LE PRÉSIDENT.
Ego, cum isto boneto
Venerabili et docto,
Dono tibi et concedo
Virtutem et puissanciam Medicandi,
Tailandi,
Coupandi,
Et occidendi,
Impune per totam terram.
TROISIEME ENTRÉE DE BALLET.
Les chirurgiens et les apothicaires viennent faire la révérence en cadencé à Argan.
Grandes doctores doctrinæ
De la rhubarbe et du séné,
Ce seroit sans doutá à moi chosa folla, Inepta et ridicula,
Si j'alloibam m'engageare Vobis louangeas donare, Et entreprenoibam adjoutare Des lumieras au soleilo, Et des étoilas au cielo, Des ondas à l'oceano, Et des rosas au printano. Agreate qu'avec uno moto Pro toto remercimento
Randam gratiam corpori tam docto. Vobis, vobis debeo
Bien plus qu'à naturæ et qu'à patri meo:
Natura et pater meus
Hominem me habent factum;
Mais vos me, ce qui est bien plus, Avetis factum medicum:
Honor, favor, et gratia, Qui in hoc corde que voila Imprimant ressentimenta Qui dureront in secula.
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat, Novus doctor qui tam bene parlat! Mille, mille annis, et manget, et bibat, Et seignet, et tuat!
QUATRIEME ENTRÉE DE BALLET.
Tous les chirurgiens et les apothicaires dansent au son des instruments et des voix, et des battements de mains et des mortiers d'apothicaires.
PREMIER CHIRURGIEN.
Puisse-t-il voir doctas
Suas ordonnancias
Omnium chirurgorum
Et apothicarum
Remplire boutiquas!
CHOEUR.
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat, Novus doctor qui tam bene parlat! Mille. mille annis, et manget, et bibat,
Et seignet, et tuat!
SECOND CHIRURGIEN.
Paissent toti anni
Lui essere boni
Et favorabiles,
Et n'habere jamais
Quàm pestas, verolas
Fievras, pleuresias,
Fluxus de sang, et dyssenterias!
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat, Novus doctor qui tam bene parlat! Mille, mille annis, et manget, et bibat, Et seignet, et tuat!
CINQUIEME ET DERNIERE ENTRÉE DE BALLET.
Pendant que le dernier choeur se chante, les médeeins, les chirurgiens, et les apothicaires, sortent tous selon leur rang en cérémonie, comme ils sont entrés.
DIGNE fruit de vingt ans de travaux somptueux; Auguste bâtiment, temple majestueux Dont le dôme superbe, élevé dans la nue, Pare du grand Paris la magnifique vue, Et, parmi tant d'objets semés de toutes parts, Du voyageur surpris prend les premiers regards, Fais briller à jamais dans ta noble richesse
La splendeur du saint vœu d'une grande princesse, Et porte un témoignage à la postérité
De sa magnificence et de sa piété.
Conserve à nos neveux une montre fidele
Des exquises beautés que tu tiens de son zele : Mais défends bien sur-tont de l'injure des ans Le chef-d'œuvre fameux de ses riches présents, Cet éclatant morceau de savante peinture Dont elle a couronné ta noble architecture; C'est le plus bel effet des grands soins qu'elle a pris, Et ton marbre et ton or ne sont point de ce prix. Toi qui, dans cette coupe, à ton vaste génie Comme un ample théâtre heureusement fournie, Es venu déployer les précieux trésors
Que le Tibre t'a vu ramasser sur ses bords, Dis-nous, fameux Mignard, par qui te sont versées Les charmantes beautés de tes nobles pensées, Et dans quel fonds tu prends cette variété Dont l'esprit est surpris et l'œil est enchanté : Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, De tes expressions enfante les merveilles,
Quels charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Quelle force il y mêle à ses plus doux attraits, Et quel est ce pouvoir qu'au bout des doigts tu portes, Qui sait faire à nos yeux vivre des choses mortes, Et, d'un peu de mélange et de bruns et de clairs, Rendre esprit la couleur, et les pierres des chairs.
Tu te tais, et prétends que ce sont des matieres Dont tu dois nous cacher les savantes lumieres ; Et que ces beaux secrets, à tes travaux vendus, Te coûtent un peu trop pour être répandus: Mais ton pinceau s'explique et trahit ton silence; Malgré toi de ton art il nous fait confidence ; Et, dans ses beaux efforts à nos yeux étalés, Les mysteres profonds nous en sont révélés. Une pleine lumiere ici nous est offerte; Et ce dôme pompeux est une école ouverte, Où l'ouvrage, faisant l'office de la voix, Dicte de ton grand art les souveraines lois. Il nous dit fortement les trois nobles parties (1) Qui rendent d'un tableau les beautés assorties, Et dont, en s'unissant, les talents relevés Donnent à l'univers les peintres achevés.
Mais des trois, comme reine, il nous expose celle (2)
Que ne peut nous donner le travail ni le zele, Et qui, comme un présent de la faveur des cieux, Est du nom de divine appelée en tous lieux; Elle, dont l'essor monte au-dessus du tonnerre, Et sans qui l'on demeure à ramper contre terre, Qui meut tout, regle tout, en ordonne à son choix, Et des deux autres mene et régit les emplois. Il nous enseigne à prendre une digne matiere Qui donne au feu d'un peintre une vaste carriere,
(1) L'invention, le dessin, le coloris.
() L'invention, premiere partie de la peinture.
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