sous lui à la bataille de Lens, en 1648, où il mérita le brevet de maréchal-decamp à vingt ans.

Les troubles de la Fronde suivirent de près. L'esprit de faction souleva contre la cour la plupart des grands; l'amitié seule rangea Bouteville sous les drapeaux de Condé. Après avoir essayé d'exciter un sou

lèvement général dans Paris, en faveur des princes qu'on arrêtoit, et d'enlever les nièces du cardinal Mazarin pour leur servir d'otages, il alla combattre sous Turenne, qui s'avançoit pour délivrer les princes. Il fut pris à la bataille de Rethel, et mis au donjon de Vincennes, d'où il ne sortit que quand la liberté fut rendue aux princes.

Dans le cours de la guerre où le grand Condé servit l'Espagne contre sa patrie, le comte de Bouteville eut la plus grande part à toutes les actions qui immortalisèrent ce prince: il fut pris encore à lą journée des Dunes; mais les Espagnols qu'il avoit si bien servis, se hâtèrent de l'échanger contre le maréchal d'Aumont. La paix des Pyrénées rendit à la France deux héros, dont la fatalité des conjonctures avoit égaré le courage. Condé et Bouteville revinrent, et ne songèrent plus qu'à effacer par d'utiles services la gloire coupable dont ils s'étoient couverts en combattant contre leur roi.

Le comte de Bouteville devint duc de Luxembourg, par son mariage, en 1661, avec Madeleine-Charlotte de Clermont-Tonnerre, héritière du côté maternel de la maison impériale de Luxembourg. Il suivit Louis XIV à la conquête de la Flandre, en 1667, L'année suivante, il contribua beaucoup à celle de la Franche-Comté.

Dans la guerre contre la Hollande, en 1672, il eut le commandement de l'armée des princes allemands ligués avec Louis XIV contre les Hollandais. Il partagea, en 1673, avec le grand Condé, l'honneur de la victoire de Sénef..

En 1675, il fut fait maréchal de France, et c'est

« PrécédentContinuer »