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que moi. Vous n'aurez pas de peine à me croire, quand vous ferez réflexion que ce refpect & cette vénération, que j'ai été affez heureux pour être à portée de fentir pour vous dés l'âge de dix-fept ans, s'eft confidérablement fortifié avec mon âge, & mon difcernement. Je m'en retourne dans quinze jours en Allemagne; fi vous me jugez propre à porter quelque Lettre à Monfieur le Marquis de Buffy, ou à quelque autre en ce païslà, je loge icy chez Monfieur le Comte de Courfon, où vous avez une Coufine qui a beaucoup d'inclination pour vous. Je n'ofe dire icy à Madame la Marquife, que je fuis l'homme du monde qui ai le plus de vénération pour elle.

J'ay acheté un livre que je ne donnerois pas pour toute la Bibliotéque du Chancelier, fi ce livre n'y étoit pas ; c'est le Pere Bouhours qui l'a fait, & qui parmi mille gens dont il cite les penfées, a le goût affez bon pour y citer les vôtres plus fouvent que pas un. C'eft dans les fragmens qu'il donne de vous, que je puife des fentimens de valeur, de morale, de politique, d'amitié, & de tendreffe que je n'oublierai jamais.

CIX. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Monfieur de V **.

T

A Chafeu, ce 15. Octobre 1690.

Ous vos voïages, Monfieur, vous justifient affez auprès de moi, de ne m'avoir point écrit, outre que je fuis perfuadé de votre amitié par celle que je vous ay témoignée. Je ne sçai fi ma lettre vous trouvera à Auxerre. Je ne laiffe pas de l'adreffer chez Monfieur le Comte de Courfon, & de vous fupplier de dire à ma Coufine, que je fens comme je dois l'inclination que vous me mandez qu'elle a pour moi, & que je fuis fon trés obéïffant ferviteur. La Marquife de Colligny qui eft devenue la Comteffe de Dalet par la mort de fon beau-pere, vous rend mille graces de votre fouvenir. Comme je ne fuis pas de ces gens qui bien que perfuadez de la bonté de ce qu'ils difent, ou de ce qu'ils écrivent, n'en veulent pas demeurer d'accord avec ceux qui les loüent, je vous avouerai, Mon

fieur; que le Pere Bouhours m'a fait honneur en me citant & je fuis fort aise que ces citations vous plaifent. Quand vous ferez de retour de la guerre & que vous pourrez difpofer de vous, je ferai ravi de vous voir icy, & de vous dire que je fuis toujours &c.

CX. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé Dancé.

A Toulonjon, ce 16. Octobre 1690.

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Omme il n'eft pas aifé d'avoir des lettres de vous, Monfieur des quand vous êtes à Paris, nous prenons notre temps que vous êtes à la campagne,où vous avez plus de loifir, & nous nous raffemblons quatre de vos amis pour vous écrire, afin qu'il ne vous en coûte qu'une lettre. Vous voyez par là

que nous ne vous mettons pas à tous les jours, que nous vous ménageons autant que vous les pouvez fouhaiter, & que vous ne vous en coucherez pas un moment plus tard qu'à l'ordinaire. Peut-être direz-vous que cela vous fe

ra perdre autant de temps de la converfation de Monfieur l'Avocat Général qui eft ce que vous êtes venu chercher à Bafville. Nous en fçavons le prix, Monfieur, & nous vous aimons trop pour vour demander un plaifir qui vous coûtât fi cher; mais prenez le temps qu'il travaille aux affaires, il y en a plus qu'il n'en faut pour faire une lettre à vous particulierement qui n'avez pas befoin de rêver pour dire bien. Vous avez des nouvelles à Bafville comme à Paris; fi aprés les avoir écrites vous nous vouliez faire part de vos réflexions, au moins de celles qui fe peuvent écrire, vous nous feriez grand plaifir, fur tout mandez-nous ce que vous penfez du Prince d'Orange.

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Pour les progrès des armes du Roy je crois que Sa Majefte en doit être contente. Alexandre & Cefar ne gagnoient tout au plus qu'une bataille par campagne, & le Roy en gagne trois celle-cy, & ce n'eft peut-être pas encore fait. La plupart des autres grands Capitaines ont beaucoup fait, quand ils ont fait la guerre à l'œil ; pour le Roy, depuis Verfailles, il con

duit fort bien fes armées, il ne laisse fes Généraux que le foin de les mettre en Bataille.

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De l'Abbé de Choify au Comte de Buffy.

A Paris, ce 18. Octobre 1690.

ON

que

Na eû avis l'Escadre des Vaif feaux commandez par Monfieur d'Amfreville étoit arrivé le 10. à Breft avec nos Troupes qui reviennent d'Irlande, qui font au nombre de fept mille hommes, parce qu'on a embarqué douze cens Irlandois à la place de pareil nombre de François qui font morts en ce païs-là. Monfieur Tirconel eft fur cet Efcadre avec les Gardes. Mylord Barvik commande en Irlande, mais il n'a pas le qualité de Vice-Roy.

Monfieur l'Electeur de Saxe étoit allé en Suiffe incognito; mais les Magiftrats de Zurich qui l'ont fçû, lui ont fait le meilleur traitement qu'ils ont pû pendant trois jours. Quoiqu'il ait vivement follicité contre nous, la Diette s'eft fé

parée

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