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«Le soleil en hiver recommence son cours, » Et l'an suit du soleil le cours et le décours. »

(Traduction de DESAINTANGE.)

C'est à l'un des équinoxes, ou à l'un des solstices, dit le célèbre auteur du Système du Monde, qu'il convient de commencer l'année. Son origine placée au solstice d'été ou à l'équinoxe d'automne, partageroit et répartiroit sur deux années consécutives les mêmes opérations et les mêmes travaux; elle auroit ainsi les inconvéniens du jour commençant à midi, suivant l'ancien usage des astronomes. L'équinoxe du printems, époque de la renaissance de la nature, semble devoir être pareillement celle du renouvellement de l'année ; mais il est aussi naturel de la faire commencer au solstice d'hiver, que l'antiquité célébra comme l'époque de la renaissance du Soleil, et qui, sous le pôle, est le milieu de la nuit, dont la durée est de six mois.

Si l'année civile étoit constamment de trois cent soixante-cinq jours, son commencement anticiperoit sans cesse sur celui de la véritable année tropique, et il parcourroit, en rétrogradant, les diverses saisons, dans une période de mille cinq cent huit ans. Mais cette année, qui fut en usage autrefois dans l'Egypte, ôte au calendrier l'avantage d'attacher les mois et les fêtes aux mêmes saisons, et d'en faire des époques remarquables pour l'agriculture. On conserveroit cet avantage précieux aux habitans des campagnes, en considérant l'origine de l'année comme un phénomène astronomique, que l'on fixeroit par le calcul au minuit qui précède le solstice ou l'équinoxe: c'est ce que l'on a fait en France à la fin du dernier siècle. Mais alors les anuées bissextiles, ou de trois cent soixante-six jours,

s'intercalant suivant une loi très compliquée, il seroit difficile de décomposer en jours un nombre quelconque d'années ce qui répandroit de la confusion sur l'histoire et la chronologie. D'ailleurs l'origine de l'année, que l'on a toujours besoin de connoître d'avance, deviendroit incertaine et arbitraire, lorsqu'elle approcheroit de minuit d'une quantité moindre que l'erreur des tables solaires; enfin l'ordre des bissextiles changeroit avec les méridiens: ce qui formeroit un obstacle à l'adoption si desirable d'un même calendrier par les différens peuples. En voyant, en effet, chaque peuple compter de son principal observatoire les longitudes géographiques, peut-on croire qu'ils s'accorderont tous à faire dépendre d'un même méridien le commencement de leur année? Il faut donc abandonner ici la nature, et recourir à un mode d'intercalation artificiel, mais régulier et commode. Le plus simple de tous est celui que Jules César introduisit dans le calendrier romain, et qui consiste à intercaler une bis-' sextile tous les quatre ans. Mais si la courte durée de la vie suffit pour écarter sensiblement l'origine des années égyptiennes du solstice ou de l'équinoxe, il ne faut qu'un petit nombre de siècles pour opérer le même déplacement dans l'origine des années Juliennes : ce qui rend indispensable une intercalation plus com posée. Dans le onzième siècle, les Perses en adoptèrent une remarquable par son exactitude: elle se réduit à rendre la quatrième année bissextile sept fois de suite, et à ne faire ce changement la huitième fois qu'à la cinquième année. Cela suppose la longueur de l'année tropique de 365 j., 2424242 plus grande seulement, de oj., 0001602, que l'année déterminée par les obser

vations; en sorte qu'il faudroit un grand nombre de siècles pour déplacer sensiblement l'origine de l'année civile. Le mode d'intercalation du calendrier Grégo→ rien (1) est un peu moins exact; mais il donne plus de facilité pour réduire en jours les années et les siècles: ce qui est l'un des principaux objets du calendrier. Il consiste à intercaler une bissextile tous les quatreans, en supprimant la bissextile de la fin de chaque siècle, pour la rétablir à la fin du quatrième. La longueur de l'année que cela suppose, est de 365 i., 2425 plus grande que la véritable, de oj., 000236. Mais si, en suivant l'analogie de ce mode d'intercalation, on supprime encore une bissextile tous les quatre mille ans, ce qui les réduit à neuf cent soixante-neuf dans cet intervalle, la longueur de l'année sera de 365 j., 242250; ce qui approche tellement de la longueur 365j., 242264 déterminée par les observations; que l'on peut négliger la différence, vu la petite incertitude que les observations elles-mêmes laissent sur la vraie longueur de l'année, qui d'ailleurs n'est pas rigoureusement

constante.

