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à lui devant le mois de Septembre. On me mande encore que les troupes de Brandebourg & celles que commande le Prince de Valdek ont affiegé Bonne. Si l'on attaque ces Places dans les formes & à la Hollandoife, les Ennemis y perdront bien du tems, qui eft une chofe d'une grande conféquence à des agreffeurs & qui leur pourroit fai re manquer leur coup; fi l'on y va Brufquement comme on a fait à Bude, ils perdront beaucoup de gens. Nous ne fommes pas fans embarras, ni les Ennemis auffi. Cependant leur conduite n'eft pas indiferente; ils reculeront s'ils n'avancent; ils perdront s'ils ne gagnent.

IX. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame de Maison.

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A Chafeu, ce 6. Août 1689.

'Eft pour vous dire adieu pour deux mois, Madame, que je vous écris aujourd'hui. Nous allons ma fille & mor dans fes Terres. Vous allez être foulagée de la peine que vous appréhendiez de m'écrire deux fois par femaine. Je ne vous fupplie pas de vous fouvenir de moi pendant mon abfence, Madame, je vous défie de m'oublier. Je ne laifferai pas de vous écrire quelquefois, c'est-à-dire, Madame de Colligny ou moi.

De Madame de Colligny.

L faut bien vous faire auffi mon petit adieu, Madame. Il m'auroit moins coûté fi j'étois partie avant que d'avoir eu l'honneur de vous voir; ce que j'y ai gagné, c'eft d'emporter avec le regret de vous quitter, les affurances que vous m'avez données de vôtre estime

& de vôtre amitié, dont je fens vivevement l'honneur & le plaifir. Voici qui eft bien ferieux, Madame, mais je vous quitte auffi: A mon retour il paroîtra à mon ftile que je vous aurai retrouvée.

X. LETTRE.

De Madame de Maison au
Comte de Buffy.

A Autun, le 6. Aouft 1689.

Oici un plaifant foulagement de votre abfence, Monfieur, que l'épargne à moi de deux Lettres par femaine. Je vous le dis franchement, j'aimerois mieux le mal que le remede. Mais je ne fonge pas que je vous dis des douceurs. J'en reviens toûjours à nôtre Coufinage pour m'excufer, & ce qui acheve de m'ôter tout fcrupule, c'eft la part que Madame la Marquife de Colligny y peut avoir : Au refte fon adieu m'a charmée: Je la quitterois pourtant volontiers du plaifir qu'il m'a donné , pour ne me féparer jamais

d'elle.

X I. LETTRE.

De Monfieur de Bellegarde au Comte de Buffy.

Au Camp de, le 27. Juillet 1689.

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Inq Cavaliers du régiment de Taf qu'un de nos partis à pied a pris avant-hier au foutage avec quarantedeux chevaux, nous ont appris que le pont que les Ennemis font entre Trebur & Reifnau eft achevé; mais celui qu'ils font au deffous de Mayence ne l'eft

pas encore. Le gros canon n'étoit pas encore arrivé hier, & l'on travailloit aux lignes de circonvalation & contrevalation. Les Ennemis veulent faire deux attaques, & ils ne doutent pas qu'ils ne prennent la Place en quinze jours. il ya apparence qu'ils fe mécompteront de beaucoup. Nous entendons depuis deux jours un grand bruit de canon, & cela fait croire que la tranchée eft ouverte. I eft conf tant que Monfieur de Lorraine n'a entrepris ce fieg que par des ordres exprès de l'Empereur, & qu'il a fait tout ce qu'il a

pû pour le détourner de cette entreprife; & il eft aifé de voir que l'Empe reur a préferé à tous autres intérêts celui de contenter les Electeurs, dont les fuffrages lui font néceffaires pour faire élire fon fils Roy des Romains dans cette conjoncture la plus favorable qu'il puiffe jamais trouver, tous les Princes étant dans fon parti & le plus grand nombre chaffez de leurs Etats par les François. On dit même que le projet de l'Empereur eft de faire élire Coadjuteur de Mayence le Grand Maître de l'Ordre Teutonique, fils de l'Electeur Palatin, & de rendre à cette condition fes bonnes graces à l'Electeur de Mayence brouillé avec tout l'Empire, pour nous avoir livré la Ville; de faire nommer auffi à la Coadjutorerie de Treves l'Evêque de Paffau autre fils de l'Electeur Palatin. On dit qu'il vient inceffament à Ausbourg pour travailler à l'execution de tous fes projets. Le Duc de Lorraine a fait mettre les fers aux pieds à plufieurs Gentilshommes de ce païs qui étoient allez lui faire compliment, les traitant de rebelles. On dit toûjours que nous allons paffer le Rhin & profiter du commencement du siege

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