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LXIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé de Thefut.

A Chaffen, ce 5. Mars, 1690.

s.

LE Pere Bouhours m'a fait beaucoup

'd'honneur dans fon livre, Monfieur, vous en parlez encore plus honorablement que lui. Je vous rends mille graces des fentimens que vous avez fur cela. Je ne fçaurois plaindre le Roy pour la maladie de fes miniftres, il en sçait lui feul plus qu'eux tous. On me mande que Madame la Dauphine fe voit mourir avec la fermeté d'un Caton; elle difoit il y a quelque tems à Monfieur de Meaux : Ce fera vous affurément, Monfieur, qui ferez mon Oraifon funebre; mais qu'en pourrez vous dire, car je n'ai rien fait qui mérite d'être dit? Un discours aussi ferme que celui-là d'une Princeffe de fon rang, & de fon âge, devroit faire honte aux particuliers de craindre la

mort.

Les Turcs commencent à reprendre vigueur. Ce nouveau Vifir eft bien capa

ble de rétablir leurs affaires. Dés que je vois le Roy ne point ménager les Cantons Proteftans, je m'en fie bien à lui, je ne les crains guéres. Il eft vrai que nos Terres font dans les deux Bourgognes; mais ces Provinces font à Sa Majefté; il y va de fa gloire auffi-bien que de fon interêt de garantir ce païs-là du malin vouloir des Suiffes.

LXV. LETTRE.

**

De Monfieur de au Comté de Buffy.

JE

A Paris, ce 13. Mars 1690.

E vous envoye la lifte des Officiers Généraux, Monfieur. Ils furent faits avant-hier, & le même jour le Roy dit que Monfeigneur commanderoit l'Armée d'Allemagne. Il y a cinq ou fix jours que le Roy dit à Monfieur du Montal, qu'il l'affuroit qu'il verroit cette année les Ennemis. Le Comte de Sourdis va en Guienne à la place de la Trouffe qui se meurt. Monfieur l'Archevêque de Paris a la nomination du Roy pour un Chapeau de Cardinal à la premiere promo

tion.

LXVI. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Comte de Colligny, fur fon mariage avec Mademoiselle de Laffé.

JE

A Chafeu, ce 18. Mars 169 0.

E vous ai déja témoigné en d'autres rencontres, Monfieur, que l'alliance & l'amitié qui étoient entre feu Monfieur votre pere & moi, pere & moi, m'obligeroient toute ma vie à prendre part à ce qui vous arriveroit. Le fujet du compliment que je vous fais aujourd'hui me lie encore plus à vous. Vous prenez une femme dans une Maison où j'ai mis ma fille. Vous voyez bien que ce redoublement de parenté nous doit encore unir davantage. Pour vous parler maintenant de la grandeur de cet établissement, je vous dirai qu'il n'y a point d'Officier de la Couronne qui ne fût bienheureux de trouver un auffi grand parti pour la naisfance & pour le bien, que celui que vous rencontrez. Je ne vous dis rien du mérite de la perfonne; cependant j'ai oui parler d'elle comme d'une des plus jolies

filles de France; bien de l'efprit & beaucoup d'agrémens ne gâtent point un ménage. Encore une fois, mon cher Coufin, j'en fuis ravi.

LXVII. LETTRE.

Du Comte de Colligny au Comte de Buffy.

JE

A Paris, ce 28. Mars 1690.

de

E vous fuis trés-obligé, Monfieur, l'honneur que vous m'avez fait, & de la part que vous avez prise à mon ma❤ riage. Je fuis bien- aile que vous l'ayez approuvé, & d'être rentré de nouveau dans votre alliance par l'honneur que j'ai d'être bien proche de Madame votre fille. C'est une perfonne d'un fi grand mérite qu'on ne la fçauroit connoître fans l'eftimer pour moi je la refpecte infiniment; elle en a fi bien ufé dans cette occafion que j'en aurai toute ma vie de la reconnoiffance. Je vous fupplie, mon cher Coufin, de me continuer toû ours vos bonnes graces. Je vous les demande avec inftance, & de me croire, &c.

LXVIII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à la Marquife de Colligny fa fille.

A Paris, ce 9. Juillet 1690.

J'Arrivai hier ici, ma chere Enfant, en

la meilleure fanté du monde; voici ce que j'ai appris en arrivant. Monfeigneur commandera l'Armée d'Allemagne, le Maréchal de Lorges fous lui, dix Lieutenans Généraux, douze Maréchaux de Camp, du nombre defquels font Monfieur le Duc, & Monfieur le Prince de Conty, vingt-huit mille hommes de pied,& vingt-deux mille Chevaux. Monfieur de Boufflers commandera un Corps de vingt mille hommes fur la Moselle pas loin de Monfeigneur. Le Maréchal de Luxembourg fera à la tête de l'Armée de Flandres compofée de quarante mille hommes. Le Duc de Noailles aura le Commandement de l'Armée de Catalogne, & Catinat celui de l'Armée de Piedmont, qui fera de dix-huit à vingt mille hommes. On fait le Maréchal d'Humieres Duc, & fa fille porte en même tems la Duché à Chapes Cadet de Ville

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