La division de l'année en douze mois, est fort ancienne et presque universelle. Quelques peuples ont supposé les mois égaux et de trente jours, et ils ont complété l'année par l'addition d'un nombre suffisant de jours complémentaires. D'autres peuples ont embrassé l'année entière dans les douze mois, en les rendant inégaux. Le système des mois de trente jours conduit naturellement à leur division en trois

(1) Voyez le 24 février.

décades. Cette période donne la facilité de retrouver à chaque instant le quantième du mois. Mais à la fin de l'année, les jours complémentaires troublent l'ordre de choses attaché aux divers jours de la décade: ce qui nécessite alors des mesures administratives embarrassantes. On obvie à cet inconvénient par l'usage d'une petite période indépendante des mois et des années : telle est la semaine qui depuis la plus haute antiquité dans laquelle se perd son origine, circule sans interruption à travers les siècles, en se mêlant aux calendriers successifs des différens peuples.

Cette période est fondée sur le plus ancien système d'astronomie, qui plaçoit le Soleil, la Lune et les planètes, dans cet ordre de distance à la terre > la Lune, Vénus, Mercure, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Les parties successives de la série des jours divisés en vingt-quatre parties, suivant Dion, ou seulement en quatre, selon d'autres auteurs, étoient consacrées dans le même ordre à ces astres, en revenant sans cesse de Saturne à la Lune; chaque jour prenoit son nom de l'astre correspondant à sa première partie. La semaine se trouve dans l'Inde parmi les Brames, et avec nos dénominations; et je me suis assuré que les jours dénommés par eux et par nous de la même manière, répondent aux mêmes instans physiques. La même période étoit en usage chez les Arabes, les Juifs, les Assyriens, en Chine et dans tout l'Orient. Il est impossible, au milieu de tant de peuples divers, d'en reconnoître l'inventeur : nous pouvons seulement affirmer qu'elle est le plus ancien monument des connoissances astronomiques. Elle paroît indiquer une source commune, d'où les sciences se sont répandues; mais

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le système astronomique qui lui sert de base, est une preuve de leur imperfection à cette origine.

Il étoit facile, lorsqu'on réforma le calendrier Grégorien, de fixer au solstice d'hiver le commencement de l'année ce qui auroit fait concourir l'origine de chaque saison avec le commencement d'un mois. Il étoit facile de rendre encore plus régulière la longueur des mois, en donnant vingt-neuf jours à celui de février dans les années communes, et trente jours dans les bissextiles, et en faisant les autres mois alternativement de trente-un et de trente jours; il eût été commode de les désigner tous par leur rang ordinal. En corrigeant ensuite, comme on vient de le dire, l'intercalation adoptée, le calendrier Grégorien n'eût laissé presque rien à desirer. Mais convient-il de lui donner ce degré de perfection? Il me semble qu'il n'en résul1eroit pas assez d'avantages pour compenser les embarras qu'un pareil changement introduiroit dans nos habitudes, dans nos rapports avec les autres peuples, et dans la chronologie, déjà trop compliquée par la multitude des ères. Si l'on considère que ce calendrier est maintenant celui de presque toutes les nation's d'Europe et d'Amérique, et qu'il a fallu deux siècles et toute l'influence de la religion pour lui procurer cette universalité, on sentira qu'il importe de lui conserver un aussi précieux avantage, aux dépens même d'une perfection qui ne porte pas sur des points essentiels car le principal objet d'un calendrier est d'offrir un moyen simple d'attacher les évènemens à la série des jours; et, par un mode facile d'intercalation, de fixer dans la même saison l'origine de l'année : condirions qui sont bien remplies par le calendrier Grégorien

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