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traité, il sera accordé dans tous les pays cédés, acquis ou échangés par ledit traité, à tous les habitans ou propriétaires quelconques, main-levée du séquestre mis sur leurs biens, effets et revenus, à cause de la guerre qui a eu lieu. Les parties contractantes s'obligent à acquitter tout ce qu'elles peuvent devoir pour fonds à elles prêtés par lesdits particuliers, ainsi que par les établissemens publics desdits pays. et à payer ou rembourser toute rente constituée à leur profit sur chacune d'elles. En conséquence de quoi, il est expressément reconnu que les propriétaires d'actions de la banque de Vienne, devenus Français, continueront à jouir du bénéfice de leurs actions, et en toucheront les intérêts échus ou à écheoir, nonobstant tout séquestre et toute dérogation, qui seront regardés comme nonavenus, notamment la dérogation résultante de ce que les propriétaires devenus Français n'ont pu fournir les trente et les cent pour cent demandés aux actionnaires de la banque de Vienne, par sa majesté l'Empereur et Roi.

X. Les parties contractantes feront également lever tous séquestres qui auroient été mis à cause de la guerre, sur les biens. droits et revenus des sujets de sa majesté l'Empereur ou de l'Empire, dans le territoire de la République française, et des citoyens français dans les Etats de sadite majesté ou de l'Empire.

XI Le présent traité de paix, notamment les articles VIII, IX, X et XV ci-après, est déclaré commun aux Républiques batave, hélvétique, cisalpine et ligurienne.

Les parties contractantes se garantissent mutuellement l'indépendance desdites Républiques, et la faculté aux peuples qui les habitent d'adopter telle forme de gouvernement qu'ils jugeront convenable.

XII. Sa majesté impériale et royale renonce, pour elle et ses successeurs, en faveur de la République cisalpine, à tous les droits et titres provenans de ces droits, que sadite majesté pourroit prétendre sur les pays qu'elle possédoit avant la guerre, et qui, aux termes de l'article VIII du traité de Campo-Formio, font maintenant partie de la République cisalpine, laquelle les possédera en toute souveraineté et propriété, avec tous les biens territoriaux qui en dépendent.

XIII. Sa majesté impériale et royale, tant en son nom qu'au nom de l'Empire germanique, confirme l'adhésion déjà donnée par le traité de Campo-Formio, à la réunion des ci-devant fiefs impériaux à la République ligurienne, et renonce à tous droits et titres provenans de ces droits sur lesdits fiefs.

XIV. Conformément à l'art. XI du traité de Campo-Formio, la navigation de l'Adige servant de limites entre les Etats de sa majesté impériale et royale, et ceux de la République cisalpine, sera libre, sans que, de part ni d'autre, on puisse y établir aucun péage, ni tenir aucun bâtiment armé en guerre.

XV. Tous les prisonniers de guerre faits de part et d'autre, ainsi que les otages enlevés ou donnés pendant la guerre, qui n'auront pas encore été restitués, le seront dans quarante jours à dater de celui de la signature du présent traité.

XVI. Les biens fonciers et personnels non aliénés de son altesse royale l'archiduc Charles, et des héritiers de feue son altesse royale madame l'archiduchesse Christine, qui sont situés dans les pays cédés à la République française, leur seront restitués, à la charge de les vendre dans l'espace de trois ans.

Il en sera de même des biens fonciers et personnels de leurs altesses royales l'archiduc Ferdinand et madame l'archiduchesse Béatrix, son épouse, dans le territoire de la République cisalpine.

XVII. Les articles XII, XIII, XV, XVI, XVII et XXIII du traité de Campo-Formio, sont particulièrement rappelés pour être exécutés suivant leur forme et teneur, comme s'ils étoient insérés mot à mot dans le présent traité.

XVIII. Les contributions, livraisons, fournitures et prestations quelconques de guerre, cesseront d'avoir lieu, à dater du jour de l'échange des ratifications données au présent traité, d'une part par sa majesté l'Empereur et par l'Empire germanique, d'autre part par le gouvernement de la République française.

XIX. Le présent traité sera ratifié par sa majesté l'Empereur et Roi, par l'Empire et par le gouvenement de la République française, dans l'espace de trente jours, ou plus tôt si faire se peut; et il est convenu que les armées des deux puissances res

teront dans les positions où elles se trouvent, tant en Allemagne qu'en Italie, jusqu'à ce que lesdites ratifications de l'Empereur et roi, de l'Empire et du gouvernement de la République française, aient été simultanément échangées à Lunéville entre les plénipotentiaires respectifs.

