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LXXXVI.

LETTRE.

De Madame de Maisons au
Comte de Buffy.

A Autun, ce premier Septembre 1690.

mon

E fuis ravie de votre retour, JE Coufin, & je ne fçaurois m'empêcher de vous l'écrire, quoique j'aïe une inflammation de gorge qui me fait garder le lit. Je mourois d'envie de vous faire une belle & longue lettre, mais mon mal & quelques petites affaires ne m'en pas le loifir.

donnent

mon

Voilà un beau préliminaire Coufin; mais vous êtes bon, vous m'excuferez, & je finirai par vous envoyer la Harangue que mon frere vient de faire au Roy, dont Sa Majesté a témoigné être fort contente. Mandez-m'en votre fentiment, s'il vous plaît, car je m'en fie plus à vous qu'à perfonne.

LXXXVII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame de Maisons.

A Chafeu, ce 2. Septembre 1690.

JE fuis bien faché de votre inflamma

tion de gorge, ma chere Coufine, j'espere qu'une faignée l'emportera; une inflammation de cœur ne fe guériroit pas fi aifément. Vous vouliez, ditesvous, me faire une belle & longue lettre fi vous aviez eu le loifir: & ne fçavez-vous pas, Madame, qu'elles font d'autant meilleures, qu'on a eu le loifir de les faire courtes ?

J'ai trouvé votre préliminaire admirable, parce qu'il n'eft pas long, qu'il eft naturel, & que fans effaier d'avoir de l'efprit, vous me dites tout ce que vous avez envie que je fçache, Vous ne fçauriez croire, ma chere Coufine, combien je fuis content de vos Lettres: l'aq mour propre y trouve fon compte; car je croi avoir contribué à votre perfection, ce n'eft pas la chrétienne.

Pour la Harangue de Monfieur votre

frere,

frere, je fuis du goût du Roy: & quoique ce grand Prince ait plusde connoif: fance & de difcernement que moi, mon approbation en cette rencontre fait plus d'honneur à la Harangue que la fienne car elle loüe Sa Majesté, & moi j'en juge fans intereft.

:

LXXXVIII. LETTRE.

De l'Abbé de Choify au Comte de Buffy.

A Paris, ce 30. Aoust 1690.

E détail de la Bataille de Staffarde ́n'est pas encore arrivé. Les Couriers ont été tuez par les Barbets. Il y a une lettre de Pignerol qui dit, que Monfieur de Catinat a douze cens Prifonniers, & onze piéces de Canon ; que Monfieur de Savoie raffemble une armée prés de Carmagnole; qu'il fait marcher tous fes fujets, & que dés que le Prince Eugene fera arrivé il veut avoir fa revanche. Monfieur de Catinat a pris Saluces. Monfieur de Saint Ruth a foûmis cinq Provinces de Savoye; il ne s'eft paflé. pour cela qu'une action, mais fort vi Tom. VII.

G

goureufe. Les Marquis de Caftillon & du Cambout, avec trois cens Cavaliers qui ont quitté leurs bottes, ont forcé cinq cens hommes retranchez dans une Montagne, & en ont tué la moitié.

Monfieur de Catinat a eu cinq cens hommes tuez ou bleffez. Château-Renaut a eû un coup de moufquet au tra vers du corps, Liancourt le bras percé, Mongommery le bras caffé, le fils de Cernon tué, Pelle-Fort, Rebé, Montignac, Defcots, Robecg & Montmorency fort bleffez; huit Capitaines tuez; trente Officiers bleffez.

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Monfeigneur eft campé à Vilftet, où Monfieur de Turenne fut tué, à deux lieuës de Strasbourg. Le Marquis d'Uxelles l'a joint'; il a quarante mille hommes & eft campé avantageufement. Meffieurs de Baviere & de Saxe reviennent de fon côté, & font pour le moins auffi forts. Monfieur de Lorraine n'eût pas donné bataille, mais Monfieur de Baviere eft bien hazardeux

Monfieur de Bouflers affemble quinze mille hommes. Monfieur de Luxembourg eft campé à Lignes avec 5 2. Ba-. taillons & 117. Efcadrons, Monfieur de Maulévrier à Datigny avec neuf Esca

drons & neuf Bataillons, & Monfieur de la Valette avec fix Bataillons & fix Efcadrons eft campé à Reshein fous Menin. Les Ennemis n'en ont pas davantage.

La Flotte du Roy eft entrée à Breft & commence à défarmer mais depuis quatre jours un Courier a apporté l'ordre de remettre en mer. Il y avoit fur la Flote cinq mille malades. Château-Renaud l'oncle eft hors de danger.

La Hoguette avec douze cens François & fept ou huit mille Irlandois a fait lever le Siége d'Atlone. Monfieur de Lauzun fe fortifie à Galouay Mylord Tirconel eft d'un autre côté avec vingt mille Irlandois, cependant l'Armée Angloife, fous le Comte de Solin marche contr'eux. Le Prince d'Orange ne pa oît point. On n'y comprend plus rien, on ne le croit pas mort, mais il eft impoffible qu'il ne foit malade. Monfieur Heinfius Penfionnaire de Hollande dit, qu'il avoit reçu une lettre du Roy Guillaume, & quand on le preffa de la montrer, il dit qu'il l'avoit perduë.

On a envoyé un Courier au Cardinal de Bouillon, pour le faire revenir incef faminent. Le Marquis de Nangi eft mort, fon fils qui n'a que fix ans a fon

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