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mort de Schomberg, & la bleffure du Prince d'Orange.

N'admirez-vous pas la bonne fortune du Roy? il a toute l'Europe fur les bras, en trois mois il gagne deux batailles, & il perd deux des plus redoutables Capitaines de fes Ennemis, le Duc de Lorraine & Scomberg.

LXXV. LETTRE.

De la Marquife de *** au
Comte de Buffy.

A Paris, ce 30. Juillet 1690.

Es nouvelles d'Irlande font bien changées depuis que vous êtes party d'icy, Monfieur. Le 10. de Juillet le Prince d'Orange aïant fait paffer la riviere de Boine à fon armée, dont nos troupes croyoient être à couvert fur ce qu'elles en avoient fait rompre les ponts, vint en pleine bataille à l'armée du Roy d'Angleterre. L'aîle droite toute compofée d'Irlandois plia, les François firent un peu mieux leur devoir, & fe retirerent fans être fuivis, ce qui les furprit; cependant Tirconel & Laufun,

voïant la Bataille perduë, trouverent à propos que le Roy revint en France, ce qu'il fit, & nous apporta la nouvelle de ce combat. Il ne fçavoit pas que fes Ennemis avoient plus perdu que lui; car Schomberg avoit été tué de deux coups de fabre fur la tête, & d'un & d'un coup moufquet à la gorge, & le Prince d'O. bleffé à l'épaule.

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LXXVI. LETTRE.

de

De l'Abbé de Broffe au Comte

Ja

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E vous envoye, Monfieur, une Relation de la Bataille de Boine, envoyée par le Comte de Benthen à la Princeffe d'Orange, vous la trouverez bien écrite.

Relation de la Bataille de
Boine.

LE

E dixième de Juillet le Roy Guillaume s'avança avec toute fon armée vers Drogeda, & comme il étoit

trop tard

pour rien entreprendre contre l'Armée du Roy Jacques qui étoit en Bataille de l'autre côté de la riviére de Boine, Sa Majefté paffa le reste du jour à reconnoître les Ennemis, & les chemins par où on les pouvoit attaquer, & s'avança à la portée du canon, ce qui penfa nous porter le plus funefte coup que nous puiffions jamais recevoir; car Sa Majesté fut atteinte d'un boulet de canon, qui lui effleura la peau de l'épaule droite, & lui fit une plaïe tres peu profonde. Sa Majefté se fit panser à la tête de fes Troupes, & fut encore quatre heures à cheval ce foir là. Le lende main le Roy envoïa le Duc de Schomberg avec l'aile droite de fa Cavalerie, deux Régimens de Dragons de l'aîle gauche, la Brigade d'Infanterie de Trelamy, & cinq petites piéces de canon, à un gué à trois mille au-deffus duCamp. Il fe trouva défendu par huit Efcadrons, qui firent affez de résistance; & le Duc de Schomberg les ayant forcez, il se mit en Bataille de l'autre côté vis-à-vis de l'Ennemy. Le Roy Guillaume averti du fuccès avec lequel le Duc de Schomberg avoit paffé la riviére, fit paffer le refte de fon Armée à trois gués differens; ce

lui du milieu qui répondoit à un village étoit affez bon; les chevaux nageoient à celui qui étoit plus bas, & l'Infanterie en avoit jufqu'à la ceinture à celui du deffus. Le Régiment des Gardes Flamandes paffa au gué de la gauche,la Brigade de Tamarie & celle de la Melloniere à la droite. Comme les Ennemis avoient mis beaucoup d'Infanterie & de Dragons dans le Village, le combat y fut affez opiniâtre; mais enfin ils furent forcez, & nous y fîmes quantité de Prifonniers. Trente Officiers ou Gardes du Corps des Ennemis, étant revenus à la charge, & pouffant avec fureur jufqu'au bout du Village, il y en eut vingt-cinq de tuez, & ce fut dans cette occafion que le Duc de Schomberg fut tué. Sans cette perte notre victoire ne nous auroit pref que rien coûté. Cependant le Roy avoit paffé la riviére à la tête de quelque Cavalerie qu'il avoit gardée auprés de lui, avec dix-fept Bataillons; & croïant que fon aîle droite auroit peine à foûtenir le nombre des Ennemis qui lui étoit oppofé, il la renforça de douze Bataillons mais auffi-tôt toute l'aîle gauche des Ennemis jetta les armes bas fans com

battre.

;

Le Roy marcha fur une hauteur pour voir ce qui fe paffoit à l'aîle gauche mais à peine l'Ennemi l'y eut il apperçû, que tout prit la fuite dans un extrême défordre. On fuivit l'Infanterie jusqu'à Dulech, mais comme ce païs eft plein de défilez, & que les Irlandois vont bien du pied, ils fe font facilement fauvez. Le Roy fit revenir celles de fes Troupes qui s'étoient le plus avancées, & les remena à Drogeda, où étoit le refte de fon Armée.

LXXVII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Monfieur de Benferade.

JE

A Buffy, ce ro. Aouft 1690.

E ne fçai, Monfieur, fi vous avez reçû un billet que je vous écrivissen partant de Paris, par lequel je vous difois encore adieu. Mandez-moi quelquefois des nouvelles de votre fanté, car je vous affure que perfonne ne s'y intéreffe plus vivement que moi. Mandezmoi auffi des nouvelles de la Guerre, fi le Prince d'Orange eft auffi bien mort

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