Il est aussi convenu que, dix jours après l'échange desdites ratifications, les armées de sa majesté impériale et royale seront rentrées sur ses possessions héréditaires, lesquelles seront évacuées dans le même espace de tems par les armées françaises, et que trente jours après ledit échange, les armées françaises auront évacué la totalité du territoire dudit Empire.

Fait et signé à Lunéville, le 20 pluviôse an IX de la République française. (9 février 1801.)

Signé Louis, comte DE COBENTZEL; Joseph BONAParte. (Voy. le 27 décembre et le 15 octobre.)

MISTOIRE DE LA LITTÉRATURE, DES SCIENCES

ET DES ARTS.

L'an 1803, le 9 février, Mort de Saint-Lambert,

Jean-François Saint-Lambert, gentilhomme lorrain, l'un des quarante de l'Académie française, étoit né à Nanci le 16 décembre 1716. Son père étoit attaché au duc de Lorraine, Léopold, dont la mémoire sera éternellement en bénédiction dans la Lorraine. Saint-Lambert fut élevé par son père dans une petite terre nommée Flaccour, voisine de la terre de Craon, appartenante à la maison de Beauveau-Craon. C'est à la faveur de ce voisinage que s'est formée la constante amitié qui l'a toujours uni avec le maréchal prince de Beauveau. Les Jésuites de Pont-à-Mousson dirigèrent en partie son éducation. Il fut toujours très reconnoissant de leurs soins. Dans une épître badine sur le Jansénisme,

adressée au même prince de Beauveau, il parle ainsi des maîtres de sa jeunesse :

Indulgente Société,

O vous dévots plus raisonnables,
Apôtres pleins d'urbanité,
Le goût polit vos mœurs aimables.
Vous vous occupez sagement
De l'art de penser et de plaire;
Aux charmes touchans du Bréviaire
Vons entremêlez prudemment
Et du Virgile et du Voltaire.

Saint-Lambert servit d'abord dans les gardes lorraines. Le roi de Pologne Stanislas se l'attacha, et dans la suite le fit grand-maître de sa garderobe. Il vécut trois ans à Cirey, dans l'intimité, avec la célèbre marquise du Châtelet et Voltaire, dont il fut toujours l'admirateur et l'ami. C'est à cette époque que ce dernier lui adressa ces vers si spirituels et si faciles:

Ce vieillard chauve qui s'avance,
Le Temps, dont je subis les lois,
Sur ma lyre a glacé mes doigts,
de ma voix

Et des

organes

Fait frémir la sourde cadence.

Les Grâces, dans ces beaux vallons,
Les Dieux de l'amoureux délire,
Ceux de la flûte et de la lyre
T'inspirent les aimables sons,
Avec toi dansent aux chansons,
Et ne daignent plus me sourire.

Dans l'heureux printems de tes jours,
Des Dieux du Pinde et des amours

Saisis la faveur passagère :

C'est le temps de l'illusion.

Je n'ai plus que de la raison,

Encare, hélas, n'en ai-je guère !

Mais je vois venir sur le soir,
Du plus haut de son aphélie,
Notre astronomique Emilie,
Avec un vieux tablier noir,

Et la main d'encre encore salie.
Elle a laissé là son compas,

Et ses calculs et sa lunette;

Elle reprend tous ses appas :
Porte-lui vite à sa toilette

Ces fleurs qui naissent sur tes pas,
Et chante-lui sur ta musette

Ces beaux airs que l'Amour répète,
Et que Newton ne connut pas.

Saint-Lambert suivit M. de Beauveau au service de France, sans quitter celui de Stanislas. Il fit, dans la guerre de 1755, les campagnes de Mahon et de Saint-Cast, en Bretagne. Il servit ensuite en Allemagne et en Italie, toujours cultivant les lettres, exerçant son talent poétique au milieu des camps, sans jamais négliger les nobles devoirs de son état.

:

Dans les intervalles de la guerre, il fut conduit par son illustre ami sur le grand théâtre de la capitale. Il fut bientôt lié avec les hommes les plus célèbres dans les lettres Fontenelle, Montesquieu, le président Hénault, d'Alembert, J. J. Rousseau, etc. Alors il se fixa à Paris. Il y vécut dans la maison, avec la famille et les amis de M. et de Mad. de Beauveau. Son cœur forma une autre liaison, mémorable dans les fastes de l'amitié, dont, pendant un demi-siècle, une conformité parfaite de goûts, de sentimens, d'opinions, n'a jamais permis à aucun orage de troubler la paix; où l'habitude n'a jamais introduit ni langueur ni négligence; dans laquelle une estime pro

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